PLAIDOYER POUR L'ÉRECTION D'UNE STATUE EN L'HONNEUR DES TIRAILLEURS À MARSEILLE
Présent à la projection du film "Tirailleurs" à Marseille, le consul du Sénégal a plaidé pour qu'une statue, miroir de celle des soldats "Dupont et Demba" à Dakar, soit érigée dans la deuxième ville de France
"La participation des Africains doit être reconnue": présent à la projection du film "Tirailleurs" à Marseille, le consul du Sénégal a plaidé pour qu'une statue, miroir de celle des soldats "Dupont et Demba" à Dakar, soit érigée dans la deuxième ville de France.
Sorti en France mercredi, "Tirailleurs", avec l'acteur Omar Sy, raconte l'histoire de Thierno, recruté de force dans un village sénégalais par l'armée française en 1917, et de son père, qui tente de veiller sur lui dans l'horreur de la Première Guerre mondiale. Ils furent plus de 200 000 soldats originaires d'Afrique subsaharienne (Sénégal, Guinée, Burkina Faso, Mali...), à l'époque colonisée par la France, à se battre au cours de la Grande guerre et 150 000 durant le deuxième conflit mondial, une histoire longtemps oubliée. "Nous voulons que cette participation africaine soit reconnue. Nous ne sommes pas dans la victimisation, ce qui est important c'est la reconnaissance", a expliqué le consul du Sénégal à Marseille, Abdourahmane Koita, après la projection du film au cinéma Les Variétés mercredi soir. "Beaucoup de ces soldats africains sont morts pour que nous soyons en vie aujourd'hui", a-t-il insisté, en appelant de ses voeux une statue à Marseille, "longtemps porte d'entrée des Africains en France".
Depuis deux ans, le représentant du Sénégal, soutenu par diverses associations, plaide pour que Marseille accueille, dans "un endroit accessible et symbolique", un monument similaire à celui de Dakar représentant deux combattants de la Première Guerre mondiale, un Africain ("Demba") et un Français de métropole ("Dupont"). Cette statue, réalisée dans les années 1920, fut placée en 2004 devant la gare de Dakar, sur la place des Tirailleurs, quand l'ex-président sénégalais Abdoulaye Wade institua une journée en mémoire de ces soldats africains. "Nous voulons la même à Marseille, en symétrie, pour symboliser cette fraternité", a poursuivi le consul, insistant sur le message que serait un tel monument pour les Français et les familles françaises issues de l'immigration qui partagent "un avenir commun".
Un comité scientifique a été constitué et des rencontres ont eu lieu avec la préfecture, le gouverneur militaire et la mairie, selon le consul. "A défaut de statue, nous voudrions au moins une stèle" dans le parc Borély, où existe un mémorial en hommage aux Américains morts pour la France, a-t-il ajouté. Déléguée générale d'Ancrages, centre de ressources sur l'histoire et les mémoires des migrations, Samia Chabani a rappelé l'importance de rendre visible cette histoire dans l'espace public, comme avec la récente école rebaptisée du nom d'un tirailleur algérien, Ahmed Litim, à Marseille. "Dans le film, un de ces soldats dit Ne m'oubliez pas", a insisté Abobikrine Diop, vice-président de l'Association des familles africaines de Provence, "on leur doit bien ça".
INTERDICTION DU RASSEMBLEMENT DE YEW PRÉVU POUR CE VENDREDI
L'arrêté préfectoral invoque que "le lieu retenu (pour la manifestation) fait l'objet de travaux d'envergure" liés à un projet de bus roulant sur des voies exclusives et la préparation de la fête de l'indépendance prévue le 4 avril"
Les autorités sénégalaises ont interdit jeudi une manifestation prévue vendredi à Dakar par l'opposition, pour dénoncer des irrégularités dans la gestion d'un fonds anti-covid relevées dans un rapport de la Cour des comptes, a-t-on appris de source officielle.
Un arrêté du préfet de Dakar invoque que "le lieu retenu (pour la manifestation) fait l'objet de travaux d'envergure" liés à un projet de bus roulant sur des voies exclusives et la préparation de la fête de l'indépendance prévue le 4 avril. La place de la Nation, lieu prévu pour la manifestation, "est marquée par une présence continue d'engins et d'ouvriers qui rend désormais impossible la tenue de rassemblements, en raison des risques d'accident" et de retard des travaux, selon le texte. Le préfet indique, en conséquence, "ne pouvoir donner (une) suite favorable" à la requête de l'opposition.
La place de la Nation, près du centre-ville de Dakar, abrite habituellement des manifestations, comme celle du 30 décembre à l'appel d'organisations de la société civile contre les irrégularités dans la gestion du fonds anti-covid.
La principale coalition de l'opposition Yewwi Askan Wi (YAW, Libérons le peuple en langue ouolof) avait appelé à manifester vendredi pour "contester la manière dont ce gouvernement gère nos deniers publics" et contre "le recul démocratique et l'impunité des hommes du pouvoir". Un rapport d'audit de la Cour des comptes du Sénégal, publié mi-décembre, porte sur les dépenses faites en 2020 et 2021 sur le "Fonds de riposte contre les effets du Covid-19". Ce fonds, financé par l'Etat du Sénégal et des bailleurs, est d'un montant de 1.000 milliards de FCFA (1,5 milliard d'euros) dont plus de 740 milliards de FCFA (plus de 1,1 milliard d'euros) ont été officiellement dépensés selon le rapport. Le document a pointé des "manquements", des "surfacturations", des "absences de justificatifs" des dépenses dont certaines, en outre, ne sont "pas liées au covid".
Le gouvernement s'est défendu en soulignant que les manquements relatés portent sur moins d'un pour cent du montant total du fonds et a promis de suivre les recommandations de la Cour des comptes qui a demandé l'ouverture d'informations judiciaires contre des responsables dans des ministères.
LE KAKI, UN FRUIT DE RICHES QUI NE FAIT PAS FORCÉMENT RECETTE
Il est question du fruit ressemblant à la tomate ou à l’orange. Sa particularité est qu’il est peu connu des Sénégalais. C’est l’un des produits les plus chers, vendus entre 5000 et 6000 FCfa le kg
Le kaki ! Il ne s’agit pas cette fois du raffiné pantalon si célèbre. Il est plutôt question du fruit ressemblant à la tomate ou à l’orange. Sa particularité est qu’il est peu connu des Sénégalais. C’est l’un des produits les plus chers, vendus entre 5000 et 6000 FCfa le kg. Nous sommes allés à la rencontre des distributeurs et des clients à Dakar.
Un vent frais teinté de poussière balaie Dakar ce mercredi. Les objets légers s’envolent, impactant les étals de jeunes commerçants au centre-ville. Une scène cocasse : Abdoulaye, un adolescent, court derrière un ballon gonflable. De petits instants d’exercices sportifs forcés, le visage gai. Ainsi, il réussit à récupérer cette marchandise. À un mètre de lui, l’activité est intense sur la Rue Sandiniéry. Ce nom renvoie automatiquement à la vente de fruits dans la capitale sénégalaise. Hommes et dames défilent, caisses et plateaux sur la tête. Pleins d’énergie, ils côtoient les camionnettes qui déchargent les marchandises. Il y a des bananes, des pommes, des oranges. Mais aussi des fruits moins connus. Il s’agit notamment du kiwi et du kaki. C’est ce dernier produit qui nous intéresse ce matin. Attention à ne pas le confondre à une orange ou de la tomate. C’est la même couleur. Cependant, il est tendre et de forme ovale. Des détails qui peuvent aider à faciliter l’identification. Ce fruit est visible sur toutes les tables. Et des commerçants tentent de retracer son origine au point de provoquer des malentendus.
« Les produits que nous avons proviennent de plusieurs pays. Ceux que je vends moi viennent d’Espagne. J’ai eu la confirmation de mon fournisseur. Il n’y a pas de doute là-dessus », assure Ibrahima. Moussa Baldé tient un carton sur sa main droite. Il en brandit un. « C’est frais et joli et délicieux avec une conservation de qualité », s’enorgueillit-il, le sourire aux lèvres. Les fruits dont il dispose, souligne-t-il, proviennent du Maroc ou du continent européen. « Ils ne sont pas cultivés sur place. Les miens viennent du Maroc, de l’Espagne, du Portugal et de la France parfois », explique-t-il. Moustapha, devant son magasin, aide un camionneur à décharger des caisses contenant divers fruits. Le jeune homme vend principalement des kakis. Et c’est depuis plusieurs années. « J’en reçois de l’Espagne et de la Chine. Et ils se vendent bien à mon niveau car ce sont des fruits frais et délicieux, très courus à l’occasion des fêtes notamment », indique-t-il, le cure-dent à la bouche.
Un fruit qui coûte cher
Sur l’Avenue Ponty, votre serviteur qui n’a jamais goûté au kaki s’approche d’un vendeur de fruits pour avoir une idée du prix du produit. « Le fruit est vendu à 1 200 FCfa, mais je peux vous le céder à 1000 FCfa », indique le commerçant. Je crus qu’il exagérait avant de me rendre compte que c’est le prix du marché. À Sandiniery, la plupart des commerçants en vendent par kilogramme. Et c’est toujours plus cher que les autres fruits. Debout devant son étal, Mamadou tente de fournir des explications. « Personnellement, je vends le kilogramme à 5000 FCfa. Le fruit est cher, parce que nous l’importons du Maroc ou d’Espagne. Donc, pour avoir un bénéfice de 1000 FCfa ou un peu moins, je suis obligé de vendre le kilogramme à 5000 FCfa », dit-il. À quelques minutes de lui, Ousmane Bâ tient une boutique. À côté des marchandises telles que le riz, l’oignon et l’huile, il dispose d’un étal de fruits. Parmi ses produits, il y a le kaki. Lui, vend le kilogramme à 6000 FCfa et l’unité à 1 500 FCfa. Il s’approvisionne à partir du Maroc, de l’Espagne ou de la Chine. « Le fruit est assez cher, reconnaît Ousmane, mais nous sommes obligés de prendre en compte le transport et les frais liés à la conservation ». Son camarade, Ousseynou, embouche la même trompette. Ce fruit, à ses yeux, fait partie des produits les plus chers sur le marché. « C’est normal qu’on vende le kilogramme constitué de 4 fruits à 6000 FCfa, parce que le produit n’est pas cultivé sur place », souffle-t-il.