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30 mai 2025
PREMIER LEAGUE, GANA GUEYE SORT SUR BLESSURE À 20 JOURS DE LA CAN
L’ancien joueur du Paris Saint-Germain (2019-2022) fait partie des 55 joueurs présélectionnés par le sélectionneur des Lions, Aliou Cissé en vue de la Coupe d’Afrique des nations de football prévue du 13 janvier au 11 février 2024 en Côte d’Ivoire.
Dakar, 23 déc (APS) – Le milieu de terrain sénégalais d’Everton en Premier League anglaise Idrissa Gana Gueye est sorti, samedi, sur blessure à la 22e minute du match de la 18e journée qui opposait son équipe à celle de Tottenham de son compatriote, Pape Matar Sarr .
L’international sénégalais est remplacé par le Portugais André Gomes.
Son équipe était déjà menée, 2-0, sur des réalisations du Brésilien Richarlison (9e) et du Coréen Heung-min Son (18e).
Idrissa Gana Gueye, 34 ans était de retour d’une suspension.
L’ancien joueur du Paris Saint-Germain (2019-2022) fait partie des 55 joueurs présélectionnés par le sélectionneur des Lions, Aliou Cissé en vue de la Coupe d’Afrique des nations de football prévue du 13 janvier au 11 février 2024 en Côte d’Ivoire.
Présent en équipe national depuis 2011, Gana Gueye est le joueur sénégalais le plus capé avec 104 sélections
MAME BOYE DIAO DÉPOSE SA CANDIDATURE AU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Membre de l’Alliance pour la République (APR), El Hadji Mamadou Diao a décidé de faire acte de candidature à l’élection présidentielle du 25 février 2024 sous la bannière de la Coalition ‘’Diao 2024 pour un Sénégal nouveau’’.
Dakar, 23 déc (APS)- Massène papa Gueye, le mandataire de la coalition ‘’Diao 2024’’, a déclaré, samedi, à Dakar, avoir déposé au conseil constitutionnel le dossier de candidature du maire de Kolda El Hadji Mamadou Diao à l’élection présidentielle du 25 février 2024.
‘’Nous avons déposé 58 975 parrains qui sont exigés par les textes’’, a déclaré M. Guèye lors d’un point de presse devant le siège du conseil constitutionnel.
‘’Il y a également toutes les pièces qui sont demandées dans le cadre du dépôt des dossiers de candidature’’, a ajouté Massène papa Gueye.
Il rappelle que ‘’le conseil constitutionnel les a convoqués le 28 décembre pour le tirage de l’ordre des candidatures’’.
Membre de l’Alliance pour la République (APR), El Hadji Mamadou Diao a décidé de faire acte de candidature à l’élection présidentielle du 25 février 2024 sous la bannière de la Coalition ‘’Diao 2024 pour un Sénégal nouveau’’.
Pour être jugées recevables par le Conseil constitutionnel, les candidatures au scrutin doivent réunir entre 0,6 et 0,8 % – soit 44.231 à 58.975 électeurs – du nombre d’électeurs inscrits sur le fichier électoral.
Les candidats ont également la possibilité de collecter des parrains auprès des maires et des présidents de conseil départemental.
Pour cette option, le code électoral leur fait obligation de réunir 120 signatures au moins, soit 20 % de l’effectif des présidents des conseils municipaux et départementaux.
Les candidats peuvent aussi recourir au parrainage parlementaire. Dans ce cas-là, ils doivent collecter au moins 13 signatures, soit 8 % de l’effectif des députés.
L'APPEL DE L'AILLEURS CONTRE L'AMERTUME DU QUOTIDIEN
Malgré les risques, pourquoi des milliers d'Africains continuent-ils à émigrer clandestinement ? Une enquête panafricaine tente de lever le voile sur les raisons profondes poussant tant de jeunes à tenter le voyage, quels que soient les moyens
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 23/12/2023
Dans une série de quatre articles publiée par le magazine panafricain ZAM, cinq journalistes ont tenté de comprendre ce qui pousse des milliers d'Africains à migrer chaque année vers d'autres continents malgré les risques colossaux que font courir ces voyages. Voici le premier volet consacré aux causes du départ.
Au Cameroun, lors des funérailles de Bryan Achou dont le corps a été retrouvé noyé en Méditerranée, des proches évoquent avec émotion le destin tragique de ce jeune homme de leur quartier, comme celui d'un autre jeune décédé récemment en Tunisie. "Avant 2035, ce pays sera vidé de ses citoyens", s'alarme une femme, peu convaincue par le plan de développement "Cameroun Vision 2025-2035" annoncé par le président Paul Biya, au pouvoir depuis 40 ans.
À Douala, la journaliste Elizabeth BanyiTabi du magazine ZAM apprend qu'une de ses amies, Eva, projete de rejoindre clandestinement l'Amérique latine via "la trouée de Darién", une jungle dangerousue entre Colombie et Panama. "Mais je vais essayer", dit-elle, consciente des risques mais déterminée.
En Ouganda, de nombreuses jeunes femmes attendent à l'aéroport d'Entebbe pour être acheminées comme employées domestiques dans le Golfe, malgré les récits d'abus. "Il n'y a pratiquement aucun espoir ici", témoigne l'une d'elles. En effet, 41% des jeunes Ougandais de 18 à 30 ans sont sans emploi, selon le Bureau des statistiques.
Au Kenya, les campagnes de sensibilisation des ONG pour dissuader l'émigration vers le Golfe ont un impact limité. "Il n'y a pas d'espoir ici", expliquent encore des jeunes interrogés dans la rue. Au Nigeria, 9 personnes sur 10 interrogées à Abuja souhaitent faire "japa", le terme pour émigrer, dénonçant la mauvaise gouvernance et l'absence de services publics.
Au Zimbabwe, 95% des enseignants veulent partir, leurs salaires ne permettant pas de subvenir aux besoins familiaux. Pourtant, le pays regorge de ressources naturelles, mais les élites s'enrichissent en laissant le peuple dans la misère. Sur les réseaux sociaux, certains n'hésitent pas à menacer l'Afrique du Sud, qui accueille déjà 1 à 2 millions d'immigrés zimbabwéens, d'une nouvelle vague migratoire.
Comme le militant camerounais Kah Walla le déclare à ZAM, "personne ne quitte sa maison si elle est confortable". Malgré la conscience des dangers, l'absence d'espoir pousse à tenter le voyage, quels que soient les moyens. La plupart des personnes interrogées regrettent l'état de leurs pays, mais se sentent impuissantes à changer un système où "l'excellence n'est pas récompensée", selon le Dr Ejike Oji, expert de santé nigérian.
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FALL ET BARRAL, MAGISTRALES SUR SCÈNE
Poésie, slam, narration, parlé-chanté, tradition bertsolari, ... pour replacer l’oralité au cœur de la culture. Les artistes Samira Fall et Puy Barral ont donné un concert samedi dernier à l’Institut Cervantes de Dakar dans le cadre d'un échange culturel
Concert co-construit et coproduit par les artistes Samira Fall (Sénégal) et Puy Barral (Espagne), qui a épaté les spectateurs. Il s’agit un projet porté par l’Institut Cervantes de Dakar en collaboration avec les instituts Cervantes de New Delhi (Inde) et Sao Paulo (Brésil). Nous vous proposons ici résumé de cet évènement culturel.
NB : Les bertsolaris sont des poètes qui composent, chantent et improvisent des vers en basque "bertsoak" selon des règles de rime et métriques concrètes et sur un thème fixé à l'avance.
Cette tradition dont les premières mentions remontent au XVIIIe siècle est au Pays basque très enracinée et populaire, selon bilbaotourismo.net
FEMMES, SLAM ET POÈME : LA TRADITION ORALE AU GOÛT DU JOUR -
L'HEURE DE VÉRITÉ POUR LA FRANCE EN AFRIQUE
La France doit revoir sa politique africaine et adopter "une juste distance" avec le continent, selon deux députés français. Ils dénoncent la vision trop "missionnaire et moralisatrice" de Paris et appellent à plus de transparence sur ses compromissions
Dans un rapport parlementaire présenté ce mois-ci, les députés Bruno Fuchs et Michèle Tabarot plaident pour une redéfinition de la politique africaine de la France. Selon eux, Paris doit désormais adopter "une juste distance" avec les pays africains et sortir d'une "vision missionnaire et moralisatrice" qui lui vaut de nombreuses critiques.
"Il faut sortir d'une vision missionnaire et moralisatrice qui nous met à dos les Africains. Cette approche, ancrée dans la culture française, n’a jamais fonctionné", a déclaré Bruno Fuchs, co-auteur du rapport, dans une interview au Monde du 23 décembre 2023. "Nous devons être cohérents dans notre approche du monde et tenir nos positions", a-t-il ajouté.
Alors que le discours hostile à la politique française en Afrique gagne du terrain et que de nouveaux acteurs comme la Russie viennent contester l'influence de Paris sur le continent, les deux députés estiment qu'il est temps de clarifier le rôle de la France. Ils prônent une approche davantage fondée sur la realpolitik, avec plus de "transparence" sur les compromissions nécessaires en matière de valeurs démocratiques.
"Quand on va à l’encontre de nos valeurs comme on l’a fait au Tchad [en soutenant le fils du défunt président Idriss Déby], il faut être transparent et expliquer que le principe de sécurité dans la région prime sur le reste", a expliqué Bruno Fuchs. De même, il plaide pour une vision plus "cohérente" et "multipolaire" des relations internationales, alors que la politique française en Afrique apparaît souvent unilatérale.
Par ailleurs, les députés dénoncent un manque criant de connaissance de l'Afrique au sein des institutions françaises. "Beaucoup pensent connaître ce continent, alors qu’il a changé. Nous continuons d’agir en Afrique francophone comme il y a vingt ans. Or aujourd’hui, l’âge médian y est de 19 ans", relève Bruno Fuchs. Il appelle à revaloriser le rôle des coopérants militaires et civils ainsi qu'à recentrer l'action de l'Agence française de développement (AFD) autour de la stratégie politique définie pour le continent.
Reste à voir si les propositions du rapport auront une traduction concrète dans la politique menée. "Le seul qui peut changer les choses, c’est Emmanuel Macron", estime Bruno Fuchs. Après les tensions récentes, une redéfinition des relations entre la France et l'Afrique semble devenue une nécessité pour renouer le lien entre les deux rives de la Méditerranée.
PAR Amadou Sarr Diop
REVISITER L’ŒUVRE DE CHEIKH ANTA DIOP AU PRISME DE LA REFONDATION DES ÉTUDES AFRICAINES
EXCLUSIF SENEPLUS - Diop pourrait contribuer à l’émergence de foyers épistémologiques africanistes qui investissent la question du devenir de l’Afrique dans un contexte de globalisation où notre continent continue à occuper l’échelle des marges
S’il est impossible de refonder la production des savoirs en Afrique, sans faire référence à l’historique des conditions de naissance des études africaines, revisiter la pensée de Cheikh Anta Diop s’avère être un impératif majeur.
En effet, Cheikh Anta Diop a écrit une des plus belles pages de l’historiographie africaine, dans le sens de redonner à l’Afrique et les Africains une place centrale dans l’évolution historique de l’humanité. Cependant, en fonction des nouveaux enjeux liés au renouvellement des études africaines, la pensée de Cheikh Anta Diop doit être revisitée dans la perspective d’un dépassement épistémologique pour donner un souffle nouveau aux discours sur l’Afrique. L’explication proviendrait de l’apport de la pensée Cheikh antéenne dont les travaux ont imprimé aux études africaines une orientation qui a véritablement pu asseoir les bases de la production des savoirs sur l’Afrique à partir de nos propres épistémès. Mon propos se veut une invite à faire de l'œuvre de Cheikh Anta Diop une source d’inspiration, en l’inscrivant dans le débat de notre époque marqué par le surgissement de modèles d’intelligibilité qui défient les grandes théorisations issues des philosophies de l’histoire.
L’œuvre de Diop pourrait indiscutablement contribuer, à cet effet, à l’émergence de foyers épistémologiques africanistes qui investissent théoriquement la question du devenir de l’Afrique en termes d’émancipation dans un contexte de globalisation où notre continent continue à occuper l’échelle des marges.
La centralité de la théorie de Cheikh Anta Diop peut être située dans la démarche déconstructiviste de « la grande destinée historico-transcendantale de l’Occident ». Tout au long de son itinéraire de chercheur, il a procédé à une sorte d’exploration, au sens de Balandier, des univers de vie des peuples africains afin de contribuer par « le détour » à la découverte de nouvelles lignes de sens des réalités historiques d’un continent mis en marge par l’historiographie occidentale dans la longue destinée de l’humanité. Pour cette raison, l’apport de Cheikh Anta Diop à la naissance d'un ordre épistémique africaniste est sans équivoque. Par ce Bowoa appelle « l’herméneutique des fondements », Cheikh Anta Diop s'est investi à procéder à la coupure historiographique qui inscrit son œuvre dans la négation de l'ordre épistémologique occidental au filtre duquel se sont diffusés les savoirs sur l’Afrique et les Africains. Par le défi de ce que Mafèje désigne comme une épistémologie de l’altérité, il a fait émerger dans le domaine des sciences sociales un champ africaniste qui soit l’émanation de chercheurs africains. En effet, la rupture avec l’ordre normatif de production du savoir imposé par les canons de pensée des théories issues du monde occidental a été la principale préoccupation de Cheikh Anta Diop. Dans cette optique, il prône la désaffiliation de l’historiographie africaniste de l’eurocentrisme du discours, afin que les africains parlent pour eux, sur eux-mêmes, pour faire entendre au monde la voix authentique de l’Afrique. L’objectif étant de libérer les penseurs africanistes de l’extraversion théorique où les sociétés africaines sont étudiées à partir de canons méthodologiques et théoriques conçus et construits pour d’autres univers de vie. L’originalité théorique de Diop a consisté à revisiter les civilisations égypto-nubiennes pour déconstruire les discours sur l’Afrique et ouvrir un immense champ d’investigation dans l’étude des sociétés africaines. L’auteur de Nations nègres et cultures n’a cessé de dénoncer, à cet effet, dans une démarche sans complaisance, la construction de l’universalisme ambiant par la négation et par l’effacement des autres cultures au profit de la culture occidentale. Il y a un danger, selon Cheikh Anta Diop, « à s'instruire de notre passé, de notre société, de notre pensée, sans esprit critique, à travers les ouvrages occidentaux ». L’auteur de Civilisation et barbarie est d’avis que le principe de la restauration historique et culturelle de l’Afrique, par la référence sans équivoque aux antiquités égypto-nubiennes, est la seule voie de salut pour les peuples africains. Ce rattachement de l’Afrique noire, par Cheikh Anta Diop, à son foyer ancestral égyptien a un effet épistémologique sur l’historiographie africaniste. La démarche de Cheikh Anta Diop a consisté, par conséquent, à réinventer le discours sur l’Afrique par un éclairage scientifique des codes symboliques par lesquels se construisent et se reconstruisent les représentations et les formes de sociabilité propres aux univers vie des sociétés africaines. Dans le contexte de la guerre « des régimes de vérités », pour reprendre une expression de Michel Foucault, et de la confrontation des rationalités occidentale et négro africaine, Cheikh Anta Diop a impulsé aux études africaines le sens de l’indépendance et de l’innovation théorique.
En lisant l'œuvre de Cheikh Anta Diop dans le sens de l’histoire, on peut constater aussi bien pour ses détracteurs que pour ses propres partisans le travers d’une certaine forme d’historicisme. D’une part, ceux qui ont porté la critique à l'égyptologue sénégalais lui reproche d'être un penseur qui se délecte au passé, à l’histoire de l’Egypte pharaonique et d’autre part, ceux qui ont accordé une pertinence scientifique aux thèses de Cheikh Anta Diop ont failli pour ne pas repenser son œuvre au-delà des débats d’époque qui ont généré l'égyptologie cheikh antéenne.
Accusé à tort, par ses détracteurs, d’être un penseur du passé qui s’est trop focalisé sur les civilisations antiques de l’Egypte pharaonique, Cheikh Anta Diop se révèle, pour autant, un penseur littéralement tourné vers le futur. Le regard sur l’Afrique des origines n’est nullement un oubli au présent et au futur de l’Afrique. Sa référence aux antiquités africaines a pour but d’enraciner les sociétés africaines dans leur terreau civilisationnel pour mieux envisager leur devenir. Dans l’approche de Cheikh Anta Diop, la restitution de la civilisation égyptienne pharaonique n’est pas une posture qui clôt toute perspective à interroger le présent pour penser le futur de l’Afrique. Elle n’est pas une posture passéiste, mais le sens d’une introspection qui éclaire sur la praxis qui serait une sorte de balise des voies et moyens pour la réinvention du futur de l’Afrique face aux enjeux toniques de la domination séculaire à laquelle le continent africain est confronté. Le retour aux civilisations égypto-nubiennes est un détour, une meilleure prise en charge des réalités du présent, pour envisager l’avenir comme un champ de possibles. Reprenant le professeur Djibri Samb, le recours à l’Egypte des origines chez Cheikh Anta Diop est une forme de réhabilitation de la conscience historique africaine qui, « s’ouvrant à l’avenir et reliée à l’origine, devient une conscience historiale, au sens heideggerien ». C’est dans cette perspective que se situe le caractère engagé du discours historique cheikh antanéen qui relie le passé à son avenir où le présent se définit comme temps de réflexivité critique et d’engagement pour une épistémologie au service de l’Afrique. L’engagement épistémique n’est que scientifique, il est aussi dans l’œuvre de Cheikh Anta Diop un engagement dans le sens de la réécriture de l’histoire africaine, pour le meilleur devenir du continent noir pensé termes d’intégration des États postcoloniaux.
Dans cette dialectique du dépassement, il s’agit d’établir le lien entre l’éclairage des mutations actuelles du monde et les enjeux historiques auxquels les sociétés africaines sont confrontées. L’emboîtement de cette triple temporalité, à savoir le passé historique, le présent et l’avenir, est devenu un espace de questionnement dont le regard rétrospectif de Cheikh Anta Diop peut contribuer à établir ce qu’il est convenu d’appeler la réinvention de l’Afrique par le génie de l’esprit africain. Il nous faut donc repenser et refaire, au prisme du paradigme de Cheikh Anta Diop, l’Afrique dans la mondialisation. Notre assertion dérive du constat que le basculement du monde de l’ordre bipolaire à celui de la globalisation s’est accompagné de changement de registres analytiques dans le domaine de la pensée, en particulier dans celui des sciences humaines. Alors, les anciennes catégories de pensée sont de plus en plus remises en question par un nouvel ordre du savoir qui obéit à la variation des niveaux de détermination épistémique. Dans cette ambition de repenser les Afriques et les Africains dans le contexte de la globalisation, il s’agit d’inscrire l'œuvre de Cheikh Anta Diop aux débats de notre époque. Si les théoriciens les plus en vue dans le champ de l’africanisme sont partisans de l’afro mondialisme, la pensée de Cheikh Anta Diop nous offre des outils pour faire face à ce nouveau courant, béni et labellisé dans les milieux intellectuels occidentaux. Le tort du courant afro mondialiste c’est l’adoption d’une posture de capitulation face à l’entreprise de construction de foyers épistémologiques africanistes dont la pensée de Cheikh Anta Diop constitue une œuvre pionnière. En effet, les penseurs de l’afro mondialisme sont d’avis qu’il faut penser l’avenir de l’Afrique par le Temps du monde, celui de la globalisation porteuse du déclin des différences au nom de l’uniformisation des modes d’être et de penser. Les sociétés africaines sont alors appelées à insérer leurs temporalités au Temps de la mondialisation, en se conformant au nouvel ethos civilisationnel qui encadre le devenir des sociétés postmodernes.
Il est évident que la mondialisation ne coupe pas le monde en deux entités opposées, mais elle en fait deux univers de vie aux réalités et préoccupations différentes dont chacun vit, selon ses spécificités propres, les effets de cette unité systémique du monde. Si la mondialisation est synonyme d’extension des réseaux commerciaux et informationnels dans les pays développés, elle affecte plutôt les pays du Sud sous l’angle de leur dépendance au nouvel ordre économique et politique mondial né au début des années 90. La globalisation est porteuse, dit-on, de dissolution des différences. Mais en réalité, elle n’a pas que des effets univoques ; elle est loin d’araser toutes les singularités. Il nous faut donc avoir notre propre regard d’africanistes sur le Temps du monde où se diluent nos univers existentiels. En définitive, la mondialisation ne peut pas servir de prétexte pour mettre une croix sur l’africanisme, au nom d’un afro mondialisme qui se résume à un simple arrimage des études africanistes aux nouveaux paradigmes dominants des épistémès occidentales.
Avec l’héritage cheikh antéen, s’ouvre un horizon des possibles, celui du défi à la refondation des discours sur l’Afrique adossée à des de foyers épistémologiques africanistes dont le principe de base sera l’engagement pour une démarche afro centrée. Il s’agit ici de faire face au défi de l’innovation théorique et méthodologique dans l’étude des réalités historiques et sociologiques des sociétés africaines en devenir. Le message légué aux générations futures par Cheikh Anta est le refus de la capitulation : il s’agit ne pas de se rendre. Il nous exhorte à se démarquer de cette catégorie d’intellectuels africains qui, tout en exhortant les élites politiques à inventer leurs propres modèles de gouvernance économique et politique, refusent de s’appliquer ce principe d’autonomie, d'indépendance, dans le domaine de la production des savoirs. La décolonisation de l’Afrique n’est pas seulement politique et économique dont la responsabilité incomberait aux élites politiques, elle est aussi, avant tout, une exigence épistémique et paradigmatique qui interpelle les universitaires, les chercheurs et intellectuels que nous sommes. C’est la belle leçon à retenir de l’apport monumental de l’œuvre de Cheikh Anta Diop dans la construction d’un ordre épistémologique africaniste qui participerait à l’émancipation de notre continent. C’est en sens que le projet de Diop est incontestablement une contribution pour faire éclore, comme le soutient Jean Marc Ela, « ces voies capables de réinstaller l’Afrique au cœur des débats scientifiques de notre époque ».
Amadou Sarr Diop est sociologue, enseignant-chercheur, professeur assimilé à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
LA RÉFORME FRANÇAISE DE L’IMMIGRATION VUE DE DAKAR
Depuis l'adoption par le Parlement français d'un texte durcissant les conditions de séjour pour les étudiants étrangers, c'est l'incertitude qui prédomine à l'Ucad. Épreuves supplémentaires, budget alourdi : le rêve français s'éloigne pour certains
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 23/12/2023
Des milliers d'étudiants sénégalais sont dans l'incertitude depuis l'adoption de la loi immigration par le Parlement français le 19 décembre dernier. En durcissant les conditions de séjour pour les étudiants étrangers, cette réforme risque de compliquer encore davantage leur parcours universitaire en France, selon certains d'entre eux interrogés par Franceinfo.
À l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, les nouvelles dispositions suscitent l'inquiétude. Près de 14 000 étudiants sénégalais poursuivent chaque année leurs études supérieures dans l'Hexagone. La loi prévoit notamment d'instaurer le versement d'une caution financière à l'arrivée sur le territoire français.
"Il est préférable d'adoucir les lois par rapport à une immigration scientifique", estime Samba Ndiaye, étudiant en administration publique qui envisage de faire un doctorat en France. La procédure est déjà longue et coûteuse, ajoute Thione Dieng, étudiant en droit public qui a échoué deux fois dans ses tentatives pour continuer en France. "Dès que j'ai une admission, j'essaye de trouver une solution. Si je n'en trouve pas, je vais laisser comme ça", confie-t-il à Franceinfo.
Aloïs Diouf préfère pour sa part terminer son master au Sénégal. "C'est une manière pour la France de dire aux étudiants africains de rester chez eux", regrette le jeune homme, qui voit dans cette loi un moyen de dissuader les départs.
Chaque année, plus de 30 000 candidatures sénégalaises sont examinées par Campus France pour des études dans l'Hexagone. Mais avec les nouvelles mesures, qui devront encore être validées par le Conseil constitutionnel, le rêve français risque de s'éloigner pour certains.
L'AMBASSADEUR DU MALI EN ALGERIE RAPPELÉ POUR CONSULTATION À BAMAKO
Il lui est reproché des réunions avec des séparatistes touareg sans associer les autorités maliennes. Cette convocation est également arrivée après la réception à Alger mardi par le président Abdelmadjid Tebboune d'une figure religieuse malienne.
L'ambassadeur du Mali en Algérie a été rappelé vendredi pour consultation à Bamako par "principe de réciprocité", selon un communiqué transmis par le ministère malien des Affaires étrangères, alors que la tension s'est accrue cette semaine entre les deux pays.
Aucune information n'était disponible vendredi après-midi sur un rappel dans son pays de l'ambassadeur d'Algérie à Bamako. Mercredi, ce dernier avait été convoqué par le ministère malien des Affaires étrangères pour des "actes inamicaux" et "une ingérence" d'Alger dans "les affaires intérieures" du Mali, selon la diplomatie malienne.
Il lui est notamment reproché des réunions avec des séparatistes touareg sans associer les autorités maliennes. Cette convocation est également arrivée après la réception à Alger mardi par le président Abdelmadjid Tebboune d'une importante figure religieuse et politique malienne, l'imam Mahmoud Dicko, l'un des rares à oser exprimer ouvertement ses désaccords avec la junte au pouvoir depuis août 2020.
Bamako avait convoqué l'ambassadeur d'Algérie "pour élever une vive protestation" du Mali "suite aux récents actes inamicaux posés par les autorités algériennes, sous le couvert du processus de paix au Mali", selon un communiqué du ministère.
L'Algérie est le principal pays médiateur pour le retour de la paix dans le nord du Mali à la suite d'un accord signé en 2015 entre le gouvernement malien et des groupes armés à dominante touareg, dit accord d'Alger. Cet accord est sérieusement mis à mal depuis la reprise des hostilités fin août entre ces groupes rebelles et l'armée malienne, après huit ans d'accalmie.
En réponse, le chef de la diplomatie algérienne a rappelé que le 13 décembre, l'Algérie avait appelé, à travers un communiqué, "toutes les parties maliennes à renouveler leur engagement dans la mise en œuvre de l'Accord de paix et de réconciliation issu du processus d'Alger". Le lendemain, jeudi, l'ambassadeur du Mali à Alger était lui aussi convoqué par la diplomatie algérienne.
Le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, a rappelé à l'ambassadeur du Mali, que "toutes les contributions de l'Algérie à la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité au Mali ont toujours reposé sur trois principes cardinaux dont elle n'a jamais dévié", selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères.
Ces principes sont "l'attachement intransgressible de l'Algérie à l'intégrité territoriale, à la souveraineté et à l'unité nationale du Mali", "la voie pacifique" pour "garantir la paix au Mali" ainsi que "la réconciliation (...) sans exclusion".
Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, est vendredi et samedi en visite au Maroc, avec qui Alger a rompu ses relations diplomatiques en août 2021 en dénonçant une série d'"actes hostiles" de son voisin, concernant en particulier le territoire disputé du Sahara occidental et la normalisation avec Israël.
EN VISITE AU RANCH DE DOLLY, DAOUDA DIA RASSURE LES ÉLEVEURS
Le ministre a promis d’examiner des solutions structurelles s’inspirant du tout nouveau Code Pastoral. «L’Etat a mis plusieurs années à le mettre en place. Il ne reste que les décrets d’application»
Le Ministre de l’Elevage et des Productions Animales Daouda DIA, à la tête d’une forte délégation au sein de laquelle l’Adjoint au Gouverneur de Louga, le Préfet de Linguère Modou THIAM, le Président de la Convergence des Eleveurs Aliou Dembrou SOW, les autorités locales et administratives, sous un froid de canard et d’un climat poussiéreux s’est rendu au ranch Djibo Leyti KA à Dolly dans le département de Linguère. Objet de la visite: s’enquérir de la situation du périmètre pastorale suite aux feux de brousse qui y sont survenus ces derniers temps. Avant de rencontrer les éleveurs à Dolly-Centre, un crochet au forage. La source est l’un des plus grands dans le département.
Sur place, le Directeur du ranch, Idy LECOR: «Le forage est profond de 300m avec un débit de 260 m3. Pour le remplir, il nous faut 4 h de pompage sans interruption. Ce forage a desservi la zone avec une adduction d’eau de 216 kilomètres, Les éleveurs du ranch de Dolly et des villages environnants, n’ont plus besoin de faire des dizaines de kilomètres pour avoir le liquide précieux qu’est l’eau. Il suffit de se rendre aux quatre abreuvoirs pour faire boire le cheptel. Le seul problème aujourd’hui, en est que nous continuons toujours d’enregistrer des fuites d’eau liées à la qualité apparemment défectueuse des conduits».
«Le vol de » bétail continue de hanter le sommeil des éleveurs au ranch de Dolly. Il ne se passe une journée sans que l’on enregistre un cas de vol. Nous voulons franchement collaborer. Mais malheureusement le réseau téléphonique fait défaut. Le mur de clôture, long de 125 km, s’ouvre sur 14 portes, sur chacune d’elles aucune force de l’ordre aujourd’hui pour veiller aux entrées et sorties du ranch», a laissé entendre le Chef de village, Kalidou SOW. Celui-ci se désole de la mauvaise installation des tuyaux peu profonds, source de plusieurs désagréments.
«Cette année, en si peu de temps, nous avons enregistré 8 feux de brousse ayant engendré une énorme quantité du tapis herbacé qui s’est consumé. Il est grand temps de renforcer la sécurité à Dolly, car aujourd’hui hui il y a que Cinq éléments alors que au début, nous avions plus de 20 éléments» s’inquiète Touradou KA, un chef de village.
Selon lui, les éléments des Eaux et Forêts peinent à s’acquitter convenablement de leur boulot. Car beaucoup de leurs véhicules sont tombés en panne.
Il a sollicité les efforts conjugués de l’État afin d’exploiter le jardin de 5ha, laissé en rade, faute de moyens, une manière de lutter contre l’émigration clandestine.
A son tour au créneau le maire, Oumar KA a dénoncé l’attitude des populations qui ne dénoncent pas les bandits de grand chemin par complicité liée aux affinités avec les malfaiteurs. «Nous, les éleveurs, nous devons aider les forces de l’ordre à mettre la main sur les malfrats qui sèment la terreur au ranch de Dolly» dit-il.
Pour Aliou SOW, le porte-parole des jeunes, «la jeunesse court derrière des projets et des financements. C’est pourquoi elle se lance au volant, seul moyen de gagner leur vie. Pour arrêter ce fléau, il faut l’insérer dans le secteur du travail».
A son tour, le ministre Daouda DIA a remercié toute la délégation qui l’accompagne. Ainsi que les populations de l’intérieur et de la périphérie du ranch. Selon lui, il est venu suite à un appel de détresse des populations lié à des impairs variés qui entrave la vie au ranch. Ces impairs ont pour noms manque d’eau, de fourrage et de sécurité tous azimuts. À ce dernier sujet, le ministre DIA a déploré le banditisme qui se traduit par l’endommagement volontaire du mur de clôture à dessein d’accéder au grand périmètre pastoral. Il a notamment promis d’examiner des solutions structurelles s’inspirant du tout nouveau Code Pastoral. «L’Etat a mis plusieurs années à le mettre en place. Il ne reste que les décrets d’application», a-t-il dit.
DES RETRAITÉS DE L’ADMINISTRATION PÉNITENTIAIRE SORTENT DE LEUR RÉSERVE
La plaie ne se cicatrise pas du côté des retraités de l’administration pénitentiaire. Ils retracent le film de 2019 avec désolation quand on les expulsait des camps de garde.
La plaie ne se cicatrise pas du côté des retraités de l’administration pénitentiaire. Ils retracent le film de 2019 avec désolation quand on les expulsait des camps de garde. Réunie autour d’un collectif, ils se sont donné rendez-vous à Thiès pour demander un dédommagement de la part de l’État du Sénégal à la mesure de l’humiliation subite.
« Le déguerpissement des camps de garde a été amer, honteux, horrible avec une humiliation inexplicable jamais vu dans les annales du Sénégal » se désole Demba Aidara ancien surveillant de prison à Mbour. Il se souvient encore de ces violences commanditées, selon lui, par l’ex-directeur général de l’administration pénitentiaire, colonel Bocandé qui a déployé 200 agents encagoulés armés jusqu’au dent pour les déguerpir de ces foyers qu’ils disent avoir réfectionner avec leurs propres moyens.
» Ce jour nous étions traités comme des malfaiteurs, des veuves vulnérables, des enfants traînés jusqu’au bout, nos bagages et même nos moutons ont tous été balancés dehors « , regrette l’ancien garde. Avant d’ajouter qu’après Mbour, Tivaouane, Vélingara, les séries de déguerpissement se sont poursuivis au Cap Manuel et au Fort B avant d’atterrir à Sébikotane avec la pire des manières. » Des forces spéciales qui ont même oublié qu’ils sont en face de leurs collègues qui ont portés la même tenue il y a presque trente années « , tonne M. Aïdara appuyée par l’assemblée par des gestes de désolation.
Et pourtant, poursuit-il, c’est sur la demande de l’Association nationale des policiers à la retraite que le président Macky Sall avait cédé ces logements de camps de garde aux occupants. C’était à la suite d’une audience qui avait eu lieu le 22 mars 2015. Il ajoute que cette déclaration du président sera confirmée par une lettre du directeur des domaines Mame Boye Diao à l’époque qui avait listé les ayant droits logeant dans les camps de garde de Mbour, Kaolack, Diourbel, Saint-Louis, Kolda, Louga, Fatick, Mbacké et Kédougou.
« Ces déguerpissements inattendus sont survenus et ont fait que beaucoup de retraités et de veuves sont depuis lors tombés malade « , regrette M. Aïdara qui revient toujours sur le film de ces événements.
Ces retraités demandent la restitution de logements ou un dédommagement total par rapport au somme dépensée pour avoir réfectionner ces bâtiments qu’ils ont occupés pendant 22 ans.
Au-delà de ces logements, ils réclament la charge de police au niveau des pensions pour relever leurs maigres ressources ou l’octroi de la pension militaire de retraite pour une valorisation de leur grille financière.