JE NE SUIS PAS EN COHABITATION AVEC LE CHEF DE L’ÉTAT
On pourrait l’appeler « le Barthélémy Dias » de Niamey. Maire de la capitale nigérienne Niamey, Oumarou Dogari, membre du parti Moden Fa Lumana de l’ancien Premier ministre Hama Amadou, est un opposant au régime en place à l’image du maire de la capitale

On pourrait l’appeler « le Barthélémy Dias » de Niamey. Maire de la capitale nigérienne Niamey, Oumarou Dogari, membre du parti Moden Fa Lumana de l’ancien Premier ministre Hama Amadou, est un opposant au régime en place à l’image du maire de la capitale sénégalaise. Mais la comparaison tant dans le style que le tempérament s’arrête là entre les deux premiers magistrats de capitale. Sur un autre plan, au niveau du pouvoir central, au Niger comme au Sénégal, on pourrait également dire que le Président Mohamed Bazoum n’est pas non plus le Président Macky Sall. Tout est question finalement de style mais aussi de compréhension des attributions de l’un et de l’autre en matière de décentralisation.
Qu’est-ce qui explique vos rapports saints avec le pouvoir central malgré votre appartenance à l’opposition ?
Lorsque l’on est de l’opposition et qu’on assume des tâches comme celle du Président de conseil de ville de Niamey, il est important de regarder les relations entre le pouvoir central et le pouvoir local que je représente. Fort heureusement et fort opportunément au Niger la loi a déjà tout balisé. Je ne suis pas en cohabitation. C’est le chef de l’Etat qui définit la politique nationale. La décentralisation est une réalité au Niger. Le code général des collectivités territoriales qui est la loi qui régit le domaine que j’occupe est assez clair entre la répartition des tâches entre l’état central et les pouvoirs locaux. Cependant, pour pouvoir bien exercé les attributions qui sont les nôtres, en tant que démembrement de l’Etat d’où nous tirons l’essentiel de la substance de ces attributions-là, il faut avoir des rapports, les plus simples possibles. Je voudrais faire une mention spéciale au Président de la République, parce que très tôt, il a reçu l’ensemble des collectivités territoriales, les régions comme les communes et selon ses propres termes, la décentralisation au Niger doit être une réalité et il lui importait peu que l’on soit du pouvoir ou de l’opposition, son rôle était de soutenir les pouvoirs locaux. Depuis un an, je dois avouer que le président de la République a bien joint l’acte à la parole puisque chaque fois que nous l’avons sollicité, nous avons été soutenu dans les actions que nous menons. Et donc, c’est sans ambages que je le dis, aujourd’hui nous avons le soutien du président de la République qui a été suivi par le gouvernement qui chaque fois que de besoin nous a soutenu. En plus d’être reçu trois par le Président, nous avons été parfois associé à ses voyages. L’appui de l’Etat, ne nous fait vraiment pas défaut. Pour exercer nos attributions, on a forcément besoin de lui, car la loi nous dit que les collectivités territoriales doivent avoir l’appui de l’Etat et cet appui-conseil s’exerce à travers le contrôle de la légalité. Aujourd’hui nous sommes dans de très bonnes perspectives, car pour le contrôle de la légalité, le retour se fait très rapidement. C’est important pour tous les acteurs de la décentralisation qu’il y ait ce sentiment d’accompagnement de l’Etat.
Quel est le Budget de la ville de Niamey ?
Le budget de la ville de Niamey tout compris, tourne autour de 45 milliards de Francs Cfa.
À quoi est due cette relation paisible ? Est-ce une volonté d’ouverture ou c’est la loi qui oblige le chef de l’État à travailler avec vous ?
Il s’agit des deux. Moi je suis de l’opposition, je suis du parti de l’ancien Premier ministre (Hama Amadou).
Les populations qui vous ont élu ne se sentent-elles pas un peu trahies au vu des bons rapports que vous avez avec le président de la République ?
C’est possible, mais disons que c’est juste des sentiments. On peut être d’accord ou pas d’accord avec la manière. Moi il m’appartient d’être en symbiose avec mon parti. J’ai des ambitions politiques qui font que, forcément, avec mes militants je dois avoir des rapports les plus simples et les plus francs possibles. Mais que mes partisans comprennent dans quelle démarche je suis, çà c’est mon travail politique. Du reste, tout ce que je fais, je le fais après discussions franches et profondes avec mon parti et mes militants. Mais en face aussi, les gens du parti au pouvoir estiment peut-être que je cultive leurs champs, mais là aussi il m’appartient d’avoir la position la plus équilibriste possible, sans compromission. C’est un challenge politique qui est exaltant et qui nous pousse toujours.
Etes-vous satisfait de l’expérience démocratique du Niger ?
Vous savez, avec toutes nos expériences, je pense qu’en matière démocratique, c’est le Sénégal, le grand frère. Et je crois que même là quand même, aujourd’hui encore, il y a des choses à parfaire et l’actualité est là pour le démontrer. Le Sénégal avec qui j’ai un rapport particulier, moi j’étais à l’Iut de Dakar pendant deux ans. Dans tous les systèmes, il y a des choses à améliorer. Au Niger aussi, il y a des choses à améliorer. Est-ce que j’en suis satisfait ? Non. On ne peut pas se satisfaire de juste ce qu’on a. On cherche le meilleur pour l’ensemble de nos pays, du reste. Mon vœu c’est que dans le cadre de la gouvernance, on améliore tout ce qu’on peut améliorer. Sur les bonnes pratiques, car il y a des bonnes pratiques en Afrique, nous ne sommes pas des éternels derniers. Je pense qu’il y a des choses qu’on peut améliorer, déjà en échangeant entre nous, pour voir ce qui se fait de mieux au Sénégal, qui peut être bénéfique au Niger et ainsi de suite. Mais aujourd’hui de l’expérience démocratique africaine lancée il y a une trentaine d’années, il y a quand même une avancée importante.