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11 août 2025
PAR BABACAR FALL
LE PIRE N’EST JAMAIS SÛR
EXCLUSIF SENEPLUS - L’aventurisme politique de Macky Sall entamé en 2012, menace profondément la stabilité politique de notre pays. Le pouvoir est pris à son propre piège
Le régime de Macky est-il si sourd et aveugle qu’il ne voit pas le niveau de détestation dont il est l’objet dans ce pays, en zone urbaine et rurale et dans toutes les couches sociales ? Une simple plongée dans le quotidien des citoyens lui aurait, pourtant, donné des indices sur le niveau de ras-le-bol observé, comme jamais dans l’histoire politique récente, à l’exception de la toute dernière période du président Wade.
Le pouvoir est pris dans son propre piège
Dans la stratégie du régime, pour légitimer politiquement et non en droit, le troisième mandat du président Macky Sall, la diabolisation d’Ousmane Sonko était la pierre angulaire. Il était supposé être le plus mauvais candidat, celui qui trainait une réputation sulfureuse, des accointances avec les indépendantistes de Casamance, les salafistes et autres courants issus de la mouvance sénégalaise des frères musulmans des Ibadou Rahmane et des autres.
En somme, toutes tares qui devaient le disqualifier aux yeux des républicains et des citoyens attachés au contrat sénégalais (notre commun vouloir de vie commune) fait de modérations, de compromis social et de juste milieu.
Cette stratégie a ripé sur le contexte socio-économique du pays. La crise est profonde, nonobstant ce qu’en dit le régime. Pour qui sait lire entre les lignes et le langage, très diplomatique, des institutions de Bretton Woods, notre économie va droit dans le mur. Un niveau d’endettement public record à 75% du PIB qui tend à être insoutenable. Une baisse drastique des recettes fiscales par comparaison à la hausse continue de la dépense publique, surtout de la masse salariale de l’Etat (due plus aux recrutements clientélistes que pour accroître l’efficacité des ressources humaines de l’Etat).
Un niveau d’inflation de 9,7% jamais vu depuis des décennies (dixit le FMI). Les ménages sénégalais confrontés quotidiennement à la hausse des prix, aux marchés, dans les transports en commun, le savent mieux que ces experts. Ce n’est pas le millefeuille administratif inventé par le gouvernement pour baisser les loyers et la frousse que lui donne les transporteurs privés, qui vont aider à diminuer les prix de ce côté.
Mais le pire est à venir, avec la quasi-injonction du FMI pour que le gouvernement supprime les subventions sur l’électricité. La hausse de la facture de la Senelec devrait suivre bientôt.
Et ce gouvernement gage, tous les jours, les revenus à venir du pétrole et du gaz. Et la presse aux ordres salue avec tambours et trompettes et au son des balafons, la levée presque mensuelle de fonds auprès des banques et des investisseurs afin d'assurer la trésorerie pour le fonctionnement de l’Etat.
Et pendant ce temps, les entreprises nationales courent derrière leurs factures pour être payées sur les maigres parts de marchés qu’elles arrivent à gagner. Puisque les entreprises chinoises, turques, marocaines et françaises raflent, désormais, tous les appels d’offres publics.
Ce qui reste est littéralement donné « aux amis du pouvoir » pour en enrichir quelques-uns. Voilà le tableau qui s’offre aux citoyens sénégalais. Vie chère, appauvrissement des familles, gabegies financières, corruption indécente de quelques-uns jusqu’au plus haut sommet du régime.
L’indécence de l’enrichissement accélérée du griot du président, du beau-frère, du figurant actuel au ministère du Tourisme, heurte au plus profond, les masses de sénégalais qui n’en peuvent plus.
Et on voudrait leur vendre cette alternative ridicule du Moi (Macky) ou le Chaos (Sonko). Les Sénégalais ont répondu, lors des dernières élections locales en donnant, une majorité de grandes villes et des communes des grandes zones urbaines à l’opposition (coalition Yewwi askan wi et Walu). Et lors des législatives, en infligeant une retentissante raclée électorale à la majorité sortante de Macky Sall.
La politique du ventre selon Macky
En décembre 2012, dans un article prémonitoire paru le 4 décembre 2012 dans Sud Quotidien (à retrouver sur mon blog bfbac.com), « Un pas en avant, deux pas en arrière », je donnais mon sentiment, sur les premiers pas du régime de Macky Sall.
« Au poker, quand un joueur a la meilleure main qui soit et perd sa mise, on parle de BAD BEAT. Ce joueur est un « FISH », c’est à dire un joueur débutant, inexpérimenté qui commet des erreurs grossières et visibles. Après plus de 6 mois de fonctionnement, le gouvernement du Sénégal donne cette impression désagréable d’amateurisme, d’impréparation à la gestion de l’Etat, de pusillanimité, de pilotage à courte vue et quelque fois plus grave de reproduire ce que Wade a appris à beaucoup d’entre eux du temps de leur fameux compagnonnage. En somme du Wade sans Wade. Et pourtant nous avons tellement attendu ce changement ! 12 ans d’un pouvoir qui a réduit à néant notre culture des règles de la bonne administration publique, de l’Etat de droit, réduite à néant au profit de coteries familiales et financières. »
Le temps m’aura donné raison au vu de la réalité de ce qu’il est devenu aujourd’hui.
Ce régime a ruiné l’Etat, fragilisé les institutions publiques, privilégiant les allégeances politiques à la compétence professionnelle et technique, dans le choix des directeurs d’administration et de sociétés nationales, explosé jusqu’à l’écœurement le nombre de ministres, de sous ministres et de conseillers estampillés ministres-conseillers. Il n’est que de voir, à la lecture du communiqué du Conseils des ministres, sur la chaîne de télévision officielle, cette galerie de mines réjouies, installée devant la longue table du Conseil des ministres et faussement studieuses. « Adieu veau, vache, cochon, couvée » se surprennent à reprendre cette expression de La Fontaine, certains anciens en songeant à ce qu’était un Conseil des ministres du temps de L. Senghor et A Diouf.
La litanie des scandales financiers n’en finit plus.
Sud Quotidien, dans un article récent en a fait une chronique de 2012 à ce jour : Coud, Ndingler, Petrotim, Bictogo, Prodac, Ter, TF 1451/R…et last but not least, le Fonds Force Covid-19, riche de mille milliards de FCFA sur lequel, beaucoup de ceux, que la politique des copains et des coquins a réuni, se sont bâfrés goulûment.
Puisqu’il n’y a plus de limites à l’indécence, les rapports d’audits des corps de contrôle on s’assoit dessus, la peur du gendarme a disparu, pourquoi se retenir désormais. Tous les jours, c’est à celui ou celle qui affichera le plus ostensiblement sa loyauté au chef, avec les mobilisations des populations, achetées à coup de millions de FCFA, parmi les directeurs de sociétés nationales.
Le régime de Macky Sall a aussi, créé cette galerie de monstres, miroir exact de celle de la période de Wade, incultes, sans foi ni lois, voraces, qui ne connaît aucune limite.
Après Pape Samba Mboup, Farba Senghor, Clédor Sène et sa bande de sicaires, soutenus et financés par Samuel Sarr, nous avons aujourd’hui Farba Ngom, Mame Mbaye Niang, Mamadou Lamine Massaly et de multiples Dr de tout et de rien.
Quelle est la nature de ce régime ?
Assurément d’une aventure politique, d’une prise de risque qui a réussi.
D’un homme, victime des outrances, des brimades de son mentor, qui décide avec un petit groupe d’amis et de sa famille, de se venger. Qui découvre, chemin faisant, les circonstances aidant, notamment la fin du régime de Wade et l’exaspération des citoyens, une fenêtre d’opportunités. Et qui s’en saisit, en sollicitant des appuis et des soutiens.
Si on analyse ce moment politique, qui révèle le candidat Macky Sall, inexpérimenté, sans moyens à l’époque, ne disposant pas encore d’un appareil politique, on voit bien que c’est sa capacité politique et son audace à se saisir des circonstances (quasi-insurrection des citoyens devant la volonté de 3ème mandat de Wade et de son souhait d’installer son fils comme héritier) qui le propulse au-devant des acteurs politiques traditionnels. Sa jeunesse et les moyens qui affluent achèvent de l’installer sur le podium.
Son instinct, l’empathie que lui démontre les citoyens, face aux vexations dont il est l’objet de la part de Wade, sa résilience, l’installe en tête des candidats au 1er tour de la présidentielle de 2012. Ce ne sont certainement pas son programme insipide (Yoonu Yokkuté), ses dons d’orateurs ou son « charisme ».
Au 1er tour Macky Sall a recueilli 26,58% des suffrages. C’est la dynamique politique après cette première estocade inattendue contre Wade, qui fait le reste, grâce à la discipline de vote des électeurs du parti socialiste (11,30%). Et le rassemblement de Benno Bokk Yaakar derrière sa candidature unique, crée ce formidable et surprenant maelström du 2ème tour, qui voit la victoire écrasante d’un quasi-inconnu de la scène politique nationale à 65,80% des voix exprimées.
Mais, comme tous les analystes politiques le savent, au 1er tour on choisit et au 2nd on se rassemble. C’est pourquoi Macky Sall et ses conseillers les plus avisés, le voient bien, le socle électoral du régime est très faible. Et il n’est pas arrivé jusqu’à présent à faire la bascule, même à la présidentielle de 2019 où il est élu au 1er tour avec 58% des voix.
Il n’est donc pas étonnant qu’il s’agrippe jusqu’à la dernière énergie au rassemblement avec Benno Bokk Yaakar qui lui assure une majorité électorale de fait. Mais cette quasi-rente, que le parti socialiste et les vieux caciques de l’ex-gauche communiste (PIT et PIT), assurés de continuer à bénéficier de certaines sinécures, arrive à sa fin comme un cycle politique dans le cadre d’une séquence ouverte depuis 2012.
La perte de la majorité aux législatives de 2022 clôt cette séquence qui devrait aboutir à la fin de Benno Bokk Yaakar et ouvrir un autre cycle nonobstant la querelle entretenue sur le 3ème mandat.
Au fond, quand on analyse ce régime et ses animateurs et au premier chef le président, on se trouve face à une suite d’actes politiques, qui fait la part belle à une sorte d’éloge de l’empirisme (débrouillardises plus trivialement), qui explique l’aveuglement quand surviennent les passages difficiles. Ce régime n’a pas de récit national à offrir aux Sénégalais, si ce n’est de mauvais emprunts, qu’on habille sous le nom de l’efficacité.
A preuve, chaque réalisation et chaque investissement s’inscrit dans un « hub ». Ce techno langage (en franglais pour mieux en accentuer les effets) souvent utilisé pour dissimuler les faiblesses et les lacunes des projets.
Derrière, il y a cette idée que l’utilisation des termes techniques, des acronymes et des jargons, peut créer l’illusion de la complexité et de l’expertise et empêcher une remise en question et des critiques. Sans oublier bien sûr les montants en dizaines ou centaines de milliards de CFA, que son Excellence fait ruisseler dans ce pays chaque jour que Dieu fait.
Et le mimétisme dans le discours entre autorités politiques, du président aux ministres et sous ministres est symptomatique de l’indigence intellectuelle et doctrinale qui règne au sein de ce régime, sur la démocratie, la République, la séparation des pouvoirs, la laïcité de l’Etat, la vision de l’économie politique au Sénégal
Le projet de 3ème mandat de Macky Sall est une menace pour la République et la démocratie
Il faudrait être sourd et aveugle, pour ne pas voir que dès les résultats de la présidentielle proclamés, un dispositif a été pensé, pour mettre sur les rampes une 3ème candidature présidentielle de Macky.
Les images, presque quotidiennes de l’activisme du cercle familial proche du président, et du clan des « katangais » qui l’entoure, court-circuitant les instances de la coalition et de l’APR aphone, la montée au front régulière du ministre de la Justice défendant cette hérésie juridique du droit au 3ème mandat, tout cela ne laisse aucun doute sur la volonté d’une candidature.
C’est dire combien l’aventurisme politique constitue un danger pour la démocratie.
Ce qui est vrai du « macronisme » en France, du « trumpisme » aux USA, l’est pour le régime de Macky Sall.
De tout temps, l’aventurisme en politique s’est toujours caractérisé par l’émergence d’un leader, en opposition radicale au système en place pour se positionner en alternative. Quand on écoute les discours de Macky Sall en 2011, contre A. Wade, les appels à l’insurrection, à l’intervention de l’armée ou à aller au Palais déloger le vieux président, on se pince, eu égard aux cris d’orfraie que la presse pro-Macky pousse devant les discours actuels de Yewwi et de Ousmane Sonko.
Pour gagner en 2012, Macky Sall avait su opposer des solutions simplistes à la complexité des réponses de Wade, pour susciter l’adhésion du plus grand nombre de Sénégalais.
Il a su attiser la colère des jeunes, surtout devant la gabegie de la gestion Wade, son clientélisme, sa gestion clanique et surtout la corruption généralisée du régime. Il s’est présenté comme le seul susceptible de changer le système, de représenter les exclus et les marginalisés.
Aujourd’hui ces ressorts sont cassés, à l’épreuve de sa propre gestion depuis 12 ans.
Et tout se passe, comme si, la lecture des dynamiques politiques actuelles avec Ousmane Sonko comme figure emblématique lui renvoyait à la fois l’échec de sa gestion et les conditions réunies de sa défaite en 2024.
Ce qui explique ses dérives autoritaires, la judiciarisation du champ politique, les rafles policières des opposants, l’instrumentalisation de l’administration territoriale et de la Justice.
L’aventurisme politique qui caractérise ce régime a des conséquences très graves pour la stabilité de nos institutions, l’avenir de la démocratie et de la République.
Dans un discours enflammé en février 2023 à Pikine, sans doute grisé par la foule et la chaleur, le falot Premier ministre qu’il « a donné » au pays après la bérézina des législatives, a dit que Macky Sall sera candidat en 2024 et peut être en 2029.
« Nous n’avons pas de plan B ni de plan C. Macky Sall est notre seul plan. Que ça soit 2024 ou 2029, c’est du pareil au même. C’est à conjuguer au passé. Il peut compter sur nous. Nous nous attellerons à faire tout ce qu’il souhaite. Et c’est ce message qu’attend de nous le président Macky Sall ».
L’argument est toujours le même, pour les thuriféraires du pouvoir, le président doit finir ses chantiers.
Et comme des chantiers s’ouvriront aussi, durant un autre mandat de 5 ans en 2024, il n’y a plus de limite juridique, ni morale, à une présidence à vie.
Puisqu’il peut se présenter autant qu’il le souhaite aux suffrages des citoyens. D’ailleurs on se demande bien pourquoi ennuyer les Sénégalais avec ces appels aux suffrages ?
Peut-être pourrait-on décréter Macky Sall, président éternel, grand dirigeant, Soleil de la Nation ?
L’aventurisme politique s’affranchit des règles et des valeurs de la démocratie, comme le respect des libertés publiques, de manifestations, d’expression des minorités. Les seules règles admises sont celles qui lui permettent le maintien au pouvoir. Les institutions n’ont de légitimité que celle que leur confère la loyauté à la parole et aux désirs du grand timonier.
Le régime actuel engendre un clivage puissant au sein de la société entre les citoyens et tente de recréer les violences et les crises irrédentistes en Casamance, puisqu’à chaque fois doit se jouer cette posture du Moi ou le Chaos.
L’aventurisme politique de Macky Sall entamé en 2012, menace profondément la stabilité politique de notre pays.
En 2024, les républicains et tous ceux attachés à une certaine idée de cette Nation, à ses valeurs de tolérance, de respect de l’autre, de refus de l’homme providentiel. Ceux qui pensent que la démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous les autres (Churchill) doivent lui infliger une défaite mémorable qui découragera tous les apprentis sorciers et autres illuminés, qui veulent se servir de la démocratie, sans être convaincus de ses vertus.
Babacar Fall est haut fonctionnaire à la retraite.
REWMI-BBY, LA FIN DE LA RÉCRÉATION
Après Oumar Guèye, Pape Diouf, Oumar Sarr et Déthié Fall, Idrissa Seck pourrait perdre un autre lieutenant, à cause de son entrisme. En toile de fond, la présidentielle 2024 et une proximité politique entre le ministre des Sports et le président qui agace
Après Oumar Guèye, Pape Diouf, Oumar Sarr et Déthié Fall, Idrissa Seck pourrait perdre un autre lieutenant, à cause de son entrisme. En toile de fond, il y a la présidentielle de 2024 et une proximité politique entre le ministre des Sports (désormais ancien vice-président de Rewmi) et le président de la République qui n’en finit pas de déranger. Plus que jamais, le compagnonnage entre les deux ‘’amis’’ est compromis.
Beaucoup ne l’auraient pas cru. Le couple jusque-là semblait filer le parfait amour. Mais depuis samedi, avec la dernière réunion du Secrétariat national de Rewmi, les signaux d’un mariage qui bat de l’aile ont commencé à échapper et à alimenter le débat public. D’abord, à travers des fuites dans la presse, on apprenait que le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) avait remonté les bretelles à ses deux ministres qui siègent dans le gouvernement, à savoir Yankhoba Diatara et Aly Selleh Diop. Il leur aurait été reproché d’avoir failli dans la mise en œuvre des instructions de leur chef.
Alors qu’on n’avait pas fini de parler de cette affaire, revoilà Idrissa Seck qui, trois jours seulement après la tenue du Secrétariat national, revient à la charge. Cette fois, le linge sale se lave dans la rue et non entre quatre murs. Dans un communiqué, le président de Rewmi informe : ‘’Monsieur Abdoulaye Ndoye, Coordonnateur départemental de Saint-Louis, est nommé deuxième vice-président du parti en remplacement de monsieur Yankhoba Diatara appelé à d’autres fonctions. Le secrétaire général et le secrétaire national en charge des structures sont chargés de l’exécution de la présente décision.’’
Quel a été l’élément déclencheur de ce limogeage ? Pour le moment, les principaux concernés se refusent à tout commentaire. Une chose est sûre : il intervient quelques heures seulement après une sortie du ministre sur Sen TV, dans laquelle il semble plutôt défendre la légalité d’une troisième candidature du président Macky Sall. ‘’La candidature du président de la République Macky Sall, disait-il, pour un deuxième quinquennat, est valable juridiquement. Maintenant, il faut attendre de voir la décision du président de la République. Ensuite, il reviendra au Conseil constitutionnel de trancher’’.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette déclaration sonne comme un pied de nez à l’endroit de son mentor dont l’ambition de se présenter en 2024 n’est presque plus un secret.
Interpellé récemment aux États-Unis sur la question, il répondait diplomatiquement, non sans rappeler son combat en 2012 contre Wade pour qui il a un grand respect : ‘’Un pilier du projet Sopi, qui était absolument central, était que nous devions faire du Sénégal une démocratie majeure où la transmission du pouvoir se fait sans violence, à un rythme régulier dont la fréquence n’excède pas deux mandats de cinq ans, pas trois.’’ Dans la foulée, Idy avait même annoncé une conférence de presse avant de la reporter sine die. Beaucoup espéraient que cette conférence devrait être l’occasion non seulement de déclarer sa candidature, mais aussi de se prononcer de manière plus claire sur la validité de la troisième candidature du président Sall.
Hier encore, comme pour se démarquer des propos de son lieutenant tenus la veille, alors même qu’il avait déjà fait une publication pour souhaiter une bonne fête, le président de Rewmi a cru bon de faire un autre post pour, dit-il, s’adresser aux jeunes. Toujours dans ses allusions, il déclare : ‘’Macky nous a ramené la coupe d’Afrique. Voulez-vous m’accompagner pour aller chercher la Coupe du monde dans quatre ans, après une belle moisson de médailles aux JOJ de 2026, les premiers organisés en terre africaine ? À réformer le système de santé et d’éducation ? À m’occuper de l’environnement pour atténuer les effets du changement climatique ?’’
Selon ce proche, il faut bien comprendre le président de Rewmi pour saisir ses messages. ‘’C’est quelqu’un qui a une communication fragmentée et graduelle… Pour le moment, il faut se contenter de ce qu’il a dit. Dans les prochains jours, vous serez édifiés’’.
Diatara s’éloigne-t-il d’Idy pour le ‘’Macky’’ ?
Fidèle parmi les fidèles d’Idrissa Seck, le ministre des Sports ne semble en tout cas pas s’inscrire dans la même dynamique. Il ne rate presque plus une occasion pour faire l’apologie de la troisième candidature. Ce qui lui vaut pas mal de critiques. Revenant sur sa dernière sortie sur le plateau de Sen TV, ce frère de parti explique : ‘’Il y a une volonté manifeste de défiance. Lors la dernière réunion du secrétariat, il leur a carrément dit que s’ils sont ministres, c’est grâce au parti. Qu’ils ne devraient pas le perdre de vue… Sur la question du mandat, il a fait savoir qu’il est dans une alliance qu’est Benno Bokk Yaakaar. Des négociations sont en cours. On ne peut donc pas se prononcer comme ça. Comment il peut se précipiter à la télévision en catimini, pour faire des déclarations qui n’engagent que lui ? En quoi cette question d’une troisième candidature de Macky Sall peut concerner notre parti ? Je peux comprendre que des militants de l’APR investissent Macky Sall comme candidat, mais en quoi cela peut regarder quelqu’un qui se réclame de Rewmi ? C’est une faute lourde, à mon avis.’’
Selon lui, M. Diatara n’avait même rien à faire à cette émission. ‘’Aussi bien dans le gouvernement que dans la coalition, il y avait des gens plus habilités. Le porte-parole du gouvernement est là ; les responsables de l’APR sont là ; nous n’avons rien à faire dans ce débat. Et certains le lui ont dit’’.
En fait, avant même ces derniers épisodes, il convient de noter que les premiers conflits dans le ménage remontent aux élections territoriales de janvier 2022. Battu à plate couture par la coalition Yewwi Askan Wi, après plus de 20 ans de règne, des voix s’étaient déjà élevées pour tout mettre dans le dos du lieutenant. La sanction n’avait pas tardé, puisqu’aux Législatives, Idy avait choisi Mor Ndiaye pour coordonner le parti au niveau départemental. Dans un article daté du 18 avril, ‘’Jeune Afrique’’ renseignait : ‘’Idrissa Seck verrait d’un œil inquiet l’importance qu’a prise Yankhoba Diatara au sein du gouvernement…’’ Selon le site panafricain, cet activisme de Diatara, qui faisait tout pour plaire au chef de l’État, dérangeait jusque dans l’entourage du président. ‘’Certains, confiait ‘JA’, s’agacent également des efforts du ministre pour se faire bien voir auprès du président. En mars (2022), dans le cadre des missions de BBY dépêchées à l’intérieur du pays, Yankhoba Diatara avait été choisi par Macky Sall pour dissiper les frustrations dans le département d’Oussouye, en Casamance…’’
Les derniers développements semblent surtout confirmer cette thèse. Depuis quelque temps, Yankhoba Diatara est devenu un fervent défenseur du président Sall, de son bilan, mais aussi de sa candidature. N’en déplaise à celui grâce à qui il est devenu membre du gouvernement. Aussi, confirme-t-il la jurisprudence Oumar Guèye, Pape Diouf (membres du gouvernement) et Oumar Sarr. Anciens membres de Rewmi, ils avaient tous opté, au début de la deuxième alternance, quand leur mentor avait pris la décision de se séparer du régime, de rester pour conserver leur poste.
Un compagnonnage en sursis !
À Rewmi, les entrées et sorties dans le gouvernement sont souvent accompagnées de séparations douloureuses. Outre les cas Pape Diouf et Oumar Guèye qui sont restés dans la mémoire collective, il y a le cas spécifique de Déthié Fall qui, lui, avait préféré prendre ses distances, au moment où Idrissa Seck prenait la décision de rejoindre le régime.
A cette époque, c’est Yankhoba Diatara qui était en première ligne pour lui mener la guerre. Le traitant de ‘’khous maa niapp’’, il disait : ‘’J’ai pitié de Déthié Fall, parce que c’est mon jeune frère et c’est moi qui l’ai emmené dans le parti. Ses parents, qui sont à Saint-Louis, quand ils entendront que Déthié a pris un chemin différent de celui d’Idrissa Seck et de Diatara, ils vont se poser des questions. S’il est aujourd’hui député… je prends à témoin Idrissa Seck et Thierno Bocoum ; nous étions trois. Idrissa Seck nous a dit : ‘J’ai un poste. Discutez entre vous et choisissez un. On s’est retiré et tous les deux avaient convenu de me laisser le poste. On a regagné Idy pour lui faire part du consensus. Il m’a dit : ‘Je te le redemande pour le donner à Déthié.’ Je lui ai dit que je suis d’accord. Je n’en ai jamais parlé. Au contraire, je l’ai toujours accompagné. Par devoir et par loyauté envers le président Idrissa Seck.’’
Par-là, il voulait simplement dire que Déthié a boudé simplement parce qu’il n’avait pas été désigné pour siéger au gouvernement. ‘’Le président de la République et le président Idrissa Seck ont discuté. Le président, dans sa générosité confie au président (de Rewmi) deux postes dans le gouvernement. J’ai été cité. S’il était grand, s’il avait une mémoire, il m’aurait dit : ‘Diatt., vraiment, c’est ton tour.’ Malheureusement, cela ne lui a pas fait plaisir et c’est pourquoi il a quitté’’, révélait-il.
Mais qu’est-ce qui fait donc courir les hommes politiques, au point que souvent, ceux qui goutent au pouvoir préfèrent ne plus en sortir, quitte à se séparer des partis qui les avaient mandatés ? Ce n’est certes pas encore le cas de Yankhoba Diatara, mais beaucoup évoquent l’éventualité.
En tout cas, les conséquences peuvent être néfastes pour la démocratie et la vitalité démocratique. Car ces pratiques de transhumance ou de débauchage tous azimuts ne contribuent, en effet, qu’à rendre les partis au pouvoir plus hégémoniques, les oppositions de plus en plus faibles. L’exemple du PDS en est une parfaite illustration.
VIDEO
CHOMSKY ET SOYINKA SOUTIENNENT LES SÉNÉGALAIS
"Le plus grand intellectuel vivant", le célèbre philosophe américain vient de joindre sa signature à celle de Makhily Gassama, Kader Boye et Didier Awadi pour dénoncer l’instrumentalisation de la Justice par le président Sall.
Alors que la tribune “Revenir à la raison” a une résonance dans les coins de la planète, une nouvelle signature de taille vient s’ajouter à la liste de ceux qui dénoncent “une violation flagrante, répétée et disproportionnée des droits des citoyens mais aussi la perpétuation d’un effort constant d’instrumentalisation politique du système judiciaire par l’administration du président Macky Sall”.
Ce 5 avril 2023, le grand penseur Noam Chomsky vient d’exprimer son désir de signer cette tribune publiée sur SenePlus le 21 mars 2023. Ce geste met clairement en lumière l’universalité de l’appel à la raison pour le respect des droits et de la dignité humaine,y compris celle de toutes les Sénégalaises et de tous les Sénégalais, au moment où le pays bat des records historiques d’emprisonnement politique.
Noam Chomsky est un philosophe considéré comme l’un des plus grands penseurs américains XXè siècle. Il est professeur émérite à M.I.T. (Massachusetts Institute of Technology), fondateur de la linguistique générative considérée comme la théorie la plus importante de ces derniers siècles dans le domaine de la linguistique théorique. Père de la “Révolution chomskienne”, ses travaux influencent de manière significative toutes les recherches mondiales dans le domaine de la psychologie. Il travaillera en particulier sur l’apprentissage du langage par les enfants ainsi que les outils d’apprentissage du langage.
De la cinquantaine d’ouvrages qu’il a écrits, rappelons que c’est 1967 durant la guerre du Vietnam qu’il publie “Responsabilités des intellectuels” pour s’en prendre à la classe intellectuelle qui en majorité reste attachée à la cause de l’État américain dans une guerre injuste et de terreur contre des civils. Il considère que les intellectuels, en raison de leur accès privilégié à la connaissance, ne peuvent que s’engager dans tous les combats et cela dans tous les pays du monde. Noam Chomsky prône la résistance face aux formes d’autorité illégitimes.
Plusieurs fois poursuivi en justice pour son engagement militant, Chomsky est considéré comme le “plus grand intellectuel vivant” par un sondage organisé et publié en 2005 par le magazine britannique Propstect et la revue américaine Foreign Policy. Membre de l’Académie américaine des arts et des sciences, il est aussi membre de l’Académie nationale américaine des sciences et de la Société américaine de philosophie.
L’appel des 104 ne cesse de prendre de l’ampleur. Plus d’une centaine de nouvelles signatures sont venues s’ajouter à celles particulièrement remarquée de Wole Soyinka, Cornel West, Ngg wa Thiong’o, Anthony Appiah sans compter les nouvelles signatures de grande importance du critique littéraire Makhily Gassama, de l’ancien recteur de l’UCAD Kader Boye ou encore du musicien et artiste Didier Awadi
COLONEL MBAYE GUÈYE, LE MAITRE D’ŒUVRE DU DEFILE DU 4 AVRIL
Commandant de la Zone militaire n°1, le colonel Mbaye Guèye est le patron de la ‘’Grande muette’ dans la région de Dakar depuis septembre 2021. EnQuête revient sur le parcours de cet homme pur produit de l’armée sénégalaise et qui a réussi le défilé passé
Commandant de la Zone militaire n°1, le colonel Mbaye Guèye est le patron de la ‘’Grande muette’’ dans la région de Dakar, depuis septembre 2021. ‘’EnQuête’’ revient sur le parcours de cet homme pur produit de l’armée sénégalaise et qui a réussi le défilé du 4 Avril 2023.
Après plusieurs années de prises d’armes dues à la pandémie de la Covid-19, le Sénégal a renoué, lors du 63e anniversaire de son indépendance, avec les défilés grand format. Une parade qui a permis aux forces de défense et de sécurité d’étaler leurs grands moyens au grand jour. Si ce défilé a eu ce grand succès, on le doit à un officier de l’armée. Il s’agit du commandant de la Zone militaire n°1 qui en était le coordonnateur. Le colonel Mbaye Guèye est le patron de la ‘’Grande muette’’ dans la région de Dakar, depuis le 1er juillet 2021.
Jouissant d’une solide et belle réputation dans l’armée, il est né à Thiès, il y a de cela une cinquantaine d’années. Ce sortant de l’École nationale des officiers d’active (Enoa, 1994-1996) a subi plusieurs instructions et connu diverses expériences qui ont jalonné sa carrière. Après l’École d’application de l’infanterie de Thiès, il s’est enrichi de plusieurs formations, dont celle suivie à l’École d’État-major en République de Tunisie (2005-2006). Auparavant, en 2002, M. Guèye avait suivi un stage aux Cours des capitaines en République fédérale d’Allemagne.
Titulaire d’un Master II en stratégie, défense, sécurité, gestion des conflits et catastrophes (université de Yaoundé II- SOA- 2013) et d’un autre en sécurité nationale au Centre des hautes études de défense et de sécurité (CHEDS, Sénégal), M. Guèye tire également parti de ses acquis en planification au niveau opérationnel et en gestion des pandémies et catastrophes (KAIPTC, Ghana).
Dans le domaine militaire, il a aussi obtenu un Diplôme d’État-major (DEM), un Diplôme d’aptitude au grade d’officier supérieur (Dagos) et d’un autre à l’École supérieure de guerre (ESG). Ce qui témoigne de sa carrure intellectuelle et de ses dispositions opérationnelles.
Concernant ses états de service, le colonel Guèye est entré en service le 5 décembre 1994. Sur le plan opérationnel, il a séjourné régulièrement en zones opérationnelles en tant que chef de section d’infanterie, commandant de compagnie et chef de corps du 5e bataillon d’infanterie et commandant du secteur 53 (Ziguinchor).
En opération extérieure, le commandant de zone n°1 (Comzone 1) a commandé une compagnie de combat dans le cadre de la Mission de la CEDEAO en Côte d’Ivoire aux premières heures difficiles du déploiement du contingent sénégalais dans ce pays.
Dans le champ intellectuel, il a eu, lors de son passage en qualité de commandant du Prytanée militaire de Saint-Louis, d’excellents résultats qui ont permis à cette école de se hisser à la première place du Concours général en 2017.
‘’ Il est un homme de défis’’
Le colonel Mbaye Guèye, réputé pour sa science, ses qualités humaines et sa rigueur, est l’auteur de plusieurs productions intellectuelles qui font sens. Il rédige fréquemment des articles dans les journaux militaires comme ‘’Armée-Nation’’ et ‘’Guelewar de l’armée de terre’’, sur des sujets relatifs à la sécurité (particulièrement le terrorisme), à l’environnement, aux traditions militaires, etc.
En outre, sur désignation de l’État-major général des armées, il participe à des panels de haut niveau sur la sécurité nationale et au niveau sous-régional. Son mémoire de fin d’études, qui avait pour thème ‘’La CEDEAO face aux défis de la sécurité collective sous-régionale’’, a été hautement apprécié et diffusé dans les ‘’Cahiers du CHEDS (Centre des hautes études de défense et de sécurité)’’.
Par ailleurs, le récit en cours de sa trajectoire militaire lui a valu plusieurs distinctions au Sénégal et au-delà. Au niveau national, il a été fait Chevalier de l’Ordre national du Lion (2014), Officier de l’Ordre national du Mérite (2020) et décoré de la Médaille d’honneur de l’armée de terre (2015).
Son parcours l’a également auréolé de distinctions étrangères comme la Médaille de la CEDEAO en République de Côte d’Ivoire (2003), la Médaille française de la CEDEAO en République de Côte d’Ivoire (2003), la Médaille des Nations Unies en République de Côte d’Ivoire (2008-2009).
Ses proches le décrivent comme une personne de rigueur, un amoureux de son travail. ‘’Le colonel Mbaye Guèye est officier d’infanterie pétri de qualités humaines doublées d’un sens élevé des responsabilités. Son caractère social n’entame en rien sa rigueur. Il est un homme de défis qui tient à la réussite de ses objectifs. Partout où il est passé, il a montré ses preuves. La dernière en date est son passage à la tête de la Chaine d’emploi de l’État-major de l’armée. C’est ce poste qu’il a quitté pour être promu à la tête du commandement de la zone militaire n°1’’, confient des sources qui ont travaillé sous son commandement.
‘’Notre mission consiste en la défense de l’intégrité du territoire de Dakar’’
L’on se rappelle ses mots et promesses, lors de sa cérémonie d’installation au mois de septembre 2021, devant son patron. ‘’Dakar est grand grâce à l’importance de ses activités et l’importance de sa population, même si son territoire est trop petit. C’est un défi que nous avons le devoir de relever avec les hommes que nous avons. Nous mènerons cette mission avec les autres forces de défense et de sécurité. C’est un ordre du CEMGA (Chef d’État-major général des armées) qui nous a ordonné de travailler avec la police, la gendarmerie et les autres corps pour avoir un esprit force de défense et de sécurité (FDS). Nous espérons compter, dans nos missions, sur les hommes, mais surtout sur le comportement militaire des uns et des autres’’, confiait-il.
À l’occasion, il invitait les militaires à se taire, c’est-à-dire à avoir de la retenue. ‘’Les hommes doivent s'entrainer davantage pour être prêts à tout moment et à tout instant, pour pouvoir accomplir la mission, quelles que soient la difficulté et la situation. C’est avec un entrainement renforcé que nous pouvons avoir de la réversibilité pour faire face aux menaces classiques, menaces de terrorisme. Notre mission régalienne consiste en la défense de l’intégrité du territoire de Dakar et assurer la sécurité des personnes et des biens. Nous mènerons cette mission en parfaite collégialité avec les autres forces de défense et de sécurité,’’ déclarait le colonel Guèye.
QUALIFS CAN 2024, LE BENIN VICTIME DES PETITES AMITIES D’INFANTINO ?
Le Bénin l’a mauvaise. Les Guépards ont dû jouer au Rwanda, dans un stade non homologué par la CAF et hors date FIFA, un match qualificatif pour la CAN 2023 qui aurait dû se dérouler à Cotonou.
Le Bénin l’a mauvaise. Les Guépards ont dû jouer au Rwanda, dans un stade non homologué par la CAF et hors date FIFA, un match qualificatif pour la CAN 2023 qui aurait dû se dérouler à Cotonou. La raison avancée ? La franche amitié entre Paul Kagame, le chef de l’État rwandais, et Gianni Infantino, le boss de la FIFA, et leur entregent en Afrique.
À l’autre bout du fil, la voix de ce proche de la Fédération béninoise de football (FBF) est un mélange d’agacement et de résignation. « Et ça recommence ! Il y a deux ans, on s’était fait arnaquer sur l’affaire des tests Covid lors d’un déplacement en Sierra Leone, ce qui avait coûté à la sélection une qualification pour la CAN au Cameroun. Cette fois-ci, on a changé tout notre programme presque à la dernière minute, et nous sommes nombreux, ici, à croire que tout s’est joué au très haut niveau, dans des sphères qui nous dépassent. »
Pour bien comprendre ce qui ressemble fortement à une conclusion définitive, il faut remonter quelques semaines en arrière. Le Bénin et le Rwanda doivent s’affronter deux fois en qualifications pour la CAN 2024 en Côte d’Ivoire, dans un groupe L également composé du Sénégal et du Mozambique. Les Béninois devaient recevoir le mercredi 22 mars au Stade de l’Amitié à Cotonou et les Rwandais cinq jours plus tard, au stade international de Huye, au sud du pays. Mais la Confédération africaine de football avait mis son veto, en raison de la qualité des infrastructures hôtelières de l’ancienne Butare, pas adaptées pour accueillir des sélections nationales A. Et l’instance avait donc décidé que les deux matchs se joueraient finalement à Cotonou.
Au Bénin, l’axe Kagame-Infantino-Motsepe soupçonné d’avoir forcé la main
Pourtant, rien ne s’est passé comme prévu. Quelques heures après le match du 22 mars, qui avait vu Gernot Rohr diriger pour la première fois les Guépards, les Rwandais font leurs valises et filent à l’aéroport international de Cotonou pour monter dans un avion de ligne, direction Kigali. « Ils étaient bien décidés à partir et à ne pas revenir. Des gens de la fédération ont tenté de leur demander de ne pas quitter Cotonou, mais en vain », poursuit cette source. Et pour cause, puisque la CAF avait décidé de tout chambouler. « Le Rwanda a proposé de jouer au stade Pelé à Kigali, un stade qui n’est pas homologué par la CAF, car les tribunes ne peuvent pas accueillir de spectateurs, et cela a été validé », ajoute notre interlocuteur. Contacté par So Foot, Véron Mosengo-Omba, le secrétaire général de la CAF, a livré la version officielle. « Nous avons décidé de donner notre accord, car le terrain et les vestiaires sont homologués, mais comme les tribunes ne le sont pas, nous avons imposé le huis clos. Ce n’est pas la première fois que nous acceptons de donner une chance à un pays », explique le dirigeant.
Ces explications ont pourtant du mal à convaincre au Bénin, où on préfère plutôt insister sur des motifs un peu moins avouables. Et notamment une intervention de Paul Kagame, le chef de l’État rwandais, auprès de son ami Gianni Infantino, le président de la FIFA, et réélu le 16 mars dernier lors du Congrès de l’instance à… Kigali. « Mettez-vous à la place de Kagame, qui en plus adore le foot. Il accueille le monde du football dans d’excellentes conditions, mais son pays est incapable de recevoir le Bénin pour un simple match qualificatif pour la CAN. Ce n’est bon ni pour son image, ni pour son ego. De plus, le match a été décalé au 29 mars, c’est-à-dire en dehors des dates FIFA (20-28 mars), ce qui a contraint Gernot Rohr à libérer plusieurs joueurs, rappelés par leurs clubs en Europe, intervient une autre source béninoise, bien introduite dans les milieux sportif et diplomatique. On imagine bien le circuit : Kagame appelle Infantino qui appelle Patrice Motsepe, le président de la CAF, qui appelle Mathurin de Chacus, le président de la fédération béninoise. »
La réserve du Bénin pour régler le problème ?
Contacté, ce dernier réfute cette hypothèse. « Je n’ai pas subi de pression, il me semblait logique d’aller jouer à Kigali, à partir du moment où la CAF était d’accord pour que le match s’y joue. » Au Caire, au siège de la CAF, on ne dit pas autre chose. « Il n’y a eu aucune intervention de la part de Paul Kagame auprès de Gianni Infantino, et de Gianni Infantino auprès de la CAF. Ce sont de pures spéculations », insiste Véron Mosengo-Omba. Pas sûr, pourtant, que les Béninois avalent ces arguments, surtout quand on connaît le poids diplomatique du Rwanda en Afrique. « Sur ce plan, le Bénin ne pèse pas grand-chose, alors que c’est tout le contraire pour Kagame », explique un ancien diplomate, fin connaisseur du continent africain.
Mais l’affaire n’est peut-être pas terminée, puisqu’après le match du 29 mars (1-1), les Béninois ont déposé une réserve officielle à propos de la présence sur la pelouse synthétique de Kigali de l’attaquant Kevin Muhire, averti lors de la 2e journée face au Sénégal (0-1, le 7 juin 2022 à Dakar) et également le 22 mars à Cotonou. « Normalement, il aurait dû être suspendu », rappelle Rohr. Le Rwanda pourrait donc perdre ce match sur tapis vert. « Et là, Kagame et Infantino ne pourront pas faire grand-chose », ironise une des sources béninoises. Méfiance quand même.
CLASSEMENT FIFA, LE SENEGAL CONSERVE SA PLACE
Le Sénégal garde sa deuxième place africaine dans le dernier classement mondial de la FIFA du mois d’avril toujours dominé par le Maroc, tout en remontant à la 18e place mondiale
Dakar, 6 avr (APS) - Le Sénégal garde sa deuxième place africaine dans le dernier classement mondial de la FIFA du mois d’avril toujours dominé par le Maroc, tout en remontant à la 18e place mondiale, a appris l’APS de l’instance dirigeante du football mondial, jeudi.
Le Sénégal, qui a grappillé une place dans le classement mondial, garde son rang en Afrique grâce à ses deux victoires contre le Mozambique, lors des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations 2023 en Côte d’Ivoire (13 janvirr-11 février), une compétition à laquelle il s’est qualifié.
Le Maroc, 11e du classement mondial, conserve sa première place africaine. Les Lions de l’Atlas ont battu, 2-1, le Brésil en match amical, le 25 mars dernier.
L’Algérie et l’Egypte ont, quant à eux, réalisé des bons en avant. Les Fennecs ont quitté la 40e place pour la 36e et les Pharaons la 39e pour la 34e. Toutefois, la meilleure progression est à mettre sur le compte de la République centrafricaine, qui est passée de la 132e à la 122e place.
Les Centrafricains doivent ce progrès à leur double succès, en mars, face à Madagascar, classé 110e. La Namibie, qui passe de la 113e à la 106e place et la Gambie de la 126è à la 120e place ont également réalisé des progrès.
En revanche, le Cameroun enregistre un grand recul en termes de points. Les Lions indomptables, qui étaient à la 33e place, sont descendus à la 42e.
Dans ce nouveau classement FIFA, l’Argentine, champion du monde en titre, quitte la deuxième place pour la première, chose qui n’était pas arrivée depuis six ans. Grâce à ses victoires en match amical face au Panama et Curaçao, en mars dernier, l’Albiceleste détrône le Brésil.
La Seleçao, en plus de perdre sa première place, est également devancée par la France, deuxième, grâce à ses succès obtenus face aux Pays-Bas et à la République d’Irlande, lors des éliminatoires de l’Euro 2024.
A part ce changement au niveau des trois premières équipes, le reste du top 10 ‘’ne connaît aucune évolution’’. Aucune nouvelle équipe n’a intégré le nouveau classement et aucune autre n’en est sortie. Le prochain classement mondial FIFA sera publié le 20 juillet 2023.
MULTIPLE PHOTOS
GÉNÉRAL MBAYE CISSÉ, PARCOURS D’UN MULTITÂCHE
Le nouvel homme fort des Armées est un ancien enfant de troupe du Prytanée militaire de Saint-Louis, qui a par la suite fait partie de la huitième promotion de l’Ecole nationale des officiers d’active de Thiès (ENOA, 1988-1990).
Le nouvel homme fort des Armées est un ancien enfant de troupe du Prytanée militaire de Saint-Louis, qui a par la suite fait partie de la huitième promotion de l’Ecole nationale des officiers d’active de Thiès (ENOA, 1988-1990). Ancien Directeur général du Centre des Hautes Études de Défense et de Sécurité (CHEDS), le Général de Corps d’Armée Mbaye Cissé a gravi tous les échelons de commandement avant de passer, en 2009, chef de la Division Etudes Générales à l’Etat-Major général des Armées. En 2012, il rejoint la Monusco (Mission des Nations Unies au Congo) comme adjoint au chef de la cellule de la réforme du secteur de sécurité.
De retour au Sénégal un an plus tard, il passe Officier supérieur, adjoint au commandant de la Zone militaire n°3 (Centre), avant de rejoindre l’état-major de l’Etat-major de l’armée de Terre où il dirige la chaine des ressources humaines. En 2016, il fait cap sur Saint-Louis pour commander la Zone militaire n°2 (Nord) avant d’occuper le poste de chef de cabinet du CEMGA jusqu’en juin 2020.
Diplômé de l’école d’Etat Major et de Commandement de l’Armée de Terre des Etats-Unis, le Général Cissé est aussi breveté de l’Ecole de Guerre de Paris, titulaire d’un certificat de maitrise en Philosophie, d’un certificat d’études supérieures en Psychologie et en Sociologie et d’un Master 2 en Relations internationales.
Il est également l’auteur de deux ouvrages sur l’armée sénégalaise, « Jambaar 1960-2010 », qui retrace le parcours de l’armée dans la période citée, et « Opération Fodé Kaba II », publié en 2001, portant sur l’intervention militaire sénégalaise en Gambie au début des années 80.
L’OBJECTIF EST DE RENDRE OUSMANE SONKO INÉLIGIBLE
Face à la presse à l’instant, la Défense de l’opposant monte au créneau après que le Parquet et la partie civile ont interjeté appel du jugement rendu en première instance.
« Ils veulent une aggravation de la peine pour que Ousmane Sonko soit inéligible. » Une déclaration faite par Me Massokhna Kane, un des avocats du leader de Pastef.
Face à la presse à l’instant, la Défense de l’opposant monte au créneau après que le Parquet et la partie civile ont interjeté appel du jugement rendu en première instance.
« Mame Mbaye Niang est sorti du tribunal en criant victoire disant que la justice l’a blanchi. On lui alloue 200 millions FCFA, il fait appel dès le lendemain contre toutes les dispositions du jugement. La question qu’on peut se poser, c’est qu’est-ce qu’il cherche ? », a dit la robe noire.
D’autant plus qu-a-t-il martelé, « leur client devait être entendu chez lui », selon les dispositions de « l’article 403 du Code de procédure pénale. » A défaut, a ajouté le conseil, il fallait « entendre ses avocats » mais
« cela n’a pas été fait. Le tribunal n’a pas également entendu les témoins de La Défense dont Birahim Seck, ni visionnés les vidéos qui prouvent l’existence du rapport parce qu’il y a des fuites. »
Outre « les violations » des droits de leur client, les avocats ont dénoncé le réquisitoire du Procureur, selon lequel, « Ousmane Sonko, en évoquant un rapport qui n’existe pas, a commis du faux ».
TER, LE GOUVERNEMENT ACQUIERT 7 NOUVEAUX TRAINS
Bonne nouvelle pour les usagers du TER. Selon igfm, l’achèvement des travaux de la phase 2 du réseau du Train express régional de Dakar (TER) est annoncé pour fin 2023. Ainsi l'Etat a anticipé la commande de 7 rames qui seront déployées.
Bonne nouvelle pour les usagers du TER. Selon igfm, l’achèvement des travaux de la phase 2 du réseau du Train express régional de Dakar (TER) est annoncé pour fin 2023. Ainsi, l’État a anticipé la mise en service de cette nouvelle ligne, en commandant les rames qui y seront déployées.
« Le groupe ferroviaire espagnol CAF (Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles) a dévoilé une commande de trains constituée de sept rames de quatre voitures chacune formulée par l’Agence sénégalaise pour la promotion de l’investissement et des grands travaux (Apix).
Ces trains seront fabriqués en collaboration avec Alstom qui fournira l’équipement des véhicules, tandis que CAF concevra et produira les trains dans son usine de Reichshoffen, en Alsace (nord-est France). Ces unités ferroviaires devraient être déployées sur le réseau du Train express régional (TER) qui relie Dakar à ses banlieues », rapporte la source.
Actuellement, le Sénégal développe la phase 2 du projet qui s’étend sur 19 km pour raccorder Diamniadio à, notamment, l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD) de Diass.
Sans oublier que la capitale dakaroise compte près de 24 % de la population et la part la plus importante de la flotte de véhicules du pays. Ce qui génère à la fois un encombrement du réseau routier et un besoin en transport élevé que l’offre actuelle ne peut couvrir entièrement.
Des défis qui ont poussé l’État à investir davantage dans le développement du transport en commun public.
PEUT-ON ENCORE SAUVER SAINT-LOUIS ?
L’ancienne capitale du pays, pourtant inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2000, se dégrade d’année en année. Un patrimoine d’autant plus difficile à sauvegarder qu’il peut être bien encombrant
Jeune Afrique |
Marième Soumaré |
Publication 06/04/2023
Du vieux bâtiment dont la construction remonte au XIXe siècle il ne subsiste que quelques pans de mur menaçant de s’écrouler. Aux pieds de l’édifice en pierre, ou plutôt de ce qu’il en reste, les gravats se mêlent aux tas d’ordures qui débordent sur la rue. À l’angle de la rue Blanchot et du quai Roume, à deux pas des rives paisibles du fleuve Sénégal, Aly Sine, directeur du patrimoine à la mairie de Saint-Louis, lève le doigt pour désigner la tour qui se dresse encore. La légende raconte qu’elle appartenait à une chapelle du XVIIIe. La maison, ancien entrepôt de la compagnie française Maurel & Prom, est restée connue sous le nom de « chapelle oubliée ». Répertorié comme un lieu « de grande valeur architecturale », le bâtiment semble sur le point de s’écrouler. Aly Sine se veut pourtant rassurant : « Les lieux ont été sécurisés. Nous pourrions tout reconstruire en respectant les plans originaux », assure-t-il avec un enthousiasme qui paraît un peu forcé.
Comme près de 720 bâtiments de l’île de Saint-Louis (Nord), capitale du Sénégal jusqu’en 1957, l’église oubliée avait pourtant été classée comme un site à protéger. Un important travail d’inventaire des lieux d’intérêt historique avait été réalisé après la reconnaissance de ce qui fut aussi l’ancienne capitale de l’Afrique-Occidentale française (AOF) comme patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco en 2000. « Aujourd’hui, 23 ans plus tard, la situation est bien pire. Une grande proportion des bâtiments à l’intérêt architectural et historique n’existent plus, ont été démolis ou transformés », lâche Xavier Ricou.
L’architecte sénégalais avait été missionné en 2005 pour préparer le plan de sauvegarde et de mise en valeur de la ville, qui, regrette-t-il, a été « mal appliqué ». « Beaucoup de propriétaires n’attendent qu’une chose : que les bâtiments soient totalement détruits pour faire construire des villas ou des immeubles à la place. Ce classement ne les arrange pas. » Les experts estiment qu’au moins un tiers des édifices d’époque ont été « irrémédiablement perdus » depuis 2000.
Un passé ambigu
Créée par les Français, qui y établissent le « comptoir du Fort Saint-Louis » en 1643, l’île de Saint-Louis est une étroite bande de terre de 72 ha, située au beau milieu du fleuve Sénégal et séparée de l’océan Atlantique par la langue de Barbarie. Cette langue de sable a longtemps servi de protection naturelle à l’île, qui est désormais menacée par l’érosion et la montée des eaux. Plusieurs villages ont déjà été engloutis par la mer. Entre 10 000 et 20 000 habitants de Guet Ndar, principalement des pêcheurs, doivent notamment être relogés.