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VIDEO
LA MAINMISE D'ISABEL DOS SANTOS SUR LES RICHESSES DE L'ANGOLA

L’enquête menée par le Consortium international des journalistes d’investigation révèle les montages financiers mis en place par la femme la plus riche d’Afrique, fille de l’ancien président angolais, pour accaparer l’argent de sociétés publiques du pays

Le Monde  |   Joan Tiliouine  |   Publication 21/01/2020

Nous devons créer un nou­ veau récit pour l’Afrique.» Regard droit et voix ferme, Isabel dos Santos présente sa vision du continent aux étudiants de la prestigieuse

université américaine Yale, le 13 avril 2018. L’auditoire est fasciné par le discours de la femme la plus riche d’Afrique, dont la fortune dépasse les 3 milliards de dollars. Télécom­ munications, banques, énergie, diamants, médias, grande distribution, immobilier... Rien n’a résisté à cette élégante quadragé­ naire, qui orchestre un empire économique et financier actif principalement en Angola et au Portugal.

Soucieuse de se défaire de son image d’hé­ritière, la fille de l’ancien président angolais José Eduardo dos Santos, qui a régné sans partage de 1979 à 2017, écume les conférences internationales, en apôtre d’un afro­opti­misme libéral, tendance décomplexée. Aussi à l’aise dans les conseils d’administration de sociétés qu’au sein de la jet­set, elle s’exprime sans ambages au nom de l’Afrique tout en­tière. Ce 13 avril 2018, à Yale, elle appelle à l’avènement d’un « nouveau système ».

Pourtant, un mois plus tôt, le ciel s’était as­ sombri sur ses affaires. Les autorités angolai­ ses ont ouvert une première enquête judi­ ciaire sur des soupçons de détournement de fonds publics de 38 millions de dollars. Nom­mée en juin 2016 par son père à la tête de la so­ciété pétrolière publique Sonangol, Mme dos Santos est soupçonnée d’avoir détourné l’ar­gent du contribuable au bénéfice d’une so­ciété de Dubaï, Matter Business Solutions DMCC, gérée par son conseiller financier per­sonnel et dont l’actionnaire unique est une amie et associée portugaise de la milliardaire.

En réalité, ce sont 58 millions de dollars qui ont été transférés par Sonangol à Matter quel­ques heures après le limogeage d’Isabel dos Santos, le 15 novembre 2017, par le nouveau président de l’Angola, Joao Lourenço. Ce jour­ là, à 19 heures, elle reçoit par courriel une confir­mation de virement vers la société émiratie soupçonnée d’être une de ses caisses noires. Matter et une autre coquille enregistrée à Du­baï, toutes deux liées à Isabel dos Santos, ont ainsi perçu environ 115 millions de dollars de Sonangol entre mai et novembre 2017.

Ces informations sont extraites des «Luan­da Leaks», l’enquête menée par le Consor­tium international des journalistes d’investi­gation (ICIJ) avec 36 médias internationaux partenaires, dont Le Monde, et qui s’appuie sur la fuite de 700000 documents. Ils jettent une lumière crue sur les pratiques corrupti­ves présumées d’une nouvelle élite africaine, rompue aux rouages de la finance offshore. 

Ces fichiers, d’abord reçus par la Plate­forme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique, dévoilent quelques ­uns des secrets de la nébuleuse d’Isabel dos Santos, compo­sée de plus de 400 sociétés identifiées dans 41 pays. Les « Luanda Leaks » sont en partie issus de la société de gestion financière d’Isa­bel dos Santos, établie au Portugal. Cette fuite de données, transmise anonymement, probablement issue d’un piratage informati­que, surgit dans un contexte politico­judi­ ciaire angolais propice aux manipulations.

Face à la récession qui frappe l’Angola, le nouveau chef de l’Etat, Joao Lourenço, a lancé une spectaculaire lutte anticorruption. De­ puis son arrivée au pouvoir en septem­ bre 2017, il a traqué les avoirs angolais à l’étranger et n’a pas épargné le clan dos San­ tos. La « princesse » de Luanda, ainsi qu’est surnommée Isabel dos Santos, dénonce une « chasse aux sorcières politisée », peste contre des accusations « fabriquées » et fulmine con­ tre le successeur de son père.

SAISIE PRÉVENTIVE DES COMPTES

« On est comme des moutons dans le couloir de l’abattoir », déclare au Monde Sindika Dokolo, son époux et associé. A 46 ans, l’homme d’af­faires danois d’origine congolaise, lui aussi héritier d’un empire familial encouragé puis démantelé par Mobutu Sese Seko au Zaïre (ac­tuelle République démocratique du Congo), parle plus volontiers de sa collection d’art que de ses sociétés offshore. Fin décembre 2019, la justice angolaise a ordonné la saisie préven­tive des comptes et des actifs d’Isabel dos San­tos et Sindika Dokolo, accusés d’avoir dé­ tourné 1milliard de dollars des caisses de l’Etat. Au Portugal comme à Monaco, le par­quet général vient par ailleurs d’ouvrir une enquête pour blanchiment d’argent public.

Alors, le couple a entamé une cavale de luxe entre Londres, Barcelone – où s’est fina­lement installé l’ancien président José Eduardo dos Santos et père d’Isabel – et Du­baï. Il regrette subitement l’ancien « sys­tème » népotique et kleptocratique qui lui garantissait un accès privilégié aux milliards de pétrodollars de l’Etat.

Née à Bakou en 1973, alors en Union soviéti­que, où son père poursuivait ses études, di­plômée en ingénierie de King’s College, à Lon­dres, à 21 ans, Isabel dos Santos parle six lan­gues et s’essaie très tôt aux affaires dans un Angola encore plongé dans la guerre civile (1975­-2002). Outre un restaurant au bord de la plage, à Luanda, elle s’essaye au négoce de dia­mants, dès le début des années 2000, par le biais d’une société enregistrée à Gibraltar.

Aux côtés de sa mère, Tatiana Sergueïevna Koukanova Regan, ingénieure russe passée par Sonangol, elle se voit octroyer par la pré­sidence 24,5 % des parts de la société qui a le monopole sur les pierres précieuses, puis 25 % de participation dans Unitel. Joyau de son empire, le plus important opérateur de télécommunications d’Angola, surnommé « Isatel », revendique désormais 11 millions de clients et 3 500 emplois directs.

Après vingt­ sept ans de guerre civile, le pays, porté par une croissance phénomé­nale, se reconstruit, bénéficiant de la hausse des prix de l’or noir, dont l’Angola est le deuxième producteur d’Afrique subsaha­rienne. C’est à cette période que des dizaines de milliards de pétrodollars disparaissent des caisses de l’Etat, pendant que plus de la moitié des Angolais survit avec moins de 2 dollars par jour. 

On ne refuse alors rien à la fille du chef de l’Etat qui élabore dans l’ombre un schéma d’accaparement des richesses publiques, comme le montrent les « Luanda Leaks ». Grâce à la bienveillance de son père, elle s’as­socie le plus souvent à des entreprises d’Etat qui lui apportent de l’argent du contribuable angolais ou qui empruntent dans des ban­ques qu’elle contrôle. Avec ces fonds, Isabel dos Santos et son époux se chargent d’établir des joint­ventures qu’ils intègrent dans leurs circuits financiers offshore sophistiqués. Ceux­-ci sont activés, officiellement pour faire fructifier l’investissement de ses partenaires publics, qui se disent privés des dividendes. Puis les sociétés publiques sont éjectées de l’affaire sans toujours être remboursées. 

STRATAGÈME FINANCIER

C’est ainsi qu’en 2005 la Sonangol investit 200 millions de dollars dans un joint ­ven­ture créé avec le couple, en 2005. Objectif : ac­quérir des parts du géant pétrolier portugais Galp. Pour ce faire, ils créent Esperaza, dont le capital se répartit entre Exem, la holding suisse de Sindika Dokolo, et Sonangol, majo­ritaire. Sauf que, rapidement, la société pé­trolière publique se dit tenue à l’écart.

Son époux rachète pourtant encore à So­nangol pour 75 millions d’euros les parts détenues dans l’entreprise pétrolière portugaise Galp. Belle affaire que cette acquisition, dont l’actif est plutôt évalué à 340 millions d’euros. Cette fois, l’opération se fait par une société néerlandaise contrôlée par le couple, Exem Energy BV, qui ne règle que 11 millions d’euros. Le reste est transformé en un prêt qui n’aurait pas été remboursé, selon Sonangol. «Exem a accepté la condition selon laquelle le rembour­ sement serait effectué en kwanzas [la mon­naie angolaise] au lieu d’euros lors d’un accord écrit et validé par le PDG de la Sonangol, fait sa­ voir M. Dokolo par le biais de ses avocats. Exem a remboursé l’intégralité du prêt, y com­ pris les intérêts, le 13 octobre 2017. »

Ces 40 % détenus dans Galp n’ont cessé de prendre de la valeur. Isabel dos Santos et Sin­dika Dokolo pourraient bien avoir réalisé une jolie opération sans avoir investi un euro de leur poche. « L’investissement commun était de 195millions d’euros. Aujourd’hui, cet actif vaut 1,7 milliard. Cet investissement a généré un grand rendement pour toutes les parties qui ont investi», réplique Isabel dos Santos.

Son stratagème financier va plus loin. Se­lon les « Luanda Leaks », Isabel dos Santos va s’accaparer les 126 millions d’euros de divi­dendes d’Esperaza versés par Galp à ses ac­tionnaires angolais. Sonangol n’a pas de re­tour sur son investissement et ignore que les dividendes ont discrètement été placés sur un compte bancaire à la Deutsche Bank. Lorsque cette banque se rend compte que le clan dos Santos se cache derrière Esperaza, elle décide de bloquer des transactions. Les fonds sont alors placés à la banque portu­gaise BIC (devenue Euro Bic), dont Isabel dos Santos détient alors 45 % des parts. Ensuite, l’argent est transféré sur un compte ouvert dans la filiale de l’établissement au Cap­Vert, où les moyens pour lutter contre le blanchi­ment sont faibles, selon les analystes. «A la demande de Sonangol, Esperaza s’est abstenu de verser des dividendes, car cela aurait pro­ voqué une importante retenue fiscale, vu qu’il n’y a pas d’accord de non­double taxation en place », se défend M. Dokolo.

Ce qui ressemble à une manipulation fi­nancière imposée à Sonangol a été large­ment dupliqué par le couple avec d’autres entreprises publiques angolaises, comme dans le secteur du diamant, prisé par M. Do­ kolo. Dandy flamboyant, il s’offre des voitu­res de luxe et profite, avec son épouse, de leur yacht privé et de leurs propriétés à Luanda, à Monaco, à Dubaï, à Lisbonne...

Isabel dos Santos, elle, développe Unitel, son opérateur de télécoms, à sa manière. Elle a ainsi accordé, entre mai 2012 et août 2013, se­lon les « Luanda Leaks », 7 prêts à des condi­tions préférentielles pour un montant total d’environ 450 millions de dollars à une autre de ses sociétés néerlandaises, Unitel Interna­tional Holdings (ex ­Jadeium). Malgré son nom trompeur, cette entité n’a aucun lien avec le groupe de télécommunications. En tant que présidente du conseil d’administra­tion d’Unitel, la milliardaire n’a pas consulté les trois autres actionnaires que sont la com­pagnie pétrolière Sonangol, le groupe brési­lien Oi (à travers sa filiale portugaise PT Ven­tures) et la société Geni, propriété d’une autre figure de proue du réseau clientéliste du clan détenue par Unitel, pour qui elle n’a généré aucune perte ». Début 2019, Isabel dos Santos a été condamnée à régler 650 millions de dol­lars à PT Ventures, qui s’estime aussi lésé de dividendes. Selon les « Luanda Leaks », Isabel dos Santos a pu bénéficier de plus de 1 mil­liard de dollars au total de dividendes et de prêts préférentiels de la part d’Unitel.

« Certaines choses dont vous nous accusez ne sont même pas illégales dans le droit angolais », rétorque M. Dokolo. Revient cette phrase qu’il avait prononcée lors d’un entre­tien accordé au Monde en 2017 sur les soup­çons qui pesaient déjà sur lui : « Je préfère que la richesse du continent revienne à un Noir cor­rompu plutôt qu’à un Blanc néocolonialiste. » Contactée par Le Monde et ICIJ, Mme dos San­tos nie tout « acte répréhensible », ne voyant «aucun mal à ce qu’un Angolais ait un joint­ venture avec une entreprise d’Etat ». José Eduardo dos Santos, 77 ans, établi dans l’une de ses propriétés de Barcelone, où il reçoit des soins médicaux, n’a pas souhaité réagir.

Grâce à ces circuits complexes qui ont pu permettre d’aspirer l’argent du contribuable angolais, le couple a développé ses projets toujours présentés comme « inspirants » pour l’Afrique. Isabel dos Santos devait une fois de plus raconter son histoire au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, qui se tient du 21 au 24 janvier. Sa venue, comme dirigeante d’Unitel, a finalement été annulée. Le « nouveau récit » imaginé par Isa­bel dos Santos se réécrit sur le terrain judi­ciaire, en Angola comme en Europe. Cette fois, elle ne tient plus la plume.  

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