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17 mai 2025
LE SÉNÉGAL VIENT DE FERMER UNE PAGE DE SON HISTOIRE POLITIQUE, SELON ALIOUNE TINE
Bassirou Diomaye Faye a effectué son premier discours face au peuple sénégalais, en tant que président de la République. Pour Alioune Tine, son arrivée ouvre une nouvelle recomposition politique;
iGFM – (Dakar) Bassirou Diomaye Faye a effectué son premier discours face au peuple sénégalais, en tant que président de la République. Pour Alioune Tine, son arrivée ouvre une nouvelle recomposition politique au Sénégal.
"Le Sénégal, avec l’élection de Bassirou Diomaye Faye comme Président de la République, vient de fermer une page de l’histoire politique. S’ouvre une recomposition politique faite d’incertitudes et aussi de surprises. Une démocratie de l’imprévisible", a affirmé le fondateur du think tank Afrikajom Center.
Alioune Tine conseille également à Bassirou Diomaye Faye de faire de certains axes ses priorités. "Excellence PR Bassirou Diomaye Faye, la réconciliation nationale est une priorité. Elle passe aussi par la Commission Paix, Vérité, Justice, Réconciliation, Pardon et Réparation pour purger les cœurs de la haine et des ressentiments. Merci d’avoir démissionné des instances du parti", a noté Alioune Tine.
CANDIDATS MALHEUREUX À LA PRÉSIDENTIELLE, PLUS D’UN DEMI-MILLIARD DANS LES CAISSES DE L’ÉTAT
A l’issue du scrutin remporté par Diomaye Faye, hormis Amadou Ba (31%), les 17 perdants abandonnent leur caution dans les caisses de l’État (510 millions de FCFA).
Dix-neuf candidats étaient en lice pour la succession du président Macky Sall lors de la présidentielle du dimanche 24 mars. Le président Bassirou Diomaye Faye a été élu à l’issue du scrutin. En dehors de celui de Benno Bokk Yakaar, Amadou Ba, qui a 31,9% des suffrages selon les résultats provisoires et pas encore officiels, aucun candidat malheureux n’a obtenu 4%, selon Libération.
Le quotidien, qui s’est intéressé au sujet ce mardi, rappelle que les 17 perdants abandonnent donc tous leur caution dans les caisses de l’État. Cela fait un demi-milliard de francs CFA, exactement 510 millions.
La loi électorale sénégalaise est claire : la caution- dont le montant s’élève cette année, à 30 millions F CFA, versée au niveau de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), est remboursée au candidat dans les 15 jours qui suivent la proclamation définitive des résultats s’il obtient au moins 5% de suffrages exprimés. Ce qui veut dire que sous cette barre, le cautionnement est perdu d’office.
Lors de la présidentielle de février 2019, deux des cinq candidats avaient perdu leur caution pour n’avoir pas obtenu au minimum 5% des suffrages valablement exprimés. Il s’agit du Pr Issa Sall (4,07 %) et l’ancien ministre Madické Niang (1,48 %).
Édition Spéciale du 25 Mars 2024 - Election Présidentielle 2024, le Jour d'Après
ÉMIGRATION IRRÉGULIÈRE, 53 CANDIDATS INTERPELLÉS PAR LA GENDARMERIE
Cette action entre dans le cadre de la lutte contre le trafic de migrants. Les gendarmes ont réussi ce coup de filet, entre Mboro et Nianing, selon le lieutenant-colonel Ibrahima Ndiaye, le chef de la Divcom.
La légion de gendarmerie de Thiès, commandée par le lieutenant-colonel Alioune Diop, a interpelé 53 candidats à l’émigration irrégulière, dont 12 Gambiens, deux Guinéens et un Malien.
Cette action entre dans le cadre de la lutte contre le trafic de migrants. Les gendarmes ont réussi ce coup de filet, entre Mboro et Nianing, selon le lieutenant-colonel Ibrahima Ndiaye, le chef de la Divcom.
La gendarmerie nationale appelle à plus de vigilance et de collaboration en cette période électorale, pour mieux lutter contre ce fléau qui touche la jeunesse.
Par Hamidou ANNE
FAIRE FACE
L’élection a enfin eu lieu. Le résultat est sans appel : le camp fasciste va gouverner le Sénégal. Ce scrutin bat une nouvelle fois en brèche les théories fantaisistes sur le fichier électoral et la transparence des élections.
Il me revient en ce moment ce beau vers de René Char : «La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil.» L’élection a enfin eu lieu. Le résultat est sans appel : le camp fasciste va gouverner le Sénégal. Ce scrutin bat une nouvelle fois en brèche les théories fantaisistes sur le fichier électoral et la transparence des élections. Notre système démocratique est tellement performant qu’il peut permettre l’élection de n’importe qui.
Pire, pour la première fois, un président fantoche aura été élu pour conduire aux destinées de ce grand peuple. Le débat programmatique, conformément à l’hystérisation du débat public depuis trois ans, n’a pas existé. Il y a eu un référendum consécutif à la polarisation du champ politique, à l’issue duquel une marionnette au-dessus de laquelle trône un marionnettiste a gagné. Il faudra expliquer dans les livres d’histoire qu’un homme qui n’a même pas eu la dignité de battre campagne sur son propre nom, un homme qui ne s’est pas assumé et n’a pas assumé sa candidature a été élu, un homme qui reconnaît avoir un chef, a été élu président de la République.
Pour la première fois, le Sénégal s’offre à un mouvement qui profite des infrastructures de la démocratie sans y croire ; un mouvement qui a opté de manière délibérée pour le choix de l’insurrection comme mode d’action politique.
Ils devront incarner des institutions qu’ils ont désacralisées, commander la police, l’Armée et la gendarmerie qu’ils ont insultées et préserver une Justice qu’ils ont vilipendée. Il faudra assumer de régner sur des ruines…
Les raisons de ce basculement dans la tragédie sont nombreuses et profondes. Mais deux me semblent utiles à toujours rappeler : l’opposition républicaine a crédibilisé et légitimé un parti fasciste en nouant des alliances et en gouvernant des municipalités avec lui. La majorité, elle, a précipité cette fin brutale en donnant tous les jours, depuis trois ans, l’impression qu’elle préparait l’arrivée de fascistes au pouvoir. L’amnistie gracieusement offerte à des insurgés et des criminels est le dernier acte d’une volonté manifeste de leur confier le pouvoir pour plonger le pays dans une spirale d’incertitude et de d’abaissement. Le choix de sortir le dirigeant et son candidat en pleine campagne permettait de leur offrir une dynamique, de contribuer à faire de gens peu fréquentables des héros insubmersibles aux yeux de la jeunesse. Après les multiples appels à l’insurrection, les arrestations, les procédures judiciaires, s’ils sortent blanchis de la machine infernale de l’appareil répressif de l’Etat, pour l’opinion c’est soit qu’ils n’avaient de toute façon rien fait, soit qu’ils étaient plus forts que l’Etat, donc qu’il fallait leur donner le pouvoir.
Cette défaite électorale est aussi celle de gens qui, pendant trois ans, ont refusé de se mouiller dans le combat contre les profanateurs de la République alors qu’ils étaient en responsabilité. Amadou Ba est de ceux-là. Il est un homme courtois et décent, mais comme ministre et Premier ministre, et tout simplement comme personnalité politique, sa voix n’a jamais été audible dans le combat contre l’hydre populiste même dans les pires épisodes de violence.
Dimanche, j’ai circulé une grande partie de la nuit dans les rues de Dakar. J’ai croisé des jeunes jubilant, juchés sur des motos Jakarta ou à l’étroit dans des véhicules aux klaxons stridents. Le pays aspirait au changement, il aura obtenu une plongée dans le gouffre. Après les Etats-Unis, l’Italie, le Brésil, l’Argentine, une autre grande démocratie tombe dans l’escarcelle populiste dans un contexte de montée du péril identitaire en Afrique de l’Ouest. Je m’y attendais et je ne cessais de le répéter à des amis très dubitatifs, voire qui moquaient mes soi-disant fantasmes morbides.
Le populisme monte par la colère du peuple des opprimés contre les promesses non tenues de la République. Il agrège des frustrations et flirte avec les passions tristes. Il peut connaître une ascension fulgurante aussi par la lâcheté ou la complicité des élites -politiques, intellectuels, chefs d’entreprise et cadres- qui pensent nourrir la bête pour participer au festin une fois au pouvoir. Elles seront les premières victimes d’un mouvement obscurantiste et intolérant qui aura montré en dix ans qu’il haïssait la raison et le débat contraire, donc la liberté et l’émancipation par le savoir.
Les prochaines victimes de ce nouveau régime seront les masses, qui ont défilé dimanche dans les rues. Les espoirs immenses nourris par dix ans de propositions farfelues et intenables comme sur le franc Cfa, les milliards qui tomberont du ciel, le fait de virer les étrangers et la nationalisation de pans entiers de l’économie seront déçus, car ces gens ne sont ni compétents ni intègres pour gouverner un pays.
L’aventure dans laquelle nous nous engouffrons mènera le pays à la ruine morale et à une plus grande fracture de la communauté nationale. Et les promesses qui ne seront jamais tenues par un président sous tutelle, incompétent notoire, impréparé, nourriront une colère qui lui sera fatale, lui, son chef et son camp.
Un nouveau régime s’installe. Il va réunir une kyrielle d’opportunistes, de haineux et de revanchards. Ce régime, qui a promis l’antisystème, la révolution et, en passant, l’exécution des anciens présidents de la République, comptera dans ses rangs Karim Wade, Aminata Touré, Birima Mangara, Mary Teuw Niane, Moustapha Guirassy, Aïda Mbodj, Habib Sy, Pape Samba Mboup…Je passe outre les curieux personnages -complotistes, charlatans, activistes islamistes- à qui les Sénégalais devront désormais faire confiance pour conduire les affaires de l’Etat.
Un peuple progressiste et républicain est depuis lundi matin orphelin ; il faut lui offrir un refuge et bâtir une maison commune des républicains, des démocrates, des socialistes et de tous les progressistes qui défendent une certaine idée d’un Sénégal comme rempart contre le nationalisme, l’absolutisme, l’intolérance et les atteintes graves à ce qui fait de nous une Nation debout, ouverte et respectée.
Dès la proclamation définitive des résultats, il faut offrir à la moitié des Sénégalais, qui ont refusé de confier le pays à des aventuriers, un horizon, un projet, un discours et un cadre d’expression pour une opposition exigeante sur les principes, intelligente sur la stratégie et innovante sur les méthodes. Dans ce chemin d’espérance qui doit surgir pour faire de la défaite du 24 mars un terreau fertile pour un sursaut vers des victoires futures, je suis prêt à assumer toute ma part de responsabilité.
Par Ibrahima Anne
OUF, ENFIN
L’élection présidentielle qui s’est tenue hier aura battu tous les records en termes de rebondissements. Rien n’aura, en effet, été dans l’ordre des évidences pour cette élection présidentielle dont le premier tour a eu lieu hier.
L’élection présidentielle qui s’est tenue hier aura battu tous les records en termes de rebondissements. Rien n’aura, en effet, été dans l’ordre des évidences pour cette élection présidentielle dont le premier tour a eu lieu hier. Programmé, déprogrammé, reprogrammé puis avancé, le scrutin d’hier aura tenu en haleine tout un peuple qui a ainsi vogué de surprise en surprise. D’abord, sur l’identité des protagonistes. Réélu en 2019, le Président Macky Sall a été le premier à avoir jeté un voile sur la configuration et la tenue de la Présidentielle de 2024. D’abord, en ne donnant pas une position tranchée sur son ambition de se présenter pour briguer une troisième candidature. Jusqu’au 3 juillet, Macky Sall a maintenu le flou sur cette intention. Le «ni oui, ni non» ne fera que rajouter à la confusion. Laquelle a été un des déclencheurs d’une situation de tension rarement vécue dans notre pays. La question du troisième mandat fut une ligne centrale dans la plateforme revendicative de l’opposition. Muet sur ses intentions, le Président sortant a gardé son flegme jusqu’au bout. Ni l’opposition qui le bousculait sur tous les couloirs et sur tous les fronts, ni ses partisans qui le poussaient à tenter une troisième confrontation n’ont pu l’obliger à briser le silence. Ce qui fait que, jusqu’au 3 juillet 2024 à 20 heures, nul ne savait ce que le Président allait faire. Finalement, «après y avoir mûrement réfléchi» comme lui-même l’a dit dans son adresse à la Nation, Macky Sall décide de ne pas se représenter.
Dr Bakar DIA, ancien ministre : « le vaccin pose plus de problèmes qu’il n’apporte de réponses »
En face, on a un Ousmane Sonko qui a le vent en poupe. Porté par une jeunesse qui ne se reconnaît pas dans les politiques publiques, frappée de plein fouet par le chômage et tentée par les envies du large (barça wala barsax), le leader de Pastef donne du fil à retordre au pouvoir. Il est le maître de la rue publique et des réseaux sociaux. Les trending topics l’y mettent en tête de classement. Les affaires dans lesquelles il est mêlé décuplent, paradoxalement, sa côte de popularité auprès d’une frange jeune qui reprend à son compte la théorie de la conspiration et du complot. Ce fort élan de sympathie le porte en triomphe et dope ses capacités de nuisance. Aussi, maniant les foules avec une dextérité jamais égalée, l’ancien inspecteur des impôts et domaines aura été très déterminant dans le choix de Macky Sall de renoncer à un risqué troisième mandat. Le président de la République va le lui faire payer jusqu’au dernier sacrifice. En effet, parallèlement à sa décision de renoncer à une troisième candidature, le chef de l’Etat promet, avant de partir, d’appliquer toutes les décisions de justice. L’allusion aux affaires Sonko tombe sous le sens. Le leader de Pastef, sous le coup de diverses condamnations, est dans le viseur du pouvoir. Il est arrêté, envoyé en prison, son parti dissous. Mettant une croix sur sa «présidentiabilité». La messe est définitivement dite pour le maire de Ziguinchor quand l’administration électorale et le Conseil constitutionnel font fondre ses derniers espoirs.
Macky Sall n’est donc pas partant. Ousmane Sonko, non plus. Le premier objectif de Macky est atteint. Pourtant, il n’y a guère, toute la vie politique sénégalaise était réduite à une bipolarisation Macky Sall-Ousmane Sonko. «Macky dou bokk, Sonko day bokk» était le slogan des pastéfiens. Au finish, on se retrouve avec tous les deux challengers hors course. Alors, il leur faut trouver une solution de rechange. La majorité présidentielle choisit Amadou Bâ quand Ousmane Sonko désigne Bassirou Diomaye Faye comme joker. Le scénario est des plus imprévisibles. Il le sera davantage quand le Président Sall abroge le décret convoquant le corps électoral et observe avec intérêt l’Assemblée nationale jeter les derniers pelletés de sable sur la date du 25 février 2024 qui est définitivement compromise. Il a fallu toute la hardiesse, toute l’intransigeance et tout l’entêtement du Conseil constitutionnel pour que le plan Pds-Apr tombe à l’eau. Aussi, c’est un processus riche en suspenses qui a été couronné avec la tenue, hier, du scrutin présidentiel. Des citoyens souffrant d’insuffisance cardiaque auraient pu y laisser leur souffle tant ce suspense était haletant. En définitive, la démocratie, l’Etat de droit et la solidité des institutions ont triomphé et en sont sortis renforcés. Mais, au prix d’une attente longue et riche en surprises avec les principaux acteurs, Macky Sall et Ousmane Sonko, qui d’acteurs principaux passent à intermittents du spectacle.
Par Mamadou Ndiaye
DIOMAYE A FADIDA
Diomaye Faye devient le cinquième président de la République du Sénégal. Il a été élu dimanche puis félicité lundi par son principal challenger Amadou BA, ancien Premier ministre. Le pays respire.
Diomaye Faye devient le cinquième président de la République du Sénégal. Il a été élu dimanche puis félicité lundi par son principal challenger Amadou BA, ancien Premier ministre. Le pays respire.
Les deux hommes se connaissent pour appartenir au même corps d’élite de l’Inspection des Impôts et Domaines. Les aléas et les circonstances de la vie politique les ont éloignés jusqu’à les opposer mais de réelles affinités constituent la trame d’un lien jamais rompu bien que défraîchi.
D’apparence frêle et détaché, le nouveau président a un singulier destin. Il est le plus jeune de tous ses devanciers qui ont occupé cette prestigieuse fonction élective. Par la grande porte, Diomaye entre ainsi dans l’histoire après avoir été élargi de prison par une amnistie en jetant ses forces dans la bataille présidentielle au terme d’une campagne menée au pas de charge avec son ami, camarade et mentor Ousmane Sonko, l’inoxydable opposant.
Le chemin fut sinueux, bosselé, raide, escarpé parfois, abrupte par moment, rarement rectiligne. Ensemble, ils ont lutté avec âpreté contre un adversaire autrement plus coriace, de surcroît très outillé pour les embrouiller à dessein.
Ils se sont forgés un mental conquérant dans les épreuves qui, non seulement les ont soudés, mais les ont fortifiés en démultipliant leur vaillance. A l’arrivée, l’un des deux s’installe au sommet de l’Etat, incarnation suprême du système qu’ils ont voué aux gémonies tout au long d’une décennie d’opposition sans quartier.
De facto leur ligne politique, combinaison de radicalité et de populisme, a fini par s’imposer comme la plus audible au sein d’une opposition presque aphone, en panne d’initiative et peuplée d’acteurs dont la tiédeur contraste étrangement avec la débordante énergie des deux jeunes hauts fonctionnaires aux dents longues.
Leur inflexibilité a été doublement payante. Ils gagnaient la sympathie de larges couches sociales conquises par leur incomparable culot politique. Cet avantage comparatif se transforme en un redoutable instrument de pression et revêt tout autant un caractère populiste qui leur a valu une impressionnante assise populaire et une formidable notoriété politique.
Celle-ci s’apprécie comme un dividende leur ayant permis malgré leur jeune âge de s’imposer en interlocuteurs incontournables dans les différentes sphères de pouvoir du pays. Dès lors, devant les équations, ils ont conscience d’être une partie de la solution.
Les démêlés judiciaires de Sonko qui le privent de ses droits civiques le poussent à scénariser la candidature de Diomaye, très vite acceptée pour son audace et sa cohérence tactique et défendue par des alliés de plus en plus nombreux à se convaincre de la pertinence de l’option de rechange.
Ils peaufinent la stratégie et passent, contre toute attente, l’obstacle du parrainage qui ouvre à Diomaye un large boulevard de redéploiement sur fond d’une équation politique étonnamment simple : Sonko égale Diomaye. La formule fait mouche.
Mieux, elle séduit et se répand, reprise par les relais de communication, les réseaux sociaux et un faisceau d’influenceurs au détour d’une habile stratégie digitale qui fait florès. Un moment dubitative, l’opinion valide le ticket qui n’en est pas un.
Dimanche dernier, le pays bascule. Des dix-neuf candidats, seuls deux se détachent, laissant loin derrière une kyrielle de candidats sans réelle épaisseur politique, sans densité sociale, sans envergure. D’un trait de plume, certains sont rayés de la carte.
La vie publique s’organise autour de personnalités éminentes. Beaucoup aspirent à cette élévation mais très peu l’atteignent. Du filtre au tamis, de la sélection à l’élection, le choix devrait au finish être de qualité pour jeter le dévolu sur des hommes et des femmes à l’honorabilité irréprochable nous épargnant ces « jamais-gagnants » qui polluent les lambris et jalonnent le parcours électorale.
Toutefois, le scrutin révèle une poussée générationnelle en même temps qu’il démontre la maturité de la démocratie sénégalaise. Qui ne s’en réjouirait ? En masse, les Sénégalais sont donc allés voter dans le calme et la sérénité.
Ce même calme a prévalu le lendemain de l’élection dans l’attente de la proclamation des résultats qui plébiscitent, sans contestation, le nouvel élu, Bassirou Diomaye Faye.
Désormais, il sait ce qui l’attend. Les priorités se chevauchent. Tout paraît urgent. L’économie ne s’accommode pas de l’incertitude. Les impatiences ne manqueront pas de se manifester, notamment chez les jeunes qui espèrent être mieux compris par Diomaye, un des leurs. Il a quarante-quatre ans. Il cultive la modestie et la sobriété, traits dominants de ses origines rurales qu’il brandit fièrement.
De la gestion de la parole, il doit passer maintenant à l’action pour dénouer des crises multiples et variées. Un autre chantier non moins immense se dresse : la corruption et la reddition des comptes. Depuis des lustres, les rapports s’empilent sur l’aggravation des facteurs de corruption.
La société sénégalaise est gangrenée par ce phénomène qui prend des proportions beaucoup plus qu’inquiétantes sur fond d’impunité qui accroît les frustrations et étouffe des colères. Jusqu’à quand ? L’incursion de la jeunesse dans le vote de dimanche a été perçue comme un fait politique notable, traduisant une exaspération aux contours mal définis.
En outre, ce surgissement juvénile a été interprété comme le rejet des « aînés », ce qui a eu pour effet immédiat de provoquer une déchirure sociale entre tranches d’âge que rien n’oppose en vérité. Certes le vote jeune a pesé dans l’issue de l’élection présidentielle. En revanche, leur seule proportion n’a pas constitué l’élément déclencheur du renversement.
L’usure du pouvoir et les tergiversations au sommet ont hypothéqué la candidature de l’ancien Premier ministre et expliquent la dispersion des voix de son camp, miné par des querelles byzantines et des disputes sans fin à mesure que l’échéance du scrutin approchait.
En lieu et place d’une lutte pour la conservation du pouvoir, les ténors de l’APR se neutralisaient pour une perte de pouvoir. Hara-kiri au Sahel ! Ce que personne ne comprenait.
La preuve, nombre d’entre eux n’ont pas « mouillé le maillot » alors que d’autres n’ont assuré que le « service minimum », sans grand enthousiasme, ni panache. Il serait intéressant de savoir comment la défaite a été accueillie dans les rangs marrons-beiges.
Elle est si cuisante que très peu s’en remettront au lendemain de la gueule de bois. Déjà que le chef quitte le navire sans la gloire dont il jouit pourtant du fait de ses réalisations structurantes.
L’opacité de cette séquence est à imputer entièrement au Président sortant. Etait-il en train de créer le vide autour de lui ? Les derniers actes qu’il a posés recouvrent quelle finalité ? Vont-ils dans le sens de l’histoire politique du Sénégal ? Toujours est-il qu’il reste ambigu dans ses intentions ? Aura-t-il l’occasion de s’en expliquer pour lever les équivoques au moment où une nouvelle majorité s’installe ?
Paradoxalement, celui qui lui succède à la tête de l’Etat dirigeait le Pastef dissout du fait du prince. On devine aisément la suite. Car à défaut d’une recomposition politique, on va assister à une reconfiguration de l’échiquier avec un Pastef réhabilité et requinqué, prêt à aligner les planètes…
QUEL PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE SORTIRA DU VOTE DE CE DIMANCHE 24 MARS 2024 ?
Le monde entier était venu à notre chevet, nous suppliant de rester nous-mêmes comme depuis l’enfant de Djilor et de Joal ! Macky Sall nous quitte.
Bés Bi le Jour |
Amadou Lamine SALL |
Publication 26/03/2024
Je suis allé voter ce dimanche 24 mars 2024 ! J’ai admiré des Sénégalaises et Sénégalais de tous âges, des handicapés aux chancelants, venus accomplir leur acte citoyen ! Rien d’autre que paix, sérénité, citoyenneté, sourire et fraternité !Comme nous sommes loin du monde politique ! Comme nous sommes loin d’un Sénégal troublé, apeuré, déconstruit, menacé. En regardant mes compatriotes aller voter, je me suis dit que ce pays était invincible, si grand et si beau !
Le monde entier était venu à notre chevet, nous suppliant de rester nous-mêmes comme depuis l’enfant de Djilor et de Joal ! Macky Sall nous quitte. Le prochain président de la République qui sortira des urnes de ce dimanche 24 mars 2024, au regard des candidats en lice, sera finalement l’élu de Dieu ! Certes, c’est le peuple sénégalais qui élit au suffrage universel ! Mais à voir ces nombreux aspirants au pouvoir, à découvrir leur formation de base au-delà de la politique sur les bulletins de vote, on se remet au Seigneur !
On vote, certes, mais celui qui sortira de là avec la majorité des Sénégalais au 1er ou au second tour, aura eu forcément un coup de pouce du destin, c’est à dire de Dieu ! Le premier dieu avant l’Unique, estle peuple sénégalais ! Son vote décidera de notre avenir pour les cinq ans à venir. Cela va aller vite, très vite. 2029, c’est déjà demain. L’attente des Sénégalais n’est pas immense. Elle est presque insurmontable. Elle équivaut à la détresse, la déception, le désespoir du plus grand nombre parmi nous. Et cela ne veut nullement dire que le Chef de l’État n’a pas travaillé pour nous rendre heureux. Mettre tout sur le compte de l’échec ne serait pas juste ! Le temps à venir nous le démontrera !
La vérité, celle qu’affrontera le prochain élu à la tête du Sénégal, est qu’il ne résoudra pas en un mandat, l’innommable attente des Sénégalais et de sa jeunesse. Cette dernière aura d’ailleurs très fortement marqué cette élection présidentielle de mars 2024. Nous le verrons bientôt, en mal ou en bien, selon le camp de chacun. Tous ont un mot à la bouche : il faut changer le système ! Mais personne ne définit ce qu’est le système, sinon montrer du doigt le règne du copinage, de la médiocrité, de l’inculture, de la corruption, de la fonction allouée et dont on n’a pas la compétence, de l’enrichissement illicite, de l’incommensurable pouvoir du prince, des serviteurs et des hyènes rôdant autour du palais ettoujours bien servis. Voilà ce que le plus grand nombre des Sénégalais appellent le «système !»
Mais comment tuer ce système ! Comment en réinventer un autre au lieu de le cloner encore et encore ? À regarder de près les coalitions qui se lient, se forment, s’allient et conduisent au pouvoir suprême, comment en extraire ceux qui ont déjà régné et qui sont à l’image du système décrié et honni avec lequel ils ont soupé et dormi ? Les hommes politiques renaissent toujours ailleurs et sous d’autres habits ! Nous le constatons tous ! Comment vouloir réformer le monstre décrié en intégrant encore et encore ceux qui, hier, en ont fait leur lit ? Voilà l’enjeu !
Le prochain hôte du Palais de l’Avenue L.S. Senghor ne ressemblera pas ni à l’érudit et éclairé Sédar, ni au serein et tranquille Diouf, ni au possédé et généreux Wade qui ne croit qu’à Abdoulaye, ni au robuste et forcené bâtisseur Macky ! Le futur Président étonnera ! Puisse -t’il étonner comme son peuple rêve qu’il étonne !
Les Sénégalais ont voté. À voir ce peuple devant les urnes avec tant de paix, de sérénité, de fraternité, on ne peut qu’être fier d’y appartenir. Le Sénégal étonnera toujours le monde ! Qu’ils rebroussent vite chemin ceux qui cherchent à pousser vers l’abîme ce peuple de sourates et de psaumes ! L’abîme sera plutôt et toujours pour eux !
Nous attendons le visage du choix fait par les Sénégalais ! Le temps lui sera compté d’ici 2029 ! Mais, qui qu’il soit, il est sénégalais donc des nôtres, choisi par nous pour nous conduire vers le savoir et la prospérité ! Notre première mission, tous ensemble, désormais unis autour du choix du plus grand d’entre nous, est de soutenir le Président élu, de lui laisser un confortable temps de grâce ! Il s’agit de notre avenir et de notre nouvelle foi en l’avenir. Nous devons gouverner avec lui, c’est à dire prier pour lui et avant lui, déjouer les embûches sur sa route. Tout ce qui le touche nous touchera ! Le Sénégal est notre paupière !
Que Dieu garde chaque Sénégalaise, chaque Sénégalais ! Que chaque Sénégalaise, chaque Sénégalais, garde le Sénégal ! Ensemble, nous gagnerons ! Il semble désormais difficile, à partir de ce 24 mars 2024, de voir rempiler pour un second mandat un président de la République ! Il ne faudra pas seulement avoir beaucoup travaillé. Il faudra y avoir ajouté autre chose que le travail! Quelque chose de nouveau s’est levé sur ce pays et cette «âme», cette sentinelle insaisissable veille. Elle n’a pas de nom.
En un mot, il s’agit de servir si fort et non de se servir pour que le mirage d’un second mandat apparaisse aux yeux du peuple sénégalais ! Cela est possible si l’équité, la justice, l’humilité, le partage, dominent les prébendes et le mode de vie publique des hommes qui nous gouvernent ! Le peuple Sénégalais ne demande rien d’autre que d’être entendu, respecté. Quant à sa jeunesse, la voilà désormais imam, prêtre et prince. Elle ne demande pas à être entendue. Elle est déjà entendue ! Mais, nous la supplions d’aller à la rencontre des livres et de l’esprit ! C’est là que le Sénégal commence. C’est là qu’il sera le plus grand !
Amadou Lamine SALL
Poète
Lauréat des Grands Prix de l’Académie française
APR, MOUSTAPHA DIAKHATÉ DEMANDE L’EXCLUSION DE MACKY SALL
Pour l’ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar de la 13é législature, Macky a trahi Amadou Ba.
L’ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar de la 13é législature est très remonté contre le président sortant Macky Sall. Celui qui a quitté l’APR depuis quelques années et a apporté son soutien à Amadou Bâ estime que Macky Sall est l’artisan de la défaite de son leader.
Pour Moustapha Diakhaté, Macky Sall a trahi Amadou Ba raison pour laquelle il devrait être exclu de l’Alliance Pour la République.
«Macky Sall a sacrifié ceux qui étaient avec lui depuis 2008, qui ont combattu à ses côtés contre Wade et qui se sont battus jusqu’à ce qu’il soit élu en 2012 et réélu en 2019. Macky Sall a torpillé la carrière de milliers de militants qui l’ont accompagné toutes ces années durant. Les militants devaient l’exclure de l’APR pour connivence avec l’adversaire PDS», fulmine-t-il.
Amadou Ba pour sa part a reconnu la défaite devant son adversaire Bassirou Diomaye Faye.
LES FELICITATIONS DE MACRON ET DE BARROW A BASSIROU DIOMAYE FAYE
Le président français, Emmanuel Macron, a adressé lundi ses félicitations à Bassirou Diomaye Faye donné vainqueur de la présidentielle sénégalaise de dimanche et exprimé son souhait de travailler avec le successeur de Macky Sall.
Dakar, 25 mars (APS) – Le président français, Emmanuel Macron, a adressé lundi ses félicitations à Bassirou Diomaye Faye donné vainqueur de la présidentielle sénégalaise de dimanche et exprimé son souhait de travailler avec le successeur de Macky Sall.
‘’Félicitations à Bassirou Diomaye Faye pour son élection comme président de la République du Sénégal. Je lui adresse tous mes vœux et me réjouis de travailler avec lui’’, a indiqué le chef de l’Etat français dans un message publié sur le réseau social X.
Le président de la Gambie, Adama Barrow, a été le premier chef d’Etat étranger à féliciter Bassirou Diomaye Faye après que son challenger Amadou Ba a concédé sa défaite.
‘’Je félicite M. Bassirou Diomaye Faye pour son élection victorieuse et félicite le peuple de la République du Sénégal pour le déroulement pacifique de l’élection’’, a-t-il écrit sur le même réseau social.
Le chef de l’Etat gambien n’a pas manqué de souhaiter un renforcement des ‘’relations cordiales’’ entre les deux pays voisins.
Les premières tendances de l’élection présidentielle de dimanche donnent une large avance au candidat Bassirou Diomaye Faye, en attendant la proclamation officielle des résultats, au plus tard à minuit le vendredi qui suit le scrutin, soit le 29 mars.
Les résultats définitifs sont proclamés par le Conseil constitutionnel à partir du 3 avril.
Au total 7 371 890 électeurs sénégalais étaient appelés aux urnes pour élire le successeur de Macky Sall.
Dix-neuf candidats, dont une femme, étaient en lice pour ce scrutin présidentiel dont le taux de participation dépasse les 50 pour cent, selon les autorités en charge de l’organisation de cette élection.