L'OPPOSITION RÉPLIQUE AU GOUVERNEMENT PAR UN MÉMORANDUM SUR LES TROUBLES
"Les troubles ont fait30 décès, dont quatre corps non encore identifiés. Plus de 80% de ces victimes ont été tuées par balle. Il y a 157 blessés", indique le document publié ce mardi 20 juin 2023 par le Pastef en réponse au "livre blanc" du pouvoir
Ce memorandum d'une quarantaine de pages est diffusé après la publication le 8 juin par le gouvernement d'un "livre blanc", destiné notamment aux diplomates étrangers, dans lequel Dakar livre "sa part de vérité" sur ces violences survenues après la condamnation le 1er juin de l'opposant Sonko dans une affaire de moeurs. Ce "livre blanc truffé de fautes et de mensonges" est "un document accusatoire contre Ousmane Sonko" alors que ces violences "relèvent de la responsabilité historique et entière du président Macky Sall", a déclaré à la presse le député Birame Soulèye Diop, un responsable de Pastef, le parti de M. Sonko.
Le memorandum donne "un récit documenté pour permettre de comprendre ce qui s'est passé", a dit M. Diop, en l'absence de M. Sonko, bloqué par les forces de sécurité chez lui à Dakar, "séquestré" selon lui, depuis le 28 mai. Les troubles ont fait "30 décès" dont "quatre corps non encore identifiés. Plus de 80% de ces victimes ont été tuées par balle. Il y a 157 blessés dont 15 par balle", a ajouté M. Diop.
Les violences ont fait officiellement 16 morts. L'ONG Amnesty International a indiqué avoir décompté 23 morts. Le Sénégal a connu entre le 1er et le 3 juin ses pires troubles depuis des années après la condamnation à deux ans de prison ferme de l'opposant Ousmane Sonko, personnalité populaire dans la jeunesse et les milieux défavorisés. Cette condamnation le rend en l'état actuel inéligible pour la présidentielle de 2024.
M. Sonko n'a cessé de crier au complot du pouvoir pour l'écarter de l'élection présidentielle de février 2024, ce que le pouvoir réfute.
LES JOURNALISTES SERIGNE SALIOU GUÈYE ET PAPE NDIAYE EN LIBERTÉ PROVISOIRE
Guèye, qui a passé un mois en détention, avait été arrêté pour outrage à magistrat, usurpation du métier de journaliste et complicité de ces faits. Son confrère a été arrêté le 7 mars pour outrage à magistrat et diffusion de fausses nouvelles
Le journaliste Serigne Saliou Guèye, directeur de publication du quotidien Yoor-Yoor (privé), et son confrère Pape Ndiaye, de la chaîne Walf TV (privée), ont été libérés ce mardi, tout en étant placés sous contrôle judiciaire, a appris l’APS de la Coordination des associations de presse (CAP).
‘’Pape Ndiaye et Serigne Saliou Guèye viennent de bénéficier d’une liberté provisoire assortie d’un contrôle judiciaire […] Il leur est interdit de sortir du territoire [national] sans autorisation préalable’’, a déclaré à l’APS Mamadou Thior, un responsable de la CAP.
‘’Il leur est interdit de communiquer sur leur dossier en cours d’instruction’’, a-t-il ajouté.
Guèye, qui a passé un mois en détention, avait été arrêté pour les délits d’outrage à magistrat, d’usurpation du métier de journaliste et de complicité de ces faits.
Professeur de français, il exerce en même temps le métier de journaliste depuis une vingtaine d’années, a appris l’APS auprès du journal Le Témoin Quotidien, son ex-employeur.
Le quotidien Yoor-Yoor, qu’il dirige depuis sa création il y a plusieurs mois, a publié en mai un article consacré à la magistrature sénégalaise, ce qui lui a valu d’être poursuivi en justice pour outrage à magistrat, selon Me Moussa Sarr, son avocat.
Pape Ndiaye, journaliste et chroniqueur de Walf TV, a été arrêté le 7 mars pour outrage à magistrat et diffusion de fausses nouvelles.
La Coordination des associations de presse salue le ‘’dénouement heureux’’ des affaires concernant les deux journalistes.
La CAP ‘’tient à saluer l’esprit d’ouverture […] du ministre de la Justice, garde des Sceaux, Ismaïla Madior Fall, et de ses services’’.
Elle affirme que la libération des journalistes est survenue ‘’après une médiation entamée avec les autorités gouvernementales’’.
Selon la Coordination des associations de presse, le médiateur de la République, Demba Kandji, a soutenu les négociations à l’origine de la libération des deux journalistes.
VIDEO
COMMENT SORTIR DE LA CRISE ?
Pour Abdoul Mbaye, ancien Premier ministre et président de l'Alliance pour la Citoyenneté et le Travail, le chef de l'État a sa part de responsabilité dans la situation de crise actuelle
Le calme est revenu après le déferlement de violences lié à la condamnation d'Ousmane Sonko à 2 ans de prison ferme. Pour Abdoul Mbaye, ancien Premier ministre et président de l'Alliance pour la Citoyenneté et le Travail, le président sénégalais a sa part de responsabilité.