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24 mai 2025
par Ibra Pouye
MACKY SALL RACONTÉ À MON ENFANT
La rupture totale d’avec le peuple est consommée quand il a annulé la présidentielle de 2024 à 10 heures d’intervalle du début de la campagne électorale
Plongé dans un bouquin sans fin et dominé par une certaine paresse intellectuelle, j’entends l’enfant, le mien, chanter une ode joyeuse dans l’air du temps et glorifiant quelques politiques et citoyens épris de justice aspirant à la paix sous-tendant le développement. «Ôyé, Sonko namnala, ôyé...».Tout à coup tel un chat à la recherche de sa proie, je reste scotché aux sons sortant de la bouche de l’enfant. Je le prends sur mes genoux et d’un air sérieux, je lui demande s’il aimerait que je lui raconte l’histoire de celui qui gouverne le Sénégal, ce pays si beau et si spécial et il opine du chef. Mais vu son âge, cette histoire, je la raconte dans un langage élémentaire pour sa compréhension. Même s’il ne comprend pas la quintessence de toute cette histoire mais qu’il en saisisse un bon bout.
Mon fils,
Macky Sall, notre président de la République, est né le 11 décembre 1961 à Fatick, après le soleil des indépendances et depuis 2012 il est l’homme qui dirige d’une main de fer le Sénégal. Main de fer, mon fils, veut dire, il manie la carotte et le bâton mais plutôt le bâton parce que le Sénégal est un pays très spécial. Le sénégalais est comme l’arabe. Il est quelqu’un qui a toujours besoin d’être recadré. Macky Sall vient d’une famille de propriétaires terriens mais l’histoire raconte autre chose que la décence m’interdit de te dire vu ton âge. Mais c’est un quelqu’un qui a beaucoup de mérite parce que son père Amadou Sall était gardien d’école et sa maman, Coumba Thimbo, vendait des cacahuètes. Il ne devait pas être heureux, une raison qui l’a poussé à travailler durement à l’école. L’histoire dit que sa famille était tellement pauvre qu’il lui arrivait souvent de ne pas manger trois fois par jour. Vu son jeune âge, il a très tôt aimé la politique en fréquentant un petit parti politique. Quand il a eu le bac, il est allé continuer ses études à Dakar jusqu’à devenir ingénieur en géologie. Mais il militait aussi dans le Parti démocratique sénégalais. Parti d’un vieux chauve et leader charismatique qu’on appelle Abdoulaye Wade niombor. Niombor parce qu’il est très malin et très intelligent.
Mon fils,
Cet homme, Macky Sall a eu une carrière très rapide comme le Ter que j’emprunte quand je vais à Dakar. Son mentor et son deuxième papa, Abdoulaye Wade, l’a pistonné et à tous les postes. Ce qui fait dire que Macky Sall ‘’dafa am liggéyu nday’’, il récolte jusqu’à présent les fruits du travail de sa mère. Dans les années 2000, il a été patron du pétrole sénégalais et haut cadre du parti d’Abdoulaye Wade grâce à son parcours. Et quand Wade accédait au pouvoir, il piaffait d’impatience pour faire partie du nouveau gouvernement mais le destin en avait décidé autrement. De 2001 à 2007, il gravit les escaliers de la galaxie Wade. De ministre des Mines, de l’énergie et de l’hydraulique, il devient ministre de l’Intérieur, Premier ministre et puis président de l’Assemblée nationale et tout en créant un réseau dense de proches collaborateurs. A la fin, il s’est fâché de son chef et père qui ne voulait plus de lui. Certes courageux et va-t-en-guerre, il crée son propre parti, l’Alliance pour la République. Et c’est en ce moment qu’il est accusé de détournement de l’argent public. Macky en bon enfant est allé pleurer dans les boubous d’un puissant marabout de la confrérie mouride mais je ne peux te dire qui est véritablement Macky Sall parce que sa parole ne vaut pas une pincée de riz.
Mon fils,
En 2012, à la surprise générale, Macky Sall remporte les élections présidentielles avec son fameux slogan de campagne le « Yoonu Yookuté». Fourbe comme Leuk-le-Lièvre, il a fait le tour du pays tout en laissant ses amis de l’opposition manifester à Dakar. Quatrième président du Sénégal, il prête serment dans un luxueux hôtel de la capitale devant un parterre de personnalités venues du monde entier. Au vu de sa jeunesse, le peuple était content et dansait. La joie emplissait les coeurs mais certains doutaient qu’il n’est pas ce qu’il montre rééllement en public. Quand il a pris le pouvoir, mon fils, l’on commençait à regretter son arrivée. Parce qu’il n’aime pas la contradiction et pourchasse ses propres adversaires politiques. Sa première victime a été Karim Wade, le fils d’Abdoulaye Wade qu’il a mis en prison. Une victime parmi tant d’autres de cet homme introverti et froid au regard fuyant. Mais dans son règne, il est des malversations financières dans son proche entourage. En termes plus simples, beaucoup de ses proches volent l’argent du peuple et surtout son propre griot. Le bouffon du roi. Pour lui, le Premier ministre et les ministres sont des simples collaborateurs. Il s’est toujours vu comme un roi et les sénégalais ses propres sujets. En effet, il est devenu méchant et paranoïaque à cause de sa boulimie du pouvoir. Riche comme Crésus. Voyageant avec femme et enfants comme il veut à travers la planète.
Mon fils,
L’année 2019 est l’année de sa consécration en politique parce qu’il remporte les élections présidentielles, ère de son 2e mandat. Et à la surprise générale, il supprime le poste de Premier ministre pour être le seul maître à bord du paquebot Sénégal. Dans cette période, le peuple impuissant assiste à la kyrielle de scandales financiers. Mon fils, nous avons un président qui est lié aux puissants lobbys financiers et occultes. On l’a même accusé d’avoir donné de l’argent à Marine Le Pen, une politicienne française qui n’aime ni les noirs et encore moins les arabes.
Mon fils,
A vrai dire, nous avons quelqu’un de très méchant qui n’hésite pas à maltraiter son peuple. Il emprisonne et tue de jeunes manifestants. Faisant fi des recommandations des puissants chefs religieux, il n’a peur que de quelqu’un, un certain Ousmane Sonko, « Ôyé, Sonko namnala, ôyé...». A défaut de l’assassiner, il met ce dernier en prison grâce à sa police et sa gendarmerie brutales et aidé d’un haut gradé qu’on appelle Rambo Fall. Tu sais, mon fils, le nom de Macky Sall et quelques noms de son entourage reposent sur la table d’un grand juge d’un pays très lointain qui se nomme les Pays-Bas. Il est accusé de crimes contre l’humanité et cela ne s’est jamais passé au Sénégal. En juin 2023, plusieurs gosses qui manifestaient ont été fauchés par des balles. Pour calmer la rue, il s’adresse à la nation qu’il ne ferait pas un 3e mandat tout en menaçant son propre peuple. Mais l’on se demande encore si cet homme est normal lorsqu’il désigne le candidat de sa propre coalition politique et essaie de l’abattre en même temps par un complot ourdi par lui et sa bande de députés. La rupture totale d’avec le peuple est consommée quand il a annulé la présidentielle de 2024 à 10 heures d’intervalle du début de la campagne électorale. La goutte de trop pour le peuple qui est sorti en masse manifester. Bilan, quatre jeunes assassinés par balles. Paix à leur âme, amen. Et là mon fils, il est seul, très seul et au fond du trou. Le Conseil constitutionnel, l’instance suprême de notre juridiction lui intime l’ordre d’organiser le plus rapidement les élections avant que le pays brûle. Le peuple est dans une attente fiévreuse.
Mon fils,
Cet homme, son élément est le feu et j’espère ne pas voir la prophétie de feu le professeur Cheikh Anta Diop se réaliser. Mais je préfère ne pas m’en étaler vu ton jeune âge. Mais ce Macky Sall risque de nous réserver encore des surprises désagréables. Quant à Ousmane Sonko, je te raconterai son histoire la prochaine fois inchallah. Promis, juré et craché fiston. «Ôyé, Sonko namnala, ôyé...» Reprit l’enfant de plus belle.
CÔTE D'IVOIRE, 51 PRISONNIERS GRACIÉS
Alassane Ouattara a "informé le Conseil national de sécurité (CNS) de sa décision d'accorder la grâce présidentielle à des personnes civiles et militaires condamnées pour des infractions commises lors des crises post-électorales ..."
Cinquante-et-un prisonniers civils et militaires ont été graciés jeudi soir en Côte d'Ivoire par le président de la République, dont le général Brunot Dogbo Blé, condamné dans l'affaire des "disparus du Novotel", l'enlèvement et le meurtre en 2011 de quatre personnes, dont deux Français.
Alassane Ouattara a "informé le Conseil national de sécurité (CNS) de sa décision d'accorder la grâce présidentielle à des personnes civiles et militaires condamnées pour des infractions commises lors des crises post-électorales et pour atteinte à la sûreté de l'Etat", selon un communiqué du CNS qui précise que 51 personnes étaient concernées. Parmi elles, figure Brunot Dogbo Blé, condamné en avril 2017 à 18 ans de prison pour son implication dans l'affaire des "disparus du Novotel".
Le 4 avril 2011, au plus fort de la crise post-électorale en Côte d'Ivoire, un commando venu de la présidence, alors aux mains des partisans de Laurent Gbagbo, avait fait irruption à l'hôtel Novotel d'Abidjan, capitale économique en proie aux combats, s'emparant de quatre personnes, dont deux Français. Ce commando avait emmené son directeur, le Français Stéphane Frantz Di Rippel, son compatriote Yves Lambelin, directeur général de Sifca, le plus grand groupe agro-industriel ivoirien, l'assistant béninois de celui-ci, Raoul Adeossi, et le Malaisien Chelliah Pandian, directeur général d'une filiale de Sifca.
Selon l'enquête, les quatre hommes ont été emmenés au palais présidentiel, torturés et tués. Leurs corps ont ensuite été jetés dans la lagune d'Abidjan. Celui d'Yves Lambelin est le seul à avoir été formellement identifié. La libération de M. Dogbo Blé était réclamée depuis plusieurs années par Laurent Gbagbo, lui-même gracié en août 2022, qui estime qu'il était un "prisonnier d'opinion".
"Décrispation"
"C'est un acte qu'on ne peut que saluer. Ca ne peut que participer à une décrispation, à un retour d'un climat politique qui doit être normalisé. Mais il y a encore beaucoup à faire", a réagi auprès de l'AFP Me Habiba Touré, porte-parole du Parti des peuples africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI), la formation de M. Gbagbo.
Cette décision du président Ouattara intervient conformément à "son engagement d'oeuvrer résolument à la consolidation de la paix" en Côte d'Ivoire, précise le CNS, dans le communiqué. Un autre nom important figure parmi les listes des graciés: Souleymane Kamagaté, alias "Soul to Soul". Cet ancien chef du protocole de l'ex-Premier ministre Guillaume Soro avait été condamné à 20 ans de prison, confirmés en appel il y a un an, pour "tentative d'atteinte à la sûreté de l'Etat". Deux autres proches de M. Soro sont aussi concernés, l'ancienne ministre Affoussy Bamba et son ex-chef de la communication Moussa Touré.
Guillaume Soro, ancien allié du président ivoirien Alassane Ouattara, est accusé d'avoir fomenté avec ses partisans une "insurrection civile et militaire" lors de son retour avorté dans son pays en décembre 2019. Après un exil de quatre ans, il est depuis fin 2023 retourné en Afrique, et se trouve entre le Niger, le Burkina et le Mali.
Jeudi, le président ivoirien, a par ailleurs souhaité que soit érigé un "Mémorial en hommage aux victimes des graves crises" que le pays a connues ces dernières années. Outre la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait plus de 3.000 morts, la Côte d'Ivoire a connu des troubles lors de la présidentielle de 2020 qui avait vu la réélection d'Alassane Ouattara pour un troisième mandat controversé.
Les violences avaient fait 85 morts et 500 blessés. Depuis, le pays connaît une période d'apaisement politique avec plusieurs élections tenues dans le calme. La prochaine présidentielle doit se tenir en octobre 2025.
L’AMBASSADEUR DES ÉTATS-UNIS AU SÉNÉGAL A REÇU LA COALITION DIOMAYE PRÉSIDENT
A l’issue de leur rencontre, le représentant diplomatique des Etats-Unis au Sénégal tient particulièrement à ce que la liberté d’expression et de réunion soit respectée au Sénégal.
Par une délégation conduite par Habib SY, la Coalition Diomaye Président a été reçue par l’ambassadeur Raynor pour discuter de la situation politique actuel du pays. Selon une déclaration sur le compte X de l’ambassade à l’issue de leur rencontre, le représentant diplomatique des Etats-Unis au Sénégal tient particulièrement à ce que la liberté d’expression et de réunion soit respectée au Sénégal.
«Lors d’une réunion avec la Coalition Diomaye 2024, l’ambassadeur Raynor a souligné à quel point les libertés de réunion et d’expression sont essentielles dans une démocratie, ainsi que l’importance que les États-Unis accordent à un engagement politique pacifique, légal et responsable. Il a exprimé le soutien des États-Unis à la démocratie sénégalaise et l’espoir que l’élection présidentielle aura lieu le plus tôt possible », peut-on lire sur le post de l’ambassade.
A noter que dans une perspective d’apaiser l’espace public et tenir une élection transparente et inclusive, le président Macky Sall dit vouloir tenir un dialogue à partir de ce lundi 26 février avec les acteurs politiques et de la société civile. Lequel dialogue, la Coalition Diomaye Président ne participera pas.
MACKY SALL A PRÉVU DE RECEVOIR LES 19 CANDIDATS LUNDI, SELON ABDOULAYE SAYDOU SOW
"Je puis vous affirmer que le Président a instruit le ministre de l’Intérieur pour dire qu’il est prêt à recevoir les candidats retenus lundi, à 11h, avant l’ouverture du dialogue. Alors, pourquoi ils ne répondraient pas ? "
Le FC25 qui regroupe 16 des 19 candidats à l’élection présidentielle a catégoriquement refusé de répondre au dialogue convoqué par le Président Macky Sall. Les principaux concernés l’ont fait savoir au cours d’une conférence de presse vendredi.
Dans la soirée, le ministre de l’Urbanisme, membre de l’APR, a pourtant indiqué le président de la République a décidé de recevoir les 19 candidats avant l’ouverture de son dialogue.
«Le président n’a jamais exclu une rencontre avec ces candidats. Il ne peut quand même pas utiliser le terme ‘’candidats spoliés’’. Et puis, quoi que l’on puisse dire, l’élection présidentielle engage tous les citoyens de ce pays. Donc, je puis vous affirmer que le Président a instruit le ministre de l’Intérieur pour dire qu’il est prêt à recevoir les candidats retenus lundi, à 11h, avant l’ouverture du dialogue. Alors, pourquoi ils ne répondraient pas ? Je vous donne une information et vous analysez après», a-t-il affirmé.
Tard dans la soirée, la Coalition Diomaye Président a sorti un communiqué pour dire clairement qu’il ne compte pas dialoguer avec Macky Sall. Nous dirigeons-nous vers un long week-end de tractations ?
L’UCAD VA ROUVRIR SES PORTES APRÈS PLUS DE 7 MOIS DE FERMETURE
L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a été fermée après les violents événements du moins de juin 2023, suite à la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko, pour corruption de la jeunesse.
L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a été fermée après les violents événements du moins de juin 2023, suite à la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko, pour corruption de la jeunesse.
Le Conseil académique de ladite université qui s’est réuni ce vendredi 23 février 2024 sous la présidence du Recteur, Professeur Ahmadou Aly Mbaye, a décidé de mettre un terme à la suspension des cours en présentiel.
« Après avoir examiné le deuxième point de l’ordre du jour concernant la situation universitaire et pris connaissance des conclusions du comité de sécurité élargi, le Conseil académique décide de la levée de la mesure de suspension des enseignements en présentiel à compter du 26 février 2024 », peut-on lire sur la note publiée sur le compte Facebook officiel de l’UCAD.
DES ENSEIGNANTS-CHERCHEURS APPELLENT A DES REFORMES MAJEURES
Dans le cadre d’un projet visant à stimuler le débat public pré-électoral, le Think Tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest-Wathi a organisé hier une table ronde réunissant des enseignants-chercheurs sénégalais.
Dans le cadre d’un projet visant à stimuler le débat public pré-électoral, le Think Tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest-Wathi a organisé hier une table ronde réunissant des enseignants-chercheurs sénégalais. L’objectif était clair : identifier les priorités nationales et les réformes nécessaires que les candidats à la Présidentielle devraient prendre en compte avant l’élection.
A quelle date la prochaine élection présidentielle aura-t-elle lieu au Sénégal ? Devons-nous repenser l’éducation et l’enseignement supérieur dans sa globalité ? Quelles perspectives politiques, économiques, sociales, culturelles du pays pendant au moins cinq ans ? C’est pour répondre à ces questions que le Think Tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest-Wathi a organisé hier une table ronde permettant à des enseignants-chercheurs sénégalais de se pencher sur les priorités nationales avant l’élection présidentielle. C’est en tout cas l’avis de Dr Gilles Olakunlé Yabi, Directeur exécutif de Wathi. «Notre objectif est de contribuer à la création d’un espace pour un débat public pré-électoral impliquant les enseignants-chercheurs des universités sur ce que devraient être les priorités et les orientations de l’action publique en matière de réformes institutionnelles, de politiques économiques, éducatives, sociales, culturelles, environnementales», a dit Dr Gilles Olakunlé Yabi, lors de la table ronde que son laboratoire a organisée à Dakar. D’après lui, les recommandations qui seront formulées par ces experts devraient servir de base solide pour orienter les politiques à venir et garantir un avenir meilleur pour le Sénégal. «Le travail de recherche est extrêmement important. Et nous essayons en tant que think tank, laboratoire d’idées, d’apporter notre contribution par ce type d’initiatives, en espérant que les idées ou les propositions concrètes des enseignants-chercheurs ne restent pas lettre morte, mais façonnent véritablement les politiques à venir. Et que cela va permettre aussi à la Société civile de continuer, après l’élection, à faire pression pour que ces messages-là soient entendus. C’est notre rôle collectif de faire ce travail à nouveau de pression douce sur les décideurs», a-t-il expliqué.
De son côté, Dr Mamadou Bodian, enseignant en sociologie des religions à l’université Assane Seck de Ziguinchor, en sociologie politique à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et en sécurité à l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane, a apporté une perspective critique sur l’état actuel de l’éducation supérieure au Sénégal. «L’université est minée par des grèves cycliques témoignant d’un dysfonctionnement institutionnel profond», a-t-il affirmé. Membre du Comité scientifique du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, il a plaidé en faveur d’une réforme en profondeur, basée sur les conclusions des Assises nationales de l’enseignement et de la formation. Selon lui, une gouvernance plus transparente et une meilleure allocation des ressources sont indispensables pour stabiliser l’université et assurer son ouverture sur le monde. «Je pense que la réforme de l’enseignement supérieur ne peut devenir une réalité que quand on pacifie l’espace qui, malheureusement aujourd’hui, est très politisé. Et toutes les réformes qui ont été engagées depuis plusieurs décennies n’ont jamais connu une mise en œuvre effective. Donc, je pense que, si on veut aller vers une réforme en profondeur de l’université, il faudrait s’inscrire dans la continuité des conclusions qui ont émané des Assises nationales de l’enseignement et de la formation, qui ont proposé de réfléchir à la manière dont l’éducation et l’enseignement supérieur sont gouvernés», a-t-il laissé entendre.
«IL EST IMPERATIF DE RESTAURER L’ETAT DE DROIT»
Quant à Zeynab Kane, enseignante-chercheuse en Droit public à l’université Alioune Diop de Bambey, elle a souligné la nécessité de procéder à un rééquilibrage des pouvoirs des institutions de la République, afin de favoriser une bonne gouvernance et un dialogue institutionnel. Dans son speech, elle a mis en lumière les risques potentiels de crise institutionnelle liés à l’élection à venir. «Il est impératif de restaurer l’Etat de Droit et de protéger la Constitution», a-t-elle martelé. L’enseignante-chercheuse en Droit public a appelé à un dialogue national inclusif et constructif, mettant en garde contre les conséquences désastreuses d’une polarisation politique excessive. Elle n’a pas manqué d’inviter le futur successeur de Macky Sall, de concert avec les autres acteurs, à œuvrer pour renforcer les capacités de l’Assemblée nationale en termes de propositions, de missions et de prérogatives. «On a besoin de députés capables, qui comprennent bien les enjeux et qui maîtrisent les missions de l’Assemblée, notamment le contrôle de l’action du gouvernement et l’évaluation des politiques publiques», a-t-elle fait savoir. Il faut le rappeler, l’intervention de ces enseignants-chercheurs a soulevé plusieurs points cruciaux nécessitant une attention «urgente» car, pour Dr Mamadou Bodian, la réforme de l’éducation supérieure est incontournable pour répondre aux besoins du marché de l’emploi et stimuler la recherche et l’innovation. «La finalité de l’enseignement supérieur, c’est de mettre à la disposition de l’Etat ou de la société, une masse critique qui dispose un capital humain de qualité pour relever les défis de développement sur le plan économique, social et aussi à tous les niveaux qui requièrent un capital humain», fait-il savoir.
KHALIFA CLOT LE SALL DEBAT
«Je tiens à préciser à l’endroit de l’opinion nationale et internationale que je suis exclusivement de nationalité sénégalaise.»
«Je tiens à préciser à l’endroit de l’opinion nationale et internationale que je suis exclusivement de nationalité sénégalaise.»
La précision est importante, à l’heure où une suspicion plane sur la double nationalité de certains candidats retenus par le Conseil constitutionnel pour participer à l’élection présidentielle. Khalifa Sall, détenteur de la nationalité française par le passé, s’est voulu clair. Lors d’une visite à Keur Massar, le leader de Taxawu Senegaal a expliqué qu’il faisait partie des artisans de l’article 28 de la Constitution, qui a été introduite pour la première fois dans le corpus judiciaire sénégalais en 1992. «Si je n’étais pas dans les dispositions légales, jamais je ne me serais permis de déposer ma candidature», a-t-il déclaré pour mettre un terme à ce débat.
Le Quotidien est en mesure d’affirmer que Khalifa Ababacar Sall a été déchu de sa nationalité française en 2015. Le décret portant déchéance de sa nationalité a été publié au Journal officiel de la France le 31 octobre 2015.
LE FILM D’UN SCRUTIN COMPROMIS
Ce dimanche, jour de l’élection présidentielle, Aar sunu élection entend effectuer un vote symbolique
Aar sunu élection entend effectuer un vote symbolique ce dimanche. Devant se tenir ce 25 février, la Présidentielle tant attendue va consacrer l’élection d’un 5ème homme (ou femme) à la tête de l’Etat. Parmi 19 candidats en lice, les électeurs étaient attendus dans quelques heures devant les bureaux de vote. Bés bi trace le scenario du jour-J !
C’est le jour-j. Pas de hic majeur… Un peu partout sur le territoire national, les Sénégalais se sont réveillés tôt pour accomplir leur droit civique. Dans les foyers et appartements, les habituelles grâces matinées des dimanches n’ont pas été observées. Les établissements scolaires, qui font office de centres de vote, sont pris d’assaut. Aux devantures des bureaux de vote, les électeurs se sont massés en fil indienne. Le matériel électoral est sur place. Observateurs et représentants de candidats ont fini de s’installer. Assis, ils font face aux tables sur lesquelles sont dressés une panoplie de bulletins de vote des 19 candidats et d’enveloppes aux côtés des tubes d’encre indélébile. Dans ce rush, même les personnes du 3ème âge ne sont pas en reste. L’un d’entre eux, fixé sur sa canne, titube jusqu’à se hisser devant un groupe de jeunes. Aux alentours, rodent des équipes de candidats venues s’assurer du bon démarrage des opérations de vote. C’est le rêve pour le 25 février. Avant le cauchemar du 3 février.
Comme le mythe de Sisyphe !
Seulement, il s’agit là d’une vue de l’esprit ! Mais ce décor, meublé de scènes fictives, allait constituer les péripéties de ce dimanche 25 février 2024. Les vociférations autour du processus de contrôle des parrainages sont passées par là. Les candidats recalés crient au scandale jusqu’à l’intérieur du Palais où quelques-uns sont reçus par le chef de l’Etat. Et comme une goutte de trop, l’invalidation de la candidature de Karim Wade a corsé les choses. Dans la foulée, tombent des accusations de corruption contre deux magistrats du Conseil constitutionnel. Candidat du pouvoir, le Premier ministre Amadou Ba est aussi cité par l’héritier du Pds calfeutré à Doha. Président sortant, Macky Sall sort de son silence et annonce le report du scrutin. Pendant ce cafouillage, une mise en place d’une Commission d’enquête parlementaire se trame. Sous la bénédiction de la majorité au pouvoir, les députés libéraux passent à l’acte. Le 5 février, au terme d’un vote sans débat, le projet de loi, portant report de la Présidentielle est adopté. Le scrutin est renvoyé au 15 décembre. Saisi par une pluie de recours, le Conseil constitutionnel entre en scène. Jeudi 15 février, «le décret n° 2024-106 du 3 février 2024, portant abrogation du décret convoquant le corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024, est annulé» par les sages, six à l’occasion. 48 heures plus tard, dans un communiqué de la Présidence, Macky consent «à faire pleinement exécuter» la décision qui invite «les autorités compétentes» à organiser la Présidentielle «dans les meilleurs délais». Même s’il tient d’abord à son appel au dialogue. «Si on trouve le consensus, je prendrai le décret immédiatement pour fixer la date. Si le consensus n’est pas trouvé, je renverrai l’ensemble au niveau du Conseil constitutionnel», at-il dit, ce jeudi, face aux journalistes qui l’interpellaient au Palais. Et, comme le mythe de Sisyphe, ça craint alors un éternel parcours !
Ci-gît le jour-j, 25 février.
TUE PAR UNE FLECHE EMPOISONNEE, LE CAPITAINE PROTET PREFERE ETRE ENTERRE DEBOUT
En parcourant l’île de Carabane, le visiteur tombe sur un endroit chargé d’histoire et d’émotions. Il s’agit de la tombe du Capitaine Aristide Protêt qui a été enterré debout, sur sa demande
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 24/02/2024
En parcourant l’île de Carabane, le visiteur tombe sur un endroit chargé d’histoire et d’émotions. Il s’agit de la tombe du Capitaine Aristide Protêt qui a été enterré debout, sur sa demande. Cette pierre tombale avec une sculpture debout comme une pyramide de couleur blanche se dégrade à cause du défaut d’entretien. Sa peinture se défraîchit. La tombe est clôturée par des objets en fer noirs avec une forme de flèche. Notre guide revient sur les contours et l’histoire de la personnalité du capitaine Protêt qui dirigeait le commandement militaire à l’époque. «Selon l’histoire, il avait le commandement car Carabane était un lieu où les esclaves marquaient un arrêt. Et Aristide Protêt n’était pas sympa avec les esclaves, les Africains de façon générale. Face à tout cela, les populations locales qui habitaient dans les îles environnantes lui ont déclaré une farouche bataille durant laquelle il a été poignardé par une flèche empoisonnée avec le venin du serpent qu’on appelle le mamba. Puisqu’il savait qu’il allait mourir, il a demandé à ce qu’il soit enterré debout. Il a dit : ‘‘même mort, je préfère regarder mes ennemis’’. C’est pourquoi Aristide a été enterré ici debout», rapporte M. Diop.
Selon lui, auparavant, au niveau de la sculpture, il y avait une petite fenêtre ouverte. «Quand les personnes venaient ici pour visiter la tombe du Capitaine, elles ouvraient la petite fenêtre pour regarder les squelettes. C’est quelques années plus tard que les Français ont décidé de fermer cette petite fenêtre en y mettant une plaque avec des marques, des yeux comme si une personne est à l’intérieur mais en train de regarder ceux qui sont dehors», renseigne l’homme à la petite taille, très passionné dans son explication. Mieux, la tombe a été clôturée par des flèches pour montrer qu’il a été tué par une des flèches au bout pointu. Dans ce cimetière également, il y a des tombes de Français qui sont tombés sur le champ de bataille. Plus loin du cimetière, il y a une fosse commune qui était exclusivement réservée aux Noirs. «Parfois l’histoire n’est pas facile à raconter mais nous le devons aux générations futures, comment étaient l’histoire de Carabane et celle entre les Européens et les Africains. Il arrive parfois que des Européens qui viennent ici souffrent d’entendre les explications de cette histoire. Hélas, c’est la réalité des faits», insiste notre interlocuteur gagné par moments par l’émotion.a
UN HAVRE DE PAIX MENACE PAR L’AVANCEE DE LA MER
A la découverte des îles de Carabane - Bés bi raconte cet endroit paradisiaque qui perd, petit à petit, de sa splendeur.
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 24/02/2024
Pendant trois jours, dans la cadre du Festival «Kom-Kom», des journalistes et techniciens des médias ont découvert la profondeur et la beauté de la verte Casamance. Dans un périple qui les a menés en véhicule à Oussouye et Elinkine, ils ont été par la suite embarqués dans une pirogue pour visiter l’île de Carabane. Bés bi raconte cet endroit paradisiaque qui perd, petit à petit, de sa splendeur.
Île de Carabane ! Un endroit symbolique, plein d’histoires. Ce nom figure dans les annales de l’histoire de la résistance coloniale en Casamance. A l’image de l’île de Gorée, elle a joué un rôle important durant la période de l’esclavage. Elle était, à l’époque, un comptoir commercial. C’était en 1886. Village situé à l’extrême sud-ouest du Sénégal, Carabane tient une partie de son histoire du naufrage du bateau «Le Joola», la plus grande tragédie de l’histoire maritime avec ses 1800 victimes officiellement. Le bateau, à l’aller comme au retour, faisait toujours escale dans cette localité avant de poursuivre son trajet. La beauté de l’île est exquise, la végétation luxuriante. Elle est attirante et séduisante grâce à son climat agréable.
Ici, l’air n’est pas pollué comme dans les grandes villes. Une brise d’une fraîcheur indescriptible caresse le visage, le matin. Le soleil se lève lentement à l’horizon, comme un projecteur qui illumine une scène au ras du sol, faisant d’un seul coup exister un décor magique. Environnement maritime et fluvial propice à l’exploitation halieutique, l’île vit au rythme de la pêche et de riziculture. Mais rallier cette île n’est pas chose aisée. C’est un véritable parcours du combattant.
Une ville, mille histoires
Pour s’y rendre, il faut une pirogue, seul moyen de transport. Elle est la reine dans cette zone. On l’utilise pour transporter tout et n’importe quoi, y compris les denrées alimentaires. Mais, avant l’embarquement, toutes les conditions sont respectées pour voyager en toute sécurité. Il faut s’enregistrer et porter son gilet de sauvetage de couleur orangée. Après l’installation de tout l’équipage, la pirogue démarre, à vitesse moyenne. La marée est moyenne. Le piroguier Ansou, très concentré, passe par la base marine pour expliquer l’objet de la visite et donner le nombre de passagers qui sont à bord de l’embarcation avant de poursuivre son périple. «Ici, il est interdit de prendre des photos ou des vidéos. Vous êtes tous des journalistes. Bon séjour et bonne découverte», souhaite, du haut du ponton, un militaire. Les journalistes répondent en chœur : «merci ». Le piroguier et son assistant mettent à fond le moteur. C’est parti pour une demi-heure de traversée.
Les visiteurs, confortablement assis, contemplent la beauté de l’île couverte par une mangrove où les palétuviers occupent une place de choix dans l’écosystème. Les oiseaux migrateurs, du haut de leur repaire, au sommet des arbres, forment pour les visiteurs un comité d’accueil. L’odeur du poisson frais d’eau douce se fait sentir. Premier constat : le site grouille de touristes. «Il fait partie de leur endroit préféré. Ce lieu est très attractif. Sa beauté est atypique. Cette île n’a rien à envier aux Antilles françaises», explique, enthousiaste, le guide, Lamine Diop Sané, ajoutant que la tradition y est toujours préservée.
Carabane ou l’autre côté
Dans l’île, les anciens bâtiments en dur contrastent avec les cases en paille. Les détails architecturaux des différents édifices (église et mosquée) racontent une histoire vieille de plusieurs générations. Certains murs historiques où résonne encore l’écho du passé, capturant l’essence même de la culture Diola s’effritent petit à petit à cause de l’érosion côtière. Notre interlocuteur explique que Carabane vient du Diola et signifie «l’autre côté». Il détaille : «Avant l’arrivée des Français sur cette bande de terre, elle a été occupée par les Diolas qui y cultivaient du riz. Ils n’y habitaient pas. Ils venaient travailler le matin et le soir, ils rentraient dans leur contrée. Un jour, ils ont croisé sur leur chemin des Français qui leur ont demandé leur lieu de provenance. Ne comprenant pas la langue française, ils ont répondu en Diola ‘’carayati Baba’’ qui signifie de l’autre côté de la rive. Et les Français ont déformé le nom en écrivant Carabane».
L’urgence de cette île
L’île de Carabane n’est pas très peuplée. 600 âmes s’y réveillent quotidiennement. La majorité d’entre elles est de confession musulmane. Autre particularité de cette étendue de terre ferme émergée dans les eaux, c’est le seul village casamançais qui a été loti, selon le guide. Un bémol : La beauté naturelle de l’île est menacée. «On constate de plus en plus l’avancée de la mer qui hante le sommeil des populations. Les rivages sont complètement rongés par les vagues. Des constructions menaçant ruine font décourager les touristes», alerte M. Sané. Autre équation à résoudre : la qualité de l’eau. Elle n’est pas en bonne qualité. Elle est saumâtre. «Comme vous l’avez constaté, ce lieu sert de retraite intellectuelle pour réfléchir et produire, mais il risque de sombrer à cause de l’avancée de la mer», prévient Ndèye Sané qui demande aux autorités de préserver cet endroit qui, annuellement, attire beaucoup de touristes. Pour faire face à l’érosion, les habitants érigent un barrage à l’aide de bâtons, de déchets et autres matériels.
POUR SON ARCHITECTURE ET SON HISTOIRE - L’EGLISE BRETONNE DE CARABANE, L’ATTRACTION DES VISITEURS
La religion occupe une place importante à Carabane. Ici, chrétiens et musulmans vivent en parfaite harmonie. La preuve : la mosquée et l’église sont construites presque côte à côte. Mais l’église bretonne de Carabane attire les touristes grâce à son architecture légendaire. Elle a été construite par des Français bretons vers les années 1836 et, elle est pleine de symboles et d’histoires. Selon le guide Sané Diop, aujourd’- hui, elle est restée un monument historique. «Quand le ponton a été réalisé, il permettait au bateau Alioune Sitoé Diatta de s’arrêter à l’aller comme au retour. Il facilitait également l’embarquement et le débarquement dans le bateau. Cette église fait la fierté des îles de Carabane et reçoit beaucoup de visiteurs», a-til expliqué. «L’église a été édifiée sur le modèle de l’architecture bretonne, le but des missionnaires à l’époque étant d’être en conformité avec les églises d’Europe. De ce fait, ils avaient importé de France tous les matériaux de construction du bâtiment. Elle avait été construite pour être la cathédrale de Casamance, avec à sa tête un évêque. Elle ressemble à celles qu’on retrouve en Bretagne et dans d’autres régions en France», a ajouté, Patrick Cavalier, enseignant et consultant français sur le site cath.ch..