OBLIGATION DE DÉCLARATION DE PATRIMOINE À IMPOSER AUX MAGISTRATS DE L'ORDRE JUDICIAIRE
Le ministre de la Justice devrait avoir le courage de proposer la modification du statut des magistrats judiciaires en vue d’imposer à tous les magistrats exerçant une fonction juridictionnelle l’obligation de déposer une déclaration de leur patrimoine
« Un pouvoir judiciaire d’une intégrité incontestée est l’institution socle essentielle pour garantir le respect de la démocratie et la primauté du droit »[1]
La loi n° 2023-14 du 02 août 2023 modifiant la loi n° 65-61 du 21 juillet 1965 portant Code de procédure pénalea institué au Tribunal de Grande Instance hors classe et à la Cour d’appel de Dakar un Pool judiciaire financier (PJF) spécialisé dans la répression des crimes et délits économiques ou financiers, On espère que le PJF va jouer un rôle important « pour garantir la transparence et l’intégrité de la gestion des affaires publiques et le respect des principes de bonne gouvernance ». Mais pour assumer ce rôle, le PJF doit être indépendant, impartial et intègre.
« L’impartialité, c’est l’âme du juge », « c’est le courage du juge », « c’est la conscience du juge », « c’est le métier du juge », « c’est la rigueur intellectuelle du juge », « c’est l’honneur du juge » dixit Simone Rozès, alors premier président de la Cour de cassation en France [2].
Selon Jean-Etienne Pierrot, « l’intégrité est la principale vertu d’un magistrat » [3]. L’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime souligne que « dans le système judiciaire, l’intégrité est plus qu’une vertu, c’est une nécessité [4]». L’intégrité est, au même titre que l’impartialité, indissociable de la confiance placée par les citoyens dans leur justice.
« Être intègre, c’est n’être susceptible d’aucune influence, d’aucune pression, avoir la capacité, voir le courage de résister à toutes les pressions, l’intégrité est donc un marqueur de l’indépendance. L’intégrité suscite un dialogue avec sa conscience et donc la reconnaissance éventuelle de la menace et donc du risque qui peuvent prendre toutes les formes. L’intégrité va justifier certaines mesures dans certaines professions. Il en est ainsi …de la déclaration de patrimoine (pour les magistrats) …. » [5].
Au Sénégal, non seulement la loi n° 2014-17 du 2 avril 2014 relative à la déclaration de patrimoine, après près de dix ans d’application, n’a toujours pas fait l’objet d’une évaluation[6], mais elle omet divers agents exposés à des risques de corruption [7]. Dans cette catégorie figurent les juges du siège et les magistrats du parquet qui, à notre avis, devraient être soumis à l’obligation de transparence comme les magistrats de la Cour des comptes.
Rappelons que les responsables chargés des déclarations de patrimoine de seize pays d'Afrique de l’Ouest et Centrale ont tenu en 2014 à Dakar une conférence régionale pour examiner les politiques et les pratiques en vigueur en matière de déclarations de patrimoine dans leur région[8]. À l’issu de leurs travaux, ils ont émis diverses recommandations comme principes directeurs pour renforcer les dispositifs en matière de déclarations de patrimoine. Voici ce que dit la recommandation concernant les assujettis à la déclaration de patrimoine :
« Les personnes assujetties aux systèmes de déclarations de patrimoine devraient comprendre toutes les hautes autorités civiles et militaires, les agents publics ayant une responsabilité financière, les agents publics ayant un pouvoir de décision et les agents publics exposés à des risques de corruption, y compris les juges, les procureurs, les parlementaires, les élus et les autorités locales, les chefs d'entreprises publiques et parapubliques, les membres d'autorités de lutte contre la corruption, les cadres des forces de sécurité, les ordonnateurs, les comptables publics et tous les responsables des organisations bénéficiant des subventions significatives de l'Etat ».
Cette recommandation lance un message clair contre tout enrichissement illicite des personnes qui, par leur pouvoir de décision ou de gestion des deniers publics, sont exposés à des risques de corruption ou de détournement.
L’obligation de transparence en matière de déclaration de patrimoine existe chez les magistrats de la Cour des comptes
L’article 28 de la loi organique n° 2016-26 du 05 août 2016 portant statut des magistrats de la Cour des comptes dispose : « Tout magistrat de la Cour des comptes a l'obligation, préalablement à sa prestation de serment, de déclarer, par écrit et sur l'honneur, les biens meubles et immeubles entrant dans son patrimoine ainsi que ceux de son conjoint et de ses enfants mineurs »[9].
Comme l’a recommandé la Déclaration de Dakar en matière de déclarations de patrimoine, adoptée le 28 mai 2014, l’Exécutif et le Législatif devraient imposer aux juges et aux procureurs une déclaration de patrimoine familial avant et après l’exercice de leur fonction.
Le ministre de la Justice devrait avoir le courage de proposer la modification du statut des magistrats judiciaires en vue d’imposer à tous les magistrats exerçant une fonction juridictionnelle l’obligation de déposer une déclaration exhaustive, exacte et sincère de leur patrimoine familial à leur entrée et cessation de fonctions [10]. Seraient donc concernés aussi bien les magistrats du parquet que ceux du siège et, en particulier, les magistrats qui vont exercer au sein du PJF à savoir le Procureur de la République financier, le Procureur de la République financier adjoint et les substituts financiers et les juges d’instruction financiers.
La déclaration de situation patrimoniale en question devrait concerner le patrimoine familial. C’est-à-dire que le patrimoine à déclarer devrait inclure, en plus des biens de l’assujetti, les biens du (de la) conjoint(e) selon le régime matrimonial, des enfants mineurs et des enfants même majeurs, à charge du couple, pour éviter toute dissimulation du patrimoine au niveau de la famille (l’épouse/l’époux ou les enfants).
L’obligation de déposer une déclaration de patrimoine familial devrait être étendue aux hautes autorités militaires (Armées et Gendarmerie), aux cadres des forces de sécurité et à toutes les personnes qui gèrent des deniers publics selon des régimes comptables dérogeant de facto au droit commun de la comptabilité publique.
Déclarer son patrimoine est un devoir civique pour tout citoyen élu (le Président de la République est au premier chef concerné) ou nommé à une haute fonction publique.
À ce sujet, citons l’exemple de la loi de la République du Bénin n° 2011-20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes. L’article 3 de ladite loi dispose : « Les hautes personnalités de l’Etat et les hauts fonctionnaires tels que définis par la loi n° 2010-05 fixant la liste des hauts fonctionnaires de l’Etat dont la nomination est faite par le Président de la République en conseil des ministres, (…), les membres des états-majors des armées, les directeurs généraux, les directeurs et cadres… de la police, de la gendarmerie (…), les présidents de tribunaux, juges, procureurs et greffiers (…) ont l’obligation de déclarer, à la prise et à la fin de service, leur patrimoine (…) ».
[1] Préface de C. G. Weeramantry, alors Président du Groupe sur l’intégrité de la magistrature, du document « Commentaires des Principes de Bangalore sur la déontologie judiciaire » de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime, Vienne. Document consultable sur
[6] Selon le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, la Commission des Délégations est chargée de l’évaluation et du contrôle de l’exécution des lois ; une compétence non exercée.
[8]La Conférence s'était tenue du 26 au 28 mai 2014, sous le haut patronage de Monsieur Macky SALL, Président de la République du Sénégal. Elle était organisée par l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), en partenariat avec l'Office National pour la Lutte contre la Fraude et la Corruption du Sénégal (OFNAC), la Banque Mondiale (BM), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Centre d'Études et de Recherche-Action sur la Gouvernance (CERAG), Open Society Initiative for West Africa (OSIWA), le Programme Gouvernance et Paix de USAID au Sénégal (USAID/PGP) et l'Ambassade de France.
[9] Le même article précise : « Cette déclaration est déposée auprès du secrétaire général de la Cour des comptes. Elle doit rester strictement confidentielle, sauf en cas de nécessité de la loi.
Toute modification significative affectant ce patrimoine doit aussitôt faire l'objet d'une déclaration complémentaire dans les mêmes formes.
Le Premier Président de la Cour peut demander à l'Administration, qui est tenue d'y répondre, tout renseignement concernant le patrimoine de tout magistrat de la Cour des comptes.
La liste des biens meubles et immeubles devant figurer dans cette déclaration fait l'objet d'une ordonnance du Premier Président de la Cour, après avis de la conférence des présidents et du Procureur général. »
[10] La mise en place d’un tel dispositif nécessitera la révision de la loi organique n° 2017/10 du 17 janvier 2017 portant statut des magistrats de l’ordre judiciaire.
par Adama Dieng
LES ÉVÉNEMENTS AU SOUDAN SONT UNE CICATRICE POUR L'HUMANITÉ
Ce conflit déchirant remet en question la crédibilité de l'UA. Elle doit faire plus et de toute urgence pour refléter et réaliser les visions de ses fondateurs, mais aussi les attentes des Africains
À entendre les récits d'horreur provenant du Soudan, des réfugiés qui ont réussi à s'échapper ou des millions de personnes qui ont été déplacées de force à l'intérieur du pays, on ne peut que conclure que l'humanité est une fois de plus mise à l'épreuve. Nous manquons spectaculairement à nos devoirs envers le peuple soudanais, mais aussi envers ceux qui travaillent au service de la paix. Ce qui se passe actuellement au Soudan montre clairement que l'humanité n'a rien appris du Rwanda, du Kosovo et d'ailleurs.
Le déclenchement du conflit, le 15 avril, ne s'est pas produit dans le vide. Les signes étaient là ; il s'agissait simplement de savoir quand, et non pas si. Alors que le renversement en 2019 du dictateur de longue date, Omar al-Bashir, après des mois de manifestations populaires, avait apporté un répit à la population et un espoir pour l'avenir, les événements qui ont suivi la révolution ont laissé entrevoir un pays divisé.
Les élites n'étaient pas disposées à renoncer à leur position privilégiée au sommet. Elles étaient réfractaires à toute idée de responsabilité pour les crimes passés et sapaient la participation des civils à la détermination de l'avenir du pays.
Avec de tels signes, il était donc optimiste de penser que quelque chose de positif aurait pu sortir de ces individus qui avaient mis le Soudan à genoux et l'y avaient maintenu, tout en infligeant des souffrances et des humiliations au peuple soudanais. Il est tragique que le conflit se soit étendu de la capitale, Khartoum, aux régions rétives du pays, notamment au Darfour, qui a connu sa part de souffrance. Ce qui se passe au Soudan devrait être une source de honte, une cicatrice sur notre humanité collective
Après la Seconde Guerre mondiale, l'humanité s'est réunie pour établir la charte des Nations unies, s'engageant à respecter les valeurs communes d'égalité et de dignité de l'humanité. La création de la charte était fondée sur la nécessité de "préserver les générations futures du fléau de la guerre". Le Conseil de sécurité des Nations unies devrait et doit assumer cette responsabilité historique au Soudan.
Si la charte confère au Conseil la responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales, elle l'invite également à agir conformément à l'objet et aux principes des Nations unies, qui incluent le respect des principes de justice et du droit international, la promotion et l'encouragement du respect des droits de l'homme et la coopération de bonne foi pour résoudre les problèmes internationaux de caractère humanitaire. Le Conseil de sécurité doit intervenir et engager le Soudan à mettre fin à ce conflit et à permettre un accès sans entrave à la région afin que la population puisse recevoir une aide humanitaire essentielle, notamment des médicaments et de la nourriture.
Le Conseil de sécurité doit réaffirmer sans équivoque aux belligérants soudanais que les responsables de violations des droits de l'homme et du droit humanitaire international devront rendre des comptes. Ceux qui entravent délibérément l'accès à l'aide humanitaire vitale ou qui emploient des tactiques interdites pour atteindre des objectifs militaires devront rendre des comptes au peuple soudanais ou à la communauté internationale. Le Conseil devrait être un pare-feu fiable contre l'injustice.
Lorsque le général Abdel Fattah al-Burhan, chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays (Al-Burhan a mené un coup d'État qui a évincé les dirigeants civils en 2021), s'adressera à l'Assemblée générale des Nations unies vendredi, le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, devrait saisir l'occasion pour le presser de placer les intérêts du peuple soudanais au-dessus de tout.
Il est également urgent de rappeler aux dirigeants africains que l'Union africaine, en vertu de son acte constitutif, dispose de l'un des mécanismes d'alerte précoce les plus développés pour prévenir les conflits, avec un cadre juridique qui permet aux États d'intervenir s'ils craignent la possibilité d'un génocide ou de crimes de guerre. Il est temps que ce mécanisme soit activé dans l'intérêt du peuple africain.
Des personnes sont assises sur un sol taché de sang, un homme est sous perfusion. Au premier plan, une femme portant une burqa
Les civils sont pris pour cible dans la ville de Khartoum déchirée par la guerre, alors que les pauvres et les personnes âgées restent pris au piège.
Ce conflit déchirant remet en question la crédibilité de l'UA. Elle doit faire plus et de toute urgence pour refléter et réaliser les visions de ses fondateurs, mais aussi les attentes des Africains, qui la considèrent de plus en plus comme le garant de la paix sur le continent.
Le monde a déjà connu le pire et je crois que nous avons appris quelque chose des tragédies passées pour nous aider à prendre les meilleures décisions dans l'intérêt de notre humanité collective. Le Conseil de sécurité des Nations unies doit faire preuve, en actes et en paroles, d'un engagement sans équivoque à soutenir le peuple soudanais dans la reconstruction de son pays, sur la base de la paix, de la justice et de l'égalité des citoyens pour tous.
Ce qui se passe au Soudan devrait être une source de honte, une cicatrice sur notre humanité collective. J'implore la communauté internationale de faire davantage pour résoudre ce conflit tragique, qui a condamné des millions de personnes à la misère et au désespoir.
Adama Dieng est un expert sénégalais des droits de l'homme, conseiller spécial à la Cour pénale internationale, ancien Secrétaire général adjoint des Nations unies et conseiller spécial pour la prévention du génocide.
UNE RÉÉDITION DE MÉMOIRE CORRECTIVE EN LIBRAIRIE
L’Harmatan Sénégal vient de publier en deux tomes le livre ‘’Mémoire corrective’’, une galerie de portraits de personnalités de plusieurs pays et de divers milieux professionnels, rédigés par le journaliste et écrivain Pape Samba Kane entre 1987 et 1996
L’Harmatan Sénégal vient de publier en deux tomes le livre ‘’Mémoire corrective’’, une galerie de portraits de personnalités de plusieurs pays et de divers milieux professionnels, rédigés par le journaliste et écrivain Pape Samba Kane entre 1987 et 1996.
Les textes publiés par l’éditeur sénégalais l’avaient été dans le journal satirique Le Cafard libéré, dont Kane, analyste politique, essayiste, poète et romancier, était le directeur de publication.
Le premier tome (346 pages) comprend une centaine de portraits, le second (366 pages) en compte environ 90.
Papa Samba Kane a fait les portraits de ‘’visages emblématiques de la vie nationale’’, selon son défunt confrère Mame Less Camara, le préfacier dudit volume.
En lisant Kane, ‘’on a comme l’impression de se promener dans une sorte de galeries des portraits de ceux dont les propos et les actes font l’objet, depuis si longtemps, de toutes les attentions des médias sénégalais’’, a remarqué Camara, décédé en avril dernier.
‘’Le trait du portraitiste, tour à tour moqueur, tendre, complice ou féroce – sans jamais être ni méchant ni vulgaire – donne une dimension supplémentaire à ces hommes et femmes’’ auxquels s’est intéressé le journaliste, a ajouté Mame Less Camara.
‘’Tout cela est décrit dans un style qui renouvelle le portrait en tant que genre rédactionnel’’, auquel l’auteur a donné ‘’des titres de noblesse’’, a écrit le préfacier, lui-même objet d’un portrait publié le 1er septembre 1994 par Le Cafard libéré.
Un livre d’‘’une immense richesse’’
‘’Le portrait, en tant que genre journalistique, est aujourd’hui déserté’’, constate l’ancien ministre Mamadou Diop Decroix, dans la postface de l’un des tomes.
Il estime que ‘’Pape Samba Kane montre à suffisance l’intérêt que peut avoir ce genre de témoignage pour l’histoire’’.
‘’En un mot, cet ouvrage […] montre éloquemment que le très talentueux Pape Samba Kane est certainement le grand maître du portrait et […] du portrait satirique, genre qui suppose une double maîtrise : celle du portrait et celle de la satire, adossées à celle de la langue’’, commente le professeur Djibril Samb, lauréat de la médaille d’argent de l’Académie française.
Le second tome, dont il signe la préface, ‘’est d’une immense richesse’’, a reconnu M. Samb, notant que les personnes portraiturées viennent d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et d’Europe, une diversité à retrouver également dans le premier volume du livre.
Le journaliste Mamadou Amat juge que ‘’les deux ouvrages sont l’aboutissement de dix années d’animation régulière de ce qui fut la rubrique phare de l’hebdomadaire satirique de la grande époque, cette période des audacieux pionniers de l’expansion de la presse indépendante’’.
Le livre ‘’Mémoire corrective’’, enrichi des œuvres des dessinateurs Oumar Diakité, dit Odia, et Alphonse Mendy, ‘’permettra aux plus jeunes […] de se faire une meilleure idée de certains grands événements de la dernière décennie du XXe siècle’’, ajoute Amat dans la postface du second tome.
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L'AFRIQUE DE PAPA EST TERMINÉE
Mamady Doumbouya, chef de la junte guinéenne, a prononcé un discours passionné à l'Assemblée générale des Nations Unies, défendant proclamant notamment l'échec du modèle démocratique occidental sur le continent
Le colonel Mamady Doumbouya, chef de la junte guinéenne, a prononcé un discours passionné à l'Assemblée générale des Nations Unies, défendant l'intervention militaire en politique après une série de coups d'État en Afrique. Il a également proclamé l'échec du modèle démocratique occidental sur le continent.
S'exprimant devant les délégués de l'ONU, le colonel Doumbouya a critiqué le modèle de gouvernance imposé à l'Afrique, affirmant qu'il était conçu pour l'Occident et ne s'adaptait pas à la réalité africaine. Il a souligné que ce modèle avait contribué à l'exploitation et au pillage des ressources africaines par d'autres pays, ainsi qu'à la corruption généralisée chez les élites africaines.
Le colonel Doumbouya est connu pour avoir dirigé le coup d'État militaire qui a renversé le président civil Alpha Condé en septembre 2021. Depuis lors, il a pris la présidence de manière transitoire. Alors que plusieurs coups d'État ont secoué l'Afrique depuis 2020, notamment au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Gabon en 2023, le colonel Doumbouya est le seul chef de coup d'État à s'exprimer cette année devant l'ONU.
Revêtant un boubou blanc et une toque, le colonel Doumbouya a nié être un dictateur cherchant à imposer sa volonté. Il a souligné que les véritables putschistes étaient ceux qui manipulaient les constitutions et trichaient pour se maintenir indéfiniment au pouvoir, faisant référence à la situation dans différents pays.
Il a affirmé avoir agi en Guinée pour éviter un chaos complet, faisant référence aux mois de contestation contre la modification de la Constitution par l'ancien président Condé et sa réélection pour un troisième mandat.
Le colonel Doumbouya a appelé à rompre avec l'ancien ordre mondial tout en défendant le non-alignement. Il a souligné la maturité et la jeunesse de l'Afrique, affirmant que l'époque de l'Afrique traditionnelle était révolue. Il a insisté sur le fait qu'il était temps de reconnaître les droits de l'Afrique et de lui accorder une place légitime, tout en mettant fin aux leçons et à l'attitude condescendante envers le continent.
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QUAND UN PARTI SORT DE SON DROIT, IL EST DISSOUT
Le président Macky Sall évoque la dissolution de Pastef, la candidature d'Amadou Ba à la présidentielle de même que les résistances nées du choix porté sur le choix du Premier ministre
Le président Macky Sall évoque la dissolution de Pastef, la candidature d'Amadou Ba à la présidentielle de même que les résistances nées du choix porté sur le choix du Premier ministre dans une interview accordée ce jeudi 21 septembre à RFI et France 24.
NDER, DANS LES MÉANDRES DE L'OUBLI
Plus de 200 ans plus tard, l’usure a eu raison des stigmates de la bataille de Nder et donc du sacrifice de ces héroïnes. L’ancienne capitale du Walo n’a que son aura tant la localité est dépourvue d’infrastructures
Situé au fin fond du département de Dagana, le village de Nder est inscrit en lettres d’or dans l’histoire du Sénégal grâce à l’épopée des femmes qui se sont consumées par le feu dans une case pour échapper à la captivité des Maures Trarza. Plus de 200 ans plus tard, l’usure a eu raison des stigmates de la bataille de Nder et donc du sacrifice de ces héroïnes. L’ancienne capitale du Walo n’a que son aura tant la localité est dépourvue d’infrastructures. Ce qui n’enlève en rien la fierté des femmes de Nder, reconnaissantes de leurs aïeules héroïnes qui ont forgé en elles, le culte du travail mais aussi le sens de la personnalité.
« Talatay Nder ! » Ces deux mots dépassent largement les frontières du Sénégal. Ils rappellent la mort collective de braves femmes de cette contrée enfouie au cœur du Walo. En 1820, elles ont préféré s’immoler par le feu dans une case pour échapper à la captivité des Maures Trarza. Par cet acte de bravoure, ces femmes, avec à leur tête la « Linguère » Fatim Yamar Khouraye, épouse du « Brack », ont honoré Nder et le Sénégal tout entier. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis cette belle épopée. Aujourd’hui, dans ce village, la vie est calme, morose. Et un visiteur qui y met les pieds pour la première fois aura du mal à croire que ce village a marqué l’histoire du Walo, du Sénégal. Et de fort belle manière !
Perdu dans le fin fond du Walo, le village de Nder, ressemble à un mirage au milieu d’un désert. Aucun panneau n’indique la position de cette ancienne capitale du Walo. Y accéder relève d’un exercice délicat tellement la piste est cabossée. Le corridor latéritique est rouge par endroit, sablonneux au niveau des virages. Il s’élance sur près de 17 kilomètres à partir du bitume qui s’arrête au village de Colonat. Avec la pluie de la veille, des nids-de-poule jonchent la route sur cette terre argileuse. Le paysage est verdoyant, décoré de cours d’eau verts avec des hameaux disparates et des champs.
Après plusieurs minutes de manœuvre, Nder se dévoile enfin. Le visiteur est frappé par les grandes concessions, la succession de cases, de quelques maisons en dur. Au milieu des cours, le sol est bien tamisé et des tentes en paille servent de cuisine.
Une case en forme de musée, pas encore fonctionnelle, des concessions en bois, une pauvreté extrême… En nous rendant au site où les femmes de Nder se sont donné la mort il y a 203 ans, notre attention est attirée par un groupe de femmes autour d’une borne fontaine. Des bouteilles d’huile vides de 20 litres et des seaux sont disposés sur les lieux. En voyant le photographe prendre des images, les femmes se pressent pour décrire leur calvaire, mais refusent de parler devant le micro. « Vraiment nous sommes fatiguées de venir acheter de l’eau tous les jours », lâchent-elles, la mine dépitée. « Vous avez tous entendu parler de Nder avant d’y venir. Certainement vous êtes surpris de trouver la localité dans cette situation malgré toute son aura. Même s’il y a quelques avancées, le village devait avoir un autre visage, mais, il n’y aucune trace de développement ici », confie Mamadou Thioye, notable qui connaît par cœur l’histoire du village.
Une dame embouche la même trompette sur un ton bourru : « on dirait que l’effort de ces ancêtres guerrières n’est pas récompensé ». « Vous voyez ce que nous vivons par vous-mêmes, je ne peux pas parler. Il faut s’adresser aux autres », dit la gérante de la borne fontaine qui était en train de remplir un seau avec un tuyau.
Prétextant qu’elle n’habite plus Nder depuis son mariage, Issère Thioye, venue en vacances chez ses parents, se résigne à être la porte-parole du moment, après quelques moments d’hésitation. La jeune dame regrette le statut de la localité où tant de femmes se sont sacrifiées. « Les femmes de Nder ne méritent pas une telle peine au regard du rôle qu’elles ont joué dans l’histoire. Elles sont mortes pour ce terroir, mais regardez où nous en sommes aujourd’hui. Nous avons énormément de difficultés, mais la pire c’est avec l’eau. Il n’y a pas de branchements sociaux dans les maisons. Il n’y a que deux fontaines. Nous sommes obligées d’acheter l’eau tous les jours. La bouteille nous revient à 20 FCfa et le seau à 10 FCfa », confie-t-elle sous les acquiescements des autres dames.
Alors qu’elle échangeait avec nous, une vieille dame, marchant difficilement, arrive avec trois bouteilles sous l’aisselle droite et une quatrième à la main droite. « Je suis malade depuis plusieurs jours, mais je suis obligée de venir chercher de l’eau moi-même, sinon je n’en aurais pas, car je n’ai personne pour m’aider », dit-elle. Le même spectacle s’offre à la seconde borne fontaine.
Pendant que des femmes cherchent le liquide précieux, un groupe d’hommes assis sur une natte discutent à quelques encablures. Parmi eux, le chef du village. Casquette vissée sur la tête, lunettes noires, Abdoulaye Diaw, briefé par Issère Thioye, prend congé de ses compagnons et se dirige vers nous. Informé de l’objet de la visite, il enfile une veste sur son tee-shirt malgré la chaleur accablante pour nous conduire au site où a eu lieu le sacrifice mémorable. Un musée y est érigé.
Une histoire, mille versions
« Talatay Nder » ou l’histoire des femmes de Nder qui, en 1820, se sont immolées dans une case pour éviter la captivité est entrée dans l’agenda des organisations de lutte des droits des femmes. À la veille de chaque 8 mars, cet événement survenu, il y a plus de 200 ans, est célébré. S’il a été rapporté que les femmes avaient pour bourreaux des maures Trarzas, Mamadou Thioye affirme que les assaillants étaient plutôt les hommes de l’Almamy du Fouta.
D’après lui, l’histoire de « Talatay Nder » est partie d’une femme toucouleur venue du Fouta avec son mari. Le couple avait fait escale à Nder. « Les guerriers du Brack, submergés par la beauté de la dame se sont dits que le mari n’en était pas digne. Ainsi, ont-ils tendu une embuscade au mari et l’ont enseveli. La femme a été ensuite conduite à la cour royale et elle est devenue reine », relate-t-il.
Et de poursuivre : « alors que les gens du Fouta cherchaient le couple, un maure qui a assisté à la scène est allé le raconter à l’Almamy du Fouta qui a décidé d’attaquer Nder sur le coup. Le maure lui a dit que c’était trop risqué en lui suggérant d’attendre le moment propice afin d’obtenir la victoire ».
À l’en croire, le jour tant attendu est arrivé lorsque le « Brack » s’est rendu à Saint-Louis sur invitation du Gouverneur de l’Aof. « Le Brack était parti avec quelques guerriers. Sur place, il ne restait que quelques hommes. Chaque matin, ils se rendaient à la pêche mais aussi veillaient sur les femmes. Le maure en a profité pour informer l’Almamy ». Celui-ci a décidé de passer à l’attaque. « À la vue de la poussière, les femmes ont réalisé qu’il s’agissait d’un danger. Ainsi, ont-elles enfilé les tenues de guerre de leurs époux. Après une rude confrontation, les assaillants ont fui », avance toujours M. Thioye. Qui poursuit : « les femmes ont décidé de les poursuivre. Malheureusement, la casquette de l’une d’elles est tombée. Ses tresses flottaient et les assaillants se sont rendu compte que leurs adversaires étaient des femmes. Se sentant touchés dans leur égo mâle, ils ont décidé d’attaquer à nouveau pour éviter le déshonneur. Après de violents combats, les femmes étaient à cours de munitions car elles n’avaient plus de poudre. Ainsi, la « Linguère » a-t-elle fait comprendre aux autres qu’elles risquaient la captivité et qu’il était préférable de mourir que d’être esclaves. La suite, narre M. Thioye, « après concertations, elles ont mis à l’abri les femmes castées et une princesse de la cour royale, nommée Seydané du fait de son état de grossesse. Le reste a mis le feu à la case du roi. Elles ont commencé à entonner des chants jusqu’à ce qu’elles soient consumées complètement par le feu. Les hommes en voyant les flammes ont quitté le fleuve mais c’était trop tard… »
Toujours d’après notre « historien », lorsqu’il a été informé, le « Brack » a voulu se venger de l’Almamy. « Tous les deux se sont donné rendez-vous à Dialawaly, entre Dagana et Mbilor où ils se sont livrés à une rude bataille et l’Almamy a pu se sauver malgré la mort de son cheval », renseigne Thioye. Avant de conclure avec assurance : « c’est la vraie histoire de Nder. Évidemment, il y a plusieurs versions et certains affirment même que le combat, c’était entre Nder et les Maures. Pour raffermir les relations entre les Maures et les Walo-Walo, le Brack avait donné en mariage sa fille au roi Trarza, Mouhamed Amdel. Leur fils s’appelle Yeli. »
Par Kady BALDE et Bira SALL
LA PARENTALITÉ, OÙ SONT LES PÈRES ?
La parentalité, peut-on lire dans le site Wikipédia, est un néologisme datant de la fin du XXe siècle, issu de la sphère médico-psycho-sociale, pour définir la parenté, la fonction d’être parent dans ses aspects juridiques, politiques, socio-économiques
« Traiter de la façon d’élever et d’éduquer les enfants semble être la chose la plus importante et la plus difficile de toute la science humaine ». Montaigne, Essais
La Parentalité, peut-on lire dans le site Wikipédia, est un néologisme datant de la fin du XXe siècle, issu de la sphère médico-psycho-sociale, pour définir la parenté, la fonction d’être parent dans ses aspects juridiques, politiques, socio-économiques, culturels et institutionnels. La notion, rattachée à la famille, a évolué dans le temps et diffère en fonction des sociétés. La parentalité est un terme saturé de sens, de non- sens et de contresens, mais, on peut la définir, en général, malgré les nombreux enjeux théoriques et pratiques, comme les tâches quotidiennes que les parents ont à remplir auprès de l’enfant. Au moins sept domaines sont souvent énumérés consistant à engendrer, à élever, à instruire, à former, à éduquer et surtout le fait d’avoir des droits et des devoirs. Toutefois, « une simple liste de ces actes concrets ne suffit pas à rendre compte de la complexité de cet axe. Car au-delà d’une énumération se cachent des exigences normatives qui varient considérablement d’une société à l’autre ». (Selleet. C, 2000, p30).
N’empêche toutes les recherches menées par sociologues, psychologues et pédopsychiatres,
portent sur les indicateurs et risques liés au bien-être de l’enfant, dans des sociétés contemporaines où, ce dernier est devenu un acteur central, avec l’apparition d’un nouveau sentiment de l’enfance, avec la croissance de l’attention portée à son développement. Cette centration de l’enfant, rappelée par François de Singly, dans son ouvrage Le parent éducateur (2000), est réelle : nous sommes entrés dans l’ère de la « famille sentimentale et éducative ». Déjà, Philippe Ariès (1960) nommait la famille moderne, la famille éducative.
Aujourd’hui, réussir sa mission de parent, c’est apporter le meilleur à son enfant, lui donner tous les atouts pour réussir : Le « nouveau travail parental », selon François de Singly, consiste alors à apporter les moyens nécessaires à l’enfant pour réaliser ses apprentissages.
Dans sa pratique, la parentalité se définit, ainsi, par l’ensemble des actes de la vie quotidienne de l’enfant : alimentation, éducation, soins … Elle peut être déléguée, surtout dans nos sociétés, à tout membre de la parenté (ascendants, descendants, frères et sœurs, oncles et tantes, cousines et cousins), mais elle n’est jamais mieux assumée et assurée que lorsque les « père et mère » de l’enfant, ses parents au premier degré, comprennent et assument leurs responsabilités.
Il est vrai que le métier de parent ne va plus de soi, aujourd’hui : Le sociologue Jean- Hugues Déchaux rappelle, d’ailleurs qu’être parent ne peut plus être vu comme un rôle qu’il suffit d’endosser mais davantage comme une activité à construire au quotidien, aux contours flous, au contenu multiforme (Jean Hugues Déchaux, 2009). Autrement dit, faute de disposer d’un corpus de règles suffisamment claires et légitimes, les adultes doivent concevoir leur travail parental sur un mode plus réflexif. Ce qui suppose donc un soutien, un encadrement… En témoigne, d’ailleurs, surtout en Europe, les nombreuses recherches sur l’éducation familiale devenue, même aujourd’hui, « une discipline de formation et de recherches universitaire, centrée sur les pratiques parentales d’éducation, de socialisation des enfants et les multiples interventions sociales concernant la famille dans ces diverses fonctions éducatives » (Durning.P, p167)
De nombreux défis éducatifs se posent dans nos sociétés contemporaines, dont celui d’éduquer nos enfants à un bon usage des écrans : mal informés, eux- mêmes accros, dépassés, les parents peinent souvent à éduquer à un usage raisonné des écrans. La technologie numérique fait partie intégrante de nos vies avec son lot de containtes et, ce de manière irréversible.
De l’engagement et de la souffrance des mères
L’engagement et la responsabilité des mamans pour le bien-être de leurs enfants ne souffrent d’aucun doute. En dehors de la maternité, supportée avec beaucoup de risques, au prix de la santé et de la vie même (on continue, surtout en Afrique, à mourir en donnant la vie), elles assument pleinement leurs responsabilités de mère de famille, d’épouse, de belle-sœur, de belle-fille…
Trop de responsabilités familiales pèsent sur les frêles épaules de femmes stoïques, qui s’imposent un silence. Un silence que doivent respecter ces dernières, surtout celles martytisées victimes de violences conjugales, pour préserver leur ménage, dans la douleur ; » le silence de toutes les épouses bafouées dans leur dignité par les frasques et les écarts du Sabador. Ce silence qui les ronge jusqu’à l’os, les fait vaciller à tout bout de champ. Ce silence si ardu à remonter. Le silence torture. Le silence misère. Le silence servitude. (Benga, 2000, p378.)
En sus, sans vraiment avoir le choix, elles sont engagées économiquement : les femmes, en Afrique, sont des agents économiques très dynamiques, plus que partout ailleurs dans le monde. Dans un document intitulé ‘‘Autonomiser les femmes africaines, plan d’actions’’, produit par le Groupe de la Banque Africaine de Développement ( BAD), on peut lire : Elles effectuent la majorité des activités agricoles, détiennent le tiers de l’ensemble des entreprises et représentent, dans certains pays, jusqu’à 70 % des employés. Au-delà de leurs activités génératrices de revenus, elles sont les principaux leviers de l’économie domestique et du bien-être familial, et jouent un rôle absolument indispensable.
S’investir dans la réussite, les études et le bonheur de leurs enfants tout le temps et sans relâche, est un impératif pour elles : à l’hôpital, on ne voit que des femmes accompagnantes d’enfants malades ; dans les transports, des enfants scotchés à elles ; bientôt la rentrée scolaire au Sénégal et elles seront nombreuses à accompagner seules leurs enfants à l’école. Les femmes, confiait une amie, sont « multi tâches ».. Beaucoup de pères, ajoutait-t-elle, ne font preuve que d’autorité et de répression parentales: « Pas de communication, pas de compréhension, pas de délicatesse pas d’ écoute et zéro présence. Parfois même je doute de leur amour filial… c’est peut être quelque chose qu’ils ont hérité du système patriarcal ancien. Raison pour laquelle les enfants sont parfois plus proches de leur mère… »
Beaucoup d’exemples sous nos yeux confortent l’idée que des hommes, des pères égoïstes, sont toujours aux abonnés absents, en tout cas, on les voit moins à côté des enfants en Afrique, contrairement á ce qu’on voit en Europe oú, même après un divorce la » co-parentalite »(Exercice conjoint des droits et des responsabilités de chacun des parents à l’égard de l’enfant, après une séparation…) est institutionnalisée, normée.
Egoïstes, parce que plus préoccupés par leur carrière professionnelle, à gravir les échelons, oubliant que leurs épouses ont aussi des ambitions légitimes qu’ils feignent d’ignorer ou souvent même s’y opposer. Ceux qui ont choisi la polygamie, empêtrés dans des difficultés financières, souffrant surtout d’épuisement émotionnelle du fait des conflits et des souffrances psychiques dans les familles polygames, oublient vraiment leurs responsabilités de père.
En Afrique ou en Europe, au Sénégal ou en France, à Dabo ou à Lyon, on pourrait se demander s’il n’y a pas une sorte d’hypocrisie sociale qui tolère plus un échec professionnel d’une Maman que d’un Papa. La Maman est culturellement désignée d’office, comme le parent le plus apte à s’occuper des enfants. De ce fait, il n’y a, dans la morale sociale, rien de choquant à ce qu’elle démissionne de son travail pour déménager et suivre le Papa qui a obtenu une mutation professionnelle avec une promotion. Elle est souvent le bouc émissaire tout indiqué lorsque les enfants déraillent ou échouent…
C’est dommage, mais La femme, pense-t-on encore, est éducatrice née. On l’accorde de grand coeur et on lui rappelle même á l’occasion, et assez sèchement, que c’est ça son rôle; qu’elle a tort d’en vouloir sortir et qu’elle sacrifie á des chimères un devoir réel dont l’accomplissement lui vaut le bonheur intime et la considération générale.
On n’a pas besoin d’être féministe pour croire que la parentalité est uniquement l’affaire des femmes sous nos cieux et que l’absence ou la disparition souvent prématurée d’une maman sont souvent lourdes de conséquences pour les enfants ; et, qu’avec le divorce, le lien social est fragilisé du fait, aussi, que l’éclatement des familles peut provoquer de l’exclusion et de la pauvreté, en particulier pour les femmes et les enfants.
Des contributions récentes de la psychologie du développement et de la psychologie cognitive ont démontré les conséquences négatives sur le développement psycho-affectif de l’enfant, en cas de séparation, divorce ou d’éloignement du ‘’parent gardien’’, qui se trouve être la maman. Certes les réactions peuvent ne pas être les mêmes lorsqu’on passe d’une société à l’autre, d’une famille à l’autre : certains enfants peuvent vivre la situation sans entraves, mais dans la plupart des cas on note, surtout chez « les enfants d’âge préscolaire des comportements régressifs, des sentiments de culpabilité, des troubles du langage, de l’anxiété et de la tristesse ; à l’âge scolaire, au contraire, ils vivent de l’insécurité, des conflits de loyauté et la peur d’abandon. Durant la préadolescence, ils manifestent de la colère envers les parents, un sentiment de honte et des troubles psychosomatiques. Enfin, au cours de l’adolescence, on remarque plus fréquemment des comportements « parentifiés », une tendance à l’indépendance précoce, des fugues, des comportements déviants, et des activités sexuelles précoces et intenses. Au niveau des jeunes adultes, on relève des difficultés relationnelles importantes ». (Malogoli Togliatti, Lavadera, Franci, in https://www.cairn.info/revue-cahiers-critiques-de-therapie-familiale-200...).
De l’engagement des pères pour une parentalité positive
Certes des pères engagés pour leur famille et disponibles pour les enfants, on en trouve beaucoup : des « goorgoorlus » s’efforcent par tous les moyens, sous nos cieux, de joindre les deux bouts pour faire plaisir à leurs épouses, à leurs enfants. De véritables pères qui ont tout donné au prix de leur santé, de leur vie. En France, par exemple, pour l’avoir constater de visu les papas :
sont de plus en plus adeptes du congé parental pour s’occuper des enfants,
tiennent les poussettes le matin pour déposer les enfants à l’école, à la crèche ou chez la nounou,
cuisinent le repas, donnent la douche, habillent les enfants
parfois même, ils coiffent mieux leurs filles que les mamans .
Vraisemblablement, pour reprendre, Wilhelm Busch, « devenir père n’est pas difficile, l’être l’est cependant« . Nous sommes loin de l’époque où le père n’était qu’un géniteur, un pourvoyeur invisible ou le chef de famille. Les nouveaux défis éducatifs, la précocité des enfants, les risques de perdition, les influences, les enjeux éducatifs du moment interpellent : nous vivons dans un monde d’incertitudes, angoissant pour tous et nous devons outiller nos enfants, les apprendre á naviguer dans un océan d’incertitudes, á faire face à l’inconnu, á l’imprévisible (Edgar Morin, 2020). Ce qui suppose de la part de tous les parents, ceux qui ont donné la vie ou fondé une famille, plus de vigilance, plus d’investissement, plus de présence.
Et le père joue un rôle important dans la parentalité positive (cette approche invite le parent á éduquer son enfant en le guidant, plutôt qu’á le contrôler), surtout celui de ménager á l’enfant une autre possibilité que celle d’être l’enfant de sa seule mère.
Avec plus de responsabilités assumées en tant que père, nous pourrions espérer un jour que chaque homme se rappelle de son père en se disant ou un en écrivant tel un poète : Mon père a été là : un père n’est pas seulement celui qui donne la vie, c’est celui qui donne l’amour aussi. Depuis ma plus tendre enfance, mon père est mon repère, mon étoile polaire et il est ma lumière qui s’allume lorsque ma route est sombre ; mon père, c’est le chemin qui me guide vers demain ; mon père est un homme bon, avec de vraies valeurs qu’il m’a inculquées. Mon père est mon meilleur ami, c’est mon confident et c’est plus qu’un père, c’est le grand frère que je peux aller voir du jour comme la nuit. Aujourd’hui adulte, je suis fier de mon père, des valeurs qu’il m’a inculquées, de la façon dont il m’a éduqué et je lui serais éternellement reconnaissant toute ma vie jusqu’à mon dernier souffle.
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PRESIDENTIELLE 2024, DISSOLUTION DE PASTEF, SITUATION AU NIGER, LES VÉRITÉS DU PRÉSIDENT MACKY SALL
Près de deux mois après le coup d’État du 26 juillet contre le président Bazoum au Niger, le chef de l’État sénégalais confie que, pour résoudre la crise, la Cédéao continue de privilégier la voie diplomatique
Près de deux mois après le coup d’État du 26 juillet contre le président Bazoum au Niger, le chef de l’État sénégalais confie que, pour résoudre la crise, la Cédéao continue de privilégier la voie diplomatique et que l’option militaire ne sera utilisée qu’en dernier ressort. Dans une interview accordée à RFI et France 24 à New York, à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU, Macky Sall déclare qu’il y a des discussions « underground », c’est-à-dire en coulisses, sous la direction du Nigeria et que Bola Tinubu, le chef de l’État nigérian, qui préside actuellement la Cédéao, a envoyé des émissaires à Niamey. Le chef de l’État sénégalais ajoute : « L’option militaire ne saurait être faite que lorsque toutes les autres pistes auront été épuisées ».
Par ailleurs, face aux ténors de l’opposition, Macky Sall se dit confiant dans la victoire de son dauphin, le Premier ministre Amadou Ba, à la présidentielle sénégalaise du 25 février prochain, grâce au poids de la coalition au pouvoir Benno Bokk Yakaar. Il assume la dissolution du Pastef, le parti d’Ousmane Sonko, qui est à ses yeux un mouvement « insurrectionnel ».
Enfin, le chef de l’État sénégalais, qui quittera le palais présidentiel en avril prochain, ne cache pas son intérêt pour un poste de responsabilité sur la scène internationale. Serait-il disponible pour succéder un jour à Antonio Guterres au secrétariat général de l’ONU ? Macky Sall ne dit pas non. Entretien.
France 24 : Monsieur le Président, je veux commencer par le Niger : la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) menace d'intervenir militairement depuis deux mois, mais rien ne se passe. Est-ce que ça veut dire que cette option militaire n'est plus sur la table ?
Macky Sall : Alors, depuis la décision du sommet des chefs d'État, où un ultimatum avait été donné, évidemment, il y a eu des initiatives à la fois diplomatiques et des discussions « underground » sous la direction du Nigeria. Cette dernière option militaire ne saurait être faite que lorsque véritablement toutes les pistes auraient été épuisées et que, surtout, le pays qui est la nation cadre dans ce cas, qu’est le Nigeria frontalier, lorsqu'il jouera son rôle dans cette option, les autres pays sont tout à fait prêts pour jouer leur partition. L'option est sur la table. Maintenant, quand est-ce qu'elle se fera ? Ça, je ne le sais pas encore.
RFI : Alors le président nigérian Bola Tinubu a évoqué en effet des discussions avec les putschistes. C'était ce 19 septembre à la tribune de l'ONU. Vous nous dites qu'il y a des discussions « underground ». Est-ce qu'une transition de quelques mois serait acceptable à vos yeux ?
Non, pour l'instant, c'est le président de la Cédéao, Bola Tinubu, qui a en charge le dossier en tant que président en exercice. Il a déjà envoyé des émissaires. Donc, moi, j'attends qu'il nous informe des résultats de ces différentes démarches pour que nous puissions apprécier et adopter une position commune. Donc, je sais simplement que le Nigeria fait tout pour trouver une solution par la voie diplomatique. Est-ce qu'on la trouvera ? C'est ce que j'espère. Autrement, on ne peut pas continuer à laisser un président élu être fait prisonnier chez lui [Mohamed Bazoum, NDLR], donc il va falloir évoluer.
France 24 : Très récemment, le 9 septembre 2023, la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY) a désigné votre Premier ministre, Amadou Ba, comme le candidat à l'élection présidentielle, qui doit se tenir au mois de février 2024. Cependant, ça ne fait pas l'unanimité. Est-ce que vous ne craignez pas que, par ce geste, vous alliez fracturer votre coalition et donc affaiblir votre candidat ?
Mais non, je ne peux pas fracturer la coalition que j'ai mise en place et que j'ai entretenue depuis 12 ans.
France 24 : Ce n’est plus la vôtre…
Si, c'est la mienne parce que je reste le président de la coalition, je reste le président de mon parti. Je ne suis pas candidat, mais je reste le président du parti jusqu'à nouvel ordre et le président de la coalition. C'est normal qu'il y ait des résistances. Mais, au bout du compte, nous avons vu un processus d'alignement et finalement d'acceptation. Bon, il y a encore deux ou trois qui pensent qu'ils doivent être candidats, mais c'est leur liberté, c'est leur droit. Mais je pense qu'il y aura avant le dépôt des candidatures encore des discussions qui permettront finalement d'arriver vers une convergence totale.
RFI : Oui, mais en février 2024, Monsieur le Président, sur la ligne de départ, il y aura quelques poids lourds de l'opposition comme Idrissa Seck, comme Khalifa Sall, comme peut-être Karim Wade. Ne craignez-vous pas que votre candidat, Amadou Ba, qui n'est peut-être pas un élu d'aussi longue date que ces poids lourds et qui n'est peut-être pas un homme de terrain comme certains de ses adversaires, ne soit battu ?
Amadou Ba est le candidat d'une majorité. Certes, son poids personnel va jouer, mais il part avec l'atout que les autres n'ont pas : c'est d'avoir une majorité qui le soutient. Il a le soutien du président, qui est un acteur politique. Donc, tout cela mis sur la balance devrait l'aider à pouvoir battre ses adversaires.
RFI : Outre Ousmane Sonko, qui est condamné en justice et qui donc est déclaré inéligible, il y a son parti, le Pastef, qui est dissous depuis quelques semaines, et la société civile proteste…
Quelle société civile ?
RFI : Vous avez, par exemple, un rapport de la plateforme Civicus Monitor qui dénonce « un rétrécissement de l'espace démocratique et des libertés publiques ».
Je ne connais pas cette organisation. C'est la première fois que j'entends parler de cette société civile.
RFI : Mais, si l'élection de février 2024 n'est pas inclusive, ne risque-t-elle pas d'être chaotique ?
En quoi n'est-elle pas inclusive ? Comment peut-elle être chaotique ? L'élection est ouverte pour tous ceux qui peuvent y concourir et il appartiendra au Conseil constitutionnel, comme ça a toujours été le cas, de définir qui peut concourir ou pas. C'est la loi. À partir du moment où cela sera fait, l'élection se fera comme toutes les autres élections précédentes.
RFI : Le Pastef représente une partie de l'opinion sénégalaise. Est-ce que l'élection pourrait être inclusive son absence ?
Ce parti est dissous pour la bonne et simple raison que les partis ont des obligations. Un parti politique qui bénéficie de la loi ne peut pas appeler à l'insurrection à longueur de journée, ne peut pas poser des actes qui sont répréhensibles et qui sont condamnés par les lois, c'est très clair. La loi est très claire : quand un parti sort de son droit, il est dissous. Ce n'est pas la première fois qu'un parti est dissous au Sénégal. Ensuite, il y a les voies de recours. D'ailleurs, je pense qu'ils sont allés à la Cour suprême. C'est ça, un État de droit. En France aussi, on dissout des organisations. Comment voulez-vous qu'on accepte qu'un parti appelle tous les jours à la destruction de l'État et du pays ? Nous n'avons fait qu'appliquer la loi, dans toute sa rigueur.