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17 juin 2025
Par Félix NZALE
CHEIKH YÉRIM SECK ET SA SOLUTION «DÉMOCRATIQUE»
Dans une émission sur la Sen Tv, Cheikh Yérim Seck a bel et bien soutenu que cela ne le gênerait pas que 90% de la population sénégalaise soit tué pour que survive la démocratie avec les 10% restants.
Il a réajusté son propos au détour d’une émission sur la 7tv dont il était l’invité de Maïmouna Ndour. Mais dans une précédente émission sur la Sen Tv, Cheikh Yérim Seck a bel et bien soutenu que cela ne le gênerait pas que 90% de la population sénégalaise soit tué pour que survive la démocratie avec les 10% restants. D’une conviction affirmée et assumée, M. Seck bascule vers une éventualité. Mais qu’importe.
L’idée en soi est problématique. Elle est même extrêmement dangereuse, en témoignent les nombreuses réactions légitimes, outrées et dépitées, qui se déversent en flots continus sur les réseaux sociaux notamment. Cheikh Yérim Seck y est dépeint comme un sycophante, un homme aux propos scabreux, et doublement atteint de logorrhée et d’hypophrénie. Mais qui ne peut s’empêcher de tenir le crachoir.
Les Sénégalais sont choqués par les propos du journaliste, mais il est bon de rappeler que le «cas CYS» est symptomatique d’un type d’esprit qui s’est invité dans le débat public et qui, hélas, pollue l’atmosphère. En réalité, tout le problème du Sénégal actuel est là: c’est que, généralement, les imbéciles et les fanatiques, toujours si sûrs d’eux, ont occupé l’espace public, renvoyant à l’arrière-plan ceux qui ont réellement autorité à dire. Le plus extraordinaire dans tout cela, c’est que ces catégories de personnes affichent une bêtise fière de soi qui fait passer la vulgarité pour la vertu. Doit-on toutefois laisser le bruit de certaines opinions étouffer nos voix ? Clairement et absolument pas !
La grande masse des Sénégalais est mécontente de sa justice ; mécontente de ses références (si bien entendu elles existent encore). Elle a discrédité sa presse et désavoué ses autorités en tous genres. Il sied, en l’occurrence, de chercher le «pourquoi» afin d’envisager le «comment» se reconnecter avec les dynamiques sociales en prenant en compte les inquiétudes et les peurs légitimes des populations. Au lieu de cela, ce sont des appels au meurtre et à l’effectivité d’une «solution finale» qui consisteraient à éliminer tous ceux et toutes celles dont les voix pour un nouveau pacte social et politique se font entendre.
Au fond, je ne pense pas que CYS et Cie soient des gens maléfiques. Je pense qu’ils se trompent sur ce qu’est le bien. Notamment en s’imaginant que le bien consiste dans le pouvoir, la fortune et la réussite du clan auquel ils appartiennent et dont ils sont les idéologues. Ils sont, à mon avis, tout simplement ignorants. Parce que lorsqu’on a compris ce qui est le bien, quand on le sait vraiment, absolument, on agit pour. Surtout en ces temps de graves dangers qui assombrissent toutes les perspectives pour notre cher pays.
LE CONSEIL DE L’ORDRE EXIGE LA « LEVEE IMMEDIATE DE TOUT OBSTACLE... »
L’Ordre des Avocats s’invite dans le débat sur le blocus de domicile du leader de Pastef, Ousmane Sonko non moins maire de Ziguinchor depuis bientôt trois semaines.
Le Conseil de l’Ordre dénonce le blocus du domicile du leader de Pastef, Ousmane Sonko par les forces de sécurité qui refusent le passage à certains de ses membres qui voulaient rencontrer leur client. Rappelant ainsi dans un communiqué rendu public, le samedi 17 juin dernier, que l’accès à son client ou rencontrer son avocat sans entraves ni crainte sont, pour l’avocat et pour le citoyen, quels que soient sa catégorie sociale ou son rang, une exigence ordinaire qui consacre un droit fondamental. L’Ordre des Avocats appelle à la « levée immédiate de tout obstacle de nature à entraver le libre exercice du ministère de l’avocat et/ou le libre accès de tout citoyen, qui en éprouve le besoin, à un avocat. »
L’Ordre des Avocats s’invite dans le débat sur le blocus de domicile du leader de Pastef, Ousmane Sonko non moins maire de Ziguinchor depuis bientôt trois semaines. Saisi par Me Ciré Clédor Ly, un des avocats du maire de Ziguinchor qui, dans une correspondance, se plaignait du refus opposé par les éléments des forces de sécurité déployés par les autorités autour du domicile de Sonko, sis à la cité Keur Gorgui, de les laisser rendre visite à leur client, l’Ordre des Avocats a pris position à travers un communiqué rendu public, le samedi 17 juin dernier. Dans ce document, l’Ordre a souligné avoir noté ces derniers temps que certains de ses membres qui voulaient rencontrer leur client, en ont été empêchés par les forces de défense et de sécurité, d’aucuns ayant même essuyé des tirs de grenades lacrymogènes, alors que leur qualité était connue et qu’aucune circonstance ne justifiait de telles réactions». Dans la foulée, il a vigoureusement dénoncé ce qu’il qualifie d’« actes totalement en porte-à-faux avec la protection de l’indépendance, de la dignité et de l’intégrité de l’avocat ».
« Ils sont surtout en porte-à-faux avec le service public de la justice dont l’Etat a le devoir de garantir le plein et serein exercice », insiste encore le barreau de Dakar dans ce document qui précise que « cette situation interpelle le Conseil de l’Ordre et l’induit à rappeler : d’abord, que les avocats doivent, en leur qualité d’acteurs principaux du service public de la justice et en toute responsabilité, préserver à tout moment, l’honneur et la dignité de leur profession et s’ériger en premiers garants du respect de nos règles ». Mais aussi « qu’il incombe aux pouvoirs publics, donc à l’Etat, de veiller à ce que les avocats puissent s’acquitter de toutes leurs obligations professionnelles et exercer librement leur ministère, sans entrave, ni ingérence, sans intimidation, ni violence ».
Loin de s’en tenir là, le Conseil de l’Ordre a également tenu à rappeler que « l’accès à son client ou rencontrer son avocat sans entraves ni crainte sont, pour l’avocat et pour le citoyen, quels que soient sa catégorie sociale ou son rang, une exigence ordinaire qui consacre un droit fondamental ». « L’indépendance du Barreau en tant qu’institution, ses missions de défense des droits et des libertés, de veille et de contrôle sur l’application correcte de la loi et la distribution de la Justice, font de sa position sur la protection des droits, un indicateur essentiel de l’Etat de droit », insiste encore le Conseil de l’Ordre qui appelle tout bonnement « à la levée immédiate de tout obstacle de nature à entraver le libre exercice du ministère de l’avocat et/ou le libre accès de tout citoyen, qui en éprouve le besoin, à un avocat. »
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« LES KHALIFES GENERAUX ET LA CONFERENCE DES EVEQUES POURRAIENT JOUER UN ROLE... »
Babacar Diouf, colonel à la retraite des forces armées et consultant sur la résolution de la crise actuelle est d’avis que La résolution de la crise actuelle que traverse le Sénégal passera par un dialogue direct entre les principaux acteurs parties
Selon le Colonel à la retraite des Forces Armées Sénégalaises et consultant, Babacar Diouf, la résolution de la crise actuelle que traverse le Sénégal passera par un dialogue direct entre les principaux acteurs parties prenantes. Invité du jour de l’émission Objection hier, dimanche 18 juin, l’officier supérieur souligne que les Khalifes généraux et la conférence des évêques pourraient jouer un rôle important dans le rapprochement des acteurs politiques que rien de légal n’oppose.
La résolution de la crise actuelle que traverse le Sénégal passera par un dialogue direct entre les principaux acteurs parties prenantes. L’avis est du Colonel à la retraite des Forces Armées Sénégalaises et consultant, Babacar Diouf. Invité du jour de l’émission Objection hier, dimanche 18 juin, l’officier supérieur qui répondait à une interpellation de notre confrère, Baye Oumar Gueye, n’est pas allé par quatre chemins avant de déclarer : « Il faut ramener les gens au dialogue pour arrêter cette crise que traverse le Sénégal ».
Pour y arriver, le Colonel Babacar Diouf par ailleurs consultant, soutient que les Khalifes généraux qui ne sont d’aucune sensibilité politique et la conférence des évêques très dynamique par ailleurs pourraient être d’un grand apport dans le rapprochement des acteurs politiques parce que, dit-il, « il n’y a pas une opposition légale qui oppose les différentes parties à cette crise ». « Il y a de chaque côté, peut-être des gens qui chauffent mais les responsables, je suis presque sûr que quand on parviendra à les mettre ensemble, ils trouveront une solution », insiste encore l’officier des armées sénégalaises à la retraite. Avant de lancer toujours au sujet de l’état d’esprit des principaux acteurs de cette crise : « Dans leur conscience, aucun des acteurs… ne peut vouloir la démolition de notre héritage de 60 ans. Donc cela veut dire qu’il y a des enjeux, certes mais on peut s’asseoir et poser les problèmes, se dire la vérité au besoin, parce que si on se disait la vérité, on s’entendra sur quelque chose. Mais quand vous dites, je vais négocier, il suffit que vous disiez quelque chose à quelqu’un dans votre camp qui pense, non, non, non, vous ne devez pas faire ça. Ces gens-là, je ne pense pas qu’il faut les écouter ».
Poursuivant son analyse, le Colonel Diouf a également tenu à rappeler la position qui doit animer les autorités en place. « Dans un pays, le pouvoir ne peut pas regarder les enjeux autrement que comme un bébé. Si un bébé était posé là, quels que soient nos arguments, c’est moi qui l’amène, c’est vous, est-ce qu’on va se jeter dessus pour tirer chacun de son côté ? Non parce que si on tire, le bébé va mourir ».
Auparavant, revenant sur les raisons de cette crise, le Colonel Babacar Diouf a estimé que cette dernière « découle d’un questionnement de notre modèle de gouvernance démocratique ». Autrement, cette crise selon lui, « nous a ramenés en un certain nombre de questions pour lesquelles nous n’avons pas trouvé les bonnes réponses, parce qu’on les a toujours différées ». « L’actualité vient de nous montrer l’autre facette de notre système qui nous a si bien servi, qu’on a si bien adapté, de sorte que dans les années 90, quand les autres pays parlaient de transition démocratique, le Sénégal n’était pas concerné. Pourquoi ? Parce que le Sénégal, depuis 1974, avait fait une mutation. En début des années 1980, on a eu le multipartisme, donc là où les gens se battaient pour des choses, nous, on était déjà partis. C’est cette histoire-là, qui est politique, institutionnelle, qui est au niveau des Forces de défense et de sécurité, qui est au niveau de nos cadres », a-t-il souligné avant d’ajouter. « Quelqu’un disait qu’il ne faut jamais laisser une crise passer sans en tirer parti. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que les relations entre les 3 institutions (Exécutif, Législatif et Judiciaire) doivent être revues et chacun doit nous proposer quelque chose parmi ceux qui veulent nous diriger demain ».
Texte Collectif
FACE AU MONSTRE, VIVRE OU PÉRIR
L’heure du choix a sonné pour tous les journalistes sénégalais qui tiennent encore à leur dignité et qui pensent, avec raison, que leur indépendance éditoriale est incompatible avec la compromission
Quand les bornes sont dépassées, il n’y a plus de limite qui tienne. L’heure du choix a sonné pour tous les journalistes sénégalais qui tiennent encore à leur dignité et qui pensent, avec raison, que leur indépendance éditoriale est incompatible avec la compromission. Quoi qu’il doive leur en coûter. Ce choix doit être celui de tous ceux qui estiment que la situation actuelle de la presse n’est plus supportable. Ceux qui ont l’intime conviction de vivre dans un environnement anormal.
Ceux qui reconnaissent avec humilité que les sacro-saintes libertés constitutionnelles qui sont la boussole de notre métier sont désormais administrées par le bon vieux Monstre de nos malheurs. Cela est une réalité. La fiction serait de croire au contraire. Le Monstre est un faux-père Noël ! Les dosettes d’humiliation intermittentes qui nous chatouillaient la tête comme des pluies fines, nous les accueillions naïvement comme de simples épiphénomènes promis à disparaître dans les caniveaux d’à côté. Aujourd’hui, elles font notre déshonneur sous forme de pluies diluviennes dont les vagues inondent notre espace professionnel, nous contraignant à patauger dans la gadoue.
Les dernières actualités qui émeuvent certains d’entre nous – oui, seulement certains, c’est ainsi - ont mis en lumière notre totale impuissance à riposter et tenir tête au Monstre de nos malheurs. Les agressions violentes et répétées contre le Groupe Walfadjri depuis plusieurs mois n’auraient jamais été possibles sans les faiblesses quasi rédhibitoires de nos cadres syndicaux. La coupure du signal télé de notre confrère pour une durée de trente jours, endossée par notre ministre de tutelle, a révélé toute notre impuissance à faire face lorsqu’un droit constitutionnel est foulé au pied par ceux qui censés le respecter et le faire respecter.
Les emprisonnements ciblés de journalistes, facilités par notre apathie à consommer l’intolérable, ont créé chez beaucoup d’entre nous un réflexe d’autocensure. Même la fameuse ‘’carte nationale de presse’’, élément matériel distinctif des membres de la corporation, a commencé à devenir une arme au service de nos tortionnaires. Nous ne sommes plus en danger, comme nous aimions à le dire naguère pour alerter sur les risques qui nous guettaient. Nous sommes tous prisonniers du Monstre de nos malheurs et de ses exécutants. L’incompétence et la sournoiserie avec lesquelles le secteur des médias est régenté sont à la hauteur de la réputation des politiciens choisis pour la sale besogne.
Aujourd’hui, sommes-nous en mesure de sonner la révolte qui imposerait au Monstre de nos malheurs l’arrêt de ses agressions contre la liberté de la presse ? Certainement. Cela suppose de reconstituer la force collective et unitaire d’une corporation dont le rayonnement et l’autonomie sont indispensables à la démocratie et à l’Etat de droit. Tous les segments de la presse n’y contribueront pas au vu des positionnements divergents face au pouvoir politique. Mais en parallèle au travail de réunification des rangs de la presse sénégalaise, le temps est venu de densifier la lutte pour le respect de nos droits fondamentaux avec les moyens légaux à notre disposition. Les grandes mobilisations réussies par la Coordination des associations de presse (CAP) il y a quelques mois, sont la preuve vivante que nous avons encore notre destin en main. Engagement, organisation, action. Sans relâche. Tout reste possible pour faire reculer le Monstre de nos malheurs. Faisons face, sinon nous disparaîtrons !