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18 mai 2025
JE N'AI PAS D'EXCUSES À PRESENTER, PUISQUE JE N'AI PAS COMMIS DE FAUTE
Le président de la République Macky Sall monte à nouveau au créneau devant la presse internationale pour donner sa version des faits sur les événements ayant conduit au report de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février dernier.
A onze jours de son départ à la tête de l’Etat le 2 avril prochain, le président de la République Macky Sall se prononce sur l’actualité politique sénégalaise fortement marquée par le report de la présidentielle initialement prévue le 25 février dernier au 24 mars prochain.
Dans un entretien accordé à nos confrères de Bbc et publié hier, mercredi 20 mars, le chef de l’Etat a dégagé sa responsabilité sur le report de la date du présidentielle en pointant l’Assemblée nationale, tout en précisant qu’il a aucune excuse à présenter pour toutes les vies humaines perdues et les dommages occasionnés par sa décision d’abroger le décret convoquant le corps électoral le 3 février dernier.
Le président de la République Macky Sall monte à nouveau au créneau devant la presse internationale pour donner sa version des faits sur les événements ayant conduit au report de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février dernier.
Dans un entretien accordé à nos confrères de Bbc et publié hier, mercredi 20 mars, le chef de l’Etat a toutefois précisé qu’il a aucune excuse à présenter pour toutes les vies humaines perdues et les dommages occasionnées par sa décision d’abroger le décret convoquant le corps électoral le 3 février dernier. « Je n'ai pas d'excuses à faire puisque je n'ai commis aucune faute. Je vous parle en tant que président de la République, je suis le responsable de ce pays jusqu'au 2 avril. Toutes les actions qui ont été posées l'ont été dans le cadre de la loi et du règlement. Aucune institution juridique ou judiciaire du Sénégal n'a remis en cause ou mis en doute la sincérité des actions qui ont été posées. Le débat est mal posé. Ce n'est pas une affaire de pardon. Il faut voir ce qui s'est passé s'il n'y avait pas eu de contestations sur le processus des élections, sur les candidatures, il n'y aurait pas eu tout ce débat par la suite. On ne peut pas avoir un fait, on l'ignore et on parle des conséquences. C'est ça le problème », a-t-il martelé.
Poursuivant son propos, le chef de l’Etat Macky Sall soulignant que le « décret que j'ai pris pour abroger la convocation du corps électoral a pour motivation la saisine de l'Assemblée et le vote d'une loi constitutionnelle pour reporter l'élection » invite donc à chercher les responsables de ce report du côté de l’Assemblée nationale. « Je dois préciser qu'il y a beaucoup de confusion dans ce qui se passe au Sénégal. On a dit que le président a reporté les élections. Rien n'est plus faux. Parce qu'en réalité, il y a eu une décision qui est venue du Parlement de l'Assemblée nationale, où un groupe de l'opposition a saisi le bureau de l'Assemblée pour demander le report de l'élection. C'est à partir de l'Assemblée nationale que le président de la République a été saisi pour dire que nous avons un projet, un projet de loi constitutionnelle qui va reporter les élections. Et le président est saisi. J'ai dit je prends acte de votre proposition et j'avais le choix de voir avec le gouvernement, est-ce qu'il faut laisser le temps à l'Assemblée comme il est d'usage ? », s’est-il interrogé.
Avant d’ajouter : « Il y a une chronologie justement, C'est ça le problème. La chronologie, c'est que l'Assemblée m'a saisi. D'ailleurs, le décret que j'ai pris pour abroger la convocation du corps électoral a pour motivation la saisine de l'Assemblée et le vote d'une loi constitutionnelle pour reporter l'élection. C'est sur cette base que le décret a été pris et le Conseil constitutionnel lui-même dit que dès lors qu'il considère que la loi est non conforme à la Constitution, le décret n'a plus de base légale parce qu'il s'appuyait sur cette loi pour retirer la convocation du corps électoral. Donc il faut quand même qu'on rétablisse les faits dans leur chronologie et dans leur exactitude. C'est exactement cela. S'il n'y avait pas eu cette loi constitutionnelle, il n'y aurait pas eu un report, le retrait du décret. Donc il faut remettre les choses à l'endroit et ne pas inverser l'ordre des choses ».
Par ailleurs, interpellé sur son engagement de quitter le pouvoir le 2 avril prochain, Macky Sall n’est pas allé par quatre chemins pour réaffirmer sa position. « Bien sûr, le pays ira aux élections le dimanche, s’il plaît à Dieu. J'espère que le processus tel qu'il a été entamé va se dérouler dans la paix et dans la transparence, comme le Sénégal sait faire des élections libres et transparentes. Et après, le président sera élu. S'il est élu dès le 24, nous aurons la chance que je lui passe le témoin, mais s'il n'est pas élu dès le 24, moi le 2 avril, je m'en vais parce que c'est le terme de mon mandat et je n'entends pas rester un jour de plus comme je l'ai déjà dit. Mais j'espère que tout cela va bien se passer et que le président élu prendra fonction pour continuer l'œuvre qui a été faite par ses prédécesseurs, quel qu'il soit. Naturellement, je lui souhaite plein succès ».
Interpellé sur son implication dans les malheurs judiciaires des opposants, le Président Macky Sall s’est également lavé à grande eau allant jusqu’à prononcer le nom d’Ousmane Sonko, chose qu’il n’a jamais fait. « Je le dis très clairement. La preuve tous les jours au tribunal, l'État a perdu. Le dernier cas, c'est avec Ousmane Sonko lui-même au tribunal en première instance en appel. Donc, il ne faut pas croire que le Sénégal est une république bananière, ça, je m'inscris en faux. L'État du Sénégal perd souvent des procès devant des tribunaux. Le Conseil constitutionnel lui-même vient de casser mon décret. Donc, c'est la preuve qu'on a une justice libre et indépendante, une justice libre et indépendante. Il ne faut pas lorsque les gens ont des difficultés avec la loi, qu'ils disent que non c'est politique, c'est la main du président, Ça, c'est l’alibi. C'est vraiment très facile comme argument. Mais quels sont les faits qui ont été à l'origine de toutes ces difficultés ? Il faut interroger les faits. Vous verrez bien que la main du président n'a rien à voir avec ce qui leur est arrivé ».
LE DÉSISTEMENT DE CHEIKH TIDIANE DIEYE NE CHAMBOULERA PAS L'ORGANISATION DU VOTE
Le retrait du candidat Cheikh Tidiane Dieye ne devrait pas avoir de grandes répercussions sur le scrutin. Selon Cheikh Omar Diallo, avec seulement cinq millions de bulletins de vote en moins à imprimer, la machine électorale devrait pouvoir s'adapter
Alors que le candidat Cheikh Tidiane Dieye a officialisé hier mercredi 20 mars 2024 son retrait de la course à la présidentielle à quelques jours du scrutin, le Dr Cheikh Omar Diallo se veut rassurant quant aux conséquences sur l'organisation du vote du 24 mars.
Selon cet enseignant-chercheur en sciences juridiques et politiques, le retrait de dernière minute de l'un des 19 candidats en lice ne devrait engendrer que de "simples formalités techniques" pour le Conseil Constitutionnel.
"Dès réception de l'acte de retrait par le greffe, le Conseil Constitutionnel se réunira rapidement pour entériner cette décision et modifier la liste des candidats. C'est une procédure normale prévue par la loi", explique le constitutionnaliste.
Autre "formalité" évoquée par Cheikh Omar Diallo : la mise à jour du fichier des bulletins de vote. "Sur les 100 millions de bulletins déjà imprimés, seul 5 millions porteront le nom de Cheikh Tidiane Dieye. Le retirer est une simple gestion de stocks", affirme-t-il.
L'expert se veut rassurant quant au déroulement du scrutin du 24 mars. Il confirme que "les conséquences du retrait de Dieye sont sans conséquence sur l'organisation et le déroulement du premier tour de la présidentielle".
Les Sénégalais pourront bel et bien désigner dimanche leur prochain président parmi les 18 candidats restants.
Par Abdoulaye THIAM
KHALIFA SALL, LE DERNIER BAROUD D’HONNEUR
Doyen parmi les favoris ! A 68 ans depuis le 1er janvier dernier, Khalifa Ababacar Sall joue sa dernière carte pour se faire élire président de la République le 24 mars prochain
Doyen parmi les favoris ! A 68 ans depuis le 1er janvier dernier, Khalifa Ababacar Sall joue sa dernière carte pour se faire élire président de la République le 24 mars prochain. Après avoir raté la Présidentielle de 2019 dont il était donné ultra-favori, à côté de Macky Sall, l’ancien maire de Dakar va donc livrer son premier et dernier ( ?) combat en tant que candidat pour la magistrature suprême. Un énorme paradoxe au vu de la longévité politique de ce poulain de Abdou Diouf, puis de Ousmane Tanor Dieng.
Socialiste dans l’âme, homme d’Etat convaincu, Khalifa Ababacar Sall a toutes les prédispositions pour la station présidentielle. Son parcours force le respect. Responsable des Jeunesses socialistes, Secrétaire général chargé des élections et de la vie politique du Parti socialiste (PS), il a été élu député en 1983 alors que Bassirou Diomaye Faye n’avait que… 3 ans
Ministre chargé des relations avec les institutions, puis ministre du Commerce, son expérience et son sens élevé de l’Etat et du respect des principes et valeurs de la République, lui créditent un bon score. Cette confiance s’est d’abord installée lors de son passage à la mairie de Dakar lors des élections municipales du 22 mars 2009. «Khaf», alors leader de la coalition Benno Siggil Senegaal (s’unir pour un Sénégal debout, en langue wolof) adresse à Me Abdoulaye Wade (président de la République) un coup de Jarnac et se fait élire maire avec 81 des 100 voix exprimées. Inédit ! Pour la première fois, le parti au pouvoir perd la capitale. Khalifa Sall commence alors à tisser sa toile vers les sommets. Alors que son parti, le PS, rejoint avec armes et bagages la coalition Benno Bokk Yaakar ; pis, décide même de renoncer à sa raison d’être, c’est à dire la conquête du pouvoir, celui qui se dit «Boy Grand Yoff», par opposition à «Boy Dakar» pour ne pas dire un «dandy», décide de naviguer à contre-courant. Ce, après avoir remporté haut la main les Locales du 29 juin 2014. Tel un tsunami, sa coalition Taxawu Dakar balaie tout sur son passage et s’adjuge quinze (15) des dix-neuf (19) communes d’arrondissement de la ville de Dakar.
Un véritable camouflet pour Macky Sall et surtout son Premier ministre, Aminata Touré «Mimi», qui va mordre la poussière jusque dans son fief de Grand-Yoff. Avec le projet du pavage, le déguerpissement des marchands ambulants à Dakar, l’éclairage, la distribution gratuite du lait à l’école, Khalifa Sall commence à entrevoir un destin présidentiel. Il est adulé, adopté, cité en exemple. Malheureusement pour lui, il va déclarer très tôt son ambition de briguer la magistrature suprême. Un péché de lèse-majesté que le Chef de l’Etat ne pouvait accepter. La machine judiciaire s’emballe et broie le maire de Dakar.
Accusé d’avoir profité de ses fonctions pour détourner 1,8 milliard de francs CFA (2,7 millions d’euros) de la régie d’avance de la mairie de Dakar, «Khaf» sera incarcéré le 7 mars 2017. Le tribunal va par la suite le condamner à une peine de 5 ans de prison ferme, assortie d’une amende pénale de 5 millions francs CFA, sans dommages et intérêts. Un procès en mode fask-track qui va battre tous les records de célérité dans le seul et unique but de lui rendre inéligible.
Réélu, après l’élimination de Khalifa Sall et de Karim Wade, Macky Sall accorde la grâce à l’ancien maire de Dakar le 29 septembre 2019 avec une «remise totale des peines principales». La grâce n’effaçant pas les faits, Khalifa Sall se lance dans la conquête de ses droits civiques et politiques qu’il obtiendra au détour d’un dialogue politique en prélude duquel il va pêcher par égard de langage. «L’essentiel, c’est que je puisse faire partie» de la course présidentielle, soutenait-il. Ce, après une «brouille» au sein de Yewwi particulièrement entre Ousmane Sonko et lui. Ce dimanche, Khalifa Sall saura si sa popularité entre 2009 et 2021 est restée intacte ou pas pour son dernier baroud d’honneur.
par Félix Nzale
RENVERSEMENT DE PERSPECTIVES
A qui parle-t-on donc d’une société sénégalaise en lambeaux qu’il a fallu reconstruire et réconcilier ? A quoi fait-on référence ?
«Léguer un Sénégal réconcilié et en paix», telle est la raison qui aurait motivé la décision du Président Macky Sall de reporter l’élection présidentielle au dimanche 24 Mars, alors qu’elle devait se tenir le 25 février. Le concerné l’a encore réaffirmé à l’occasion d’un entretien qu’il a accordé à la Bbc.
Réconciliation et paix. Le refrain est entonné partout par les hommes et femmes du président dans quasiment toutes leurs sorties de campagne électorale. De même que par des membres de la société dite civile. Mais que l’on nous permette d’émettre quelques objections. Pour dire que le Sénégal n’a jamais été un pays divisé : pas de conflits inter-ethniques, ni de conflits inter-confrériques, ni de conflits inter-religieux… toutes choses qui sont le fondement de notre vivre-ensemble. A qui parle-t-on donc d’une société sénégalaise en lambeaux qu’il a fallu reconstruire et réconcilier ? A quoi fait-on référence ?
Les tragiques événements survenus en 2021 et qui ont couru jusqu’en 2024 ne sont rien moins que la conséquence de l’irresponsabilité de nos hommes politiques, entretenue par certaines entités dont les médias. Et des Sénégalais ont dû se lever pour exercer leur devoir citoyen de renversement de paradigmes et de perspectives.
Il s’est alors agi de se dresser contre ceux qui se sont assurément trompé en pensant que le bien commun consistait exclusivement dans leur réussite personnelle, leur pouvoir et dans la satisfaction de leur avidité.
Il s’est agi de la défense du registre moral contre le rapport de force instauré par les réalistes-cyniques où les forts et les puissants l’emportent, et les faibles perdent toujours. Il s’est agi de manifester contre les sautes d’humeur qui gagnent la vie politique au détriment de la rationalité et du long terme.
Il s’est agi de s’opposer au mépris des lois qui conduisent à l’ochlocratie.
Il s’est agi de faire barrage aux imposteurs qui, une fois au pouvoir, s’emploient à noyauter toutes les institutions.
Il s’est agi d’exiger la moralisation de la vie publique, d’aller à la chasse aux conflits d’intérêts, aux arrangements douteux… et de réaffirmer la moralité au poste de commande de l’action politique. C’est de tout cela qu’il a été question. C’est de tout cela qu’il sera question…