SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
8 juin 2025
Par Mohamed GUEYE
LA DETTE N’EST PAS UNE FATALITE
Pourtant, si les dirigeants politiques le voulaient, ils pourraient commencer à travailler à renverser la tendance, pour nous sortir du cycle infernal de l’endettement pour investir et transférer les profits à l’étranger, pour aller encore s’endetter.
Pour poursuivre le débat sur la dette, que nous avions entamé la semaine dernière, des lecteurs nous ont interpellés, qui n’étaient pas tous de notre avis. Et c’est une bonne chose. On ne progresse pas en stagnant dans une appauvrissante unanimité. Pour en revenir à la dette, il est constant que le système économique impose à des Etats comme le Sénégal de s’endetter auprès de partenaires étrangers, en devises étrangères. Ce qui nous conduit à la situation que nous connaissons actuellement, qui fait que beaucoup d’observateurs, et même des institutions multilatérales, commencent à tirer la sonnette d’alarme sur le niveau d’endettement du pays, qui a atteint les 75% du Pib, bien au-dessus des critères de l’Union économique et monétaire ouestafricaine (Uemoa).
Pourtant, si les dirigeants politiques le voulaient, ils pourraient commencer à travailler à renverser la tendance, pour nous sortir du cycle infernal de l’endettement pour investir et transférer les profits à l’étranger, pour aller encore s’endetter. Et cela est bien possible, quand il y a la volonté, car le pays aura tout à y gagner. Il suffit de se rendre compte des énormes montants que le Sénégal perd du fait des accords de partenariat ou des investissements mal négociés, ou dont les conditions ont été particulièrement déséquilibrées.
Il y a 4 ans environ, le dirigeant de l’une des plus grosses banques de la place de Dakar m’indiquait que l’un des moments les plus pénibles pour les banques au Sénégal, c’est quand la Sonatel paie ses dividendes à ses actionnaires. Car, soulignait-il, ce sont près de 100 milliards de francs Cfa qui sortent des caisses pour l’étranger, d’un seul coup ! Il disait qu’à cette période, presque aucune banque n’était en mesure de faire face à aucune autre demande de liquidités. Or, la Sonatel et Orange Sénégal sont peut-être la multinationale qui ponctionne le plus gros montant, mais elle n’est pas la seule. Bien d’autres entreprises étrangères, françaises principalement, mais pas que, rapatrient régulièrement leurs bénéfices dans leurs pays ou dans des comptes offshore, en payant des impôts ridicules par rapport aux sommes qu’elles collectent ici.
Alors que le Sénégal devient de plus en plus un pays producteur de minerais et bientôt d’hydrocarbures, on ne peut s’empêcher de se désoler que, depuis les décennies qu’elles exploitent les ressources du Sénégal, les industries extractives soient toujours exonérées d’impôts pour leur activité. Et les taxes qu’elles paient couvrent à peine les dégâts qu’elles commettent sur l’environnement. L’une des choses les plus déplorables est que ces grosses entreprises, dont on veut toujours se vanter de les avoir attirées chez nous, ne sont même pas réputées pour être de grosses créatrices d’emplois. Dans leurs zones d’activités se notent le plus souvent des gros taux de chômage, du fait selon le discours officiel, d’un défaut de qualification des populations locales.
Cela revient à dire que l’Etat doit être en mesure de suppléer les limitations de ces investisseurs. Or, il a besoin pour cela, des ressources financières dont ces dits investisseurs privent le pays en grande quantité, et qui sont l’une des causes de l’appauvrissement de ces populations. L’économiste Ndongo Samba Sylla, que nous avions cité la semaine dernière, est décidément l’un des Sénégalais qui ont beaucoup produit sur la question de la dette. Il vient d’ailleurs de publier un autre article sur le sujet dont malheureusement, on ne trouve encore que la version anglaise. (https://www.project-syndicate.org/commentary/conceptualroots-of-global-south-debt-crisis-byndongo-samba-sylla-1-2024-01).
Il y montre le paradoxe auquel sont soumis des pays comme la Zambie, très riche exportatrice de cuivre, mais qui étouffe et s’appauvrit sous le poids d’une dette devenue insupportable. Les bénéfices tirés de ses ressources minières, s’ils ne sortaient pas du pays en termes des bénéfices transférés, ou sous forme de fonds détournés, auraient pu largement compenser les montants des dettes contractés par le pays, et qui l’ont mis à la merci de ses créanciers étrangers. Le cas peut-être reproduit dans plusieurs pays dont même le Sénégal. Combien auraiton pu s’épargner d’emprunt si les investisseurs étrangers ne transféraient pas tout ce qu’ils gagnent ici, ou s’ils en réinvestissaient une bonne part dans le développement effectif de leurs zones d’exploitation. Qui peut comprendre et accepter que la région de Kédougou, d’où est tiré l’or, qui tend à devenir le premier produit d’exportation actuellement, soit toujours dans un état de pauvreté ahurissante ? Les populations, qui voient passer les gros véhicules des compagnies qui exploitent les mines, doivent pour la plupart, se contenter d’avaler la poussière en saison sèche, et de supporter la boue quand il pleut.
S’il est difficile de connaître actuellement l’ampleur des flux financiers illicites au Sénégal, on ne peut que craindre qu’ils s’amplifient une fois que les pompes à pétrole et à gaz vont commencer à tourner, en ajoutant de nouvelles ressources. Il faut souhaiter que nos dirigeants, aussi bien au pouvoir que dans la Société civile, fassent preuve de vigilance pour que nous n’ayons pas à payer les dégâts provoqués par des richesses dont la population n’aurait pas profité.
LE PUBLIC DE SORANO DANS UN VOYAGE HISTORIQUE
Le Théâtre national Daniel Sorano a bouclé sa saison artistique en beauté avec une pièce théâtrale intitulée «Dakar-Niger (10 octobre 1947-19 mars 1948).
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 10/01/2024
C’est par une standing ovation que le public a manifesté son satisfecit de la représentation théâtrale de la compagnie de Daniel Sorano. Une pièce intitulée «Dakar-Niger (10 octobre 1947-19 mars 1948), une adaptation du roman «Les bouts de bois de Dieu» de Sembène Ousmane (1923- 2023) qui entre dans le cadre de la célébration du centenaire de celui qui est surnommé «l’aîné des anciens».
Le Théâtre national Daniel Sorano a bouclé sa saison artistique en beauté avec une pièce théâtrale intitulée «Dakar-Niger (10 octobre 1947-19 mars 1948). Ceci est une chronique d’une lutte contre l’iniquité qui met notamment en exergue le rôle joué par les femmes dans le combat de ces cheminots. C’est une adaptation du livre «Les bouts de bois de Dieu» de Sembène Ousmane. Cette pièce de plus d’une heure d’horloge et mise en scène par Seyba Traoré repose sur un principe qui est celui de l’abstraction scénique, relate l’histoire des vingt mille cheminots de la ligne Dakar-Bamako. Dans un décor minimal, une salle archicomble avec des personnalités politiques, culturelles, des personnes de tous âges, des écoliers et des étudiants, tous étaient très concentrés sur cette histoire, historique. Dans une dissemblance de lumières, les comédiens occupent les planches, les actes se suivent et se succèdent, la fluidité des dialogues entre les acteurs, les danses et les chansons qui percent le cœur séduisent l’assistance en le matérialisant avec des applaudissements. «J’adore leur jeu d’acteur. Cela montre que le texte est bien maîtrisé par les acteurs», murmurent des étudiants qui immortalisent les moments avec leur téléphone portable.
«Le tournant dans les relations entre la population et l’administration coloniale»
Le metteur en scène a choisi de mettre en exergue cet «affrontement très dur qui marque un tournant profond dans les relations entre la population et l’administration coloniale». Ils veulent conserver les traditions et les coutumes, luttent pour l’amélioration de leurs conditions de travail et revendiquent leur dignité. «Les hommes et les femmes qui engagèrent cette lutte pour une vie meilleure ne doivent rien à personne, ni à aucune mission civilisatrice, ni à un notable, ni à un parlementaire. Les acteurs s’infiltrent et jouent certaines scènes comme les assemblées générales dans les allées et on a véritablement le sentiment d’être emporté par le mouvement syndical qui se joue avec le public». En effet, une cinquantaine de comédiens, de comédiennes de talents et de musiciens ont fait revivre ce texte écrit par Sembène Ousmane en 1960 et auréolé du Grand Prix de littérature d’Afrique noire.
Un rendu à la hauteur de la dimension de l’œuvre de Sembène
L’essence du théâtre est de communiquer des émotions, les spectateurs qui ont regardé cette pièce ont frémi avec des scènes très fortes avec un jeu d’acteur extraordinaire pour communiquer des valeurs ancestrales. Audelà des pensionnaires de Sorano, le metteur en scène a fait appel à des comédiens professionnels pour faire un rendu à la hauteur de la dimension de l’œuvre de Sembène. Le ministre du Travail, du dialogue social et des relations avec les institutions, Samba Sy, qui présidait la cérémonie note qu’«au-delà du livre ‘’Les bouts de bois de Dieu’’, il faut aussi ces arts scéniques qui permettent de rendre ces œuvres plus présentes avec une dimension que le livre ne peut pas rendre». Il a salué «la belle prestation des chanteuses», «l’âme dans les chansons, la magie, beaucoup de touchant que le livre peut tenter de dire, mais pas de la manière dont c’est déclamé par les artistes». Moussa Sembène, fils de Sembène Ousmane se dit satisfait de cette représentation avec des comédiens talentueux qui ont transmis de l’émotion.
Réaction... Réaction... Réaction...
Pr Maguèye Kassé, président de l’Association Sembène
«Cette pièce est un hommage aux femmes» «Il nous a semblé qu’il aurait manqué une dimension essentielle dans la célébration du centenaire de la naissance Sembène si on n’avait pas ajouté le théâtre. De son vivant avec Hermantier, il avait porté ‘’Les bouts de bois de Dieu’’ à Sorano. Je dois me réjouir de la direction qui a à sa disposition des artistes talentueux, des dramaturges et des metteurs en scène de la trempe de Seyba Traoré. Donc, clôturer le centenaire de la naissance de Sembène avec une pièce aussi magistrale tirée d’un roman qu’on a disséqué, analysé, traduit dans beaucoup de langues ne peut que nous réjouir. Cette pièce est un hommage aux femmes».
Ousmane Barro Dione, Dg de Sorano «L’histoire de cette grève a été bien transmise»
«Sembène Ousmane est un homme de culture, un panafricain accompli qui a beaucoup œuvré pour le rayonnement de la culture dans le monde. Cette représentation était un moyen pour nous de lui rendre un hommage mérité par rapport à la célébration de son centenaire. L’ouverture et la trajectoire dans laquelle nous nous sommes inscrits depuis un certain moment, c’est de faire revisiter les classiques, les pièces mythiques qui méritent d’être connues par le public sénégalais. Je crois que les enseignements tirés de cette œuvre sont d’une importance capitale non seulement pour les citoyens lambadas, mais surtout pour les jeunes. L’histoire de cette grève a été bien transmise et a été perçue par le public venu nombreux. C’est le lieu de remercier le metteur en scène Seyba Traoré qui a fait un travail remarquable en un mois. La valeur mythique et ancestrale qui fonde le Sénégal vaut tous les sacrifices».
Mamadou Seyba Traoré, metteur en scène
«C’est un double hommage à Sembène et aux femmes» «Le but de cette grève était d’obtenir les mêmes droits que les cheminots français et une revalorisation des salaires. Cet affrontement très dur a marqué un tournant profond dans les relations entre la population et l’administration coloniale. A travers cette pièce, il s’agit de mettre en avant le rôle joué par les femmes dans cette lutte et de rendre hommage à l’écrivain cinéaste Sembène Ousmane. C’est un double hommage qu’on a voulu rendre à la fois à Sembène et aux femmes. Car si elles n’avaient pas tenu, les hommes seraient retournés au travail. Elles étaient là avec les enfants et ont assuré le quotidien».
LES AGENTS DE L’ADMINISTRATION DETERRENT LA HACHE DE GUERRE
Blocage des négociations entreprises avec le gouvernement, Les Agents de l’Administration Sénégalaise sont plus jamais déterminés dans leur combat contre les autorités étatiques
Le collectif Interministériel des Agents de l’Administration Sénégalaise a fait face à la presse, hier, pour faire le point sur sa plateforme revendicative ainsi que les pourparlers entamés avec les autorités étatiques. Convaincus que les blocages des négociations émanent du premier ministre, Oumar Dramé et ses camarades menacent de paralyser le système de l’administration par une grève générale vers le mois de février.
Les Agents de l’Administration Sénégalaise sont plus jamais déterminés dans leur combat contre les autorités étatiques. Après avoir sursis à son plan d’action suite à sa rencontre avec le Directeur de cabinet du président de la République, ils ont en effet décidé de déterrer la hache de guerre. Le secrétaire général dudit collectif, Omar Dramé et ses camarades annoncent cette fois-ci une grève générale vers le mois de février après la fin de leur préavis de grève déposé ce début du mois de janvier. Ils accusent en effet le Premier ministre Amadou Ba d’avoir bloqué les négociations entreprises avec le gouvernement. «Nous attendions l’audience avec le président de la République. Malheureusement, à la dernière minute, avec le calendrier chargé du chef de l’État, la rencontre n’a pas eu lieu. Mais ce dernier, en conseil des Ministres du 23 décembre 2023, avait donné des instructions fermes au Premier ministre pour nous recevoir et prendre en compte les questions évoquées par le collectif. Hélas ! Depuis que cette instruction lui a été donnée, nous n’avons pas de retour du PM. Après moult tractations auprès de son entourage, nous ne savons toujours pas quand le Premier ministre va nous rencontrer», ajoute le secrétaire général du collectif qui interpelle directement Amadou Ba. «Nous lui demandons de recevoir le collectif car nous sommes contraints par le temps vu l’élection présidentielle qui se profile à l’horizon et d’ici le 20 janvier, si cette rencontre ne se tient pas, il lui sera très difficile de la tenir», ajoute Oumar Dramé.
En plus de la grève générale, les agents de l’administration prévoient aussi d’introduire une nouvelle demande de marche. Pour rappel, le Collectif Interministériel des Agents de l’Administration Sénégalaise revendique entre autres la généralisation de l’indemnité de logement ; l’harmonisation de l’indemnité particulière ; l’attribution de l’indemnité de sujétion, le paiement de la prime des chauffeurs : la définition du plan de carrière des contractuels, leur statut et leur intégration dans la fonction publique ; les conditions de transport et de restauration dans les sphères ministérielles de Diamniadio et le statut des décisionnaires et la question de reconnaissance et de reclassement des diplômes. Ils soulignent que seul le problème relatif au reclassement des diplômes et leur rétroactivité est résolu ; les autres points n'ont pas encore trouvé de solution.
MACKY SALL TACLE LES «REVUEURS» DE PRESSE
Présidant hier la cérémonie officielle d’ouverture de la 50e édition des assises de l’Union internationale de la presse francophone (UPF), le Président Macky Sall a sévèrement taclé les journalistes qui font la revue de presse chaque matin dans les radios
Les «revueurs» de presse ont fait l’objet de critiques acerbes de la part du chef de l’état hier, lors de la cérémonie officielle d’ouverture de la 50e édition des assises de l’union internationale de la presse francophone (upf). Selon lui, ces journalistes théâtralisent l’information et dénaturent les faits.
Présidant hier la cérémonie officielle d’ouverture de la 50e édition des assises de l’Union internationale de la presse francophone (UPF), le Président Macky Sall a sévèrement taclé les journalistes qui font la revue de presse chaque matin dans les radios. «Au Sénégal, on a une catégorie. Je ne sais comment on la qualifie. C’est une sorte de revue de la presse parlée. En fait, quelqu’un prend les titres des journaux et les théâtralise. Alors rien que sa revue constitue l’évènement, l’actualité. Et vous en avez de toutes sortes. Et peutêtre que les enseignants du Cesti, ceux qui forment les journalistes doivent peut-être pouvoir théoriser ce nouvel apport. C’est tellement vrai que certains ont pu être élus. Ils sont devenus des députés et des maires. Je ne les citerai pas parce que j’en ai des amis, des jeunes frères. C’est une catégorie journalistique nouvelle, mais il n’y a aucun fait. On prend des titres, on théâtralise ; tôt le matin, on fait l’actualité. Et le public est agressé à longueur de journée. Des faits qui n’ont aucune réalité», a déclaré le locataire du Palais.
Ces propos du président de la République ont fait réagir le Directeur des Études du Centre d'Etudes des Sciences et Techniques de l'Information (CESTI), Mouminy Camara. «Lors de la cérémonie d’ouverture des 50es Assises de l’Union internationale de la presse francophone (UPF), le président de la République a cloué au pilori la revue de presse ‘’théâtralisée’’ non pas par le contenu mais plutôt par le ton considérée comme une ‘’catégorie journalistique nouvelle’’ dont d’aucuns se seraient servis comme un promontoire politique. Il a fustigé cette revue de presse dévoyée qui semble avoir fini de faire le lit d’une certaine presse en convoquant une boutade : ‘’(…) peut-être que les enseignants du CESTI, ceux qui forment les journalistes doivent pouvoir théoriser ce nouvel apport…’’ Au-delà du constat avéré, le fait n’est pas nouveau et semble cristallisé par les mutations profondes du secteur des médias investi par des acteurs iconoclastes. Déjà en juin 2015, le CORED posait, dans le cadre de son deuxième Cas d’école, sur ‘’la revue de presse : un genre chahuté au Sénégal’’, les jalons d’un travail réflexif autour des normes et des pratiques journalistiques», a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Poursuivant, Mouminy Camara ajoute : «Cette invite à une introspection collective est poursuivie par le professeur Ndiaga LOUM (UQO) dans une ‘’Petite réflexion sur la théâtralisation des revues de presse ou culture de la facilité’ ’Il montre que le ver est dans le fruit en mettant à nu principalement deux erreurs à l’origine de cette forme de communication adossée à des ‘’facilités cumulées : le gain facile; le succès facile; le travail facile’’. Le premier est l’accaparement des supports médiatiques par des marchands faisant fortune ailleurs, et qui font de l’information un bien de consommation comme n’importe quelle marque de lessive ou un produit alimentaire accessible au plus grand nombre. Le deuxième est la perte d’autonomie des professionnels ‘’formés à bonne école’’ qui, réalistes, ont compris l’étroitesse de leur marge de manœuvre depuis que le vrai rédacteur en chef n’est pas le journaliste, mais le ‘’patron’’ actionnaire majoritaire ou exclusif qui ouvre les vannes du compte à sa guise. En dernier ressort, nous pensons que pour comprendre pourquoi elle (la presse) se tait, étouffe ou encense à satiété au point de verser vertigineusement dans le conflit d’intérêts, il faut juste savoir qu’ils ont acheté la presse. (Benjamin Dormann). A force d’être si proche du pouvoir, la presse finit par ne plus être un contre-pouvoir crédible».
L'APPEL AU CHANGEMENT
Ibrahima Nour Eddine Diagne décrypte les enjeux de la présidentielle et dresse le portrait idéal du prochain président. Cet intellectuel et entrepreneur plaide pour une dynamique de changement afin de relever les défis complexes du pays
Il est connu dans le domaine des affaires pour avoir créé Gainde 2000, voix autorisée de la dématérialisation au Sénégal. Mais Ibrahima Nour Eddine Diagne est aussi un intellectuel qui pense sa société. Invité de l'émission ‘’À contre-courant’’ sur L'AS tv, il a affirmé ainsi que pour cette présidentielle qui se profile à l'horizon, le Sénégal a besoin d'un président qui ne regarde pas 2029.
L'approche électoraliste des régimes qui se sont succédé au Sénégal doit impérativement changer en 2024. C'est ce que souhaite l'intellectuel et administrateur du groupe Gainde 2000. Faisant le portrait-robot de son président idéal, Ibrahima Nour Eddine Diagne déclare : ''C'est quoi le bon président? Cela veut dire que je m'attache à une personne or moi, je pense qu'il faut une dynamique de système. Mais je pense que c'est une personne qui est capable d'entraîner un système, de construire un système qui va servir ses ambitions politiques et toutes les ambitions de la nation''. À l'en croire, cela demande une certaine forme de jeunesse. ''Pas dans l'âge mais dans la capacité à reconstruire et à réinventer. Cela demande de la générosité, de la compétence, des efforts. Ça demande aussi de l'audace. Il nous faut vraiment un super président pour que dans un temps très réduit, on arrive à résoudre des problèmes très complexes et de façon définitive'', renchérit-il. Toutefois, le chef d'entreprise est formel dans ses attentes. ''Il ne faut surtout pas un président qui regarde 2029.Il faut un président qui oublie que 2029 existe et qui se dit que ce qui existe, c'est ce qu'il doit réaliser'', recommande-t-il. Dans le même ordre d'idées, il souligne que le péché en politique, c'est la volonté de vouloir rester en permanence. Connu pour son flegme britannique et ses discours très construits, M. Diagne est d'avis aussi que ce sont des qualités difficiles à trouver chez une seule personne. Mais chez une équipe, d'après lui, c'est possible.
«Il faudra être capable d'inventer de nouveaux mécanismes de régulation qui sont consensuels, équitables et justes qui permettront d'avoir une société capable de tenir»
Interpellé aussi sur les soubresauts sociopolitiques constatés dans le pays ces dernières années, Ibrahima Nour Eddine Diagne affirme : Pour moi, un pays a trois facteurs de vulnérabilité. C'est le facteur politique, le facteur religieux et le facteur ethnique. Ce sont les trois choses qui peuvent porter préjudice à une société. Pendant ces cinq dernières années, ces facteurs-là ont été utilisés de façon assez abusive à la faveur des réseaux sociaux qui donnaient à n’importe qui de dire n'importe quoi.'' Et selon lui, cette amplification pouvait apporter des cassures au niveau de la société. Dans ce cadre, il trouve qu'un travail de réparation est nécessaire. ''Ce n'est pas qu'il y a de gros dégâts mais il y a eu de gros risques dans la cohésion de la société sénégalaise'', s'alarme l'entrepreneur non sans indiquer qu'il y a intérêt à aménager une cohésion nationale. Parce que les dégâts d'une société fracturée sont vraiment très lourds de conséquences, insiste-il.
Signalant dans la foulée que ce n'est pas simplement ce moment unique d'une élection qu'il faudra aux sénégalais pour résoudre nos problèmes. ''Il nous faudra être capable d'inventer de nouveaux mécanismes de régulation qui sont consensuels, équitables et justes qui permettront d'avoir une société, quels que soient les mouvements, capable de tenir'', renseigne l'intellectuel. Poursuivant son argumentaire pour une présidentielle qui va produire des bonds qualitatifs pour le Sénégal, M. Diagne estime que c'est un alignement vertueux qu'il faut entre tous les éléments qui sont constitutifs de la stabilité d'un pays, de la stabilité d'une économie et de la construction d'une richesse. Avec la mauvaise humeur ambiante de la jeunesse sénégalaise ces dernières années, il pense que les politiques n'ont plus le choix. ‘’Nous devons absolument gouverner par la compétence, la rigueur et la vertu. Sinon on ne sera pas capable de maintenir une société soudée et homogène’’, éclaire-til.
«Le Sénégal n'a jamais construit un environnement pour être capable de promouvoir un secteur numérique vertueux»
L'administrateur de Gainde 2000 a fait aussi un diagnostic peu reluisant du numérique, son secteur de prédilection. ''Nous avons un niveau de créativité très élevé chez les jeunes. Il faut l'organiser. Mais je n'ai pas vu une construction structurée d'un Sénégal qui se veut être un leader dans le domaine numérique'', explique-t-il avant d'ajouter : ‘’Les sénégalais, oui parce qu'ils sont dans la diaspora, ils se battent, ils ont des entreprises très innovantes mais je pense que le Sénégal n'a jamais construit un environnement pour être capable de promouvoir un secteur numérique vertueux qui crée de la valeur ajoutée, des emplois. Nous ne l'avons jamais fait, j'espère que nous le ferons sinon nous raterons vraiment la seule révolution sur laquelle nous avons autant d'atouts que tous les autres pays du monde.’’ Il rappelle dans ce cadre que la covid-19 simplement a été un accélérateur de compréhension et de maturité digitale de tous les pays y compris du Sénégal. ''C'est incroyable d'avoir deux années où l'économie a pu vivre parce que le numérique était là et qu'après, rien ne soit fait'', fustige le spécialiste non sans faire savoir que cela demande des constructions solides.
Montrant toute la pertinence du numérique actuellement, il ajoute : ''Si vous êtes médecin, avocat ou autre chose et que vous n'êtes pas nivelés sur le numérique, vous serez moins bon. Quelle que soit votre profession, vous avez besoin d'être nivelé sur le numérique.'' Les sénégalais, d'après lui, en matière de digital, savent tout faire. ''Vous pouvez prendre le risque de leur confier toutes les tâches, ils le feront et ils le feront bien. C'est comme en Gainde 2000, nous n'avons jamais fait de guichet unique avant, nous l'avons fait et nous l'avons bien fait'', renseigne Ibrahima Nour Eddine Diagne tout en soulignant que le Sénégal est reconnu partout dans le monde.
Rappelons tout simplement que guichet unique est une plateforme informatique qui vise à faire une formalité administrative en soumettant en un point unique toutes les informations requises dans le cadre de cette formalité. Ces informations sont soit des documents, soit simplement des données. La plateforme doit permettre la transmission d’information vers d’autres administrations en vue de simplifier la procédure. Dans le cadre du commerce extérieur, le GU permet de faire la soumission en un point Unique afin de faire toutes les formalités nécessaires aux opérations d’import, d’export et de transit tel que précisé dans la recommandation 33 de l’UNCEFACT qui est le centre des Nations unies pour le commerce électronique.
La médecine sénégalaise encore honorée
Malgré toutes les complaintes et critiques sur nos hôpitaux et sur le comportement du personnel, les blouses blanches sénégalaises restent une référence en Afrique et dans le monde. Si ce n’est pas des performances enregistrées lors des concours d’agrégation, c’est des distinctions et des prouesses réalisées dans l’exercice de leur métier. En parlant d’honneurs, la Professeure Maimouna Ndour Mbaye vient d’intégrer la prestigieuse et sélective académie française de Médecine comme membre Correspondant étranger. Elle est ainsi, apprend-on, la première femme d’Afrique de l’Ouest à siéger dans cette vénérable institution. Professeur titulaire de Médecine Interne à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Pr Maimouna Mbaye Ndour est également chef de Service de Médecine Interne et Directrice du Centre national de diabétologie à Dakar. Elle est également spécialiste en santé publique avec une grande expérience en Afrique et en Europe dans les domaines de la recherche, des bonnes pratiques cliniques et de la gestion du pied diabétique et d'autres complications des maladies métaboliques. Elle est également la représentante régionale de Diabetic Foot International pour l'Afrique francophone.
50 millions pour développer les filières de l’arachide et du niébé à Bakel
Le groupement de recherche et de développement durable (GRDR) vient à la rescousse des groupements d’intérêt économique (Gie) de la région de Tambacounda. Il a ainsi octroyé 50 millions de Fcfa pour le développement des filières de l’arachide et du niébé dans le département Bakel. Financé par l’Agence française de développement (AFD), ce programme entre dans le cadre d’un projet qui cible les initiatives individuelles ou familiales, et les groupements d’intérêt économique (Gie). Le coordonnateur du Grdr à Bakel et Matam, Assane Dionne, précise que le projet vise les acteurs venant des territoires concernés du département. Il s’agit de Bakel, Kidira, Bélé, Sinthiou Fissa Toumboura et Gathiary.
Vers la publication des conclusions des Assises nationales des médias…
La Coordination des Associations de Presse (CAP) a sorti hier un communiqué pour informer l’opinion que le Rapport général des Assises nationales des médias sera rendu public le 25 janvier 2024 à l’amphithéâtre de la Maison de la presse. Selon la CAP, ce rapport est le fruit du travail des six commissions thématiques mises en place depuis le lancement des Assises à la fin du mois d’août. Elle renseigne dans la foulée que les travaux ont réuni aussi bien à Dakar que dans les autres régions les professionnels des médias, toutes générations confondues, des universitaires, des acteurs de la Société civile et des personnes ressources pluridisciplinaires.
…Les candidats à la présidentielle poussés à appliquer les conclusions une fois élus
Restons toujours sur les Assises des médias dont les conclusions seront soumises à toutes les personnes qui veulent accéder à la magistrature suprême. Après avoir travaillé d’arrachepied pendant plusieurs semaines, la CAP souligne dans son communiqué que les commissions restituent leurs conclusions le 13 janvier. Et que cette restitution sera suivie, une semaine plus tard, de celle du Rapport général. La CAP dit avoir voulu que ces Assises soient les plus inclusives possibles avec l’implication des différents secteurs des corps socioprofessionnels, des communautés coutumières et religieuses. La Coordination des Associations de Presse compte d’ailleurs convier, les 29 et 30 janvier, tous les candidats à l’élection présidentielle à venir signer la Charte d’engagement pour appliquer les conclusions des Assises nationales des médias, une fois élus. Pour rappel, l’objectif de ces Assises était de faire un diagnostic sans complaisance du secteur des médias et d’enclencher un nouveau départ fait de viabilité économique, de meilleures pratiques, de consolidation de la démocratie, de renforcement des valeurs de paix, d’unité et de solidarité nationales.
Le Ministère des Finances met hors d’état de nuire «Ouest Crédit» et «SénéPrêt»
Pour que nul n’en ignore ! Le ministre des Finances et du Budget porte à la connaissance du public que les structures dénommées « Ouest Crédit » et « SénéPrêt », à travers des applications téléchargeables sur « Play store » et « Apple store », proposentillégalement des opérations de collecte d'épargne et d'octroi de crédit. Selon les hommes de Mamadou Moustapha Ba, ces pratiques, devenues virales sur les réseaux sociaux, sont source d’arnaques auprès des populations. En conséquence, préviennent-ils, il est requis des populations de cesser toutes activités avec les institutions précitées et, le cas échéant, de se rapprocher de la Direction générale du Secteur financier.
Mary Teuw Niane, «un parrain inconnu pour sa propre candidature»
Après Mohamed Ben Diop non identifié sur le fichier au Conseil constitutionnel, un autre candidat à l’élection présidentielle, Pr Mary Teuw Niane, dit avoir vécu le même préjudice. L’ancien ministre de l’Enseignement supérieur sous Macky Sall dit avoir découvert son absence sur les listes électorales après son passage à la commission de contrôle des parrainages. A l’en croire, il est aujourd’hui un parrain inconnu pour sa propre candidature. Selon lui, il fait partie de ses 28 887 parrains non identifiés au fichier général des électeurs. Et pourtant, dénonce-t-il, il n’y a pas d’erreur sur ses données reportées. Non sans dire que lorsque toutes les données d’un électeur sont exactes, cet électeur ne peut être inconnu au fichier général des électeurs que si l’application informatique est complètement nulle ou malveillante. Il promet en définitive de mener des investigations pour comprendre véritablement ce qui lui est arrivé.
Le mandataire de Bassirou Diomaye Faye disqualifie l’informaticien du Conseil constitutionnel et compte saisir la justice
Amadou Ba, le mandataire du candidat Bassirou Diomaye Faye, va saisir la justice. Selon lui, en compagnie de Me Sow et de son informaticien, il est passé au greffe du Conseil constitutionnel avant-hier pour le contrôle d’usage du nombre de parrainage par région avec l’informaticien du Conseil constitutionnel. Mais à sa grande surprise, explique-t-il dans un communiqué, son informaticien a constaté qu’il a activé l’enregistrement automatique des données de la clé USB. Et sur ce, précise Amadou Ba, ils ont fait remarquer à l’informaticien du Conseil que cet enregistrement automatique des données rendait nul et inefficace le scellé de la clé USB par le greffe parce que les données se retrouvent copier dans son ordinateur. Mais pour lui, l’information du Conseil constitutionnel a évoqué la décision n•1 de ce dernier autorisant cet enregistrement des données. Sauf que, ajoute Amadou Ba, « lui, en tant que simple informaticien, n’est pas assermenté et il a en sa possession toutes les données de toutes les clés USB des candidats sur son ordinateur». Le mandataire de Bassirou Diomaye Faye s’interroge ainsi sur la procédure de sécurisation de données enregistrées, des personnes qui les contrôlent et sur les personnes qui ont accès à l’ordinateur de l’informaticien du Conseil constitutionnel. Parlant d’ «énorme problème découvert hier et qui devrait pousser le Président du Conseil constitutionnel à admettre des failles réelles dans la procédure de contrôle des parrainages», Amadou Ba assure que ce fait ne restera pas sans suite judiciaire.
Un nouveau PM en France
C’était prévisible ! Elisabeth Borne ne pouvait plus tenir les rênes de Matignon suite à l'adoption douloureuse du projet de loi immigration qui a fracturé la majorité présidentielle en France. En effet, elle a épuisé ses forces dans des réformes polémiques à répétition comme celle annoncée plus haut et celle sur les retraites. Conséquence, elle a rendu sa démission lundi dernier. Pour tourner la page Borne et souffler un nouvel air, Emmanuel Macron a choisi Gabriel Attal, 34 ans, qui devient le plus jeune Premier ministre de l'histoire de la République etle premier ouvertement homosexuel. Avant d’être bombardé PM, Attal était ministre de l'Education nationale.
6 618 migrants sont décédés ou portés disparus
Les chiffres sur le nombre de migrants morts en mer sont effarants. Une ONG espagnole a rendu publiques ces données en 2023 faisant état d’au moins 6 618 migrants morts ou portés disparus en mer en tentant le rejoindre l’Espagne. Selon Caminando Fronteras, rapporte l’APS qui cite à son tour RFI, ce chiffre, qui a connu une augmentation de 177% par rapport à celui de 2022, est « le plus élevé » comptabilisé par l’ONG depuis le début de ses recensements. Les membres de l’ONG ont notamment déploré « le manque de moyens » des sauveteurs en mer. Il faut noter que le précédent rapport de l’ONG avait fait état de 11 200 migrants morts ou disparus en tentant de rejoindre l’Espagne entre 2018 et 2022, soit six par jour en moyenne.
Des Fan Zones dans les 46 départements du Sénégal
La RTS compte frapper fort dans la diffusion de la coupe d’Afrique des nations qui se déroulera à partir du 13 janvier prochain en Côte d’Ivoire. Avec son partenaire SD Consulting, la télévision nationale compte organiser des Fan Zones officielles dans les 46 départements du Sénégal en soutien aux Lions. Les équipes de Racine Talla ont d’ailleurs lancé hier l’évènement dénommé «campagne CAN Côte d'Ivoire 2023» en grande pompe à la Place de la Nation (ex-Obélisque). Il faut noter cependant que cette initiative est critiquée par certains sénégalais et non des moindres en l’occurrence le député Aly Mané qui estime que la RTS en tant que chaîne publique sénégalaise se permet de s’immiscer dans l’évènementiel pour autoriser à toute personne désireuse d’en avoir de payer directement à une entreprise privée (SD Consulting). Le député soutient que cela engendrerait un préjudice énorme pour les amateurs de foot. Or, dit-il, FAN ZONE a une mission de service public qui vise à toucher le maximum de sénégalais qui n’ont pas les moyens de bénéficier du service payant. « Si l’Etat prenait en charge les FAN ZONES, ce serait juste pour donner à chaque sénégalais la chance de s’épanouir. Cette volonté étatique mérite d’être soutenue et encouragée par l’ensemble des citoyens sénégalais, soucieux du développement économique et sportif », a-t-il indiqué dans une note parvenue à « L’AS ». En plus de dénoncer cette mesure qu’il juge inopportune, Aly Mané compte lancer une pétition sur le plan national pour alerter et aviser les sénégalais qui sont favorables à FANZONE et qui ont toujours bénéficié des bons et loyaux services de retransmission gratuite offerte par FAN ZONE. Il plaide pour que le service fourni soit gratuit pour les Sénégalais sans contrepartie.
Bougane dit son dernier mot !
Il fallait à Bougane Guèye 15 755 parrains pour passer le cap du parrainage. Mais la marche était certainement haute pour lui. C'est pourquoi, après l'invalidation de son parrainage, le président du mouvement Gueum Sa Bopp a fait une sortie dans laquelle il félicite ses militants pour leur engagement. Mais pour lui, le rejet de son parrainage n'est pas une surprise. Mais tant mieux ! se console-t-il. Car, dit-il, il y a des candidats qui, pour les éliminer de la course, ont été envoyés en prison. Tout ça, pour le patron de D-média, ce sont des stratégies du régime en place. Macky Sall veut faire croire aux Sénégalais qu'on peut réussir en étant oisif, a-t-il dit. Ce qui explique, pour lui, le fait que lui et ses équipes qui étaient sur le terrain n'ont pas passé l'étape du parrainage pendant que d'autres, moins connus, ont franchi le filtre. L’invalidation de sa candidature ne fait que renforcer son combat contre le système. Car il s'agit, pour lui, d'extirper le Sénégal du système en place.
VIDEO
LA COALITION SONKO PRESIDENT DEMANDE AU CONSEIL CONSTITUTIONNEL DE RESPECTER LES DROITS DE SON CANDIDAT
Les membres de la coalition « Sonko Président » ont dénoncé, hier, en conférence de presse, le rejet de la candidature d’Ousmane Sonko.
Les membres de la coalition « Sonko Président » ont dénoncé, hier, en conférence de presse, le rejet de la candidature d’Ousmane Sonko. Ils interpellent le Conseil constitutionnel et lui demandent de respecter les droits du leader de Pastef à participer à la prochaine présidentielle et susciter l’espoir des jeunes qui portent sa candidature. Selon ses souteneurs, bien que Ousmane Sonko soit victime des turpitudes de l’administration, il est plus que jamais dans la course pour la présidentielle.
La coalition « Sonko Président » a apporté des éclairages sur le rejet de la candidature de son champion, Ousmane Sonko. Prenant la parole, Mamadou Lamine Dianté a dénoncé le jeu du Conseil constitutionnel qui, selon lui, multiplie les aberrations. Selon les membres de cette coalition, Ousmane Sonko est le seul candidat dont la commission de contrôle des parrainages a ouvert le dossier en l’absence de son mandataire, Me Ciré Clédor Ly.
Le Conseil constitutionnel soutient que les documents d’Ousmane Sonko ne sont pas complets alors que l’huissier a constaté dansle dossier qu’il a déposé sa caution de 30 millions de francs et le refus du directeur de la CDC (Caisse des dépôts et consignations) de lui délivrer une attestation, a dénoncé Habib Sy, lui-même candidat à la présidentielle. A en croire les membres de « Sonko Président », le sort réservé au dossier du chef de l’opposition par le Conseil constitutionnel est une première au Sénégal. Ils ont rappelé la jurisprudence d’Insa Sangaré du 13 avril 1993 dont la candidature avait été acceptée par le Conseil constitutionnel en disant qu’il ne saurait être tenu des défaillances administratives l’ayant empêché de verser sa caution pour s’étonner que la même juridiction ferme les yeux sur des défaillances similaires vécues par Ousmane Sonko. « La commission de contrôle des parrainages au Conseil constitutionnel a violé les dispositifs de l’article 123 du code électoral sur la vérification du parrainage d’Ousmane Sonko en l’absence de son mandataire
Le Conseil constitutionnel n’a pas signifié au mandataire du candidat de la coalition Sonko Président le refus de sa candidature. Sur la violation du code électoral, notre mandataire a saisi d’un recours la commission de contrôle des parrainages. Ousmane Sonko est plus que jamais engagé aujourd’hui à être candidat. Ils ont peur de notre candidature. Ousmane Sonko a confiance en la justice et au droit, il va poursuivre le combat jusqu’au bout », a déclaré le candidat à la présidentielle Habib Sy.
Les membres de la coalition Sonko Président demandent à la communauté nationale et internationale de leur prêter une attention particulière. « La communauté internationale doit prêter attention et porter un regard solide et plus important sur le Sénégal », ont-ils soutenu tout en estimant que le mutisme de cette même communauté relève de la complicité avec le pouvoir de Macky Sall. Pour Habib Sy et compagnie, rien ne semble en mesure d’arrêter l’actuel président de la République dans sa volonté d’enfreindre la démocratie. « Nous sommes persécutés, le leader de l’opposition est embastillé, nous n’avons aucun lieu où nous réunir sans être pourchassés par les forces de l’ordre », ont alerté les membres de l’opposition à l’endroit de la communauté internationale.
Poursuivant, Mme Yacine Fall a dénoncé le fait que la CDC ait remis des attestations aux candidats Mouhamed Ben Diop et Mary Teuw Niane sans qu’ils figurent sur le fichier électoral après avoir refusé le même droit à leur candidat, invitant le Conseil constitutionnel à respecter la Constitution et à laisser Ousmane Sonko se présenter à la prochaine présidentielle. « Il faut que la délégation de l’Union Européenne dénonce les manquements et la fraude électorale parce qu’une élection est un processus. Le code électoral a défini le processus du début à la fin. Il ne devrait pas y avoir de violations », estime pour sa part le Dr Mouhamed Diédhiou selon qui il ne faudrait pas que le ministre de l’Intérieur dirige les élections à la place d’une personnalité neutre.
KEEMTAAN GI - CES CHEMINS PAVES DE BONNES INTENTIONS COMME CEUX DE L’ENFER !
Le saviez-vous ? Tout ce qui nous est arrivé dans ce charmant pays ces deux dernières années en termes de remous, violences et autres, découle de l’immaturité d’une opposition soutenue par une presse irresponsable. Ne venez surtout pas nous demander celui qui a émis avec certitude cette sentence. Faisons comme s’il était dans sa bulle. Oui, c’est une Opposition qui a voulu mettre à terre les fondements de la République. Celui contre qui elle se dressait est le meilleur d’entre nous. Il a changé ce pays à tous points de vue. Devant lui, Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade étaient des nains et des nullards. Ça, c’est une évidence. Personne n’en doute et c’est pour cela qu’on l’avait mis à la tête de Galsen qui semble depuis marcher sur la tête. Ce n’est qu’en Afrique, malheureusement, que l’on discute de ce genre de choses. Pendant que l’on brocardait l’opposition et jetait des fleurs au Prince, une partie de sélection se jouait au Conseil constitutionnel. Les victimes disent que c’était comme la roulette des casinos. Tant pis pour les perdants ! Ils sont donc 21 candidats à avoir validé leurs parrainages en attendant que les Sept sages — ou présentés comme tels — fassent le tamis pour éliminer les faux Sénégalais, les escrocs et certainement ceux qui doivent des thunes au Trésor. Ce serait une grande injustice que de laisser passer des bandits à col blanc et retenir des personnes sur qui on a collé injustement de graves charges que leurs accusateurs peinent à justifier. Pensez à qui vous voulez. Mais ainsi se présentent les choses en direction de la présidentielle à venir. Un processus électoral chahuté avec de fortes contestations de candidats recalés constitués en collectif. Ils vont tenir ce matin une conférence de presse pour exiger…la fiabilité et l’intégrité du processus électoral déjà décrié et fort vicié. Au vrai, nous assistons à un grand recul démocratique après deux alternances pacifiques. Si rien n’est fait, et rien ne sera fait, on va lentement et sûrement vers une élection contestée et qui l’est déjà avant que le départ ne soit donné. Mais ne rêvez surtout pas. Quand des décisions de juges sont piétinées et que l’administration refuse de se soumettre au droit, cela ne présage rien de bon. Rien ! Et ce qui indispose le plus, c’est le silence des magistrats eux-mêmes dont les décisions sont foulées au pied. Cela dit, le bon Dieu ne peut pas tout nous donner quand même. Souriez messieurs et dames. Après avoir eu le président le plus diplômé de Casablanca au Cap, Dieu, dans sa générosité, nous a aussi permis d’avoir le meilleur président d’Afrique. Un Président irremplaçable et indispensable qui se demande ce que va devenir ce cher pays sans lui à sa tête. Justement, qu’allons-nous devenir sans lui qui nous construit de si belles infrastructures et nous défend contre ces méchants terroristes et autres forces occultes ? Sûr que ce vilain Kàccoor Bi le regrettera ! Mais encore faudrait-il qu’il accepte de partir bien gentiment et de nous rendre ce pouvoir que nous nous lui avons confié par deux fois… KACCOOR BI - LE TEMOIN
OUEST CREDIT ET SENEPRET UNE ARNAQUE MISE A NU !
Dans un communiqué, le ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba porte à la connaissance du public que les structures dénommées «Ouest Crédit » et « SenePrêt », à travers des applications téléchargeables sur « Play store » et « Apple store », proposent illégalement des opérations de collecte d’épargne et d’octroi de crédit. Selon le ministre, ces pratiques, devenues virales sur les réseaux sociaux, sont source d’arnaques auprès des populations. En conséquence, martèle-t-il, il est requis des populations de cesser toutes activités avec les institutions précitées et, le cas échéant, de se rapprocher de la Direction générale du Secteur financier dont les contacts sont indiqués ci-dessous. En examinant à la loupe ce communiqué, « Le Témoin » quotidien note une certaine faiblesse étatique voire un manque de rigueur à l’endroit de ces opérateurs de «Ouest Crédit » et «SenePrêt ». Parce que sous d’autres pays, ces arnaqueurs seraient déjà identifiés, localisés, traqués et arrêtés. Mais puisque ce ne sont pas des « forces occultes »…
POTS DE THON A LA HAUSSE UN SABOTAGE DE LA POLITIQUE SOCIALE !
S’il existe des acteurs qui sabotent la politique sociale du président Macky Sall au point de provoquer la colère des Sénégalais contre son régime, ce sont bien les industriels sénégalais du thon et producteurs de conserves de poisson. Malgré les avantages fiscaux et juridiques dont ils bénéficient de la part de l’Etat, ces industriels véreux viennent d’augmenter les prix des pots de thon. Comme s’ils se sont passés le mot d’ordre en procédant à des hausses exagérées. Par exemple, le pot de thon (pâtée sardinelle) qui coûtait entre 800 et 1200 cfa est vendu à l’usine (en gros) à 1.500 cfa voire 1.600 cfa. Arrivé chez le boutiquier, ce même pot de thon est revendu à 1.800 cfa voire 2.000 cfa. Hélas ! Le « Pain-thon » qui était, à côté du « panndambé » et du « thiéré sow », le dernier recours des pauvres consommateurs et ménages défavorisés est lui aussi finalement tombé dans la spirale des hausses de prix. Pour « Le Témoin » quotidien, ces industriels du thon en complicité avec les boutiquiers ont dû oublier que, pour le repas du soir, le « Pain-Thon » était jusque-là une recette de secours pour les foyers dépourvus de poulets ou de viande de bœuf et vivant sous le seuil de l’extrême pauvreté. Mais ils n’en ont cure ! Surtout dans un secteur de la pêche et de la conserverie où la magouille, la fraude, la corruption, la fuite des capitaux et l’absence de contrôle étatique sont érigées en…licence.
ECOLE PRIMAIRE DE MACKY SALL ETABLISSEMENT CLASSE SITE… HISTORIQUE
Le ministre de la Culture Alioune Sow a pris un arrêté ministériel pour classer l’école élémentaire « Tafsir Aliou Mor Boye » de Foundiougne site historique. Motif ? Parce que tout simplement le président de la République, Macky Sall, a fait ses études primaires dans cette école devenue un lieu de pèlerinage…international. Sans doute pour faciliter l’arrivée des touristes du monde entier, le ministre Alioune Sow compte aménager dans la cour de l’école un aérodrome. Ne rigolez surtout pas! Car, avec ces derniers Mohicans « aperistes » de la propagande poussée et de l’activisme débordant, tout est possible ! « Le Témoin » quotidien jure que même du temps de sa Majesté Mobutu Sese Seko, Maréchal et Roi du Zaïre, la machine de propagande étatique ne roulait pas à la vitesse de celle de l’Apr/Benno. Le ministre Alioune Sow a dû oublier que toute chose a une fin. Car il devrait savoir qu’un jour même ses propres enfants ne se souviendront jamais où se trouve l’école « Tafsir Aliou Mor Boye ». Récapitulons : une avenue Macky Sall à Saint-Louis, une autre avenue Macky Sall à Dakar, l’hôpital de Fatick désormais appelé Marième Faye Sall, l’école Tafsir Aliou Mor Boye classée site historique…il ne reste plus qu’à donner le nom d’Amadou Sall, le fils, à l’Arène nationale de Pikine !
UCAD PR MAÏMOUNA NDOUR MBAYE A L’ACADEMIE FRANÇAISE DE MEDECINE
Selon notre confrère « Dakaractu », la Professeure titulaire de Médecine Interne à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Pr Maïmouna Ndour Mbaye, vient d’intégrer la prestigieuse et sélective Académie française de Médecine comme Membre Correspondant étranger. En effet, elle est la 1ère femme d’Afrique de l’Ouest à siéger dans cette vénérable institution. Pr Ndour est Cheffe de Service de Médecine Interne et Directrice du Centre national de diabétologie à Dakar. Elle est également spécialiste en santé publique avec une grande expérience en Afrique et en Europe dans les domaines de la recherche, des bonnes pratiques cliniques et de la gestion du pied diabétique et d’autres complications des maladies métaboliques. Encore l’excellence sénégalaise qui est promue à l’étranger !
DECES DU PERE DE PAPE ALLE NIANG LES CONDOLEANCES DU « TEMOIN »
A la suite du rappel à Dieu du regretté père de notre confrère et ami Pape Allé Niang, El Hadji Thierno Niang, la rédaction du Groupe « Le Témoin » s’associe au deuil de notre confrère et lui présente ses sincères condoléances. Que le défunt soit parmi les élus de Dieu. Qu’Allah lui fasse miséricorde et lui donne une place de choix dans Son paradis de Firdawsi.
LE BILAN DES PARRAINAGES DES CANDIDATS AU MENU DE LA REVUE DE PRESSE DE L’APS CE MERCREDI
Les quotidiens parus ce mercredi s'appesantissent sur le bilan des travaux de la commission de contrôle des parrainages des candidats au scrutin présidentiel du 25 février prochain.
Dakar, 10 jan (APS) – Les quotidiens se sont appesantis sur le bilan des travaux de la commission de contrôle des parrainages des candidats au scrutin présidentiel du 25 février prochain.
Vingt et un candidats ont réussi à faire valider leurs parrains, selon les journaux. Quatre-vingt-treize dossiers de déclaration de candidature avaient été déposés au Conseil constitutionnel.
‘’Après la vérification des parrainages, le Conseil constitutionnel va étudier […] les dossiers des 21 candidats et publiera [ensuite] la liste définitive de [ceux] retenus pour la présidentielle de 2024’’, lit-on dans Le Soleil.
Plusieurs journaux se sont préoccupés de l’invalidation des candidatures des anciens Premiers ministres Abdoul Mbaye, Souleymane Ndéné Ndiaye, Cheikh Hadjibou Soumaré et Aminata Touré.
Les ‘’trois rebelles’’ de la majorité présidentielle, El Hadji Mamadou Diao, Mahammed Dionne et Aly Ngouille Ndiaye, ‘’sont décidés à faire valoir leur légitimité politique’’, puisqu’ils ont fait valider leurs parrains, note Bés Bi Le Jour.
Sud Quotidien estime que ‘’la grosse surprise dans cette étape des parrainages, c’est l’élimination des deux anciens Premiers ministres Souleymane Ndéné Ndiaye et Abdoul Mbaye’’ au contrôle des parrainages.
Ces trois personnalités ont quitté le parti politique de Macky Sall et la coalition majoritaire pour faire acte de candidature, après que le président de la République a choisi comme candidat le Premier ministre.
‘’On m’a fait payer mon combat contre le troisième mandat’’ de Macky Sall, a écrit Tribune en citant Aminata Touré.
‘’Aminata Touré accuse le régime qu’elle chérissait dans un passé récent d’avoir volé ses parrains dans la région de Saint-Louis’’, note Source A.
Libération publie la liste des 21 candidats dont les parrains ont été validés, le journal EnQuête s’employant, pour sa part, à dévoiler ‘’les secrets de la réussite’’ de 12 d’entre eux qui ont réussi à faire les corrections nécessaires.
‘’Il y a une autre haie à franchir avant de prétendre diriger le Sénégal’’, rappelle Le Quotidien, précisant qu’il s’agit de l’évaluation des autres pièces du dossier de candidature.
‘’Certains [candidats] sont contraints de quitter l’espace politique’’, a dit à L’Observateur un analyste politique en parlant des 72 candidats n’étant pas parvenus à faire valider leurs parrains.
WalfQuotidien signale que ‘’l’élection présidentielle de février prochain est partie pour battre le record en termes de nombre de candidats, si le Conseil constitutionnel valide la vingtaine de candidatures ayant passé le filtre du parrainage’’.
Par EL HADJI SOW
LE LAC ROSE, UN SITE NATUREL PROCHE DE L’AGONIE
Le lac Retba, plus connu sous son nom touristique de lac Rose, est situé à environ 35 km au nord-nord-est de la ville de Dakar, Sénégal. Il occupe une dépression dont la côte est située à 6,5 m au-dessous du niveau marin.
Le lac Retba, plus connu sous son nom touristique de lac Rose, est situé à environ 35 km au nord-nord-est de la ville de Dakar, Sénégal. Il occupe une dépression dont la côte est située à 6,5 m au-dessous du niveau marin.
Ce lac est isolé de la mer par des cordons dunaires sur environ 1 km. Cette profondeur de la dépression est à l’origine de son alimentation en eau douce (provenant de la nappe saisonnière des sables littoraux) et d’eau salée provenant de la mer à travers les dunes. Ainsi, la mer assure l’essentiel de l’alimentation du lac en eau et l’intégralité de son alimentation en sel.
Les eaux du lac sont pratiquement sans traces de vie à l’exception de quelques algues microscopiques et bactéries.
Le lac Rose est l’une des principales destinations touristiques dans la région de Dakar en raison notamment de la couleur rose de ses eaux. Mais il perd de plus en plus son attrait pour plusieurs raisons. En dehors du tourisme, l’exploitation artisanale du sel a constitué une des activités dominantes autour de ce lac Rose. Cette activité mobilise entre 1500 et 3000 personnes avec une production annuelle estimée à 140 000 tonnes durant les années 2010 vendue partout dans le pays et certains pays limitrophes.
Je suis un chercheur qui étudie ce lac depuis 1995 dans le cadre de la thèse de doctorat d’Etat. Depuis cette date, je suis avec attention ce lac avec à la clé de nombreux travaux de recherche (thèses et articles scientifiques) menés par mon équipe et moi, ainsi que la direction du volet “Étude du lac Rose” dans le cadre du Programme d’appui au secteur minier (PASMI). Les recommandations faites à la fin de ce projet que j’ai conduit entre 2008 et 2010 n’ont pas été suivies. J’explique dans cet article pourquoi les eaux de ce lac ont une couleur rose et les défis actuels auxquels il est confronté et qui l’ont plongé dans l’agonie.
POURQUOI L’EAU EST ROSE?
La coloration rose est liée à la prolifération de l’algue verte halophile (vivant en milieu salé), Dunaliella salina, qui renferme des pigments rouges à l’origine de la couleur rose/rouge. Elle est associée à des bactéries halophiles du genre Halobacterium. La résistance au sel de cette algue microscopique vient de sa forte concentration en pigments caroténoïdes qui la protègent de la lumière et des teneurs élevées en glycérol.
En effet, Dunaliella salina contient au moins quatre pigments antioxydants (bêta carotène, astaxanthine, lutéine et zéaxanthine) qui sont des pigments riches en vitamines et oligo-éléments. Ces conditions peu favorables engendrent une pression osmotique élevée que l’algue arrive à compenser. Lorsque la salinité de l’eau baisse, la coloration vire au vert du fait de la prédominance d’algues de cette couleur.
LES DEFIS
Aujourd’hui, ce lac est confronté à un certain nombre de défis localisés sur la rive sud et sur la rive nord, mais aussi liés à l’accumulation du sel. Sur la rive sud, le canal de délestage créé en août 2022 pour l’évacuation des eaux usées et pluviales des banlieues alentour a eu pour conséquence :
• l’apport d’une charge solide contribuant au comblement du lac,
• une dilution des eaux avec une salinité faible ne permettant pas la précipitation de sel et incompatible avec le développement de l’algue verte Dunaliella salina;
La rive nord constitue la partie la plus sensible du lac pour plusieurs raisons :
• la présence des dunes fixées par une haie de filaos vieillissante est menacée par les parcours automobiles. La destruction de ces filaos entraînera un envahissement de la dépression par le sable mouvant,
• l’alimentation du lac en eau à travers les dunes : ces nappes (eau douce et eau salée) étant très superficielles, leur qualité est facilement affectée par l’urbanisation galopante dans cette partie nord.
Cette zone est jalonnée d’étangs installés sur la partie nord de l’ancien chenal qui liait le lac à la mer tandis que la partie nord de ce chenal est comblée par les dunes. Depuis 2004, nous suivons l’évolution des paramètres physico-chimiques et certains paramètres biologiques le long de ces étangs.
MENACE DE DISPARITION
Les résultats des analyses chimiques d’échantillons prélevés en fin mai 2023 le long de ces étangs viennent de nous parvenir et ces résultats montrent des teneurs extrêmement élevés de nitrates (12491,71 à 15394,75 mg/l en mai 2023 contre 5,82 à 12,05 mg/l en décembre 2022). Or, la limite des nitrates établie par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est de 50 mg/l pour que l’eau soit considérée comme potable.
Cette augmentation brusque du taux des nitrates serait liée à l’installation d’hôtels aux abords immédiats du lac et des étangs et à l’urbanisation rapide et anarchique de cette partie nord sans réseau d’assainissement. Ces eaux polluées vont se jeter dans le lac et se retrouver dans le sel qui devient alors impropre à la consommation.
Il convient ainsi de contrôler régulièrement la qualité du sel à la reprise de l’exploitation.
L’alimentation du lac en sel à travers les dunes est un phénomène permanent et s’élevait à environ 360 000 tonnes par an selon les résultats de nos études en 2008-2009. Ce dépôt de sel était supérieur au taux d’exploitation estimée à environ 100 000 tonnes par an en son temps. Contrairement à l’idée la plus répandue, l’extraction du sel n’a jamais été néfaste à la survie du lac mais évite plutôt son asphyxie. Imaginez ce qu’on obtiendrait en reversant dans le lac la quantité de sel extraite durant seulement les dix dernières années. Cela donnerait une montagne de sel en lieu et place du lac. Si le sel est pollué au point d’être impropre à la consommation, l’extraction sera interdite et le dépôt de sel comblera la dépression. Ainsi, les apports détritiques provenant de la brèche et des dunes ainsi que l’accumulation du sel rendu impropre à la consommation combleront en quelques années la dépression et le lac Rose disparaîtra complètement.
QUELQUES RECOMMANDATIONS POUR LA SAUVEGARDE DU LAC
Pour mettre un terme aux menaces qui pèsent sur le lac et le préserver, les autorités doivent:
- Interdire l’exploitation des amas coquilliers qui jouent un rôle de dallage et protègent le sol contre l’érosion ;
- Interdire l’exploitation du sable de dune qui servent de barrière entre la mer et le lac;
- Encadrer les activités maraîchères et arboricoles en évitant leur implantation sur les versants immédiats des points d’eau, l’installation des réceptifs touristiques et l’exploitation du sel pour éviter de dépasser la limite maximale; Renouveler la haie de filaos qui fixe les dunes ;
- Interdire totalement l’urbanisation et l’installation des réceptifs touristiques sur les dunes séparant le lac et la mer.
Mettre en place une gestion intégrée profitable à la faune et aux populations locales, une éducation environnementale et une sensibilisation des populations.
EL HADJI SOW
Enseignant-chercheur, Université Cheikh Anta Diop de Dakar