«NOUS N’IRONS PAS FAIRE DE LA FIGURATION AU MONDIAL»
Sélectionneur des U-20 du Sénégal, Malick Daf distille les secrets de la victoire du Sénégal à la CAN U-20 et affiche ses ambitions avant la Coupe du Monde de cette catégorie
Sélectionneur des U-20 du Sénégal, Malick Daf distille les secrets de la victoire du Sénégal à la CAN U-20 et affiche ses ambitions avant la Coupe du Monde de cette catégorie. Après trois finales successivement perdues, Malick Daf est l’homme qui a conduit le Sénégal à la victoire en Coupe d’Afrique des Nations U-20. Une première pour le pays de la Teranga. Ancien entraîneur des U-17, le Sénégalais connaît parfaitement les joueurs qu’il a à sa disposition. Initié à l’art du coaching par le regretté Joseph Koto – « il ne se passe pas un seul jour sans que je pense à lui » – Daf caresse le doux rêve de ramener le trophée de la Coupe du Monde au Sénégal. Daf s’est entretenu avec FIFA.
La sélection U-20 du Sénégal est enfin sacrée championne d’Afrique, on se rappelle les trois finales successivement perdues en 2015, 2017 et 2019. Quels sont les sentiments qui vous animent ?
Nous sommes premièrement satisfaits du travail que nous venons d’accomplir. C’est toujours très important pour un entraîneur de gagner des trophées. Deuxièmement, je dirais que nous sommes soulagés. Je ne dirais pas que nous étions sous pression mais nous nous devions de gagner ce tournoi et de briser le signe indien.
Tout au long de cette CAN U-20, les Lionceaux de la Teranga ont été impressionnants : 6 matches joués, 6 victoires, 14 buts marqués, aucun encaissé. Le Sénégal repart avec tous les prix individuels, meilleur joueur (Lamine Camara) meilleur buteur (Pape Demba Diop) et meilleur gardien (Landing Badji). Quels sont les secrets de la réussite de votre équipe?
Le travail. J’ai un groupe de bosseurs. Ils sont très jeunes, ils ont déjà acquis beaucoup d’expérience et l’une des mes principales satisfactions est qu’ils comprennent les exigences du haut niveau. Ils sont toujours à l’écoute et appliqués. Ce sont des amoureux du jeu et, pour aller plus loin, je dirais même du beau jeu. Ils parlent beaucoup de football entre eux. Ils sont passionnés par ce qu’ils font et ils se donnent les moyens de progresser. On voit des sensibilités qui se dégagent. Il y en a un qui sera l’apôtre du 4-3-3 avec ses arguments, l’autre va objecter avec ses arguments. On a à faire à de sacrés débats dans cette sélection (rires). C’est agréable de les voir s’exprimer hors et surtout sur le terrain. Un autre avantage, c’est que nous avons grandi ensemble. J’ai eu à ma charge la plupart de ces joueurs en U-17. On se connaît. Nous étions à la Coupe du Monde au Brésil, où nous avons perdu en huitième de finale contre l’Espagne 2-1. Il est bon de suivre une génération. Cette continuité est aussi un des facteurs de notre réussite à cette CAN.
Vous dites constamment que vous vous préférez vous concentrer sur les forces et les atouts de son équipe plutôt que de prendre en considération les facultés de l’adversaire. Quelle est la philosophie de jeu de Malick Daf ?
(Il sourit) Lorsque vous construisez une équipe, vous devez connaître parfaitement tous les éléments qui la composent et surtout avoir confiance en eux. Nous, les entraîneurs des catégories juniors, nous sommes encore des éducateurs. Notre rôle est de les galvaniser. Je veux que lorsque mes joueurs entrent sur un terrain, ils se disent qu’ils sont les meilleurs, peu importe l’adversaire qui est en face. C’est la règle numéro 1. Ils se disent qu’ils sont les meilleurs parce que je pense qu’ils sont les meilleurs. Si en tant qu’entraîneur je n’ai pas foi dans les capacités de mon équipe, mon rôle est vain. Ce gain de confiance permet d’imposer notre identité de jeu. Un joueur en confiance va tenter plus de choses, va réussir plus de choses et la probabilité de gagner est plus grande.
Longtemps considéré comme un colosse aux pieds d’argile, le Sénégal vient d’empocher quatre titres de champion d’Afrique en 13 mois (CAN, CAN de Beach Soccer, CHAN et CAN U20). Comment expliquez-vous cette métamorphose ?
Après 65 ans sans rien gagner, il fallait bien se réveiller. (Rires). Nous avons longtemps porté ses costumes de favoris et trébuché sur la dernière marche. Ces 13 derniers mois sont le résultat d’une remise en question, d’une prise de conscience. La fédération a fait son travail en nous mettant dans de bonnes dispositions (stages, nouveaux moyens technologiques, ateliers…). Entre entraîneurs nous échangeons beaucoup. Lors de notre tournoi, Mame Moussa Cissé le sélectionneur des féminines, Pape Thiaw l’entraîneur des Lions locaux vainqueurs du CHAN, sont venus nous voir. On a discuté, on a échangé nos expertises et on s’entraide. Cette solidarité est essentielle pour le développement de notre football.
Qu’attendre du Sénégal pour la Coupe du Monde U-20 ?
On n’y va pas pour faire de la figuration. Nous voulons représenter dignement l’Afrique et le Sénégal. On a beaucoup d’ambitions tout en restant humbles. Nous sommes présents dans la cour des grands en compagnie de très grandes nations du football. Nous avons l’équipe qui faut pour aller le plus loin possible. Quand je dis le plus loin c’est-à-dire jusqu’à la victoire finale.
Vous vous projetez déjà ?
Oui, j’ai déjà rangé le trophée de la CAN dans l’armoire. Mon esprit est maintenant dans la préparation de ce Mondial. C’est une compétition de grande envergure, il faudra bien la préparer, car en tant que champions d’Afrique nous n’avons pas le droit à l’erreur.
LES CHRETIENS CHANTENT ALLELUIA CE DIMANCHE
Après 40 jours de jeûne, de prières et de sanctification, les fidèles catholiques s’apprêtent à célébrer la mort et la résurrection du Christ, ce dimanche 9 avril, dans le monde entier.
Après 40 jours de jeûne, de prières et de sanctification, les fidèles catholiques s’apprêtent à célébrer la mort et la résurrection du Christ, ce dimanche 9 avril, dans le monde entier. Ce moment est le plus important du christianisme, mais aussi la fête la plus ancienne et centrale de l’année liturgique.
En pleine semaine sainte, marquant la dernière ligne droite vers Pâques, depuis dimanche dernier, communément dimanche des Rameaux, les frères et sœurs en Christ ont amorcé depuis hier, jeudi 6 avril 2023, leur premier jour du Triduum Pascal qui concerne le Jeudi Saint, le Vendredi Saint et le Samedi Saint. Ces trois jours constituent le centre de gravité de toute l’année liturgique catholique et mènent au «mystère de Pâques».
Le Triduum Pascal est une période de trois jours durant laquelle les chrétiens célèbrent le cœur de leur foi, la mort et la résurrection de Jésus Christ, qui commence le soir du Jeudi Saint et se termine le Dimanche de Pâques, après les Vêpres. Successivement, les chrétiens commémorent le dernier repas du Christ avec ses disciples, son arrestation, sa crucifixion et sa mise au tombeau, puis sa résurrection d’entre les morts, le Dimanche de Pâques.
L’ULTIME REPAS DU CHRIST CELEBRE
Hier, Jeudi Saint, premier jour du Triduum Pascal, les catholiques ont célébré l’ultime repas du Christ avec ses disciples, où il leur annonce le don qu’il va faire de sa vie, librement et par amour. Cette messe en mémoire de la Cène du Seigneur a été dite dans toutes les églises du Sénégal, en particulier, et du monde en général. La messe du jeudi commémore le dernier repas du Christ avec les apôtres, communément appelée la Cène. Lors de ce repas, Jésus lava les pieds de ses disciples, bénit le pain et le vin pour la première fois, signifiant par là qu'il offrait son corps et son sang afin d'assurer le salut du monde, et annonça à ses disciples que l'un d'entre eux le trahirait. Cet épisode est fondamental dans la liturgie chrétienne, car il est le fondement de l'eucharistie (littéralement «Action de grâce» en grec) par laquelle les fidèles, aujourd'hui encore, répètent ces gestes en souvenir du Christ. L'acte par lequel ils reçoivent le pain de la main de l'évêque est appelé «communion». Cet acte est répété le même Jeudi Saint, par le prêtre célébrant.
LE SUPPLICE DE LA CROIX
Le Vendredi Saint reste un jour très important dans la tradition chrétienne, car il commémore la Passion, c'est-à-dire le supplice, la procession et la crucifixion du Christ. Il s'agit donc d'un jour de recueillement, et non de fête, pour les fidèles. Cet événement a toujours eu une place fondamentale dans la religion chrétienne, car il clôt l'aventure «humaine» de Jésus, avant sa résurrection. C'est donc un jour propre au christianisme et qui ne se fonde pas sur une fête issue d'une autre tradition. Le Vendredi Saint, l'Église catholique recommande donc aux croyants de pratiquer le jeûne et l'abstinence, en mémoire des souffrances du Christ. Dans l’après-midi, 15 h dans toutes les églises, une messe est organisée où le prêtre lit un passage de l'Evangile selon Saint Jean (où la Passion est relatée), suit une prière universelle (à la place de l'eucharistie), l'adoration de la croix, puis la communion. On peut noter que les hosties utilisées pour la communion ont été consacrées la veille, ce pour quoi on appelle cette messe «messe des présanctifiés». Mais avant, un chemin de croix vivant est organisé dans beaucoup de paroisses, offrant ainsi ‘occasion aux fidèles de revivre le parcours du Christ vers le Golgotha. Celui-ci prend des formes très différentes, selon les pays, les traditions et les époques. Au Sénégal et à Dakar, des chemins de croix vivants sont organisés.
JOUR DE DEUIL ET D’ESPOIR
Le Samedi Saint est, pour les chrétiens, un jour de silence, d'attente et de recueillement. Ils méditent sur les souffrances de Jésus Christ, sa mort et sa mise au tombeau. L'un des plus purifiés par l'épreuve, en l’occurrence Charles de Foucauld, disait ceci : «Je ne sais pas si Dieu m'aime et je ne sais pas si je l'aime.» Pourtant, même sans dialogue, Lui regarde et toujours nous considère. Il nous engage à ne pas faire l'économie de la foi, à avancer sans la vue, joyeux de croire sans avoir vu, et cela pour les hommes, parmi les hommes. Serions-nous au temps des veilles de Pâques, dans l'attente d'un passage nouveau pour l'Église ?
LA RESURRECTION…
La messe du Dimanche de Pâques est une célébration très joyeuse, chantée et enrichie de musiques. Les fidèles sont bénis d'eau sacrée durant la veillée pascale. Le prêtre lit le passage de l'Evangile dans lequel SaintPierre rapporte qu'en se rendant au tombeau du Christ, il l'a trouvé vide, preuve qu'il était bel et bien ressuscité. Alléluia !
VERS UNE BAISSE DU PRIX DES ENGRAIS
Au sortir d’un conseil interministériel sur l’agriculture hier, jeudi 6 Avril, le Ministre de l’Agriculture, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire Aly Ngouille Ndiaye a annoncé une baisse du prix des engrais en perspective de la campagne
Le Premier Ministre Amadou Ba a présidé hier, jeudi 6 Avril un conseil interministériel sur l’agriculture. A l’issue de cette rencontre, le ministre de l’Agriculture, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire Aly Ngouille Ndiaye a annoncé une baisse du prix des engrais.
Au sortir d’un conseil interministériel sur l’agriculture hier, jeudi 6 Avril, le Ministre de l’Agriculture, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire Aly Ngouille Ndiaye a annoncé une baisse du prix des engrais en perspective de la campagne agricole 2023-2024. « Nous avons remarqué, l’année dernière, une très forte hausse sur le prix des engrais. Cela était dû à la situation post-covid-19 et la guerre russo-ukrainienne. Pour la perspective de l’année 2023/2024, nous allons vers une baisse du prix des engrais », indique-t-il. Selon le ministre, la campagne de l’année 2022/2023 s’est bien passée dans l’ensemble, sauf quelques contre-performances constatées notamment sur le niébé et l’arachide qui a connu une baisse de production de 11%. Mais pour toutes les autres spéculations, souligne-t-il, dans l’ensemble des augmentations dans les productions comme les céréales et autres ont été notées. Le ministre a relevé, par ailleurs, une hausse du prix des semences qui affecte actuellement le marché.
De son coté, le Premier Ministre Amadou Ba a rappelé que depuis l’avènement de la COVID-19 et de la guerre russo-ukrainienne qui se sont traduits par l’augmentation des prix des engrais, le budget de la campagne agricole du ministère en charge de l’Agriculture est en forte hausse, passant de 40 milliards en 2019 à 90 milliards en 2022. Selon lui, cet important effort de l’Etat, en termes d’appui aux produc teurs, a permis au secteur agricole d’atteindre des résultats importants dans le cadre de la mise en place et de la cession des intrants subventionnés. Toutefois, il relève que malgré ces efforts, la production agricole de l’année dernière n’a pas été à la hauteur de leurs attentes. « Cette année, nous devons travailler ensemble pour garantir que notre campagne agricole soit une réussite. Nous devons veiller à ce que nos agriculteurs disposent des ressources et des outils dont ils ont besoin pour produire des récoltes abondantes et de qualité », soutient-il. Amadou Ba annonce que le ministère de l’agriculture va organiser des campagnes de sensibilisation et de formation pour les agriculteurs, notamment sur les bonnes pratiques agricoles, la conservation des sols et la gestion des cultures.
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LES SUSPICIONS DES AVOCATS D’OUSMANE SONKO
Eligibilité ! L’objectif recherché dans les appels introduits par le Procureur et le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang est d’écarter le leader du parti Pastef Ousmane Sonko de la prochaine élection présidentielle
Les avocats du leader du parti PASTEF ont fait face à la presse hier, jeudi 6 avril, après la condamnation de leur client pour diffamation à deux mois de prison avec sursis et 200 millions de FCFA en guise de dommages et intérêts dans l’affaire l’opposant au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang. Selon eux, les appels introduits par le Procureur et le ministre visent à rendre inéligible leur client pour la prochaine élection présidentielle.
Eligibilité ! L’objectif recherché dans les appels introduits par le Procureur et le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang est d’écarter le leader du parti PASTEF Ousmane Sonko de la prochaine élection présidentielle. C’est la conviction des avocats du maire de Ziguinchor qui ont organisé une conférence de presse hier, jeudi 6 avril. «La partie civile s’était dite satisfaite lorsqu’elle était sortie de l’audience et a remercié tous les Sénégalais. Quelque temps après, Mame Mbaye Niang a été reçu en conférence de presse et il a dit ceci : «Ousmane Sonko n’a pas encore échappé à l’inéligibilité. Donc, la réponse à savoir qu’est-ce qui les motive, est claire. C’est pour le rendre inéligible, pour qu’il ne participe pas aux élections présidentielles en 2024», a déclaré Me Bamba Cissé. En effet, reconnu coupable du délit de diffamation contre Mame Mbaye Niang, Ousmane Sonko a été condamné en première instance à une peine de deux mois avec sursis assortie de 200 millions de FCFA en guise de dommages et intérêts le 30 mars dernier.
Selon Me Bamba Cissé, l’appel du procureur peut durcir la peine. «L’appel de Mame Mbaye Niang ne peut porter que sur ses intérêts civils, seul l’appel du parquet peut remettre en cause les dispositions pénales du jugement. Or, seul cet appel peut permettre de corser la peine. On passera de deux à trois mois et si on est à trois, Sonko ne sera plus candidat. S’il est condamné à une amende supérieure ou égale à 200 mille FCFA, il ne sera plus candidat, si la cassation confirme la position de principe du juge d’appel», explique la robe noire. Sur ce, Me Bamba Cissé qui affirme que la justice ne doit pas être «utilisée» pour écarter des adversaires politiques, dit constater une célérité dans le traitement du dossier de leur client. Ce que confirme Me Amadou Diallo. « Il y a de la précipitation et nous le savons tous, le temps de la justice n’est pas le temps des politiques, des médias. Donc, aujourd’hui si cette justice-là s’inscrit dans la précipitation parce que dans le passé, il y a eu des antécédents, il est évident que personne n’est dupe. On a compris qu’il y a un agenda qui lui (procureur) est imposé. Ce qui est inacceptable dans un Etat de droit parce qu’une justice expéditive est une justice sous commande», a regretté Me Amadou Diallo.
Me Ousseynou Ngom de renchérir : «La décision est rendue le 30 mars. Le lendemain, nous sommes informés que des pressions ont été mises au niveau du service du greffe, du préposé à l’appel pour faire la mise en état du dossier et pour son transfert au niveau du procureur qui va diligenter le dossier et transférer au procureur général. Le lundi 3 avril, on reçoit l’information que le jugement est en phase d’être disponible. Une personne a été diligentée pour se rendre très rapidement au service des impôts et domaines pour l’enregistrement et le mercredi à 7 avril, on m’appelle pour m’informer que le jugement est disponible et vous ne pouvez le prendre que sur demande». Allant plus loin, Me Massokhna Kane soutient que l’inéligibilité d’Ousmane Sonko «mettra le pays à feu et à sang parce que personne ne l’acceptera».
Revenant sur le déroulement du procès, les avocats d’Ousmane Sonko soulignent que les droits de leur client ont été foulés au pied. «Dans cette affaire, il n’y a pas eu de procès. Le procès, c’est aussi le contenu. Dans le contenu, tous les droits de Sonko sont bafoués. Son droit d’être assisté par un avocat. Sa liberté d’aller et de venir. Le choix fait par ses partisans de l’accompagner pour assister à un procès public. Tout cela n’a pas été respecté en ce qui concerne Sonko», a fait savoir Me Amadou Diallo. Pour Me Massokhna Kane, «c’est délibérément que le tribunal a refusé que les avocats expliquent les motifs de l’absence de leur client» le jour du procès. Et d’ajouter, «Les témoins que nous avions cités, Birahim Seck et Clédor Sène n’ont pas été entendus par le tribunal alors qu’il a accepté de prendre leur citation». Cependant, les avocats d’Ousmane Sonko comptent s’organiser pour défendre les droits de leur client.
Par Maitre Adama DIENG & Hon. Professeur Gareth EVANS
À PROPOS DE LA SITUATION EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Malgré les graves risques auxquels sont confrontées les populations en RDC, la crise reste l’une des plus négligées au monde
Avril marque le Mois de la prévention et de la sensibilisation au génocide, un moment pour réfléchir sur l'histoire, les causes et les victimes des massacres génocidaires passés remontant à plusieurs décennies - notamment au Rwanda, à Srebrenica, au Cambodge, en Arménie et ailleurs - et aussi pour mobiliser la détermination permettant d'affronter les risques auxquels sont actuellement confrontées les populations et ainsi prévenir de futures atrocités de masse.
Depuis près de 30 ans, nous observons avec une profonde inquiétude une violence cyclique et aveugle alors que les conflits internationalisés ravagent les populations à travers la RDC, en particulier celles des régions orientales frontalières du Rwanda, de l’Ouganda, du Burundi et de la Tanzanie. Les forces armées congolaises et étrangères, ainsi que d’innombrables groupes armés abusifs, ont régulièrement perpétré des violations et des abus généralisés - dont certains peuvent constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. L’impunité pour les atrocités, la corruption endémique, la mauvaise gouvernance et les discours et incitations à la haine ont tous contribué à de nouvelles exactions généralisées contre les civils, à l’intensification des tensions ethniques et des troubles politiques, et à un nombre record de déplacés congolais.
La récente visite du Conseil de sécurité de l’ONU dans l’est de la RDC et les rapports du Secrétaire général Antonio Guterres faisant état de violences « alarmantes » ont mis en lumière la crise, mais il reste encore beaucoup à faire face à la gravité de la situation, en particulier face au risque croissant d’atrocités ciblant des segments vulnérables de la population.
Depuis que le gouvernement a déclaré la loi martiale dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri sous un soi-disant «état de siège» en mai 2021, les atrocités et la violence se sont intensifiées au milieu d’attaques généralisées par des groupes armés abusifs comme la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO) et les Forces démocratiques alliées (ADF) notoirement brutales. Depuis octobre 2022, plus de 1 300 personnes ont été tuées rien qu’en Ituri et au Nord-Kivu.
Sous l’état de siège, un climat d’intolérance s’est développé, les autorités du Nord-Kivu et de l’Ituri ayant utilisé des pouvoirs étendus pour intensifier leur répression contre les voix dissidentes. L’armée et la police ont restreint les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique ; détenu et poursuivi arbitrairement des défenseurs des droits humains, des journalistes, des membres de l’opposition politique ou d’autres personnes considérées comme critiques à l’égard du gouvernement ; et des manifestations pacifiques ont été interdites et violemment réprimées.
En outre, des millions de Congolais vivent en première ligne de combats intenses alors que le groupe armé du Mouvement du 23 mars (M23) a étendu son contrôle à travers le Nord-Kivu et avancé près de la capitale provinciale, Goma. Depuis le lancement de sa nouvelle offensive, le M23 a commis des exactions généralisées contre les civils, notamment des meurtres délibérés, des recrutements forcés et des bombardements aveugles, entre autres crimes de guerre possibles. Pendant ce temps, pour tenter de faire face à l’offensive du M23, l’armée congolaise (FARDC) a utilisé et soutenu comme mandataires des groupes armés qui ont eux-mêmes été impliqués dans des exactions et des atrocités généralisées, y compris, entre autres, les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (Les Forces démocratiques de libération du Rwanda, FDLR). Les FDLR sont un groupe armé majoritairement hutu rwandais, dont certains dirigeants avaient participé au génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda. Actifs dans l’est de la RDC depuis des années, les combattants des FDLR ont une longue histoire de meurtres, de mutilations et de violences sexuelles contre des civils dans le Nord et le Sud-Kivu.
On note, depuis que le gouvernement de la RDC accuse le Rwanda de soutien au M23, une escalade dramatique de la désinformation, de la xénophobie, des discours de haine et de l’incitation à la discrimination et à la violence, ciblant en particulier les Tutsis/Banyarwanda et d’autres personnes d’origine rwandaise ou présumées l’être. Il y a une histoire dans l’est de la RDC de sentiments et de rhétorique anti-tutsis dangereux ciblant les personnes qui parlent le kinyarwanda, longtemps perçues comme des «étrangers» ou des «envahisseurs» en RDC. Alors que ces populations ont fréquemment été menacées et attaquées ces dernières années, les risques auxquels elles sont confrontées se sont accrus au rythme des discours dangereux propagés par des personnalités de partis politiques, des dirigeants communautaires, des acteurs de la société civile et des membres de la diaspora congolaise.
Les belligérants font de plus en plus appel aux allégeances ethniques et sèment la discorde entre les communautés. À Kitchanga et dans d’autres villages, des centaines de civils tutsi - régulièrement perçus par les membres d’autres communautés comme des partisans du M23 - ont fui par peur des représailles de groupes armés diffusant une rhétorique hostile et menaçante contre leur communauté. Le Groupe d’experts des Nations Unies a documenté des incidents de violence ciblée ou de lynchage public d’individus rwandophones.
Plusieurs responsables et organes de l’ONU ont exprimé leur inquiétude face à l’escalade de la rhétorique incendiaire dans le pays. Dans l’une de ces déclarations, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, et la Conseillère spéciale pour la prévention du génocide, Alice Nderitu, ont mis en garde : « le discours de haine… se concentre sur des aspects qui importaient moins auparavant, incite à parler de nous contre eux », et corrode la cohésion sociale… Les messages haineux augmentent le risque de violence, y compris les atrocités criminelles ciblant des groupes spécifiques de personnes.
Les atrocités criminelles sont souvent précédées d’une incitation à la violence par le biais d’un discours de haine. La rhétorique haineuse a la capacité unique d’inciter ou d’inspirer la violence contre le groupe ciblé en répandant la peur ou la haine en son sein. La diabolisation de groupes spécifiques de personnes présentées comme « dangereuses » ou « inférieures » a entraîné des tragédies catastrophiques dans le passé, notamment l’Holocauste et le génocide des Tutsi au Rwanda. Le parti nazi a utilisé des tabloïds antisémites, tels que Der Stürmer, et la radio gouvernementale pour favoriser un environnement où le peuple allemand persécuterait et diaboliserait les Juifs uniquement sur la base de leur identité. Au Rwanda, la station de Radio-Télévision Libre des Mille Collines (RTLM) a joué un rôle déterminant dans l’incitation au génocide en diffusant des discours haineux sur les « cafards » tutsi et en exhortant les Hutu à se retourner contre leurs voisins. Les médias ont également aidé à recruter et à coordonner des massacres.
La résurgence du M23 a non seulement aggravé la crise humanitaire et des droits humains déjà préoccupante dans l’est de la RDC, mais elle a également ravivé les tensions entre la RDC et le Rwanda, ce qui met sérieusement en danger la cohésion et la stabilité nationales et régionales. Il est impératif que les gouvernements du Rwanda et de la RDC engagent un dialogue et un processus de médiation axé sur les droits pour empêcher toute nouvelle escalade.
Reconnaissant que les États ont la responsabilité première de protéger leurs populations contre le génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le nettoyage ethnique, il incombe en particulier au gouvernement de la RDC de prendre des mesures concrètes pour protéger toutes les personnes sans discrimination, ainsi que de veiller à faire rendre compte à tous les auteurs d’atrocités :
Conformément à la recommandation de la Conseillère spéciale des Nations Unies pour la prévention du génocide, le Parlement de la RDC devrait adopter une loi sur le racisme, la xénophobie et le tribalisme pour renforcer le cadre juridique sur le discours de haine et contrer la récurrence de l’incitation à la violence.
Le gouvernement devrait également sanctionner les individus responsables de la propagation de discours de haine et/ou d’incitation à la violence, à la discrimination ou à l’hostilité conformément à la Stratégie et au plan d’action des Nations Unies contre le discours de haine, quel que soit leur rang ou leur affiliation politique.
Répondre aux abus perpétrés par les groupes armés et les agents du gouvernement et prévenir de nouvelles tensions entre les communautés est d’autant plus essentiel que la RDC se rapproche des élections générales prévues en décembre. Les élections exacerbent souvent les tensions existantes entre les communautés – en particulier si les politiciens et les candidats incitent et mobilisent les divisions ethniques pendant la campagne – et peuvent être un déclencheur d’atrocités. De plus, les mesures prises pour restreindre les droits de l’électorat pendant un cycle électoral non seulement risquent de saper le processus démocratique, mais augmentent également les menaces pour les populations vulnérables. Déjà, un groupe de Tutsi congolais a fait part aux journalistes d’une campagne hostile, y compris des menaces et des violences au mois de février, pour les empêcher de s’inscrire pour voter au Sud-Kivu.
L’ONU continue de jouer un rôle crucial dans la désescalade des tensions et dans la prévention d’une nouvelle rechute catastrophique dans la violence:
La mission de maintien de la paix des Nations unies (MONUSCO), le Haut Commissaire aux droits de l’homme (HCDH) et la Conseillère spéciale pour la prévention du génocide doivent continuer à mobiliser les autorités locales, provinciales et nationales, ainsi que les journalistes et la société civile, pour condamner le discours de haine ainsi que la stigmatisation et le profilage racial des communautés.
La MONUSCO, avec le soutien du HCDH, doit développer et mettre en œuvre ses mécanismes d’alerte précoce et de réponse aux violences électorales pour garantir que les élections soient pacifiques, transparentes, crédibles et inclusives.
Malgré les graves risques auxquels sont confrontées les populations en RDC, la crise reste l’une des plus négligées au monde. Alors que nous observons le Mois de la sensibilisation et de la prévention du génocide, il est essentiel que nous apprenions du passé et que nous prenions des mesures efficaces pour lutter contre les causes immédiates et sous-jacentes de la violence de masse afin de briser le cycle des abus et de l’impunité. Nous le devons aux victimes du Génocide des Tutsi au Rwanda. Nous nous le devons à nous-mêmes.
S.E. Maitre Adama Dieng est président-fondateur de l'Alliance panafricaine pour la transparence et l'État de droit, ancien conseiller special pour la prevention du genocide.
Hon. Professeur Gareth Evans est ancien ministre australien des Affaires étrangères, président émérite de l'International Crisis Group.