«Il n’y aura pas d’élection sans Sonko, Khalifa Sall et Karim Wade», dixit El Hadji Malick Ndiaye, dans une interview accordée au groupe Sud Communication (Sud Quotidien et Sud FM). Le secrétaire général à la communication de Pastef a par ailleurs, confié qu’Ousmane Sonko est de plus en plus isolé. Et pour cause, la seule personne qui s’occupait de ravitailler la famille du leader du Pastef, Djibril Guèye Ndiaye, en tant que son chef de protocole, s’est vu interdire l’accès à son domicile depuis jeudi.
Depuis le 1 juin dernier, Ousmane Sonko s’est emmuré dans un silence. Dans quel état se trouve-t-il aujourd’hui après sa condamnation pour corruption de la jeunesse à deux ans de prison ferme et une amende de 600 000 FCFA dans l’affaire Sweat Beauty ?
Ceci n’est qu’une suite de la série d’injustices que le président Ousmane Sonko subit depuis la création de Pastef. Tout le monde sait pertinemment que c’était une commande politique exécutée par un magistrat d’un système politique visant à éliminer un candidat à forte probabilité de remporter l’élection présidentielle de 2024.
Pourquoi parlez-vous de commande politique alors que c’est une affaire qui a opposé deux Sénégalais : Ousmane Sonko et Adji Raby Sarr ?
Une affaire qui a opposé deux Sénégalais mais qui a pratiquement vu l’ingérence de tout un État pour défendre une jeune dame. Qui défendait la dame Adji Sarr ? Il ne s’agit pas que de ses avocats. On a vu tous les dignitaires de ce régime qui ont passé pratiquement pendant deux ans sur tous les plateaux à charger le président Ousmane Sonko, à dire des choses ignobles sur lui, à essayer de ternir son image. Mieux, cette dame aujourd’hui est en tout cas entre les mains de l’Etat avec des agents des forces de l’ordre qui assurent sa défense. C’est pourquoi nous avons clairement dit qu’il s’agissait tout simplement d’un sordide complot pour éliminer le leader de l’opposition, le candidat qui fait le plus peur au Président Macky Sall et son camp
Un tel verdict rend aujourd’hui inéligible Ousmane Sonko en perspective de la présidentielle de 2024. Face à cet état de fait, Pastef envisagerait-il de désigner un autre candidat ?
Nous ne cesserons jamais de répéter que le président Ousmane Sonko, encore une fois, est notre seul et unique candidat. Ça, c’est assez clair. Ce n’est même pas imaginable d’organiser une élection présidentielle au Sénégal sans la participation du président Ousmane Sonko. Il faut dire de manière très claire que ce n’est pas sur la base de ces deux dossiers que le président Sonko doit perdre son inéligibilité encore une fois. Peut-être, ce sera autre chose demain avec bien sûr des preuves claires etc. Mais là, il n’y a rien qui pourra empêcher le président Sonko de participer à la prochaine élection présidentielle. Nous savons tous que s’il y participe, il est le futur président de la République du Sénégal.
Sauf qu’aux yeux de la loi, il ne peut pas être candidat ?
On n’en est pas encore là, parce que nous savons tous qu’il ne s’agit pas de loi ou de justice mais de politique et ça se réglera sur le terrain politique. Par rapport à l’affaire Mame Mbaye Niang, nous avons tous vu qu’il s’agissait d’une cabale politique très claire. Tous les Sénégalais, les juristes, les journalistes ont parlé de manière explicite, beaucoup plus précise que le président Ousmane Sonko, sur le scandale Prodac. Au lieu de faire un procès pour clarifier le scandale de nos 29 milliards, ils ont voulu activer une partie de la justice pour liquider le président Ousmane Sonko. Nous avons tous vu ce qui s’est passé. Ils cherchaient une condamnation de trois mois avec ou d’une amende de plus de 200 000 ou quelque chose comme ça. Quand le premier verdict a été rendu, ils se sont rendus compte que le président Ousmane Sonko n’a pas perdu ses droits même si nous refusons ce verdict-là parce qu’il n’y a pas eu de diffamation. Par la suite, Ils se sont empressés de faire appel et le Procurer a porté l’affaire avant même le délai qui a été admis au président Sonko pour faire appel. Ce qui est illégal. C’était pour obtenir une condamnation qui allait altérer l’éligibilité du président Sonko. Il n’y a rien encore une fois.
Dans l’histoire du Sénégal, on n’a jamais non plus vu quelqu’un être condamné à deux mois seulement dans une affaire de diffamation ?
Ici, il ne s’agit pas de diffamation. Le président Sonko a dit clairement que le sieur Mame Mbaye Niang a été épinglé par c e rapport. Épinglé ne veut pas dire être coupable. C’est du français. Quand on dit «épinglé», ça veut dire qu’il y a un rapport qui a montré qu’il y a eu faute de gestion.
Sauf qu’il n’était pas capable de sortir ce rapport ?
On ne lui a même pas permis d’aller répondre. Vous vous rappelez de ce qui s’est passé à deux reprises quand il allait répondre ? Il a failli perdre la vie. D’abord, on a cassé les vitres de son véhicule. La deuxième fois, on l’a tout simplement bloqué, malmené, torturé avant de le gazer jusqu’à ce qu’il tombe malade. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que c’était une commande politique et qu’ils se sont donné tous les moyens nécessaires pour appliquer cette commande politique. Mais, nous savons tous que c’était un dossier vide. Aujourd’hui, la seule chose qu’il faut clarifier, c’est où sont passés nos 29 milliards encore une fois. L’autre chose qui est importante sur le deuxième dossier, qui est encore beaucoup plus vide, il n’aurait jamais dû quitter la gendarmerie : l’enquête préliminaire parce qu’il y a le certificat médical, les témoins mais aussi les contradictions énormes sur les récits de la dame. Pendant deux ans, on nous parle d’instruction. Il n’y a jamais eu de preuves. Toutes les preuves qui existent dans ce dossier, ont été fournies par les avocats du président Ousmane Sonko : les audios, les vidéos, tous les témoignages. Malgré tout, ils ont voulu forcer. Comment pouvez-vous imaginer que pendant deux ans, ils nous ont parlé de viol, de menace de morts et au bout, ils nous sortent un verdict inédit ? Le président Sonko est acquitté sur les accusations de viol et de menace de mort. Ils ont improvisé une condamnation que rien n’explique, dont nous tous ignorons l’existence. Ce qui est plus cocasse, c’est quand le Procureur lui-même dit qu’il demande qu’on condamne le président Sonko pour viol ou corruption de jeunesse sans instruction, sans enquête. Ils ne cherchaient qu’à éliminer le président Sonko sur le plan électoral, en même temps, essayer de le garder en prison.
Au-delà des accusations supposées ou réelles, Ousmane Sonko n’a-t-il pas failli à son devoir d’exemplarité en se rendant dans un salon de massage surtout en période de couvre-feu et de pandémie de Covid-19 ?
Non ! Dans la mesure où le président Sonko est libre de ses mouvements. Ce n’est pas une question d’exemplarité. On ne peut pas parler aujourd’hui d’exemplarité. Ce n’est pas le problème. Nous savons tous que Sonko est un homme responsable, un exemple pour la jeunesse. Ce n’est pas pour rien qu’il est devenu l’homme le plus populaire du Sénégal. C’est un citoyen qui est libre de ses mouvements, qui a le droit de circuler à ce que je sache à n’importe quelle heure dans ce pays. S’il décide d’aller au salon, d’aller au restaurant ou d’aller voir un ami, ce n’est pas un problème encore une fois. Le problème, c’est pourquoi vouloir comploter contre une personne.
La coalition Yewwi Askan Wi dans laquelle votre parti, Pastef, est membre, vient de sortir un communiqué mettant en garde certainement Khalifa Sall. Quelle est l’opportunité de ce communiqué d’autant plus qu’on sait déjà que Khalifa Sall a pris part au dialogue national ?
J’ai entendu certaines personnes dire que personne ne défendait Khalifa Sall. Le président Ousmane Sonko a passé deux à trois ans à défendre Khalifa Sall et Karim Wade. Il n’avait aucun problème à les défendre. Ils étaient tous les deux dans les liens de la détention. Il les a défendus. Il s’est toujours battu par principe contre la CREI, la condamnation de Khalifa Sall et autres. Il pouvait se dire : « si on les écarte, ça fera mon affaire». Non ! Il pouvait se dire Khalifa Sall a soutenu Idrissa Seck en 2019 et n’a pas soutenu sa candidature. Non ! C’est un homme juste, véridique qui se bat pour des principes. Et donc, c’est dans ce sens qu’il a lui-même, demandé à Kalifa Sall et à Karim Wade de se battre pour se faire justice. Parce que pour lui, ce n’est pas avec des négociations que Macky Sall va les rendre éligibles. D’ailleurs, il a été très clair en le disant. Si on arrive à mettre en place des coalitions fortes, à aller ensemble aux élections locales et législatives, on pourra avoir la majorité et faire passer la loi qui va changer L29 et L30 du code électoral parce qu’il n’est pas question d’aller vers des amnisties. Pour nous, c’est très facile d’enlever ces astuces que le président Macky Sall a ajoutées au Code électoral, juste pour bloquer des adversaires politiques. Je dois vous révéler que juste après les élections législatives, le président Sonko a instruit le groupe parlementaire de Yewwi Askan Wi, particulièrement Guy Marius Sagna, à déposer une proposition de loi portant modification du Code électoral. Bizarrement, cette loi n’a pas été soutenue par la plupart des députés de Wallu comme certains de Yewwi. Maintenant que Khalifa Sall a décidé d’aller au dialogue, pour nous Pastef, on n’a rien à dire sur ça. Mieux, que les leaders de Yewwi sortent un communiqué en se basant sur sa charte, c’est leur droit. Ils sont libres de le faire parce que Yewwi a décidé de ne pas y participer. Si Khalifa Sall décide d’y participer, il est libre mais Yewwi va continuer à exister dans le respect de la charte.
Nos confrères du «Canard Enchaîné» ont évoqué dans leur dernière livraison les liaisons qu’Ousmane Sonko aurait avec les Frères musulmans et le Qatar. Quel est votre commentaire ?
(Rires). Ça me fait rire. Ça me rappelle l’histoire du Tullow Oil. Vous vous rappelez de ça qui avait été écrit par Cheikh Yérim Seck et l’Observateur à la veille de l’élection présidentielle de 2019? C’est la même chose. Ça me rappelle aussi le cas de feu Imam Alioune Badara Ndao qui a aussi été chargé par l’Observateur qui parlait de ses liaisons dangereuses avec des terroristes et que des armes avaient été trouvées chez lui alors que c’était un tissu de mensonges. Ils l’ont mis en prison et quand il est sorti avec une santé fragile, malheureusement une ou deux années plus tard, il a été rappelé à Dieu. Vous savez les commandes sont partout. Si Le Canard Enchainé l’a écrit, c’est parce que l’Etat du Sénégal a un problème. Vous savez, nous sommes nés ici. Nous sommes des Sénégalais. Nous n’avons pas une autre nationalité. Nous ne comptons pas vivre ailleurs. Nous comptons vivre dans ce Sénégal et changer le pays. Si c’est ça le terrorisme, c’est juste que ça les terrorise eux, les hommes du système qui veulent pérenniser leur bamboula. C’est eux qui sont terrorisés. C’est pourquoi ils sortent leurs mots comme «forces occultes». Au finish, ça amène la peur vis-àvis même des autres pays. Le tourisme en souffre. L’économie en souffre etc. Ils doivent arrêter cette farce. Quand le ministre de l’Intérieur avait fait une sortie pour dire qu’il y a des forces occultes ici, l’Armée du Sénégal avait démenti après l’épisode de mars 2021. Les forces occultes, ce sont eux qui dilapident les deniers publics, qui recrutent et exploitent la misère de la banlieue en recrutant des lutteurs, des agresseurs pour en faire des nervis pour faire face au peuple.
Mais on voit dans les manifestations des gens qui s’attaquent à des biens publics et privés. Par conséquent, ils ont d’autres motivations que manifester ?
Vous vous n’êtes pas dit que ce sont ces nervis qui le font pour le mettre sur notre dos ?
Ah bon ?
Aujourd’hui, les manifestations qu’on voit dans ce pays, ce sont des hommes, des femmes, des jeunes et des vieux qui n’ont que des pierres ou qui ne font que brûler des pneus mais ceux qui ont des coupe-coupe, des armes létales et qui opèrent aux côtés des forces de l’ordre, on les a tous vus et identifiés. Les reportages sont là.
Le délai qui était imparti à Ousmane Sonko pour pouvoir interjeter appel dans cette affaire-là est achevé. Va-t-il se constituer prisonnier pour faire reprendre le procès ?
Ousmane Sonko va se constituer prisonnier ? Ça, c’est un rêve. Il ne va jamais se constituer prisonnier. Ils ont fait leur farce jusqu’ici. Ils n’ont qu’à aller l’arrêter. Ce sont eux qui se sont mis dans le pétrin. Ils n’ont qu’à gérer. Ils ont instrumentalisé la justice pour qu’on en arrive là. Ils n’ont qu’à retourner voir la justice pour régler ce problème. Il y a eu une trentaine de victimes entre mars et maintenant. Ça ne va pas rester à pertes et profits.
Compte tenu de la situation socio-politique du pays d’aucuns mettent l’idée du report de la Présidentielle afin de redistribuer les cartes avec tout le monde. Partagez-vous cet avis ?
Personne ne pense à ça. Peut-être que ce sont eux qui lancent les ballons de sonde mais il n’est pas question de renvoyer une élection. Une journée de plus avec Macky Sall, c’est une journée en enfer pour le Sénégal. On en a assez ! Donc, il n’a qu’à organiser des élections libres et transparentes et laisser les Sénégalais choisir librement leur prochain président.
Présentement, ce sera sans Khalifa Sall, ni Karim Wade encore moins Ousmane Sonko
Une élection sans Sonko, Khalifa et Karim, ça veut dire qu’il n’y aura pas d’élection au Sénégal. Ce n’est même pas imaginable. Macky Sall a trois options ou trois actions à faire. La première, c’est de se mettre face aux Sénégalais et de dire : comme la Constitution le stipule, comme je l’ai répété plusieurs fois, je suis à mon second et dernier mandat. Je vais organiser des élections libres et transparentes pour ensuite partir. La deuxième chose, c’est de libérer tous les prisonniers politiques y compris le président Ousmane Sonko qui est séquestré, qui est en prison. Il faut qu’on situe les responsabilités et que les coupables et les commanditaires soient arrêtés. Aujourd’hui, c’est là où nous en sommes. Macky Sall, c’est du passé. Mais il va quitter par A ou B. La troisième chose à faire, c’est une enquête sérieuse sur les exactions qui ont causé la perte en vies humaines. Plus de 34 victimes. Il faut que les coupables et/ou les commanditaires soient arrêtés. D’ailleurs, la seule personne qui avait accès au Président Sonko, qui est un proche de la famille et qui faisait le ravitaillement pour sa famille, qui s’occupe de son protocole, c’est M. Djibril Guèye Ndiaye. Mais depuis ce matin (jeudi-Ndlr) il est interdit d’accès chez lui.
Que répondez-vous à ceux qui soutiennent que le discours de Pastef ne rassure pas ?
C’est un gros paradoxe. Notre discours ne passe pas alors que notre parti est le plus populaire dans le pays. Quel est donc le discours qui rassure. C’est celui des «Systémards» comme je les appelle. (Eclats de rires).
LE PARRAINAGE NEW-LOOK
Les acteurs du dialogue ont convenu de revoir à la baisse le pourcentage du parrainage citoyen de 0,8 à 1% de parrains appliqué en 2019, a désormais 0,6% à 0,8% des parrains pour la prochaine présidentielle
Les représentants des différents pôles engagés dans le dialogue politique boycotté par la Plateforme des forces vives de la nation (F24) qui regroupe les principaux partis d’opposition et des mouvements citoyens ont validé le parrainage des élus, à travers des chefs d’exécutifs territoriaux et des députés. Lors de cette rencontre sous la présidence du Directeur général des élections, Tanor Thiendela Fall, les acteurs politiques ont également convenu de revoir à la baisse le pourcentage du parrainage citoyen de 0,8 à 1% de parrains appliqué lors de la dernière présidentielle de 2019, a désormais 0,6% à 0,8% des parrains pour la présidentielle du 25 février 2024.
L a commission politique du dialogue national a tenu hier, vendredi 16 juin, sa quatrième séance de travail toujours sous la présidence du Contrôleur général de Police, Tanor Thiendela Fall, par ailleurs Directeur général des élections.
Au menu des discussions de cette journée, les acteurs politiques engageaient dans le dialogue se sont penchés sur le rapport qu’ils avaient commandité sur les modalités d’application du parrainage des élus mais aussi sur la revue à la baisse du nombre actuel de parrains exigé dans la loi en marge de leur rencontre du mercredi 14 juin dernier.
Interpellé à la fin des travaux de cette commission qui ont pris moins de temps que d’habitude, le coordonnateur du pôle des Non-alignés, Déthié Faye, a assuré qu’un consensus s’est dégagé après leurs discussions sur les modalités de ce parrainage par des élus optionnels à côté du parrainage citoyen en vigueur depuis 2019. « Après discussions, on a convenu de retenir deux modalités de parrainage des élus. Le premier, c’est le parrainage des chefs d’exécutifs territoriaux dont les maires de communes et des villes ainsi que les présidents de Conseil départemental. Le deuxième parrainage des élus concerne les députés», a renseigné le coordonnateur des Non-alignés et président de la Convergence pour la Démocratie et la République (Cdr/Fonk sa kaddu).
Poursuivant son propos, renseigne que la prochaine rencontre de la commission du dialogue politique, prévue lundi 19 juin, sera consacré au débat sur le pourcentage à retenir pour ce parrainage des élus : chefs d’exécutifs territoriaux ou députés. Autrement dit, le nombre de parrains qui sera exigé à chaque candidat qui optera soit pour le parrainage des députés ou le parrainage par les maires et présidents de conseil départemental.
Par ailleurs, revenant sur le deuxième point abordé lors de cette rencontre tenue hier, à la Direction générale des élections et qui est relatif à la revue à la baisse du pourcentage actuel de 08 à 1% de parrains exigé aux candidats, le coordonnateur des Non-alignés a renseigné qu’un consensus s’est dégagé. Ainsi, selon lui, de 0,8 à 1% de parrains qui étaient exigés lors de la dernière présidentielle de 2019, il sera désormais de 0,6% à 0,8% des parrains pour le parrainage citoyen.
PARRAINAGE DES ELUS - DES CONSEILLERS DU CESE ET DU HCCT EXCLUS
Interpellé également sur le cas des conseillers membres du Conseil économique, social et environnemental (Cese) et leurs collègues du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), le plénipotentiaire des Non-alignés, Déthié Faye a assuré que tous les membres de ceux institutions ne sont pas concernés par ce parrainage des élus. « Le Cese et le Hcct sont des assemblées qui ne sont pas composées exclusivement par des élus. Cependant, les maires ou des présidents de Conseil départemental qui sont membres du Conseil économique, social et environnemental ou Hcct peuvent parrainer du fait de leur statut de chef d’exécutifs locaux ».
SUSPENSION SURPRENANTE DES ROTATIONS DU NAVIRE ALINE SITOE DIATTA
Depuis une dizaine de jours, le bateau Aline Sitoé Diatta a suspendu ses rotations Dakar-Ziguinchor-Dakar. «Arrêt jusqu’à nouvel ordre», cette phrase reste la seule explication fournie par certains responsables du navire.
Depuis une dizaine de jours, le bateau Aline Sitoé Diatta a suspendu ses rotations Dakar-Ziguinchor-Dakar. «Arrêt jusqu’à nouvel ordre», cette phrase reste la seule explication fournie par certains responsables du navire. La thèse d’une panne du navire exclue à Ziguinchor, les langues se délient sur cet arrêt surprenant d’Aline Sitoé Diatta qui inquiète, surtout à l’approche de la Tabaski.
Plus de rotations du bateau Aline Sitoé Diatta, depuis presque une dizaine de jours. Ziguinchor et ses différentes localités restent sevrées de cette desserte maritime depuis les manifestations politico-juridiques qui ont secoué le pays. Aucune explication sur cet arrêt du navire qui assure la liaison maritime Dakar-Ziguinchor-Dakar n’est donnée. Personne n’est en mesure d’avancer les raisons de cet arrêt du navire Aline Sitoé Diatta.
L’hypothèse d’une panne du navire exclue, aujourd’hui, les langues se délient sur cette suspension des rotations du navire. Pour certains, les derniers événements qui ont secoué le pays seraient à l’origine de cet arrêt du navire qui aurait, selon eux, convoyé plusieurs passagers «manifestants» en provenance de Ziguinchor vers Dakar. Ces derniers auraient débarqué dans la capitale sénégalaise pour «participer aux manifestations».
Une thèse réfutée par certains travailleurs même de COSAMA, la structure en charge de l’exploitation commerciale du bateau, qui pensent que c’est une pilule amère qu’on cherche à faire avaler pour étayer la présence de manifestants venus d’ailleurs, pour ne pas dire de «forces occultes». Et, pour éviter qu’Aline Sitoé Diatta soit le moyen de transport de «manifestants» vers Dakar, les responsables du navire auraient tout simplement décidé de suspendre les rotations du bateau, sur instructions, dit-on des autorités.
Rappelons qu’avant même l’arrêt du navire, une situation assez inédite s’était produite dans ce bateau, à Ziguinchor, où les passagers embarqués ont été débarqués avant d’embarquer une nouvelle fois. La présence d’un passager suspect (un supposé fabriquant de cocktail Molotov) serait à l’origine de cette panique signalée dans le navire qui avait accusé un grand retard, avant de quitter Ziguinchor. Estce cette panique au port de Ziguinchor qui continue de hanter le sommeil des responsables de COSAMA ? La question reste de plus en plus agitée ici à Ziguinchor où cet arrêt des rotations du navire est durement ressenti par les populations de la région, surtout à l’approche de la Tabaski.
Aujourd’hui, les populations du Sud sont sevrées de ces rotations, tout comme les insulaires qui peinent à évacuer leurs productions à l’intérieur du pays. Les rotations du navire suspendues «jusqu’à nouvel ordre» et sans explications, comme évoqué même par certains travailleurs de COSAMA contactés, le calvaire de ces derniers qui sont dans l’expectative vient s’adjoindre aux inquiétudes des populations du Sud qui n’ont qu’une question au bout des lèvres. A quand le retour du bateau Aline Sitoé Diatta ?
Par Dame BABOU
PÉTROLE ET GAZ DU SÉNÉGAL : POTENTIELLES MENACES DE DESTABILISATION
Depuis que le Sénégal est entré dans le cercle fermé des pays producteurs de pétrole et de gaz, le débat sur les convoitises suscitées par le pays ne cesse d’enfler.
Depuis que le Sénégal est entré dans le cercle fermé des pays producteurs de pétrole et de gaz, le débat sur les convoitises suscitées par le pays ne cesse d’enfler. Des contrats de Petrotim aux derniers financements, supposés ou réels du Qatar, évoqués dans un article de l’hebdomadaire français, «Le Canard Enchainé», tout le monde y va de ses informations, des plus saugrenues aux plus drôles.
C’était d’abord le frère du Président Macky Sall, Aliou Sall, à qui on aurait vendu à vil prix le pétrole du Sénégal, allant jusqu’à lui réclamer en guise de remboursement la bagatelle de 400.000 FCfa pour chacun des 17 millions de Sénégalais. Ensuite , il a été question du Sénégal qui aurait vendangé son pétrole et son gaz en signant un accord qui ne lui offre que 10% des bénéfices de la compagnie qui exploitera ses ressources naturelles.
En ce qui concerne ces contrats pétroliers et gaziers on n’a pas réellement besoin de trop s’étendre sur la question puisqu’ils sont en grande partie publiés sur www.itie.sn, le site de L’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE). La plupart de ces contrats ont d’ailleurs été signés par le Président Abdoulaye Wade, son fils Karim, alors ministre de l’Energie.
En les lisant ou en les relisant, on est frappé par le fait qu’ils s’inscrivent dans le sillage des formats standardisés. Ce sont ces mêmes transactions normées que l’on retrouve au Venezuela comme en Norvège en passant par l’Angola et l’Arabie Saoudite, etc., sous l’œil vigilant de l’OPEP (Organisation de Pays Exportateurs de Pétrole.)
Du fait que l’exploitation du pétrole et du gaz est un domaine relativement connu, il va de soi que nous sommes souvent dans le fantasme en pensant que quelqu’un peut tout bonnement se présenter avec des valises remplies de dollars pour corrompre les gouvernants et s’en aller avec nos ressources pétrolières et gazières.
Il est d’abord à relever que le pétrole et le gaz sont devenus des ressources dont la durée de vie ne va pas au-delà de 30 ans. Ce qui veut dire que d’ici 2045 au plus tard, elles ne seront plus que très peu d’industries à utiliser de l’énergie fossile. Même si le gaz est moins polluant que le pétrole, les deux ont le même destin, à savoir une disparition certaine au bout de trois à quatre décennies. C’est ce caractère transitoire qui en fait des produits très dangereux entre les mains de pays dotés d’institutions encore faibles et de forces de défense à l’état de construction.
Les cinq pays qui dominent la production et l’exportation de ces ressources sont : les EtatsUnis avec 934 milliards de mètres cubes, la Russie avec 701.7 milliards, l’Iran avec 256.7 milliards, la Chine 209.2 et enfin le Qatar avec 177 milliards de mètres cubes. Parmi ces cinq producteurs, il se trouve qu’il y en a deux qui n’ont pas besoin du marché mondial pour leurs exportations. En dépit de l’immensité de leurs productions, les économies de la Chine et des Etats-Unis, grosses importatrices de ressources énergétiques, sont insatiables en matière de gaz et de pétrole. La Russie, jusqu’au déclenchement de la guerre en Ukraine, avait un marché assuré avec la deuxième base industrielle du monde, l’Europe occidentale, en particulier l’Allemagne sa première économie.
Par conséquent, retenons que les deux autres pays, l’Iran et le Qatar , de même que les producteurs/explorateurs de tailles relatives, ont entre leurs mains un vaste marché très lucratif. Lucratif mais transitoire. Le contrôle de ce marché dans les 25 ans à venir est crucial pour l’Iran et le Qatar. Et ce contrôle ne saurait signifier aller piller les gisements des nouveaux arrivants comme le Sénégal et la Mauritanie.
Le Sénégal et la Mauritanie ne seront pas considérés comme de petits concurrents dans un marché qui disparaitra au bout d’une génération. Dans un article daté du 16 septembre 2022, le quotidien français Le Monde, parlant du Sénégal, affirme que « Le pays, qui va exploiter, avec la Mauritanie, un grand champ offshore, veut profiter du tarissement des livraisons russes vers l’Europe pour s’imposer comme fournisseur du Vieux Continent. »
Le journal poursuit : « Dès le mois de mai, l’Allemagne a annoncé être en discussions « intensives » avec le Sénégal afin de s’y fournir en GNL (gaz naturel liquéfié) Au total, 500 milliards de mètres cubes de gaz ont été découverts dans le gisement de la Grande Tortue Ahmeyim (GTA), situé lui dans les terres, à la frontière avec la Mauritanie. »
L’un des moyens classiques utilisés pour déstabiliser un pays est d’y organiser des émeutes, afin que les Forces de Défense et de Sécurité soient toutes occupées à éteindre l’incendie intérieur. Et cette déstabilisation est encore plus facile si des conflits transfrontaliers venaient à éclater entre/ou dans les deux pays. C’est pourquoi, il faut faire attention lorsque par exemple, des révoltes éclatent concomitamment au Sénégal en Mauritanie. Ou alors lorsque des hommes politiques promettent de remettre en cause les frontières héritées de la colonisation. En cas de conflits permanents, à l’intérieur comme aux frontières, ces deux pays n’auront d’autre préoccupation que d’accélérer la production pétrolière et gazière. Déjà, de voir le Canard Enchainé, hebdomadaire généralement bien informé, parler de financement venant du Qatar, au plus fort des manifestations violentes du début de ce mois, suite à la condamnation de l’homme politique Ousmane Sonko, a de quoi interroger
Dès lors, il ne serait pas hasardeux de dire que le Qatar et l’Iran ont un intérêt particulier à bien surveiller ce qui se passe au Sénégal. A défaut de pourvoir faire main basse sur les ressources énergétiques du Sénégal et la Mauritanie, les deux pays précités, grands exportateurs, pourraient tenter de fermer les portes de ce marché abondant de la vente du pétrole et du gaz à tout nouvel arrivant. Si les forces coalisées (sont nombreuses) contre le Sénégal et la Mauritanie arrivent à créer un climat d’insécurité totale dans la sous-région, aucune activité d’extraction et d’exportation de grande envergure n’y serait possible. L’océan qui abrite les installations portuaires et aéroportuaires sera infesté de pirates maritimes ; comme c’est le cas autour de la Somalie depuis 40 ans. La sécurité sera difficile à assurer. et les coûts de frêt et d’assurance pour la marine marchande seront si élevés que nos ressources énergétiques ne pourront être compétitives sur le marché mondial.
En matière de déstabilisation et les conséquences y découlant, la République Démocratique du Congo et le Mali, sont des exemples patents. Depuis la crise résultante du Génocide au Rwanda, l’Est du Congo, riche en diamant et autres minerais précieux, est devenu un « no man’s land », où chaque seigneur de guerre contrôle une portion du territoire, crée ses aérodromes, voire ses aéroports, exploite et exporte ses minerais, au vu et au su des autorités congolaises impuissantes. Ces mêmes installations illégales servent également à toutes sortes de trafics. Ce n’est pas pour rien que les observateurs avertis se demandent comment se fait-il que le Rwanda qui produit peu, ou pas de pierres précieuses,en devient un grand exportateur.
C’est la même situation au Mali. Partant des revendications irrédentistes de groupes Touaregs comme l’Azawad et autres, on a fini par assister à la destruction d’un Etat et d’une République. L’Etat malien est tellement faible, que des trafiquants de drogue de la mafia internationale ont pu s’installer dans le désert, construire une piste d’aviation pour gros porteurs, y faire atterrir un avion cargo ayant dans ses soutes, de la drogue d’une valeur de plus de 300 millions de dollars, sans que l’Etat ne puisse faire quoi que ce soit. (voir Serge Daniel, « les Mafias du Mali »).
Si aujourd’hui la France possède ses grands stocks d’or sans en être productrice, le Mali y a beaucoup contribué, contre sa volonté. Le cas du Mali est l’un des rares exemples d’accord de défense ou un Etat se voit interdire l’accès à une partie de son territoire (« le Mali utile »).
Et bizarrement il semble s’annoncer au Sénégal le même type d’alliances tactiques contre nature entre la France et les diverses forces qui ont détruit l’Etat malien. En principe, l’opposition dite radicale composée du Pastef, de Frapp France Dégage et autres radicaux de diverses branches, et la France, ne devraient pas se retrouver dans le même camp.
Et pourtant, au moment même où des troubles principalement animés par les militants du Pastef de Ousmane Sonko et une partie de Yewwi Sénégal, la France, ancienne colonisatrice, monte au créneau pour accabler le gouvernement par la voie de ses « Voix » médiatiques.
La réaction de la France ne devrait pourtant pas surprendre. Ce pays, en train de devenir un poids moyen en Europe, compte toujours sur ses anciennes colonies pour continuer de garder vaille que vaille son statut de grande puissance sur la scène mondiale. Par conséquent l’Elysée ne pourrait voir d’un bon œil que le Sénégal devienne un poids lourd du pétrole et du gaz, sans que la France, qui n’a pas les moyens d’y peser, ne reçoive son quota. A défaut de contrôler cette manne de ressources naturelles entre les mains du Sénégal, l’ancien colonisateur, partie prenante d’ accords de défense des plus nébuleux, ne pourrait rater l’occasion d’attiser le feu pour offrir après « sa protection » en cas de déflagrations.
Le Sénégal du pétrole et du gaz devrait s’attendre à des tentatives de déstabilisation venant d’ennemis et « d’amis », de l’intérieur comme de l’extérieur. Aux élites, dirigeants et citoyens d’en prendre la mesure.