«IL FAUT REFORMER LE SYSTEME DES NATIONS UNIES PARCE QU’IL NE REPOND PLUS AUX BESOINS ACTUELS DU MONDE»
Macky Sall a demandé de réformer le système de l’Organisation des Nations Unies (ONU) afin que les pays africains puissent traiter d’égal à égal avec leurs homologues européens et américains entre autres.

La 8ème édition du Forum Paix et Sécurité de Dakar a été l’occasion pour le président de la République de solder les comptes de l’Afrique avec les pays du G20 et des Nations Unies. Macky Sall a demandé de réformer le système de l’Organisation des Nations Unies (ONU) afin que les pays africains puissent traiter d’égal à égal avec leurs homologues européens et américains entre autres.
Le président de la République n’a pas été tendre avec le système des Nations Unies. Sur un ton ferme et très engagé, il a appelé à une réforme de ce système qui n’accorde pas de droit de véto aux pays dits pauvres et ayant été colonisés par le passé. Selon lui, il faut avoir le courage de faire des réformes. « Les réformes sont toujours difficiles et font peur à ceux qui sont toujours dans le confort de l’existant et ont donc peur de plonger. Si nous ne plongeons pas, nous allons vers l’inconnu. Il faut réformer le système parce qu’il ne répond plus aux besoins actuels du monde. Ce n’est pas une revendication révolutionnaire mais nous demandons des réformes simplement. Ce qui permettra au monde de travailler ensemble dans une collaboration juste et équitable, un partenariat gagnant-gagnant. Cela suppose naturellement un changement de mentalités. On est en 2022 et nous ne sommes plus à l’époque coloniale », a-t-il lancé devant une salle du CICAD (Centre international de conférences Abdou Diouf) remplie et acquise à sa cause. Sous les applaudissements du public composé de chefs d’Etat, notamment les présidents d’Angola, du Cap-Vert et de Guinée-Bissau — on aura compris que les pays lusophones étaient à l’honneur —, de hauts gradés militaires, d’experts des questions de défense et de sécurité mais aussi d’universitaires venus de nombreux pays d’Afrique, d’Europe et d’Asie, le président de la République a ajouté que les pays africains, même s’ils sont pauvres, sont d’égale dignité avec les pays riches du Nord. Selon Macky Sall, il faut qu’on traite les problèmes de l’Afrique avec le même respect.
Le chef de l’Etat estime que les règles qui gouvernent le système des Nations unies sont en déphasage avec la réalité du système lui-même. Il a convoqué l’histoire pour mieux expliquer le caractère dépassé de ce système. « Après la seconde guerre mondiale, les pays qui ont gagné la guerre ont mis en place des institutions comme Breton Woods et ont lancé la création de l’Organisation des Nations Unies. Ils ont fixé des règles avec des organes de gouvernance dont le plus important est le Conseil de Sécurité. On a des pays qui ont des statuts bien particuliers. Ce sont les membres permanents avec droit de véto. Cela est une résultante de la seconde guerre mondiale », a rappelé Sall devant la représentante de la France, la secrétaire d’Etat à la Francophonie, Chrysoula Zacharopoulou. Il regrette le fait que 70 et 80 ans après, on garde les mêmes règles, alors que le nombre de pays membres a été multiplié par trois. Parlant au nom de tout le continent en sa qualité président en exercice de l’Union Africaine, Macky Sall a soutenu que toutes les colonies des puissances colonisatrices sont quasiment devenues indépendantes et sont maintenant membres de droit de l’ONU.
‘’NOUS SOMMES LA 7EME PUISSANCE ECONOMIQUE MONDIALE, MAIS ON EST TOUJOURS INVITES’’
« On doit avoir les mêmes droits, à défaut de cela, être représentés de manière équitable. Lorsqu’il s’est agi d’instituer ces institutions, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque Mondiale et toutes ces institutions qui gouvernent aujourd’hui le monde au plan financier, au plan économique, ils ont établi des règles et des quotas qui ont été fixés à l’époque. Ces règles font que des pays comme les USA, à eux seuls, détiennent 25 % du pouvoir du FMI », a rappelé Macky Sall pour s’en offusquer. Au même moment, les pays développés ont plus 80 % du pouvoir de décision, ce qui fait que les droits de tirage spéciaux (Dts)sont répartis sur une échelle de 650 milliards de dollars. L’Afrique ne bénéficie sur cette somme que de 33 milliards de dollars, dont 23 milliards seulement pour l’Afrique subsaharienne.
Sur la situation en Ukraine, Macky Sall a soutenu que l’Afrique n’est pas insensible à l’invasion russe. Il explique que beaucoup de pays ont voté toutes les résolutions en faveur de l’Ukraine, selon leur compréhension. Cependant, le chef de l’Etat a souligné qu’au même moment, l’Afrique n’est pas épargnée par les guerres. ‘’L’Afrique, au moment où l’Ukraine est en guerre, est permanemment agressée par le terrorisme, par les maladies et par le manque de financement. C’est pourquoi, nous demandons un changement des règles pour que l’Afrique ait accès au financement pour nous permettre d’assurer le minimum des besoins de nos citoyens à savoir la sécurité, la santé, l’éducation », a plaidé le président de la République. Il estime que c’est tout ce que l’Afrique demande.
Poursuivant son intervention lors du panel de haut niveau organisé dans le cadre de ce Forum de Dakar sur la paix et la Sécurité, Macky Sall a indiqué que si cette demande est accepté, ce sera au grand bénéfice de tout le monde. Car l’Afrique va être un acteur majeur de la mondialisation, d’après lui. Dans le cadre des partenariats, Macky Sall souligne que l’Afrique va travailler de façon positive avec les grands partenaires développés au Nord. ‘’Par exemple, l’accès de l’Union africaine au G20, c’est une évidence à mon avis. Cela devait être fait depuis longtemps. Nous sommes la 7ème économie mondiale et on est toujours invité, selon la situation du pays. Si le continent n’est pas en bons termes avec les organisateurs, il devra attendre l’année suivante pour être invité », a regretté le président Sall.