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QUAND LES SEBILES SE SUBSTITUENT AUX SACS D’ECOLIERS

Contrairement à leurs camarades ayant droit à l’éducation, nos pauvres talibés sont exclus de tout système éducatif. En tout cas moderne. Et condamnés à ne plus se séparer de leurs pots de tomate pour survivre. Récit poignant !

Pape Ndiaye  |   Publication 18/12/2020

Ecole des « Petits-Pas », jour de rentrée des classes. Deux petits talibés âgés respectivement de 04 et 06 ans s’accrochent aux barreaux du portail de l’établissement pour contempler tristement la cour où l’enthousiasme des retrouvailles entre élèves se fait sentir. Contrairement à leurs camarades ayant droit à l’éducation, nos pauvres talibés sont exclus de tout système éducatif. En tout cas moderne. Et condamnés à ne plus se séparer de leur sébile (pots de tomate) pour survivre. Récit poignant !

Si nous avions eu le réflexe d’actionner notre smartphone et de filmer la scène, la video allait sans doute faire le tour de la toile jusqu’à choquer les âmes sensibles. Tenez ! Jeudi 12 novembre 2020, à l’école élémentaire « Les Petits-Pas » sise Sacré-Cœur 3 à Dakar, comme dans l’ensemble des établissements scolaires du Sénégal, c’est le grand jour de rentrée des classes. La plupart des enfants aiment être accompagnés. Que papa ou maman leur tienne la main, histoire de les rassurer et les encourager sur le chemin prometteur de l’école. Pendant ce temps, des voitures se garent en double file devant l’école pour laisser descendre les enfants qui s’y trouvaient.

Entièrement habillés de neuf (vêtements, chaussures) et munis de sacs à dos, eux aussi, fraichement acquis, ils traversent la rue en courant. Sans doute pressés de rejoindre la cour de l’établissement pour de joyeuses scènes de retrouvailles. Cela est valable, bien sûr, pour les anciens de l’établissement puisque les bleus ont les larmes aux yeux et peinent à se séparer de leurs parents. Dans cette atmosphère de grand rendez-vous de l’espoir et du savoir pour un avenir meilleur, deux jeunes talibés attirent particulièrement notre attention.

Agés respectivement de 04 et 06 ans environ, ces petits garçons frêles en haillons, pieds nus, s’accrochent aux grilles du portail de l’école pour contempler la foule d’élèves. Une foule qui leur est si étrangère ! Sans doute, s’efforçaient-ils de savoir pourquoi cette école jadis désertique était-elle si animée ce jour-là ? Dans notre for intérieur, nous nous empressons de leur répondre ainsi avec désolation. « Aujourd’hui, c’est la rentrée des classes ! Presque tous les enfants de vos âges s’apprêtent à faire leurs premiers pas à l’école synonyme de réussite dans la vie. Accompagnés de leurs parents, ces mômes que vous voyez là-bas vont désormais venir tous les jours dans cet établissement pour apprendre à lire, écrire et compter afin de pouvoir réussir dans la vie ». Nous imaginons également les deux talibés tenter de percer le mystère des sacs à dos que portent gaiement les écoliers.

Pour satisfaire cette curiosité, nous leur filons ceci : « Les sacs à dos contiennent des goûters composés de biscuits, de sachets de chips et autres bonbons à déguster pendant la récréation. Ils renferment aussi des gourdes remplies d’eau ou de boisson ». A cet instant, les deux pauvres talibés aimeraient sans doute s’inviter dans cette cour de l’école très bruyante. Hélas, ils n’y parviendront jamais puisqu’ils ont été chassés du regard par le gardien des lieux. « Eux à l’école, et pourquoi pas nous ? » ont dû s’interroger nos talibés dans leurs pensées.

Retour sur les lieux du crime

Lundi 14 décembre 2020. Presque un mois après la rentrée des classes, les deux talibés, comme deux « larrons » à la rue, retournent devant le portail de l’école ou les lieux du crime social. En errant dans les ruelles de la cité à la recherche de l’aumône, les deux mômes mendiants s’arrêtent pratiquement chaque jour devant l’école. Derrière les barreaux du portail, ils contemplent les enfants de leur âge s’amuser dans la cour de récréation. Selon le vieux S. Diop, presque chaque matin à 10 heures, ces petits talibés viennent s’émerveiller devant l’ambiance de récréation où les enfants apprivoisent des règles de vie et de jeux collectifs. « Monsieur Ndiaye (votre serviteur), vous avez constaté vous-mêmes comment ces petits talibés sont rejetés par le système éducatif sénégalais. Le fait qu’ils squattent la devanture de l’école montre leur désir d’aller, eux aussi, à l’école, mais ils en sont empêchés par la société. C’est vraiment triste ! » déplore ce patriarche du quartier. Ayant fait le même constat, B. Cissé se défoule sur l’irresponsabilité des élus locaux dont les communes abritent ces daraas de la mendicité. « Tous ces enfants errant dans les rues de Sacré-cœur viennent du village de Ouakam devenu tristement le sanctuaire des talibés de la zone. Les autorités communales de Ouakam doivent faire des efforts pour recenser et confiner ces talibés âgés entre 4 et 6 ans afin de les scolariser ou, à défaut, les alphabétiser ! Pourquoi ne pas subventionner ces daraas, histoire de couvrir leur manque à gagner pour convaincre les maitres coraniques à laisser les enfants aller à l’école…française », suggère notre interlocuteur.

Avant de s’étrangler en ces termes : « Vous dites squatter les alentours de l’école ? Mais cet endroit est le moindre mal ! Pour ne pas dire que c’est le lieu où il devraient être pour leur intérêt et leur bienêtre pour ne pas dire leur futur ! Allez devant la mosquée de Sacré-cœur lors des prières de Tabaski ou de Korité, vous verrez que ces enfants n’ont jamais connu le bonheur d’une fête de famille. Au moment où leurs camarades bien habillés sont accompagnés de leurs parents pour la grande prière, ces tout-petits talibés, eux, jalonnent les trottoirs menant vers la mosquée pour mendier. J’ai mal de voir ces enfants abandonnés par la société et exclus par le système éducatif… » se plaint ce père de famille, enseignant du supérieur. « Vous savez, le daara ou l’ecole coranique est fait pour mieux pratiquer sa religion car elle dispose de contenus d’enseignement exclusivement tournés vers le Coran. Par contre, l’école française est un chemin incontournable pour l’avenir et la réussite dans la vie. Juste pour vous dire que Daara et Ecole sont deux systèmes, deux chemins qui vont de pair ! Malheureusement, les talibés ne fréquentent ni l’un, ni l’autre…», dénonce-t-il à propos de ces enfants de la rue appelés à ne plus se passer de leurs sébiles (des pots de tomate en l’occurrence) pour survivre.

Une tragédie sociale !

L’exemple de ces deux talibés réduits en spectateurs devant l’ambiance de rentrée des classes résume le triste sort de ces enfants de la rue. Une tragédie sociale plus qu’une scène de rue qui remet en question la Déclaration universelle des droits de l’homme qui dispose que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Dans cette même Charte des Nations-Unies, les peuples reconnaissent également que l’éducation est un droit essentiel qui permet à chacun de recevoir une instruction et de s’épanouir dans sa vie sociale. Donc conviendrez avec « Le Témoin » que l’école est un droit humain qui doit être accessible à tous les enfants, sans aucune discrimination.

Hélas, les éminents législateurs et ratificateurs de ces chartes des droits fondamentaux n’auraient sans doute jamais imaginé qu’à l’orée du troisième millénaire, dans un pays nommé le Sénégal, une importante frange de la jeunesse composée d’enfants-talibés serait privée de son droit à l’éducation. Pire, ces enfants sont parfois enfermés, enchainés, entassés et violentés dans des daraas insalubres, s’ils ne sont pas transformés en de lucratifs esclaves livrés à la rue pour mendier. Une situation que déplore Bamba Cissokho, membre du Collectif des résidents de Sacré Cœur III Vdn-Extension. Pour mieux se faire comprendre, ce père de famille tient d’abord à rappeler que la plupart des talibés sont des enfants de villageois sénégalais, maliens et nigériens ayant atteint le seuil d’extrême pauvreté. Ou alors des enfants de parents qui sont eux-mêmes d’anciens talibés etc. Dans l’impossibilité de prendre en charge leurs enfants, explique Bamba Cissokho, ces parents les confient à des marabouts soit pour qu’ils aient une éducation différente de celle reçue par ceux qui les ont mis au monde soit pour qu’ils soient éduqués à la dure. Ce selon le principe qui veut que trop d’affection et d’attention peut nuire. « Car, on a vu des enfants de pachas qui ne manquaient de rien et qui ont viré comme de vulgaires voyous », relativise-t-il avant de méditer sur le triste sort des talibés carrément « exclus » de l’école et livrés à la rue où il est quasiment impossible de réussir. « Parce que la rue est un milieu plein de dangers et de tentations qui compromet tout processus éducatif. Non seulement les talibés sénégalais sont mal éduqués, mais très mal nourris contrairement aux talibés ivoiriens qui paient de leur poche pour manger dans des gargotes avec l’argent collecté, etc. Avant de chercher les voies et moyens de scolariser les talibés, il faut d’abord s’attaquer à leur cadre de vie informel non accompagné par l’état et qui montre le délaissement total et intégral par ce dernier face à cette situation non maîtrisée depuis belle lurette » se désole M. Cissokho, un habitant de Sacré-Cœur III VDN.

A l’en croire, « le problème des talibés est une équation complexe et très difficile à résoudre puisqu’il ne se limite pas seulement à leur retrait de la rue. Il faut d’abord attaquer le mal à la racine c’est-à-dire développer le monde rural pour que les parents pauvres dénués de tout ne se séparent plus et inutilement de leurs enfants ». Bamba Cissokho propose de déclassifier le domaine national afin que l’homme rural ou le villageois soit propriétaire et actionnaire dans les activités des sociétés industrielles et autres fermes agricoles qui viennent s’installer sur son terroir etc. ».

« Alara biranane » de tous les dangers

En tout cas, la poignante présence de ces talibés devant le portail de l’école « Les Petits-Pas » n’est que la partie émergée de l’iceberg ! Pratiquement dans tous les quartiers de Dakar, ces petits garçons se débattent et vivotent dans des conditions misérables et lamentables. Un « Alara biranane » de tous les dangers dès lors que, partout dans le monde, la rue représente le plus grand danger de perdition des enfants. L’enfant de la rue en général, le talibé en particulier, est en rupture sociale et quotidiennement en proie aux dangers de (accidents, enlèvements, drogue, banditisme, sévices sexuels etc.).

Selon Khadimou Rassoul Mbacké, président de l’Amicale des moniteurs des daaras modernes du Sénégal (Amdms), ces enfants talibés n’ont pas demandé à naitre. « Donc, l’irresponsabilité incombe à ceux qui les ont fait naitre c’est-à-dire les parents. De même qu’aux autorités étatiques ! Malheureusement, c’est amer de le dire mais la plupart des talibés mendiants sont des délinquants potentiels pour avoir été déjà initiés au goût de l’argent et non du savoir du Livre-Saint », regrette ce maître coranique. Il se désole du fait que le phénomène des enfants talibés mendiants est devenu une chose qui prend de l’ampleur de jour en jour. Une triste réalité qui nous renvoie aux récentes études de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes : l’effectif des daaraas de Dakar est estimé à près de 50.000 talibés. Et 91 % de ces enfants-talibés mendient dans les rues de Dakar pendant plus de 15 heures par jour. Le département de Dakar enregistre 32 % de ces enfants qui tendent la sébile (ou le pot de tomate !), Pikine 27 %, Rufisque 24 % et Guédiawaye 19 %. Hélas !

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