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17 juin 2025
L'HYPOTHESED4UNE INFLATION DES PRODUITS PETROLIER ECARTEE
La ministre du Pétrole et des Énergies, Sophie Gladima, insistant sur les efforts fournis par les pouvoirs publics pour réduire les tarifs des denrées de consommation courante, a déclaré qu’il n’a jamais été question d’augmenter le prix du carburant.
La ministre du Pétrole et des Énergies, Sophie Gladima, insistant sur les efforts fournis par les pouvoirs publics pour réduire les tarifs des denrées de consommation courante, a déclaré qu’il n’a jamais été question d’augmenter le prix du carburant.
« Je veux attirer l’attention des populations : il n’a jamais été question d’augmenter le prix du carburant, c’est le gasoil qui est utilisé en majorité dans ce pays et son prix n’a pas bougé », a-t-elle précisé en marge d’une cérémonie de remise de kits scolaires aux élèves de Joal-Fadiouth, jeudi.
Dans ses propos rapportés par l’APS, la ministre du Pétrole et des Énergies a invité les commerçants à « arrêter d’augmenter les prix des produits de consommation sous prétexte que le prix du carburant est en hausse ».
« On n’a jamais augmenté le prix du gasoil », a-t-elle insisté, rappelant que ce produit coûte 890 francs CFA/litre.
Le gasoil est vendu à ce prix en raison d’une subvention de l’Etat, selon Sophie Gladima.
Les commerçants doivent soutenir « les efforts fournis par l’Etat pour soulager les populations affectées par le coût élevé de la vie », a-t-elle dit.
« Quand l’Etat fait des efforts, il faut que les commerçants acceptent également de faire des efforts avec nous au lieu d’augmenter » les prix, a-t-elle ajouté. Avec Pressafrik
LE BILAN DES ACCIDENTS GRIMPE
La Brigade nationale des sapeurs-pompiers déplore un nouveau cas de décès causé par un accident sur la route de Tivaouane. "La Brigade est sortie pour 15 accidents de la circulation.
La Brigade nationale des sapeurs-pompiers déplore un nouveau cas de décès causé par un accident sur la route de Tivaouane. "La Brigade est sortie pour 15 accidents de la circulation. Ces accidents ont occasionné 53 victimes qui ont été traitées, prises en charge et transportées à l’hôpital. Malheureusement, nous déplorons 2 cas de décès", ont recensé les secours.
Qui signalent avoir consulté gratuitement 121 patients, dans leur bilan d’étape dressé le jour J du Gamou ou naissance du Prophète Muhammad.
L’HISTOIRE QUI S’ÉCRIT ENTRE TAÏBA NIASSÈNE, LÉONA ET MÉDINA BAYE
Ce 8 octobre, le Sénégal célèbre la commémoration de la naissance du Prophète Mouhamed (PSL). Si Tivaouane constitue un haut lieu d’attraction Médina Baye ou Leona, à Kaolack, constituent des lieux de convergence des fidèles du Sénégal et de la diaspora
Ce 8 octobre, le Sénégal célèbre la commémoration de la naissance du Prophète Mouhamed (PSL). Si Tivaouane constitue un haut lieu d’attraction, Médina Baye ou Leona, à Kaolack, constituent des lieux de convergence des fidèles tidianes du Sénégal et de la diaspora. L’enseignant à l’Université Iba Der Thiam de Thiès, Dr Babacar Niane revient sur le père fondateur et inspirateur de ce Gamou.
Le Gamou est un terme wolof qui marque la commémoration de l’anniversaire de la naissance du Prophète (Psl). Il est également désigné parfois sous le vocable arabe de Mawloud qui signifie naissance. La célébration de la naissance du Prophète se fait chaque année dans la nuit du 11 au 12 du mois Rabihoul Awwal, (troisième mois du calendrier Hégirien). Au Sénégal, le Gamou est célébré un peu partout dans le pays. Kaolack en fait partie, plus particulièrement Médina Baye et Léona niassène.
L’enseignant à l’Université Iba Der Thiam de Thiès de Thiès, un fervent talibé de Baye a écrit un ouvrage sur lui. « Père d’El Hadji Ibrahima Niasse, plus connu sous le nom de Baye Niasse, El Hadj Abdoulaye Niasse est le fils de Muhammad Niasse et de Khadidiatou Thiam. Il est né à Béli (Bélé) dans le Djolof », raconte Dr Babacar Niane. Pour ce qui concerne sa date de naissance, il précise que les avis divergent, mais elle se situerait entre 1840 et 1844. Il est rappelé à Dieu en 1922 à Kaolack après avoir consacré toute sa vie à l’enseignement des sciences arabo-musulmanes, à l’éducation islamique et à l’agriculture. L’enseignant à l’Université de Thiès ajoute que El Hadj Abdoulaye Niasse avait quitté le Djolof, accompagné de son père pour répondre à l’appel de Maba en 1860. Après la mort de son père à Niassène Walo, « il allie le jihad » à l’enseignement et à l’agriculture. Plus tard, il renonça au jihad pour se consacrer à l’enseignement et au travail de la terre. Il fonda, par la suite, Taïba Niassène dans le but de mieux mener la mission qui lui est dévolue. Considéré comme un obstacle au développement de la culture française, les colons l’avaient contraint à s’exiler en Gambie à deux reprises, rapporte Dr Niang.
Origine de Lewna (Léona)
L’enseignant-chercheur renseigne que Léona est une cité fondée par El Hadj Abdoulaye Niasse à Kaolack, en 1910, après son dernier exil en Gambie. « Cet exil s’expliquait par les démêlés qu’il avait avec les colons qui avaient incendié sa mosquée et sa bibliothèque à Taïba Niassène. Mais ce fut grâce à l’intervention de El Hadj Malick que le Commandant de cercle d’alors, Paul Brocard, lui a cédé un lopin de terre assez vaste où il a élu domicile pour mener à bien sa vocation, c’est-à-dire, enseignement/éducation, adoration d’Allah et le travail. Cet espace est appelé Léona. C’est un terme wolof qui signifie : ça vous appartient d’office maintenant », explique Dr Niane.
Baye Niasse, maître de la Fayda
Quand on parle du Gamou de Médina Baye, on fait forcément référence à Baye Niass. Il est né en 1900 à Taïba Niassène. Après des études très poussées en sciences islamiques et en soufisme, il devient un maître incontesté à l’intérieur de l’espace familial, à Léona et à Kossi. Selon Dr Babacar Niane, entre 1929 et 1930, Baye Niasse se proclama maître de la Fayda et fonda ensuite sa cité religieuse qu’est Médina Baye en souvenir à Madinatoul Mounawwara, lieu d’exil du Prophète Muhammad (Psl). Et, au-delà du Sénégal, le Gamou s’est internationalisé. Chaque année, des milliers de fidèles rallient la cité religieuse. Ceci s’explique, selon l’enseignant, par l’éparpillement des nombreux talibés de Baye Niass, surtout au Nigéria où la rencontre entre Cheikh Ibrahima Niass et l’Émir Abdallah Bayéro de Kano pourrait servir de déclic. Et plus tard, par les disciples américains, grâce à l’intervention de son petit-fils, Cheikh Imam Assane Cissé. Selon l’universitaire, Médina Baye est fondé par Baye Niass en 1929, et juste après, il a continué les Gamou entamés depuis Léona. C’est Baye Niass lui-même qui l’a créé. Et le premier Gamou de Baye Niasse, précise l’enseignant, date de 1930.
TIDIANIYA, LES ROUAGES DE L'ELEVATION
C’est en 1817 que la Tidianiya a pénétré au Sénégal, à travers Thierno Abdou Karim Diallo, originaire de Kindiya, en Guinée. Thierno Limamou Mamadou Hammé Ba et Cheikhou Oumar Tall étaient les premiers disciples de cette confrérie dans notre pays.
C’est en 1817 que la Tidianiya a pénétré au Sénégal, à travers Thierno Abdou Karim Diallo, originaire de Kindiya, en Guinée. Thierno Limamou Mamadou Hammé Ba et Cheikhou Oumar Tall étaient les premiers disciples de cette confrérie dans notre pays. Depuis, le mythe et les mystères qui entourent la Tidianiya demeurent vivaces.
La Tidianiya, révélée par Cheikh Ahmed Tidiane Chérif en 1150, après l’hégire, longe les verdoyantes allées d’une mystique de la foi. Son soubassement reste le Coran et la sunnah prophétique. Pr Cheikh Tidiane Kébé, enseignant-chercheur et chef du desk religieux de Malikia Tv, estime que cette « voie mystique ne relève pas de l’innovation ou de l’invention (bida) ». Pour lui, la Tidianiya, ancrée dans le soufisme, est adossée à la Trinité : l’Islam, « l’imaan » et « l’ikhsaan ». L’Islam est composé de cinq piliers : la profession de foi ou chahada, les cinq prières quotidiennes, le jeûne, le pèlerinage à la Mecque et la Zakat. Quant à « l’imaan », l’enseignant indique que « c’est croire en Dieu, en ses anges, aux livres révélés, aux prophètes, aux livres saints, au Jugement dernier et au Destin ». Alors que « l’ikhsan », c’est l’adoration de Dieu comme si on le voyait, dit-il.
À l’en croire, si les deux premières pratiques (islam et imaan) relèvent de l’effort personnel à travers les enseignements, l’apprentissage, la théologie ; « l’ikhsaan » requiert une allégeance à une autorité religieuse digne de confiance pour la purification de l’âme. Ce qui correspond à ce qu’on appelle le soufisme, explique notre interlocuteur pour qui, « même si le nom n’existait pas du temps du prophète, la pratique s’observait déjà » (voir ci-après).
La Tidianiya a été donc révélée par Cheikh Ahmed Tidiane en 1150, après l’hégire. En 1196, alors qu’il avait 46 ans, son maitre, le prophète de l’Islam, lui remit le wird sur la montagne d’Abu Samkhoune, en Algérie. Certains disent qu’il lui est apparu en rêve. Pr Kébé n’est pas convaincu par cette thèse : « L’âme ne meurt pas. Cheikh Ahmed Tidiane a vu le prophète en état de veille. L’élu de Dieu est toujours vivant ». Pour l’appellation « Tidiane » ou « Tidianiya », l’enseignant-chercheur soutient qu’elle émane du nom de famille de la lignée maternelle de son fondateur.
Auparavant, précise-t-il, le Cheikh avait fait le tour des grands foyers religieux dans sa quête spirituelle, notamment du pôle des saints. L’imam Kurdiy a été son dernier guide. « Cheikh Ahmed Tidiane n’a jamais voulu être un guide, car conscient de la lourde responsabilité qui en découle », rappelle le chef du desk religieux de Malikia Tv. Dans le même registre, il ajoute qu’El Hadj Malick Sy de Tivaouane disait : « la foule est un poison ». C’est pourquoi Cheikh Ahmed Tidiane n’a jamais voulu être un guide. Au début, il n’avait pas voulu, poursuit-il, diffuser la « tarikha » (la voie). Il l’a fait plus tard sur ordre du prophète pour « sauver des âmes ». C’est en 1213 qu’il s’est exilé à Fez, au Maroc. Son installation n’était pas facile, car, certains qualifiant la Tidianiya de « bida ». Initialement, il faisait sa « wazifa » (séance de zikrs) à la mosquée « Masjid diwaan ». Plus tard, il construit sa zawiya à Fez.
La charte, les vertus et les interdits
Aux yeux de Cheikh Ahmad Sall Ndiéguène, fils du Khalife général de Serigne Ahmadou Barro Ndiéguène, est disciple tidiane celui ou celle qui est affilié à la voie. Son fondateur a demandé aux muqaddam (ceux qui ont l’autorisation de diffusion) de la « tarikha » de l’accorder à tout croyant qui le souhaite, suivant une transmission reconnue appelée « silsila ».
Pour devenir disciple tidiane, il n’y a pas de limite d’âge. L’aspirant peut choisir le guide en qui il a confiance pour son initiation. Mais celui-ci doit être un « muqaddam » ou celui à qui l’on a conféré « l’Ijâza » ou l’autorisation de diffuser le wird. Serigne Habib Sakho, fils ainé du défunt grand conférencier Serigne Ibrahima Sakho, note, de son côté, que la confrérie est régie par une charte renfermant 23 ou 29 règles de conduite rattachées au Coran et aux enseignements prophétiques. Serigne Assane Sy affirme, quant à lui, que l’aspirant ou le disciple est strictement tenu de s’y conformer. Aussi, dans sa pratique cultuelle, ajoute-t-il, le disciple doit avoir un sens élevé du partage (connaissances, savoirs et biens) avec ses coreligionnaires ou ses frères et sœurs en la foi.
L’une des règles de la voie, c’est de s’éloigner des choses mondaines. L’adepte doit (s’il fume ou boit) cesser de prendre de l’alcool et du tabac, poursuit le guide. À travers cette interdiction, aux yeux de Serigne Habib Sakho, on se rend compte que la confrérie met d’abord en avant la santé humaine. Aujourd’hui, estime-t-il, beaucoup de maladies qui sévissent dans le monde relèvent des effets de ces excitants.
« Contrat moral »
Pour Serigne Habib Sakho, si le disciple se conforme à ces recommandations, il se retrouve dans une relation spirituelle à travers le wird qui constitue « l’ascenseur » vers le Seigneur, la grâce divine et la félicité du Créateur. Ici-bas et dans l’au-delà. Pour le guide religieux, la Tidianiya n’est rien d’autre que l’Islam. Point de contrainte. Quelqu’un peut embrasser la « tarikha » et suspendre plus tard la pratique des invocations quotidiennes (wazifa, laazim) ou hebdomadaires (hasru jummah). Il peut la reprendre quand il le souhaite. Toutefois, rappelle-t-il, il n’est pas tolérable pour le disciple d’abandonner sa confrérie au profit d’une autre. À cet égard, Oustaz Babacar Niang, porte-parole adjoint du Khalife général de Médina Baye, est d’avis que quand un disciple décide de s’engager dans la Tidianiya, il signe un « contrat moral avec le Seigneur » ; celui-ci peut apparaitre comme une « obligation ».
Des arguments tirés du Coran et de la Sunnah récusant la thèse du « bida »
La production scientifique autour du débat sur le fait que la Tidianiya découle de l’invention (bida) est féconde. Si pour certains, elle n’est rien d’autre que de « l’innovation » (bida) ; d’autres soutiennent qu’elle émane de « l’ordre divin ».
Certains qualifient la Tidianiya de « bida » ou « innovation, invention ». Ils invoquent le fait que cette voie n’a jamais existé du temps du prophète. Serigne Habib Sakho soutient que toutes les confréries mènent vers Dieu et son prophète. Il ne relève point, à son avis, d’une « innovation ». Pour lui, ceux qui avancent un tel argument méconnaissent les valeurs islamiques. Dans ce sillage, le chef religieux rappelle que le chapelet ne sert uniquement qu’à compter. Les formules déclamées au cours de la récitation des déclinaisons trouvent leur fondement dans le Coran et la Sunnah prophétique.
Précise-t-il ainsi qu’il y a beaucoup de choses qui n’existaient pas à l’époque prophétique à l’image de la grammaire arabe (Nahwou) mais qu’on pratique actuellement. Par exemple, c’est sous le khalifat de Seydina Aliou, compagnon du prophète, que cette science a vu le jour. Le Coran a été rassemblé sous le magistère d’Oumar puis achevé sous Ousmane.
Il en est de même pour la prière. Dans le Coran, Dieu n’a pas détaillé la manière de s’acquitter de la prière. Et c’est le prophète qui le fera plus tard en demandant aux musulmans de prier comme ils l’ont vu faire, rappelle Doudou Kende Mbaye, auteur, chanteur et compositeur religieux.
La conviction du professeur Cheikh Tidiane Kébé est que le soufisme existait à l’époque prophétique, mais la pratique était individuelle. Selon lui, c’est l’imam Junaydi qui a donné à cet acte cultuel un « cachet collectif » notamment le wird et ses déclinaisons régis par une charte ou une norme. Quant à Doudou Kende Mbaye, il rappelle que le disciple tidiane est d’abord un musulman. Dans le Coran, souligne-t-il, Dieu a demandé au croyant de Le louer le plus possible, en dehors même de la prière. Aussi, poursuit le chanteur, Dieu a dit dans son livre saint : « il ne châtiera jamais le croyant qui sollicite son pardon ». Toujours dans le Coran, explique M. Mbaye, « Dieu dit aux croyants de solliciter le repentir. Si vous le faites, vous aurez de la pluie, de la richesse, de la progéniture, des jardins et des fleuves comme récompense ». Il ajoute : « Dieu et ses anges prient sur le prophète et Il a invité les croyants à prier sur lui et à demander la paix ».
« La proximité avec Dieu »
C’est pourquoi, à ses yeux, le wird vise « à débarrasser l’adepte des impuretés ». « Nul n’est parfait. Le croyant doit recourir à une méthode pour purifier son âme », laisse entendre Doudou Kende Mbaye. À ce propos, le Pr Cheikh Tidiane Kébé estime que la mystique de la Tidjaniya découle « de la proximité ou du rapprochement avec Dieu. L’objectif, c’est la purification de l’âme à travers l’adoration exclusive du Seigneur.
Serigne Assane Sy Ibn El Hadji Malick Aminata partage cet avis, persuadé que “la Tidianiya a pour socle le Coran et la Sunnah”. “On ne peut pas parler de confrérie et faire fi de la charia”, souligne-t-il. À l’époque prophétique, dit-il, les musulmans se réunissaient et déclamaient, en chœur, le nom de Dieu. “Le wird n’est donc pas une invention”, rassure le guide religieux, soutenant que Cheikh Ahmed Tidiane Chérif en a fait une large diffusion, après avoir reçu l’ordre de l’envoyé de Dieu. Il précise que le prophète avait, lui-même, ordonné aux croyants de réciter le nom de Dieu.
Pour sa part, Doudou Kende Mbaye ajoute que cette pratique cultuelle émane de “l’ordre divin”. “Nous pouvons prier et nous acquitter de la zakat sans que le Seigneur accepte nos actes. Mais quand nous prions sur le prophète, Il accepte nos dévotions”, renchérit-il. Citant un hadith, il affirme que Dieu a positionné un ange dans la tombe de son envoyé. Sa tâche est de recueillir les prières formulées pour lui. M. Mbaye insiste en rappelant que le prophète a dit qu’il ne se passe pas un jour sans qu’il ne sollicite le pardon du Seigneur 70 ou 100 fois. Les détracteurs de cette voie mystique et de toutes les confréries musulmanes de manière générale, évoquent souvent le hadith qui stipule : “aucune innovation ou invention n’est tolérée dans la religion musulmane”. L’auteur-compositeur est persuadé que nul n’est plus érudit que Cheikh Ahmed Tidiane, Cheikh Abdoul Khadry Jeylany, Mouhamadoul Khaly, Cheikh Oumar Tall, El Hadj Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, Cheikh Bou Kounta…
“IJÂZA” OU L’AUTORISATION DE CONFÉRER LE “WIRD”
Un long processus de consécration du “muqaddam”
Il n’est pas donné à tout guide spirituel ou chef religieux de diffuser le wird. Pour cela, il faut qu’il soit habilité à le faire, un “muqaddam”. Une voix autorisée de la confrérie qui dispose de l’“ijâza” ou l’autorisation de donner le “wird” tidiane. Appartenir à une famille maraboutique ne confère pas d’office à la personne le titre de “muqaddam” ou bien le droit de diffuser le wird sans avoir l’“ijâza”. L’autorisation suit une certaine logique. Le prétendant à cette consécration doit avoir un vécu dans la pratique islamique, être un savant, un pieu, un fin connaisseur du Coran et de la charia, des enseignements du prophète. L’“ijâza” obéit donc à des critères préétablis. L’aspirant “muqaddam” doit ainsi remplir ces conditions. Autrement, ce serait la porte ouverte aux dérives. Le détenteur de l’“ijâza” ou “muqaddam” doit être un meneur d’hommes chérissant les meilleures vertus. Si l’on considère la “tarikha” comme l’armée, le “muqaddam” a le rang d’un officier supérieur.
Citant Serigne Abdoul Aziz Sy “Al Amine”, Serigne Assane Sy Ibn El Hadj Malick Aminata fait remarquer que le prétendant au titre de “muqaddam” ou à l’“ijâza” ne doit pas le réclamer. C’est son guide qui doit jauger sa piété, ses qualités morales et ses connaissances islamiques pour lui décerner ce grade.
Il existe trois formes d’“ijâza” ou de certifications : “l’ijâza” tout court (avec un nombre limité de disciples), l’“ijâza ithlakh” (sans limitation du nombre de talibés à donner le wird). D’après Serigne Assane Sy, le détenteur de ce “ijâza” peut même ordonner des “muqaddam” (des Cheikh). La troisième forme, c’est l’“ijâza ithlakhoul ithlakh”. Le dernier grade.
Malheureusement, constate Serigne Habib Sakho, avec amertume, il y a des gens qui se réclament guide religieux voire “muqaddam”, sans disposer de l’“ijâza” : “Il y a des gens audacieux et mal intentionnés. Je connais un disciple qui a donné à 213 talibés le wird alors qu’il n’a pas l’autorisation. À la limite, ce sont des imposteurs. Ces gens passent entre les mailles du filet. D’autant plus qu’il n’existe pas, dans la Tidianiya, une autorité chargée de veiller sur ces dysfonctionnements cultuels. Ce que confirme le Pr Cheikh Tidiane Kébé révélant que certains achètent le titre de ‘muqaddam’. ‘Il y a des Cheikh qui l’accordent à leurs disciples riches alors qu’ils n’ont pas le savoir requis’, déplore le chef du desk religieux de Malikia Tv. Le ‘muqaddam’ doit être un érudit, un cadi qui maitrise les sciences arabo-islamiques, l’Islam et de la ‘tarikha’.
La ‘silsila’ ou la chaine de transmission
La ‘silsila’ constitue la genèse ou le soubassement de la délivrance du wird. Si pour certains foyers religieux, le cheminement découlant de Cheikh Ahmed Tidiane Chérif, son fondateur, n’est pas long, tel n’est pas le cas pour d’autres. Si l’on prend la ‘silsila’ d’El Hadj Malick Sy, c’est El Hadj Oumar Tall qui la lui a directement accordée à travers son oncle Alpha Mayoro Wélé. El Hadj Oumar Tall a été autorisé par Cheikh Mouhamadoul Khaly, disciple de l’initiateur de la Tidianiya.
Serigne Ahmad Sall Ndiéguène nous retrace, de son côté, la ‘silsila’ du fondateur de la cité religieuse de Keur Mame El Hadj Ahmadou Barro Ndiéguène de Thiès. Elle s’établit ainsi : Serigne Ahmadou Barro Ndiéguène-Mame Médoune Ndiéguène-Cheikh Oumar Tall-Mouhamadoul Khaly-Cheikh Ahmed Tidiane.
Chez les Niassène, on retrouve trois chaines de transmission : deux visibles et l’autre cachée. Avant d’effectuer le pèlerinage à Fez, El Hadj Abdoulaye Niass a été déjà initié par son oncle Ibrahima Kelel Thiam, grand érudit de Thiamène Walo. Cette chaine de transmission débouche directement sur Cheikh Oumar Tall-Mouhamadoul Khaly-Cheikh Ahmed Tidiane.
La deuxième chaine de transmission se présente ainsi : El Hadj Abdoulaye Niass-Ahmed Choukeyri-Abdoul Lahoui-Ali Tamassani-Harazimi-Cheikh Ahmed Tidiane. À côté de celle-ci, il y a, selon Oustaz Niang, une branche qui débouche sur Cheikh Oumar Tall. À Fez, le saint homme de Léona Niassène était allé chercher l’‘ijâza ithlakh’ (l’autorisation de diffusion sans limitation du nombre de disciples), souligne Oustaz Babacar Niang, porte-parole adjoint du Khalife général de Médina Baye. Ce qu’il a obtenu au cours de ce voyage. Son fils Cheikh Ibrahima Niass dit ‘Baye’ a, lui aussi, reçu directement l’‘ijâza ithlakh’ des mains de Cheikh Ahmed Tidiane, après un ‘ijâza ithlakh’, reçu de son père, El Hadj Abdoulaye Niass. Oustaz Niang pense qu’il serait difficile de démontrer scientifiquement cette thèse : ‘En tant que croyant, quand quelqu’un dit qu’il a vu en rêve l’élu de Dieu, nous y croyons. Parce que Satan ne peut pas prendre l’image du prophète’.
À Thiénaba, la chaine de transmission se dresse comme suit : Serigne Amary Ndack-Cheikhou Amadou-Limamou Hammé Ba-Mouloud Fall-Mouhamadoul Hafiz et Cheikh Ahmed Tidiane, fondateur de la confrérie.
‘LAAZIM’, ‘WAZIFA’ ET ‘HADARATUL JUMMAH’
Les composantes du wird
Trois pratiques cultuelles distinguent la Tidianiya : le wird ou ‘laazim’ (c’est selon), la ‘wazifa’ et la ‘hadaratul ou hasru jummah’. Le wird ou ‘laazim’ constitue ‘l’élément clé’, avance le Pr Cheikh Tidiane Kébé, enseignant-chercheur. Selon lui, le disciple doit impérativement s’en acquitter.
De 1196 à 1200 après l’hégire, le wird (le ‘laazim’) avait deux composantes : réciter 100 fois ‘astakhfirulah’ (solliciter le pardon divin), 100 fois ‘laa ilaha illa lah’ (il n’y a point de divinité que Dieu). En 1200 après l’hégire, Cheikh Ahmed Tidiane, après avoir accédé au grade du pôle des saints, a eu l’autorisation de son maitre, le prophète, d’y ajouter 100 fois la ‘salatul Fatiha’ (prière sur le prophète), souligne le Pr Kébé. Elle se fait actuellement ainsi : 100 fois ‘astakhfirulah’, 100 fois ‘salatul Fatiha’ (prières sur le prophète) et autant de fois ‘laa ilaha illa lah’. De l’avis du chef du desk religieux de Malikia Tv, ce type de dévotion, qui se fait le matin et le soir, vise à ‘connecter’ spirituellement le disciple à son Créateur.
La wazifa
C’est en 1200 après l’hégire que Cheikh Ahmed Tidiane a reçu cette pratique de son maitre, le prophète. Il s’agit d’une séance de prière collective qui se décline comme suit : 30 fois ‘astakhfiroulah Al azi malézi laa illaha illa lah (…)’ (solliciter le pardon divin et reconnaitre qu’il n’y a point de divinité que le Seigneur), 50 fois ‘salatoul Fatih’ (prière sur le prophète), 100 fois ‘laa illaha illah’ (il n’y a point de divinité que Dieu) et 11 ou 12 (c’est selon) fois ‘jawakharatul kamaal’. Cette pratique permet de créer un ‘lien spirituel’ entre l’adepte et l’élu de Dieu. Dans certains foyers religieux, on le fait matin et soir ; dans d’autres, le matin seulement. Pour le Pr Kébé, ce pilier favorise le lien spirituel entre l’adepte et l’élu de Dieu.
La ‘hadaratul ou hasru jummah’
Cette pratique cultuelle se fait chaque vendredi, entre la prière de 17 heures et celle de 19 heures (Timis). Séance collective, sa spécificité, d’après le Pr Kébé, est qu’elle ne se déroule qu’une fois dans la semaine, le même jour et sur la même séquence temporelle. ‘Quand le disciple la rate, il ne pourra la remplacer’, soutient l’enseignant-chercheur. Elle consiste, après la Fatiha, à réciter trois fois ‘Salatul Fatiha’, plusieurs ‘laa illaha illah’ et terminer par dire ‘Allah’ (le nombre n’est pas précisé).
À son avis, la ‘hadaratul jummah ou hasru jummah’ établit la connexion mystique entre le fondateur de la tarikha et son disciple.
GUIDES RELIGIEUX À TIVAOUANE, LA BOÎTE À SECRETS DES SURNOMS FAMILIERS
« Maodo », « Borom bonnet carré bi », « Balkhawmi », « Dabakh », « Djamil », « Borom Daara ji », « Al Maktoum », « Al Amine », « Ndiol Fouta »… Ces surnoms cachent bien des histoires. Explications !
« Maodo », « Borom bonnet carré bi », « Balkhawmi », « Dabakh », « Djamil », « Borom Daara ji », « Al Maktoum », « Al Amine », « Ndiol Fouta »… Ces surnoms cachent bien des histoires. Serigne Moustapha Sy Moudir de la Fédération des associations islamiques nous en dit un peu plus.
« Maodo », une trouvaille d’El Hadj Abdoulaye Niasse
Seydi El Hadj Malick Sy, l’exégète de Tivaouane, est plus connu sous le nom de « Maodo » qui signifie le grand. Ce surnom lui a été donné par Serigne Abdoulaye Niasse, père de Cheikh Ibrahima Niasse. Selon Serigne Moustapha Sy Moudir, c’est après une conversation dans un village du Fouta : « El Hadj Malick Sy venait fraîchement de sortir de l’école coranique. El Hadj Abdoulaye Niass, en échangeant avec lui, lui confie qu’il connait bien son père alors que lui ne l’a jamais vu. Il lui dit, Malick, je suis donc plus chanceux que toi. Et ce dernier de répondre : je te considère donc comme mon père. Ainsi, El Hadj Abdoulaye Niasse lui dit en Pulaar « Aan ka Maodo » (Tu es un grand homme) »
Serigne Babacar, le « bonnet carré », symbole d’élégance
« Borom bonnet carré », c’est le surnom affectueusement donné au deuxième Khalife général des Tidianes, Serigne Babacar Sy. Cette expression fait référence à l’élégance, à la discipline et à l’organisation de l’homme. Selon Serigne Moustapha Sy Moudir, même les physionomistes étaient séduits et étonnés car quelle que soit son activité, le bonnet carré n’était jamais penché. Il était toujours élégamment ajusté. « On l’appelle Borom bonnet carré parce que c’est l’homme le plus civilisé de son temps. Il a choisi le bonnet carré pour son élégance et son harmonie avec tout type d’habit. C’est aussi un symbole qui résiste au temps. Chacune de ses photos rappelle le temps présent. Il ne l’a jamais changé. Sa manière de le porter est unique. Son bonnet n’est jamais penché », explique Serigne Moustapha Sy.
« Balkhawmi », à l’origine un vers sur Maodo
Serigne Mansour Sy Ibn Seydi Malick Sy est surnommé « Balkhawmi ». Cette expression est extraite d’un vers qu’il déclamait à l’honneur de son père. C’est un mot arabe. Il chantait les louanges de son père El Hadj Malick Sy en disant « Ya moukh djiba Alkhawmi Khawmi », qui signifie celui qui a émerveillé tout le monde. « Ce sont deux lettres le « Ba » est partie intégrante du mot « Moukh ». Le mot « Alkhawmi » le suit. Ce qui renvoie à Balkhawmi. C’est à partir de là qu’il a été surnommé Balkhawmi », soutient le professeur Serigne Moustapha Sy Moudir.
Serigne Abdoul Aziz Sy « Dabakh », en hommage à un spécialiste du « Tassawuf » doublé d’un tanneur
Beaucoup de Sénégalais pensent à tort que le surnom « Dabakh » est une trouvaille d’un de ses disciples pour chanter la dimension mystique et la générosité de l’homme. En réalité, ce nom lui a été donné par son père Seydi El Hadj Malick Sy en hommage à un grand spécialiste du « Tassawouf » doublé d’un tanneur. Cet homme, qui s’appelait Abdou Aziz Adabakhi, avait marqué les esprits par son intelligence. Et c’est à l’âge de 40 ans qu’il a commencé à apprendre le Coran. Il faisait des merveilles à partir des peaux de bête transformées en tissu ou en habit. Alliant le spirituel et le temporel, tous ses écrits ont été rassemblés dans un livre appelé « Ibriz ». Maodo était séduit par la dimension intellectuelle et mystique de l’homme et sa générosité. C’est ainsi qu’il a donné à Abdoul Aziz Sy, successeur de Serigne Babacar Sy au khalifat, le surnom de « Dabakh » qui signifie le meilleur des tanneurs.
Serigne Moustapha Sy « Djamil », une inspiration de Mame Abdou
Il était beau et élégant. Serigne Abdoul Aziz Sy et Serigne Moustapha Sy « Djamil » étaient les panégyristes de Serigne Babacar Sy. Lors de l’une de ses séances, Serigne Abdoul Aziz Sy, tombé sous son charme, lui dit « Anta Seydi Jamilou » autrement dit « tu es un homme de Dieu et tu es beau et élégant ». « C’est pour cette raison que quand on dit Djamil, tout le monde pense à ce saint homme qui a installé ses quartiers à Fass », raconte Serigne Moustapha Sy Moudir.
« Borom Daara ji », s’exclama El Hadj Mansour Mbaye !
Il s’appelait Serigne Mansour Sy. Et on le surnommait Borom « Daara ji ». La genèse de cette appellation est son amour pour l’éducation et sa présence dans le « daara » de Seydi El Hadj Malick Sy suivant les instructions de son père, Serigne Babacar Sy. Pendant 35 ans, il a enseigné le Coran de huit heures à 18 heures et ne se levait que pour prier. Après l’avoir bien observé, El Hadj Mansour Mbaye le surnomme « Borom Daara ji ». « Avec l’âge, Serigne Babacar Sy ne pouvait plus encadrer ses nombreux élèves. C’est ainsi qu’il confié le daara à Serigne Mansour Sy. Trente-cinq ans de sa vie ont été consacrés à l’école coranique. Il ne se levait que pour effectuer la prière. Cette dimension, il l’a héritée de son grand-père, Maodo. C’est la raison pour laquelle El Hadj Mansour Mbaye s’est exclamé un jour en le qualifiant de « Borom Daara ji ».
« Al Maktoum », le trésor caché
Que cache le surnom « Al Maktoum » adjoint à Cheikh Ahmed Tidiane Sy ? Serigne Moustapha Sy Moudir nous en dit un peu plus. Il le tire en partie de son homonyme Cheikh Ahmed Tidiane Chérif qui avait préféré se cacher : « Cheikh Ahmed Tidiane Chérif, son homonyme, avait un grade élevé. C’est lui seul qui connaissait le prophète Mouhamed (Psl). Lorsqu’il a eu ce grade, il a averti les gens en leur disant que « celui qui me contredit ira en enfer ». Donc, il fallait que le mystère qui entoure sa personne soit préservé. Ce grade est appelé Katmiya. Quand quelqu’un atteint cette dimension, il doit s’habiller correctement de la tête aux pieds. Il tourne également le dos aux activités mondaines. Ce qui alimente la dimension mystique de l’homme ». Ce surnom est également l’expression de l’un des vœux d’El Hadj Malick Sy. « Une fois à la Mecque, Seydi El Hadj Malick avait prié Dieu de l’aider à bâtir des écoles coraniques, de cacher tous ses attributs et pouvoirs jusqu’à son décès et de construire plusieurs mosquées partout au Sénégal. C’est sa deuxième prière qui est à l’origine du nom Maktoum », confie Moustapha Sy. L’homme à l’éternel Djellaba s’est caché durant toute sa vie, laissant ses emblématiques sagesses parler pour lui
« Al Amine », digne de confiance
Abdoul Aziz Sy « Al Amine » a appris le Coran chez Serigne Mama Lô. Il était plus qu’un disciple pour ce dernier. C’est un fils, un proche, un collaborateur qui faisait des kilomètres pour chercher de l’eau pour son maître coranique. Ainsi, il a maîtrisé le Coran à l’âge de 13 ans. Après, Serigne Babacar Sy le confié à Serigne Cheikh Tidiane Sy, son frère aîné, pour l’éducation mystique. Si ce dernier n’était pas disponible, il allait apprendre auprès de Serigne Alioune Guèye et Serigne Mansour Sy. À 16 ans, Serigne Babacar Sy convoque sa mère et Serigne Cheikh pour leur faire savoir qu’avec l’âge, il a besoin d’un jeune qui l’assiste. Ainsi, Serigne Abdoul Aziz Sy commence à jouer ce rôle. « Mais quand Serigne Cheikh ou Mansour t’appelle va leur répondre d’abord », lui demande alors Serigne Babacar Sy. Ainsi, il s’engage à devenir leur serviteur. C’est lui qui leur apportait leur repas, qui dressait ou débarrassait la table. Il était en plus l’intermédiaire entre Serigne Babacar Sy et les autres. « Il jouait également le rôle d’argentier. C’est lui qui gérait le portefeuille et ordonnait les dépenses selon les orientations de son père », informe Serigne Moustapha Sy Moudir. Après le rappel à Dieu de Serigne Babacar Sy, Serigne Abdoul Aziz Sy « Dabakh » le place sous son aile et fait de lui l’intermédiaire entre lui, Serigne Mansour et Serigne Cheikh et également le Président Abdou Diouf. À 50 ans, il bénéficiait de la confiance de toute la Khadra car c’est un homme digne de foi. C’est son homonyme qui a demandé qu’on l’appelle Abdoul Aziz Sy « Al Amine » (le digne de confiance) au lieu d’Abdoul Aziz Sy « Junior » ».
« Ndiol Fouta », l’homme du nord
Serigne Babacar Sy, surnommé « Ndiol Fouta », est l’un des fils de Serigne Abdoul Aziz Sy « Dabakh ». C’est le premier à aller apprendre le Coran dans le Fouta. Il est rentré de ce voyage avec la maîtrise parfaite du Coran et des sciences religieuses. Armé de sciences jusqu’aux dents, il peinait malgré tout à intégrer le « daara » de Tivaouane. Son style vestimentaire, ses gestes et mots renvoyaient au Fouta Toro. Et comme il est de grande taille, les gens l’ont surnommé Ndiol Fouta.
LES SY PUISSANYS REMÈDES
Il suffit de jeter un regard rétrospectif sur l’histoire du pays et d’exploiter les recoupements tirés de plusieurs sources pour mettre en exergue le rôle joué par Mame El Hadj Malick Sy et ses descendants après la survenue de graves maladies
Il suffit de jeter un regard rétrospectif sur l’histoire de notre pays et d’exploiter les recoupements tirés de plusieurs sources, toutes dignes de foi, pour mettre en exergue le rôle joué par Mame El Hadj Malick Sy (Rta) et ses descendants après la survenue de graves maladies. L’histoire du Sénégal ayant déjà été marquée par l’apparition d’épidémies ou de pandémies telles que la fièvre jaune, la peste, le choléra, le Covid-19, entre autres, les unes plus dévastatrices que les autres.
Dès l’apparition de la peste en 1914, Mame El Hadj Malick Sy (Rta) adressa à toutes les mosquées de l’époque, une missive empreinte de sagesse et d’humilité. Et son petit-fils, Moulay Abdoul Aziz Diop, membre de la cellule de communication et du comité scientifique de la Hadratoul Malikya, d’en citer quelques extraits : «Demandez à Allah, par l’invocation et l’aumône, de nous venir en aide contre cette maladie…», «Ne désobéissez pas aux recommandations des médecins (…). Rien que pour honorer les paroles du Prophète Muhammad (Psl), vous devriez les suivre sur l’interdiction d’entrer ou de sortir des zones affectées par l’épidémie». A travers ces recommandations arrimées au Coran et à la Sunna prophétique, il dit sentir que «Mame El Hadj Malick Sy considérait la peste à la fois comme une épidémie et une malédiction ; ce qui justifie amplement cette double focalisation sur, d’une part, les prières et l’aumône pour conjurer la malédiction et, d’autre part, le nécessaire respect des recommandations des médecins pour se prémunir contre l’épidémie».
En plus de cette correspondance adressée aux mosquées et fidèles, Mame El Hadj Malick Sy joua le rôle de médiateur social et d’interface entre le pouvoir colonial et les populations autochtones de Ponty-Village (actuelle Médina). En effet, face au refus des populations de se faire vacciner, le pouvoir colonial ordonna une sévère répression qui eut le don de provoquer de chaudes émeutes. En prêchant par l’exemple, Mame El Hadj Malick Sy sut convaincre les populations réticentes de se faire vacciner, ce qui mit fin aux troubles. A la suite de cela, le saint homme de Tivaouane rebaptisa Ponty-Village, qui prit le nom de Médina ; le quartier fut doté d’une mosquée (celle de Thieurigne) comme mesure d’accompagnement. Le même acte fut reproduit à Saint-Louis, plus précisément à Guet-Ndar, quand les populations refusèrent catégoriquement de se faire vacciner contre la peste, faisant ainsi face à la menace du pouvoir colonial de brûler le quartier. Une fois de plus, Mame El Hadj Malick Sy (Rta) ramena le Gouverneur à la raison et mit fin à la crise en allant se faire vacciner. Son geste fut suivi par l’ensemble des populations concernées. Dans cette confrontation, face à la défiance de la population, le pouvoir colonial détenait le monopole de la force légale, cependant Mame El Hadj Malick Sy (Rta), lui, pouvait compter sur la légitimité et le monopole de la voie pacifique.
Le Sénégal connut encore d’autres épidémies liées à la peste entre 1927 et 1930, puis en 1944. A ces différentes occasions, rappelle Moulay Abdoul Aziz Diop, «Serigne Babacar Sy (Rta), 1er khalife de Mame Maodo, et ses frères cadets, Serigne Mansour Sy Malick, Serigne Abdoul Aziz Dabakh et Serigne Habib Sy (Rta) perpétuèrent le legs de leur illustre père à travers des prières et autres invocations pour se protéger et conjurer l’épidémie». Il se rappelle aussi «les nombreuses sorties de Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh, recommandant des prières et de la charité dans une logique d’anticipation, de mitigation ou d’atténuation face aux périls, calamités et autres menaces». Et de poursuivre : «Entre 2004 et 2006, le Sénégal connut encore une épidémie de choléra, et Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine Rta), porte-parole de la famille de Seydi El Hadj Malick Sy Rta à l’époque, joua un rôle très important à travers l’exemplarité et la sensibilisation sur les mesures d’hygiène individuelle et collective (messages radio/télé) et la recommandation de prières individuelles et collectives, sur recommandation de Serigne Mansour Sy «Borom Daradji», Khalife général à l’époque.»
Covid-19, pandémie/malédiction
En début mars 2020, le Sénégal enregistre ses premiers cas de Covid-19 et le Khalife général des Tidianes prit des mesures fortes bien avant que le chef de l’Etat ne décrétât l’état d’urgence, le 24 mars 2020, assorti d’un couvre-feu. Différentes décisions et mesures seront prises par Serigne Babacar Sy Mansour. Ce 14 mars 2020, après concertation avec Serigne Pape Malick Sy, Serigne Mawdo Sy Dabakh et les autres membres de la famille, la Ziar générale annuelle de Tivaouane, prévue le lendemain, 15 mars, fut annulée, ainsi que tous les évènements et rassemblements religieux relevant de la Hadratoul Malikya suspendus. Les mesures sont annoncées par feu Serigne Pape Malick Sy, porte parole de la famille à l’époque. Le 21 mars 2020 sera la date de la fermeture de la Zawiya El Hadj Malick Sy (Rta) à Tivaouane et de la Grande mosquée de Tivaouane, ainsi que celles de Saint-Louis et Dakar. Sans compter le confinement du Daara de la Zawiya El Hadj Malick Sy à Tivaouane, sous la tutelle de Serigne Babacar Sy Abdou. Ainsi, plus de 500 apprenants et leurs éducateurs, confinés durant 4 mois, sont entièrement pris en charge (restauration complète, santé, éducation, hygiène…) par le Khalife général et les bonnes volontés de la Hadratoul Malikya. Le 3 avril 2020, le Khalife général recommande des prières individuelles et collectives. Le 7 avril, il préconise encore l’acquittement individuel et volontaire de l’aumône envers les démunis. Toujours dans la même logique, les prières de Korité, Tabaski, Achoura et le Gamou, pour la première fois en 2020, furent célébrés à domicile à cause de la pandémie.
Pour l’année 2021, avec les vagues meurtrières du fait surtout du «delta», les mêmes mesures ont été renouvelées concernant les lieux de culte, les rassemblements et les évènements religieux de la Hadratoul Malikya. C’est ainsi que le Gamou annuel de Tivaouane, pour la deuxième année consécutive, fut célébrée à domicile en 2021, sur décision du Khalife général, faisant suite aux recommandations des autorités médicales après de larges concertations avec ces dernières et les membres de la famille. «A travers les médias et autres technologies de l’information et de la communication, des webinaires, séances de télé Burd, émissions télé et radio accompagnèrent les millions de fidèles pour un «Gamou chez soi», dans l’intimité familiale, en revisitant la vie et l’œuvre du Sceau des Prophètes, Seydina Muhammad (Saws), et les écrits de Seydi El Hadj Malick Sy (Rta)», souligne le petit-fils de Mame Maodo, Moulay Abdoul Aziz Diop, selon qui «toutes ces mesures ou décisions ont été prises après concertation, et elles s’appuient sur les recommandations divines et celles du Prophète (Psl) en cas de pandémie, sans oublier celles des autorités médicales».
A travers ces différents actes et décisions, le membre de la cellule de communication et du comité scientifique de la Hadratoul Malikya dit pouvoir affirmer que «Mame El Hadji Malick Sy Rta et tous ses descendants ont joué et continuent à jouer un rôle important face aux différents périls et épidémies qui ont menacé la Nation». Aussi de souligner : «Leurs actions et démarches ont toujours été circonscrites aux dimensions religieuse, scientifique, républicaine et éthique, entre autres. Sur le plan religieux, il s’agit d’appliquer les recommandations divines et prophétiques en cas de pandémie. Du point de vue scientifique, la règle est de consulter et de recueillir les avis éclairés des experts dans le domaine en question et de respecter leurs recommandations. Quant aux dimensions républicaine et citoyenne, ils ont toujours accompagné le pouvoir temporel sur les décisions d’intérêt général, en faisant preuve d’exemplarité. Enfin, sur le plan éthique, leurs actions et décisions ont toujours été guidées par l’éthique individuelle de conviction et celle collective de responsabilité.»
CHEIKHOU OUMAR FOUTIYOU TALL, LE PREMIER DÉPOSITAIRE DE LA TIJANIYYA EN AFRIQUE NOIRE
El Hadji Malick Sy, qui est considéré comme le précurseur du Gamou, est un fils spirituel de Cheikhou Oumar Foutiyou Tall. Un legs que les différents khalifes qui se sont succédé aussi bien à Tivaouane qu’au sein de la famille omarienne ont su perpétuer.
El Hadji Malick Sy, qui est considéré comme le précurseur du Gamou, est un fils spirituel de Cheikhou Oumar Foutiyou Tall. Un legs que les différents khalifes qui se sont succédé aussi bien à Tivaouane qu’au sein de la famille omarienne ont su perpétuer. Retour sur un guide multidimensionnel et sur l’œuvre d’un des illustres petits-fils. Qui tiennent aussi leur Maouloud à Alwar (Dakar et Fouta), à Louga, au Mali et ailleurs.
De son vrai nom Omar Saïdou Tall, El Hadj Omar est né entre 1794 et 1797 à Alwar, près de Guédé, dans le département de Podor. Son père se nommait Saïdou, fils de Uthman, fils de Makhtar, fils d’Ahmad Samba de la grande famille des Tall. Omar Saïdou Tall appartient à la précieuse lignée des Tooroodo et, à ce titre, s’initia très tôt à la culture coranique, d’autant plus que l’ethnie à laquelle il appartient avait adhéré depuis 1776 à la confrérie Qadriya. A 23 ans, il entreprend le pèlerinage à la Mecque, avec un voyage qui dura treize ans. Le Saint homme a saisi cette occasion pour se déplacer entre le Caire, la Mecque, Médine et Jérusalem. Il séjourne quelques années à Médine, ce qui lui permet d’approfondir ses connaissances du Coran, de la culture coranique et de l’arabe.
Le titre de khalife des tidianes
Pendant son séjour dans les lieux saints de l’islam, El Hadj Omar fait la connaissance du Khalife Cheikh Muhammad Al Ghali, disciple d’Ahmad Al Tidjani, qui va exercer sur lui une influence déterminante. D’ailleurs, c’est lui qui lui a décerné le titre de khalife des tidianes. Fort de cette qualité, il s’est mis sur le chemin du retour pour le Fouta en passant par le Soudan, le Nigeria, le Mali et la Guinée. Mais au lieu de s’y fixer, El Hadj Omar revient vers le sud et fonde Dinguiraye, jetant ainsi les bases d’un vaste empire musulman. Sa pensée religieuse s’affirme de plus en plus : il écrit « Al Rimah » fixant de fait sa propre approche de la doctrine religieuse. Le Saint homme lance ainsi son jihad entre 1850 et 1857. Le Bambouck et le Kaarta sont les premiers bastions païens à tomber dans son escarcelle. Quelques années plus tard, ce fut le tour de Nioro, alors capitale du royaume païen des peuples bambaras. Ce qui lui permit de porter sur les fonts baptismaux un empire s’étendant du Haut-Sénégal à la Gambie.
Ayant coïncidé avec l’époque où la domination française commençait à s’affirmer sur tout le Sénégal, le choc entre El Hadji Oumar Tall et le colon français était presque inévitable. Ainsi, en 1857, les troupes du Gouverneur Faidherbe et celles du khalife s’affrontèrent à Médine, puis à Matam en 1859 avant qu’un traité de paix ne fut signé en 1860. L’occasion était toute trouvée par El Hadj Omar pour se tourner contre les Bambaras païens et animistes et les Peuls du Macina qui, bien que musulmans, avaient refusé de lui prêter main forte contre les « ennemis de la foi ». Leur capitale, Hamdallahi, tombe en 1864 entre les mains du Cheikh. Toutefois, une violente révolte le bloque, mais il en réchappe in extremis pour disparaître ensuite dans des conditions mystérieuses en 1864 dans les grottes de Bandiagara au Mali.
Thierno Seydou Nourou Tall : le digne continuateur
Sa vie a été consacrée à la propagation de l’islam et de la Tijaniyya. Ce qui fit de lui, une figure emblématique de la confrérie Tidiane au Sénégal et en Afrique de l’Ouest. Centenaire avant sa mort, ce grand soufi Toucouleur né en 1874 à Nioro du Sahel (dans le Soudan français), il fera montre d’une érudition et d’une sainteté incomparables. Selon beaucoup d’auteurs, Thierno Seydou Nourou Tall fut sans doute l’un des plus grands hommes de son époque. Fidèle compagnon de Seydi El Hadj Malick Sy avec qui il partagera une partie essentielle de sa vie, Seydou Nourou Tall bénéficie d’un respect et d’une estime sans limites auprès de la famille Sy de Tivaouane, éternellement reconnaissante à Cheikh Omar Tall et sa famille. Un lien que les gardiens du legs à Tivaouane rappellent à suffisance. La cérémonie de clôture du Burd, ce jeudi 6 octobre 2022, n’a pas fait exception.
Trait d’union essentiel entre les familles Sy et Tall, Seydou, le fils de Nourou, sera surtout reconnu pour sa fécondité en production avec notamment sharh fait sur la gigantesque œuvre jurisprudentielle malikite intitulée Risaala. Fédérateur et doté d’un grand sens des responsabilités, Seydou Nourou participera surtout à l’installation de Serigne Babacar Sy comme Khalife de Seydi El Hadji Malick Sy. Il est l’initiateur de la réunion des Mouqaddams à Tivaouane, le 12 mai 1957, deux mois après le rappel à Dieu de Serigne Babacar Sy. Seydou Nourou a ainsi marqué de son empreinte les affaires de la famille Sy par égard à Cheikh El Hadj Malick Sy, son directeur de conscience. Et tout porte à croire que les héritiers ne font actuellement que consolider ces liens.
La canne du dialogue islamo-chrétien
Son grand guide spirituel El Hadji Malick Sy de Tivaouane, au soir de sa vie, lui aura confié ceci : « Nos rapports sont ceux qui ont existé entre le prophète Mohamed (S.A.S) et Abû bakr, nous sommes comme Arouna et Moussa, je te fais l’un de mes successeurs spirituels. » Thierno Seydou Tall fut considéré comme un père par maints chefs d’Etat, en raison de la part qu’il a prise dans leur carrière politique et l’appui constant qu’il leur a accordé sa vie durant. Son ouverture, son sens du dialogue entre les cultures et les confessions, font du petit-fils de Cheikh Oumar Foutiyou Tall le précurseur du dialogue interconfessionnel en Afrique et notamment du dialogue islamo-chrétien au service de la paix, des droits de l’Homme et du progrès.
Thierno Mountaga Tall
L’HOMME AUX PRIÈRES PRÉCIEUSES
Thierno Mountaga Tall a poursuivi cette tradition de haute considération, réciproque, avec Tivaouane. Il a, lui aussi, arroser ce jardin d’estime laissé par ses ancêtres. Et c’est pourquoi les deux familles ne ratent pas les occasions pour se rendre les amitiés. L’on se souvient encore que c’est Serigne Abdou Aziz Sy Al Amine qui avait dirigé la prière mortuaire de Thierno Mountaga. Parce que justement, c’est devenu un « domaine réservé », une marque de confiance entre les familles Sy et Tall. Lui, c’est l’humilité incarnée. La voix qui fait grand écho. Une pierre précieuse dans l’édification d’un islam soufi. L’homme aux prières précieuses aussi.
LE MAOULOUD, UNE HISTOIRE DE FAMILLES
Prières et louanges dédiées rythment déjà les foyers religieux qui commencent à connaître de fortes affluences de fidèles venus des quatre coins du pays, de la sous-région et d’ailleurs, pour la célébration de la naissance du Prophète Muhammad
Comme les éditions précédentes, prières et louanges dédiées au Sceau des Prophètes (Psl) rythment déjà l’actualité dans les foyers religieux qui commencent à connaître de fortes affluences de fidèles venus des quatre coins du pays, de la sous-région et d’ailleurs, pour la célébration de la naissance du Prophète Muhammad (Psl), Mawlid al Naby 2022. Au niveau de certains sanctuaires de l’islam comme Thiénaba Seck, foyer religieux fondé par le Cheikh Amary Ndack Seck, en passant par le village de Ndiassane (ou N’Diâsâne), capitale spirituelle de la Qadiriyya (une confrérie soufie au Sénégal), haut lieu de pèlerinage fondé entre 1883 et 1884 par le Cheikh Bouh Kounta, également à Keur Mame El Hadji, «La-Pieuse», fondée par Mame El Hadji Ahmadou Barro Ndiéguène, l’événement religieux, marqué par la «Wazifa», la lecture du Saint Coran, le recueillement auprès des mausolées des vénérés Cheikhs des familles respectives, des causeries religieuses axées sur la vie et l’œuvre du Prophète Muhammad (Psl), se prépare intensément. Et fidèles à une tradition bien établie, nombre de foyers religieux d’anticiper avec des soirées de «Burd», à l’occasion desquelles des prières sont formulées pour la paix, la stabilité au Sénégal, mais aussi pour la santé des guides religieux du pays.
Ndiassane : Capitale spirituelle de la Qadiriyya
Fondé entre 1883 et 1884 par le Cheikh Bouh Kounta, selon des sources dignes de foi, le village de Ndiassane (ou N’Diâsâne), capitale spirituelle de la Qadiriyya (une confrérie soufie au Sénégal), haut lieu de pèlerinage annuel, est devenu, de nos jours, l’un des plus importants lieux de pèlerinage des adeptes de la communauté Ahloul Kountiyou du Sénégal et de la sous-région ouest-africaine. Avec des milliers de fidèles (talibés) qui y convergent annuellement, venant de partout dans le monde (Mali, Niger, Tchad, Mauritanie, Burkina Faso), pour commémorer, dans la ferveur religieuse et selon la tradition de la Qadiriyya, le huitième jour (le baptême) de la naissance du Sceau des Prophètes, Seyyidinaa Muhammad (Psl).
Capitale de la Qadiriyya sénégalaise, la cité religieuse se situe au Nord-Ouest du Sénégal, dans l’ancien royaume du Cayor, non loin de la cité religieuse de Tivaouane-La Pieuse, dans la région de Thiès. Ndiassane demeure, en effet, le fief des Kountiyous, descendants du Cheikh Bouna Kounta qui quitta en 1800 le village religieux de Bolonoir, situé aux environs de Tombouctou, au Mali, sur ordre de son frère, pour venir s’installer au Sénégal, avec l’autorisation du Damel d’alors, Amari Ngoné Ndella. Ainsi, celui qui sera le fondateur des Ahloul Kountiyou s’installa, d’abord, dans la localité de Nguiguiss, pour ensuite, sous le règne de Birima Fatma Thioub, fonder le village de Ndankh, en plein cœur du Cayor. Cheikh Bouna Kounta et sa famille demeureront dans ce village jusqu’en 1883, date à laquelle son petit-fils, Cheikh Bouh Kounta, est venu s’installer à Ndiassane. Un village qui, avec le découpage administratif survenu après l’indépendance, est devenu une collectivité locale du département de Tivaouane, plus précisément de la communauté rurale de Chérif Lô. Aujourd’hui, Ndiassane est devenu l’un des plus importants lieux de pèlerinage des adeptes de la confrérie khadre du Sénégal et de la sous-région ouest-africaine. Lesquels fidèles y convergent annuellement pour célébrer, avec leur guide, le huitième jour de la naissance du Prophète Muhammad (Psl).
Loin d’être fortuit, le choix du huitième jour découlerait de la volonté commune de Cheikh Al Seydi El Hadji Maodo Malick Sy de Tivaouane et Ckeikh Bouh Kounta de la communauté khadre, de procéder de sorte d’éviter l’organisation d’un Gamou le même jour, du fait de la proximité des deux cités religieuses, distantes d’un peu plus de cinq kilomètres. La première édition de la célébration de la naissance du Prophète par la famille Kountiyou remonterait en 1901, sous la direction de Cheikh Abdou Muhammad Kounta. Ainsi s’établissait une tradition que les descendants du saint homme se feront le devoir de perpétuer, au point de lui donner aujourd’hui une dimension sous-régionale, voire internationale. Puisque Ndiassane reçoit chaque année des milliers de pèlerins venant de l’ensemble de la sous-région ouest-africaine, et principalement du Mali voisin, mais aussi de fidèles venant d’Europe et des Etats-Unis. La très forte présence de pèlerins maliens s’expliquerait, nous apprend-on, par les origines maliennes des Kountiyous.
Thiénaba : «Une République islamique» dans un Etat laïc
Fondée en 1882 par Ahmadou Amary Ndack Seck (1830-1899), l’un des chefs religieux compagnons de Cheikhou Ahmadou Ba, fils de Limamoul Mahdiyou Ba de la localité de Wouro Mahdiyou, qui menèrent le mémorable djihad de 1875, Thiénaba, chef-lieu de la communauté rurale du même nom, l’une des trois sous-préfectures du département de Thiès, est située entre les communes de Thiès et Khombole. Ce site dont le choix aurait été révélé au saint homme par un signe lumineux et qui fait ainsi partie des premiers foyers religieux du Sénégal, se veut gardien du Temple de la Charia, la loi islamique, dans un Etat laïc comme le Sénégal où 95% de la population sont des musulmans.
Dans cette cité, les autorités religieuses qui, tout en reconnaissant l’autorité administrative, sont les descendants du fondateur de la localité, ont pris le soin de créer une sorte de ligne de démarcation qui divise la localité en deux parties : «Thiénaba-Gare» et «Thiénaba Seck». Cette dernière partie, où vivent les autorités religieuses, distante de Thiénaba-Gare d’environ un kilomètre, abrite également l’autorité administrative et toutes les infrastructures liées à l’administration, créées par le colon. Ainsi, les autorités religieuses, pour perpétuer cette volonté de leur guide religieux, ont instauré la Charia pour juger ceux qui osent franchir les interdits de l’islam. Toutes les dispositions sont prises à cet effet. En effet, aux côtés du khalife, il y a l’imam de la Grande mosquée qui se charge de veiller à l’application de la loi islamique. De ce fait, il a la garde du fouet, un des instruments pour la correction de ceux qui bravent les interdits.
Chaque année, à l’occasion du Gamou, l’événement commémorant la naissance du Prophète Muhammad (Psl), les populations de cette localité comme les fidèles, qui ont fait allégeance à Thiénaba, prennent l’engagement, devant la mosquée, et le Khalife général, en tête, qui incarne l’autorité religieuse, de respecter et faire respecter les principes et valeurs de l’islam. C’est ce qui fait qu’à Thiénaba Seck, la consommation de boissons alcoolisées, la cigarette et la fornication y sont interdites, selon les informations recueillies sur place. En ce qui concerne la dernière interdiction, la surveillance est plus accrue. Une femme qui tombe enceinte sans être dans les liens du mariage est renvoyée de la communauté rurale jusqu’à son accouchement. Et si elle désire revenir dans la localité, cette dernière doit au préalable subir la flagellation, comme prévu par la Charia, en prenant 100 coups de fouet à la place du village, au vu et su de tout le monde, avant d’intégrer à nouveau Thiénaba Seck. L’imam, ou celui que ce dernier aura choisi, se chargera de donner les 100 coups aux pécheurs. Selon M. Ndiouga Mbengue, membre de la commission communication du comité d’organisation du Gamou, l’imam, avant de passer à l’acte, sans que le bras ne décolle de son corps, prend un premier coup, comme pour dire que quiconque transgresse la loi établie par Dieu dans le domaine de la fornication va subir le même sort, puis d’exécuter la sentence. Après cela, la victime fait deux Raakas et renouvelle son engagement à respecter la Charia, pour ensuite réintégrer les siens. Concernant l’adultère, les concernés sont définitivement renvoyés de Thiénaba Seck, puisque la peine de mort, qui doit être appliquée dans ce cas-là, n’est pas autorisée au Sénégal.
Historique du Gamou de Keur Mame El Hadji Ndièguène
La célébration de la naissance de notre Prophète, Seydina Muhammad (Saw), à Keur Mame El Hadji Barro Ndièguène, date de très longtemps. «Je ne puis vous donner une date exacte, mais ce qui est certain est qu’à ma naissance, j ai trouvé que ce Gamou avait déjà lieu», avait, de son vivant, fait savoir El Hadji Mouhammad Ndièguène, qui a vécu 107 ans, un peu moins que son illustre père, El Hadji Ahmadou Barro, rappelé à Dieu à l’âge de 111 ans. Pour les responsables de la commission d’organisation du Gamou, «la célébration du Gamou de Keur Mame El Hadji avait un autre visage, avant de prendre sa forme actuelle. Puisque jadis, dans la nuit du Maouloud, ceux qui maîtrisaient le Livre Saint récitaient le Coran, toute la nuit durant, jusqu’à l’aube, à haute voix, en faisant des allers-retours entre la mosquée et l’entrée de la maison. Une tradition communément appelée «Le Beuto». Par contre, ceux qui ne maîtrisaient pas les versets saints les lisaient autour d’un feu, d’autres, les talibés et des femmes, se contentaient de leurs chapelets». Ce, avec une totale dévotion au Tout-Puissant, et en l’honneur du Prophète Seydina Muhammad (Saw). Nombre d’années plus tard, après une longue période sous ce format, la célébration du Mawlid connut une évolution pour prendre sa forme actuelle. Ainsi, «l’introduction des chants religieux (récitals de poèmes dédiés au Prophète Muhammad), les causeries sur sa vie d’être les nouveautés de cet évènement».
GAMOU, LA TRAITE DES COMMERÇANTS
Tivaouane connait un rush de pèlerins, ce samedi 8 octobre 2022, marquant la célébration de la naissance du Prophète Muhammad (PSL). L’anniversaire bat son plein. Une aubaine pour les commerçants qui sont venus en masse.
Tivaouane connait un rush de pèlerins, ce samedi 8 octobre 2022, marquant la célébration de la naissance du Prophète Muhammad (PSL). L’anniversaire bat son plein. Une aubaine pour les commerçants qui sont venus en masse. Vendeur de chapelets, Hamady Bâ, venu de Colobane, à Dakar, ne boude pas son plaisir. En 2 jours, entre hier vendredi et ce samedi matin, il s’est déjà fait un bénéfice de plus de 30 000 F CFA. Il va emprunter le chemin du retour dimanche soir. L’homme, âgé d’une trentaine d’années, et de teint noir, souffle économiquement. Il n’est pas le seul. Aly Seignane, bonnet bien ajusté, presse le pas aux alentours de la Zawiya Serigne Babacar Sy. Il propose des cartons aux fidèles leur permettant de s’asseoir sans se salir. Le produit échangé à 200 F CFA s’arrache comme du petit pain. Les bine-bine, ceintures scintillantes autour du rein, ont la cote auprès des jeunes filles. Mame Diarra qui n’a pas voulu lâcher son nom de famille ne dira pas le contraire. Elle ne retient de la période Covid-19 que les difficultés économiques. "Heureusement que c’est derrière nous maintenant. Parce que c’était très difficile", soupire-t-elle.
C’est la course poursuite entre tabliers et agents municipaux. "Hier, ils avaient confisqué mon matériel. J’ai dû payer 3 000 F CFA, pour le récupérer. Ils doivent être plus tolérants", se plaint Mame Diarra. Mais, le constat a été fait que les ambulants et tabliers bloquent la circulation.
La pluie enregistrée hier a adouci la température, à Tivaouane.
LA FERVEUR DU GAMOU AU MENU DE LA REVUE DE PRESSE DE L'APS CE SAMEDI
Les journaux du week-end rivalisent de trouvailles pour évoquer la ferveur qui s’est emparée de Tivaouane et Médina Baye (Kaolack), hauts lieux de la célébration du Gamou, évènement commémorant la naissance du prophète Mouhamed (PSL).
Dakar, 8 oct (APS) – Les journaux du week-end rivalisent de trouvailles pour évoquer la ferveur qui s’est emparée de Tivaouane et Médina Baye (Kaolack), hauts lieux de la célébration du Gamou, évènement commémorant la naissance du prophète Mouhamed (PSL).
Des milliers de fidèles musulmans ont continué à rallier Tivaouane et Médina Baye à Kaolack, principaux foyers de célébration durant la nuit de samedi à dimanche de la naissance du prophète de l’islam.
‘’La ferveur du Gamou s’empare du pays’’, résume ainsi en Une Le Soleil qui évoque un ’’record d’affluence des demandeurs de nourriture spirituelle à Tivaouane’’.
‘’En renouant avec le Gamou, après une pause de deux ans en raison de la pandémie de Covid-19, la communauté tidiane est en grande communion à Tivaouane pour célébrer, sous la direction du khalife géénral, Serigne Babacar Sy Mansour, la naissance du prophète Mouhamed (PSL)’’, souligne le journal dans ses colonnes.
Il ajoute que la cité de Maodo Malick Sy, terre d’élection de l’islam est, en ce jour de célébration, ‘’le pôle d’attraction de plusieurs milliers de disciples venus boire à longs traits à la divine source de la miséricorde’’.
Tivaouane, une commune de la région de Thiès, a commencé à célébrer le Gamou à partir de 1902, sous la direction d’El Hadji Malick Sy dit Maodo, une des principales figures de la Tidianya dans le pays, décédée il y a 100 ans.
Tentant d’expliquer les raisons de cette ferveur religieuse à Tivaouane, L’AS estime que cet engouement est certainement lié au fait que la cité d’El Hadji Malick Sy, précurseur de la célébration de cette nuit, a été privée de cet évènement durant deux ans à cause de la pandémie de Covid-19.
‘’Tivaouane dans la lumière de Maodo’’, exulte de son côté Le Quotidien qui a choisi de mettre le focus sur la gestion des pandémies, devenue une tradition dans la famille d’El Hadji Malick Sy.
‘’Il suffit de jeter un regard rétrospectif sur l’histoire de notre pays et d’exploiter les recoupements tirés de plusieurs sources, toutes dignes de foi, pour mettre en exergue le rôle joué par Mame El Hadji Malick Sy et ses descendants après la survenue de graves maladies’’, avance la publication.
Elle rappelle que l’histoire du pays avait déjà été marquée par l’apparition d’épidémies et de pandémies telles que la fièvre jaune, la peste, le choléra, le Covid-19, les unes plus dévastatrices que les autres.
Pour sa part, Wakf Quotidien a mis l’accent sur la visite effectuée par le président de la République à Médina Baye, une localité de Kaolack très en vue dans la célébration du Gamou. Le journal a notamment illustré sa Une d’une photo montrant le chef de l’Etat recueillant des prières du khalife général de la communauté Niassène de Médina Baye, Cheikh Mahi Niass.
‘’Si le président de la République, Macky Sall, était parti à Médina Baye Niass pour avoir un soutien, sa mission a été largement accomplie. Le khalife de Médina Baye, qui l’a reçu hier, l’a fortement complimenté’’, soutient le journal
Il faut dire que l’évènement est traditionnellement mis à profit par les acteurs politiques pour effectuer des visites de courtoisie aux guides religieux des foyers de célébration du Mawlid.
L’Observateur rapporte par exemple qu’à Tivaouane, la journée de vendredi a été marquée par les visites du président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, et d’une délégation de Yewwi Askan-wi, une coalition de l’opposition.