«NOS ARMEES SONT INCAPABLES DE FAIRE FACE AU TERRORISME»
L’ancien président de la République du Niger, Mouhamadou Issoufou, a profité de la cérémonie de clôture de la 8ème édition du Forum Paix et Sécurité de Dakar pour détailler les failles des pays africains face au terrorisme et au crime organisé

Au deuxième et dernier jour du Forum Paix et Sécurité de Dakar, la cérémonie de clôture et la conférence de presse étaient les activités les plus attendues par les participants à cet événement. Face aux journalistes, l’ancien président de la République du Niger, Mouhamadou Issoufou, a évoqué les raisons qui font que l’Afrique de l’Ouest reste toujours sous la menace des terroristes qui ne cessent de faire des victimes dans certains pays du Sahel. En guise d’explication à cette situation, il a cité l’incapacité des armées à faire face au terrorisme.
L’ancien président de la République du Niger, Mouhamadou Issoufou, a profité de la cérémonie de clôture de la 8ème édition du Forum Paix et Sécurité de Dakar pour détailler les failles des pays africains face au terrorisme et au crime organisé. Pour lui, le défi est d’abord de construire des Etats et de mettre en place des armées dignes de ce nom. ‘’ Le problème au départ du combat, c’est au niveau national. Il faut que, dans chaque Etat, la montée en puissance des armées puisse continuer. Il faut qu’on sauve les Etats parce que tous les défis que je viens de citer, celui fondamental c’est le défi institutionnel. Si on n’arrive pas à consolider les Etats, il est extrêmement difficile de saisir les autres maillons de la chaine des défis. Il faut commencer par construire des armées dignes de ce nom, parce que l’armée est la colonne vertébrale de l’Etat. S’il n’y a pas d’armée, il n’y a pas d’Etat’’, a dit Issoufou. Pour lui, malheureusement, tous ces défis sont survenus dans l’espace sous- régional à un moment où, en réalité, « la zone n’a pas d’armées capables de faire face aux menaces ». L’ancien président du Niger pense qu’avec la situation actuelle, nous ne sommes pas dans une situation normale, mais en guerre.
Selon lui, il faut par conséquent mobiliser les moyens nécessaires qui puissent permettre d’avoir des armées puissantes afin de lutter de manière souveraine contre le terrorisme et d’assurer la sécurité des populations. M. Issoufou estime que la lutte au niveau nationale, à elle seule, ne peut pas suffire. ‘’ Il faut mutualiser nos capacités entre les pays pour faire face à cet ennemi commun. Aujourd’hui, cela fait mal à tous les Africains de voir que nous sommes divisés. Nous n’avons pas su mettre en place un front uni contre l’ennemi commun, contre le terrorisme. Ce spectacle de division qu’on constate au niveau de notre région, il faut assez rapidement le surmonter’’, a regretté celui qui n’a pas voulu briguer un troisième mandat à la tête de son pays.
Une multitude d’initiatives
Il a déploré l’existence de multitudes d’initiatives auxquelles il va falloir réfléchir pour mettre de l’ordre et rendre encore plus efficace la mutualisation des capacités. Car, selon lui, l’Afrique a besoin de cela pour faire face aux défis cités. ‘’ Ce n’est pas au niveau national, mais au niveau régional qu’il faut agir. En dehors du continent, la communauté internationale doit soutenir nos Etats surtout qu’elle a des responsabilités dans ce qui nous arrive. La déstabilisation du Sahel vient de l’intervention en Lybie. S’il n’y avait pas eu cette intervention en Libye, le Sahel n’aurait pas connu la situation dans laquelle il se trouve aujourd’hui. Certes, les défis existaient, mais ils ont été amplifiés par cette intervention en Lybie. L’Etat islamique vient de l’effondrement de l’Irak. Donc la communauté internationale a des responsabilités dans ce qui nous arrive. Par conséquent, elle doit nous soutenir pour faire face à ces défis sécuritaires auxquels nos peuples sont confrontés’’, a déclaré M. Issoufou.