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24 mai 2025
LE VIDE SE CREUSE AUTOUR DE MACKY
Le président misait tout sur ce dialogue. Mais 16 candidats lui tournent le dos d'entrée. Leur boycott isole le chef de l'État et le prive de sa dernière planche de salut. Le spectre d'une crise constitutionnelle majeure se profile à l'horizon
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 23/02/2024
Les concertations nationales convoquées en urgence par Macky Sall pour sortir de l'impasse électorale touchent déjà un mur. Refusant d'avaliser les "manœuvres dilatoires" du chef de l'Etat, les principaux candidats à la présidentielle ont fait faux bond à l'invitation au dialogue. Un désaveu cinglant qui hypothèque d'ores et déjà les chances de succès de cette initiative, et fait planer le spectre d'une crise sans précédent après le 2 avril prochain.
Pourtant, Macky Sall, qui s'était engagé à ne pas se représenter pour un troisième mandat, avait misé gros sur ces 48h de débats pour trouver une issue consensuelle. Conscients de la pression croissante de la rue et de la question qui entoure désormais la légitimité de son pouvoir, le président espérait apaiser les tensions en ouvrant le dialogue avec ses opposants. Mais c'était sans compter sur leur détermination à obtenir le respect des délais constitutionnels pour le scrutin.
Un à un, les principaux candidats, dont Ousmane Sonko, leader charismatique de l'opposition aujourd'hui écroué, ont fait savoir qu'ils ne se rendraient pas aux discussions. Une défiance exacerbée par l'incarcération de plusieurs figures de l'opposition, mais aussi par le souvenir encore vif des émeutes meurtrières nées des accusations de fraude en 2021. Selon un constitutionnaliste sénégalais interrogé par l'AFP, "cette configuration radicalise les positions de part et d'autre, alors que le temps presse déjà pour éviter le pourrissement de la crise".
Car après la fin de son mandat, le 2 avril, le Sénégal pourrait se trouver plongé dans un vide juridique inédit. Normalement, la Constitution prévoit que le président de l'Assemblée assume l'intérim. Mais aucun scénario n'a été écrit pour un cas comme celui-ci. Le seul arbitre possible serait alors le Conseil constitutionnel, qui devrait ordonner l'organisation immédiate d'un nouveau scrutin. Sauf que la défiance à l'égard des institutions risque de compliquer sa tâche.
Sur le terrain, la pression monte aussi. Nombreux sont ceux qui redoutent que cette crise électorale interminable ne dégénère à nouveau en violences, après celles de ces dernières semaines déjà là l'origine de trois morts. Dos au mur, Macky Sall n'a désormais plus que quelques semaines pour trouver un accord et éviter le chaos. Mais après l'échec de sa main tendue, les scénarios de sortie de crise s'amenuisent dangereusement.
PAR Babacar Diop Buuba
MULTIPLE PHOTOS
ARMÉE NATION : COLONNE VERTÉBRALE DE LA RÉPUBLIQUE OU CINQUIÈME COLONNE ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Mai 68 a marqué un tournant dans l'histoire du Sénégal avec l'implication des militaires pour résoudre la crise. Depuis, l'armée navigue entre réserve politique et participation au développement. Mais où se situent ses limites ?
Contribution sur le rôle et la place des forces de défense et de sécurité (FDS) pour l’État de droit, la justice, la solidarité et le développement
Le 14 février 2024, un quotidien du pays, Bës bi, (p. 5 à 8) en l’occurrence, a profité de la fête de la Saint-Valentin pour citer, entre autres acteurs à aimer, les forces de défense et sécurité : « La patrie est arrosée entretenue, maintenue par les forces de défense et de sécurité (FDS), ces militaires et paramilitaires qui en sont aujourd’hui le dernier rempart.
Ces acteurs illustrent l’exception sénégalaise, la méritocratie, 64 ans de compagnonnage entre l’armée et la patrie en péril, une armée politiquement neutre, mais pas indifférente ».
Nous avons eu l’occasion de partager nos points de vue, sur la place et le rôle des principaux acteurs et porteurs d’enjeux, dans la vie des sociétés en général, sénégalaise en particulier.
Les quatre (4) groupes : (i) la société civile, (ii) acteurs économiques, (iii) organisations politiques et (iv) leaders coutumiers, religieux culturels, ont reçu des traitements dans nos écrits[1]
La présente contribution a l’ambition de faire un focus sur la colonne vertébrale ou cinquième colonne : les forces de défense et de sécurité
Vue de l’intérieur, formation, réflexion stratégique et champs d’intervention
A ma connaissance, le premier acteur du dedans qui a osé, écrire au Sénégal, sur le sujet, de manière académique, est le général de corps d’armée puis ambassadeur et acteur des Assises Nationales (2008-2009), Mamadou Mansour Seck. Son ouvrage porte le titre « Nécessité d’une armée », Harmattan Sénégal, 2012. L’ouvrage est en fait sa thèse soutenue en 1974 à l’École Supérieure de Guerre aérienne de Paris (ESGA).
Le chapitre I est consacré au passé (préhistoire, antiquté et histoire de France), le second à l’après-guerre et au présent, non seulement dans les pays industrialisés, mais aussi aux pays en voie de développement, encore mieux, à des questions majeures, comme les rapports des armées aux questions politiques, socioéconomiques (chap. III)
Dès l’avant-propos, le Général reconnaît que notre monde est en déséquilibre sans partage, ni solidarité suffisante, et « l’armée seule ne peut résoudre les injustices, par contre elle représente une garantie contre la cupidité des hommes et participe à l’intégration nationale, surtout dans les pays en voie de développement. Une armée républicaine participe aussi à la stabilité de la Nation ».
Mieux, il a eu le courage de se prononcer sur le conflit en Casamance et n’a pas hésité à indiquer des voies de dépassement en trois (3) volets : politique, économique et sécuritaire.
Il a analysé la composition socio-culturelle de l’armée, fait des développements sur ses fonctions et prestations (p.57 à 65) à l’intérieur et en dehors du Sénégal. Sa conclusion est pleine de sagesse :
« Les hommes, mieux éduqués, mieux formés réclament toujours plus de liberté sans toujours savoir jusqu’où ne pas aller trop loin. Il faudra alors penser à endiguer leurs excès parce que, par nature, ils ne sont pas très sages. D’où la nécessité, encore là, d’une force de maintien de l’ordre, dans chaque pays, capable, éventuellement de faire face aux grandes catastrophes ». (op.cit. P. 77)
Le second qui s’illustre, dans l’analyse des faits politiques, est feu le général Lamine Cissé qui a livré témoignages et analyses dans ses « Carnets secrets d’une alternance, avec le titre : Un soldat au cœur de la démocratie, édition, GIDE PPE, Paris 2001.
Dans cet ouvrage, il explique, dans l’avant-propos, les circonstances dans lesquelles, le Président Abdou Diouf l’a nommé Ministre de l’Intérieur, chargé de la Décentralisation, en lui donnant la responsabilité d’organiser des élections d’une importance majeure (législatives en mai 1998, sénatoriales en janvier 1999, présidentielle à deux tours en février et mars 2000).
L’ouvrage informe sur les suspicions (chap. II), les tensions (chap. III), la fanfare du pouvoir (chap. V), le pou sur la tête (chap. VI), guerres et paix (chap. VII) et l’exigence démocratique (chap. VIII).
Les annexes sont très précieux, car ils permettent de mesurer le rôle de la société civile dans le FAC (Front d’Action de la Société Civile) alors autour du CONGAD, de la RADDHO, du Forum Civil et du RADI) et aussi les dispositions particulières qu’il a prises pour conduire la mission sans oublier les résultats.
Le général Cissé est d’avis qu’il est « essentiel de favoriser l’enracinement de la démocratie dans nos pays. Cet idéal ne pourra s’épanouir en Afrique que si nos dirigeants civils et militaires manifestent concrètement la volonté d’appliquer les règles qui la fondent » (op. Cit. P13).
L’auteur rappelle les circonstances dans lesquelles, l’armée a eu à observer le jeu politique au Sénégal et les relate dans sa biographie qui lui a permis d’avoir une bonne formation intellectuelle, citoyenne et militaire (chap. I, p. 15 à 39, Jour de pluie sur le Sahel).
Son apprentissage citoyen et sa carrière dans le génie militaire l’avaient préparé à réussir sa mission. Le résultat est connu : première alternance politique au Sénégal, la victoire du candidat de l’opposition Abdoulaye Wade face au président sortant Abdou Diouf
Le travail des historiens de métier permet de compléter la documentation et d’approfondir la réflexion sur le rôle de l’armée dans les crises politiques.
Retenons que de l’antiquité à nos jours, les armées ont permis de défendre des institutions politiques, de renverser des régimes, depuis l’Égypte pharaonique jusqu’aux États modernes, en passant par la période intermédiaire.
Le regard des historiens
Dans l’avant-propos de la seconde édition de son ouvrage sur « Mai 68 à Dakar », le professeur Abdoulaye Bathily, ancien enfant de troupe, puis étudiant enrôlé de force, puis ministre de la République, a consacré des pages à la question des forces armées et de sécurité au cours des événements de Mais 68 (voir extraits en photos d’illustration 2,3 et 4). Il a aussi produit des études sur les armées, la politique dans le cadre du CODESRIA (Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences Sociales en Afrique).
Notre collègue Oumar Guèye a produit un ouvrage sur Mai 68 au Sénégal, Mai 1968 au Sénégal ; Senghor face aux étudiants et au mouvement syndical, Karthala, 2012 (voir extraits en photos d’illustration 5, 6, 7, 8, 9. Il revient sur le rôle des deux armées française et sénégalaise.
Dynamiques nouvelles
Ce qui est intéressant dans le contexte actuel, c’est la succession des coups d’Etat en Afrique de l’Ouest et leurs caractères politiques, prononcés les tentatives de solidarité, voire de fédérations des soldats.
On peut ajouter pour reprendre une formulation de notre collègue Bakary Samb de Timbuktu Institute « Les coups d’État en Afrique sont devenus des moments de respiration démocratique » :
« Ce qu’on voit derrière ces juntes qui viennent au pouvoir est un signe d’une désaffection par rapport aux États incarnés par des civils et une conséquence de la mal gouvernance, de l’absence de démocratie qui se résume chez nous à l’aspect électoral. On a vu d’autres aspirations qui sont aujourd’hui prises en charge par les tenants. Autre chose également, on a vu qu’il y a un discours populiste qui surfe les déceptions par rapport aux régimes civils précédents, mais aussi sur un contexte international. Cette désaffection est le signe aussi d’un rejet du modèle occidental devant propager des valeurs. Ces Occidentaux, par rapport à ces mêmes valeurs, ont été eux-mêmes inconséquents à un moment. Finalement, ce sont les intérêt stratégiques immédiats qui ont toujours guidé leurs choix. Il y a non seulement un problème de démocratie, mais aussi de crédibilité du discours sur la démocratie. Par rapport à cela aujourd’hui, sous sommes dans une situation qu’on pourrait qualifier d’hybride et de paradoxale. Ces juntes ont joué avec une stratégie très claire. Par exemple au Mali, qui a toujours trouvé des boucs émissaires avec la France, Barkane, la CEDEAO et les soldats ivoiriens ou encore la MINUSMA, on voit que les militaires au pouvoir sont dans une logique de légitimation. En effet, le fait de mettre en avant l’idée selon laquelle leur souveraineté serait menacée, comme on le sait, mécaniquement, quand il y a menace extérieure autour d’un leadership qui s’est mis en opposition par rapport à un régime civil qui a duré au pouvoir »
Au Sénégal, certains analystes ont interprété une allusion du président Macky Sall sur l’attention à porter à « d’autres forces organisées » comme une invite faite à l’armée pour prendre le pouvoir au cas où les partis politiques et la société civile ne reviennent pas à la raison, en acceptant sa proposition pour un nouveau dialogue inclusif.
Pour le moment, les forces de défense et de sécurité ont la latitude d’exercer leurs droits de vote ; elles sont concurrencées dans certains rôles par des nervis aux services d’organisations politiques, elles ont été secouées dans certaines de leurs composantes par les affaires politiques avec des sanctions disciplinaires ou des disparitions physiques. Il faut souhaiter que l’esprit républicain et laïc puisse continuer d’inspirer la grande muette et ses sœurs dans leurs combats pour la sécurité nationale et leur contribution au développement social, économique et culturel.
En tout état de cause, il faut souhaiter et œuvrer avec l’élection présidentielle en 2024, à la victoire du camp de l’alternative qui s’engage à appliquer les conclusions des Assises Nationales et les recommandations de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI). Ainsi une des premières mesures à prendre serait de revenir sur les crimes impunis, les condamnations injustes et demander pardon, au nom de la Nation aux familles des victimes. Ainsi la Nouvelle République à conduire partira sur de bons auspices.
Babacar Diop Buuba est Coordonnateur du mouvement citoyen
Taxaw Temm - Stand up – Debout.
[1] A propos dans la société civile, je renvoie à ma contribution dans M23 - chronique d’une révolution citoyenne, CONSUP, les éditions de la Brousse, 2014 sour le titre «La société civile et la refondation politique, économique et socio-culturelle, op. Cit. , p. 65 à 72
Concernant les relations entre les acteurs économiques et politiques, j’ai développé mes analyses dans les «Syndicats dans l’histoire; regards et partition universitaire,», Harmattan Sénégal 2019
Pour les questions spirituelles, idéologiques, religieuses, je renvoie à mon texte sur l’autorité des textes religieux dans les batailles politiques, idéologiques, in Propos d’Un Africain sur l’Antiquité, PUD, 2014, p. 298 à 308
par Kamou
LA RÉPRESSION COMME HÉRITAGE COLONIALE DES FORCES DE POLICE
Conçues par et pour le colon, les polices africaines ont longtemps entretenu des liens de répression avec les populations. Si les indépendances sont passées par là, les réflexes d'hier perdurent y compris au Sénégal
L’histoire du colonialisme est intimement liée à la violence extrême, à l’humiliation, au racisme et aux génocides vis-à-vis des peuples colonisés. Les empires coloniaux, qu’ils soient français, britannique, portugais, hollandais, allemands ou encore arabo-musulmans, ont toujours développé des stratagèmes – généralement vernis de terreur et à travers des structures armées – pour le contrôle des sauvages colonisés. En effet, la répression était un langage privilégié dans les rapports entre les colons et les populations colonisées.
S’agissant des colonies d’Afrique, il est important de rappeler que le système colonial a d’abord, dans une configuration hybride des compagnies coloniales, érigé les armées[1] avec des prorogatifs de la police notamment de maintien d’ordre, d’organisation du cadre de vie et de l’espace public. Pour le dire autrement, ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui la police, n’existant pas, c’était à la sphère de l’armée que revenait la tâche d’organiser l’ordre public dans les colonies. C’est ce qui a conduit, à la création des premières structures policières dans les colonies d’Afrique, à un enchevêtrement entre l’organisation militaire et le fonctionnement de la police.
La création des premières compagnies de police concorde avec la volonté des empires coloniaux, pour la plupart, de structurer et d’organiser les administrations coloniales. Et pour ce qu’il en est du colonialisme français, la volonté d’étendre et d’intensifier l’empire sur le continent va entrainer une forme de duplication, dans une relative opacité, de la structure de l’administration métropolitaine dans les colonies. En cela, des segments importants tels que l’enseignement[2], la sécurité, l’administration territoriale entre autres vont faire l’objet de réformes dans le but de la mise en valeur des colonies pour mieux servir la métropole.
Cette reproduction du modèle d’organisation de la métropole dans les peuples esclavagisés porte en elle l’héritage de la conception raciste des différents régimes qui se sont succédé dans le royaume français. En effet, au XVIIe siècle, l’entrée de l’empire français dans la traite esclavagiste fut parsemée par une logorrhée de lois coloniales, racistes et ségrégationnistes administrant ainsi la vie des Noirs à la métropole, puis dans les colonies. Toutefois, en 1777, la création de la police des Noirs, sous l’impulsion de l’ancien lieutenant à Paris et ministre de la marine d’alors, Antoine de Sartine, pendant la parenthèse de la monarchie de Louis XVI, constitua le point d’orgue de la politique raciste et exclusionniste vis-à-vis des Noirs, vaguement appelée personne de couleur. Cette loi intervint après les deux textes de lois de 1716 et 1738[3] qui ont été des échecs.
Dans cette législation, il y était clairement stipulé l’interdiction formelle aux esclavagistes en goguette, sous peine d’amende, de ramener avec eux sur l’étendue du territoire de la métropole « aucun Noir, Mulâtre ou autres Gens de couleur de l’un ou de l’autre sexe ». La seule marge que cette loi accordait aux colons ne prévoyait, dans les cas exceptionnels, que les « Noirs, Mulâtre ou Gens de couleur », une fois dans la métropole, soient parqué dans ce qu’il convenait d’appeler « un dépôt des Noirs » en attendant que leurs maitres reprennent le chemin du retour avec eux. La France, dans une logique de conserver ses intérêts dans ses anciennes colonies, a su, en intelligence avec les régimes locaux après les indépendances africaines, maintenir ses systèmes et doctrines policiers fortement ancrée dans la violence à travers ce qu’on appelle pudiquement « coopération ». D’ailleurs, le service ad ‘hoc de la police française, crée en 1961 par Pierre Lefuel (1921-2010), ancien directeur de la Sureté dans l’actuel Burkina Faso, le Service de Coopération Technique Internationale de Police (SCTIP) aura la responsabilité de la formation des polices nationales dans les anciennes colonies de l’empire français et à ce titre, l’historien Romain Tiquet dira : « Le SCTIP, tant par ses missions que par le personnel employé, a orienté les pratiques des futurs policiers selon des schémas professionnels et procéduriers propres à la police française, et proches des anciens choix du pouvoir colonial (…) permettant à l’ancienne métropole de conserver son influence dans son « pré carré » africain ». Cette structure, fortement pensée et conçue sur la mesure des méthodes coloniales, était majoritairement chapeautée, comme le soutient l’historien Florian Bobin, par les officiers ayant servi dans l’empire colonial français.
La police nationale sénégalaise, historiquement, on peut dire, est née avec l’arrêtée 4313 du septembre 1949 qui attribuait pour la toute première fois le titre de chef de la Sureté de la Délégation à un chef local par les services coloniaux de police. Toutefois, il a fallu attendre l’accession à la souveraineté internationale du Sénégal, en 1960, pour assister à la structuration de la police nationale avec le décret 69.1361 du 6/12/1969 et qui a conduit à une large organisation de la Sureté nationale d’alors, avant de devenir aujourd’hui Direction générale de la police nationale[4].
Ainsi, s’il est vrai que ce corps, sous tutelle du ministère de l’Intérieur, s’est toujours voulu la parure d’un service professionnel respectant les droits humains, il a longtemps été imprégné par des usages et réflexes du système colonial. D’ailleurs, dès l’indépendance du Sénégal, la police servit de bras armé au pouvoir de Léopold Sédar Senghor sous les manœuvres de Jean Collin, qui fut ministre de l’Intérieur. Ancien fonctionnaire dans l’empire colonial français en Afrique et neveu par alliance de Senghor, Jean Collin, redoutable et affuté, avait son ombre qui planait au-dessus de la direction générale de la police dont le Groupement mobile d’intervention (GMI), réputé pour ses « méthodes violentes » à l’égard des populations locales. Couvert par Senghor qui avait une conception violente et carcérale du pouvoir, les forces de polices, sous le commandement de Collin semait la terreur avec une répression systématique et un lot d’arrestations de toutes les dissidences du régime : la traque de 63, 68, la chasse des militants de l’éphémère parti politique And-jef[5], les assassinats maquillés entre autres violences dont les forces de polices étaient les sentinelles.
Ce versant vers la répression et la violence reste des matrices essentielles de nos forces de polices et son héritage colonial ne saurait soustraire leur responsabilité. Ces dernières années, en guise d’illustration, avec l’appui des réseaux sociaux, l’on est devenu plus convaincu et plus renseigné sur le réflexe de l’humiliation et de la répression des forces de police vis-à-vis des autochtones, leurs concitoyens.
Le vocabulaire martial (dégage, minable, etc.) lors des interpellations, les humiliations et la violence pendant la période du couvre-feu décrété pendant de la Covid-19, les interventions musclées et sanglantes dans les universités publiques, les morts dans les manifestations politiques sont autant d’expressions de la terreur dans les rapports entre les forces de police et les populations.
Plus d’une soixantaine d’années après les indépendances africaines, il urge de repenser les modules de formation des différents corps que composent nos Forces de défense et de sécurité. Il est possible que les relations entre ces corps et les populations soient plus respectueuses des droits des citoyens et de la dignité humaine.
[1] Lopes Mathieu, Décoloniser ! Notions, enjeux et horizons politiques. Polices : le temps des colonies n’est pas fini.
[2] Dieng, Amady Aly, Histoire des organisations d’étudiants africains en France (1900-1950)
[3] Bobin Florian, Les forces du désordre, de la répression coloniale aux violences policières
[4] CHEDS, Rapport MOWIP 2020 – 2021, Police et Gendarmerie du Sénégal
[5] And jef/Mouvement révolutionnaire pour la démocratie nouvelle était un parti politique fondé par Reenu-rew le 28 décembre 1974 lors du congrès clandestin. Le parti avait une orientation marxiste-léniniste, de tendance maoïste. Dès 1975, certains leaders du parti furent jetés en prison dont Landing Savané sous le régime répressif de Senghor. Il sera définitivement dissout en 1991.
LE NIGER FERME SES PORTES AUX FRANÇAIS
"Désormais, les Français et les binationaux doivent obtenir un laissez-passer des autorités pour venir au Niger, sinon on les renvoie", a déclaré une source nigérienne, faisant état de six refoulements de citoyens français ces dernières semaines
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 23/02/2024
D'après des informations rapportées dans Le Monde, les relations se dégradent fortement entre la France et la junte militaire qui dirige désormais le Niger, suite au coup d'État du 26 juillet 2023 contre le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum.
Selon plusieurs sources diplomatiques françaises et responsables nigériens s'exprimant anonymement dans les colonnes du quotidien, la majorité des citoyens français tentant de se rendre au Niger avec des papiers en règle se sont vu refuser l'accès au territoire à leur arrivée à l'aéroport de Niamey depuis la fin du mois de janvier.
C'est notamment le cas d'une Franco-Tchadienne et de Jean-Noël Gentile, responsable du Programme alimentaire mondial (PAM) et détenteur d'un passeport diplomatique des Nations unies, qui ont tous deux été refoulés début février, selon les informations publiées par le journal.
"Désormais, les Français et les binationaux doivent obtenir un laissez-passer des autorités pour venir au Niger, sinon on les renvoie", a déclaré anonymement une source nigérienne au Monde, faisant état de six refoulements de citoyens français ces dernières semaines.
De son côté, un conseiller du gouvernement nigérien a reconnu auprès du quotidien tricolore que "les Français sont bien refoulés à Niamey, sans être arrêtés". Les quelques personnes parvenant à franchir les portes de l'aéroport se sont vu en outre confisquer leur passeport par les autorités, selon cette même source gouvernementale.
Le 10 février dernier, Patrick (dont le prénom a été modifié pour des raisons de sécurité), Français résidant depuis plus de 10 ans au Niger et détenteur d'un titre de séjour et d'un passeport valide, s'est également vu refuser l'entrée sur le territoire nigérien, rapporte Le Monde. "L'agent a vu que j'étais Français à ma carte d'identité, il me l'a prise et est parti avec. Quand il est revenu, il l'a donnée au commandant de bord en disant 'Ramenez-le d'où il vient'. Je n'ai pas pu débarquer et je suis reparti en Europe", a témoigné cet homme auprès de nos confrères.
Toujours selon les informations publiées par Le Monde, une dizaine de citoyens français munis de visas ou cartes de séjour délivrés par les autorités nigériennes ont également été priés de quitter le pays. Le journal dénonce des "actes illégaux et xénophobes", qualificatif repris par une source officielle française.
Depuis le coup d'État militaire, les rapports se sont largement dégradés entre Paris, allié du président déchu Mohamed Bazoum, et la junte désormais au pouvoir à Niamey.
par Dialo Diop
MACKY SALL S’ACCROCHE DÉSESPÉRÉMENT AU PARTI-ÉTAT
Que le prochain scrutin présidentiel s’est transformé en un quasi-référendum opposant deux camps : celui des adeptes de la continuité néocoloniale, face à l’immense majorité du peuple, qui en souffre et le subit en victime non consentante (2/2)
Celui-ci, Macky Sall, né après les « indépendances africaines » des années 1960 et prétendant de ce fait être « mentalement décolonisé », va entamer son mandat en surfant sur la vague électoralement porteuse de la Charte de gouvernance démocratique issue des Assises Nationales. L’ayant signée a posteriori sans avoir pris part aux délibérations qui ont abouti au consensus politique le plus large jamais réalisé au Sénégal, le président fraîchement élu s’est empressé de confier au pilote desdites Assises, le patriarche Amadou Mahtar Mbow, la charge de conduire également les travaux d’une Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI). Une mission dont ce nonagénaire et son équipe vont s’acquitter de façon magistrale. Tant et si bien qu’ils complèteront leur rapport final d’un avant-projet de Constitution, une manière élégante de souligner à la fois l’ampleur et l’urgence des réformes institutionnelles à opérer pour « refonder l’Etat et la société », selon les propres termes de la Charte des Assises Nationales.
Or, dès réception dudit rapport final et avant-même la cérémonie tardive de restitution, une levée de boucliers fut orchestrée dans les media par le conseiller juridique du président Sall, un certain Ismaïla Madior Fall, premier juriste local à occuper ce poste, réservé de tout temps à un maître de Requêtes au Conseil d’Etat français…, tout comme d’ailleurs celui de conseiller militaire revenait systématiquement (l’on n’ose pas dire de droit) à un Saint-Cyrien français. Il ira même jusqu’à reprocher publiquement au patriarche Mbow d’avoir outrepassé son mandat !
Quant au chef de l’Etat, il va se borner à faire le tri des recommandations de la CNRI, pour n’en retenir que celles qui convenaient à son nouveau « Plan Sénégal émergent » … Autant dire qu’il avait délibérément choisi de jeter à la poubelle l’essentiel du programme de refondation de la société et de l’Etat, proposé par les sages du pays. Précocement victime du syndrome de l’ivresse du pouvoir, il va alors renier un à un tous ses engagements antérieurs : de la réduction volontaire de la durée du septennat en cours à l’annonce d’une « gestion sobre et vertueuse » de la chose publique, ou encore le slogan « la patrie avant le parti », en passant par son pseudo-référendum
constitutionnel, frauduleux dans le fond comme dans la forme… La liste de ses manquements de tous ordres est interminable et va aller s’aggravant au cours de sa présidence pour culminer à l’approche de la fin de son second et dernier mandat.
Auparavant, il a eu à croiser sur sa route un jeune inspecteur des impôts et domaines du nom d’Ousmane Sonko. Ce dernier est non seulement un des initiateurs du premier syndicat professionnel de son corps d’origine, mais aussi et secondairement le co-fondateur d’un parti politique d’opposition du nom de Pastef (Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité). Fondé en 2014, ce parti se réclame ouvertement de l’héritage politique de Mamadou Dia, véritable père de l’indépendance formelle du Sénégal. Il n’y a point de hasard en histoire, dit-on. Il se trouve, en effet, qu’Ousmane Sonko a pris part aux travaux des Assises nationales (Commission Économie) et va signer par deux fois ladite Charte : d’abord dès 2008 en sa qualité de responsable syndical, puis à nouveau en 2018, en tant que président de Pastef et député non inscrit, unique élu de la Coalition Ndawi Askan Wi (NAW) en 2017. Un exemple sans précédent, à ma connaissance, de confirmation d’un engagement politique avec une décennie de recul. Mais surtout, un contraste éthique saisissant avec un autre signataire rendu fameux par le reniement public de sa signature !
Quoi qu’il en soit, l’adversité entre le chef du nouveau Parti-Etat, Alliance pour la République (APR) et celui qui va peu à peu s’imposer comme le leader de l’opposition patriotique et démocratique (Pastef), ira crescendo au fur et à mesure de l’amplification des succès électoraux de ce dernier, aux divers scrutins aussi bien nationaux que locaux. Depuis sa radiation arbitraire de la fonction publique (2016) jusqu’à l’invalidation arbitraire de la liste des candidats titulaires à la députation de la Coalition Yeewi Askan Wi (YAW) qu’il dirigeait (2022), en passant par la multiplication des procès en sorcellerie, sous divers prétextes aussi fallacieux les uns que les autres (viol avec armes à feu, diffamation, vol du téléphone portable d’une gendarme en civil, attentat à la sûreté de l’Etat lié à une entreprise terroriste, etc.), qui s’avèreront en fin de compte n’être qu’autant de pétards mouillés…
En effet, malgré sa séquestration prolongée à domicile, suivi de son kidnapping et de son emprisonnement, et en dépit de la dissolution autoritaire précédée de la fermeture illégale du siège national de Pastef, et surtout la campagne de terreur blanche prolongée, mais dirigée presqu’exclusivement contre les dirigeants, militants et sympathisants du Parti (plusieurs dizaines de morts par armes à feu, près de 1500 prisonniers d’opinion à travers le pays, nombreux exilés, etc.), en dépit donc de cette véritable guerre non déclarée visant à l’anéantir, le Pastef est parvenu à rester debout et à résister victorieusement aux violents assauts du pouvoir totalitaire du Président sortant. Aussi bien sur le plan politique, en le contraignant à renoncer publiquement à une troisième candidature, qu’au plan juridique en réussissant à présenter un candidat de substitution au président Sonko, illégalement écarté, en l’occurrence le Secrétaire général du Parti, Bassirou Jomaay Faye, qui l’a précédé à la prison du Cap Manuel !
C’est précisément la faillite de son perfide système de parrainage sur mesure, visant à choisir lui-même ses adversaires (et qui lui avait si bien réussi lors du scrutin présidentiel de 2019), avec une vingtaine de candidats au prochain scrutin, qui va le pousser à la faute fatale : la promulgation d’un décret illégal interrompant le processus électoral à la veille de l’ouverture de la campagne, couplée à une loi scélérate dérogatoire à la Constitution et votée nuitamment en procédure d’urgence par un parlement croupion, d’où les députés de l’opposition avaient été préalablement expulsés, suscitant stupeur, indignation et colère dans l’opinion tant intérieure qu’africaine et mondiale…
Une tentative désespérée de coup de force anticonstitutionnel, fort heureusement retoqué par un Conseil constitutionnel pour une fois compétent ! Du coup, il a recours aux manœuvres dilatoires, en appelant à un énième faux « dialogue », visant à prolonger aussi longuement que possible une soi-disant « transition » qui, conformément à la loi fondamentale en vigueur, ne l’autorise pas à présider aux cérémonies officielles de la prochaine « fête de l’indépendance », le 4 avril 2024.
Faut-il rappeler qu’en 1993, la première tentative de mise œuvre du consensus issu des travaux de la Commission Nationale de Réforme du Code électoral, présidée par feu le juge Kéba Mbaye, a entraîné sa démission fracassante de la présidence du Conseil constitutionnel au cours du scrutin présidentiel de février, tandis que l’élection des députés du mois de mai suivant s’est soldée par l’assassinat du vice-président de la même juridiction, Me Babacar Sèye, « juge des élections » ? Il importe de préciser que, dans l’intervalle séparant les deux scrutins, la majorité parlementaire mécanique du Parti-Etat PS avait unilatéralement brisé le consensus du « Code Kéba Mbaye », en retirant le droit de vote aux représentants des candidats au sein de la Commission Nationale de Recensement des Votes, désormais réduits au statut de simples observateurs, pour le réserver exclusivement aux magistrats de la Cour d’Appel de Dakar ! L’on voit que le changement unilatéral et partisan des règles du jeu en cours de partie, par l’héritier de Me Wade n’est que la perpétuation d’une vieille tradition de fraude politicienne typiquement senghorienne, même si elle est en réalité héritée de la tradition jacobine française…
Il n’en demeure pas moins que le prochain scrutin présidentiel s’est transformé en un quasi-référendum opposant deux camps : celui des partisans et bénéficiaires du vieux et calamiteux système du parti-Etat, adeptes de la continuité néocoloniale, face à l’immense majorité du peuple, qui en souffre et le subit en victime non consentante. Nos concitoyens sont dans l’attente d’une véritable alternative et non pas d’une troisième alternance trahie par des politiciens professionnels, qui ne sont ni patriotes, ni démocrates ! Tant et si bien que l’on peut prédire sans risque de se tromper que, si et seulement si le scrutin est calme et paisible, régulier et sincère, qu’un second tour est plus qu’improbable, tant le raz de marée « pastefien » en faveur de la Coalition Jomaay Président semble inéluctable…
Toutefois, il apparaît que partout en Afrique, les échéances électorales, loin d’être des moments forts de débats constructifs, de respiration et de régulation de la vie démocratique, se réduisent à des luttes pour le pouvoir personnel et s’avèrent être les principaux facteurs de crise sociale et d’instabilité institutionnelle, sinon de violence sanglante généralisée. Aussi, n’est-il pas exclu que le président sortant tente un ultime coup fourré pour sauver sa mise, en divisant les rangs du mouvement patriotique et démocratique. Une conspiration assurément vouée à l’échec, étant donné le niveau de prise de conscience des masses et surtout de la jeunesse, auxquelles l’on s’adresse désormais dans les langues africaines, (via media et réseaux sociaux) et le degré de détermination qui en résulte chez les gens.
Quoiqu’il en soit, le minuscule arbre du Sénégal ne saurait nous cacher l’immense forêt africaine… La multiplication des crises structurelles autant dans la sous-région ouest-africaine qu’à travers l’ensemble de notre continent, dans un contexte global de faillite politique, économique et morale de l’Occident impérial, dominé par des génocidaires non repentis, (esclavagistes, colonialistes anciens et nouveaux, ségrégationnistes, racistes incorrigibles et prédateurs impénitents), devraient nous convaincre de l’urgente nécessité de changer radicalement de cap.
D’autant qu’il est aujourd’hui manifeste que ceux qui craignent, depuis toujours, l’avènement de la libre expression d’un authentique suffrage universel, régulier et sincère en Afrique, forment une sainte alliance de prédateurs étrangers, désormais associés à des Africains traîtres à leur patrie et esclaves de leurs intérêts égoïstes. Cette association de malfaiteurs incorrigibles n’est guidée que par la volonté de puissance et de domination, le culte du profit et l’esprit de lucre.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, pourquoi s’étonner que la gestion dépendante et incompétente, autoritaire et corrompue, autrement dit le pouvoir personnel à la solde de l’étranger, qui a caractérisé l’évolution de la quasi-totalité des États africains, des indépendances avortées à nos jours, aient abouti à une impasse, sinon au chaos plus ou moins généralisé partout ou presque ?
Il s’agit donc à présent de savoir tirer les bonnes leçons de la riche expérience de luttes pour la survie collective, accumulée par les peuples africains du continent et de la Diaspora d’ascendance africaine directe, afin de nous donner les moyens de recouvrer la maîtrise de nos propres destinées dans des délais non prohibitifs, de concert avec les autres peuples opprimés du monde, dont il y a également beaucoup à apprendre.
Ainsi, au-delà des principes généraux de l’égale dignité de tous les êtres humains et du caractère inviolable de la vie sur terre, affirmés dès 1212 dans le Serment des Chasseurs, plus connu sous le nom de Charte du Mandé, le premier et le plus concis des « textes sacrés de la liberté », (il ne compte que sept articles, à ne pas confondre avec le faux apocryphe dit du « Kurukan Fugan » qui en compte quarante-quatre…) la leçon principale à tirer de notre expérience historique dans les Temps modernes devrait être que même si tout africain possède un terroir de naissance, forcément situé sur un territoire donné, au sein d’un quelconque pays à travers le continent-mère, il doit être évident, pour chacun et pour tous, que la nation à construire ou la patrie à défendre ne saurait être autre qu’une Afrique véritablement libre parce que, réunifiée, souveraine et démocratique sur la base du principe égalitaire absolu : non ethnique, non racial, non sexiste et non confessionnel ; et, par voie de conséquence, une Afrique non violente.
Dialo Diop est membre de la Coalition Jomaay Président.
par Amadou Tidiane Wone
DIALOGUE POLITIQUE OU CONCERTATION SUR LA DATE DE L’ÉLECTION ?
Poursuivre le processus électoral, à partir de là où il a été interrompu, est la seule conduite raisonnable à tenir face aux urgences qui assaillent notre pays. La situation du pays exige plus de sérieux et de rigueur
Nous attendions le président de la République sortant sur un point essentiel : la fixation d'une date de l’élection présidentielle qu'il a, de son propre chef, reporté sans en avoir le droit. Ce qu'en substance le Conseil constitutionnel lui a rappelé. Il s'agit donc d’une anomalie à corriger. Tout simplement.
En conséquence, poursuivre le processus électoral, à partir de là où il a été interrompu, est la seule conduite raisonnable à tenir face aux urgences qui assaillent notre pays. Un pays qui a un besoin pressant de se relever et de se remettre sérieusement au travail.
L’élection présidentielle, et ses multiples péripéties, qui occupent notre quotidien depuis pratiquement le début du second et dernier mandat du président Macky Sall, doit se tenir « dans les meilleurs délais » selon le Conseil constitutionnel.
Le dialogue politique, nécessaire pour panser les plaies béantes de notre système démocratique se tiendra, impérativement, après l’élection d’un nouveau président de la République. Il ne doit en aucune façon être bâclé et, surtout pas, servir de cénacle pour valider le principe d’une amnistie générale. Non...Non…Non ! Comme en 2012, des enquêtes et audits rigoureux devront être menés pour tout ce qui concerne les actes de mal gouvernance. Tant économiques que judiciaires. Les responsabilités situées et les sanctions idoines prises.
Mais revenons à notre sujet : Pour fixer une date pour le jour du vote, seul chaînon manquant au processus électoral, point n’est besoin de remplir la salle des banquets (Tiens… tiens…) de la présidence de « toutes les forces vives » sic. Nous avons déjà vu ce qu’il en a été avec les « dialogues » antérieurs : des dizaines d’illustres inconnus remplissent la salle et même prennent la parole pour noyer le poisson… On se demande au nom de qui !
La situation du pays exige plus de sérieux et de rigueur. Nous ne pouvons pas continuer à subir les caprices des politiciens. Les tentatives multiples d’éliminer certains de ses rivaux, par le Président sortant, nous ont coûté trop cher en vies humaines et en dégâts économiques et matériels.
Il faut absolument siffler la fin de la récréation !
Le Conseil constitutionnel, la CENA, Le ministère de l’Intérieur et tous les services de l’État concernés, en plus des 19 candidats déjà validés ou leurs mandataires, peuvent valablement délibérer sur une date. Celle-ci doit, tout simplement, correspondre au rattrapage des jours perdus en raison de l’annulation du décret convoquant le corps électoral. Illégalement. Il ne s’agit de rien de plus !
Toute autre option reviendrait à reprendre tout le processus électoral. Ce qui serait une hérésie et surtout un pied de nez au Conseil constitutionnel qui a argumenté et motivé, au plan du droit, toutes ses décisions. On peut être du même avis ou pas. Mais ces décisions ne sont susceptibles d’aucun recours. Duralex sed lex !
Au demeurant, nous sommes dans une situation disons kafkaïenne !
Jugez-en : le Premier ministre, chef du gouvernement de la République, se fait traiter de tous les noms par des ministres de son gouvernement ! Sans suites. Voyant cela, des hauts fonctionnaires deviennent téméraires et expriment, publiquement, leur défiance au chef du gouvernement. Sans conséquences ! Et pourtant, ce Premier ministre accusé, sans preuves, de corruption sur des juges du Conseil constitutionnel, a vu le président de la République lui renouveler sa confiance…Pour le remplacer ! Vite un doliprane !
Vous ne pensez pas qu’il est temps de mettre de l’ordre dans ce pays ?
JUAN BRANCO RÉAGIT À L’ARRESTATION DE NGAGNE DEMBA TOURÉ
"Les greffiers sénégalais ont participé sans broncher aux procédures ayant amené à la détention de milliers de sénégalais. Aujourd’hui qu’un greffier est arrêté, ils tentent enfin, et bien tardivement, de se mobiliser pour sauver l’un de leurs, menacés"
L’avocat français d‘Ousmane Sonko a réagi au placement sous mandat de dépôt de Me Ngagne Demba Touré et le soutien qu’il a reçu de la part de sa corporation. Analysant ce soutien d’un autre angle, Juan Branco estime la situation aurait pu être autre si les greffiers, dès les premières arrestations massives de membres du PASTEF, avaient émis leur veto. Cependant, ils ont préféré gardé le silence jusqu’à ce que le même sort s’abatte sur un des leurs. Ainsi, ajoute-t-il, «demain, ce seront les magistrats qui seront touchés. Et ce sera le fruit de leur attention. De leur complicité. De leur inanité ».
«Les greffiers sénégalais ont participé sans broncher aux procédures ayant amené à la détention de milliers de sénégalais. Aujourd’hui qu’un greffier est arrêté, ils tentent enfin, et bien tardivement, de se mobiliser pour sauver l’un de leurs, ainsi menacé. Trop tard. Que cela sert d’avertissement. (…) Il n’y aura personne pour venir les sauver : car ils auront détenu tous ceux qui auraient pu se mobiliser. Car ils laisseront prospérer les tueurs qui demain viendront les chercher. Ceux qui servent le mal et le propagent ne sont jamais épargnés. Leur lâcheté sert l’indignité. Il n’y a rien de plus écœurant qu’un homme ou une femme de droit qui, par servilité, l’accommode au pouvoir et accepte de le faner. Que les êtres de robe cessent d’entacher leur âme et montrent enfin leur fierté. Liberté pour Demba Touré », a-t-il écrit sur con compte X (anciennement Twitter).
Selon son avocat Me Bamba CISSÉ, Ngagne Demba Touré a été plus chargé que Ousmane Sonko. Il est poursuivi entre autres crimes, d’actes terroristes et d’association de malfaiteurs.
LE POUVOIR ÉBRANLÉ DE MACKY SALL
Le chef de l'Etat tente désespérément de « s'assurer une sortie par la grande porte », mais semble « otage de son entourage » composé de proches s'étant « illégalement enrichi » sous sa présidence et craignant des poursuites
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 23/02/2024
Ministre, Premier ministre puis président durant 12 ans, Macky Sall a régné sans partage sur la scène politique sénégalaise, réussissant l'exploit de se hisser progressivement au sommet de l'État et d'écarter tous ses rivaux potentiels, à en croire le ministre ouest-africain cité par Le Monde du 22 février 2024. Consacré comme un "grand tacticien" selon ce dernier, l'aura de celui qui négociait encore récemment au nom de l'Afrique avec Poutine et Zelensky dépassait largement les frontières de son pays.
Cependant, alors qu'il s'apprêtait à quitter le pouvoir après l'élection présidentielle du 25 février, Macky Sall semble avoir "tout à coup perdu la main", plongeant le Sénégal dans une crise politique majeure. En annonçant brusquement le report du scrutin le 3 février, le chef de l'État pensait verrouiller le processus électoral. Mais sa décision sans précédent a été contrée par le Conseil constitutionnel qui l'a contraint à passer la main le 2 avril. Depuis, il tente désespérément de "s'assurer une sortie par la grande porte", selon le quotidien.
Pour certains observateurs, cités par Le Monde, ce revirement s'expliquerait par la crainte de Macky Sall de voir son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Ba, perdre face à l'opposant Ousmane Sonko. Figurant majeure de la scène politique ces dernières années, le quadragénaire était devenu selon le journal le "meilleur ennemi" du chef de l'État. Arrêté et privé de ce duel annoncé dans les urnes après sa condamnation pour diffamation, Sonko et ses partisans n'ont cessé de défier Macky Sall, entretenant une forte tension dans le pays.
Dans ce climat délétère, Macky Sall se retrouve "otage de son entourage" s'atant "illégalement enrichi" sous sa présidence, selon une source citée. Ses anciens collaborateurs comme Aminata Touré l'accusent d'ailleurs d'avoir "voulu casser des opposants" pour se maintenir au pouvoir, au prix de graves atteintes à la démocratie. Face à ce tableau accablant, le président tente désespérément un rapprochement avec Sonko, conviant chez lui dans la nuit du 8 février l'architecte Pierre Goudiaby Atepa, proche de ce dernier.
Mais sa stratégie jusqu'alors payante semble avoir échoué. Fragilisé, Macky Sall doit désormais libérer des détenus politiques et négocier une sortie de crise alors qu'il rêvait à de hautes responsabilités diplomatiques. A 62 ans, cet "hyprésident" dont le bilan économique est salué laisse pourtant derrière lui selon des analystes "beaucoup de mal fait à la démocratie". Reste à savoir s'il parviendra à quitter le pouvoir "par le haut" après avoir dangereusement fait tanguer son pays.
Par Adama GAYE
SÉNÉGAL, UNE PIROGUE EN EAUX TROUBLES
Il ne sera plus président de la République au soir du 2 avril. Macky Sall succombe à la pression planétaire mais tente de tordre le cou à une Assemblée nationale serpillière pour se faire voter une loi d’amnistie sur ses graves crimes...
Il ne sera plus président de la République au soir du 2 avril. Macky Sall succombe à la pression planétaire mais tente de tordre le cou à une Assemblée nationale serpillière pour se faire voter une loi d’amnistie sur ses graves crimes, en se servant d’opposants immoraux. Son échec est patent. Il laissera un pays exsangue.
C’est l’épisode improbable d’un paradis africain en...feu.
Enrobé d’une culture irénique au point d’être considéré comme un cas à part dans une Afrique, terre de violences, le Sénégal se posait comme l’espoir solitaire mais persistant dans une géographie qui avait fini par désespérer les plus optimistes.
Il voguait telle une douce nacelle jusqu’à se croire inoxydable face aux nombreux et divers chocs subis par le continent. Tout a soudain changé, suite à une série de mauvaises manœuvres de son capitaine.
Piqué par on ne sait quelle envie suicidaire, c’est lui qui l’a imprudemment plongé dans des eaux incertaines, gorgées de récifs invisibles, alors que le pays a depuis toujours navigué dans un milieu stable, baigné par un écosystème démocratique qui, longtemps, en a fait une référence africaine.
Dans la langue locale, le Wolof, le Sénégal signifie «notre pirogue» et il se distinguait par le dynamisme de sa vie publique alors que partout ailleurs sur le continent le déchaînement des éléments, entre coups d’Etats militaires et malédiction des ressources, mal gouvernance, s’imposait comme la norme.
C’était avant. Avant ces dernières années où il trône sur le hit-parade des chroniques de la honte. Quand, pris ou projeté dans une folle tourmente politique, il ne cesse de s’affirmer comme le dernier ersatz des États faillis qu’on ne compte plus en Afrique.
Soixante quatre ans après une indépendance nationale qu’il célébrera le 4 avril, gorge nouée et tête surplombée par des nuages dans son ciel de plus en plus sombre, ce pays, situé à la pointe occidentale de l’Afrique, n’en finit plus de donner l’air d’être un navire ivre, à la dérive. Au milieu des tensions politiques, du recul, voire de l’agonie, de sa démocratie, des trafics en tous genres, dont celui devenu exorbitant de la drogue et de l’argent sale, pendant qu’un climat de terreur grippe le débat pluriel qui a toujours été le facteur discriminant d’un peuple joyeux et bavard, dont on a pu dire qu’il croyait avoir agi dès lors que sa faconde s’était libérée.
Désigné en terre de la Téranga, l’hospitalité selon son autre nom local, le Sénégal est désormais méconnaissable. On y a même vu des escadrons de la mort, lourdement armés, tirer à balles réelles, aux côtés des forces de défense et sécurité, ayant elles aussi perdu le Nord, sur des foules, surtout jeunes, qui cherchent à se sauver d’un quotidien repoussant tout en rêvant de redonner des couleurs à la démocratie nationale. Des tueries extra-judiciaires y sont devenues banales sous l’action débridée des forces de sécurité. Les arrestations ne sont plus encadrées par la loi. Les marchés politiques, constitutionnellement protégées, ne sont plus permises qu’aux proches d’un pouvoir ayant fini de vider une démocratie de façade de ce qui en était la substantifique moelle. Les institutions n’en sont pas sorties indemnes. La Constitution, plusieurs fois violée, n’est, elle, plus qu’un torchon.
Si le Sénégal intéresse encore hors de ses frontières, c’est qu’il y est encore vu comme une...bouée de sauvetage dans une Afrique loin de réaliser ses promesses se décollage. Sinistrée !
Seul pays, en dehors de l’insulaire Cap Vert, sur une bande qui s’étend de la Côte Atlantique à l’Océan Indien, à avoir jusqu’ici échappé aux cliquetis des armes des grandes guerres civiles, en excluant les menées séparatistes dans sa partie méridionale de Casamance, et n’ayant pas encore entendu les bruits de bottes des auteurs de ‘pronunciamentos’, le Sénégal pouvait encore se gausser, voici peu, d’être une exception africaine.
Qui ose encore douter qu’il ne l’est plus depuis que, le 3 février dernier, son capitaine de bord, qui n’est autre que son Chef de l’Etat sortant, Macky Sall, y a fait ce qui s’apparente à un coup d’Etat institutionnel en arrêtant brutalement le processus électoral dont le point culminant devait être la tenue d’un scrutin présidentiel le 25 février pour lui trouver un successeur parmi une vingtaine de candidatures que le Conseil constitutionnel du pays avait validées.
Ce coup de barre n’a pas que fracassé le mat de la pirogue sur des récifs qui l’ont profondément voire définitivement endommagé mais la laisse navigant vers nul ne sait où...
Le Sénégal vit les heures les plus sombres de son histoire. Si la classe politique, pouvoir comme opposition, mue par des intérêts grégaires et entretenant des relations adultérines qui la rendent difficile à déchiffrer, ou départager sur des lignes ou valeurs claires, personne ne saurait cependant se tromper sur le vrai coupable de cet imbroglio : Macky Sall !
En prenant le pouvoir en 2012, avec l’aide tacite de son mentor et prédécesseur, Maître Abdoulaye Wade, dans une alliance impie, que peu avaient flairée, Macky Sall incarnait, à tort, l’espoir d’un renouvellement du jeu politique sénégalais. Que nenni ! Dès qu’il s’est installé sur un fauteuil présidentiel aux pouvoirs excessifs, celui dont la douteuse et débordante fortune financière suscitait des moues dubitatives n’a eu de cesse de vouloir gouverner de façon autocratique un peuple frappé au coin de la liberté dans son ADN.
Peu à peu les prisons du pays, où l’on ne relevait plus de traces de détenus politiques, commencèrent à s’en remplir jusqu’à en compter plus d’un millier. Les libertés publiques s’étiolèrent au fil de la gouvernance d’un régime progressivement intolérant. Les voix dissidentes furent contraintes au silence et à l’exil. Et, au même moment, des forces sociales ténébreuses prirent en otage le pays. Ses ressources naturelles, y compris ses découvertes d’hydrocarbures, capturées par la fratrie et le parti d’un homme qui s’était pourtant fait élire avec la promesse ferme d’une gestion sobre et vertueuse du pays. Des trafiquants plus audacieux que jamais comprendront vite que ce n’était là que propos de campagne électorale. Qui s’étonne qu’ils aient transformé le Sénégal, sous l’œil tendre et compréhensif autant de son dirigeant numéro un que de ses instances de veille ou régulation, en passoire de la drogue et de l’argent sale ?
Tant que l’illusion démocratique perdurait, le reste du monde pouvait être bluffé. Jusqu’à faire de Macky Sall un...chouchou de la communauté internationale. À tel point que du groupe le plus industrialisé au monde, le G7, à celui le plus représentatif, le G20, il n’y avait presque plus de grandes rencontres sans que sa voix y soit convoquée. Au nom de l’Afrique !
Que des dirigeants autoritaires, notamment ceux de la Chine, de la Turquie ou de la Russie, lui aient trouvé des accointances, toutes douteuses qu’elles soient, passe encore. Mais la cécité de ce qui reste de l’Occident et de ses valeurs droits-de-l’hommistes, démocratiques, est une énigme proche de la quadrature du cercle. Entre une complicité injustifiable dans ses relations avec le locataire de l’Elysée, Emmanuel Macron, sa place primordiale à un Sommet Europe-Afrique, voici deux ans jour pour jour, et lors d’une réunion similaire à la Maison Blanche, en décembre 2022, quel observateur attentif n’a pas pu penser que les pays qui portaient le flambeau de la liberté et de la démocratie y ont perdu leur âme ?
Est-ce pour se rattraper qu’ils ont, autant que les organisations régionales africaines, dont l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), réagi avec une vigueur inespérée pour flétrir ce qu’ils découvrent sur le tard ? Par une stratégie de l’appeasement, hélas suffisamment testée depuis l’année d’avant le déclenchement de la 2ème guerre mondiale pour cajoler Adolf Hitler, ils ont conforté un monstre. Le peuple sénégalais en paie les dérives. Pendant qu’une vieille démocratie, à bout de souffle, agonise. Sous les genoux d’un homme dont l’odieux visage n’échappe plus à qui que ce soit...
La question est de savoir si la communauté dite internationale se contentera de pétitions de principes concernant son coup de Jarnac. Autrement dit, s’il le laissera s’échapper, au-delà de récriminations usuelles du bout des lèvres, avec ce qui est, de toute évidence, la version civile de ces intrusions militaires dans la gouvernance des États qui font l’unanimité contre elles.
Une lueur d’espoir pointe à l’horizon avec la prise de conscience, exprimée en réprimandes verbales de Paris à Bruxelles, Washington et dans les milieux africains de tous bords, des balafres que Sall a posées sur la désormais dégradée vitrine démocratique la plus ancienne du continent.
Le peuple sénégalais, sans illusion, attend d’y voir plus clair. Il reste l’arme au pied, prêt à restaurer son narratif national aujourd’hui écorné par celui qui disait vouloir l’embellir — c’était avant qu’il ne transforme la pirogue Sénégal en Titanic en puissance.
Adama Gaye, ex-détenu politique au Sénégal, en exil, est auteur d’Otage d’un État et de Demain, la nouvelle Afrique (Éditions l’Harmattan, Paris).
AMINATA TOURÉ REJETTE TOUT DIALOGUE AVEC MACKY SALL
L’ancienne Première ministre a opposé un refus catégorique de discuter avec le chef de l’Etat. Elle estime qu’ « à cette étape du processus électoral que Macky Sall a lui-même illégalement interrompu à 10h de l’ouverture de la campagne électorale.
Le président Macky Sall a réaffirmé ce 22 février, lors d’une sortie médiatique, son désir de tenir le dialogue avec les candidats de la présidentielle et ceux dits spoliés pour discuter de la tenue de l’élection présidentielle. Le but: trouver un consensus pour une élection transparente, inclusive et libre.
Cependant, nombre de ces acteurs politiques ont décliné son invite.
Aminata Touré, fondatrice du collectif des candidats spoliés à, des lors, opposer un refus catégorique de discuter avec le chef de l’Etat.
Dans une note, elle estime qu’ «à cette étape du processus électoral que le Président Macky Sall a lui-même illégalement interrompu à 10 heures de l’ouverture de la campagne électorale, tout ce que nous lui demandons publiquement, à l’instar de l’écrasante majorité de nos concitoyens qui vivent en ce moment un stress palpable, c’est qu’il se conforme à la décision du Conseil constitutionnel en organisant l’élection présidentielle avant son départ».
A ce titre, révèle l’ancienne ministre et candidate à la présidentielle, «comme candidate spoliée de mon parrainage injustement invalidé, je ne participerai à aucun dialogue ni concertation, encore moins à un entretien ou une causerie avec le Président Macky Sall ».
Se désolant de la posture du gardien de la Constitution dans son discours tenu la veille, Aminata Touré ajoute que Macky Sall qui doit terminer son mandat le 2 avril «n’a moralement et juridiquement pas le droit de laisser notre pays dans un imbroglio institutionnel gros de tous les risques ».