LA SANTÉ DE SONKO AU COEUR D'UN IMBROGLIO JUDICIO-MÉDICAL
Alors que l'opposant croupit en prison depuis fin juillet, son avocat Juan Branco dévoile des courriers confidentiels qui jettent une lumière inquiétante sur sa santé. Le parquet annonce une enquête pour violation du secret médical et des droits du détenu
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 27/10/2023
La diffusion sur les réseaux sociaux par Juan Branco, avocat français d'Ousmane Sonko, de correspondances médicales classées relatives à l'état de santé du détenu a provoqué un véritable séisme politico-judiciaire au Sénégal jeudi 26 octobre 2023. Le parquet a annoncé l'ouverture d'une enquête suite à cette fuite de documents sensibles, dans un communiqué quelques heures plus tard.
Que révèlent les lettres dévoilées ?
Dans une lettre du 14 octobre adressée à la ministre de la Justice, le directeur des services pénitentiaires fait part de l'hospitalisation de l'opposant depuis le 17 août à l'hôpital Principal de Dakar pour une fièvre à 40°C accompagnée de malaises. Un compte-rendu médical du même jour évoque un état comateux et des signes de dénutrition sévère.
Ces documents censés rester confidentiels, détaillent l'état préoccupant d'Ousmane Sonko en détention depuis plusieurs mois. Depuis lors, l'opposant a entamé plusieurs grèves de la faim pour protester contre son incarcération. Hospitalisé depuis plus de deux mois, son avocat dénonce un affaiblissement dû au jeûne en prison.
Branco justifie sa démarche
Sur le réseau social X anciennement nommé Twitter, Juan Branco a justifié sa diffusion des courriers médicaux par la nécessité d'"alerter la communauté internationale sur les risques encourus par la santé de Sonko". "Le pouvoir sénégalais, de façon répétée et indécente a tenté de remettre en cause l'existence des grèves de la faim de monsieur Sonko. Tenté de prétendre devant la communauté internationale qu'il mentait et les manipulait.", explique-t-il.
Une enquête ouverte, tensions politiques
Le parquet a annoncé l'ouverture d'une enquête pour identifier les auteurs de cette "violation" du secret médical et des droits du détenu. Mais pour de nombreux partisans du maire de Ziguinchor abasourdis sur X, c'est avant tout la protection de la santé de Sonko qui est en jeu. L'affaire ravive les tensions politiques autour du sort réservé à cette figure majeure de l'opposition sénégalaise alors que se profile la présidentielle de février 2024.
LE PDS BALISE LE TERRAIN POUR KARIM WADE
Depuis Doha, l'ancien ministre pilote l’opération ‘’Gnibi si’’ (retour à la maison, en wolof), donne des gages pour son retour et tente de remobiliser ses troupes
Depuis Doha, Karim Wade pilote l’opération ‘’Gnibi si’’ (retour à la maison, en wolof), donne des gages pour son retour et tente de remobiliser ses troupes. Malgré les assurances, certains militants estiment que le Parti démocratique sénégalais souffre de cette absence, d’autant plus qu’Abdoulaye Wade ne peut plus jouer son rôle de véritable leader, du fait de son âge.
C’est l’une des absences les plus commentées de l’espace politique sénégalais. À Doha depuis sa libération de prison en 2016, Karim Wade suscite encore toutes sortes d’interrogations. Va-t-il vraiment venir pour participer à la Présidentielle ? Est-il toujours intéressé par l’avenir du président de la République ? La question se pose jusqu’au sein du Parti démocratique sénégalais (PDS). Même chez certains responsables, le doute n’est toujours pas dissipé. Ce qui intrigue le plus, c’est surtout son silence.
Mais au niveau de l’état-major, il s’agit-là d’une question qui n’est plus d’actualité.
Interpellée, la secrétaire nationale à la communication rétorque : ‘’L’actualité, c’est plutôt ce grand mouvement de retour vers le PDS des frères qui étaient partis à un moment. Les derniers en date, c’est Sada Ndiaye et Kalidou Diallo que l’on ne présente plus. Voilà l’actualité, voilà ce qui est le plus important, pas les affabulations des uns et des autres sur le retour ou non de Karim Wade. Est-ce que sincèrement vous pouvez croire que de grands responsables comme Sada Ndiaye, comme Kalidou Diallo allaient retourner dans le parti, s’ils n’avaient pas des assurances que celui dont ils veulent soutenir la candidature ne serait pas là ? Je pense que cela devrait vous suffire comme preuve.’’
Dans tous les cas, cette absence du candidat est, selon des militants du PDS, une des sources de frustration et de désorganisation à l’intérieur du parti. En sus des opérations de renouvellement qui auraient été utilisées par certains pour placer leurs hommes, le PDS est confronté à une crise de leader. ‘’Le président Wade est âgé ; il ne rencontre pas les gens. Karim Wade est à l’étranger… Il ne peut donc que tenir compte de la version de ceux avec qui il discute au téléphone. S’il revient, les choses vont se calmer un peu’’, soutient un interlocuteur.
Selon Nafi Diallo, même s’il est vrai que le candidat est à des milliers de kilomètres de Dakar, il n’en demeure pas moins très présent dans la vie du parti. ‘’Ce que les gens oublient, dit-elle, c’est que Karim Wade est le secrétaire général national adjoint chargé des stratégies et de l’orientation du parti. C’est donc quelqu’un qui, quotidiennement, est impliqué dans la vie du parti. Toutes ces initiatives dont on parle sont de son fait, avec l’accord du président Wade qui reste le leader. Peut-être on ne le voit pas en présentiel comme certains peuvent le souhaiter, mais quotidiennement, il est avec nous pour le bon fonctionnement du parti’’.
À entendre les revenants, il a en tout cas été au cœur des démarches qui ont mené au grand retour enregistré dernièrement. Malgré les appels de Wade, il n’y a jamais eu de grands mouvements. C’est parce qu’au mois de Korité, Karim a donné le la que depuis lors, les choses semblent bouger. D’abord, sur ses instructions, des délégations, selon le président du groupe parlementaire des libéraux, ont été envoyées à presque tous les dissidents qui étaient partis. À la suite de ces délégations qui ont pu faire un ‘’remarquable’’ travail depuis le lancement par Karim de l’opération ‘’Gnibi si’’ (le retour à la maison), le candidat a, lui-même, appelé des responsables pour accélérer le processus.
Si l’on en croit Sada Ndiaye, Karim l’a appelé le 13 octobre pour lui demander de retourner. Il a aussi échangé avec sa base avant de prendre la décision de rentrer au bercail. Il en fut de même pour Kalidou Diallo qui a été appelé le 11 octobre, mais qui, depuis juillet, a renoué le contact avec son ancienne formation qu’il a retrouvée.
Karim annoncé à Dakar pour le congrès
Pour autant, le PDS ne veut pas du tout donner une date quant au retour de son candidat. Nafissatou Diallo : ‘’Nous savons à peu près quand il sera là, mais nous avons décidé de ne pas en parler. Le moment venu en tout cas, le parti va se prononcer et tout le monde sera au courant. Pour le moment, parlez de ces retours puisque quand les gens nous quittaient vous en faisiez écho’’, raille Mme Diallo. Qui tient à assurer que sous peu, il y aura d’autres grands retours et que ça ne concerne pas que des dissidents. ‘’Il y a d’autres personnes qui vont revenir et nous allons l’annoncer prochainement. Mais il n’y a pas que ces retours. Au-delà des retours, vous allez voir des ralliements d’envergure de certains responsables qui vont venir de toutes les obédiences’’.
Revenant sur les raisons de ces mouvements, la secrétaire nationale à la communication estime que le plus déterminant a été la vérité et la constance. ‘’Aujourd’hui, tout le monde sait que la vérité est de notre côté. Malgré tout ce qu’il a subi, malgré tous les départs, le PDS est resté debout, le PDS est resté constant. C’est ça la réalité aujourd’hui que personne ne peut nier. Et puis, les gens savent que la meilleure candidature est celle de Karim Meissa Wade. Il a le meilleur profil, compte tenu de sa trajectoire, de sa maitrise des enjeux économiques, financiers, diplomatiques, mais également des enjeux énergétiques du moment, des crises auxquelles nous sommes confrontés. Il est le plus à même pour aider le Sénégal à faire face et à aller vers le développement’’.
De l’avis de la responsable libérale, l’avènement du pétrole et du gaz constitue un argument supplémentaire en faveur de leur candidat. ‘’Tout le monde sait que Karim Wade a le meilleur profil pour s’occuper de ces questions-là, parce qu’il travaille déjà dans ce milieu, dans un pays qui est symbolisé par sa capacité à avoir pu gérer la manne pétrogazière de manière vertueuse. Malgré sa petite taille, le Qatar est devenu une puissance. Alors qu’il y a 40 ans, c’était un désert. Pour avoir travaillé dans un tel pays pendant tout ce temps, mais aussi compte tenu des relations internationales qu’il a toujours développées, il n’y a pas photo entre lui et les autres’’, plaide-t-elle.
Par ailleurs, pendant que beaucoup s’interrogent sur la date du retour de Karim Wade, la voix du PDS, elle, semble tourner vers l’agenda des retours. Ce, après avoir finalisé le programme qu’il va défendre pour la Présidentielle à venir. ‘’Nous avons fini notre offre politique. Il y a souvent des retouches, mais notre programme est fini. Comme vous le savez, Karim Wade est un perfectionniste, un homme très rigoureux. Ça, tous ceux qui ont eu à travailler avec lui le savent. C’est quelqu’un qui a été au plus haut sommet de l’État, qui sait quelles ont été les réussites de notre régime, mais qui sait aussi pour nos manquements et ce qu’on devrait améliorer si les Sénégalais nous font confiance’’, soutient Nafissatou Diallo.
Pour rappel, le PDS avait annoncé que Karim serait là pour le congrès qui va permettre de l’investir officiellement comme candidat. La tenue de ce congrès était prévue à la fin des opérations de renouvellement. Lesquelles, selon le calendrier officiel, devaient être clôturées au plus tard à la fin de ce mois d’octobre.
LES GEÔLIERS DE SONKO CONFIRMENT SON ÉTAT CATASTROPHIQUE
Selon son conseil Juan Branco, l'opposant aurait fait un coma le 17 août, avec un score de Glasgow de seulement 3/15, synonyme d'un risque de décès de 93%
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 26/10/2023
L'avocat français de l'opposant sénégalais Ousmane Sonko, Juan Branco, a révélé jeudi de nouveaux éléments inquiétants concernant l'état de santé de son client, détenu à la prison de Dakar depuis mars 2021. Dans un long texte accompagné de documents officiels, Me Branco affirme que Sonko a frôlé la mort en août dernier après une grave crise et qu'il se trouve actuellement dans une situation "catastrophique".
Selon l'avocat, Sonko aurait fait un coma le 17 août, avec un score de Glasgow de seulement 3/15, synonyme d'un risque de décès de 93%. Ces éléments avaient jusque-là été tu par "pudeur" mais prouvent la gravité de son état de santé à ce moment-là. Me Branco dénonce le fait que le pouvoir sénégalais ait tenté par le passé de nier l'existence des grèves de faim observées par l'opposant en prison pour le "déshonorer".
Pour étayer ses dires, l'avocat affirme avoir accès à des communications internes du pouvoir sénégalais concernant Sonko qui prouveraient que l'administration pénitentiaire informe au quotidien les plus hautes autorités de son état. Les documents transmis confirmeraient ainsi que le gouvernement est au courant dans le détail de la situation "catastrophique" dans laquelle se trouve actuellement l'opposant emprisonné.
Me Branco met solennellement en garde le pouvoir sénégalais, soulignant sa "responsabilité" si un "incident" devait survenir. Une mise en cause claire qui sous-entend le risque potentiel pour la vie de Sonkodu fait de sa détention dans ces conditions. Cette prise de parole renforce les craintes sur la dégradation de l'état de santé du célèbre opposant politique sénégalais.
LA CONQUÊTE DE L’ESPACE DÉMOCRATIQUE
Notre ventre qui conjugue tout au présent nous a toujours empêché de penser au futur. Aide-toi, le ciel t’aidera. Avec le premier satellite en novembre, il faudra un petit pas vers la conquête de l’espace démocratique chez nous.
Notre ventre qui conjugue tout au présent nous a toujours empêché de penser au futur. Aide-toi, le ciel t’aidera. Avec le premier satellite en novembre, il faudra un petit pas vers la conquête de l’espace démocratique chez nous. Ces partis yobaalema pullulent à la vitesse d’une fusée. Ce serait un bond de géant, comme celui de Armstrong, si on assainissait cet univers ! Ce n’est pas mauvais qu’il y ait une constellation de candidats, mais là, on se perd. Un peu de con-science.