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20 juin 2025
DANS LA TÊTE DU PRÉSIDENT
Quelles garanties pour lui et ses proches en cas de non-candidature ? Que serait le reste de son ‘’règne’’, si jamais il annonce qu’il ne sera pas candidat en 2024 ? Quel schéma pour éviter de se faire succéder par Ousmane Sonko ?
Quelles garanties pour lui et ses proches en cas de non-candidature ? Que serait le reste de son ‘’règne’’, si jamais il annonce qu’il ne sera pas candidat en 2024 ? Quel schéma pour éviter de se faire succéder par Ousmane Sonko ? Des réponses à ces questions vitales pourraient, en partie, dépendre la décision du président Sall de se présenter ou non en 2024.
C’était le scénario le plus inattendu, au sortir de l’élection présidentielle de 2019. À la place d’un Macky Sall qui envisagerait une troisième candidature, beaucoup pariaient plutôt sur une guerre de succession inévitable, entre les ténors de son parti, l’Alliance pour la République d’une part, les alliés de sa coalition Benno Bokk Yaakaar d’autre part. Contre tout pronostic, le Sénégal se retrouve ainsi avec une situation ubuesque, où les citoyens ne savent pas si le président en exercice se présentera ou non à sa propre succession.
Dans plusieurs vidéos disponibles sur Internet et les réseaux sociaux, le président de la République a donné sa lecture des dispositions de la Constitution. Il est même allé jusqu’à corriger ceux qui font l’amalgame avec la situation de 2012 avec Abdoulaye Wade, avouant avec beaucoup de sincérité que les choses sont nettement plus claires avec lui qu’avec Wade, car ce dernier était élu en 2000 avec une Constitution qui ne prévoyait pas de limites. Lui, en revanche, il a été élu avec une Constitution qui prévoit la limitation des mandats à deux, et qu’il n’a fait que consolider cette disposition, lors du référendum de 2016.
À l’époque, pour lui, c’est juste que les intellectuels aiment les débats stériles sans intérêt. ‘’Les intellectuels aiment trop les polémiques, chacun essayant de faire sa pédanterie, chacun voulant montrer qu’il est le plus compétent. Tout ça, c’est bien, mais il faut cesser de mobiliser nos énergies pour des futilités. Pour ma part, on pourra tout me reprocher sauf le souhait de me présenter pour une troisième fois. Je veux que ça soit clair’’, fulminait-il sans nuances.
C’était une autre époque. Pour beaucoup, les choses se sont bien métamorphosées depuis. Certes, les arguments ne manquent pas pour asseoir une telle thèse : le limogeage de tous ceux qui, dans son camp, défendaient la non-candidature, le maintien de tous ceux qui se prononcent en faveur d’une candidature, le silence assourdissant face à la propagande massive notée ces derniers temps… Malgré ces signaux, des sources généralement bien informées continuent de croire que Macky Sall ne va pas se représenter. Beaucoup d’autres se suffisent aux actes et déclarations des collaborateurs du président pour se convaincre du contraire.
Une chose est sûre : le principal concerné, depuis que la polémique a enflé après sa réélection en 2019, s’est fixé une ligne de conduite : le fameux ni oui ni non. Pourquoi ce silence embêtant à un an de l’échéance ?
Plusieurs raisons pourraient l’expliquer. Le premier, qui a la faveur de l’écrasante majorité des pronostics, c’est la volonté de briguer un troisième mandat. Ce serait donc le chef de l’État lui-même qui serait derrière tous ces oiseaux de mauvais augure qui prêchent pour un autre mandat. Ce serait une des rares fois où Macky Sall annonce à ses poulains ce qu’il va faire.
En effet, si Wade avait habitué les Sénégalais à signaler à droite, avant de tourner à gauche, son successeur est connu pour être un grand cachotier, qui partage rarement ses intentions avec ses collaborateurs. L’un des derniers exemples en date, c’est la nomination du Premier ministre Amadou Ba, il y a quelques mois. Jusqu’au dernier instant, le président a su cacher son jeu. Ce serait donc une première qu’il laisse à ses thuriféraires la primeur de l’information sur une question aussi importante que la volonté de se présenter en 2024.
Les raisons du silence
L’autre facteur qui pourrait expliquer ce silence du président, c’est le fait de vouloir garder la main, aussi bien dans les affaires étatiques que dans les affaires de son parti. Dans une belle lettre publiée dans ‘’Jeune Afrique’’ au lendemain de l’élection de Macky Sall en 2019, Dr Cheikh Omar Diallo décrivait ce qu’auraient dû être les deux dernières années de ce qu’il considérait naturellement comme étant le dernier mandat. Il prédisait : ‘’Dès potron-minet, écrivait-il, c’est votre coalition qui préfacera votre départ avant l’heure. Les ambitions y seront fortes, tenaces et légitimes. Dans votre camp, il y aura forcément plusieurs camps. L’opposition actera le crépuscule de ce magistère en ne faisant plus de vous son centre d’intérêt. Plutôt que de chercher à vous abattre, elle convoitera votre place. Les parlementaires quitteront la Chambre d’applaudissements pour entrer dans celle des positionnements. Les maires ne vous seront plus affidés, ils iront plutôt s’affilier aux candidats à la Présidentielle. Les médias d’ici et d’ailleurs ne s’intéresseront à vous que pour connaître votre choix intime sur les probables présidentiables...’’
Dans cette fiction du docteur en sciences politiques, le président devenait ‘’un homme du passé’’. Le monde aurait les yeux rivés sur ses différents challengers. Au-delà des élus, les grands responsables allaient également s’affirmer. ‘’Vos Premiers ministres, vos grands ministres à fort potentiel électoral, vos ambitieux directeurs généraux, les commandants en chef et lieutenants de la coalition présidentielle voudront, à juste raison, s’émanciper. C’est ainsi qu’à mi-mandat, les intentions présidentielles naîtront au grand jour. Les alliances et les mésalliances domineront l’actualité. La plupart des alliés et obligés partiront avant terme. Les petits meurtres entre amis et les grandes trahisons entre copains feront les choux gras de la presse. Votre palais sera déserté. La fin de votre magistère se limitera à une sorte de figuration. Ainsi donc, vous fermerez la page la plus héroïque, la plus palpitante et la plus noble de votre vie publique…. Le déclin sera pour vous une épreuve de vérité’’.
De bonnes raisons de ne pas se présenter
Le moins que l’on puisse dire, c’est que par son silence, Macky Sall arrive jusque-là à retarder cette prophétie. À ce jour, aucun de ses proches lieutenants, même parmi les plus téméraires, n’a osé le défier. En à peine un an de l’élection, le sujet semble plutôt tabou dans la majorité présidentielle. Les rares qui avaient posé le débat de la succession ont été effacés et n’ont plus droit au chapitre.
De ce fait, le président garde toujours les pleins pouvoirs, et non ‘’l’illusion du pouvoir’’, comme le prédisait celui qui était surnommé autrefois ‘’le ‘’jumeau de Karim Wade’’. En sus de rester le maitre du jeu, il a aussi la latitude de faire monter les enchères, de discuter ce que sera sa sortie du palais de la République.
À 62 ans, Macky Sall, contrairement à Wade, a encore toute sa vie devant lui. D’ailleurs, beaucoup lui prédisent une possible carrière dans les instances internationales, en particulier onusiennes. Et si la baraka le poursuit, pourquoi pas envisager un scénario à la Poutine.
Mais dans un contexte où son camp est en perte de vitesse continue, un tel scénario devient très improbable. Déjà, l’actuel président n’a plus la majorité sociologique, si l’on se fie aux dernières élections locales et législatives. Ensuite, il lui serait difficile, pour ne pas dire impossible, de parvenir à imposer un candidat consensuel dans son parti, a fortiori au niveau de la coalition.
À son intention, l’allié Idrissa Seck formulait récemment la prière suivante : ‘’Que le Seigneur continue d’apaiser votre cœur, de fortifier votre esprit pour que les choix futurs que vous aurez à faire puissent vous valoir un parachèvement de votre parcours déjà exceptionnel d’une telle beauté qu’il n’y aura pas d’autre choix que de vous garantir, après une longue et heureuse vie auprès des vôtres, une mention honorable sur les langues de la postérité.’’
Dans tous les cas, une non-candidature serait historique pour le Sénégal et ferait rentrer l’actuel président dans les annales de la République.
En effet, il aurait été le premier chef d’État à organiser des élections auxquelles il ne participe pas ; il aurait été le premier président à quitter démocratiquement sans défaite électorale ; il épargnerait peut-être à jamais le Sénégal des débats de fin de mandat sur la possibilité ou non pour le président de se représenter pour une troisième fois. Un débat mortifère que craignent tant les Sénégalais et leurs amis.
Mais pour ceux qui rôdent autour du pouvoir, c’est une question de survie qui se joue. Et sans doute, leur sort pourrait également peser sur le choix du chef de l’État, dont le choix a été rendu d’autant plus difficile qu’il a réussi à faire le vide autour de lui.
ALERTE METEO
L’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) lance une nouvelle alerte à la houle.
L’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) lance une nouvelle alerte à la houle.
« Houle dangereuse de nord à nord-ouest pouvant dépasser 2,5 m au large de la Grande Côte et de Dakar à partir du jeudi 16 février au vendredi 17 février 2023 à 18 heures » lit-on dans le bulletin. L’agence appelle les marins pêcheurs à la vigilance.
L’Anacim avait fait une alerte similaire jeudi dernier. Les services de l’agence avaient détecté une houle de 2.5 m accompagnée de Vents forts de secteur Nord dépassant 40 km/h. l’alerte se limitait dans la Petite et la Grande Côte.
SEISME EN TURQUIE ET SYRIE, L'ONU APPEL A L'AIDE
Le secrétaire général de l’ONU a lancé, mardi 14 février, un appel d’urgence aux dons d’environ 400 millions de dollars pour aider les populations victimes du séisme qui se retrouvent dans les rues, sans abris, sans nourriture et sans soins
Le secrétaire général de l’ONU a lancé, mardi 14 février, un appel d’urgence aux dons d’environ 400 millions de dollars pour aider les populations victimes du séisme qui se retrouvent dans les rues, sans abris, sans nourriture et sans soins, en Syrie et en Turquie.
« Aujourd’hui, j’annonce que l’ONU lance un appel humanitaire de 397 millions de dollars pour les populations victimes du séisme qui a ravagé la Syrie. Cela couvrira une période de trois mois », a déclaré Antonio Guterres, le secrétaire général de l’organisation, rassurant qu’un appel aux dons équivalent pour la Turquie était en préparation.
Au total, plus de 7 millions d’enfants sont affectés par ce séisme, selon un communiqué de l’Unicef ce mardi.
« En Turquie, le nombre total d’enfants vivant dans les dix provinces touchées par les deux tremblements de terre s’élevait à 4,6 millions. En Syrie, 2,5 millions d’enfants sont touchés », a précisé James Elder, un porte-parole de l’Unicef, lors d’une conférence de presse à Genève.
Le bilan, encore provisoire, ne cesse de s’alourdir : il s’élevait mardi soir à 39 106 morts – 35 418 morts dans le sud de la Turquie officiellement tandis que les autorités ont dénombré 3 688 morts en Syrie.
Il s’agit du « pire désastre naturel en un siècle » en Europe, a affirmé l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce mardi 14 février.
Plus d’une semaine après le puissant séisme d’une magnitude de 7,8 qui a frappé les deux pays, l’espoir de retrouver des survivants diminue. Néanmoins, de nouveaux survivants ont été extraits des décombres.
Mardi, quatre personnes ont encore pu être extraites vivantes des décombres en Turquie, dont un couple de Syriens à Antakya, l’Antioche de l’Antiquité, l’une des villes turques ayant le plus souffert du tremblement de terre.
RETOUR DU DAKAR REGGAE FESTIVAL DU 11 AU 13 MAI
Dakar Reggae Festival va reprendre après une pause causé par la Covid-19. Après ses éditions de 2017 et de 2022 son promoteur Arona Gaye dit Ras Narone compte pérenniser son organisation et le rendre annuel. Pour 2023, le festival est prévu du 11 au13 mai
Dakar Reggae Festival reprend le rythme après un coup d’arrêt causé par la Covid-19. Après ses éditions de 2017 et de 2022, son promoteur Arona Gaye dit Ras Narone compte pérenniser son organisation et le rendre annuel. Pour 2023, le festival est programmé du 11 au 13 mai.
Arona Gaye dit Ras Narone est de la race des passionnés. La passion du reggae brûle en lui tel le charbon dans une fournaise. Cette flamme l’a conduit à nombre d’initiatives, au Sénégal, pour la promotion et le dynamisme de ce genre musical venu de Jamaïque. La dernière en date, le Dakar Reggae Festival qui s’inscrit d’ailleurs en bonnes lettres dans l’agenda culturel sénégalais. Pour sa troisième édition, Ras Narone a décidé de son organisation du 11 au 13 mai 2023, coïncidant avec la commémoration de la mort de Bob Marley. Le festival sera marqué par l’organisation d’un méga-concert, avec des artistes venus d’un peu partout, à travers le monde.
Ras Narone confie que son équipe et lui sont « dans les derniers réglages » par rapport à l’organisation de cet évènement qu’ils veulent d’une « envergure significative ». Outre le méga-concert, on notera un « Welcome party », une mini-foire qui accompagnera le Village du festival, ainsi que des ateliers que vont rythmer des réflexions sur le développement du reggae au Sénégal notamment. Le festival aura également un cachet d’activisme. Arona Gaye a choisi, pour cette édition, de parler écologie.
« C’est cela, le reggae : l’engagement et le souci de l’environnement. C’est ce qui fait d’ailleurs que vous trouvez beaucoup de végans chez les rastas. Lors de l’évènement, nous parlerons principalement de lutte contre les sachets plastiques et nous sommes déjà en partenariat avec des organismes », informe Ras Narone, qui sollicite le « sponsoring principal » du Ministère chargé de l’Environnement, en plus de celui de la Culture et du Patrimoine historique, pour la réussite de son évènement « singulier et national ».
Avec Dakar Reggae Festival, Ras Narone confirme son sens du partage et sa volonté de faire briller le reggae sur le paysage musical et culturel du Sénégal. À l’en croire, il est partie prenante de son identité artistique. « Narone renvoie à Arona, mais aussi à neurones. Mon souci permanent est de diffuser les bonnes humeurs et les connaissances que je glane çà et là. Je voulais aussi utiliser cette attitude pour faire vivre le reggae qui n’a pas l’audience qu’elle mérite au Sénégal », soutient Ras Narone, qui anime l’émission reggae la plus en vue du pays, Integral Reggae Sound System. Il dit être sur le sillage de Gaston Madeira, Cheikh Amala Doucouré, Iba Gaye Massar, etc., dans la promotion de ce genre musical.
Ras Narone est d’abord artiste. Transfuge du groupe « African Ahloubi » créé en 1993, le Pikinois né en 1975 a été influencé par un oncle qui « crevait le tourne-disque de vinyles signés Bob Marley, Peter Tosh, Steel Pulse et bien d’autres grandes voix jamaïcaines ». Ce groupe de la banlieue va attendre huit ans pour sortir son premier opus, « Dem Warrior », après avoir participé à la célèbre compilation « Akiboulane ». C’est la seule production solo du groupe avant son implosion. Cependant, depuis 1998, Ras Narone se distinguait dans l’animation musicale et il va gagner une notoriété certaine dans la banlieue dakaroise sous cette casquette avec son émission à la radio Oxyjeunes. C’est après qu’il va rejoindre la Télé Futurs Médias (Tfm) dès son ouverture en 2011, avant de continuer jusqu’à aujourd’hui encore à animer à la Radio Futurs Médias (Rfm) l’émission Integral Reggae Sound System qui est le passage obligé des reggaemen.
par Karfa Diallo
POURQUOI MACKY SALL N'AURAIT JAMAIS DÛ RECEVOIR MARINE LE PEN
Le président sénégalais a offert à la présidente du Rassemblement national une porte d’entrée idéologique inédite sur le continent africain, ce qui profitera surtout à l’extrême droite européenne et aux racistes de tout poil
En recevant au Palais Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, Macky Sall foule aux pieds les combats antiracistes des pionniers de l’indépendance du Sénégal et des défenseurs du panafricanisme.
Cette validation africaine de la stratégie de dédiabolisation d’un parti grisé par ses récents succès électoraux et par son intégration progressive dans l’appareil d’État français constitue un précédent dont les diasporas africaines risquent de pâtir, dans une Europe où l’extrême droite grignote insidieusement l’espace républicain.
Éléments de langage
En choisissant le Sénégal pour sa première visite à l’étranger depuis les élections qui ont vu le parti créé par Jean-Marie Le Pen entrer massivement à l’Assemblée nationale française, Marine Le Pen déploie une stratégie d’ensemble sur un continent dont les ressortissants sont pourtant les cibles favorites des attaques, physiques et verbales, des militants d’extrême droite.
L’habile dirigeante de l’extrême droite française a su bien préparer ses interlocuteurs sénégalais, trop ignorants à la fois de leur propre histoire politique et des valeurs qu’incarne le Rassemblement national.
Dans une tribune publiée par le journal L’Opinion, le 16 janvier, la fille de Jean-Marie Le Pen a enrobé sa stratégie d’éléments de langage que l’élite politique sénégalaise a gobés tout rond.
Courbettes
Habituée des harangues contre l’immigration, Marine Le Pen use de la langue de bois pour mettre en avant « l’importance d’un authentique co-développement euro-africain », « la francophonie » ou « les questions de sécurité alimentaire et de santé ». Opportuniste, elle parachève son discours en défendant une candidature africaine à l’ONU et en souhaitant « qu’un représentant de l’Afrique [siège] comme membre permanent du Conseil de sécurité ».
Ce 15 février devrait marquer la fin de mandat de Macky Sall à la tête de l’Union africaine. Président en exercice de cette organisation pendant un an, le chef de l’Etat sénégalais a porté la voix de l’Afrique à chaque fois que de besoin
Président en exercice de l’Ua depuis février 2022, Macky Sall vient de boucler son mandat à la tête de cette organisation. Le mandat du dirigeant sénégalais a été marqué par les négociations menées pour la libération des stocks de céréales bloqués en Ukraine, le plaidoyer pour des investissements massifs dans l’agriculture, l’adhésion de l’Ua au G20, entre autres.
Il en a rêvé et a pris son mandat très au sérieux. Cela l’a poussé à remettre dans l’architecture institutionnelle, la Primature, supprimée après sa réélection triomphale à la Présidence en 2019. Ce 15 février devrait marquer la fin de mandat pour Macky Sall à la tête de l’Union africaine. Président en exercice de cette organisation pendant un an, le chef de l’Etat sénégalais a porté la voix de l’Afrique à chaque fois que de besoin, parcouru le monde pour la porter.
Le dirigeant sénégalais, qui a pris les rênes de l’Ua dans un contexte marqué par la crise ukrainienne, a su faire preuve de diplomatie pour l’approvisionnement en céréales, au moment où une crise alimentaire menaçait plusieurs pays du continent à cause de cette guerre. En rencontrant le Président Poutine à Sotchi, M. Sall avait insisté sur les conséquences de cette crise en Afrique. Et avait ainsi réussi à convaincre le dirigeant russe de libérer les stocks de céréales bloqués en Ukraine. A chaque fois qu’il a eu à prendre part aux réunions au niveau mondial, en sa qualité de président en exercice de l’Ua, M. Sall a mis l’accent sur les efforts à faire par le continent pour ne plus être victime de chocs exogènes. Ce, dans le cadre de la recherche de souveraineté alimentaire et sanitaire. Au dernier sommet du G20 par exemple, Macky Sall avait insisté sur l’esprit de solidarité qui doit guider «les actions pour une réallocation des Dts non-utilisés et un assouplissement de leurs conditions d’éligibilité».
Porte-parole de l’Afrique, il a eu également à plaider pour la mise en place d’un mécanisme mondial d’effacement de la dette ou à défaut, sa suspension. Une bataille qui n’est pas encore gagnée. Autre question ayant marqué la présidence du dirigeant sénégalais à la tête de l’Ua, c’est son adhésion au G20. Un plaidoyer mené avec vigueur et qui a obtenu le soutien de pays comme les Etats-Unis, le Japon, la Turquie, la Chine et la France. Au Sommet de Bali en Indonésie, tenu en novembre dernier, Macky Sall avait formulé ce vœu. Dans son discours, le Président Sall a estimé que l’Afrique ne doit plus «être une invitée permanente». Selon lui, c’est «inacceptable que le continent africain, vu la taille de sa population et son poids économique global, soit absent de l’instance où se discutent les questions relatives à la gouvernance économique mondiale, même si, au plan individuel, un pays du continent, l’Afrique du Sud, fait partie du cercle restreint des vingt économies les plus performantes du monde». Il faut noter que le Président Sall a aussi défendu la candidature de l’Afrique au Conseil de sécurité de l’Onu. A la 77e session de l’Assemblée générale des Nations unies, il a appelé à une réforme des cercles décisionnels internationaux dont le Conseil de sécurité, pour une meilleure représentation d’un milliard quatre cents millions d’Africains.
En menant toutes ces actions, M. Sall a voulu impulser une Afrique résiliente à travers la paix, la sécurité, le financement… Dans un continent marqué par des crises, Macky Sall a eu fort à faire avec la Guinée, le Mali et le Burkina. En effet, des coups de force de colonels et lieutenants-colonels se sont succédé en moins de deux ans. A Bamako, il y a eu un putsch le 18 août 2020, un nouveau fait accompli parachevant le premier le 24 mai 2021, putsch le 5 septembre 2021 à Conakry, putsch le 24 janvier 2022 à Ouagadougou. Des sommets ont été tenus et des médiations menées pour le retour des civils au pouvoir. La présidence de M. Sall a été aussi marquée par la brouille entre la Côte d’Ivoire et Mali du fait de l’arrestation de 49 militaires ivoiriens à Bamako. En tant que président en exercice de l’Union africaine, Macky Sall est allé au Mali le 15 août dernier pour négocier la libération des 49 soldats ivoiriens arrêtés à l’aéroport de Bamako en juillet. Les militaires, emprisonnés pour «atteinte à la sûreté de l’Etat», sont accusés par le pouvoir malien d’être des «mercenaires». Des propos réfutés par la Présidence ivoirienne, qui assure que les 49 soldats étaient présents au Mali dans le cadre d’une mission pour l’Onu. Macky Sall, lors de son déplacement à Bamako, a été reçu par le Colonel Assimi Goïta, qui s’est dit disponible à dialoguer. Toutefois, il faut noter que malgré les médiations, la junte est restée sur sa position, et les 46 militaires (Ndlr : Trois femmes militaires ont été libérées fin août pour raisons humanitaires) ont été condamnés le 30 décembre par la Justice malienne à 20 ans de réclusion criminelle pour «crimes d’attentat et de complot contre le gouvernement». C’est finalement au mois de janvier dernier qu’ils ont été graciés par le Président Assimi Goïta. Le successeur de Macky Sall aura à charge de continuer ces chantiers pour le bien de l’organisation continentale.
PAR Youssoupha Mbargane Guissé
SÉNÉGAL OU LA RÉPUBLIQUE DÉFIGURÉE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le sauvetage et le renouveau de notre pays, implique l’acte politique préalable d’abolition du présidentialisme de seigneur, de la République du monarque devenue une entrave au progrès général
« La pourriture est le laboratoire de la vie ». K. Marx
Une crise politique sans précédent
L’aggravation du processus de violences au Sénégal a atteint un seuil critique et l’on redoute à présent le basculement au pire. Le groupe dirigeant semble déterminé à conserver le pouvoir coûte que coûte et l’opposition et le peuple à résister vaille que vaille. De nombreux signes avant-coureurs de confrontation sont perceptibles avec l’interdiction et la répression des marches de protestation et des manifestations multiformes de l’opposition, les attaques violentes, les harcèlements et emprisonnements tous azimuts, les tortures, disparitions et mort d’homme. La tournure de plus en plus violente des évènements renforce naturellement les inquiétudes. À l’heure actuelle de nos observations, rien ne semble exclu, vu l’extrême tension dans le champ politique avec les injures et menaces graves, le doute est dans tous les esprits, l’angoisse est dans les cœurs. Le pays vit une haute tension et tout se passe dans un climat délétère d’insécurité et d’absence d’autorité. La question lancinante au bout de toutes les lèvres est : Où va le Sénégal ?
Une telle situation déplorable est la conséquence de la gouvernance politique et stratégique du pays entre les mains d’un groupe restreint de partisans et de collaborateurs, conservateurs attachés viscéralement à leurs privilèges exorbitants. Une telle configuration politique dirigeante, soumise aux intérêts étrangers, exclut naturellement et d’emblée du système tout mécanisme de démocratie politique citoyenne et de participation populaire. Une pareille gouvernance autoritaire entraine inévitablement la détérioration politique et par conséquent la levée des forces de résistance du peuple. L’analyse de la façon dont est structurée et fonctionne cette configuration politique dirigeante permet de mieux établir les causes structurelles de la détérioration accélérée de la gouvernance politique du pays. Elle met le doigt sur la grande responsabilité du groupe dirigeant.
La configuration du pole politique dirigeant
Le noyau central
Le système présidentialiste autoritariste est une structure ayant un noyau central en la personne du président, président de tout, chef de tout, maitre incontesté de tout, seigneur parmi les seigneurs. En effet, il est détenteur de tous les pouvoirs dont celui discrétionnaire de nommer et de révoquer à tous les postes de responsabilité. Il porte les attributs de chef de l’Etat, gardien de la Constitution, père de la Nation, chef du gouvernement, chef des Forces armées, Commandeur de l’Ordre National, protecteur des Arts et de la Culture, etc., etc. Une telle stature monopoliste écarte tout contre-pouvoir et permet au président d’exercer en effet son autorité personnelle sur les deux pouvoirs de contrôle supposés indépendants, le législatif et le judicaire. En outre, il dispose d’une caisse noire de plusieurs milliards annuellement votée. Son influence décisionnelle est en réalité décisive. Il serait ainsi selon une expression populaire Rakku YAllah, le frère cadet de Dieu.
La symbolique du roi traditionnel
Un tel présidentialisme d’un pouvoir personnel est renforcé dans sa légitimité par des références symboliques à la royauté ancienne construite par les communicateurs traditionnels aux paroles élogieuses et laudatrices. Ils s’évertuent à établir que le pouvoir du nouveau président serait une continuité-réincarnation de l’ancien pouvoir royal traditionnel. Le président de la République reçoit alors une légitimité de durée de vie sur le fauteuil. Car son pouvoir serait ancré dans l’histoire, tirant sa source de la tradition ancienne imprimée dans la mémoire de la communauté. À ces références symboliques d’appartenance supposée à l’ancienne noblesse royale régnante, se conjugue naturellement l’idéologie sournoise et corrosive du Neddo ko Bandam d’essence ethniciste, clanique et familiale, distillée dans certains milieux.
Toutes ces références mémorielles et d’appartenances fabriquées et évoquées, participent ainsi à une personnalisation extrême et à une légitimation du pouvoir absolu et inamovible du Président. Ce groupe identifié parmi les communicateurs traditionnels forme ainsi un véritable appareil idéologique informel d’Etat au service du groupe dirigeant. Chaque Président a eu ainsi courtisans- laudateurs qui déclament en tout lieu et en toutes circonstances ses louanges attitrées, Bakks.
Les deux premiers cercles
Autour du président de la République tout puissant gravite un premier cercle attaché à sa vénérable personne, constitué des membres de sa famille, de ceux de la première dame, des apparentés de lignage du couple présidentiel, de proches irréductibles, de militants inconditionnels de la première heure, de journalistes et griots dévoués, des intellectuels et universitaires reconvertis. Ces personnages, y compris des hommes de l’ombre, ont des fonctions diverses parfois combinées de conseillers, intermédiaires dans les grands dossiers, envoyés spéciaux pour les missions délicates, courtiers internationaux, actifs des services secrets.
Un deuxième cercle gravite autour du premier. Il est constitué de militaires de premier rang, d’experts de l’administration, des finances et du contrôle territorial, conseillers juridiques, politiques et diplomatiques, personnalités du parti dirigeant, experts de questions sensibles, etc.
Cette architecture constitue le noyau politique dirigeant où se tranchent les questions stratégiques liées au maintien de l’hégémonie politique sur la direction historique et culturelle du pays. C’est là qu’agissent les influences discrètes des réseaux et lobbies occidentaux et internationaux financiers, diplomatique et institutionnels pour faire avancer les différents agendas de la domination économique et culturelle, de la dépendance du pays au système capitaliste libéral mondial.
Le cercle des alliés politiques
Un dernier cercle ferme le tout, celui des alliances politiques de partis ou de regroupement de partis dits de soutien au gouvernement. La même logique d’intégration au pouvoir et de jouissance de privilèges anime ses membres. Ces ralliements de soutien de ces identités politiques ou associées à la majorité présidentielle viennent ainsi consolider l’hégémonie du système qui les soumet selon l’expression d’Abdoulaye Ly 1992[1] à « l’unanimisme autoritaire du présidentialisme », celui du maitre absolu à bord.
C’est donc cette architecture en trois niveaux de cercles concentriques qui constitue le bloc hégémonique d’Etat. Elle est la structure compradore de domination politique du pays. Autour d’elle et en son sein s’animent les réseaux multiples d’influence et de prédation des ressources du pays.
Les réseaux au cœur du pouvoir
En effet depuis le début des années 2000, en faveur de la mondialisation et de l’apparition de grands groupes privés, spéculateurs financiers dominants les bourses et les marchés financiers, une véritable économie mafieuse s’est constituée. L’Etat sénégalais et l’administration ont été infiltrés entre autres par des lobbies de blanchissement d’argent, de trafic de drogue et de faux billets, de produits pharmaceutiques et alimentaires, des réseaux actifs de spéculateurs fonciers et immobiliers.
Ces nouveaux fortunés, politiciens, affairistes, commerçants, courtiers, hommes de main, influenceurs, jet-ambianceurs, prostituées de luxe, aventuriers de tout bord, gravitent autour de l’Etat, s’introduisent subrepticement dans toutes les sphères de la haute administration, ont leur entrée glissante partout où se traitent les juteux marchés publics, nouent des relations de connivence et passent des deals sur le foncier, l’habitat, le commerce, les transactions de toutes sortes. Ils bénéficient de solides protections et accumulent ainsi de manière effrénée des richesses acquises en un temps record grâce à des arrangements sur des marchés publics, parfois de plusieurs dizaines ou centaines de milliards. Ils propagent ainsi au sein de l’Etat et de ses institutions des pratiques mafieuses corruptrices, une culture de la gabegie, de l’illicite et de la prédation. Les appétits voraces de ces groupes sont particulièrement aiguisés avec les perspectives des richesses du Sénégal en pétrole, gaz et en autres ressources minières et naturelles abondantes.
Il s’est donc opéré un changement dans la configuration du groupe dirigeant et le profil de ses membres à la faveur de ce nouvel environnement d’une économie néolibérale affairiste. L’éthique politique qui animait les hommes politiques au début de la formation de l’Etat a disparu avec l’hégémonie au sein de l’Etat d’un groupe, maillon des réseaux internationaux prédateurs. Le mode de gestion de type mafieux repose alors sur l’instrumentalisation de l’Assemblée nationale, de la magistrature et de l’administration, sur la corruption, la manipulation et l’usage de la violence répressive d’Etat.
La violence répressive, mode de gestion politique
Lorsque le pouvoir est concentré entre les mains d’un groupe restreint alors que la masse des administrés en éveil de conscience s’accroit en nombre, comme c’est le cas aujourd’hui avec l’irruption massive de la jeunesse sur la scène politique, alors s’applique la loi tendancielle au durcissement, à l’usage de la force répressive. Le masque de la République tombe et se révèle alors le visage du pouvoir de dictature de la minorité dominante, intraitable sur ses intérêts, prête à en découdre avec le peuple. L’Etat devient un appareil répressif et cesse de représenter les intérêts généraux de la société, d’être «l’expression politique officielle de la société civile», (Marx 1947 ).[2]
Il dévoile sa nature générique, celle d’être un instrument de domination d’une classe aux intérêts privés sur la société. La démocratie politique se révèle formelle et le système électoral, un mécanisme maquillé, assurant la légalité du maintien de la domination politique du groupe dirigeant. La République apparait alors, non comme celle du peuple souverain, protectrice des citoyens, mais celle des héritiers, des appartenances, des courtisans, des lobbies et réseaux mafieux. Face à cela et au nouveau leadership imparable d’Ousmane Sonko, président du parti Pastef, certains milieux du pouvoir ont même recours aux dangereuses manipulations ethnicistes et régionalistes et d’accusations de terrorisme dans le seul but d’affaiblir le mouvement et de dévoyer la nature politique du combat grandissant pour la souveraineté et la République.
Conjurer le spectre de la décadence
C’est pourquoi l’on assiste à une République du Sénégal défigurée, en proie à une profonde crise de légitimité et de gouvernance. La détérioration politique accélérée risque de faire basculer le pays dans l’irréparable. Samir Amin,[3] il y a de cela plusieurs décennies, établissait de manière documentée L’Afrique de l’Ouest bloquée et la faillite du développement en Afrique, du fait du modèle de développement dépendant et extraverti imposé et de la gouvernance prédatrice des élites compradores au pouvoir. Il en concluait dans l’avenir proche pour nos pays, la transition possible vers le socialisme ou la décadence. À présent, il urge de conjurer au Sénégal le spectre de la décadence qui a déchiré en lambeaux et meurtri des pays jadis beaux et dotés d’immenses ressources.
La refondation de l’État et de la République
La refondation de l’État et des institutions du pays, telle que les Assises nationales historiques de 2011 l’ont esquissé, est une tache politique sacrée. Le sauvetage et le renouveau si indispensables de notre pays, implique l’acte politique préalable inconditionnel d’abolition du présidentialisme de seigneur, de la République du monarque devenue une entrave au progrès général de la société.
Il est impérieux en effet de rationaliser, d’équilibrer et de pacifier l’espace politique pour réconcilier l’État et la société et engager ainsi le Sénégal dans le processus politique de reconquête de sa souveraineté confisquée. Le profond mouvement de résistance populaire patriotique et citoyenne en cours nous semble en porter les espoirs et la volonté ferme. Alors seulement serait envisageable le développement social et culturel intégral, le bien-être général dont le pays de la Téranga possède tous les atouts.
[1] Abdoulaye Ly 1992. Les regroupements politiques au Sénégal. 1956-1970. Chapitre L’unification et 2 le présidentialisme. Dakar. Codesria. P. 337.
2 Karl Marx. (1947). La Sainte famille. Œuvres philosophiques. Paris : éd. Costes.
3 Samir Amin 1971. L’Afrique de l’Ouest bloquée L’économiepolitique de la colonisation, 1880-1970. — Paris, Ed. de Minuit.
Samir Amin 1989. La faillite du développement en Afrique et dans le monde. Une analyse politique. Paris, éditions l’Harmattan.
par Jean Pierre Corréa
RECHERCHE HOMMES D’ÉTAT D’URGENCE
Dans ce Sénégal d’aujourd’hui, il n’y a pas d'Isaac Forster, pas de Monseigneur Thiandoum, pas de Kéba Mbaye, pas de Mame Abdou ni de Serigne Saliou, pour dire stop à un État qui ne doit agir que sur la base de sa force légitime
« Le concept de l'honnêteté ne veut plus rien dire. Il faut parler de légalité. C'est elle seule qui a le pouvoir de légitimer les formes les plus raffinées de la grande escroquerie que l'on nomme le commerce entre les hommes ». Albert Brie
Question subsidiaire pour vous ouvrir à mon tourment citoyen présent : « Dans quel journal, magazine, sur quelle radio ou télé, avez-vous lu ou entendu une offre d'emploi qui disait : cherchons d'urgence politicien ou homme politique » ?
Comment se défaire de la désagréable impression que nous sommes 17 millions de Sénégalais à être pris en otages par, allez… fourchette haute, … 30 politiciens qui pour la plupart, n’ont eu aucune incidence sur notre croissance, ni sur aucun indice de développement humain, mis à part le leur évidemment. Comment expliquer le fait que dans notre pays, les politiciens soient devenus soudainement plus riches que les entrepreneurs et les capitaines d’industrie ?
Tout commence en 2005, lorsque nous apprenons sidérés d’un CD funeste appelé lui et moi, qu’Abdoulaye Wade a eu à s’exclamer en pénétrant au Palais de la République, s’adressant à son meilleur des fils d’alors, Idrissa Seck : « Nos problèmes d’argent sont terminés ». Sentence agrémentée de la parabole nauséabonde du « partage du butin entre les grands bandits », prémisse d’un combat politico-judiciaire homérique et déjà disputé loin des arènes de l’essentiel, et qui posa comme paradigme définitif de la Res Publica, qu’il fallait emprunter les voies de la politique pour faire fortune et devenir quelqu’un, comme on dit. C’est à cet instant que le Sénégal a « changé d’auxiliaire ». Avant il fallait « être »… Depuis il est devenu urgent d’« avoir » pour … paraître. Aujourd’hui, le slogan SOPI qui nous avait semblé tellement chargé d’histoire, semble empreint d’un sentiment d’esbroufe, car si la longue marche de celui qui s’était, avec prétention vu en Mandela, avait été sincère, le siège historique du PDS serait devenu un musée et non une ruine, et ses membres ne se seraient pas parés de toutes les exubérantes nouveautés possibles, voitures neuves, maisons neuves, costumes neufs et même…femmes neuves ! Désagréable impression que ce long cheminement ne consistait en fait, qu’à se rapprocher du coffre-fort.
Au grand dam des Sénégalais, ils n’ont pas seulement fait de la politique un métier, ils en ont fait une rente. Et parfois, faisant de la honte un étendard, devenus députés par effraction, ils explosent les limites de la décence, atomisent les bornes du mauvais goût, et se transforment, bavant de vulgarité réjouie, en faux-monnayeurs décomplexés. Le pire, c’est qu’on ne leur en veut même pas, puisque peuple de receleurs que nous sommes, il nous arrive de profiter de leurs largesses lors de cérémonies où leur « générosité » est louée, voire sanctifiée par un « Bougazelli ? Aka Tabbé » !
Ceux qui se moquent des populations…sont presque dans la normalité. Avec eux, « y’a pas moyen », comme disent nos frères ivoiriens. La seule solution, c’est de les sortir du jeu, à défaut de les avoir « under control » avec des punitions implacables à la moindre déviation.
Il n’est en effet pas étonnant que nos problèmes d’argent soient justement plus cruciaux là où nos hommes politiques se sont embourbés. Ceux qui posent plus problèmes, sont les politiciens qui sont, sincèrement, nourris de bonnes intentions, mais pas toujours solides dans leurs convictions. Ils sont souvent rattrapés par la réalité surtout avec ses difficultés pour gérer le quotidien. Jusqu’ici très peu parmi eux ont pu tenir le cap vers leur idéal proclamé. Pourtant ils restent indispensables pour mener à bien la barque et tendre vers les objectifs qu’ils nous avaient proposés de suivre avec eux. Leurs versatilités ou leurs renoncements peuvent ralentir ou compromettre leur marche vers le but d’une société où justice, équité et éthique sont aux sommets des objectifs à atteindre. Ce serait plus facile si les moyens à distribuer étaient conséquents. Hélas dans nos pays cela suppose que nous produisions, que nous gérions et que nous redistribuions plus et surtout mieux. Or, promettre des emplois sans créer de travail, pousse évidemment nos hommes politiques à des incantations qui sont vite teintées du plus grossier des populismes.
Des Cissé Dia, des Cheikh Anta Diop, des Diallo Diop, des Yero Deh, des Sémou Pathé Guèye, des Mamadou Lamine Diallo, pour ne citer qu’eux parmi tous ceux qui méritent l’appellation de politiques, disons-le …ils ne courent pas les rues.
Notre pays est parti en vrille…Besoin urgent d’Hommes d’État.
Alors, pourquoi diantre, devrions-nous depuis des années n’avoir comme informations, à leurs yeux essentielles, que la chronique des désaccords et des confrontations de ces hommes politiques, qu’avec notre tendance « société de grand’place », nous n’aurons fait qu’amplifier, jusqu’à leur faire croire que leurs existences à elles-seules suffisaient à combler nos rêves et à nous faire croire aux hommes providentiels.
On va dans le mur, c'est inéluctable et c'est mérité ! Nous vivons dans un Sénégal inquiétant, où il est interdit de manifester et d’accompagner un candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2024, où nous voyons, sidérés des engins militaires stationnés à nos carrefours, donnant à notre capitale des allures de citadelle assiégée et en danger, du seul fait d’un affrontement entre un candidat déclaré et un candidat toujours putatif, dont on sait que la seule déclaration de candidature aurait des contours explosifs de déclaration de guerre contre une opinion, qui même silencieuse, en a ras-le bol qu’au lieu de dire au détenteur de la force de se calmer, on est là à dire aux faibles « taisez-vous » !
Le renseignement est mort, l'Etat est mort, on est en apnée pure et simple, confit dans ses anciens réflexes, et qui ignore que chaque génération est un nouveau peuple. Dans ce Sénégal d’aujourd’hui, il n’y a pas de Isaac Forster, pas de Monseigneur Thiandoum, pas de Kéba Mbaye, pas de Thierno Seydou Nourou Tall, pas de Mame Abdou ni de Serigne Saliou, pour dire stop à un État qui ne doit agir que sur la base de sa force légitime. Le monde n'a jamais été beau ! Mais l'Etat, le renseignement, étaient dans les mains d'hommes d'Etat.
Dans cette sinistre tragi-comédie, banalement et tristement sénégalaise, les citoyens souhaitent ardemment retrouver « l’État ». Dans toute sa puissance, et sans aucune faiblesse coupable. L’État aussi se doit d’être impitoyable, faire œuvre de justice rapidement, et ne surtout pas empêcher un exemplaire et dissuasif verdict.
Que désirent voir et sentir les Sénégalais ? De l’État ! Et « d’urgence » ! Ils veulent plus d’État pour stopper cette folklorisation obscène du politique, surtout télévisée, pour arrêter cette course en avant et cette surenchère qui nous mènent dans le mur. Ils veulent que leur État leur dise et leur rende visible ce « budget de guerre » de 1 000 milliards, qu’on imagine dilapidé et éloigne d’eux l’idée que ces milliards sont encore partis en « 4x4 », villas et épouses de luxe.
Ils veulent, ces Sénégalais, que leur État contraigne ces grosses multinationales auxquelles il a filé tous les gros marchés de notre émergence, de cotiser dans la caisse de notre économie exsangue, et aide plutôt notre « secteur privé » auquel il n’a laissé que les miettes du festin, à sortir de cette crise sans trop de casse.
Les Sénégalais attendent de l’État qu’il prenne urgemment d’importantes mesures sociales, avant que des « Hommes » ne deviennent des « loups » pour les autres hommes, et nous fassent côtoyer les abîmes de la barbarie, lorsque justement, « franchies les bornes, il n’y aurait plus de limites », permettant à toutes sortes de veuleries de se répandre dans un pays qui n’a absolument pas le temps de gérer la colère. Pour le coup, ce serait une énorme connerie.
par Ibrahima Nour Eddine DIAGNE
QUE GAGNE-T-ON À ENTREPRENDRE ?
À la sortie des études, on rêve souvent d’entreprendre pour donner libre cours à sa créativité et ne pas s’enfermer dans le carcan d’un employeur. En créant son entreprise et en recevant les documents de sa constitution, on sent en nous l’enthousiasme.
À la sortie des études, on rêve souvent d’entreprendre pour donner libre cours à sa créativité et ne pas s’enfermer dans le carcan d’un employeur.
En créant son entreprise et en recevant les documents de sa constitution, on sent en nous l’enthousiasme de quelqu’un qui a accompli plus de la moitié du chemin. A la première commande, on est presqu’en extase. On sent la réussite et on commence à la vivre.
Hélas, la saison qui suit est souvent celle des premiers doutes. On regarde le niveau des charges et le niveau des commandes et on se dit qu’il y a quelque chose de troublant.
On n’a pas encore la lucidité de procéder aux ajustements, encore moins le courage de l’abandon ou du changement de cap.
On persiste donc. On s’endette, on se nourrit de promesses, on se rassure avec des encouragements venant de proches et on maintient le cap.
Vient alors la troisième saison. Celle où on est littéralement en faillite mais on est encore incapable d’en prendre conscience car on assimile la faillite à l’échec.
On persiste mais la machine de l’enthousiasme se grippe. Le personnel s’effrite, les huissiers défilent et on commence à sombrer dans une forme de dépression. On perd confiance, on souffre du regard des autres et on finit malgré tout, par déposer les armes, les larmes en perles et l’âme en berne.
Ce que je viens de décrire est la classe préparatoire de l’entreprenariat. Ça veut dire qu’elle n’est pas un passage obligatoire. Si vous tenez à entreprendre et à réussir, il y a quelques principes qu’il me semble nécessaire de considérer :
1. Ne faites pas ce que vous aimez, faites ce que vos clients aiment et que vous savez faire.
2. Ne cherchez pas à faire beaucoup de choses. Focalisez-vous sur une chose et visez l’excellence dans cette chose.
3. Apprenez à reconnaître les moments. Ne persistez pas quand persister vous dévore. Ne lâchez pas non plus lorsque vous êtes à quelques berges du graal.
4. Ne comptez jamais sur des promesses pour maintenir artificiellement votre entreprise.
5. Cherchez des partenaires plutôt que des salariés, car partager et mieux que payer. Tuez les charges et s’il le faut, travaillez dans le café du coin.
6. Sachez que les clients sont plus attachés à la beauté des choses qu’à leur utilité.
7. En fixant vos prix, ne pensez ni à votre dernier I-phone ni à votre dernier bonbon. Soyez réaliste.
8. Sachez que souvent votre 1er concurrent, c’est votre entêtement et qu’il est aussi votre principal atout.
9. Cherchez des sources d’inspiration, mais évitez de faire des R.S. le temple de vos évidences.
10. Mesurez vos forces pour mieux les valoriser. Si votre point fort c’est les idées, ne vous associez pas à quelqu’un qui en déborde et qui a les poches vides. A la fin de la journée, comprenez que le salariat comme l’entreprenariat sont 2 facettes d’une même réalité : L’ACCOMPLISSEMENT.
Ibrahima Nour Eddine DIAGNE
Administrateur Général de GAINDE 2000
Texte Collectif
APPEL À UNE GAUCHE PLURIELLE
L’histoire de la Gauche sénégalaise a toujours été une histoire de division et de dispersion. Le contexte international, les récents développements inquiétants de notre situation nationale, constituent un motif supplémentaire de se retrouver
Même si les forces de Gauche ont uni leurs efforts dans les différentes dynamiques pour la tenue des Assises nationales, la mise en place du M23 comme des coalitions pour l’avènement de la première et de la deuxième alternance, même si ses composantes ont toujours fait preuve de détermination et d’engagement jusqu’au sacrifice suprême, en vue de porter leur part de charge dans le combat pour l’indépendance, la démocratie et la justice sociale dans notre pays, et ce depuis la période coloniale jusqu’à nos jours, l’histoire de la Gauche sénégalaise, dans toutes ses nuances, a toujours été une histoire de division et de dispersion.
C’est ainsi qu’à l’heure actuelle les organisations se réclamant de la Gauche, à cause de leur division, se sont retrouvées trop faibles pour pouvoir peser sur le cours politique de notre pays.
Si l’unité de la Gauche a toujours été une préoccupation permanente de nos différentes organisations, elle est devenue, aujourd’hui, une urgence, un impératif catégorique.
Le contexte international et africain actuel, les récents développements inquiétants de notre situation nationale, constituent un motif supplémentaire et suffisant pour les forces de Gauche de se retrouver.
Elles sont condamnées à réaliser leur unité afin d’être en mesure de jouer pleinement le rôle qui est attendu d’elles. Face à cette situation, elles sont appelées à prendre leurs responsabilités.
C’est pourquoi, des forces de Gauche de notre pays, communistes, socialistes, socio-démocrates, nationalistes, écologistes ont décidé :
1°) de construire une nouvelle Gauche plurielle, unie, démocratique, laïque et panafricaniste, ouverte et inclusive, autour des conclusions des Assises nationales avec un discours nouveau et des méthodes nouvelles ;
2°) d’organiser les Assises de la Gauche plurielle sur la base de termes de références consensuels afin de créer une vaste organisation des partis et mouvements de la Gauche plurielle. Ces Assises seront aussi l’occasion d’aborder toutes les questions politiques, juridiques, économiques, sociales et culturelles qui agitent le pays ;
3°) de lancer un appel pressant à toutes les organisations et individualités intéressées à rejoindre notre initiative afin de mettre un coup d’arrêt à la division et à la dispersion de la Gauche, pour permettre à celle-ci de jouer un rôle de défenseur conséquent de la démocratie, de la République, de l’Etat de droit, de la stabilité et de la paix civile pour notre cher Sénégal et pour l’Afrique, dans la perspective des Etats Unis du continent.
C’est le lieu, ici, de souligner avec force que l’unification souhaitée, pour être féconde et porteuse, devra s’appuyer sur les idéaux, les valeurs et les principes de Gauche comme la générosité, l’humanisme, la solidarité, le partage, la justice sociale, l’égalité, le refus de l’oppression et de l’exploitation ainsi que la défense des couches défavorisées.
Il importe plus que jamais de mettre au cœur de la politique l’éthique, la responsabilité, le respect dû au citoyen et la primauté absolue de l’intérêt général, de l’intérêt du peuple.