TOMBEZ VOS CARTES DE PRESSE ET PRENEZ NOS CARTES DE PRECHE !
Quel avenir pour le journalisme au Sahel? Pourquoi les journalistes sont-ils devenus encombrants pour les militaires maliens et Burkinabé? Qu'est-ce qui explique le soutien presque aveugle des activistes aux juntes? Réponses d'un journaliste burkinabé
Il est devenu de plus en plus difficile d’exercer le métier de journalisme en toute liberté au pays des Hommes intègres et dans beaucoup de pays du Sahel en général. En effet, depuis l’avènement des militaires au pouvoir, la liberté de presse est de plus en plus restreinte. C'est ce que nous explique Serge Oulon, ce professionnel des médias venu à Dakar dans le cadre de la publication du rapport de Reporters sans frontières.
Les militaires, au Burkina comme au Mali, exigent un devoir de bienveillance, de docilité des journalistes à leur endroit, en prétextant la particularité contexte sécuritaire fragile. Pendant ce temps, eux militaires, peuvent commettre en toute discrétion des exactions ou des bavures, en tentant de riposter contre les attaques terroristes. Ce faisant, c'est tout comme si les désormais, on demandait aux journalistes de tomber leurs cartes de presse pour se munir des cartes de prêche des militaires et autres dirigeants du Sahel. Puisque ce n'est plus toute la vérité qu'il faut sortir, mais celles voulues de tout cœur par les dirigeants aussi bien civiles et militaires. Le cas du Burkina est très préoccupant au vu du bel exemple qu'il fut.
Longtemps bien classé en matière de la liberté de la presse, le Burkina Faso, pays de Norbert Zongo, se porte de moins en moins bien. En effet selon les différents classements précédents de Reporters sans frontières avant l’avènement des militaires, le Burkina a souvent été premier en Afrique Francophonie et souvent parmi les 5 premiers du continent au cours des 5 dernières années.
Mais force est de constater que ce bon ranking semble appartenir désormais au passé. La preuve en mai 2022, journée mondiale de la liberté de la presse, le rapport de Reporters sans frontières a classé le Burkina à la 41è place mondiale alors qu’un an, plus tôt, le pays était 37 è sur 180 pays. Soit 4 places de perdues, selon la VOA Afrique et la tendance se poursuit encore.
D’ailleurs, il y a presque un an, des journalistes burkinabé défonçaient le fait que depuis les coups d’État qui se sont succédé, les différentes audiences accordées par des autorités de transition ne sont pas couvertes par les journalistes au palais de Kossyam parce qu’ils ne sont pas invités. En revanche, les militaires préparent du prêt à consommer pour envoyer aux journalistes. C'est un peu comme les militaires prenaient la plus en lieu et place des professionnels dédiés.
Paradoxalement, dans ce même contexte, les activistes soutiennent sans nuances les militaires même quand ceux-ci commettent des bévues et livrent les médias à la vindicte populaire via les réseaux sociaux.
IDY VIRE YANKHOBA DIATTARA COMME DEUXIÈME VICE-PRESIDENT DE REWMI
Le ministre Yankhoba Diattara est-il sur le point de tourner le dos à son mentor Idrissa Seck pour continuer à profiter des privilèges de membre du gouvernement comme ce fut le cas de ses anciens camarades Pape Diouf et Oumar Guèye?
Le ministre des Sports Yankhoba Diattara a été limogé de son poste de 2e vice-président du parti Rewmi peu après avoir théorisé la validité juridique de la 3ème candidature du Président Macky Sall en 2024. Dans un communiqué rendu public hier, mardi 4 avril, le Secrétaire général du parti, Matar Sèye a informé de la nomination du Dr Abdoulaye Ndoye, coordonnateur départemental de Saint Louis comme nouveau 2e vice-président du parti.
Le ministre Yankhoba Diattara est-il sur le point de tourner le dos à son mentor Idrissa Seck pour continuer à profiter des privilèges de membre du gouvernement comme ce fut le cas de ses anciens camarades Pape Diouf et Oumar Guèye? Tout porte à leur croire si on s’en tient au dernier développement des évènements au sein du parti Rewmi. En effet, dans un communiqué rendu public hier, mardi 4 avril signé par le Secrétariat général du parti, Matar Sèye, au nom d’Idrissa Seck, président dudit parti, a informé du limogeage de l’actuel ministre des Sports Yankhoba Diattara de son poste de 2e vice-président du parti « Le président du parti Rewmi, Idrissa Seck, en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés, par les statuts et règlements intérieurs du parti, décide : Monsieur Abdoulaye Ndoye, coordonnateur départemental de Saint Louis, est nommé 2e vice-président du parti, en remplacement de Monsieur Yankhoba Diattara », informe ce document transmis à notre rédaction.
A travers cette décision, Idrissa Seck semble donner un signal fort concernant sa position ferme contre une éventuelle 3ème candidature de l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall à la présidentielle de 2024. Et pour cause, tout porte à croire que ce limogeage du ministre Yankhoba Diattara est lié à sa récente sortie au cours de laquelle il avait défendu la troisième candidature du président Macky Sall.
Invité sur le plateau d’une télévision, lundi 3 avril, pour les besoins de l’analyse du discours à la nation du chef de l’Etat, Yankhoba Diattara avait soutenu que le « 3e mandat du président Macky Sall est juridiquement valable ». Selon lui, « Macky Sall a droit à un deuxième quinquennat ». Il faut dire que de par cette sortie, Yankhoba Diattara prend ainsi officiellement le contrepied de son mentor et président de Rewmi qui soutient le contraire.
MACKY VISE UNE ARMEE BEAUCOUP PLUS FORTE
Le président de la République, Macky Sall, s’engage à poursuivre l’acquisition de matériels pour les Forces armées afin d’accroitre la sécurisation des personnes et des biens
Le président de la République, Macky Sall, s’engage à poursuivre l’acquisition de matériels pour les Forces armées afin d’accroitre la sécurisation des personnes et des biens. En présidant hier, mardi 4 avril, la célébration du 63ème anniversaire de l’indépendance du Sénégal, il a promis l’achat de nouveaux équipements militaires pour mieux répondre à cet objectif.
L e président de la République, Macky Sall, a présidé hier, mardi 4 avril, la cérémonie commémorative du 63ème anniversaire de l’indépendance du Sénégal. Prenant la parole après la parade militaire et civile, en grand format sur le boulevard Général De Gaulle. Il a salué la prestation des défilants. A l’occasion, le président Macky Sall s’est aussi engagé poursuivre la modernisation des moyens matériels de l’Armée nationale. «Je poursuivrai les efforts d’équipement pour doter les Forces de Défense et de Sécurité de matériels toujours plus modernes et toujours plus adaptés aux situations», a promis le président Macky Sall qui s’engage, par ailleurs, à appuyer les hommes. «Je n’oublie pas le personnel. Je salue leur engagement, malgré l’univers fait de dangers et de risques propres au métier des Armées. Je veillerai continuellement à l’amélioration des conditions matérielles et morales», a-t-il ajouté, en promettant une revalorisation salariale.
Un retour du défilé en grande pompe, après trois (3) années de pause, «a servi d’occasion pour montrer la force des différentes composantes de la défense», a jugé le président de la république Macky Sall. Mieux a-t-il relevé, «le défilé prouve que le Sénégal a pris les devants et est prêt à faire face à toute sorte de menaces, pour une stabilité nationale et la préservation des ressources naturelles».
Saluant toujours la prestation des militaires, le président Macky Sall trouve que, «chaque année, nous observons des améliorations dans l’organisation et la qualité des prestations. Ce qui montre l’esprit perfectionniste des militaires».
Toujours, de l’avis du président de la République, «l’allure et la prestance rassurent sur le niveau d’entrainement et de cohésion des unités. Assurément, nos Forces de Défense et de Sécurité, possèdent les capacités propres à assurer la paix et la sécurité dans notre pays». La célébration du 63ème anniversaire de l’indépendance de notre pays s’est faite avec des innovations. Cette année, les voitures présidentielles ont été sorties de leur garage, au Musée des Armées, et présentées au public. Avec à bord les meilleurs élèves de la classe de Cm2, des villes d’origine des différents présidents, ils ont défilé sur le boulevard Général de Gaulle.
La prestation des civils, avec la prestation des élèves des communes, les majorettes du lycée John Fitzgerald Kennedy et du collège Notre Dame du Liban, a encore marqué l’évènement. Les Forces de Défense et de Sécurité ont livré une parade de haute facture. Le défilé motorisé a permis l’exhibition des nouvelles acquisitions et d’une partie de l’arsenal militaire. A pied, différentes factions ont marqué le pas, devant les autorités dont le chef suprême des Armées. Les commandos et les parachutistes ont ravi les spectateurs.
Par Vieux SAVANÉ
SENGHOR
A travers cette biographie, Elara Bertho, chargée de recherches au CNRS, retrace le parcours improbable d’un homme, dont les trois noms, comme une manifestation destinale, « déclinent les différentes facettes d’une identité complexe
A travers cette biographie, Elara Bertho, chargée de recherches au CNRS, retrace le parcours improbable d’un homme, dont les trois noms, comme une manifestation destinale, « déclinent les différentes facettes d’une identité complexe, faite de croisements et de superpositions de culture ». Léopold, un prénom chrétien dans un environnement majoritairement musulman, suivi de Sédar, de son ethnie sérère, dont il dit avoir hérité de sa mère, qui voulait ainsi " moquer sa fragilité de nourrisson, osant apparaître si laid à la lumière du jour". Senghor enfin, un nom de famille dont l’origine remonterait aux comptoirs portugais du XVIe siècle. Alors que son rêve de devenir prêtre sera contrarié, le " fils du traitant", Basile Diogaye, et de Gnylane Bakhoum, fille du chef de village de Djilor, va dérouler d'autres opportunités. Brillant élève, il se retrouvera à Paris, une ville qu’il rêvait de visiter mais qui va se révéler aux antipodes de ses attentes. Hormis le désenchantement né de la grisaille, du froid et de la solitude, Paris sera aussi pour Senghor l’occasion de baigner notamment avec son ami Césaire, dans « un univers d'intense activité intellectuelle et d’exaltation de la diversité, au milieu d'un océan d'indifférence par le sort des colonisés ".
On en apprend sur l'évolution et la transformation d'un homme qui se projetait dans l'intellectualité et dont la trajectoire va bifurquer à travers les sentiers sinueux de la politique. Il y développera pourtant des capacités insoupçonnées structurées autour du viatique : "Assimiler, ne pas être assimilé ". Voilà ce qui va l’animer dans son désir d’élaborer un partenariat gagnant-gagnant qui se meut au rythme du "donner et recevoir", en contestation d'un centre hégémonique. Tout cela porté par un désir de négritude, une sensibilité panafricaine, au service d'une perspective socialiste revisitée, non pas à l'aune du marxisme, mais des réalités endogènes. Face à l'ancienne puissance impériale, l’option senghorienne de se battre pour une unité forte avec l'émergence d'une fédération d'Etats africains ne va pas se matérialiser, laissant place à une fragmentation qui va contribuer à la fragilisation du continent. Poète dans l'âme, tombé en politique, comme enserré dans les mailles de l'inéluctable, il sera confronté à l'exercice du pouvoir.
Avec Mamadou Dia, il va constituer « un tandem de choc » au service d'une vision partagée, le socialisme africain. Toutefois, les mourides qui contrôlaient la monoculture arachidière voient d'un mauvais oeil l’amorce d’une politique de diversification et d’autonomie, avec la multiplication de coopératives paysannes, qui toutes visaient à se distancier de l’économie de traite qui mettait le Sénégal à la merci de l’ancienne puissance coloniale. Les grandes lignées maraboutiques, les élites sénégalaises, les grands groupes d'exports français qui se sentaient sous la menace d'une politique volontariste centrée sur les intérêts de la grande majorité, à savoir la paysannerie, seront à la manoeuvre. Le tandem Dia/Senghor va alors se fissurer, mis à mal par la levée de boucliers de ces derniers. En décembre 1962 Dia sera défait de manière brutale et inattendue, victime d’une naïveté qui se donnait sous la forme d’une loyauté absolue en amitié. Avec quatre de ses ministres, ils sont embastillés, soumis à de rudes conditions de détention. Les intérêts français et maraboutiques vont en profiter pour reprendre des couleurs. La voie étant désormais libre, Senghor qui s’est révélé un calculateur froid, politicien aguerri, dira-t-on aujourd’hui, va se livrer à un exercice solitaire et autoritaire du pouvoir organisé autour du parti unique, avec une opposition muselée, une liberté d’expression comprimée, sur fond de reniement des actions amorcées au plan économique. Paradoxalement, une ouverture se fait en 1966, par le biais de la culture, avec l'organisation du retentissant Festival mondial des Arts nègres. Les retombées seront de courte durée. En 1968, le pays est secoué par une forte contestation estudiantine suivie d'une répression musclée. Senghor va bénéficier du soutien de l'armée et des confréries, de l'aide du contingent militaire français. Bien qu’ébranlé, il arrive à conserver le pouvoir. Une ouverture s’en suit, desserrant la concentration présidentielle du pouvoir avec la nomination d’un Premier ministre.
Bien qu'il soit comptable d’un bilan quelque peu contrasté, Senghor qui annonce publiquement, le 31 décembre 1980, sa démission en faveur d’Abdou Diouf, aura participé à poser des fondations solides dans l'œuvre d'édification et de construction de la nation sénégalaise. Il a jeté les bases dune société enracinée dans ses valeurs, capable de faire monde ensemble, dans un dialogue fécond ; contribué à l’élaboration d’une administration et d’une armée républicaine, sans oublier la mise en oeuvre d’une laïcité tempérée adaptée au mode d'être et de faire local.
Tout sobrement intitulé « Senghor », l’ouvrage écrit par Elara Bertho, tombe donc à pic, en ce 63 anniversaire de l’indépendance.
Loin de l’hagiograhie et des anathèmes, Elara Bertho s’est essayée avec bonheur à la manifestation d’un destin singulier en évitant de réduire une pensée complexe à une sommation de formules toutes faites qui n’en disent rien sinon que de la caricaturer. A travers son ouvrage, elle invite à « prendre le temps de lire et de comprendre » Senghor , aussi bien que la brûlante actualité de sa pensée.
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FAIRE-PAYS, ÉLOGE DE LA RESPONSABILISATION
Une lecture des extraits de "Faire-Pays, éloge de la responsabilisation" et de sa "déclaration" par des artistes, comédiens, comédiennes
Une lecture des extraits de "Faire-Pays, éloge de la responsabilisation" et de sa "déclaration" par des artistes, comédiens, comédiennes.
par Oumou Wane
MACKY SALL, SEUL MAITRE À BORD ?
Avoir assisté parmi cette foule bigarrée de Sénégalais à ce défilé prestigieux de civils et de militaires m’a redonné foi en l’avenir de notre pays. Mais demain, nous attendons de lui et de nos dirigeants en général, qu’ils nous parlent et nous écoutent
C’est notre fête aujourd’hui, notre « Independance Day », notre « 14 juillet ». Le Sénégal célèbre ce mardi 4 avril 2023 le 63ème anniversaire de son accession à la souveraineté internationale.
Dieu sait que nous Sénégalais avons des choses à nous dire et à fêter à cette occasion ! Tenter de passer d’un présent divisé à un avenir partagé, trouver une alternative réaliste pour échapper à l’escalade de la violence…tout un programme !
Pourtant cette belle fête symbolique de notre souveraineté retrouvée est boycottée par l’opposition politique.
Regardons les choses en face, le Sénégal n’a jamais cristallisé autant de tensions politiques et notre pays, réputé pour sa stabilité et son modèle démocratique, est aujourd’hui chahuté par des vagues furieuses qui frappent et rongent ses pieux de jeune nation, nous donnant de sérieuses raisons de nous inquiéter.
Au cours de son traditionnel message à la nation, le chef de l’État, en invoquant l’« héritage » et la « sagesse » des anciens pour « surmonter » les « différences », a réitéré son appel à la tolérance et à l’ouverture, en se disant «ouvert au dialogue». Depuis de nombreuses années, Macky Sall a tenté de nouer un dialogue apaisé avec les forces vives du pays, mais toujours en vain. Il y a bien longtemps que la coalition de l’opposition a coupé les ponts avec le pouvoir. La violence, dans les actes comme dans les mots, semble la seule voix d’échange possible.
La stratégie de la tension permanente avec ses discours va-t-en-guerre, proclamés par certains activistes identitaires à moins d’un an de l’élection présidentielle, ne nous permet plus d’y voir clair, nous le peuple souverain, dans nos choix pour l’avenir.
Les émeutes de mars 2021 qui avaient fait 14 morts, imposent à l’État le devoir d’assurer totalement et entièrement la sécurité des populations tout en respectant le droit de tout un chacun. C’est là que le bât blesse et a surtout blessé. Ci-git le point d’Achille de notre président qui ne relève somme toute que de la perception et de la communication ordinaires dont il nous a sevré depuis onze ans avec ses mauvais castings. Mais il a fait comme il a pu avec les moyens du bord.
À l'approche de la présidentielle de 2024, les tensions qui s'amplifient de nouveau, divisent les Sénégalais. Si la classe politique tout entière est un désastre pointé et pointu dans notre pays, la société, elle, entend ne pas souffler sur les braises sociales de façon à instrumentaliser la rue pour arriver à ses fins.
Macky Sall pour sa part, considère peut-être que la sécurité de notre pays ainsi que son développement économique et social exigent la stabilité politique que seul son régime peut véritablement assurer avec efficacité à ce stade.
Oui ! Il est pétri de sa mission pour le Sénégal et sa grande hantise aujourd’hui c’est de voir notre pays sombrer comme certains de nos voisins dans le chaos. Des aéroports déserts, des investisseurs absents, des infrastructures en rade…ce serait son échec.
Aujourd’hui, à l’occasion de notre fête nationale, il y a toujours chez le père de notre nation le souhait de rassembler sa famille dispersée, ses proches éprouvés, ses enfants écorchés et dissipés, une fibre qui lie le président de la République à son peuple. Macky Sall aime profondément son peuple mais ne sait pas comment l’exprimer. D’avoir assisté ce matin parmi cette foule bigarrée de Sénégalais à ce défilé prestigieux de civils et de militaires m’a redonné foi en l’avenir de notre pays. Mais demain, nous attendons de lui et de nos dirigeants en général, qu’ils nous parlent, et surtout qu’ils nous écoutent.
L’avenir d’un pays c’est sa jeunesse. Nos jeunes seront bien plus utiles chez nous que sur les mauvais chemins de l’émigration à entretenir des drames humains.
Je le dis donc ici comme je le pense.
Non ! Macky Sall n’est pas toujours irréprochable et je considère que cette dureté inutile endommage son image.
Mais oui, la densité de sa charge est telle qu’il est amené à gérer les priorités. Pourtant il doit désormais se consacrer à son devoir d’humanité envers son peuple et envers sa jeunesse, à qui il doit transmettre sa foi dans la possibilité de changer les choses.
Macky Sall se verrait bien en réconciliateur d’un pays batailleur qui préfère fronder les autorités et en contester la légitimité, plutôt que d’aller de l’avant et de se développer.
Qu’il se rassure car une chose est certaine, aujourd’hui, en matière de stabilité sociale et économique, de sécurité intérieure et de crédibilité internationale, il est le seul maître à bord. Sacré Macky !
par l'éditorialiste de seneplus, félix atchadé
UN VERDICT ET DES QUESTIONS
EXCLUSIF SENEPLUS - Quel préjudice répare la compensation financière octroyée à Mame Mbaye Niang ? Est-ce celui lié à son honneur ou à son patrimoine ? Ce niveau de dommages-intérêts est choquant à plusieurs titres
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 04/04/2023
Le procès en première instance opposant Mame Mbaye Niang, le ministre du Tourisme à Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor et principal animateur de la coalition Yewi Askan Wi (YAW), la première force d’opposition au parlement sénégalais, vient de connaître son épilogue. Le maire de Ziguinchor a été condamné pour diffamation à deux mois de prison avec sursis, 100 000 francs CFA d’amende et 200 millions de francs CFA de dommages et intérêts. Il était poursuivi pour « diffamation, injure publique et faux et usage de faux » pour avoir déclaré le 21 novembre 2022 lors d’un point de presse de la coalition YAW que le ministre Niang a été « épinglé par un rapport de l’Inspection générale d’État ». L’audience du 30 mars 2023 met un terme provisoire à un processus mené au pas de charge et à très grande vitesse comme dame justice sénégalaise sait si bien le faire quand un opposant de premier plan doit être mis hors d’état de nuire aux intérêts politiques du pouvoir. Le verdict a été prononcé en l’absence du prévenu — en arrêt maladie suites aux sévices subis le 16 mars 2023 —, et de ses conseils qui avaient décidé de quitter la salle d’audience peu de temps après le début des débats pour ne pas donner « caution à une situation anormale » et entériner un « sort judiciaire déjà scellé ».
Quelle idée de justice sous-tend le verdict ?
Pour laver son « honneur », Mame Mbaye Nang réclamait à titre de dommages et intérêts 29 milliards de francs CFA (44 millions d’euros ou 48 millions de dollars). À titre de comparaison, le budget 2023 du ministère de la Culture et du Patrimoine historique est arrêté à la somme de 19 575 105 951 FCFA en autorisations d’engagement soit 10 milliards de moins. Le ministère public quant lui, a requis deux ans de prison, dont un an ferme pour diffamation et deux ans, dont un ferme pour faux et usage de faux, et trois mois ferme pour injures. L’un des enjeux du verdict de ce procès était le degré de sévérité de la peine en cas de condamnation : au-delà d’un certain seuil, le condamné est privé de son droit de vote et d’éligibilité. Mame Mbaye Niang et le camp présidentiel ne cachaient pas leur préférence pour ce scénario. Le jugement a été rendu dans un tribunal et une capitale placée sous très haute sécurité. Dakar a tourné au ralenti, avec commerces et écoles fermées, transports suspendus, ou encore interdiction de circuler pour les motos par crainte de troubles.
La Cour a octroyé à monsieur Niang 200 millions de francs CFA (300 000 euros ou 332 000 us dollars), cette somme représente moins de 1 % de ses prétentions, mais constitue une véritable fortune dans un pays où plus du tiers de la population (6,3 millions de personnes) vit avec moins de 2000 francs CFA par jour. Le montant qui lui a été alloué représente plus de deux siècles de revenus d’un Sénégalais vivant sous le seuil de pauvreté. Cette somme est largement supérieure aux revenus cumulés sur toute sa carrière d’un instituteur et est équivalente au salaire annuel de 285 travailleurs payés au SMIG.
Ces constats faits, la question légitime qui s’impose au citoyen est de savoir quel préjudice répare la compensation financière octroyée à Mame Mbaye Niang. Est-ce celui lié à son honneur ou à son patrimoine ? Il ne peut pas s’agir de son patrimoine, car les propos d’Ousmane Sonko n’ont eu aucune incidence sur sa carrière ministérielle. Il est resté ministre tout au long de la procédure. Les seuls frais pouvant grever les revenus de monsieur Niang sont ceux de justice. Est-ce le préjudice moral que le juge a ordonné de compenser ? Sa représentativité politique et électorale a-t-elle joué ? Ce serait bien chèrement payé. Il y a tout juste un an, avec moins de 1% il échouait à se faire élire conseiller municipal de Dakar.
Ce niveau de dommages-intérêts est choquant à plusieurs titres. Il est sans commune mesure avec ce que le marché assurantiel propose en matière de préjudice moral (deux fois le SMIG sous condition). Et il ne se base sur aucun élément objectif (expertise médico-psychologique). Alors que le travail est misérablement payé, ce niveau de compensation du préjudice lié à « l’honneur » bafoué est révoltant. Le message explicite de cette décision est qu’il est plus rentable de monnayer son honneur que de vendre sa force de travail.
Gouvernement de mission anti-Sonko
L’attitude de Mame Mbaye Niang et ses nombreuses prises de parole entre le dépôt de plainte et le procès ne plaident pas en faveur d’un préjudice moral. Monsieur Niang a multiplié les sorties médiatiques pour évoquer sa plainte. Il en a tiré un gain politique et a plus parlé de ce sujet que de sa mission ministérielle. Sa stratégie a consisté à saisir l’occasion du procès pour causer la ruine pécuniaire et politique d’Ousmane Sonko. Il ne s’en est pas caché puisqu’au lendemain du verdict, il a tenu une conférence de presse pour annoncer qu’il interjette appel et que « Sonko n’a pas encore échappé à inéligibilité » et qu’il veut que la « peine soit beaucoup plus conséquente ». Très en verve durant la conférence de presse, il a dit qu’il va demander à un huissier de « saisir la maison » d’Ousmane Sonko.
Dans le camp présidentiel, le patrimoine et la famille du maire de Ziguinchor sont devenus un enjeu politique voire un programme gouvernemental. Après le ministre de la Jeunesse qui promet « d’hériter de sa femme » à sa mort, c’est le ministre du Tourisme qui veut mettre la main sur sa maison. Le président Abdou Diouf avait inventé le concept de « gouvernement de majorité présidentielle élargie » pour créer un consensus national pour affronter les difficultés liées au programme d’ajustement structurel. En pleine crise économique, le président Macky Sall nous impose le « gouvernement il faut anéantir Ousmane Sonko ».
Qu’avons-nous fait au Bon Dieu pour mériter cela ?