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29 juin 2025
AIBD, GROGNE DES TRAVAILLEURS APRÈS LA RÉDUCTION DES AVANTAGES DES CADRES
Peu après sa prise de fonction, le nouveau DG Cheikh Bamba Dieye a instauré une série de mesures notamment la réduction des avantages des cadres, qui inclut des coupes dans les primes de transport et de nourriture.
La grogne s’installe au sein de l'AIBD. En effet, la récente réduction des avantages notamment des cadres a déclenché une vague de mécontentement parmi les travailleurs de l’entreprise, et les murmures de mécontentement se transforment peu à peu en un grondement sourd.
Peu après sa prise de fonction, le nouveau DG Cheikh Bamba Dieye a instauré une série de mesures notamment la réduction des avantages des cadres, qui inclut des coupes dans les primes de transport et de nourriture. « Nous avons été mis devant le fait accompli. Ces avantages étaient essentiels pour compenser notre charge de travail et les responsabilités que nous assumons », déclare un cadre sous couvert d’anonymat.
Même son de cloche, chez certains syndicalistes. « C’est une attaque frontale contre les droits acquis des travailleurs. Nous demandons à la direction de revenir sur ces décisions et d’engager un dialogue constructif avec les représentants des employés », affirme un leader syndical. Selon lui, les syndicats ont été ignorés dans le processus décisionnel.
La grogne monte également chez les cadres, qui se sentent particulièrement visés par ces réductions. Ils estiment que ces avantages, acquis lors des gestions précédentes, répondaient à une volonté de mettre aux normes les rémunérations au sein de AIBD avec ce qui se fait à l’échelle internationale.
« Certains avantages ont été mis en place afin d’attirer les meilleurs cadres sénégalais spécialistes du domaine aéronautique et éparpillés dans les aéroports du monde. Il est inadmissible depriver de ces bénéfices ces experts sans aucune consultation préalable. C’est un manque total de respect pour leur travail et leur parcours », ajoute un autre cadre. Selon des sources internes à l’entreprise, ces mesures viseraient à rationaliser les coûts de l’entreprise en réponse à un contexte économique tendu.
En attendant, le mécontentement continue de croître dans les couloirs de AIBD SA, et le climat social n’est pour l’instant pas propice à la sérénité gage de performances.
TABASKI, MABOUBA DIAGNE RASSURE LES SÉNÉGALAIS À MOINS D’UNE SEMAINE DE LA FÊTE
« Le Sénégal a un besoin de 810 000 moutons pour la Tabaski. Nous sommes à 817 000 moutons, comparé à l’année dernière, donc l’objectif est déjà atteint à moins de six jours de la fête », a-t-il déclaré.
Dr. Mabouba Diagne, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, était l’invité de l’émission « Au gré de l’actualité » sur Radio Sénégal Internationale (RSI) ce jeudi. Le ministre a fait le point sur les préparatifs de la fête de la Tabaski, en particulier sur la disponibilité des moutons et la subvention des prix de l’aliment de bétail.
Selon Dr. Diagne, la situation actuelle concernant l’approvisionnement en moutons est très satisfaisante. « Le Sénégal a un besoin de 810 000 moutons pour la Tabaski. Nous sommes à 817 000 moutons, comparé à l’année dernière, donc l’objectif est déjà atteint à moins de six jours de la fête », a-t-il déclaré. Le ministre a rassuré les Sénégalais sur l’approvisionnement suffisant du marché en moutons, indiquant que les prix restent abordables et que les efforts sont faits pour maintenir un équilibre permettant à toutes les parties de trouver satisfaction.
Dr. Diagne a également abordé la question de la subvention de l’aliment de bétail, essentielle pour soutenir les éleveurs. « Cette année, 2570 tonnes d’aliment de bétail ont été subventionnées par l’État, ce qui a ramené le prix du sac à 5200 FCFA. L’année dernière, cette mesure ne concernait que 7 régions, mais cette année, elle touche l’ensemble des 14 régions du Sénégal », a-t-il précisé.
Le ministre a souligné que cette subvention est ponctuelle mais qu’elle sera accompagnée de politiques adaptées pour pérenniser le soutien aux éleveurs. « Nous devons continuer à travailler pour des solutions durables qui permettront de maintenir et d’améliorer la productivité du secteur de l’élevage au Sénégal », a ajouté Dr. Diagne.
Ces mesures s’inscrivent dans une vision plus large de souveraineté alimentaire et de soutien au secteur de l’élevage. La subvention de l’aliment de bétail et l’approvisionnement en moutons, sont des étapes clés vers une souveraineté alimentaire renforcée et un secteur de l’élevage plus robuste.
DANS L'ANTRE DES SHOWRUNNER
A cheval entre plusieurs métiers dans la production audiovisuelle, notamment les séries, le showrunner est considéré comme le chef d’orchestre. Il est à la fois le bras administratif et technique.
A cheval entre plusieurs métiers dans la production audiovisuelle, notamment les séries, le showrunner est considéré comme le chef d’orchestre. Il est à la fois le bras administratif et technique. Durant toute la réalisation, il veille à garder une cohérence. Incursion dans l’univers de ce métier en pleine expansion…
Avec le développement de l’industrie cinématographique, de nouveaux métiers voient le jour. A côté des réalisateurs, producteurs, scénaristes, scripteurs entre autres, celui de showrunner a fait son apparition depuis quelques années. Par la force des choses et des exigences de plus en plus présentes dans le monde du septième art, le showrunner occupe une place particulière dans la production d'une série. De par son rôle transversal et de son importance, il peut épouser le rôle d'un autre au-delà de sa fonction.
Élaboration des arches narratives, direction d’écriture, direction artistique, collaboration avec le réalisateur : le showrunner intervient à presque tous les niveaux de la production d’une série. En France comme au Sénégal, ce métier ne fonctionne pas comme aux États-Unis, le pays d’origine. Sous nos cieux, il tend à se développer en raison de la profusion de séries ces dernières années. Il y a un vrai engouement autour, ce qui a permis de mettre sur le devant de la scène les showrunners. Le milieu s’est rendu compte qu’un chef d’orchestre était nécessaire pour garder la mémoire de la série et répondre à tous les interlocuteurs impliqués dans sa fabrication.
Cerveau de la production
Le showrunner est donc chargé de créer l'intrigue de la série avant l'intervention des scénaristes. En d'autres termes, il lui revient de faire les premières propositions pour la conception de l'intrigue. Dans son travail, le showrunner a la responsabilité de faire évoluer les personnages dans leur rôle. Son travail va se sentir du début et à la fin de la production. Il collabore en parfaite harmonie avec le producteur et le réalisateur de la série, surtout lorsque celle-ci demande beaucoup d'investissement humain et intellectuel.
“Le showrunner est un terme anglo-saxon qui nous vient des États-Unis. Ce terme n'existe pas dans le monde cinématographique francophone. Je dirais que le showrunner est comme le réalisateur d'un film, mais dans une série. Il est celui qui va poser une vision à la série, il est le maître à bord. On peut se tromper en désignant le showrunner comme le créateur de la série, alors qu'il ne l'est pas. Dans une série, il peut y avoir deux showrunner. Celui qui écrit la série et celui qui sera chargé de transformer le scénario en série”, explique Jean Luc Herbulot Franco-congolais établi au Sénégal showrunner dans la célèbre série Sakho et Mangane.
Véritable homme du sérail, ce dernier assimile le showrunner non pas à l'architecte de la série, mais au maître d'œuvre. “Entre l'idée de quelqu'un, série créée par, les noms peuvent différer. Un showrunner est beaucoup plus proche d'un producteur que d'un réalisateur, dans la mesure où il peut prendre des décisions que le producteur peut prendre. C'est un rôle qui est plus à cheval entre le producteur et le réalisateur” ajoute-t-il. ElHadji Cissokho, un autre virtuose du milieu, showrunner dans plusieurs séries sénégalaises à succès, pousse lui la réflexion plus loin. À l’en croire, le métier de showrunner peut être mal défini ou mal cerné dans la mesure où des personnes qui exercent une partie du métier de showrunner, sont considérés comme tel. Il fait savoir que le showrunner est la personne garante de la cohérence dans une série où il y peut y avoir plusieurs réalisateurs ou scénaristes.
Le showrunner est au-dessus de tous ceux-ci. Par exemple, dans les séries policières, il y a plusieurs réalisateurs, mais derrière, il y a un showrunner qui va faire de tel sorte que chaque réalisateur va avoir, un cahier de charges pour la cohérence de la série. En général, le showrunner peut être comparé à un directeur de création dans une agence de communication. «Le showrunner est aussi quelqu'un qui a une solide expérience en écriture. Il a aussi une expérience dans d'autres métiers comme le réalisateur, le directeur artistique, le monteur», soutient-il…
Le plus gros poste et le mieux rémunéré
“Il n'y a pas de formation pour être showrunner. C'est l'expérience qui fait de vous un showrunner contrairement aux autres métiers de l'audiovisuel”, confie Elhadji Cissokho. Il est joint dans cette remarque par son collègue Jean Luc Herbulot. Ce dernier informe qu'il s'est formé au fil des années lors des différentes productions dans lesquelles il officiait en tant que réalisateur.
“J'ai eu à collaborer avec des showrunners. Je connaissais leur travail et ce qu'ils faisaient. Au début, je pensais que la conception d'un film se limitait entre le producteur, le réalisateur et le directeur d'écriture. Dans une série qui fait 20 a 40 épisodes par saison, il faut nécessairement quelqu'un qui maintient le style. J'ai été showrunner dans deux séries. Une au Maroc et l'autre ici au Sénégal. Mais c'est au Sénégal où j'ai eu les pleins pouvoirs. Pour mon cas, je suis devenu showrunner par la force des choses. Je produisais beaucoup ce que je faisais au-delà d'être réalisateur. Quand on est réalisateur, on n'a pas forcément de rapports avec les clients, les chaînes. J'ai toujours été entre la production et la réalisation. C'est une position qui vous permet d'être toujours entre la chaîne et les techniciens. Pour être showrunner, il faut d'abord maîtriser les outils de la réalisation. Il revient au showrunner de trouver une adéquation entre le budget et la production de la série. Dans une série, le showrunner rend compte à la fois à la chaîne et au producteur, contrairement à ce dernier qui ne rend compte qu'à la chaîne. C'est le plus gros poste qu'on peut avoir en terme de boulot dans une série. Il est là du début à la fin”, fait savoir Jean Luc Herbulot.
Elhadji Cissokho lui emboîte le pas en soutenant la nécessité d'avoir une bonne connaissance des autres métiers de la production. “Le showrunner est quelqu'un qui a une solide expérience en écriture. Il a aussi une expérience dans d'autres métiers comme le réalisateur, le directeur artistique, le monteur. Il n'y a pas de formation pour être showrunner. C'est l'expérience qui fait de vous un showrunner contrairement aux autres métiers de l'audiovisuel. La transversalité du personnage peut lui conférer le mérite d'être showrunner. Mais l'un de ces rôles principaux reste sa capacité managériale. Il est en contact avec tous les maillons de la chaine. Pour le cas du Sénégal, le tournage et la réalisation des série se fait simultanément. Donc le showrunner regarde les rushs afin d'apporter des ajustements.»
Un lourd investissement intellectuel
Jean Luc Herbulot renseigne que le showrunner est mieux rémunéré que les autres qui interviennent dans la production. Mais cela s'explique du fait que le showrunner reste plus longtemps dans une série. “Les artistes sont plus ou moins mieux payés car il ne sont pas certains de trouver du travail après ou ils sont employés temporairement. Le showrunner gagne plus parce qu'il reste plus longtemps dans la série. Il est en amont et en aval de celle-ci. Je ne sais si c'est un avantage ou pas”, s'interroge-t-il. Pour lui, la satisfaction provient essentiellement du projet qu'on a porté.
“Sur le plan technique et artistique, vous imposez votre vision”, argumente Jean Luc Herbulot. Selon Elhadji Cissokho, il est nécessaire d'être un bon scénariste pour être showrunner, même si cela va avec une dose de pression. “De mon expérience personnelle, être showrunner et réalisateur peut être problématique. Certes, les deux, me donnent une position avantageuse par rapport à beaucoup de choses. Seulement, je n'ai pas le recul nécessaire par rapport à mon travail. Le showrunner doit avoir une retenue par rapport aux autres pour ne pas créer des conflits. C'est en somme, un boulot délicat”, conclut-il.
A FREETOWN, LES PRÉSIDENTS FAYE ET BIO ONT PARLÉ DU RENFORCEMENT DE LA COOPÉRATION BILATÉRALE
Ce déplacement de Bassirou Diomaye dans la capitale sierra-léonaise entre dans le cadre d’une série de visites entreprise par le nouveau président de la République du Sénégal après sa prise de fonction officielle.
Dakar, 13 juin (APS) – Le chef de l’Etat sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, et son homologue de la Sierra Leone, Julius Maada Wonie Bio, ont échangé, jeudi à Freetown, sur les voies et moyens de renforcer la coopération entre les deux pays tout en abordant d’autres sujets d’intérêt commun, a-t-on appris de source officielle.
Au State House, la résidence officielle du président de la Sierra Leone, Bassirou Diomaye Faye et Julius Maada Wonie Bio ont tenu des entretiens pour renforcer la coopération bilatérale entre le Sénégal et la Sierra Leone, indique notamment la présidence sénégalaise dans un message publié sur le réseau social X.
Elle ajoute que les deux chefs d’Etat ont également abordé d’autres sujets ayant notamment trait à l’intégration en région ouest-africaine.
Ce déplacement de Bassirou Diomaye Faye dans la capitale sierra-léonaise entre dans le cadre d’une série de visites entreprise par le nouveau président de la République du Sénégal après sa prise de fonction officielle. Il s’est déjà rendu en Mauritanie, en Gambie, en Côte d’Ivoire, au Nigeria, au Ghana, au Cap-Vert, au Mali et au Burkina Faso.
HAUSSE DES TARIFS DU TRANSPORT À L’APPROCHE DES FÊTES, VISION CITOYENNE APPELLE LES AUTORITÉS À SÉVIR
"Nous demeurons convaincus que le régime en place ou l’État du Sénégal doit prendre ses responsabilités par rapport à cela et appeler surtout les transporteurs à ne pas s’adonner à de telles pratiques", a plaidé le mouvement citoyen.
Le coordonnateur du mouvement Vision Citoyenne Madia Diop Sané a appelé, jeudi les autorités à prendre des mesures pour empêcher la hausse du prix du transport imposé par les transporteurs à l’approche des fêtes notamment la Tabaski.
« À chaque veille de Tabaski ou de grandes fêtes, malheureusement, nous notons que certains transporteurs haussent les prix du transport. Ce que déplorons sérieusement. Même si le transport constitue une profession libérale, libérale ne veut pas dire faire tout ce que l’on veut », a-t-il déclaré.
L’activiste estime que cette situation est plus préoccupante pour les nombreuses familles qui comptent sur des tarifs abordables « pour voyager vers des régions éloignées comme Ziguinchor», soulignant que les arguments avancés par les transporteurs sont « souvent tirés par les cheveux ».
« Ce sont des arguments qui sont tellement légers qu’à la limite, ils ne sont pas convaincants. Ils n’ont même pas le pouvoir de convaincre quelqu’un. Bien que le transport soit une profession libérale, les transporteurs doivent respecter certaines règles et normes éthiques. La hausse excessive des prix en période de forte demande est perçue comme une exploitation des besoins des citoyens. Ce qui est inacceptable », a-t-il dénoncé.
Il appelle, à cet effet, les autorités à intervenir et à réguler les prix du transport interurbain pendant les périodes de fête.
« Nous demeurons convaincus que le régime en place ou l’État du Sénégal doit prendre ses responsabilités par rapport à cela et appeler surtout les transporteurs à ne pas s’adonner à de telles pratiques. Il est crucial que des mesures soient prises pour garantir que les tarifs restent justes et abordables pour tous, en particulier durant les périodes où les déplacements sont essentiels pour la cohésion familiale et sociale », a-t-il plaidé sur Iradio.
LA COLÈRE GRONDE À EMEDIA
Depuis des mois, les salaires ne sont pas payés, selon les travailleurs. Et l'annonce du non-versement d'une avance Tabaski fait déborder le vase. La grogne est maximale au sein du groupe de presse
(SenePlus) - Les tensions sont vives au sein du groupe de presse Emedia Invest. Dans un communiqué incendiaire, le Syndicat des travailleurs a dénoncé avec véhémence les conditions de travail dégradantes et le non-paiement des salaires depuis des mois.
Citant le secrétaire général du Synpics-Emedia, le texte rappelle que "des travailleurs courent encore et toujours derrière leur salaire des mois d'avril et de mai. On ne parle plus de retard de salaires. Mais plutôt d'arriérés de salaires."
Cette situation perdure depuis plus de trois ans selon le Syndicat, qui s'insurge : "Ces pères, mères et responsables de familles peuvent se passer d'avances s'ils recevaient correctement leur dû à la fin de chaque mois."
Le point de discorde est l'absence d'avance sur salaire pour la fête de Tabaski, annoncée plus tôt dans la journée par la Direction dans un communiqué. Celle-ci a évoqué "les difficultés que traverse l'entreprise en ce moment" avec "la rareté de la ressource, les aléas du recouvrement et l'affaiblissement de nos marges opérationnelles."
Mais pour les délégués syndicaux, c'est une diversion qui occulte le véritable problème : "Qui a demandé cette avance ? Diversion !" Le Syndicat campe sur sa ligne de conduite : "Nous ne cessons de le rappeler : le salaire est avant tout une question de dignité."
L'avenir s'annonce des plus orageux pour la Direction générale d'Emedia Invest, qui dit espérer "une rapide inversion des circonstances". Mais les travailleurs, eux, réclament avec force le paiement des arriérés de salaires accumulés, conformément au droit du travail.
Cette crise met en lumière les défis de la presse privée au Sénégal, souvent confrontée à des tensions de trésorerie malgré son rôle essentiel dans une démocratie viable. Elle intervient dans un contexte de forte tension entre l'État et les organes de presse à propos de la dette fiscale.
par Mohamed Lamine Ly
VERS UN RENOUVEAU DÉMOCRATIQUE ?
Retour sur une crise politique majeure ayant agité le pays, lorsque Macky Sall a tenté d'annuler les élections, défiant ainsi le Conseil constitutionnel. Une situation inédite finalement dénouée par la victoire d'une alliance prônant la rupture
Le 24 mars 2024 s’est tenue au Sénégal une élection présidentielle, dont l’issue présage de bouleversements sociopolitiques majeurs sur la scène politique africaine. En effet, des forces politiques prônant la rupture effective d’avec le système néocolonial françafricain ont réussi à accéder au pouvoir, de manière tout à fait légale et pacifique, en se conformant aux préceptes de la bonne vieille démocratie bourgeoise, qui s’avère, malgré tout, impropre à parachever la libération des classes exploitées et des peuples opprimés.
Le Sénégal, grâce au dynamisme de sa classe politique et à son implication précoce dans la vie institutionnelle de la métropole française, a toujours eu une longueur d’avance dans la pratique de cette démocratie de type occidentale, (abstraction faite de la lugubre parenthèse de la glaciation senghorienne), ce qui lui a même valu, une réputation surfaite de vitrine démocratique au niveau du continent africain.
Un pays aux traditions démocratiques mais inféodé à l’Occident
Il faut, quand même, reconnaître, que les traditions démocratiques au Sénégal et plus généralement, dans notre sous-région, remontent à la période précoloniale, avec une révolution politique[1] anti-esclavagiste, antérieure à la celle française, sans parler de la Charte du Mandé[2], contemporaine, voire antérieure à la Magna Carta (1215), considérée par certains comme la matrice des droits de l’Homme dans le monde, adoptée bien avant le Bill of Rights de 1689 en Angleterre, la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Par ailleurs, dès le début du 19ième siècle, des représentants de la colonie du Sénégal seront envoyés dans les institutions parlementaires françaises à l’issue de compétitions électorales très disputées.
Le premier président sénégalais, Léopold Sédar Senghor, poète, chantre de la négritude, voulait faire de son pays, la Grèce de l’Afrique Noire et défendait une thèse plaçant la culture – et non l’économie – au début et à la fin de tout développement.
Sa francophilie débordante l’empêchait de se rendre compte de la pesante tutelle néocoloniale de l’ancienne métropole et allait être à l’origine du premier conflit politique du Sénégal indépendant., en 1962.[3]
Après la mise à l’écart de Mamadou Dia, la voie était ouverte pour la perpétuation de la mainmise de la France, sur l’économie sénégalaise et celles de plusieurs pays de l’ancienne Afrique Occidentale Française, à travers leur système monétaire basé sur le franc CFA. Sur le plan politique, on a également noté une hantise de la France, à vouloir maintenir ses anciennes colonies dans la sphère d’influence du monde occidental.
Pour consolider son pré-carré en Afrique subsaharienne, la France mit en place, dès 1960, un secrétariat général à la présidence de la République pour les affaires africaines et malgaches[4] dirigé par le puissant Jacques Foccart, personnage central d’une politique plus connue sous le vocable de Françafrique, ayant à son actif, outre le sabotage de monnaies nationales[5], des exécutions extra-judiciaires ou des putschs militaires.
Cela va avoir des répercussions sur la vie politique des jeunes nations africaines, surtout, à cette époque de guerre froide entre les puissances occidentales regroupées autour des Etats-Unis et le camp socialiste dirigé par l’Union Soviétique d’alors. Elle était caractérisée par la diabolisation des forces progressistes, selon le modèle du mccarthysme[6] étatsunien, de triste mémoire, avec un ostracisme marqué à l’endroit des partis proches de la mouvance communiste, victimes d’interdiction administrative ou combattus par une répression féroce, pouvant par endroits, aller jusqu’à la lutte armée (Cameroun). De plus, les dirigeants du monde occidental, convaincus que la démocratie représentative pluraliste ou multipartisane était un « luxe pour les pays africains » confrontés aux affres du sous-développement, imposèrent le modèle du parti unique ou unifié.
Ce mode de gouvernance autoritaire allait être à l’origine d’une floraison de coups d’Etat[7], qui devenaient, par la force des choses, la seule voie de résolution des dissensions politiques ou d’accès au pouvoir.
Après la chute du mur de Berlin en 1989, il devenait urgent, pour le camp occidental, revigoré par l’effondrement inattendu du camp socialiste ennemi, de canaliser – à défaut de pouvoir la contrecarrer - l’aspiration universelle des peuples au progrès social et à la liberté.
Le 20 juin 1990 constitue une date repère dans le cadre d’une nouvelle approche stratégique esquissée dans le discours de la Baule du président François Mitterrand[8]. Il y appelait les pays africains à changer de paradigmes, du moment que la menace communiste semblait s’estomper.
Jusque-là, les critères décisifs de soutien aux pays africains étaient la préservation de régimes hostiles au camp socialiste pour faire perdurer la domination économique de l’impérialisme occidental, tout en garantissant la sécurisation des approvisionnements en matières premières. Après le sommet de la Baule, il allait, dorénavant, falloir prendre en compte, le respect des mythes et leurres occidentaux en matière de droits humains et de démocratie, tels que serinés à leurs opinions publiques. Les régimes de parti unique, furent obligés de se plier aux exigences des puissances occidentales, de suivre l’exemple du Sénégal, qui avait pris les devants[9], par l’acclimatation de la démocratie représentative libérale dans leurs pays, dans le souci de préserver la paix civile, tout en laissant intacts les rapports de domination impérialiste.
Apogée du modèle démocratique sénégalais
Le Sénégal, un des rares pays africains à n’avoir pas connu de coup d’état militaire, avait amorcé, très tôt, sa mutation démocratique, après la longue décennie d’hibernation démocratique consécutive à la crise politique entre Senghor et Mamadou Dia (voir plus haut).
En 1980, le président Léopold Sédar Senghor démissionnait de sa fonction, ne supportant plus la pression de syndicats et partis de gauche, puis il faisait de son premier ministre, son dauphin, lui cédant le fauteuil présidentiel, par la grâce d’un artifice tordant le cou aux dispositions constitutionnelles[10].
Le président Abdou Diouf allait rester aux commandes de l’Etat sénégalais pendant deux décennies, durant lesquelles, deux tendances contradictoires allaient voir le jour. On assista d’une part à un élargissement relatif des espaces politiques et citoyens (multipartisme intégral, émergence de plusieurs syndicats autonomes, pluralisme médiatique…) et de l’autre à une libéralisation débridée des politiques publiques, à travers les plans d’ajustement structurel, selon le mot d’ordre « moins d’Etat, mieux d’Etat ».
Grâce à la lutte soutenue du mouvement national démocratique, on assista à une fiabilisation progressive du processus électoral (identification de l’électeur, secret du vote, fichier mieux maîtrisé…), permettant la survenue de la première alternance démocratique, le 19 mars 2000. Elle avait pour ambition de résoudre l’épineuse question de la demande sociale exacerbée par les plans d’ajustement structurel, du précédent régime socialiste, mais surtout d’approfondir le processus démocratique, en procédant à un rééquilibrage institutionnel et en mettant fin à l’excès de concentration de pouvoirs entre les mains du président de la République. Malheureusement, le président Wade, au lieu de démanteler le système hyper-présidentialiste, allait plutôt augmenter ses prérogatives dans la nouvelle constitution votée lors du référendum du 7 janvier 2001.
Une deuxième alternance sans véritable rupture
En 2012 survint la deuxième alternance démocratique sénégalaise, grâce à la victoire de Macky Sall au deuxième tour des présidentielles sur le président Wade, sanctionné à cause de ses dérives autocratiques. En effet, non content de violer la disposition constitutionnelle de limitation des mandats à deux, il faisait montre de velléités de dévolution monarchique du pouvoir à son fils Karim Wade. Pour contrebalancer la jeunesse et l’immaturité de sa formation politique, l’Alliance Pour la République, le nouveau président était convaincu, que la condition sine qua non de la survie de son nouveau régime était la mise en place d’une vaste Coalition, selon la devise "gagner ensemble et gouverner ensemble".
De fait, la collusion d’intérêts allait conférer à Benno Bokk Yakaar[11] une longévité aussi démesurée que néfaste et en faire l’une des Coalitions les plus massives et les plus unanimistes de l’histoire politique du Sénégal.
On se rendit très vite compte, que le nouveau pouvoir n’avait aucune intention de procéder aux réformes démocratiques consignées dans les conclusions des Assises nationales[12], dans le projet de nouvelle constitution et dans les autres recommandations de la C.N.R.I[13], visant aussi bien à améliorer la gouvernance sociopolitique qu’à instaurer l’équilibre et la séparation des pouvoirs.
Plongée dans les abysses de l’autoritarisme
La gouvernance de la coalition Benno Bokk Yakaar, sous le leadership du président Macky Sall va être marquée par :
La découverte de gisements de gaz et de pétrole, laissant augurer de rentrées de recettes significatives, à l’horizon 2025-2026,
La judiciarisation de la scène politique, ainsi que la criminalisation des acteurs politiques de l’Opposition, abusivement caractérisés comme terroristes,
L’accentuation de l’instrumentalisation des institutions parlementaire et judiciaire, conduisant à des tripatouillages récurrents des textes de lois, voire de la Constitution et à l’embastillement de milliers de militants politiques et d’activistes…
Ces dérives autoritaires allaient se heurter à la résistance de la jeunesse sénégalaise qui, ces dernières années, a été touchée par une lame fond anti-impérialiste cherchant à rompre les amarres avec les anciennes puissances coloniales, particulièrement la France. Cette aspiration au changement est incarnée par plusieurs entités politiques, dont la plus représentative, actuellement, est le Pastef[14], victime d’une persécution impitoyable et catalogué comme ennemi public numéro 1 du régime de Macky Sall. De fait, cette formation politique, qui cristallise les espoirs de larges secteurs de la jeunesse sénégalaise, avait été interdite, le 31 juillet 2023, trois jours après l’embastillement de son leader Ousmane Sonko, qui avait rejoint en prison des centaines de militants de son parti.
Il faut dire que la mise aux arrêts de M. Ousmane Sonko était l’aboutissement d’un long feuilleton politico-judiciaire ayant débuté en février-mars 2021, en pleine crise de la Covid-19. A l’époque, le leader du Pastef était au centre d’une affaire de mœurs avec des accusations de viol proférées par une jeune masseuse. La tentative des autorités judiciaires de l’envoyer en prison, alors que le dossier donnait tout l’air d’avoir été fabriqué de toutes pièces, (il allait d’ailleurs être acquitté le 1er juin 2023, des chefs d’accusation de viol et de menace de mort), allait déclencher des émeutes meurtrières, qui paradoxalement allaient booster la carrière d’Ousmane Sonko, arrivé troisième à l’élection présidentielle du 24 février 2019 et favori incontestable de celle de 2024. C’est bien pour cela, qu’il sera arbitrairement évincé de la compétition électorale et que le Pastef sera obligé de désigner son camarade de parti, Bassirou Diomaye Faye, comme candidat de substitution.
Le putsch constitutionnel du 3 février 2024
Au début du mois de février 2024, le Sénégal était sous les feux de la rampe, a occupé le devant de la scène médiatique et fait la Une des plus grands journaux internationaux. Le 3 février, le président Macky Sall a pris, quelques heures avant l’ouverture de la campagne électorale, un décret pour annuler la convocation du corps électoral, actant ainsi le report sine die de l’élection présidentielle, une première depuis plus de 60 ans.
Tout est parti de la contestation, par plusieurs candidats à la prochaine présidentielle, du processus de validation des candidatures, qui avait donné lieu à beaucoup de controverses liées essentiellement au flou entourant l’évaluation des résultats du parrainage citoyen[15], mais aussi à l’élimination de la course présidentielle de deux candidats ayant plus d’une nationalité[16], dont le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade.
Deux jours plus tard, une majorité de députés va voter une loi pour reporter l’élection présidentielle au 15 décembre 2024. Mais un autre rebondissement spectaculaire allait se produire, le 15 février, quand le Conseil constitutionnel, la plus haute instance judiciaire de notre pays a désavoué le président de la République et les députés de la majorité ainsi que ceux du parti démocratique sénégalais. Le juge électoral suprême avait notamment rejeté, d’une part, le décret présidentiel n°2024-106 du 3 février 2024, portant abrogation du décret convoquant le corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 et de l’autre, de la loi portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution, adoptée sous le n° 4/2024 par l’Assemblée nationale, en sa séance du 5 février 2024.
Dénouement pacifique de la crise politique
Au lieu de se plier aux injonctions du Conseil constitutionnel, le président allait se lancer dans une fuite en avant, en convoquant un prétendu dialogue national, le 26 février 2024, à Diamniadio[17]. Mais ce dialogue aussi illégal qu’illégitime, cherchait à repousser la date du scrutin de plusieurs mois, au lieu de fixer – dans les meilleurs délais - une nouvelle date pour l’élection présidentielle, seule voie de résolution de la crise politique profonde et inédite, qui mettait à mal le modèle démocratique sénégalais.
C’était sans compter avec la détermination du Conseil constitutionnel à faire respecter les dispositions de la loi électoral en sortant une décision en date du 5 mars 2024 et rendue publique le lendemain. Dans celle-ci, la feuille de route issue des travaux du prétendu dialogue national et qui proposait de remanier la liste des candidats et de reporter l’élection présidentielle au 2 juin 2024, a été rejetée, sans autre forme de procès, car elle aurait eu pour conséquence, de prolonger le mandat du président Sall, au-delà du 2 avril. C’est finalement la date du 24 mars 2024 qui sera retenue. Face à l’inéluctabilité de la victoire du candidat Bassirou Diomaye Faye, attestée par d’innombrables sondages, il ne restait plus au président Macky Sall, inquiet pour son propre devenir et celui de ses proches, qu’à faire voter, le 6 mars 2024, une loi d’amnistie et à faire libérer, la semaine suivante, les centaines de militants Pastef arbitrairement détenus. Parmi ces derniers figuraient le candidat officiel et le président d’un parti en pleine ascension, un parti, qu’on avait fini par dissoudre[18], en invoquant les motifs les plus fallacieux, ce qui ne s’était plus produit depuis le début des années 60.
La réalité des faits démentait formellement cette mesure administrative de dissolution du Pastef, qui pouvait être considéré comme un des partis les plus dynamiques, les mieux structurés, ayant de remarquables capacités en termes de mobilisation de ressources internes. De plus, il a joué les premiers rôles, fait preuve de résilience, de constance et a payé un lourd tribut dans cette confrontation politique épique avec le régime du Benno-APR, dont il a mis à nu les tares que sont la mal-gouvernance illustrée par de multiples scandales à répétition et le soutien à la dépendance néocoloniale.
C’est donc, en toute logique, que le « duo présidentiel » Sonko-Diomaye du Pastef auréolé d’un parcours prestigieux voire héroïque, a remporté l’éclatante victoire électorale du 24 mars 2024 acquise, dès le premier tour, en devançant le candidat de Benno, son adversaire et suivant immédiat de près de 20 points.
[1] La révolution torodo de Thierno Souleymane Baal
[2] La charte charte du Mandé est la transcription du contenu oral, qui remonterait au règne du premier souverain Soundiata Keita qui vécut de 1190 à 1255.
[3] Il s’agissait d’un conflit ouvert entre le président Senghor bénéficiant de milieux d’affaires de la métropole et le président du Conseil, Mamadou Dia, réputé être plus nationaliste. La crise conduisit à l’emprisonnement de Dia, pendant une douzaine d’années
[4] Elle deviendra, plus tard, la cellule africaine de l’Elysée
[5] Dans le cadre de l’opération « Persil », les services secrets français introduisent, en Guinée, une grande quantité de faux billets de banque guinéens dans le but de déséquilibrer l’économie.
[6] Politique de persécution menée aux Etats-Unis, dans les années 1950, à l’encontre de personnalités soupçonnées d’avoir des sympathies communistes.
[7] Le Sénégal faisait figure d’exception, car n’ayant jamais connu de putsch militaire et ayant reconnu en 1974, le premier parti d’opposition
[8] François Mitterrand, président de la France d du 21 mai 1981 au 17 mai 1995
[9] Au Sénégal, Senghor reconnaît le premier parti d’opposition en 1974 et instaure le multipartisme limité en 1976, qui deviendra intégral en 1981, à l’accession d’Abdou Diouf à la magistrature suprême
[10] L’article 35 al2 (loi constitutionnelle n° 76-27 du 6 avril 1976) stipulait, qu’en cas de vacance du pouvoir, le premier ministre –Mr Abdou Diouf, en l’occurrence, termine le mandat présidentiel
[11] Benno Bokk Yakaar, abrégé en BBY (Unis par l'espoir), est une coalition politique sénégalaise fondée en 2012 par le parti de l’Alliance pour la République (APR), en soutien au président Macky Sall.
[12] Les Assises nationales du Sénégal ont rassemblé, entre le 1er juin 2008 et le 24 mai 2009, de nombreux acteurs de la vie publique, représentants de partis politiques, de la société civile et personnalités diverses. Elles avaient pour ambition de « trouver une solution consensuelle, globale, efficace et durable à la grave crise multidimensionnelle qui sévit dans le pays »
[13] Commission nationale de réforme des institutions : structure mise en place par le Président Sall, à la suite des Assises nationales, visant à organiser une large concertation nationale sur les réformes à mettre en œuvre à court, moyen et long terme, pour doter le pays d’une armature institutionnelle moderne, à la mesure de son ambition de devenir et de rester une grande nation de démocratie.
[14] Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef) est un parti politique sénégalais fondé en 2014 par Ousmane Sonko.
[15] Le parrainage électoral, institué par la loi constitutionnelle n°2018-14 du 11 mai 2018, est un mode de présélection des candidats par des électeurs (dont le nombre est compris entre 0,6% et 0,8% du fichier électoral), qui signent des fiches de parrainage.
[16] Les candidats Karim Wade et Rose Wardini ont été éliminés de la liste des candidats, car selon la Constitution de notre pays, tout candidat à la Présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise.
[18] Le parti politique dénommé « Patriotes du Sénégal pour le Travail, l'Ethique et la Fraternité » (PASTEF) a été dissous par décret n° 2023-1407 pour manquement à ses obligations en vertu de l'article 4 de la Constitution et de l'article 4 la loi n°81-17 du 06 mai 1981 relative aux partis politiques, modifiée par la loi n° 89-36 du 12 octobre 1989.
par Abdou Gueye
QU’ATTENDRE DE L’ARRIVÉE DU FIRST OIL ?
Une analyse fine des dépenses déclarées comme "coûts pétroliers" s'impose pour éviter tout déséquilibre préjudiciable aux intérêts du Sénégal
En Afrique, les industries extractives (IE) présentent des enjeux et défis particuliers tant pour les Etats fragiles que pour les nations en voie de développement[1]. Selon Augé (2014), un Etat qui fait des découvertes pétrolières ou gazières aura de grandes difficultés de gestion sur le long terme si le même régime politique décide de tout et qu’aucune alternance n’est possible[2]. Aujourd’hui l’alternance est encore offerte au Sénégal, avec l’arrivée d’un nouveau régime dirigé par le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, âgé de 44 ans.
Faudrait-il rappeler que c’est après 72 ans de recherche pétrolière que le Sénégal vient de sortir son premier baril de production dans le gisement offshore de Sangomar dirigé par Woodside Energy avec 82% des parts d’investissement et Petrosen 18%. Face à ce contexte, la question principale à poser est la suivante : quels enjeux et défis pour le pays ?
Le Premier ministre actuel ne peut pas être exclu de la réflexion vu son intérêt majeur pour la souveraineté nationale et énergétique. En 2016, nous nous sommes rencontrés à Saly pour discuter sur les contrats pétroliers à l’occasion d’un atelier organisé par Oxfam Sénégal. En 2017, une occasion est offerte par Pape Alé Niang, pour son émission « Décryptage » à l’époque sur 2STV avec la participation du président actuel du Sénégal, monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye, pour encore aborder les contours des contrats pétroliers avec d’autres groupes d’acteurs. Les propos avancés justifient les enjeux que représentent le développement des projets pétroliers au large du Sénégal.
Ainsi, 10 ans après ces découvertes d’hydrocarbures, le grand public se pose toujours des questions pour comprendre quel serait l’impact de ces projets pétroliers sur la vie des sénégalais notamment les pollutions environnementales, les conflits et l’avenir du secteur de la pêche notamment artisanale.
Le dimanche 9 juin 2024, le chef du gouvernement, monsieur Ousmane Sonko, lors de la conférence politique de son parti est revenu sur la volonté de l’Etat de renégocier les contrats pétroliers. Cette volonté manifeste du leader de Pastef mais aussi du chef du gouvernement est-elle réaliste ? si Oui, quels sont les risques et les avantages ? Ces questions formulées nous poussent à encore à poser d’autres questions pour comprendre davantage à qui profite les projets pétroliers au Sénégal ? Doit-on renégocier les contrats ? Si Oui, qu’est-ce qu’il faut spécifiquement renégocier ?
Selon les termes du contrat de Sangomar, l’Etat bénéficiera de 20% des parts si la production journalière est inférieure ou égale à 100 000 barils/jour. Alors que dans la communication de l’Opérateur principal, une production journalière de 100 000 barils/jour est attendue pour le gisement de Sangomar. Si cette pratique est appliquée sera-t-elle profitable à l’Etat dans le moyen ou le long terme ? La part des 20% sur le profit oil est-elle rentable pour le Sénégal ? La grille de répartition sur la production journalière devrait-elle faire l’objet de renégociation ?
Certes, une correction de cette logique est apportée dans le nouveau code pétrolier de 2019 pour faire appliquer le facteur « R ». Au niveau du profit oil, l’Etat ne peut plus avoir moins de 40%. Ceci sera applicable pour les contrats futurs. Existera-t-il une autre découverte d’hydrocarbure dans le bassin sédimentaire sénégalais ? Cette incertitude devrait amener le nouveau régime à se concentrer davantage sur l’existence marquée par son potentiel de réserves.
Nous rappelons que la renégociation des contrats dans les projets extractifs n’est pas un phénomène nouveau et c’est toujours possible quand un nouveau régime s’installe. En guise d’exemple, le Libéria peut être cité comme un cas d’école. Selon Raja Kaul et Antoine Heuty, le gouvernement de la présidente Ellen Johnson Sirleaf a effectué une régociation des contrats extractifs entre 2006 et 2008. De même, Paul Seagel, souligne que le Liberia disposait de 102 contrats extractifs, avant l’arrivée du nouveau régime. Une fois l’installation du gouvernement les 52 ont été acceptés, les 36 annulés et les 14 renégociés. Et maintenant quelle leçon à tirer pour le Sénégal ?
Par rapport au principe coût-avantage d’un projet, des inquiétudes se posent déjà du côté des projets pétroliers. Dans la négociation des contrats, nous avons l’impression que les externalités négatives ne sont pas bien prises en compte et cela ne sera pas profitable au pays hôte. Le milieu marin offre un cadre approprié pour bénéficier des ressources renouvelables et non renouvelables. Un manque à gagner sera certainement constaté dans le secteur de la pêche maritime. De même, le prêt obtenu par le gouvernement du Sénégal en 2018 dans le cadre de l’Assistance technique sera-t-il déductible dans les coûts pétroliers ? Ce projet a permis de réaliser une évaluation environnementale et sociale stratégique et d’autres études stratégiques mais aussi le renforcement des capacités du personnel de l’administration. A cet effet, la question est la suivante : comment ce prêt sera remboursé et avec quelle ressource et quel moyen ? Par contre, les dépenses effectuées pour réaliser les études d’impact environnemental et social des projets pétroliers sont considérées comme des coûts pétroliers. Je veux juste préciser que la balance sur le « cost oil » et le « profit oil » doit être équilibrée pour permettre aux deux parties (Etat & Contractant-s) de garder les mêmes avantages sur le partage des ressources.
Face aux défis, le président de la République et le Premier ministre devraient inviter le gouvernement à se préparer pour aller vers des modèles de transformation structurelle et durable des secteurs productifs du pays. Mais avant d’y arriver, ils devraient inviter au ministre de l’Energie, du Pétrole et des Mines, Birame Souleye Diop d’effectuer une revue critique sur les dépenses liées au « cosl oil » pour savoir concrètement qu’est-ce qui est considéré dans le « cost oil » afin de pouvoir réduire les risques liés à l’exagération financière dans les dépenses liées aux projets pétroliers. Généralement le « cost oil » est souvent associé à des termes complexes et techniques comme : explo, opex, capex ; abex etc. Mais en réalité qu’est-ce cela représente ?
Le président de la République est attendu pour que la ressource et la rente renforcent davantage les pratiques du secteur primaire (agriculture, élevage et pêche). Il se doit de : veiller rigoureusement sur la protection des intérêts du secteur de la pêche artisanale. De mettre en place des mécanismes pour la prévention et la gestion des conflits. De renforcer la dynamique de recherche pour connaitre davantage le milieu récepteur et surtout de diversifier l’économie pour éviter le syndrome hollandais et la malédiction des ressources extractives.
Dr. Abdou Gueye est Environnementaliste spécialisé en gouvernance des industries extractives.
[1]Groupe interagence des nations unies pour les actions préventives (2012). Guide pratique pour la préservation et la gestion des conflits liés à la terre et aux ressources naturelles : Industrie extractives et conflits. 52p.
[2]Benjamin AUGÉ (2014) Chercheur à l’INSTITUT FRANCAIS DES RELATIONS INTERNATIONALES (IFRI)/Programmes Afrique subsaharienne/ Energie. Cours sur la géopolitique des activités extractives. 90p.
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DAOUDA FAYE REPRESENTERA LE SENEGAL A BERLIN
START-UP Lauréat du Falling Walls LDans le cadre de la finale mondiale du concours Falling Walls, une plateforme mondiale d’échanges scientifiques, l’ingénieur Daouda Faye, 24 ans, va représenter le Sénégal à Berlin lors de cette compétition de startups
Dans le cadre de la finale mondiale du concours Falling Walls, une plateforme mondiale d’échanges scientifiques, l’ingénieur Daouda Faye, 24 ans, va représenter le Sénégal à Berlin lors de cette compétition de startups. Mbay mi connect est une application qui constitue un pont entre des investisseurs, la plupart anonymes, et des agriculteurs qui ont besoin de financements.
Le Sénégal sera représenté, cette année à Berlin, par Daouda Faye, un ingénieur de 24 ans issu de l’Ecole nationale supérieure d’agriculture (Ensa). Il est sorti vainqueur du Fallings Walls Lab organisé au Sénégal par la Fondation Friederich Neumann. Il a été choisi pour son projet Mbay mi connect, devant 9 autres candidats. Ce projet vise à révolutionner le secteur de l’agriculture en le rendant plus performant et plus productif en vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire grâce à l’appui financier des partenaires. «Mbay mi connect est une application qui constitue un pont entre des investisseurs, la plupart anonymes, et des agriculteurs qui ont besoin de financements», a-t-il expliqué. D’après Daouda Faye, l’idée lui est venue de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. «Elle a entraîné une inflation des prix des intrants agricoles. Le cultivateur qui utilisait 10 ha ne peut plus le faire. Il est obligé de réduire sa superficie cultivable parce que les prix des intrants ont connu une inflation. Pourtant, c’est avec les revenus qu’il tirait de l’agriculture qu’il nourrissait sa famille, payait la scolarité de ses enfants… Nous sommes partis de cette réflexion en nous disant pourquoi ne pas apporter une solution en mettant en place une application qui leur permettrait d’avoir des financements. Il y a beaucoup de tracasseries administratives par rapport aux frais qui sont élevés, qui excédent 26% pour les banques et 18% pour les institutions financières. On s’est dit que dans le secteur privé, il n’existe pas de startups qui proposent des financements allant dans ce sens. Donc on a voulu mettre en place une application qui pourrait permettre aux agriculteurs de pouvoir bénéficier d’investissements avec de faibles taux de prêt qui ne dépasseront pas 15% et qui leur permettront de bénéficier des intrants agricoles et d’augmenter leurs surfaces de production», a-t-il ainsi détaillé son projet qu’il assimile à un premier pas vers une modernisation de l’agriculture.
En remportant ce prix qui coïncide avec le 10e anniversaire du Falling Walls Lab, «cela va me permettre de «networker» et de trouver des partenaires qui vont contribuer à notre projet positivement et nous accompagner techniquement et financièrement. Ce qui pourra impacter et booster l’agriculture sénégalaise et permettre aux agriculteurs d’avoir des revenus stables à travers leur passion», a-t-il dit. L’objectif de ce Falling Walls Lab à Berlin est de chercher à tisser des relations et à bénéficier d’un accompagnement technique.
D’après Alexandra Rendt, Directrice régionale de la Fondation Friedrich Neumann pour la liberté, «c’est une compétition pour des chercheurs et entrepreneurs qui veulent se lancer, qui ont un projet et à qui on donne, en tant que fondation politique allemande (Friedrich Neumann), la possibilité de faire des pitches, d’être en compétition avec d’autres chercheurs, d’autres innovateurs». Mais, il faut dire que le Sénégal s’est toujours bien comporté lors de ces rencontres avec d’autres entrepreneurs venus de tous les coins du monde. A en croire la Directrice régionale, «on a plusieurs Sénégalais qui ont été à Berlin et qui ont reçu un premier financement». D’ailleurs, l’année dernière, El Hadji Sagne avait remporté le 1er prix de la catégorie Talents émergents à Berlin.
Il faut savoir que la finale du Falling Walls, qui est prévue à Berlin, est une plateforme mondiale d’échanges scientifiques. Cet événement annuel sert de catalyseur pour l’innovation, favorisant le dialogue interdisciplinaire et promouvant une réflexion novatrice.
DETTE FISCALE DES MÉDIAS, RSF APPELLE À LA RÉFORME DES AIDES PUBLIQUES
Reporters sans frontières appelle à des réformes urgentes pour une meilleure transparence des aides publiques, pour la valorisation des médias fiables, et aussi pour une meilleure régulation de la publicité.
Alors que le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a mis en garde les entreprises de presse quant au règlement de leur dette fiscale, Reporters sans frontières (RSF) invite le gouvernement à se saisir de ses recommandations, publiées dans le rapport “Sénégal : le journalisme à la croisée des chemins”, pour repenser le soutien public aux médias.
Les propos sonnent comme des menaces et des mises en garde à l’endroit des entreprises de presse. Le 9 juin dernier, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a tancé la presse à plusieurs reprises devant des partisans de son parti, le Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), dont il est toujours le responsable. Il a notamment indiqué que les impayés d’impôts par les entreprises de presse pourraient être assimilés à des détournements de fonds. Certaines ont d’ores et déjà été informées de redressements fiscaux, alors que d’autres, comme Walfadjri, ont vu leurs comptes bancaires être bloqués par les nouvelles autorités.
Si plusieurs acteurs du secteur ont dénoncé ces déclarations, elles révèlent manifestement un problème de fond : celui de la soutenabilité économique des médias et de la nécessaire réforme des aides publiques au secteur – qui sont totalement opaques quant au montant alloué aux différents médias et aux critères les motivant.
RSF appelle à des réformes urgentes pour une meilleure transparence des aides publiques, pour la valorisation des médias fiables, et aussi pour une meilleure régulation de la publicité dans les médias.
Si les entreprises de presse doivent s’acquitter de leurs obligations fiscales au regard de la loi, il est important d’aller vers des mesures ambitieuses pour une réforme en profondeur des aides publiques aux médias. Les nouvelles autorités ont un rôle clé à jouer dans un contexte de précarisation économique du travail journalistique, de propagation de la désinformation et d’une crise de confiance accrue vis-à-vis des médias. Il en va aussi de la confiance dans les institutions. RSF appelle les autorités sénégalaises à plus de transparence quant à l’allocation des aides publiques à la presse, à inciter aussi à plus de transparence sur la propriété des médias, et à ne ménager aucun effort pour valoriser et soutenir la production d’informations fiables.
Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF
Les acteurs du secteur des médias ont vivement réagi à la suite des déclarations d’Ousmane Sonko. Selon le président du Conseil des éditeurs et diffuseurs de presse du Sénégal (CDEPS), Mamadou Ibra Kane, “Ousmane Sonko ne s’est pas exprimé en tant que Premier ministre, mais en tant que chef de parti”. Il considère dès lors que “son avis n’est pas une position officielle”. Il explique en outre que “la presse est actuellement dans une situation de quasi faillite. Nous incitons les autorités à effacer la dette fiscale de la presse”.Un engagement initialement pris par l’ancien président Macky Sall le 18 mars, mais qui n’avait pas été matérialisé par un document officiel.
Parmi la trentaine de recommandations formulées, entre autres, dans le rapport Sénégal : le journalisme à la croisée des chemins, RSF appelle notamment à :
Œuvrer pour une meilleure transparence des médias et de leur financement
Un nouveau rapport de confiance entre les médias et la population sénégalaise passe par un éclaircissement des conditions de production de l’information. Des règles plus précises relatives à la transparence des médias, en particulier ceux qui diffusent des programmes d’information générale, devraient être introduites dans la loi. Celles-ci devraient notamment porter sur la propriété des médias (par exemple, une obligation de déclarer la répartition du capital de l’entreprise et les liens de celle-ci avec les entreprises détenues par son ou ses propriétaires). Elles devraient aussi porter sur la déclaration obligatoire, auprès du régulateur national, de tout financement étranger reçu par le média.
Œuvrer pour une meilleure transparence de l’allocation des aides publiques aux médias
Les fonds alloués à chaque organe de presse ne sont pas rendus publics, rendant ainsi l’attribution opaque. En 2020, le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS) et la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) ont notamment dénoncé les “critères inavouables” utilisés pour répartir le fonds d’aide à la presse.
Interdire, par la loi, la possibilité pour des personnalités physiques exerçant des responsabilités nationales la possibilité d’être actionnaire majoritaire d’un média
Par souci de transparence, et afin de limiter les ingérences politiques, les personnalités physiques exerçant des responsabilités publiques de premier plan (ministres, députés, hauts fonctionnaires…) ne devraient plus pouvoir être actionnaire majoritaire d’un média.
Garantir l’indépendance du service public de l’information et du régulateur de l’audiovisuel
Le service public de l’audiovisuel joue un rôle important dans le paysage médiatique sénégalais. Il revient aux pouvoirs publics de garantir son indépendance éditoriale comme fonctionnelle, notamment en lui accordant des crédits budgétaires pluriannuels suffisants afin de préserver cette double indépendance. L’indépendance de l’autorité de régulation audiovisuelle – aujourd’hui le Conseil national de régulation et de l’audiovisuel (CNRA) qui devrait être remplacé par la Haute Autorité de régulation de la communication audiovisuelle (HARCA) – est tout aussi essentielle. Elle est garante, entre autres, de l’intégrité des processus électoraux en veillant à ce que les médias accordent un temps d’expression équitable à l’ensemble des forces politiques présentant des candidats aux élections. À cet égard, le pouvoir du président de la République de nommer certains membres du régulateur devrait être abrogé. Il doit être remplacé par une procédure transparente et non-discriminatoire devant le Parlement.
Promouvoir les médias fiables dans l’allocation des aides publiques aux médias
En ce sens, RSF recommande l’utilisation de la Journalism Trust Initiative (JTI), une norme internationale d’évaluation de la qualité des médias d’information, initiée par l’organisation et conçue et développée par 130 experts internationaux à la manière des normes ISO. Elle comprend des critères d’excellence universellement acceptés et agréés en matière d’identification et de transparence des médias, des normes professionnelles et des mécanismes de responsabilité auxquels la production d’information devrait être soumise. Le gouvernement sénégalais pourrait inciter les médias à entrer dans le processus de certification JTI afin de promouvoir la production d’informations fiables. À cet effet, des déductions fiscales pourraient être accordées à la fois aux médias qui font la démarche de certification (sur leurs frais d’audit, sur leurs cotisations sociales, etc.), mais aussi aux acteurs du marché qui investissent dans ces médias certifiés (annonceurs publicitaires, sponsoring, abonnements, etc.). Une bonification des aides publiques récompensant les médias qui sont certifiés JTI pourrait être envisagée.
Soutenir la création d’un système d’autorégulation de la publicité
La ressource publicitaire est essentielle à la soutenabilité économique des médias mais ne doit exercer aucune influence sur leur ligne éditoriale. De la même façon qu’elle doit se tenir à distance du pouvoir politique, la presse libre et indépendante doit être protégée de ceux qui voudraient acheter de l’influence avec leur argent. Il revient aux médias, en lien avec les annonceurs et les agences de communication, de créer un organisme d’autorégulation qui veille au respect de règles éthiques. Cette entité, auto-financée grâce aux contributions des parties intéressées, serait totalement indépendante des pouvoirs publics et produirait des codes de déontologie, dont le suivi de l’application serait confié à un jury de déontologie publicitaire représentant les professions à parité.