LE CORED, LE SYNPICS ET LE CNRA CHARGENT GASTON MBENGUE ET RECADRENT WALF
Les propos tenus par le promoteur de lutte contre Barthélémy Dias à la télévision sont largement décriés

Le Conseil pour l’Observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (Cored), le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics) et le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) déplorent les propos tenus par Gaston Mbengue sur le plateau de Walfadjri s’attaquant aux origines du candidat à la mairie de Dakar, Barthélémy Diaz.
LE CORED S’AUTOSAISIT
«Le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (Cored) condamne fermement les propos tenus par Gaston Mbengue ce dimanche 28 octobre 2021 à l’encontre Barthélémy Dias lors d’une émission sur la chaîne de télévision privée Walf Tv», peut-on lire dans un communiqué parvenu à la rédaction hier, lundi 29 novembre. Le Cored estime que, «ces propos, d’une gravité extrême, constituent une menace à la cohésion nationale et une incitation à la haine et à la violence. Leur diffusion par la chaîne Walf Tv constitue, par ailleurs, une violation flagrante des dispositions de l’article 18 du Code de la presse qui stipule : «Le journaliste et le technicien des médias doivent respecter la dignité humaine, éviter toute allusion par le texte, l’image et le son, à l’appartenance ethnique ou nationale d’une personne, à sa religion, à son sexe, à son orientation sexuelle, ainsi qu’à toute maladie ou handicap d’ordre physique ou mentale qui aurait un caractère discriminatoire et/ou stigmatisant».
Selon toujours le Cored, l’article 4 de la Charte des journalistes du Sénégal appelle à «respecter la dignité de la personne humaine et des groupes sociaux, notamment les groupes minoritaires, en toute circonstance». Par conséquent, il s’est autosaisi du dossier pour l’instruire devant son Tribunal des pairs. Au terme des articles 53 et 54 du Code de la Presse, le Cored, tout en privilégiant le dialogue, a les pleins pouvoirs pour prononcer des sanctions contre les organes de presse qui font fi du respect des règles d’éthique et de déontologie. Cette panoplie de sanctions comprend l’avertissement, le blâme, le retrait de la carte de presse. «Elles sont prises en tenant compte dans le cadre de l’attribution du Fonds d’appui et de développement de la presse», poursuit-il. Enfin le Cored met en garde les médias contre l’usage d’expressions tendant à stigmatiser une communauté, un groupe social, un individu ou mettant en péril la cohésion sociale.
LE CNRA CONDAMNE ET ÉCRIT À WALF
«Le Cnra a constaté des manquements dans l’émission «Sortie» diffusée le 28 novembre 2021 sur le réseau Walf TV avec comme invité Gaston Mbengue. Lesdits manquements ont été notés alors que la sensibilité et la gravité du sujet évoqué devraient appeler un profond sens de la responsabilité et une attention soutenue de l’éditeur», rappelle le Cnra dans une note envoyée à la presse hier, lundi 29 novembre. Il estime par ailleurs que Walfadjri devait en effet, éviter la diffusion de propos de nature à entrainer des conséquences préjudiciables à cette même cohésion, autant qu’à la préservation de l’ordre public. En conséquence, le Cnra informe avoir saisi l’organe mis en cause. Il lui a rappelé que l’incident est d’autant plus grave et inacceptable, qu’il est noté dans le cadre d’une émission qui a fait l’objet d’un enregistrement préalable. Pis, les condamnations et autres désapprobations de la présentatrice de l’émission, dans le sens de recadrer l’invité, n’enlèvent rien la faute commise. Le Cnra déplore entre autres, le non-respect des principes qui régissent le journalisme notamment dans la diffusion de documents vidéo et audio, la diffusion des émissions incitant à la haine, à la discrimination, au racisme, au terrorisme, au fanatisme, à l’extrémisme, sous toutes leurs formes et la diffusion des émissions faisant explicitement ou implicitement, l’apologie de la violence ou incitant à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes, en raison notamment de leur origine, de leur sexe, de leur appartenance ou non à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. Le Cnra rappelle à tous les médias audiovisuels, quel que soit leur mode de diffusion, que certains dérapages verbaux, au cours des émissions exposent aux sanctions prévues par la loi, les éditeurs qui, sans s’entourer des précautions nécessaires, offrent leurs plateaux ou leurs micros en guise de tribunes pour ce type d’usage. Il précise que les médias audiovisuels doivent prendre toutes les mesures appropriées pour conserver en permanence ou rétablir instantanément, la maîtrise de l’antenne. Il appelle tous les médias audiovisuels à prendre les mesures appropriées pour prévenir de pareils manquements et à observer une application stricte de la réglementation.
LE SYNPICS APPELLE À LA RESPONSABILITÉ
Le syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics), regrette les propos tenus par Gaston Mbengue. «Le Code de la Presse interdit clairement à un journaliste ou à un média, de se faire relais de tout type de propos, à même de troubler gravement l’ordre public en promouvant la Haine», renseigne un communiqué reçu par la rédaction hier, lundi 29 novembre. Le Synpics invite les journalistes à faire preuve de responsabilité : «Les médias sénégalais, surtout ceux managés par des professionnels ont des obligations vis-à-vis de la stabilité du pays. Des propos d’une violence inouïe et qui tendent à inciter à la haine, à la stigmatisation d’un groupe de personnes, d’une communauté ethnique, confessionnelle, ne doivent en aucune manière être relayés par les médias. Il est cependant malheureux de constater que souvent, des propos du même genre, tenus par des responsables politiques, sont béatement diffusés par des médias et/ou repris par d’autres. Se faisant, ces médias ne semblent dans ces cas de figure poursuivre qu’un seul but : augmenter ou consolider une audience, aux fins d’en tirer des subsides »