L’AFRIQUE ET L’EUROPE AMORCENT LE DIALOGUE D’EGAL A EGAL
Dans le sillage du Sommet Afrique-France organisé, il y a un an à Montpellier (France), s’est tenue, pendant deux jours à Johannesburg, la première édition du forum «notre Futur : Dialogue Afrique-europe»

Dans le sillage du Sommet Afrique-France organisé, il y a un an à Montpellier (France), s’est tenue, pendant deux jours à Johannesburg, la première édition du forum «notre Futur : Dialogue Afrique-europe». initiée par l’institut français afin de jeter les bases d’une nouvelle relation entre l’Afrique etl’europe, cette rencontre, qui a démarré par le lancement de la «Fondation de l’innovation pour la Démocratie», a consacré de forts moments d’échanges entre des personnalités africaines et européennes issues de différents secteurs. Sans tabou, les participants, qu’ils soient universitaires, membres de la société civile, chercheurs, hommes de culture, intellectuels et journalistes, ont fait le diagnostic sans complaisance des rapports franco-africains avant d’amorcer des pistes de solutions.
Du 6 au 8 octobre dernier, la capitale économique d’Afrique du Sud, Johannesburg, a vécu au rythme de la première édition du Forum «Notre Futur : Dialogue Afrique-Europe» articulée autour du thème : «Les chemins de la démocratie».
En effet, la rencontre de Johannesburg constitue la première d’une série de neuf (9) forums qui se tiendront sur trois ans, dont les deuxième et troisième sont prévus respectivement à Yaoundé (Cameroun) en novembre 2022 et à Alger (Algérie) en février 2023. Bien entendu, ces différents forums s’inscrivent dans le cadre des recommandations formulées par le philosophe camerounais Achille Mbemba lors du Sommet de Montpellier. Leurs principaux objectifs, si l’on en croit la présidente de l’Institut français Eva Nguyen Binh, est de poursuivre le dialogue et de l’approfondir. «A la fin du Sommet Afrique-France à Montpellier, nous nous sommes rendue au Cameroun où nous avons rencontré des jeunes, dont certains ont participé au Sommet de Montpellier. Nous leur avons demandé s’ils trouvaient intéressant qu’on fasse des forums sur le continent africain qui compteront aussi la participation des jeunes européens pour élargir le dialogue. Ils ont bien accueilli cette idée.
Par conséquent, à travers cette initiative, nous voulons écouter ce que les gens ont à dire afin d’en tirer des leçons de façon opérationnelle pour amorcer des dialogues sereins», a déclaré Eva Nguyen Binh en marge du lancement de la «Fondation de l’Innovation pour la Démocratie». Le thème du forum, souligne la présidente de l’Institut français, s’explique par la volonté des organisateurs de poser sur la table des problématiques comme la démocratie participative, la justice inclusive, l’équité homme-femme, la place des jeunes, la liberté de la presse…
Venus d’horizons divers, les nombreux participants (ils sont plus de 120) ont eu toute la latitude, à travers une trentaine d’activités inscrites au programme, de discuter des problématiques liées à la démocratie dans toutes ses facettes.
Il s’agit entre autres de la liberté de la presse et de la qualité de l’information, des nouvelles formes d’engagement citoyen. Une aubaine pour la cofondatrice de l’Association des jeunes pour la citoyenneté active etla démocratie (Ajcad) au Mali et célèbre activiste, Adam Dicko qui, fidèle à sa réputation, n’a pas maché ses mots.
Avec la verve qu’on lui connaît, elle a plaidé pour l’instauration d’une justice inclusive élevant les jeunes et les femmes au rang de citoyens à part entière. «Il est devenu impératif que les jeunes qui représentent 75% de la population en Afrique et les femmes qui font plus de 50% ne soient plus confinés aux politiques de quotas. Les jeunes et les femmes en ont marre d’être au cœur des politiques des jeunes et des femmes, ils veulent être des acteurs des politiques les concernant», a martelé la jeune activiste assise aux côtés de Achille Mbemba à Constitution Hill, lors de la clôture du forum.
Une rencontre caractérisée par 30 évènements et sessions. Il s’agit entre autres de panels, de conférences, d’activités artistiques et de visites de lieux historiques qui se sont tenus à Johannesburg et Soweto.
Pour abriter les trente (30) évènements inscrits au programme, les organisateurs ont misé sur des sites historiques et représentant des symboles de la lutte démocratique en Afrique du Sud comme le Théâtre de Soweto (plus grand township de Johannesburg) et la Constitution Hill Human Rights Precinct. Ce site qui abrite actuellement la Cour Constitutionnelle d’Afrique du Sud est une ancienne prison dans laquelle ont été détenues des figures marquantes de la vie politique du pays tels que Nelson Mandela, Winnie Madikizela Mandela, Mahatma Gandhi, Fatima Meer et Albertine Sisulu .
L’IMPORTANCE DE LA RENCONTRE DE JO’BURG
Si les organisateurs ont décidé d’organiser ce premier forum sur l’engagement et la démocratie dans la Nation arc-en-ciel, souligne la présidente de l’Institut français, c’est dans l’espoir d’approfondir le dialogue et faire en sorte que les gens se connaissent mieux entre le continent africain et européen. «Le côté culturel est tout aussi important, car on estime que la culture est un mode d’expression et de rapprochement des peuples», affirme Eva Nguyen Binh qui ajoute que le choix d’organiser le Forum en Afrique du Sud est lié au lancement de la «Fondation de l’Innovation pour laDémocratie» à l’initiative de l’universitaire camerounais Achille Mbemba. Considéré comme une tribune permettant de poursuivre le dialogue et de poser les fondations d’une nouvelle relation entre l’Afrique, la France et l’Europe à la suite du Sommet de Montpellier, le Forum de Johannesburg est jugé important pour certains participants interrogés par «L’As».
Faisant partie des cinq panelistes ayant parlé de «l’exercice de la citoyenneté numérique pour renforcer la démocratie et les mouvements citoyens», Maïmouna Haïdara trouve importants les échanges, parce qu’on apprend des uns des autres. «Je suis très contente de ces deux jours de forum, car j’ai rencontré des personnes qui viennent de la Tanzanie, du Soudan, de l’Afrique du Sud, du Botswana, du Niger. Pour moi, il n’y a pas de souci, parce qu’on apprend les uns des autres et l’Europe, et la France surtout a beaucoup à apprendre de l’Afrique et notamment de l’Afrique du Sud», a soutenu cette avocate et adjointe au maire de Stains (une petite ville française). Le ton tranchant, cette féministe aguerrie recommande aux pays occidentaux de revoir leurs rapports avec le continent africain. «Je suis contre qu’on vienne en tant qu’Occidentaux et qu’on souhaite donner des leçons à l’Afrique ou à certains pays africains.
D’ailleurs, je ne participerai pas à cela», clame Mme Haïdara avant d’insister : «Maintenant, j’espère sincèrement un échange au même pied d’égalité. Si la démarche n’est pas sincère, ça n’amène à rien du tout. Pendant des années, cela a été une communication verticale, dominante par l’Europe de façon brutale et effroyable.» Une position que partage entièrement la célèbre Adam Dicko. Pour la cofondatrice de l’Association des jeunes pour la citoyenneté active et la démocratie (Ajcad), l’heure est arrivée de dialoguer d’égal à égal et poser sur la table toutes les questions. «Sans tabou. Le tout fondé sur des principes et des valeurs», indique la jeune Malienne. «Le dialogue n’a jamais été inutile, il permet de s’écouter, d’échanger des points de vue», dit-elle. A souligner que les deux prochains se dérouleront à Yaoundé (Cameroun) du 1er au 3 décembre 2022 et à Alger (Algérie) en Février 2023.