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11 août 2025
IDY VIRE YANKHOBA DIATTARA COMME DEUXIÈME VICE-PRESIDENT DE REWMI
Le ministre Yankhoba Diattara est-il sur le point de tourner le dos à son mentor Idrissa Seck pour continuer à profiter des privilèges de membre du gouvernement comme ce fut le cas de ses anciens camarades Pape Diouf et Oumar Guèye?
Le ministre des Sports Yankhoba Diattara a été limogé de son poste de 2e vice-président du parti Rewmi peu après avoir théorisé la validité juridique de la 3ème candidature du Président Macky Sall en 2024. Dans un communiqué rendu public hier, mardi 4 avril, le Secrétaire général du parti, Matar Sèye a informé de la nomination du Dr Abdoulaye Ndoye, coordonnateur départemental de Saint Louis comme nouveau 2e vice-président du parti.
Le ministre Yankhoba Diattara est-il sur le point de tourner le dos à son mentor Idrissa Seck pour continuer à profiter des privilèges de membre du gouvernement comme ce fut le cas de ses anciens camarades Pape Diouf et Oumar Guèye? Tout porte à leur croire si on s’en tient au dernier développement des évènements au sein du parti Rewmi. En effet, dans un communiqué rendu public hier, mardi 4 avril signé par le Secrétariat général du parti, Matar Sèye, au nom d’Idrissa Seck, président dudit parti, a informé du limogeage de l’actuel ministre des Sports Yankhoba Diattara de son poste de 2e vice-président du parti « Le président du parti Rewmi, Idrissa Seck, en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés, par les statuts et règlements intérieurs du parti, décide : Monsieur Abdoulaye Ndoye, coordonnateur départemental de Saint Louis, est nommé 2e vice-président du parti, en remplacement de Monsieur Yankhoba Diattara », informe ce document transmis à notre rédaction.
A travers cette décision, Idrissa Seck semble donner un signal fort concernant sa position ferme contre une éventuelle 3ème candidature de l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall à la présidentielle de 2024. Et pour cause, tout porte à croire que ce limogeage du ministre Yankhoba Diattara est lié à sa récente sortie au cours de laquelle il avait défendu la troisième candidature du président Macky Sall.
Invité sur le plateau d’une télévision, lundi 3 avril, pour les besoins de l’analyse du discours à la nation du chef de l’Etat, Yankhoba Diattara avait soutenu que le « 3e mandat du président Macky Sall est juridiquement valable ». Selon lui, « Macky Sall a droit à un deuxième quinquennat ». Il faut dire que de par cette sortie, Yankhoba Diattara prend ainsi officiellement le contrepied de son mentor et président de Rewmi qui soutient le contraire.
MACKY VISE UNE ARMEE BEAUCOUP PLUS FORTE
Le président de la République, Macky Sall, s’engage à poursuivre l’acquisition de matériels pour les Forces armées afin d’accroitre la sécurisation des personnes et des biens
Le président de la République, Macky Sall, s’engage à poursuivre l’acquisition de matériels pour les Forces armées afin d’accroitre la sécurisation des personnes et des biens. En présidant hier, mardi 4 avril, la célébration du 63ème anniversaire de l’indépendance du Sénégal, il a promis l’achat de nouveaux équipements militaires pour mieux répondre à cet objectif.
L e président de la République, Macky Sall, a présidé hier, mardi 4 avril, la cérémonie commémorative du 63ème anniversaire de l’indépendance du Sénégal. Prenant la parole après la parade militaire et civile, en grand format sur le boulevard Général De Gaulle. Il a salué la prestation des défilants. A l’occasion, le président Macky Sall s’est aussi engagé poursuivre la modernisation des moyens matériels de l’Armée nationale. «Je poursuivrai les efforts d’équipement pour doter les Forces de Défense et de Sécurité de matériels toujours plus modernes et toujours plus adaptés aux situations», a promis le président Macky Sall qui s’engage, par ailleurs, à appuyer les hommes. «Je n’oublie pas le personnel. Je salue leur engagement, malgré l’univers fait de dangers et de risques propres au métier des Armées. Je veillerai continuellement à l’amélioration des conditions matérielles et morales», a-t-il ajouté, en promettant une revalorisation salariale.
Un retour du défilé en grande pompe, après trois (3) années de pause, «a servi d’occasion pour montrer la force des différentes composantes de la défense», a jugé le président de la république Macky Sall. Mieux a-t-il relevé, «le défilé prouve que le Sénégal a pris les devants et est prêt à faire face à toute sorte de menaces, pour une stabilité nationale et la préservation des ressources naturelles».
Saluant toujours la prestation des militaires, le président Macky Sall trouve que, «chaque année, nous observons des améliorations dans l’organisation et la qualité des prestations. Ce qui montre l’esprit perfectionniste des militaires».
Toujours, de l’avis du président de la République, «l’allure et la prestance rassurent sur le niveau d’entrainement et de cohésion des unités. Assurément, nos Forces de Défense et de Sécurité, possèdent les capacités propres à assurer la paix et la sécurité dans notre pays». La célébration du 63ème anniversaire de l’indépendance de notre pays s’est faite avec des innovations. Cette année, les voitures présidentielles ont été sorties de leur garage, au Musée des Armées, et présentées au public. Avec à bord les meilleurs élèves de la classe de Cm2, des villes d’origine des différents présidents, ils ont défilé sur le boulevard Général de Gaulle.
La prestation des civils, avec la prestation des élèves des communes, les majorettes du lycée John Fitzgerald Kennedy et du collège Notre Dame du Liban, a encore marqué l’évènement. Les Forces de Défense et de Sécurité ont livré une parade de haute facture. Le défilé motorisé a permis l’exhibition des nouvelles acquisitions et d’une partie de l’arsenal militaire. A pied, différentes factions ont marqué le pas, devant les autorités dont le chef suprême des Armées. Les commandos et les parachutistes ont ravi les spectateurs.
Par Vieux SAVANÉ
SENGHOR
A travers cette biographie, Elara Bertho, chargée de recherches au CNRS, retrace le parcours improbable d’un homme, dont les trois noms, comme une manifestation destinale, « déclinent les différentes facettes d’une identité complexe
A travers cette biographie, Elara Bertho, chargée de recherches au CNRS, retrace le parcours improbable d’un homme, dont les trois noms, comme une manifestation destinale, « déclinent les différentes facettes d’une identité complexe, faite de croisements et de superpositions de culture ». Léopold, un prénom chrétien dans un environnement majoritairement musulman, suivi de Sédar, de son ethnie sérère, dont il dit avoir hérité de sa mère, qui voulait ainsi " moquer sa fragilité de nourrisson, osant apparaître si laid à la lumière du jour". Senghor enfin, un nom de famille dont l’origine remonterait aux comptoirs portugais du XVIe siècle. Alors que son rêve de devenir prêtre sera contrarié, le " fils du traitant", Basile Diogaye, et de Gnylane Bakhoum, fille du chef de village de Djilor, va dérouler d'autres opportunités. Brillant élève, il se retrouvera à Paris, une ville qu’il rêvait de visiter mais qui va se révéler aux antipodes de ses attentes. Hormis le désenchantement né de la grisaille, du froid et de la solitude, Paris sera aussi pour Senghor l’occasion de baigner notamment avec son ami Césaire, dans « un univers d'intense activité intellectuelle et d’exaltation de la diversité, au milieu d'un océan d'indifférence par le sort des colonisés ".
On en apprend sur l'évolution et la transformation d'un homme qui se projetait dans l'intellectualité et dont la trajectoire va bifurquer à travers les sentiers sinueux de la politique. Il y développera pourtant des capacités insoupçonnées structurées autour du viatique : "Assimiler, ne pas être assimilé ". Voilà ce qui va l’animer dans son désir d’élaborer un partenariat gagnant-gagnant qui se meut au rythme du "donner et recevoir", en contestation d'un centre hégémonique. Tout cela porté par un désir de négritude, une sensibilité panafricaine, au service d'une perspective socialiste revisitée, non pas à l'aune du marxisme, mais des réalités endogènes. Face à l'ancienne puissance impériale, l’option senghorienne de se battre pour une unité forte avec l'émergence d'une fédération d'Etats africains ne va pas se matérialiser, laissant place à une fragmentation qui va contribuer à la fragilisation du continent. Poète dans l'âme, tombé en politique, comme enserré dans les mailles de l'inéluctable, il sera confronté à l'exercice du pouvoir.
Avec Mamadou Dia, il va constituer « un tandem de choc » au service d'une vision partagée, le socialisme africain. Toutefois, les mourides qui contrôlaient la monoculture arachidière voient d'un mauvais oeil l’amorce d’une politique de diversification et d’autonomie, avec la multiplication de coopératives paysannes, qui toutes visaient à se distancier de l’économie de traite qui mettait le Sénégal à la merci de l’ancienne puissance coloniale. Les grandes lignées maraboutiques, les élites sénégalaises, les grands groupes d'exports français qui se sentaient sous la menace d'une politique volontariste centrée sur les intérêts de la grande majorité, à savoir la paysannerie, seront à la manoeuvre. Le tandem Dia/Senghor va alors se fissurer, mis à mal par la levée de boucliers de ces derniers. En décembre 1962 Dia sera défait de manière brutale et inattendue, victime d’une naïveté qui se donnait sous la forme d’une loyauté absolue en amitié. Avec quatre de ses ministres, ils sont embastillés, soumis à de rudes conditions de détention. Les intérêts français et maraboutiques vont en profiter pour reprendre des couleurs. La voie étant désormais libre, Senghor qui s’est révélé un calculateur froid, politicien aguerri, dira-t-on aujourd’hui, va se livrer à un exercice solitaire et autoritaire du pouvoir organisé autour du parti unique, avec une opposition muselée, une liberté d’expression comprimée, sur fond de reniement des actions amorcées au plan économique. Paradoxalement, une ouverture se fait en 1966, par le biais de la culture, avec l'organisation du retentissant Festival mondial des Arts nègres. Les retombées seront de courte durée. En 1968, le pays est secoué par une forte contestation estudiantine suivie d'une répression musclée. Senghor va bénéficier du soutien de l'armée et des confréries, de l'aide du contingent militaire français. Bien qu’ébranlé, il arrive à conserver le pouvoir. Une ouverture s’en suit, desserrant la concentration présidentielle du pouvoir avec la nomination d’un Premier ministre.
Bien qu'il soit comptable d’un bilan quelque peu contrasté, Senghor qui annonce publiquement, le 31 décembre 1980, sa démission en faveur d’Abdou Diouf, aura participé à poser des fondations solides dans l'œuvre d'édification et de construction de la nation sénégalaise. Il a jeté les bases dune société enracinée dans ses valeurs, capable de faire monde ensemble, dans un dialogue fécond ; contribué à l’élaboration d’une administration et d’une armée républicaine, sans oublier la mise en oeuvre d’une laïcité tempérée adaptée au mode d'être et de faire local.
Tout sobrement intitulé « Senghor », l’ouvrage écrit par Elara Bertho, tombe donc à pic, en ce 63 anniversaire de l’indépendance.
Loin de l’hagiograhie et des anathèmes, Elara Bertho s’est essayée avec bonheur à la manifestation d’un destin singulier en évitant de réduire une pensée complexe à une sommation de formules toutes faites qui n’en disent rien sinon que de la caricaturer. A travers son ouvrage, elle invite à « prendre le temps de lire et de comprendre » Senghor , aussi bien que la brûlante actualité de sa pensée.
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FAIRE-PAYS, ÉLOGE DE LA RESPONSABILISATION
Une lecture des extraits de "Faire-Pays, éloge de la responsabilisation" et de sa "déclaration" par des artistes, comédiens, comédiennes
Une lecture des extraits de "Faire-Pays, éloge de la responsabilisation" et de sa "déclaration" par des artistes, comédiens, comédiennes.
par Oumou Wane
MACKY SALL, SEUL MAITRE À BORD ?
Avoir assisté parmi cette foule bigarrée de Sénégalais à ce défilé prestigieux de civils et de militaires m’a redonné foi en l’avenir de notre pays. Mais demain, nous attendons de lui et de nos dirigeants en général, qu’ils nous parlent et nous écoutent
C’est notre fête aujourd’hui, notre « Independance Day », notre « 14 juillet ». Le Sénégal célèbre ce mardi 4 avril 2023 le 63ème anniversaire de son accession à la souveraineté internationale.
Dieu sait que nous Sénégalais avons des choses à nous dire et à fêter à cette occasion ! Tenter de passer d’un présent divisé à un avenir partagé, trouver une alternative réaliste pour échapper à l’escalade de la violence…tout un programme !
Pourtant cette belle fête symbolique de notre souveraineté retrouvée est boycottée par l’opposition politique.
Regardons les choses en face, le Sénégal n’a jamais cristallisé autant de tensions politiques et notre pays, réputé pour sa stabilité et son modèle démocratique, est aujourd’hui chahuté par des vagues furieuses qui frappent et rongent ses pieux de jeune nation, nous donnant de sérieuses raisons de nous inquiéter.
Au cours de son traditionnel message à la nation, le chef de l’État, en invoquant l’« héritage » et la « sagesse » des anciens pour « surmonter » les « différences », a réitéré son appel à la tolérance et à l’ouverture, en se disant «ouvert au dialogue». Depuis de nombreuses années, Macky Sall a tenté de nouer un dialogue apaisé avec les forces vives du pays, mais toujours en vain. Il y a bien longtemps que la coalition de l’opposition a coupé les ponts avec le pouvoir. La violence, dans les actes comme dans les mots, semble la seule voix d’échange possible.
La stratégie de la tension permanente avec ses discours va-t-en-guerre, proclamés par certains activistes identitaires à moins d’un an de l’élection présidentielle, ne nous permet plus d’y voir clair, nous le peuple souverain, dans nos choix pour l’avenir.
Les émeutes de mars 2021 qui avaient fait 14 morts, imposent à l’État le devoir d’assurer totalement et entièrement la sécurité des populations tout en respectant le droit de tout un chacun. C’est là que le bât blesse et a surtout blessé. Ci-git le point d’Achille de notre président qui ne relève somme toute que de la perception et de la communication ordinaires dont il nous a sevré depuis onze ans avec ses mauvais castings. Mais il a fait comme il a pu avec les moyens du bord.
À l'approche de la présidentielle de 2024, les tensions qui s'amplifient de nouveau, divisent les Sénégalais. Si la classe politique tout entière est un désastre pointé et pointu dans notre pays, la société, elle, entend ne pas souffler sur les braises sociales de façon à instrumentaliser la rue pour arriver à ses fins.
Macky Sall pour sa part, considère peut-être que la sécurité de notre pays ainsi que son développement économique et social exigent la stabilité politique que seul son régime peut véritablement assurer avec efficacité à ce stade.
Oui ! Il est pétri de sa mission pour le Sénégal et sa grande hantise aujourd’hui c’est de voir notre pays sombrer comme certains de nos voisins dans le chaos. Des aéroports déserts, des investisseurs absents, des infrastructures en rade…ce serait son échec.
Aujourd’hui, à l’occasion de notre fête nationale, il y a toujours chez le père de notre nation le souhait de rassembler sa famille dispersée, ses proches éprouvés, ses enfants écorchés et dissipés, une fibre qui lie le président de la République à son peuple. Macky Sall aime profondément son peuple mais ne sait pas comment l’exprimer. D’avoir assisté ce matin parmi cette foule bigarrée de Sénégalais à ce défilé prestigieux de civils et de militaires m’a redonné foi en l’avenir de notre pays. Mais demain, nous attendons de lui et de nos dirigeants en général, qu’ils nous parlent, et surtout qu’ils nous écoutent.
L’avenir d’un pays c’est sa jeunesse. Nos jeunes seront bien plus utiles chez nous que sur les mauvais chemins de l’émigration à entretenir des drames humains.
Je le dis donc ici comme je le pense.
Non ! Macky Sall n’est pas toujours irréprochable et je considère que cette dureté inutile endommage son image.
Mais oui, la densité de sa charge est telle qu’il est amené à gérer les priorités. Pourtant il doit désormais se consacrer à son devoir d’humanité envers son peuple et envers sa jeunesse, à qui il doit transmettre sa foi dans la possibilité de changer les choses.
Macky Sall se verrait bien en réconciliateur d’un pays batailleur qui préfère fronder les autorités et en contester la légitimité, plutôt que d’aller de l’avant et de se développer.
Qu’il se rassure car une chose est certaine, aujourd’hui, en matière de stabilité sociale et économique, de sécurité intérieure et de crédibilité internationale, il est le seul maître à bord. Sacré Macky !
par l'éditorialiste de seneplus, félix atchadé
UN VERDICT ET DES QUESTIONS
EXCLUSIF SENEPLUS - Quel préjudice répare la compensation financière octroyée à Mame Mbaye Niang ? Est-ce celui lié à son honneur ou à son patrimoine ? Ce niveau de dommages-intérêts est choquant à plusieurs titres
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 04/04/2023
Le procès en première instance opposant Mame Mbaye Niang, le ministre du Tourisme à Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor et principal animateur de la coalition Yewi Askan Wi (YAW), la première force d’opposition au parlement sénégalais, vient de connaître son épilogue. Le maire de Ziguinchor a été condamné pour diffamation à deux mois de prison avec sursis, 100 000 francs CFA d’amende et 200 millions de francs CFA de dommages et intérêts. Il était poursuivi pour « diffamation, injure publique et faux et usage de faux » pour avoir déclaré le 21 novembre 2022 lors d’un point de presse de la coalition YAW que le ministre Niang a été « épinglé par un rapport de l’Inspection générale d’État ». L’audience du 30 mars 2023 met un terme provisoire à un processus mené au pas de charge et à très grande vitesse comme dame justice sénégalaise sait si bien le faire quand un opposant de premier plan doit être mis hors d’état de nuire aux intérêts politiques du pouvoir. Le verdict a été prononcé en l’absence du prévenu — en arrêt maladie suites aux sévices subis le 16 mars 2023 —, et de ses conseils qui avaient décidé de quitter la salle d’audience peu de temps après le début des débats pour ne pas donner « caution à une situation anormale » et entériner un « sort judiciaire déjà scellé ».
Quelle idée de justice sous-tend le verdict ?
Pour laver son « honneur », Mame Mbaye Nang réclamait à titre de dommages et intérêts 29 milliards de francs CFA (44 millions d’euros ou 48 millions de dollars). À titre de comparaison, le budget 2023 du ministère de la Culture et du Patrimoine historique est arrêté à la somme de 19 575 105 951 FCFA en autorisations d’engagement soit 10 milliards de moins. Le ministère public quant lui, a requis deux ans de prison, dont un an ferme pour diffamation et deux ans, dont un ferme pour faux et usage de faux, et trois mois ferme pour injures. L’un des enjeux du verdict de ce procès était le degré de sévérité de la peine en cas de condamnation : au-delà d’un certain seuil, le condamné est privé de son droit de vote et d’éligibilité. Mame Mbaye Niang et le camp présidentiel ne cachaient pas leur préférence pour ce scénario. Le jugement a été rendu dans un tribunal et une capitale placée sous très haute sécurité. Dakar a tourné au ralenti, avec commerces et écoles fermées, transports suspendus, ou encore interdiction de circuler pour les motos par crainte de troubles.
La Cour a octroyé à monsieur Niang 200 millions de francs CFA (300 000 euros ou 332 000 us dollars), cette somme représente moins de 1 % de ses prétentions, mais constitue une véritable fortune dans un pays où plus du tiers de la population (6,3 millions de personnes) vit avec moins de 2000 francs CFA par jour. Le montant qui lui a été alloué représente plus de deux siècles de revenus d’un Sénégalais vivant sous le seuil de pauvreté. Cette somme est largement supérieure aux revenus cumulés sur toute sa carrière d’un instituteur et est équivalente au salaire annuel de 285 travailleurs payés au SMIG.
Ces constats faits, la question légitime qui s’impose au citoyen est de savoir quel préjudice répare la compensation financière octroyée à Mame Mbaye Niang. Est-ce celui lié à son honneur ou à son patrimoine ? Il ne peut pas s’agir de son patrimoine, car les propos d’Ousmane Sonko n’ont eu aucune incidence sur sa carrière ministérielle. Il est resté ministre tout au long de la procédure. Les seuls frais pouvant grever les revenus de monsieur Niang sont ceux de justice. Est-ce le préjudice moral que le juge a ordonné de compenser ? Sa représentativité politique et électorale a-t-elle joué ? Ce serait bien chèrement payé. Il y a tout juste un an, avec moins de 1% il échouait à se faire élire conseiller municipal de Dakar.
Ce niveau de dommages-intérêts est choquant à plusieurs titres. Il est sans commune mesure avec ce que le marché assurantiel propose en matière de préjudice moral (deux fois le SMIG sous condition). Et il ne se base sur aucun élément objectif (expertise médico-psychologique). Alors que le travail est misérablement payé, ce niveau de compensation du préjudice lié à « l’honneur » bafoué est révoltant. Le message explicite de cette décision est qu’il est plus rentable de monnayer son honneur que de vendre sa force de travail.
Gouvernement de mission anti-Sonko
L’attitude de Mame Mbaye Niang et ses nombreuses prises de parole entre le dépôt de plainte et le procès ne plaident pas en faveur d’un préjudice moral. Monsieur Niang a multiplié les sorties médiatiques pour évoquer sa plainte. Il en a tiré un gain politique et a plus parlé de ce sujet que de sa mission ministérielle. Sa stratégie a consisté à saisir l’occasion du procès pour causer la ruine pécuniaire et politique d’Ousmane Sonko. Il ne s’en est pas caché puisqu’au lendemain du verdict, il a tenu une conférence de presse pour annoncer qu’il interjette appel et que « Sonko n’a pas encore échappé à inéligibilité » et qu’il veut que la « peine soit beaucoup plus conséquente ». Très en verve durant la conférence de presse, il a dit qu’il va demander à un huissier de « saisir la maison » d’Ousmane Sonko.
Dans le camp présidentiel, le patrimoine et la famille du maire de Ziguinchor sont devenus un enjeu politique voire un programme gouvernemental. Après le ministre de la Jeunesse qui promet « d’hériter de sa femme » à sa mort, c’est le ministre du Tourisme qui veut mettre la main sur sa maison. Le président Abdou Diouf avait inventé le concept de « gouvernement de majorité présidentielle élargie » pour créer un consensus national pour affronter les difficultés liées au programme d’ajustement structurel. En pleine crise économique, le président Macky Sall nous impose le « gouvernement il faut anéantir Ousmane Sonko ».
Qu’avons-nous fait au Bon Dieu pour mériter cela ?
UNE SI LONGUE ATTENTE
Les étudiants de l’université Amadou Makhtar de Mbow veulent rallier leurs nouveaux campus inaugurés en décembre. Depuis cette date, ils n’ont pas fait cours et ont décidé de dérouler un plan d’actions afin de contraindre les autorités à l'action.
Les étudiants de l’université Amadou Makhtar de Mbow veulent rallier leurs nouveaux campus inaugurés en décembre. Depuis cette date, ils n’ont pas fait cours et ont décidé de dérouler un plan d’actions afin de contraindre le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation à accélérer leur transfert.
Les étudiants de l’Université Amadou Makhtar Mbow (Uam) veulent rejoindre leurs locaux. Hier, la Coordination des étudiants de l’université Amadou Makhtar Mbow a fait une sortie, après avoir tenu une réunion le vendredi sur la rentrée qui tarde encore. «Suite au silence des autorités sur la question de l’ouverture officielle de l’université Amadou Makhtar Mbow de Diamniadio, qui était en construction depuis 2015 et inaugurée le 1er décembre 2022. Les délégués de la Coordination des étudiants de l’Uam ne sont pas satisfaits de l’avancement des chantiers et ont constaté que le ministre de l’Enseignement supérieur n’a pas respecté l’énième date de livraison (livraison des chantiers le 31mars et début des cours le 3 avril). La Coordination des étudiants condamne avec la dernière énergie cette injustice à l’encontre des étudiants de l’Uam.» Selon Youssou Ndiaye, le chargé des revendications de la Coordination des étudiants de l’Uam, leur avenir est incertain, «vu la situation actuelle qui risque sans nul doute de nous mener vers une année blanche». «Les bacheliers qui ont réussi leur entrée à l’Uam ne font pas cours depuis le début de l’année scolaire. Ça ferait bientôt un an même, certains ont commencé à abandonner», regrette Youssou Ndiaye, qui se désole de l’arrêt des cours aussi au niveau des locaux de l’Uam au niveau de la Vdn où se tenaient les activités pédagogiques. «Depuis décembre, on est chez nous. C’est une situation difficile. Le campus pédagogique est prêt, il reste le campus social. On ne peut étudier à Diamniadio sans logements», regrette-t-il. Pour «précipiter» leur transfert à Diamniadio, la Coordination des étudiants de l’Uam a mis en place «un plan d’actions» en décidant de «passer la nuit au campus le jeudi 6 avril», en décrétant aussi la «reprise forcée des cours le 12 avril (tous les étudiants sont convoqués à Diamniadio avec leurs sacs, dans les classes pour exiger une reprise forcée) et une marche le 14 avril à Dakar».
Inaugurée en décembre dernier, l’Uam est la deuxième université publique à Dakar. Elle devrait être dotée de différents réceptacles pédagogiques de 3000 places, d’un amphithéâtre de 1500 places, d’une grande bibliothèque, de laboratoires et blocs administratifs. On y est admis par voie de concours.
LA TRADITION SUICIDAIRE DU TABAC DANS LE VAGIN
Le tabac est considéré, depuis fort longtemps, comme nuisible à la santé. Dans le sud du Sénégal, certaines femmes introduisent ce produit dans leur organe génital, pour différentes raisons, dont le désir de procréation.
Le tabac est considéré, depuis fort longtemps, comme nuisible à la santé. Dans le sud du Sénégal, certaines femmes introduisent ce produit dans leur organe génital, pour différentes raisons, dont le désir de procréation. Ses mérites sont vantés, lorsque les spécialistes parlent d’une pratique suicidaire.
D'après les chercheurs, le tabagisme est à l'origine de multiples maladies. Un cancer sur trois est dû au tabagisme. Le plus connu est le cancer du poumon, dont 80 à 90 % des cas sont liés au tabagisme actif. La consommation du tabac donne également le cancer de la gorge, de la bouche, des lèvres, du pancréas, des reins, de la vessie, entre autres.
Au moment où fumer du tabac cause tous ces genres de maladie, qu'en est-il du fait de l'introduire dans l'organe génital de la femme ?
Dans le sud du Sénégal, plus précisément dans la région de Sédhiou, beaucoup de femmes utilisent le tabac à des fins différentes. Une tradipraticienne, arborant un grand boubou de voile multicolore, Khady Faty, soigne des femmes qui n'arrivent pas à faire des enfants, à l'aide du tabac. "Depuis plus de 10 ans, je soigne des femmes qui ont un problème pour procréer. Le tabac est un produit très efficace dans ce traitement. Il nettoie le bas-ventre, en faisant sortir toutes les saletés qui s'y trouvent et permet une fécondation rapide", fait-elle savoir avec fierté.
Quand une femme, en état de grossesse, utilise ce produit, poursuit-elle, il facilite son accouchement. Concernant le nombre de fois et l'heure d'utilisation, elle répond qu’en général, il est utilisé dans l'après-midi ou la nuit et une seule fois par jour. Parce que, explique-t-elle, dès qu'on le met dans le vagin, la personne a automatiquement envie de dormir.
Ainsi, il est communément admis que les femmes qui ne vivent pas avec leur mari utilisent le tabac pour ne pas commettre l'adultère. "Je ne vis pas avec mon mari. Il est en Europe depuis plus de huit ans. On m'a conseillé d'utiliser le tabac pour ne pas dévier de la religion, c'est-à-dire avoir des relations extraconjugales. Depuis que j'ai commencé à l'utiliser, je ne ressens plus l'absence de mon mari. Ça me soulage. Je le mets souvent la nuit, avant de me coucher", raconte une mère de deux enfants, résidente à Madina Wandifa, une localité située dans la région de Sédhiou.
La trentenaire de poursuivre : ‘’Si une femme ne veut pas aussi tomber enceinte, le fait d’en mettre, après chaque rapport sexuel, l’empêchera de l’être. J'ai une amie qui a vécu cela. D'ailleurs, ici, beaucoup de femmes n'utilisent plus la planification familiale", renseigne-t-elle.
Le tabac, un remède contre les règles douloureuses...
Également, l'utilisation du tabac, assure-t-on dans la région, a permis à certaines femmes de faire des enfants. "Je me suis mariée. Après dix ans de traitements dans différents hôpitaux, je n’ai pas pu concevoir. Lorsqu’on m'a conseillé le tabac, au début, j'ai refusé. Mais heureusement, ma mère a su me convaincre. Quand je mettais le produit, à mon réveil, je voyais qu’un liquide jaunâtre était sorti de mes parties intimes. Quelques mois plus tard, j’ai senti un changement de mon corps. Je me suis rendue à l'hôpital où la sage-femme m'a fait savoir que j’étais enceinte", raconte une autre femme vivant à Bounkiling, un des départements de la région de Sédhiou.
La dame ajoute avec aplomb que le tabac lutte également contre les règles douloureuses et permet aux femmes qui ne voient pas, chaque mois leurs menstrues, d'avoir leurs règles.
Dans le même ordre d'idées, renchérit une autre femme préférant garder l'anonymat : "Lorsque j'étais en état de grossesse, le gynécologue qui me suivait m'avait dit que j'avais une perte tube. Une fois à la maison, je l'ai expliqué à ma mère. Et elle m'a demandé d'utiliser le tabac. Au début, je n'étais pas d'accord. Mais elle a fini par me convaincre. Depuis que je l'ai utilisé, la perte tube a disparu."
Toutefois, souligne-t-on, on ne doit pas avoir de rapports sexuels, le jour où on utilise le tabac. De même, une femme désirant avoir un enfant et qui couche quotidiennement avec son mari ne doit pas utiliser le produit. Également, on reconnait volontiers que le tabac donne la diarrhée, fait vomir et donne des vertiges.
Selon des spécialistes, l'utilisation du tabac est suicidaire
D'après une enquête réalisée par des journalistes de SciDev.net, des spécialistes révèlent que l'utilisation du tabac dans le vagin crée souvent des ulcérations qui, en se cicatrisant, rétrécissent le vagin, le rendent dur et peuvent aller jusqu’à le refermer totalement. Pire, poursuivent les spécialistes, il arrive même que l’écoulement normal des règles devienne impossible.
Selon eux, ces risques devraient être plus élevés chez les femmes qui mettent directement le tabac au contact de leur muqueuse vaginale et cervicale. Car, disent-ils, cette zone est très sensible et l’agresser avec un produit composé de tabac et de soude, c’est carrément suicidaire.
Dans la même logique, les spécialistes révèlent que le lien entre l’utilisation du tabac et le cancer du col de l’utérus est tout à fait plausible. "Le tabac est, en effet, un agent cancérigène bien documenté. Le risque du cancer du col de l’utérus nous semble d’autant plus augmenté dans le cas de l’administration du tabac au contact direct du col", renchérissent les chercheurs interrogés par SciDev.net.
AUTISME, UNE PERSONNE SUR CENT CINQUANTE TOUCHÉE DANS LE MONDE
La Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme a été célébrée ce 2 avril. Elle vise à mieux informer le grand public et les décideurs sur les réalités de ce trouble du développement qui touche essentiellement les enfants.
La Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme a été célébrée ce 2 avril. Elle vise à mieux informer le grand public et les décideurs sur les réalités de ce trouble du développement qui touche essentiellement les enfants.
L’autisme est une réalité. Ce type de handicap touche une personne sur cent cinquante dans le monde. D’après Allo Docteurs Africa, l'autisme est un trouble envahissant du développement. Cependant, il n'y a pas un, mais de nombreux troubles du spectre autistique (TSA) qui regroupent un ensemble d’affections caractérisées par une altération du comportement social, de la communication, du langage, mais aussi par des centres d’intérêt et des activités restreintes et répétitives. Autrement dit, ‘’l'autisme peut se manifester par toute une panoplie de troubles, qui peuvent être plus ou moins handicapants. Avec une bonne prise en charge, certaines personnes atteintes d'autisme pourront mener une vie indépendante, mais d'autres auront besoin d'un accompagnement à vie’’.
‘’Ces troubles se manifestent dès l'enfance et tendent à persister à l'âge adulte. Estimé, il y a quelques années, à un enfant sur 160 par l'Organisation mondiale de la santé, le taux de prévalence de l'autisme ne cesse d'augmenter’’. Le trouble se déclare en général avant l'âge de 3 ans, mais les TSA sont nombreux et divers, ce qui les rend difficiles à diagnostiquer. Cependant, certains signes doivent alerter les parents. Un comportement particulièrement calme (l'enfant ne joue pas, ne rit pas, ne babille pas...), des regards fuyants, des intérêts très réduits, mais obsessionnels (un seul jouet devient une véritable fixation, certains rituels doivent être répétés) sont des signes qui peuvent indiquer un TSA. L'autisme ne se guérit pas, mais avec une prise en charge adéquate, l'enfant autiste peut faire des progrès et, à terme, mener une vie d'adulte indépendante, avoir un travail...
Les troubles du spectre de l'autisme, vous savez ce que c'est ?
Selon Idrissa Diop, éducateur spécialisé, psychologue du handicap à l’ENTSS, les troubles du spectre de l'autisme ont une incidence sur le système nerveux. Par ailleurs, les troubles du spectre autistique touchent beaucoup d'enfants sans distinction de genre, de race, de sexe ou de situation socioéconomique. Ces troubles peuvent altérer les facultés à interagir avec son environnement et peuvent différer d'un cas à un autre.
‘’Un traitement peut aider le patient, même si cette condition médicale est incurable’’.
À l’en croire, l’étendue et la gravité des symptômes sont très variables. Les symptômes courants possibles sont des difficultés à communiquer et à appréhender les interactions sociales, des intérêts obsessionnels et des comportements répétitifs. Le professeur Diop a dit qu’une détection précoce, ainsi que des thérapies comportementales, éducatives et familiales peuvent réduire les symptômes et favoriser le développement et l'apprentissage. D'où l'intervention de certains spécialistes, notamment un orthophoniste, des auxiliaires de vie, des thérapeutes, etc.
Hommage à tous les parents d’enfants autistes. Ces familles méritent d’être soutenues, célébrées et surtout être accompagnées dans le combat le plus noble de leur vie.
VIRUS MARBURG EN GUINÉE ÉQUATORIALE ET EN TANZANIE, L’OMS PRETE A TESTER DES CANDIDATS VACCINS
La situation dans les deux pays qui ont vu l’émergence de la fièvre, cousine d’Ebola, depuis février est scrutée de près par l’agence onusienne et les autorités nationales.
La situation dans les deux pays qui ont vu l’émergence de la fièvre, cousine d’Ebola, depuis février est scrutée de près par l’agence onusienne et les autorités nationales.
Ce ne sont pour l’instant que deux petits foyers, mais ils sont scrutés de près. En Guinée équatoriale comme en Tanzanie, 9 et 8 cas de fièvres à virus Marburg (MARV) ont été officiellement déclarés depuis février et font l’objet d’une surveillance de tous les instants de la part des autorités sanitaires nationales et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Outre le pouvoir destructeur d’un virus à fièvre hémorragique, cousin d’Ebola, l’émergence de potentielles flambées épidémiques constituent un premier test en conditions réelles pour l’élaboration d’une riposte quasiment en temps réel.
C’est forte des leçons tirées de l’épidémie de fièvre Ebola (2013-2016) et de la pandémie de Covid-19, que l’OMS a lancé, aussitôt passée l’épidémie de Marburg en août 2022 au Ghana le consortium MARVAC. Créée en septembre et pilotée par programme R&D Blueprint de l’agence onusienne, cette nouvelle entité a pour but d’accélérer les recherches en cours sur un vaccin contre le MARV et rassemble tous les acteurs du domaine : scientifiques, industriels, ONG et autorités de santé nationales comme continentales.
Le consortium, qui s’est réuni deux fois depuis la mi-février, travaille à la mise en place la plus rapide possible d’essais cliniques de terrain. L’OMS a indiqué, mercredi 29 mars, que les experts avaient d’ores et déjà pu valider des protocoles d’essais cliniques pour évaluer quatre candidats vaccins.
Terrain
Car les recherches sur la maladie, bien que commencées dès sa découverte en 1967, n’ont pas encore débouché sur l’homologation d’un sérum ni même sur un traitement curatif spécifique. A l’heure actuelle, 28 candidats vaccins sont dans le « pipeline », précisent les membres du MARVAC dans une publication récente de la revue PLOS Pathogens, exploitant toutes « les approches possibles : vaccins multidoses, à dose unique, à action rapide, à vecteur viral vivant atténué, non réplicatif et réplicatif ». Mais aucun de ces produits n’en est au stade du développement industriel et seuls quelques candidats ont passé avec succès les essais de stade 1 testant leur innocuité. L’OMS a précisé lors de son point de presse du 29 mars que le MARVAC tenait à disposition des gouvernements du continent des doses pour des évaluations cliniques de terrain.
« La Guinée équatoriale et la Tanzanie, a expliqué au Monde Afrique l’OMS, envisagent actuellement d’introduire ces phases de recherche dans leur riposte et nous nous préparons à soutenir les autorités nationales pour faciliter le processus si nécessaire. »
L’agence onusienne, qui sait que le sujet de la vaccination et des essais cliniques est sensible sur le continent, particulièrement après la pandémie de Covid où une véritable défiance s’était exprimée, a tenu à préciser que ces activités « s’inscrivent dans une approche collaborative qui place les ministères de la santé et les chercheurs nationaux au cœur de tous les efforts de recherche ». Son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a même tenu à rappeler fin mars qu’« aucun pays ne cédera sa souveraineté à l’OMS », dénonçant les nombreuses « fake news qui circulent sur les réseaux sociaux, mais aussi dans les médias traditionnels » au sujet de l’accord en cours d’élaboration pour améliorer la capacité de riposte des Etats aux épidémies futures.
« Il faut comprendre que les flambées épidémiques sont des occasions uniques pour permettre l’avancée des recherches sur les vaccins et les traitements qui visent ces fièvres hémorragiques, explique Sylvain Baize, responsable de l’Unité de biologie des infections virales émergentes, spécialiste de la fièvre hémorragique de Lassa. C’est par exemple grâce à l’épidémie de maladie à virus Ebola qui avait frappé l’Afrique de l’Ouest que le vaccin VSV-Ebola avait été homologué en 2015. Les premières publications sur ce vaccin dataient de 2005 et, en 2014, il n’y avait eu que quelques essais cliniques de phase 1. »
Or pour réaliser les essais cliniques de phase 3, qui évaluent l’efficacité des vaccins indispensable à leur homologation avant mise sur le marché, il est nécessaire de recruter des patients volontaires infectés par le virus ciblé. « Nous travaillons actuellement sur un vaccin contre la fièvre de Lassa, illustre Sylvain Baize, dont les résultats de phase 1 qui viennent d’être publiés sont prometteurs. Pour un essai de phase 3 en dehors d’une poussée épidémique qui débouche sur des données statistiquement significatives, il faut recruter 30 000 à 40 000 personnes. »
Défiance sur le continent
En l’absence d’une épidémie d’envergure, un essai clinique de cette taille serait donc très long, très coûteux et même « infaisable », insiste M. Blaize. Or les fièvres hémorragiques ne sont pas des priorités pour les fabricants. « C’est un vrai problème quand il s’agit de passer à l’échelle de production industrielle », souligne-t-il, saluant l’intérêt de consortiums tels que le MARVAC. « La fièvre de Lassa fait aussi l’objet d’efforts pour le développement accéléré de vaccins grâce au soutien de la Coalition for Epidemic Preparedness and Innovations (CEPI). C’est aussi quelque chose que nous devons à l’expérience Ebola. Proposer des protocoles d’évaluation standardisés permet de comparer efficacement les produits en développement et ce sont vraiment les avis d’experts indépendants qui guident le choix du ou des produits dont le développement est soutenu en priorité. »
L’OMS a déclaré mercredi « attendre impatiemment de travailler avec les gouvernements des deux pays concernés » par le virus Marburg « pour démarrer ces essais » si les conditions étaient réunies. Il n’est en effet pas certain que des études cliniques puissent être réalisées dans les prochains jours alors que les deux foyers émergents semblent être circonscrits.
Mais les efforts produits au sein du MARVAC depuis mi-février ne sont pas vains. Ils permettront aux acteurs impliqués d’être très réactifs si des flambées devaient survenir dans les semaines à venir. D’autant plus que le MARV peut atteindre un taux de mortalité de 88 % et conduire à la mort en moins de dix jours. Dans un document récent, le consortium affichait donc un objectif ambitieux : être capable de lancer un protocole d’évaluation en quinze jours après la déclaration officielle d’un début d’épidémie.