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28 mai 2025
LE F24 VEUT EXPORTER SON COMBAT
La plateforme des forces vives de la nation (F24) a annoncé, mercredi, à Dakar, l’organisation d’une campagne internationale d’information pour la préservation de la paix civile au Sénégal, a appris l’APS.
Dakar, 26 juil (APS) – La plateforme des forces vives de la nation (F24) a annoncé, mercredi, à Dakar, l’organisation d’une campagne internationale d’information pour la préservation de la paix civile au Sénégal, a appris l’APS.
»Après l’opération menée contre la troisième candidature, le F 24 va entamer une campagne internationale d’information et de dénonciation sur l‘état fortement dégradé de la démocratie et des libertés dans notre pays’’, a déclaré le coordonnateur du F24, Mamadou Mbodj, lors d’une conférence de presse.
Selon lui, il s’agira »d’alerter sur les risques de déstabilisation du Sénégal consécutivement aux manœuvres du régime en place pour se maintenir par tous les moyens notamment par une sélection arbitraire des candidats à la prochaine élection présidentielle ».
Pour Mamadou Mbodj, »le renoncement au troisième mandat est un acte salutaire qui doit être suivi par d’autres actes en privilégiant la désescalade et l’apaisement’’. ‘’Le F24 va continuer son combat par une démarche intelligente, résiliente et stratégique, pour entre autres, l’organisation d’une élection inclusive, sincère, transparente et apaisée en 2024’’, a-t-il-ajouté.
par l'éditorialiste de seneplus, félix atchadé
MACKY SALL, UN BILAN GLOBALEMENT NÉGATIF
EXCLUSIF SENEPLUS - La pratique gouvernementale est caractérisée par un autoritarisme rompant avec la tradition sénégalaise des cinq dernières décennies. La fascination pour les libertés est un point non négociable du contrat social sénégalais
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 26/07/2023
Le 3 juillet 2023, à 20 h 21 après une vingtaine de minutes d’une allocution annoncée de longue date, le président de la République, Macky Sall déclarait « Ma décision, longuement et mûrement réfléchie, est de ne pas être candidat à la prochaine élection du 25 février 2024 ». Il mettait fin ainsi à une agitation politicomédiatique autour du « deuxième quinquennat » qu’il a suscitée et entretenue depuis sa « réélection » en février 2019. Les semaines précédant son annonce, avec une énergie renouvelée et teintée de désespoir, il a organisé diverses réunions à la présidence de l’avenue Léopold Sédar Senghor. Au cours de ces réunions, les courtisans rivalisaient d’éloquence pour dire que son maintien à la tête du pays était « une demande sociale » et prédisaient l’apocalypse s’il n’est pas candidat à un nouveau bail à la direction du pays. L’annonce de Macky Sall a entraîné hors du Sénégal une flopée de « salutations et de félicitations ». Le président français Emmanuel Macron, le Secrétaire d’État américain Antony Blinken, le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres y sont allés chacun de leur tweet. En Afrique : les présidents du Niger, Mohamed Bazoum, et de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, ainsi que le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat ont adressés des messages de félicitations. Au Sénégal, mis à part le microcosme politicomédiatique, la déclaration présidentielle a été accueillie dans l’indifférence. Plus de trois Sénégalais sur quatre (79 %)[1] étant pour la limitation des mandats présidentiels à deux, son annonce n’avait aucun intérêt pour eux. Aucune des figures importantes de la société civile (dignitaires religieux en premier) n’a considéré que le propos présidentiel nécessite un commentaire particulier.
L’esbroufe et la vérité historique
Le président Macky Sall a dit au cours de son allocution que c’est son « code d’honneur » qui l’a amené à cette décision. Qu’il a renoncé à se présenter, en dépit du fait qu’il en a le droit, parce que son « sens de la responsabilité » lui commande de préserver sa dignité et sa parole ! C’est son récit. Les wolofs disent « Kuy Xalam, di ci jaayu »[2] (« On se berce au son de sa propre guitare ») ! Birago Diop (1906-1989) écrivain et poète, qui a mis à l’écrit de contes traditionnels de la littérature orale africaine, notamment Les Contes d’Amadou Koumba dit « Quand la mémoire va chercher du bois mort, elle ramène le fagot qui lui plaît. » À la vérité historique nous devons de dire que le chef de l’État a cherché jusqu’au bout à être candidat. Alors que la Constitution en son article 27 est claire sur son incapacité à être de nouveau dans la course présidentielle, il a mobilisé son Gouvernement, son parti (APR), la coalition présidentielle (BBY), la presse, des lobbyistes américains et une officine française d’extrême droite de juristes mercenaires pour opérer des distinctions fantaisistes sur la notion de mandat, épiloguer sur ce qui est « hors de portée », etc.
Le renoncement du Président à son plan de mise en orbite de sa candidature illégitime et illégale à l’élection présidentielle du 25 février 2024 est en réalité une capitulation en rase campagne. Outre que les Sénégalais dans leur immense majorité sont pour la limitation des mandats, les organisations de la société civile notamment les ministres des Cultes qui ont une véritable influence ont montré qu’il ne fallait pas compter sur eux pour trouver un début de soutien à cette aventure. Plus encore que la « résistance passive » de ces groupes sociaux, c’est la détermination des opposants notamment ceux regroupés autour d’Ousmane Sonko et de Pastef qui ont fait comprendre à Macky Sall qu’il faut reculer. Les dénonciations de l’ancienne Première ministre Aminata Touré ont également joué un rôle non négligeable. En définitive, la stratégie présidentielle a privé les Sénégalais des débats et laissé un pays au contrat social soumis à rude épreuve.
Un contrat social soumis à rude épreuve
Il est prêté à Macky Sall, alors qu’il se préparait à se lancer dans sa campagne électorale victorieuse de 2012, le propos selon lequel le « Sénégal ne peut être tenu avec efficacité que dans la dictature ». Si sa fameuse boutade « nous allons réduire l’opposition à sa plus simple expression » est documentée, il en est autrement en ce qui concerne cette déclaration qui établit un lien dialectique entre dictature et la gouvernance efficace du Sénégal. Il manque des témoignages pour la confirmer. Mais il n’en reste pas constant que depuis son arrivée au pouvoir en 2012, la pratique gouvernementale du Président est caractérisée par un autoritarisme rompant avec la tradition politique sénégalaise des cinq dernières décennies. Pire, depuis trois ans, on assiste une tentative de momification de la vie politique qui prend les atours les plus caricaturaux de la glaciation senghorienne (1963-1968). Des intellectuels, des journalistes, activistes, dirigeants politiques sont privés de liberté pour des expressions d’opinions. Des journalistes se censurent de peur de subir le sort de leurs confrères et consœurs privés de liberté pour avoir exercé leur métier : informer.
Des ministres, des députés et proches collaborateurs du président de la République assimilent l’opposition à une activité criminelle. Yoro Dia, le ministre porte-parole et coordonnateur de la communication de la présidence de la République du Sénégal a déclaré : « le projet de Pastef est la continuation de la guerre perdue par le MFDC par d’autres moyens notamment la politique ». Il est scandaleux qu’un parti à l’implantation nationale avec des élus dans tous les départements du pays soit assimilé avec l’organisation militaropolitique qui se bat, depuis 1982, pour l’indépendance de la région naturelle de Casamance. Ce propos de Yoro Dia montre à souhait que dans l’entourage de Macky Sall, il y a une tendance très nette à considérer que l’ethnie est une caractéristique politique essentielle. Cette vision est en porte-à-faux avec les valeurs et l’histoire de notre pays. Il est choquant que le président ne se soit pas désolidarisé des propos de son porte-parole.
Les résultats de l’enquête Afro Barometer publiés au début de juin 2023 révèlent que pour 53 % des Sénégalais le pays « n’est pas une démocratie » ou « est une démocratie avec des problèmes majeurs ». Le niveau de satisfaction du fonctionnement de la démocratie est passé de 68 % en 2013 à 48 % en 2022. Dans la même période, le niveau d’insatisfaction est passé de 28 % à 51 %. Plus de 2 Sénégalais sur trois (69 %) estiment que la justice traite « souvent » ou « toujours » les gens de manière inégale. Depuis 2012, les indices de redevabilité et la transparence des administrations publiques n’ont pas évolué dans le sens de l’amélioration. Depuis 2015, l’année de mise au point de l’indice de l’État de droit du World Justice Project la position a régressé. Les notes et les classements de l’indice WJP de l’État de droit s’articulent autour de huit facteurs principaux : Contraintes sur les pouvoirs du gouvernement, absence de corruption, Gouvernement ouvert, droits fondamentaux, Ordre et sécurité, application de la réglementation, Justice civile et Justice pénale[3].
La caractéristique fondamentale de la démocratie sénégalaise est la passion de deux libertés et l’attachement à l’égalité de chance. La fascination pour les libertés de conscience et d’expression est un point non négociable du contrat social sénégalais. Les Wolofs disent « Tudd sawara du lakk làmmiñ »[4]. Les jóola disent en écho « Mañaao butum akaaneool ; afago, butum àpureneool »[5] disent en écho. Le président Léopold Sédar Senghor répétait tel un slogan « Sénégal, pays de dialogue ». Il employait le mot dans le sens de la confrontation, l’interpénétration des arguments. C’est à cette tradition démocratique sénégalaise que le régime s’est attaqué avec une violence inouïe.
Le pari sur la rente des hydrocarbures
Depuis bientôt une décennie le président de la République, son Gouvernement nous promettent des lendemains enchanteurs en raison des découvertes de pétrole et de gaz dans nos eaux territoriales. Ils vont jusqu’à théoriser les restrictions aux libertés par le nouveau statut de producteur et exportateur d’hydrocarbures du Sénégal. Selon cette théorie la nouvelle position du pays nous expose aux entrepreneurs de guerre et autres semeurs de chaos et qu’en conséquence des tours de vis supplémentaires sur les libertés civiques et démocratiques sont légitimes. C’est même devenu l’antienne des composantes de « gauche » de la coalition BBY au pouvoir. Le cache-misère de l’indigence de leurs réflexions sur le devenir du pays et la réalité de ce que devrait être le camp du progrès et de la justice sociale.
Le Sénégal va être un pays producteur d’hydrocarbures. À partir de 2024, si les prévisions et le calendrier ne connaissent pas de perturbations, il sera extrait du champ gazier au large de Saint-Louis 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an. Cette production en partage avec la Mauritanie devrait atteindre 10 millions de GNL par an à partir de 2030. Pour le pétrole, la production au cours de la première phase devrait être de 100 000 barils par jour. Les recettes annuelles espérées de l’exploitation de ces ressources sont estimées à 700 milliards de francs CFA. Si l’exploitation des hydrocarbures semble des perspectives positives, il ne faut pas perdre de vue que notamment au large de Saint-Louis l’activité économique principale reste la pêche artisanale. Les effets bénéfiques de la nouvelle rente compenseront-ils les dommages qu’elles causeront ? Comment concilier la préservation de l’environnement et la biodiversité tout en exploitant la ressource ? Le plus inquiétant dans la vision de l’exploitation de ces ressources est l’idée qui la soutient : les recettes d’exportation qui en seront tirées vont ouvrir la voie au développement du pays. Il y a une obsession des « retombées du gaz et du pétrole » qui démontre une approche patrimoniale de la rente des hydrocarbures.
Échec de la transformation structurelle de l’économie
À l’arrivée au pouvoir en 2012 de Macky Sall, l’économie du pays était dans un cycle de croissance amorcé depuis la dévaluation du franc CFA de 1994. Une croissance erratique sans grand impact sur la réduction de la pauvreté et la création d’emplois. Après avoir essayé le programme économique Yonu Yokuté sur lequel il a été élu, le Président a lancé le Plan Sénégal émergent (PSE) qu’il a qualifié de « vision du développement du pays à l’horizon 2035 ». Le PSE se décline en trois axes : la transformation structurelle de l’économie et la croissance ; l’amélioration du capital humain ; la Gouvernance et des institutions. Au-delà de ses objectifs pour lesquels tout le monde s’accorde, la philosophie du PSE n’a rien d’original dans l’économie politique sénégalaise. Il s’inscrit dans la continuité des politiques économiques menées depuis le Plan à court terme de stabilisation 1979 — 1980. Le PSE ne déroge pas à la logique de la doxa néolibérale des Institutions financières internationales (IFI). Comme la Nouvelle politique agricole (NPA), la Nouvelle politique industrielle (NPI), la Stratégie de croissance accélérée (SCA), le PSE s’inscrit en droite ligne des recommandations du consensus de Washington ou du nouveau consensus de Washington.
Pour le cycle que nous vivons, tout commence en juin 2000. Quand le Gouvernement issu de la première alternance signe des accords avec les Institutions financières internationales (IFI) notamment le Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre de l’Initiative pays pauvres très endettés (PPTE). En contrepartie, des remises de dettes des « réformes structurelles » et la « lutte contre la pauvreté » deviennent le cadre des politiques économiques. Cet accord dit « point de décision » dans le jargon des IFI, a permis au Sénégal de bénéficier d’un allégement de dette de 488 millions de dollars en valeur actualisée nette à fin 1998. En avril 2004, le Sénégal a atteint « le point d’achèvement » qui a ouvert la voie à un nouvel allégement de dette de 488 millions de dollars en valeur actualisée nette à fin 1998. Sur le plan macroéconomique, en 2003 le Sénégal a élaboré son plan de lutte contre la pauvreté, le Document de Stratégie pour la réduction de la pauvreté, DSRP-I. Il a couvert la période 2003-2005. Suivront le DSRP II pour la période 2006-2010, puis en 2011, le Document de Politique économique et sociale (DPES) qui devait s’étaler sur période 2011-2015. Il sera révisé à la faveur de la deuxième alternance de 2012 qui a amené Macky Sall au pouvoir. Il a été affublé du nom de Stratégie nationale de développement économique et social (SNDES) 2013 -2017. Mais en 2014, le gouvernement a actualisé cette stratégie et l’a nommé Plan Sénégal émergent (PSE). Ce plan n’est pas différent des précédents et les objectifs qu’il poursuit ne sont pas d’une grande originalité. C’est son mécanisme de financement qui fait sa particularité : il fait appel aux marchés là où les autres plans ont misé sur la mobilisation des ressources internes et les prêts concessionnels.
Grâce au redressement de l’activité agricole, une disponibilité de ressources sur les marchés financiers et la baisse mondiale des cours du pétrole, la croissance a été dans l’ensemble au rendez-vous de 2011 à 2020. Elle a même été supérieure à la croissance démographique. Les marchés confrontés au contexte de liquidité abondante, de faiblesse des taux d’intérêt prévalant aux États-Unis et en Europe trouvaient des avantages à placer leurs fonds sur de nouveaux marchés tels que ceux des pays africains. C’était pour eux une occasion de diversifier leurs risques tout en augmentant leurs rendements. Entre 2014 et 2018, plus de 3 milliards de dollars ont été ainsi levés par le Sénégal. Mais la pandémie puis le déclenchement de la guerre en Ukraine ont mis un terme à ce contexte favorable. Le manque de vision stratégique présidentiel nous a privés des chances de changement structurel de l’économie qu’offrait cette période. Depuis 2020, le retournement de conjoncture a montré les limites des options économiques présidentielles.
Des perspectives inquiétantes
La reprise de la croissance notée en 2021 après la pandémie n’a pas résisté aux chocs exogènes des derniers mois. En 2022, sous l’effet des pressions inflationnistes et du ralentissement de l’activité économique globale liée à la guerre en Ukraine, la croissance a été atone. L’inflation a atteint 14,1 % en novembre 2022 plongeant dans la pauvreté de nombreux foyers. Ces chocs exogènes ont entraîné des pressions budgétaires. Les mesures prises pour lutter contre les conséquences de la guerre en Ukraine ont entraîné un creusement du déficit budgétaire qui a atteint à 6,7 % du PIB en 2022.
La dette publique a augmenté fortement au cours des dix dernières années et en particulier depuis 2019. Elle a atteint 69,1 % du PIB en 2020, 73,3 % en 2021 et 76,6 % du PIB en 2022. L’encours de la dette reste principalement composé de la dette extérieure contractée auprès de créanciers commerciaux multilatéraux et bilatéraux. Le resserrement monétaire mondial, déclenché par l’inflation consécutive de l’invasion russe en Ukraine, a entraîné une augmentation des coûts d’emprunt sur les marchés internationaux. Dans la sous-région, le taux directeur est passé 2022 de la BCEAO de 2 % en juin à 2,75 % en décembre est à 3 % depuis mars 2023. Dans une économie marquée par la faiblesse de la pression fiscale notamment sur le capital, le resserrement des conditions financières va entraver la capacité du gouvernement à emprunter des ressources suffisantes pour investir et permettre de résister aux chocs.
[4] « Le fait de nommer le feu ne brûle point la langue »
[5] « Le sacré, c’est la bouche qui le crée ; quand il n’y a plus de raison d’être, c’est la bouche qui se lève. » Diatta, N., & Thomas, L. V. (1998). Proverbes jóola de Casamance. KARTHALA Editions.
IL N’Y A PLUS D’APPEL A L’INSURRECTION
Le gouvernement du Sénégal a fait face à la presse ce 25 juillet pour parler de l’actualité brûlante. A cette occasion, le ministre porte-parole du gouvernement a expliqué les raisons pour lesquelles, les barrières ont été levées.
Le gouvernement du Sénégal a fait face à la presse ce 25 juillet pour parler de l’actualité brûlante. A cette occasion, le ministre porte-parole du gouvernement Abdou Karim FOFANA a expliqué les raisons pour lesquelles, les barrières autour du domicile d’Ousmane SONKO ont été levées. Selon lui, c’est parce qu’il n’y a plus de risque de désordre.
« Il n’y a plus d’appel à l’insurrection, ni de risque de trouble à l’ordre public qui nécessiterait de barricader la Cité Keur Gorgui », soutient-il.
Concernant l’arrestation du leader du PASTEF qui devait être faite après la disponibilité du jugement, il souligne qu’il revient à la Justice de s’en charger et de prendre cette décision.
MORTS DE MIGRANTS SENEGALAIS, BBY INDEXE DES CRIMINELS POLITIQUES
Le Sénégal poursuit le décompte macabre après la mort de plusieurs candidats à l’émigration. Suffisant pour que la coalition au pouvoir appelle les jeunes à la raison et d’éviter les manipulations des hommes politiques.
Le Sénégal poursuit le décompte macabre après la mort de plusieurs candidats à l’émigration. Suffisant pour que la coalition au pouvoir appelle les jeunes à la raison et d’éviter les manipulations des hommes politiques. En effet, selon Benno Bokk Yakaar, cette résurgence de l’émigration clandestine est la faute des certains acteurs politiques qui manipulent les jeunes.
« Nous dénonçons avec la plus grande vigueur les allégations de certains manipulateurs qui présentent cet élan suicidaire comme un acte d’héroïsme ou de révolte politique, alors qu’il ne s’agit que de tromper ces jeunes pour le plus grand profit de criminels bien connus. Nous invitons ceux qui sont tentés par cette aventure à revenir à la raison et à refuser de se faire exploiter par des mafias qui s’enrichissent avec le trafic de migrants et sont chargés de procurer aux économies européennes une main d’œuvre sous payée et non déclarée quasi servile », déclare la coalition.
Par ailleurs, la coalition demande au gouvernement d’amplifier les mesures et les accélérer en concertation avec tous les acteurs, pour offrir un meilleur avenir à la jeunesse.
AU NIGER, TIRS DE SOMMATION DE LA GARDE PRÉSIDENTIELLE CONTRE DES MANIFESTANTS FAVORABLES AU PRÉSIDENT
Les manifestants tentaient de s'approcher de la présidence où Mohamed Bazoum est retenu par la garde présidentielle, quand ils ont été dispersés par ces tirs. Au moins un manifestant a été blessé
La garde présidentielle à l'origine d'une tentative de coup d'Etat en cours au Niger, a dispersé mercredi à Niamey par des tirs de sommation des manifestants favorables au président Mohamed Bazoum, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les manifestants tentaient de s'approcher de la présidence où Mohamed Bazoum est retenu par la garde présidentielle, quand ils ont été dispersés par ces tirs. Au moins un manifestant a été blessé, sans que l'on sache dans un premier temps s'il a été touché par une balle ou s'il a fait une chute lors de la bousculade ayant suivi les tirs. Mohamed Bazoum est retenu depuis mercredi matin par des membres de la garde présidentielle après l'échec de pourparlers sur des points qui restent inconnus.
VERS UNE GUERRE DES COMPÉTENCES
Certaines voix s'élèvent déjà contre le Pool judiciaire financier (PJF), né sous les décombres de la Crei, craignant notamment un géant budgétivore chargé de faire presque la même chose que certaines juridictions existantes
Corrigeant les imperfections de la Crei et promouvant la spécialisation pour une prise en charge efficace de certains types d’infraction complexes, la nouvelle loi comporte cependant un certain nombre de tares liées surtout aux couts et aux risques de conflits de compétence entre le PJF nouvellement créé et les juridictions de droit commun.
On n’a pas encore fini de parler des affres de la Crei que certaines voix ont commencé à s’élever contre le Pool judiciaire financier (PJF), né sous ses décombres. Certains experts craignent, en effet, un géant budgétivore chargé de faire presque la même chose que certaines juridictions déjà existantes.
Mais que prévoit la nouvelle loi récemment adoptée par l’Assemblée nationale ?
Aux termes de l’article 677-93, le Pool judiciaire financier exerce, en effet, ‘’une compétence concurrente à celle des juridictions de droit commun, pour la poursuite, l’instruction et le jugement’’ d’un certain nombre d’infractions à caractère économique ou financier.
Parmi ces infractions, il y a ‘’la corruption et les pratiques assimilées, les détournements, escroqueries liés aux deniers publics, les infractions liées à la fausse monnaie, le blanchiment de capitaux, les infractions fiscales, les infractions douanières, le trafic de stupéfiants, de substances psychotropes, les infractions liées aux technologies de l'information et de la communication, les infractions en matière de chèque, de carte bancaire et des autres instruments et procédés électroniques de paiement ; les infractions à caractère économique ou financier pour lesquelles une loi spéciale lui donne compétence ; les infractions connexes aux infractions visées aux 1° à 10°…’’ Celles-ci doivent cependant présenter ‘’une grande complexité, en raison notamment du nombre important d’auteurs, de complices ou de victimes, de l'importance du préjudice, ou du ressort géographique sur lequel elles s'étendent’’ pour justifier la compétence du PJF et non des juridictions de droit commun.
Sous ce rapport, il est effectivement à craindre des conflits de compétence entre la nouvelle juridiction et les juridictions de droit commun qui existent déjà et qui s’occupent de ces questions.
Le procureur général coordinateur et arbitre des conflits
Comme pour parer à tout conflit, le législateur a placé le procureur de la République financier (chef du parquet financier) sous l’autorité du procureur général près la Cour d'appel de Dakar. Ce dernier, souligne la loi, a dans les affaires de sa compétence les mêmes attributions que le procureur de la République.
Il convient également de noter que le procureur de la République financier est assisté par un procureur de la République financier adjoint et de trois substituts financiers, au moins. Une organisation qui pourrait permettre de se prémunir contre certains conflits de compétence. Dans tous les cas, le parquet général a le dernier mot pour arbitrer en cas de différend, conformément aux prescriptions de la nouvelle loi.
Par ailleurs, à côté de ces compétences qu’il partage avec les juridictions de droit commun, le Pool dispose de compétences qui lui sont propres. Parmi les incriminations pour lesquelles il a une compétence exclusive, il y a les infractions liées à la corruption et pratiques assimilées, à la fraude et au blanchiment de capitaux résultant des enquêtes diligentées par les autorités administratives indépendantes, notamment la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) et l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), les infractions liées à la réglementation des marchés publics, la piraterie maritime, le financement du terrorisme, le trafic de migrants, l’enrichissement illicite, les infractions liées à la réglementation bancaire, les infractions boursières sur le marché financier, l’escroquerie ou l’abus de confiance dont le préjudice est supérieur à 50 millions.
Outre le parquet financier qui apprécie de l’opportunité des poursuites, le PJF est composé d’un collège des juges d’instruction financier, d’une chambre de jugement financière, d’une chambre d’accusation financière, d’une chambre des appels financière, d'assistants de justice spécialisés.
Par ailleurs, contrairement à certaines allégations, la nouvelle loi maintient dans le dispositif législatif la loi sur l’enrichissement illicite. ‘’Le procureur de la République financier est seul compétent pour effectuer la mise en demeure prévue par l'article 163 bis du Code pénal et relative à l'enrichissement illicite. Après achèvement de l'enquête préliminaire et s'il y a des indices d’enrichissement illicite, il convoque la personne mise en cause, en lui précisant que dans l'éventualité d'une poursuite, les pièces du dossier sont tenues à sa disposition, pour communication, 48 heures à l'avance à son secrétariat et en l'avertissant de ce qu'elle peut se faire assister du conseil de son choix’’, dispose l’article 677-102.
Sue la procédure, la même disposition précise : ‘’Le procureur de la République financier entend la personne concernée, assistée, le cas échéant, de son conseil. Il lui fait ensuite connaître les résultats de l'enquête en ce qui concerne le montant de ses ressources connues, comparé au détail des éléments de son patrimoine ou de son train de vie. Il met ensuite la personne entendue en demeure de justifier dans le délai d'un mois l'origine licite desdits éléments, et en dresse procès¬verbal. Si la personne convoquée présente des justifications suffisantes, le procureur de la République financier classe le dossier sans suite. Si la personne convoquée ne se présente pas ou ne fournit, dans le délai imparti, aucune justification ou si les justifications fournies sont insuffisantes, le procureur de la République financier saisit le président du collège des juges d'instruction financiers’’.
Par ailleurs, lorsque les faits constitutifs de l'une des infractions visées à l'article 677-94 concernent une personne bénéficiant d'une immunité ou d'un privilège de juridiction, le procureur de la République financier transmet le dossier à l'autorité compétente aux fins de l’exercice des poursuites par voie de droit. ‘’Tout procureur de la République saisi de faits pouvant constituer l'une des infractions rentrant dans les catégories visées à l'article 677-94 transmet, dans les 72 heures de sa saisine, le dossier au procureur de la République financier. Toutefois, lorsque les circonstances l'exigent, tout procureur de la République peut procéder à tous actes urgents, à charge d'en rendre compte au procureur de la République financier’’, souligne la nouvelle réglementation, qui soulève les polémiques.
LE PRÉSIDENT BÉNINOIS EN ROUTE POUR UNE MÉDIATION AU NIGER
"Il va là-bas maintenant, il est en route", a déclaré M. Tinubu, qui dirige actuellement le bloc régional ouest-africain de la Cédéao, après avoir rencontré le président Talon à Abuja
Le président béninois Patrice Talon est en route pour le Niger pour servir de médiateur dans ce pays où une tentative de coup d'Etat était toujours en cours mercredi et où le président Mohamed Bazoum est retenu par des membres de la garde présidentielle.
"Il va là-bas maintenant, il est en route", a déclaré M. Tinubu, qui dirige actuellement le bloc régional ouest-africain de la Cédéao, après avoir rencontré le président Talon à Abuja. M. Talon devait se rendre prochainement dans trois pays membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) où des coups d'Etat ont eu lieu depuis 2020 - le Mali, le Burkina Faso et la Guinée. "La situation est suffisamment préoccupante pour que la Cédéao et le président Tinubu, le président du Nigeria, voisin du Niger, avec le Bénin, voisin du Niger également, nous prenions la chose au sérieux et agissions rapidement", a déclaré le président Talon avant son départ.
"Je crois que tous les moyens seront utilisés, au besoin pour que l'ordre constitutionnel soit rétabli au Niger, mais l'idéal serait que tout se passe dans la paix et dans la concorde donc les actions de médiations seront renforcées ce soir même pour que cette situation s'arrange dans la paix", a-t-il ajouté. "Même quand ce qui n'est pas acceptable se fait, il faut que dans la paix on puisse corriger cela. C'est notre première option. Nous pensons que ce sera avec succès", a aussi avancé le président béninois.
24 MORTS DONT 4 ENFANTS DANS UN ACCIDENT D'AUTOCAR
"Il y a eu 76 victimes dont 24 décès, dont quatre enfants, et 52 blessés", a déclaré le ministre Antoine Félix Diome, en visite sur le lieu de l'accident survenu à "07H40" (locales et GMT) à hauteur du village de Diélerlou Syll, dans la région de Louga
Vingt-quatre personnes dont quatre enfants sont mortes dans l'accident d'un autocar mercredi matin dans le nord du Sénégal, a annoncé le ministre de l'Intérieur dans un nouveau bilan.
Dans un paysage semi-aride où a eu lieu l'accident, la carcasse du bus accidenté gît sur le bord de la route, broyé par l'effet du choc. Les objets de certains passagers sont encore visibles, a constaté un correspondant de l'AFP. "Il y a eu 76 victimes dont 24 décès, dont quatre enfants, et 52 blessés", a déclaré à la presse le ministre Antoine Félix Abdoulaye Diome, en visite sur le lieu de l'accident survenu à "07H40" (locales et GMT) à hauteur du village de Diélerlou Syll, dans la région de Louga (nord). De précédents bilans communiqués par le président Macky Sall et des sapeurs-pompiers avaient fait état respectivement de 23 et 22 morts et des blessés. Deux de ces derniers, évacués dans des hôpitaux, sont ensuite décédés portant le bilan à 24 morts, a dit le ministre.
Le véhicule arrivait d'une ville du nord du pays et était "en surnombre" avec 76 personnes à bord alors que sa capacité sur la carte grise est limitée à 60, a-t-il déploré, sans lier l'accident à ce dépassement de passagers. Les blessés ont été évacués vers des hôpitaux de Louga et Saint-Louis (nord), a-t-il ajouté. L'accident est dû à "un dérapage suivi d'un renversement" du véhicule qui est retombé "les quatre pneus en l'air", a déclaré à la presse un membre de l'équipe de secours des sapeurs-pompiers, en présence du ministre.
Le nombre d'accidents était en baisse au Sénégal depuis janvier après une vingtaine de mesures prises par le gouvernement à la suite de drames de la route, a dit M. Diome. "Le travail doit se poursuivre avec beaucoup plus de fermeté sur certaines mesures", a-t-il ajouté, en allusion au "surnombre" dans le véhicule accidenté.
Le 16 janvier, dix-neuf personnes avaient été tuées et 24 blessées dans une collision entre un car et un camion dans la zone autour de Louga où est survenu l'accident de mercredi. Le 8 janvier, une collision entre deux bus avait causé la mort d'environ 40 personnes le 8 janvier dans le centre du pays. Ce drame imputé à l'éclatement d'un pneu, avait suscité un flot de critiques contre les autorités pour leur incapacité à faire respecter les règles de conduite, mais aussi la réglementation sur l'état des véhicules, malgré la multiplication des accidents.
Le gouvernement sénégalais avait annoncé dans la foulée de nouvelles mesures dont l'interdiction des voyages nocturnes des bus et l'utilisation de pneus d'occasion. Mais nombre de ces mesures avaient été décriées comme étant inapplicables par les professionnels du transport.
Les accidents sont fréquents en Afrique où ils sont souvent provoqués par la vétusté et l'aménagement dangereux des véhicules, la conduite inconsidérée, ou encore la corruption répandue des agents chargés de faire respecter les lois ou faire passer le permis de conduire.
TENTATIVE DE COUP D'ÉTAT AU NIGER
Une tentative de putsch est en cours mercredi au Niger où le président Mohamed Bazoum est retenu par des membres de la garde présidentielle après des pourparlers ayant échoué
"C’est avec stupeur et consternation" que la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédeao) "a pris connaissance de la tentative de coup d’Etat au Niger", indique un communiqué de l'organisation régionale qui "appelle les auteurs de cet acte à libérer immédiatement et sans condition le président de la République démocratiquement élu".
Une source proche de la présidence interrogée par l'AFP a affirmé que cette tentative était "vouée à l'échec".
"Au terme des pourparlers, la garde présidentielle a refusé de libérer le président, l'armée lui a lancé un ultimatum", a déclaré une autre source proche de la présidence sous couvert de l'anonymat, à la suite d'un "mouvement d'humeur" de membres de la garde présidentielle qui ont bloqué l'accès de la présidence à Niamey.
Dans un message publié sur Twitter, rebaptisé "X", ensuite supprimé, la présidence du Niger avait indiqué que "des éléments de la garde présidentielle (GP) ont engagé un mouvement d'humeur anti-républicain et tenté en vain d'obtenir le soutien des forces armées nationales et de la garde nationale".
"L’armée et la garde nationale sont prêtes à attaquer les éléments de la GP impliqués dans ce mouvement d’humeur s’ils ne reviennent pas à de meilleurs sentiments", ajoutait la présidence en affirmant que "le président de la République et sa famille se portent bien".
Des soldats, le doigt sur la gâchette, debout ou assis dans des pick-up équipés de mitrailleuses, étaient visibles devant le siège de la télévision publique à Niamey et dans les rues y menant, sans toutefois entraver la circulation, a constaté un journaliste de l'AFP.
Aucun dispositif militaire particulier n'était en revanche visible dans le quartier de la présidence, la circulation y était normale et aucun coup de feu n'a été entendu.
Dans les premières heures de la matinée, l'accès à la présidence avait été bloqué en raison du mouvement des membres de la GP.
"Il s'agit d'un mouvement d'humeur de la garde présidentielle, mais des pourparlers sont en cours avec le président" Mohamed Bazoum, avait alors indiqué une source proche de la présidence avant d'annoncer qu'ils avaient échoué.
- Putschs avortés en 2021 et 2022 -
Aucune information n'a dans un premier temps filtré sur le contenu de ces "pourparlers".
"J’ai parlé au président et à des amis ministres, ils vont bien", a déclaré un député du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir), Kalla Moutari.
Le Niger, pays partenaire privilégié de la France dans le Sahel en proie à la violence jihadiste dans plusieurs parties de son territoire, est dirigé par le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis avril 2021.
L'histoire de ce pays vaste, pauvre et désertique est jalonnée de coups d'Etat.
Depuis l'indépendance de cette ex-colonie française en 1960, il y en a eu quatre: le premier en avril 1974 contre le président Diori Hamani, le dernier en février 2010 qui a renversé le président Mamadou Tandja.Sans compter les tentatives de putsch, nombreuses.
Le 31 mars 2021, le gouvernement nigérien avait annoncé l'arrestation de plusieurs personnes après une tentative de coup d'Etat présumée, deux jours avant la prestation de serment du président Mohamed Bazoum.
Le "cerveau" présumé de cette tentative de coup d'Etat, Sani Gourouza, un capitaine de l'armée de l'air, avait été arrêté au Bénin voisin et remis aux autorités nigériennes.
En avril 2022, Ousmane Cissé, ancien ministre nigérien de l'Intérieur d'un régime de transition militaire (2010-2011) avait été écroué pour son implication présumée dans ce putsch raté.
Une arrestation "également en lien avec un dernier coup d'Etat déjoué en mars 2022, alors que le président Bazoum se trouvait en Turquie", selon un officiel nigérien, mais les autorités n'avaient pas communiqué publiquement sur ce deuxième putsch manqué.
En février, M. Cissé a été relaxé faute de preuves, mais cinq des militaires présentés comme les principaux meneurs de la tentative de putsch de 2021, ont été condamnés à 20 ans de prison, dont Sani Gourouza.
En janvier 2018, neuf militaires et un civil avaient été condamnés par un tribunal militaire nigérien à des peines de cinq à quinze ans de prison pour avoir tenté de renverser en 2015 l'ex-président Mahamadou Issoufou, prédécesseur de Mohamed Bazoum.
Parmi les militaires condamnés figurait le général Souleymane Salou, ancien chef d'état-major et ex-membre de la junte qui avait renversé le président Mamadou Tandja.
THIONE NIANG, DU RÊVE AMÉRICAIN À CELUI DE PRESIDENT DU SENEGAL
Il tisse sa toile depuis des années au Sénégal avec plusieurs investissements, et lorgne visiblement la magistrature suprême en 2024
Thione Niang, candidat à l'élection présidentielle de 2024 ? Probable si l'on se fie aux propos de l'entrepreneur et ancien collaborateur de l'ex-patron de la Maison Blanche, Barack Obama. Célèbre pour avoir participé à la victoire du premier président noir des Etats-Unis, Thione Niang tisse sa toile depuis des années au Sénégal avec plusieurs investissements, et lorgne visiblement la magistrature suprême en 2024.
Faire partie du cercle fermé des collaborateurs de l'un des présidents les plus célèbres et les plus puissants médiatiquement au 21ème siècle, prix Nobel de la paix, suffit-il pour avoir une légitimité présidentielle au Sénégal ? La réponse est assez complexe et difficile à trancher, mais Thione Niang peut se targuer manifestement d'avoir été au banquet des grands de ce monde. Né en 1978 à Médina Baye, Kaolack, et issu d'une famille de 28 enfants, Thione Niang s'est hissé au sommet de la pyramide. Parti aux Etats-Unis avec un visa-étudiant,Il participera par la suite et par la force du destin aux deux campagnes présidentielles de Barack Obama en 2008 en tant que membre du staff du comité d'organisation, et en 2012, en tant que co-président des moins de 40 ans de la campagne. Faisant partie des conseillers qui murmurent à l'oreille du célébrissime 44ème président des Etats-Unis, il avait eu le privilège d'introduire Obama, lors de l’ouverture officielle de la campagne en 2012 à Washington.
HOMME DE RÉSEAUX
Une expérience qui a permis à cet entrepreneur de 45 ans de faire partie des Sénégalais les plus connus de la planète et les plus suivis. Il a parlé dans plus de 100 pays à travers le monde, du leadership et de l'entrepreneuriat social, dans les plus grandes universités et conférences en Europe, Asie Pacifique, Afrique, Amérique latine, monde arabe, Amérique du Nord et Australie. Poussant même la revue Complex Magazine à le designer en mars 2013 comme étant l'un des dix jeunes activistes qui changent le monde. Fier de ses origines modestes, voire précaires, Thione Niang voyage, depuis le départ de son mentor de la Maison Blanche, à travers le monde pour partager son odyssée digne d'un film hollywoodien. Conscient de cette responsabilité visiblement, Thione Niang qui est diplômé de Myers University en administration publique et de Science-Po Paris, d'un Executive Master en politique et management du développement et détenteur d'un certificat sur le leadership au XXIe siècle de l'université Harvard de Boston, essaie de donner une autre impulsion aux jeunes africains. Ainsi, il crée en 2009 l'organisation non gouvernementale Give1project. Son objectif est de faire émerger des jeunes leaders susceptibles d’influencer positivement et de manière impactante le monde de demain. Dans le même ordre d'idées, en 2014, il cofonde Akon Lighting Africa et Solektra International avec Akon et l'homme d'affaires malien Samba Bathily. Le but est de fournir de l'électricité à 600 millions de foyers et communautés africains grâce à l'énergie solaire durable. C'est durant cette année qu'il met aussi sur les fonts baptismaux les fermes Jeuf Zone pour répondre aux besoins agricoles de l'Afrique. Il s'agit d'une plateforme agro-commerciale pour la production, la commercialisation, la distribution et la conservation des produits agricoles, avec une priorité donnée aux produits locaux. Pour suivant toujours ce but de faire émerger de jeunes leaders africains utiles, il crée en 2019 l’Institut d’Agriculture et de Leadership Thione NIANG.
«JE REÇOIS BEAUCOUP DE MESSAGES VENANT DE L'INTERIEUR DU PAYS ET DE LA DIASPORA QUI ME METTENT LA PRESSION CONCERNANT L'ELECTION PRÉSIDENTIELLE»
Par ailleurs, interpellé récemment sur La Voix de l'Amérique sur une éventuelle candidature de sa part, Thione Niang n'écarte pas cette possibilité. À l'en croire, tout ce qui l'intéresse, c'estl'avenir du pays et de sa jeunesse. ''Nous voulons donner à la jeune les chances que nous, nous n'avions pas. C'est pourquoi dès mon retour au pays, j'ai beaucoup investi sur la connaissance pour que les jeunes puissent avoir les compétences nécessaires pour pouvoir compétir'', rappelle-t-il non sans indiquer qu'il reçoit beaucoup de messages venant de l'intérieur du pays et de la diaspora pour l'encourager à se présenter. ''Pourquoi pas si je vois que c'est une voie qui peut me permettre de réaliser mes rêves pour le Sénégal ?'' révèle Thione Niang non sans indiquer toutefois qu'il va voir, après avoir écouté tout le monde, si c'est le bon moment ou pas.
LE SENEGAL N'EST PAS LES ETATS-UNIS
Toutefois, Thione Niang peut-il reproduire le même schéma au Sénégal ? Pas si sûr. S'il est vrai que depuis son retour au Sénégal, il tisse sa toile en investissant dans les zones les plus reculées du Sénégal et en discutant beaucoup avec les jeunes, les réalités politiques au Sénégal sont différentes de celles du pays de l'oncle Sam. L'histoire, les accointances, les aspirations… tout est différent. Arrivera-t-il à s'accommoder de cette pratique politique ou va-t-il essayer d'imprimer sa marque en se basant sur l'expérience acquise auprès de l'auteur de ‘’L'audace d'espérer’’ ? Si sa candidature est confirmée, aura-t-elle un écho favorable au sein de la masse ? L'avenir nous édifiera mais ce qui est sûr, c'est que c’est une candidature loin d'être banale.