L’ASSEMBLÉE VIOLE LA LOI
C’est dans un hémicycle bunkerisé que les députés se sont réunis vendredi à huis clos pour lever l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko. L’accès à l’Assemblée nationale a été interdit à tous y compris aux journalistes

C’est dans un hémicycle bunkerisé que les députés se sont réunis hier à huis clos pour lever l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko. Lors de cette séance plénière interdite à la presse privée, les forces de l’ordre ont sommé les journalistes de se tenir loin des grilles de l’Assemblée nationale. Une décision qui non seulement a provoqué un grand rassemblement dans les alentours de la Place Soweto, mais aussi continue une violation du droit du peuple à l’information.
Comme il fallait s’y attendre, la levée de l’immunité parlementaire du député Ousmane Sonko s’est tenue dans une Assemblée nationale placée sous haute surveillance policière. D’ailleurs, depuis le début de l’affaire «Sweet Beauté» et des violentes manifestations qu’elle a engendrées après le refus du leader du Pastef de déférer à la convocation de la gendarmerie sans la levée au préalable de son immunité parlementaire, tous les yeux étaient rivés sur le Parlement.
Hier, même si les pro-Sonko n’ont pas envahi les abords de l’hémicycle pour soutenir leur leader, les forces de l’ordre s’y sont déployées en masse. Presque toutes les artères menant vers l’Assemblée nationale ont été quadrillées par les éléments de la police et de la gendarmerie. En tenue antiémeute pour la plupart et armées jusqu’aux dents, ils étaient prêts à faire face à toutes velléités de manifestation. En dehors des députés et autres agents parlementaires, il n’y a que les journalistes de la RTS et des médias publics (Le Soleil et Aps) qui ont été autorisés à assister à la séance plénière qui s’est tenue à huis clos.
Autrement dit, l’accès à l’Assemblée nationale a été interdit à toutes les autres personnes y compris les journalistes. Les membres de la presse nationale et internationale qui se sont mobilisés massivement pour couvrir l’événement ont été entassés comme des indésirables dans des conditions favorables à la transmission de la Covid-19. Après plusieurs heures d’attente à l’ombre des arbres du musée Théodore Monod d’Art africain pour avoir la réaction des députés, les journalistes se sont rués sur les hommes de tenue qui les surveillaient comme du lait sur le feu, pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un musellement.
Acculés, un officier de Police du nom de Faye qui coordonnait les opérations, et le préfet de Dakar, Alioune Badara Samb, ont essayé de trouver une solution afin de permettre aux journalistes retenus dehors, suite à une décision du bureau de l’Assemblée nationale, de faire leur travail. «Attendez le Préfet ! Calmez-vous, on va vous donner l’opportunité d’aller faire votre travail comme la fois dernière ! Déjà, il y a un espace qui a été bien aménagé pour vous et les barrières sont bien prépositionnées. Mais, on va juste filtrer qui est journaliste et qui ne l’est pas», hurle l’officier de Police face aux caméras et devant les micros des journalistes.
Ces derniers, qui n’en pouvaient plus du traitement qui leur a été infligé, voulaient recueillir les réactions des députés de l’opposition qui ont boudé le vote pour la levée de l’immunité parlementaire de Ousmane Sonko.