Quand des jeunes s'attaquent à leur lieu d'épanouissement, quand des personnes n'ont pas honte de s'approprier le bien d'autrui, alors de toute urgence une piqûre sociale doit être administrée
Il y a quelques années, les professeurs Souleymane B. Diagne et Boubacar B. Diop ont régalé les passionnés du choc des idées, dans un échange mémorable. Tout ou presque y était concernant la posture d'un intellectuel : l'équilibre, la nuance, l'observance axiologique...
Boris nous est revenu avec Felwine et Mbougar, cette fois-ci pour une description pure et simple d'un tableau. Un tableau social. C'est alors qu'une meute en colère, sans visière intellectuelle, s'empare des bonshommes, à défaut de leur mettre la muselière, veulent les passer sous la serpillière. Une démarche intellectuelle inusitée. En art, la critique porte sur l'œuvre non sur l'auteur. Voici le tableau et les artifices des prompteurs.
1. Nos trois auteurs nous ont habitué à des nectars cachetés. Le plus jeune fait partie des derniers Goncourt. Qui peut le plus, peut le moins. Ils auraient pu nous présenter un chef-d'oeuvre littéraire social. Mais ils ont préféré s'en limiter aux faits sociaux graves aussi bruts soient-ils. La démarche est juste et équitable. Évidemment, elle est partisane parce que penchant pour la sacralité des faits, de leur justesse pour dire leur caractère abrupt. L'émotion et l'appartenance n'ont pas leur place dans l'évocation, la narration de faits sociaux graves devant susciter des réactions appropriées,salvatrices, puisées dans l'équilibre et la mesure lucide. Ils sont adeptes d'une partisanerie de justice en alertant sur des dérives pouvant être sources de perturbations généralisées. On sait toujours le début mais l'ampleur s'engouffre dans l'inconnu. Les responsabilités renvoient à des lunettes. Ce qui paraît subjectif ; mais une sculpture de feu Ousmane Sow restera toujours de marbre ou de pierre, en dépit des interprétations. Donc, convenons-en, nos mousquetaires de la plume ont tronqué l'encre de l'art pour l'art de la narration sans une virgule de plus ou de moins.
2. "Les problèmes politiques sont les problèmes de tout le monde. Les problèmes de tout le monde sont les problèmes politiques ". L'emblème de cette célèbre maison d'édition nous sert de tremplin vers les répliques visant nos orfèvres des mots. Cependant, nous ne retiendrons que celles qui ont une once de lueur. Les participants au concert du bruit de complaisance n'ont pas d'espace ici malheureusement.
C'est un mauvais procès que de convoquer des attributs de la pensée discursive dans un tableau qui se veut sans fard ni dard. La sacralité des faits en aurait pris un sacré coup. Nul doute que nos artistes sont capables de nous présenter les meilleurs tableaux teintés d'artifices les plus exquis. Il faudrait, par ailleurs, chercher le manque d'humilité et la prétention à s'exhiber dans d'autres terrains qui ne sont pas les leurs. L'étoile n'a point besoin de publicité. De partout, un coup d'oeil vers le haut suffit.
Certains n'ont pas hésité à faire un amalgame fumeux, de bonne foi certes, mais téléguidé par une impéritie du silence. Mission oblige.
Disons le tout haut: le saccage de l'université, des biens publics et privés, comme conséquence malheureuse des faits, est à dénoncer énergiquement. Aucune justification n'est admissible. Mais dans le même temps, aucune corrélation analogique avec les profondeurs d'hier et l'Allemagne d'avant, ne saurait légitimement prospérer pour un esprit honnête. Bagdad est devenu, après le passage des Mongols, le centre de rayonnement du monde islamique. Plusieurs célèbres compagnons du prophète (saw) dont son petit-fils (imam Hussein) y reposent. Quant aux Landes de Goethe, elle est la locomotive de l'UE. Les perspectives ne sont pas lugubres M. le conseiller spécial. Dénoncer ces actes de vandalisme car n'augurant pas les effluves d'une société émergente encore moins la coloration d'un corps social sain et civilisé aux raffinements pointus, disais-je donc, équivaudrait également à dénoncer les raisons, faits et actes qui ont été à l'aube de ces fâcheux événements. Les causes dont on ne veut pas entendre parler, sont pires que les conséquences, que les réactions sur lesquelles on s'attarde dans le rétroviseur de la vengeance et des règlements de compte. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, disent les physiciens. Quand des jeunes s'attaquent à leur lieu d'épanouissement, quand des personnes n'ont pas honte de s'approprier le bien d'autrui, quand les voies du suicide dans le désert et en mer enchantent plus les jeunes qu'un projet d'insertion locale, alors de toute urgence une piqûre sociale doit être administrée. On ne peut pas se contenter d'opérations de relation publique. Les armes chimiques de Sadam Hussein sont toujours invisibles après une méga communication. Le dictateur fût déchu. Les vainqueurs furent emportés aussi.
Pour, à la fin, avancer un truisme. La superstructure doit précéder l'infrastructure. Les populations bénéficiaires, dans les sociétés émergentes, sont psychologiquement préparées pour gérer les infrastructures. Et, seule, la loi est capable de réussir cette merveille. Elle survole la République, comme l'aigle, prêt à briser les ailes de tout récalcitrant,fut-il le premier d'entre-eux. Elle fortifie les institutions, dégarni les détenteurs de puissance absolue. Elle est en porte-à-faux avec Nietzsche et son surhomme. Sévère, dictatoriale mais juste et équitable. Sarkozy et Trump en ont déjà fait l'expérience. Boris Johnson est dans les starting blocks.
Sheikh Ndiaye est Maîtrise en développement international et mondialisation &philosophie, Canada.
par Modou Dione, Alioune Gueye et Hamat Seck
QUAND LA POLITIQUE FUSILLE À BALLES RÉELLES NOS UNIVERSITÉS
EXCLUSIF SENEPLUS - L’avenir des étudiants est actuellement entre la Tabaski et les grandes vacances. Aucun pays ne s’est développé sans un système d’enseignement performant, innovant et stable
Modou Dione, Alioune Gueye et Hamat Seck |
Publication 18/06/2023
Une université doit se soucier de son rôle social et former ceux qui, demain, auront en mains cette machine gigantesque et complexe qu'est une société. Aujourd'hui, au Sénégal, l'accomplissement de ce devoir est menacé par les convulsions politiques entre l'opposition farouche et le régime en exercice. Ces tensions s'étendant jusqu'aux universités, suscitent des interrogations sur la lancinante question de l'inter-relation entre la politique, l'université et la société. Une seule évidence apparaît ici, les deux premières sont au service exclusif de la dernière. Mais, mesure-t-on vraiment les conséquences des troubles de la première sur les autres.
Dans cet article, il sera question d'engager une gymnastique intellectuelle audacieuse sur la situation de l'enseignement supérieur dans le contexte des soubresauts politiques du Sénégal. Dans les lignes qui suivront, nous allons de prime abord montrer l'interaction idéale entre l'université et la société, interroger l'histoire des mouvements politiques dans l'espace universitaire. Subséquemment, une analyse des discours sera faite pour comprendre les intentions des autorités politiques et universitaires. Enfin, la pertinence de leurs stratégies d'adaptation afférentes aux décisions d'entreprendre des cours à distance seront soumis à une appréciation multiscalaire.
Une réverbération entre l'université et la société est un principe pour opportuniser les savoirs académiques. La première est un cadre de formation et de réflexion sur les grandes questions qui concernent la deuxième. Ses fonctions tournent autour de l'enseignement, de la formation et de la recherche. Cela dit, l'université participe ou doit participer fondamentalement au progrès et à la dynamique de la société.
Aujourd'hui, il est connu de tous que l'enseignement supérieur est fortement aux dépens de la situation politique nationale. Cette dernière se résume à des stratégies de conquête du pouvoir contre des stratégies de maintien du pouvoir. Elle entrave sans doute le bon fonctionnement de l'université, force motrice de la société, et source de progrès en ce qu'elle forme les individus qui la composent. En effet, depuis presque une année, le déroulement normal des enseignements dans les universités sénégalaises fait défaut. Pour l'illustrer, invitons l'anticipation apparente des vacances hivernales de 2022 à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis après des grèves revendicatives à l'approche des élections législatives. A la suite de ces dernières, celles de la quinzaine de la jeunesse, qui n'étaient plus données aux étudiants en raison du retard des calendriers académiques à rattraper, ont été également accordées en 2023. Et récemment remarque-t-on que les emplois du temps des cycles primaire, secondaire, et ceux de l'enseignement supérieur sont arrimés aux convulsions des procès infernaux du sieur Ousmane Sonko avec la dame Adji Sarr et le sieur Mame Mbaye Niang. Si rien n'est fait, ne serons-nous pas amenés dans nos universités à faire une production massive d'inadaptés sociaux et professionnels ?
Amusons-nous à faire une comparaison de ce mouvement avec la crise universitaire de mai 1968 comme aiment le faire certains de l'opinion publique. On peut déceler des différences dans les facteurs mais aussi une ressemblance subtile des dégâts provoqués. Les tensions de mai 1968 étaient motivées à l'origine par la bourse d'étudiant. Cette lutte était donc à la base syndicale avant de prendre une coloration politique se manifestant par une protestation contre le néocolonialisme et le train de vie élevé de l'Etat. De fait, l'université de Dakar était française dans ses structures, ses programmes, son personnel et même par le nombre des étudiants ressortissants français selon Omar Guèye dans son papier "Mai 1968 au Sénégal : Dakar dans le mouvement social mondial". Contrairement à ces événements, les affrontements qui ont lieu aujourd'hui ne sont pas syndicaux mais purement politiques en ce qu'ils sont le fruit d'une décision de justice frustrante et mal appréciée par une partie de la population. Dans les universités, les manifestations se présentent comme des luttes syndicales. Au regard de ce qui précède, on remarque facilement que l'approche de mai 1968 est bottom-up et syndicale et celle actuelle est top down et politique.
Les conséquences de ces crises sont l'arrêt systématique des cours dans les universités et le pillage de matériels d’équipement. Mais, le dernier événement n'est pas sans susciter un questionnement. Les luttes politiques doivent-elles prendre des formes violentes dans les temples du savoir jusqu'à perturber les activités pédagogiques ? À cette question, Arendt nous enseigne dans "La condition de l'homme moderne" que "être politique, vivre dans une polis, cela signifiait que toutes les choses se décidaient par la parole et la persuasion et non par la force ni la violence". Mais cette manière élégante proposée, ce politiquement correct et exemplaire marche-t-elle au Sénégal pour faire valoir sa vision politique ? La réponse à cette dernière question ne saurait être trouvée dans la manière dont l'homme politique Sénégalais exerce le pouvoir.
Le MESRI (ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation) Pr Moussa Baldé a dans son entretien sur la RFM (Radio Future Média) montré qu’il ne maîtrisait pas certaines réalités que traversaient les universités du Sénégal, à travers la nomination qui désigne « un acte de parole contextualisé » (Paul Siblot). Ainsi avec ce procédé, il montre clairement son besoin de mise en écart des processus d’enseignement présentiel dans ce contexte où certaines universités (UCAD et UASZ) ont subi des dommages matériels graves. Par conséquent, dans son élan de vouloir coûte que coûte rouvrir les Universités, le ministre dans cet entretien a sapé la posture des apprenants. En effet, pour valider ces hypothèses (utilisation excessive de « peut-être, si, propositions, etc. »), il se focalise sur le « potentiel intellectuel » des universités comme l’UCAD. Toutefois, nous remarquons qu’il a esquivé la question du nombre d’étudiants qui est, selon nous, un facteur déterminant pour la faisabilité des enseignements à distance. De là, la sortie du ministre peut être considérée comme un exercice de délivrance de « concepts mobilisateurs » (Clément Viktorovitch) pour persuader son interlocuteur (le monde universitaire) que la situation est sous contrôle. Notons que le mimétisme des universités sur la base des recommandations « déguisées » du ministre portera préjudice à plus d’un. Car, les conditions pour faire des cours en ligne ne sont pas réunies. Par conséquent, nous notons une évolution discursive des autorités en charge de l’enseignement supérieur. En effet, les notes d’information issues des Conseils académiques montrent la mainmise du ministre sur ces institutions. Ainsi, il découle d’une lecture détaillée de la situation pour se rendre compte que les autorités universitaires ne font qu'appliquer les directives du ministre. Les décisions des différents Conseils académiques devraient varier d’une université à une autre mais malheureusement nos universités sont dans le « mimétisme institutionnel » pour emprunter les propos du sociologue Mamadou Tall. N’oublions pas de préciser que dans certaines universités, la suspension des cours n’était pas obligatoire. De là, la reprise en ligne demeure aussi une décision qui va décourager plus d’un et à plus forte raison qu’elle n’est pas accompagnée. Le cas de l’UCAD en est une parfaite illustration. Ainsi, nous notons que le discours du politique sur l’enseignement supérieur est borné de décisions « anxieuses » pour les apprenants. Car, ces derniers ne sont pas pris en considération ni dans le discours encore moins dans l’élaboration des décisions prises par les instances universitaires. En un mot, nous pouvons qualifier cette décision de « violence symbolique » (Professeur Souleymane Gomis) à l’égard de l’étudiant.
Ainsi, le mardi 13 juin 2023 voit pleuvoir un lot de communiqués issus des conseils académiques des différentes universités publiques du Sénégal. La décision qui a fait office de répétition ou de « copier-coller » est celle relative à la poursuite des enseignements mais à distance. Comme toujours, l’université devient un haut lieu d’exécution de décisions politiques au lieu d’être un espace de conflit d’idées et de débat de haut niveau. Nul besoin d’avoir des compétences visuelles ou une résonance sur la rotondité de la terre pour savoir que le phénomène de l’enseignement supérieur à distance ne tourne pas rond chez la majeure partie de nos universités.
Cette stratégie, d’enseignement à distance, a été utilisée par l’Etat du Sénégal, par le biais du MESRI, lors de la crise pandémique de COVID-19 en raison des mesures restrictives imposées par les autorités pour endiguer la maladie. Dans les 78 recommandations qui ont été faites, lors de la concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur (CNAES) en 2013, figure la promotion du numérique dans le système. C’est ainsi que la recommandation n°49 est d’une part de « renforcer l’utilisation des TIC (e-learning) pour élargir l’accès à la formation ».
Ceci pour juste montrer, selon l'État, que des politiques ont été mises en œuvre pour initier, au mieux, les universitaires, de tout ordre, à l’utilisation du numérique et/ou à la formation à l’enseignement à distance. Force est d’admettre que beaucoup de mesures se fondent essentiellement sur un tâtonnement avec une démarche déconnectée de la réalité. Ces politiques baguenaudent et flânent avec l’avenir de milliers d’étudiants qui sont des ambassadeurs de leurs familles respectives. L’enseignement à distance connaît une multitude de variétés. Parmi les acronymes et expressions les plus souvent utilisés, on peut retenir les formations ouvertes et à distance (FOAD), les Massive Online Open Courses (MOOCs), les enseignements à distance (EAD), le e-learning ou l’apprentissage en ligne, les formations à distance (FAD), etc. L’UNESCO a tenté une approche assez généraliste et simpliste pour ainsi dire : « Les termes enseignement à distance et formation ouverte et à distance désignent une démarche qui vise à élargir l’accès aux services éducatifs et de formation en permettant aux apprenants de franchir les obstacles que représentent l’espace et le temps et en proposant des modalités d’enseignement souples aux individus comme aux groupes d’apprenants ».
Les typologies d’enseignement à distance, mises en œuvre dans certains établissements d’enseignement supérieur (EES), différent d’une université à une autre. A travers les travaux de Thibault et al. en 2006, on peut noter le « présentiel enrichi » (formation essentiellement en présentiel avec une légère dimension à distance), l’enseignement mixte ou dual (entre 30% et 60% de la formation s’effectue à distance) et le véritable e-learning qui implique plus de 60% de la formation à distance. Au-delà de ces typologies susmentionnées, nous y ajoutons, l’apprentissage dénommé « le tout Virtuel » où toutes les offres se font en ligne. Mais leur mise en œuvre requiert des outils préalables et une préparation aux changements éventuels des systèmes d’enseignement.
Ceci est renforcé par les propos de Fournier Fall (2006) qui selon lui « Le e-learning n’est pas simplement une innovation ou un renouveau dans l’enseignement, il dénote un véritable changement de paradigme pédagogique ». Ceci interpelle les autorités sur les pré-requis et les mesures d’accompagnement qui doivent suivre certaines décisions. Notre démarche est contre « la vision technophile » et « la vision technophobe », qui, toutes deux, accordent une place essentielle aux technologies utilisées, au détriment de la dimension sociale. Nous avons une société qui n'a pas cette culture numérique tant développée ailleurs et le contexte n’est pas propice à une mise en œuvre hâtive de ces enseignements en ligne.
Dès lors, il serait judicieux de se poser au moins cette question : Qu’est-ce qui empêche certaines universités de reprendre les cours en présentiel (UGB, UASZ, UIT, UCAD, etc.)?
Même l’UVS qui est officiellement créée sur décret présidentiel le 23 Septembre 2013 et a fait presque dix ans d’existence avec le e-learning rencontre des difficultés sans précédent et vous mettez les étudiants dans une situation cahoteuse et douteuse. Parmi ces difficultés, on peut noter principalement le défaut de couverture en électricité dans certaines zones reculées, le débit de connectivité à Internet qui est faible dans beaucoup de contrées habitées par les étudiants, le manque d’outils adaptés pour suivre normalement les enseignements (Smartphone, ordinateur, etc.), la consommation excessive de données mobiles notées durant ces enseignements, etc.
Ainsi, en situation de crise et d’incertitudes, telle que l’actuelle crise, surgit inévitablement un conflit entre deux temporalités : celle du politique, qui doit prendre des décisions dans l’urgence, et celle de la recherche, qui peut certes accélérer ses protocoles, mais en aucun cas s’affranchir de toute méthodologie, sous peine de briser la branche sur laquelle elle s’est laborieusement hissée. Les acteurs universitaires aiment souvent qualifier l’université d’autonome, d’indépendant, etc. Nous pensons que ceci ne reflète guère ce qui se passe dans les instances suprêmes de prises de décision (Conseil d’Administration en particulier) de nos universités. L’autonomie de l’université doit se matérialiser par la non influence des décisions politiques sur le mécanisme décisionnel et les recteurs doivent aussi éviter dans le futur de tomber dans ce que Etienne Klein appelle « l’ipsédixitisme » et ce que Dan Sperber qualifie d’« effet gourou » cette sensibilité aux arguments d’autorité. Le manque d’évaluation et de bilan des enseignements à distance durant la période de la Covid-19 a conduit les autorités à répéter les mêmes erreurs déjà commises il y a 2 ans ! L’université est un sanctuaire qui mérite beaucoup plus de considération et les décisions qui concernent son fonctionnement méritent beaucoup plus de froideur et de sérieux. L’avenir des étudiants est actuellement entre la Tabaski et les grandes vacances.
A toutes fins, pour bénéficier de l'enseignement supérieur à distance, il est essentiel d'avoir accès à une connexion Internet stable et rapide, de gérer les défis liés aux inégalités socio-économiques, le manque de compétences techniques et l’isolement et manque d'interaction sociale. Pour relever ces défis, il est crucial de mettre en place des infrastructures technologiques adéquates, d'investir dans la connectivité Internet, de dispenser une formation aux étudiants et aux enseignants sur les compétences numériques, d'adapter les méthodes d'enseignement pour favoriser l'interaction et l'engagement, et de développer des stratégies d'évaluation en ligne sécurisées.
En conclusion, l’espace universitaire sénégalais est politisé et son fonctionnement est rythmé par des heurts conduits souvent par des structures syndicales d’un côté et de l’autre par des structures à coloration politique. Ce qui explique aussi la situation complexe du combat mené pendant la crise actuelle et aussi le caractère politique du mouvement. Ces irrégularités bouleversent et impactent les décisions des instances universitaires.
Les universités sénégalaises sont souvent exposées à l’influence des décisions politiques d’une part et d’autre part aux violences universitaires causées par des questions d’ordre politique. Elles doivent divorcer avec ces pratiques qui ne garantissent nullement leur autonomie de gestion et leur indépendance vis-à-vis des facteurs exogènes. La relation tripartite entre la politique, l'Université et la société mérite d’être repensée afin de garantir une université sénégalaise qui sera, au-delà de la formation et de la recherche, un lieu de discussions, de débats contradictoires et de partage entre acteurs. L’émergence de la « dictature musculaire » dans nos universités dénote d’une insuffisance d’arguments et d’une démarche belliqueuse et dangereuse. À nos gouvernants, l’université ne doit pas être un prolongement de décisions politiques et des cadres d’exécution des visions des politiques. L’histoire nous a montré qu’aucun pays ne s’est développé sans avoir mis en place au préalable, un système d’enseignement performant, innovant et stable, ce qui est loin d’être le cas au Sénégal.
Que le salut du peuple soit la loi suprême.
Vive le Sénégal
Modou Dione est Chercheur en Analyse du discours politique en temps de crise Gradis (Groupe de Recherches en Analyse des Discours Sociaux)/UGB
À ZIGUINCHOR, DES MOUTONS CHERS ET DES CLIENTS RARES À L'APPROCHE DE LA TABASKI
Au prix des moutons hors de portée de beaucoup de ménages et aux obligations familiales intenables face au renchérissement de certains prix, est venu s’ajouter un contexte particulier lié aux manifestations survenues après la condamnation de Sonko
De nombreux Ziguinchorois, dont des chefs de famille, des couturiers, des mécaniciens, des cordonniers s’inquiètent au fur à mesure qu’approche la fête de la Tabaski, du fait notamment de la cherté du mouton, de l’absence de clients et de la baisse des chiffres d’affaires.
L’Aïd el-Kebir, connu aussi au Sénégal sous le nom de Tabaski, est la plus grande fête musulmane. Aussi est-elle célébrée par les fidèles avec tout l’éclat et le faste à la hauteur de son importance. Au-delà du rituel du sacrifice d’un bélier ou d’un autre animal conformément aux prescriptions de l’Islam, cette fête constitue une occasion de grandes retrouvailles pour les musulmans sénégalais. Et c’est tout naturellement que les fidèles arborent leurs plus beaux habits en se parant de boubous traditionnels.
A deux semaines de cet important événement, certains ziguinchorois attendent cette fête avec une certaine angoisse. Cette année, aux prix des moutons hors de portée de beaucoup de ménages et aux obligations familiales de plus en plus intenables face au renchérissement de certains prix, est venu s’ajouter un contexte particulier lié aux manifestations survenues après la condamnation de Ousmane Sonko et dont la métropole du sud a été l’un des épicentres.
‘’Nous sommes obligés d’acheter un mouton, de satisfaire les besoins de la famille. Mais, actuellement, je ne sais pas à quel sain me vouer. Mes économies ont baissé depuis les dernières manifestions. C’est un véritable casse-tête. Presque tous les prix ont doublé. Et nous n’avons pas assez d’argent pour faire plaisir aux enfants’’, se désole Omar Diagne, un vulgarisateur.
Pour lui, il est tout simplement ‘’gênant’’ de ne pas être en mesure de satisfaire les désirs de ses enfants en leur offrant des habits neufs, comme tout bon père de famille.
Diagne juge que les prix des moutons sont très chers cette année. Une situation rendue encore plus difficile par la baisse de son chiffre d’affaires après les manifestations qui ont éclaté début juin à Ziguinchor. Bien qu’étant conscient que ‘’la situation est difficile’’, il dit vouloir tout faire pour satisfaire les besoins de ses enfants à l’occasion de la fête de Tabaski.
Dans son atelier de réparation de motos sis au quartier Santhiaba, Yakhya Diabaté ne cache pas son inquiétude face à la cherté du mouton. Et il est d’autant plus inquiet qu’il a lui aussi vu son chiffre d’affaires chuter au cours de ces dernières semaines.
‘’Actuellement, le mouton coûte excessivement cher à Ziguinchor. Au foirail, il n’y a pas encore assez de moutons. Nous sommes vraiment inquiets’’, martèle le mécanicien devant ses apprentis. Notre seul et unique souci aujourd’hui est comment faire pour satisfaire nos enfants. C’est difficile.’’
‘’Tout ce que nous faisons, nous le faisons pour les enfants, reprend-il. Notre seul et unique souci aujourd’hui est comment faire pour satisfaire nos enfants. C’est difficile.’’
Des moutons rares et chers
A deux semaines de la fête de Tabaski, les moutons se font désirer au foirail de Ziguinchor, une rareté qui provoque une hausse des prix jugés chers par les clients. ‘’Le prix des moutons est devenu inquiétant à Ziguinchor. Je viens d’en acheter un. Mais, c’est excessivement cher’’, s’offusque Demba Diao, un client trouvé au foirail de Ziguinchor, sis dans le quartier d’Alwar.
Comme Demba Diao, de nombreux clients déplorent la cherté des prix des moutons. Mouhamed Ba, un jeune père de famille, s’est rendu à plusieurs reprises dans le principal marché à bétail de la ville pour acheter un mouton, mais sans succès.
‘’Le plus bas prix est de 95000 francs CFA et le plus élevé 250.000 ou même 300.000 francs CFA’’, explique Mamadou Omar Sy, le responsable du foirail de Ziguinchor.
‘’Dieu merci, la paix est revenue à Ziguinchor. Les éleveurs ont repris leurs activités. Nombreux parmi eux sont partis chercher des moutons. Nous allons amener des moutons à Ziguinchor’’, assure-t-il.
Il confie que les éleveurs n’attendent que la date de la Tabaski soit beaucoup plus proche pour convoyer des moutons vers le foirail de Ziguinchor, qui approvisionne aussi la Guinée-Bissau. ‘’Nous n’avons pas de crainte, il y aura assez de moutons. Nous avons rassuré les vendeurs de moutons qui doivent venir de pays de la sous-région, comme la Mauritanie et le Mali’’, déclare Mamadou Omar Sy.
Le président du foirail a toutefois relevé ‘’une hausse considérable sur le prix du sac d’aliment de bétail et du sac de foin à Ziguinchor’’. Selon lui, les éleveurs de la région n’ont pas encore reçu d’aliments de bétail subventionnés par l’Etat.
‘’Nous n’avons pas quoi donner à manger aux moutons. Donc, c’est la raison pour laquelle les éleveurs et les vendeurs refusent d’exposer leur moutons à deux semaines de la Tabaski’’, avance-t-il. Il signale qu’un sac de foin coûte actuellement 8000 francs CFA à Ziguinchor.
Les moutons sont chers parce que le prix de l’aliment de bétail et du foin est en hausse, lance Abdoulaye Sow, un vendeur établi au foirail de Ziguinchor. ‘’J’avais amené ici 40 moutons. J’ai vendu les 20. Les prix de mes moutons ont varié entre 120.000 et 200.000 francs CFA. Les moutons sont trop chers en ce moment. Le gouvernement doit encore poursuivre sa politique de subvention sur l’aliment de bétail’’, plaide-t-il.
Les machines à coudre tournent au ralenti
A ‘’Roukhou tailleurs’’, un espace du marché Nguélaw dédié aux tailleurs, le visiteur est accueilli par le ronronnement des machines à coudre. Mais la plupart des tailleurs ne ploient pas encore sous le poids de commandes, alors même que les jours qui nous séparent de la Tabaski devraient être une période de pleine activité. Mais, bien au contraire. Les tailleurs disent avoir noté un manque d’engouement comparé à l’année dernière dans ce célèbre marché de la métropole du sud du pays.
« Cette année, nous n’avons pas senti la Tabaski alors qu’on est à quelques semaines de la plus grande fête musulmane. Nous n’avons pas encore vu beaucoup de clients », affirme Ablaye Seck, un tailleur.
Le constat est identique au quartier Néma 2, où Cécilia Manga, maîtresse tailleur, a choisi de s’installer. ‘’A deux semaine de la Tabaski, on n’a pas vu beaucoup de clients comme les années passées’’, déclare-t-elle.
‘’Il n’y a pas d’argent dans ce pays. On n’a pas non plus reçu de commandes. Contrairement à l’année dernière où on avait refoulé pas mal de clients, cette année, ils se font rares’’, se lamente-t-elle.
Pour Fatimata Diédhiou, inutile de chercher loin pour trouver les raisons de cette situation. « Nous n’avons pas encore assez de clients. La crise économique est passée par là. C’est vraiment difficile. Nous attendons les derniers jours pour voir’’, lance-t-elle.
Les chaussures importées pointées du doigt
A Ziguinchor, les cordonniers se remémorent le passé avec nostalgie. D’aucuns disent ici que le marché de la chaussure locale était prospère à Ziguinchor. Mais cette époque est bien révolue aux dires de Modou Mbow, un cordonnier basé au marché Boucotte de Ziguinchor. ‘’De nos jours, nous rencontrons des difficultés, surtout en pleine préparation de la Tabaski. Beaucoup de ziguinchorois préfèrent les produits importés à ceux fabriqués au niveau local’’, déplore-t-il.
‘’Je confectionne de très belles chaussures. Mais, apparemment, les gens se ruent vers les produits importés. Nous voulons travailler, mais nous ne sommes pas aidés par les populations, regrette Maguèye, un jeune cordonnier. Depuis presque une semaine, je n’ai pas vu de clients. Les gens sont préoccupés par les moutons.’’
Certaines des personnes interrogées estiment que la principale raison à l’origine de cette situation est que ‘’les chaussures importées sont moins chères que celles locales’’.
‘’Je préfère acheter des chaussures chinoises qui sont moins coûteuses. Ma préoccupation, c’est juste de satisfaire mes cinq enfants. Je trouve que les chaussures chinoises sont moins chères’’, se défend par exemple Rokhaya Seydi, une mère de famille.
ON DEVRAIT POUVOIR S'ASSEOIR AUTOUR D'UNE TABLE ET TROUVER DES SOLUTIONS
À l’occasion de la sortie de son nouvel album, « Being », le roi du yella Baaba Maal, livre son regard sur la place de la musique en Afrique, le rôle des réseaux sociaux et la situation dans son pays
Jeune Afrique |
Anne Bocandé |
Publication 18/06/2023
Avec une carrière de plus de trente ans et des dizaines d’albums, Baaba Maal revient avec un sept-titres, Being. L’artiste peul, surnommé le roi du yella, aussi fondateur du festival Les blues du fleuve, et ambassadeur des Nations unies dans le cadre de la lutte contre la désertification, s’est adressé, sur la scène de la 15e édition du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua) à Abidjan, à la jeunesse africaine. Il a interpellé les gouvernants sur la nécessité de leur offrir des opportunités sur le continent. Rencontre.
Jeune Afrique : Fondateur du festival Blues du fleuve, dans votre région d’origine, à Podor, vous avez participé cette année au Femua. Quelle est la place des festivals dans le paysage culturel africain ?
Baaba Maal : Le festival prend tout son sens sur le continent africain. Traditionnellement, nous organisions des fêtes où les gens venaient d’un peu partout, se rencontraient dans les villages des uns et des autres. Si aujourd’hui on appelle cela festival, tant mieux ! C’est aussi une façon de discuter et de trouver des solutions à nos problèmes quotidiens.
Lors de l’ouverture du Femua, A’Salfo a affirmé que la culture était le levier le plus sûr pour développer un pays. Comment s’articulent musique et retombées sociales selon vous ?
J’aime beaucoup la vision d’A’Salfo et la manière qu’il a de la consolider. On peut avoir une vision, mais ne pas trouver la démarche qu’il faut pour l’accomplir. Celle d’A’Salfo et du groupe Magic System est formidable. Quand on a une voix, que cette voix nous conduit dans tous les coins du monde, et qu’on a la possibilité de parler de nos continents, de nos pays, de nos communautés, de ce qui nous interpelle, il faut le faire. Et c’est ce qu’ils font. Cet appel doit aussi atteindre les oreilles de nos chefs – les gouvernants, les autorités religieuses ou coutumières, etc.
Il faut que toute la chaîne de décision soit mobilisée pour donner plus de sens à la culture, qui n’est d’ailleurs pas seulement là pour développer le plaisir et la joie de vivre. Elle sert aussi à accompagner des projets de développement, pour convaincre les jeunes de rester chez eux et les encourager à penser que tout est possible sur le continent. Le Femua nous permet de parler de l’Afrique, de nous unir et d’encourager tous les projets de développement.
Ce sont des thématiques que vous abordez aussi dans Being, votre nouvel album. Comment l’avez-vous construit ?
Nous avons repris avec mon ami Mansour Seck nos vieilles méthodes de travail : on s’assied dans une cour ou chez des amis, on note des idées, on écrit des chansons. C’est seulement après avoir élaboré six ou sept titres que l’on s’est dit que Being pourrait devenir un album. Nous étions d’abord dans le plaisir de reprendre nos instruments, de nous asseoir entre amis, de ne pas nous efforcer de vivre, mais de vivre naturellement. Les choses viennent à vous quand vous vous comportez ainsi. Quelqu’un m’a demandé comment cela se faisait que, même lorsqu’on ne comprend pas les langues, l’on ressente les mélodies, les frissons, etc. Tout simplement parce que cela vient du cœur et s’oriente vers d’autres gens qui ont les mêmes sensibilités.
Poursuivi, inculpé, empêtré dans les procès, mais toujours debout ! Tout semble glisser sur lui. Comment expliquer la hausse de popularité de l'ancien président au sein de la droite américaine ?
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DIANO BI AVEC BOUGANE GUEYE DANY
Le leader du Mouvement Guem Sa Bopp est l'invité de l'émission d'actualité dominicale wolof au micro de Maodo Faye sur Sud FM
17 juin 2024 - La présidente du Mouvement pour l’Intégrité, le Mérite et l’Indépendance (Mimi2024), Aminata Touré, a tenu une conférence de presse, dénonçant vigoureusement la situation nationale et internationale du Sénégal, critiquant sévèrement l'administration du président Macky Sall.
Mme Touré a ouvert la conférence en exprimant son inquiétude face à la dégradation de la stabilité et de la paix dans le pays, soulignant les récents incidents violents qui ont entraîné la perte de plusieurs vies, selon les rapports du Ministère de l'Intérieur et d'Amnesty International. Elle a accusé le président Macky Sall de ruiner la réputation du pays en cherchant à obtenir un troisième mandat.
Mme Touré a déploré l'arrogance du Premier ministre, du Ministre de l'Intérieur, du Ministre des Forces Armées et du Porte-parole du Gouvernement, qui n'ont montré aucune compassion face aux violences récentes. Elle a posé des questions cruciales sur l'origine des milices qui ont attaqué les manifestants et a demandé la démission de ces ministres pour leur incapacité à protéger les citoyens et leurs biens.
L'oratrice a aussi critiqué les responsables politiques de la coalition présidentielle qui ont assumé la présence de milices au côté des forces de sécurité. Elle a exprimé sa honte et sa douleur face à la connivence politique claire entre les milices et les forces de sécurité officielles.
Aminata Touré a déploré l'absence de plaintes contre les médias internationaux si leurs informations étaient fausses. Elle a encouragé les médias nationaux à continuer leur travail malgré la répression en cours.
L'oratrice a également interpellé Maître Sidiki Kaba, ancien militant international des droits de l'homme et Ministre des Forces Armées, lui demandant comment il peut continuer à soutenir un gouvernement qui perpètre des violations similaires à celles qu'il a combattues pendant plus de quatre décennies.
Mme Touré a rappelé que le Sénégal avait ratifié le Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale en 1998. En cas d'inaction des autorités sénégalaises, elle est convaincue que la CPI pourra se substituer aux juridictions sénégalaises défaillantes pour éviter l'impunité.
Elle a rendu hommage à la jeunesse du pays, payant un lourd tribut à la lutte pour la liberté et la justice. Elle a également invité les forces de défense et de sécurité à ne pas se laisser entraîner dans le jeu politique.
Mme Touré a appelé le Président Macky Sall à une dernière tentative pour empêcher le pays de sombrer dans le chaos et le désordre. Elle a demandé qu'il annonce qu'il ne participera pas à l'élection présidentielle, qu'il suspende les procédures judiciaires contre les candidats, qu'il libère tous les jeunes détenus pour des raisons politiques, qu'il permette à la presse de travailler librement et qu'il fasse toute la lumière sur les tueries récentes.
Elle a conclu la conférence de presse en demandant au Président Macky Sall de mettre le Sénégal avant toute autre considération.