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8 août 2025
«L’AFRIQUE FABRIQUE DESORMAIS SES PROPRES TERRORISTES»
Président de la Plateforme panafricaine «Efforts de paix», Hamed Y. Savadogo ne fait pas dans la langue de bois lorsqu’il s’agit d’aborder des questions aussi sensibles que la paix et la sécurité dans une Afrique de l’Ouest en proie aux coups d’Etat
Président de la Plateforme panafricaine «Efforts de paix», par ailleurs leader de la Jeunesse burkinabè en Côte d’Ivoire, Hamed Y. Savadogo ne fait pas dans la langue de bois lorsqu’il s’agit d’aborder des questions aussi sensibles que la paix et la sécurité dans une Afrique de l’Ouest en proie aux coups d’Etat et aux attaques djihadistes. Jeune panafricain connu pour son engagement en faveur de la paix et de la cohésion sociale, notamment dans son pays d’accueil, la Côte d’ivoire, M. Savadogo jette un regard critique sur les tares des Etats africains qui sont un terreau fertile, selon lui, au développement de crises et favorisent des coups d’Etat. Dans cet entretien, il revient sur la sérieuse question de la sécurité des Etats d’Afrique de l’Ouest dans un contexte de coups d’Etat répétés, la montée de l’extrémisme religieux dans le Sahel, mais aussi et surtout la question de la mauvaise gouvernance en Afrique qui favorise l’instabilité du continent.
Qu’est-ce que la Plate¬forme panafricaine «Ef¬forts de paix»?
La Plateforme panafricaine «Efforts de paix» est une association qui fait la promotion de la paix durable, de la démocratie et de l’intégration des peuples africains. Notre structure, composée de jeunes de plusieurs nationalités africaines, veut contribuer à un peu plus de paix dans la sous-région ouest-africaine, la paix au niveau des Etats, mais aussi la paix des communautés.
Qu’est-ce qui a motivé sa création et quels sont ses objectifs ?
Nous avons fait le constat que très souvent, les crises naissent soit du fait de la mal gouvernance, soit du fait d’un déficit d’information, voire de sensibilisation des masses populaires. Le sous-développement de l’Afrique, tout le monde en parle, mais l’absence de paix sociale et de stabilité de nos Etats africains en est pour beaucoup. Autrement dit, sans paix, il n’y a pas de développement. C’est donc partant de ce constat que nous avons porté sur les fonts baptismaux, la Plate¬forme «Efforts de paix» en vue d’apporter notre contribution au règlement de certains conflits. Il s’agit pour nous de mettre la jeunesse au service de la promotion de la paix et de la cohésion sociale. Nous estimons que le meilleur moyen de contribuer au développement de l’Afrique, c’est de militer d’abord pour la paix. Nous voulons être une force de proposition qui contribue qualitativement au débat public et qui aide les décideurs à opérer de bons choix dans leur gouvernance. Cela passe naturellement par des tournées de sensibilisation, des conférences et activités adaptées aux thématiques du vivre-ensemble.
Comment appréciez-vous la situation sécuritaire de plus en plus critique en Afrique de l’Ouest ?
J’estime que la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest est très inquiétante, avec l’instabilité de plusieurs Etats comme le Mali, le Burkina et la République de Guinée, pour ce qui est des coups d’Etat, mais il y a surtout la montée du terrorisme. Il faut s’en inquiéter en raison de la forme de terrorisme à laquelle nous assistons. C’est-à-dire que l’ennemi ne vient plus d’ailleurs comme avant, mais il s’agit désormais des nationaux. L’Afrique fabrique désormais ses propres terroristes.
Les Etats africains semblent impuissants face à cette question. Que faut-il faire pour garantir la souveraineté sécuritaire de l’Afrique, notamment dans l’espace Cedeao ?
La Plateforme «Efforts de paix» pense qu’il incombe avant tout à chaque pays d’assurer sa propre sécurité. Cela implique une bonne gouvernance et le respect des droits humains. Quand des dirigeants ne parviennent pas à lutter efficacement contre la pauvreté, la corruption et les injustices sociales, tout cela finit par déboucher sur des crises. Or, les crises sont un terreau fertile à l’insécurité. Il y a tout d’abord une question de gouvernance, ensuite il faut s’interroger sérieusement sur les métiers de nos Armées. A quoi servent les Armées africaines entretenues à coups de milliards ? Quel est leur niveau de formation ? C’est important que nous débattions de ces questions. C’est seulement après que l’on pourrait demander des comptes ou exiger certaines choses de la Cedeao, qui n’est que le reflet pâle des Etats membres.
Etes- vous pour la mise en place d’une force africaine pour faire face et mieux sécuriser l’Afrique et ses populations ?
Nous militons pour une force africaine face aux nombreux défis sécuritaires. Cependant, il faut que chaque Etat s’assume avant. J’entends souvent parler des performances de l’Armée tchadienne, sur laquelle a compté un moment le G5 Sahel. C’est dire que chaque Etat devra d’abord performer son Armée, sans quoi la force africaine n’apportera rien de concret sur le terrain.
Comment devrait-elle être organisée, avec quels financements ?
Jusque-là, les organismes à caractère sous-régional ou international fonctionnent sur le principe d’une cotisation annuelle des Etats membres. Ils bénéficient également de financements provenant de partenaires. De ce point de vue, le financement ne peut être un problème si la volonté y est. Quant au mode de fonctionnement à adopter, l’exemple du G5 Sahel, avec un commandement par rotation, pourrait inspirer la mise en place de cette force africaine.
Il s’y ajoute depuis un certain temps, les coups d’Etat. L’espace ouest-africain en a connu 5 dont 1 en Guinée, 2 au Burkina et 2 au Mali. Qu’est-ce qui, selon vous, explique cette recrudescence de coups d’Etat en Afrique de l’Ouest ?
Comme je l’ai dit tantôt, la mal gouvernance et les injustices sociales sont pour beaucoup dans l’avènement des coups d’Etat. Au Mali comme en Guinée, les coups d’Etat sont intervenus après des élections truquées où la Constitution a même été modifiée pour le cas de la Guinée. Au Burkina, non seulement la gouvernance n’était pas vertueuse, mais en plus, le régime avait montré ses limites dans la lutte contre le terrorisme.
Est-ce qu’un échec des gouvernants africains peut expliquer cette situation qui dégrade l’image de la démocratie africaine ?
Bien sûr que les crises qui secouent les pays africains sont la preuve de l’échec de ses gouvernants qui manquent pour certains de vision et pour d’autres de capacité d’anticipation sur les crises. Pour beaucoup de chefs d’Etat africains, le pouvoir est encore perçu comme un bien privé. En face, vous avez comme réponses les coups d’Etat, les rebellions et les manifestations à n’en point finir.
La Cedeao n’a-t-elle pas atteint ses limites dans la gestion des crises en Afrique de l’Ouest ?
On est souvent très critique vis-à-vis de cette institution. Moi-même, je n’ai pas souvent été tendre avec cette organisation. Mais après analyse, quand on se rend compte que ce sont nos Etats, avec toutes les faiblesses qu’on leur reconnaît, qui forment cette communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest, on ne peut pas s’attendre à mieux que ce qu’on constate. Cette Cedeao n’existe que de nom.
Qu’en est-il de l’implication de la jeunesse africaine dans la recherche de solutions pour une résolution des crises ?
L’avenir de l’Afrique repose beaucoup sur la jeunesse. C’est pourquoi il est souhaitable que cette jeunesse s’implique dans la recherche de solutions aux crises que nous vivons. Mais attention, la formation de cette jeunesse doit être une priorité. Si nous échouons à éduquer et à former cette jeunesse, nous n’arriverons à rien de meilleur.
Vous êtes originaire du Burkina, où on vient d’enregistrer un deuxième coup d’Etat après celui du 24 janvier. Comprenez-vous cette propension de l’Armée à s’accaparer le pouvoir ?
Le contexte sécuritaire au Burkina Faso est tel qu’il nourrit des ambitions au sein de l’Armée. C’est elle qui est en première ligne dans la défense des populations et du territoire national. C’est elle qui sait apprécier le mieux les stratégies et moyens nécessaires pour faire face à la menace. On peut de ce point de vue leur concéder le fait de s’inviter au pouvoir parce que nous ne sommes pas dans une situation normale.
Le coup d’Etat de janvier aurait été motivé par l’incapacité du gouvernement burkinabè à contenir l’insurrection djihadiste. Qu’est-ce qui, selon vous, a motivé celui du 30 septembre ?
Je pense que le coup d’Etat du 30 septembre est la résultante d’incompréhensions au sein de l’Armée, du moins ceux qui ont arraché le pouvoir à Roch en janvier dernier. Puisque c’est le même mouvement, en l’occurrence le Mouvement du peuple pour la restauration et la sauvegarde (Mpsr), qui tient toujours le pouvoir. Il a juste préféré désormais un Capitaine à un Lieutenant-colonel.
Quelle posture doit avoir la Cedeao pour aider le Burkina, le Mali et la Guinée à revenir à l’ordre constitutionnel ?
La Cedeao n’a pas d’autre choix que d’accompagner ces Etats en crise afin qu’ils reviennent à l’ordre constitutionnel.
Les sanctions, les intimidations et autres mesures dissuasives peuvent-elles aider en de pareilles circonstances ?
Non ! Parce que le Mali constitue la preuve que les intimidations ne marchent pas toujours. Ce n’est pas dans l’intérêt de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest de voir le Burkina et la Guinée suivre les traces du Mali.
L’arrestation et l’emprisonnement de soldats ivoiriens au Mali est une préoccupation que la Cedeao a du mal à gérer. La Plate¬forme afri¬caine «Efforts et paix» aurait-elle un plan pour sortir de cette situation et éviter la détérioration des relations entre Bamako et Yamoussoukro ?
Sur cette question, la Plateforme «Efforts de paix» estime que la solution proviendra du dialogue et des discussions déjà engagés. C’est une question plus politique et diplomatique qu’autre chose. C’est d’ailleurs pourquoi nous saluons les actions de sensibilisation menées sur le terrain par des associations sœurs en vue de maintenir la cohésion sociale entre les peuples ivoirien et malien.
Cette crise va finir par se résoudre.
Est-ce que l’ingérence de certains pays partenaires dans la gestion interne de nos Etats n’encourage pas les soulèvements et autres insurrections des populations déjà éprouvées ?
S’il y a ingérence, je pense qu’en premier lieu, ceux qui manifestent doivent d’abord demander des comptes à leurs dirigeants. Les soulèvements et autres insurrections auxquels on assiste ne font pas avancer l’Afrique. Tout simplement parce qu’ils ne proposent rien de concret pour la suite. Ils interviennent comme des effets de mode et s’éteignent aussitôt.
Que doivent faire les Etats africains pour éviter toute ingérence dans la gestion interne ?
Tout se trouve dans les accords que nos chefs d’Etat signent souvent sans passer par l’Assemblée nationale pour avoir l’onction populaire. Ce que nous avons vite fait d’appeler ingérence est bien souvent un droit concédé. Combien de citoyens connaissent le contenu des accords qui lient leur pays à une puissance étrangère ? Il faut que de plus en plus que les citoyens exigent à nos dirigeants de connaître tous les termes des accords. Parce que le plus souvent, ce sont ceux que nous portons à la tête de nos Etats qui bradent notre souveraineté.
Par Serigne Saliou DIAGNE
A BAS TOUTES CES MILICES !
Si nos politiciens sont autant obnubilés par le besoin d’être prescripteurs d’une violence qu’ils voudraient légitime, ça ne surprend pas que tous les foyers religieux se créent aussi leurs milices et polices morales pour les faire cohabiter avec nos Fds
Le Groupement d’intervention de la Gendarmerie nationale (Gign) a procédé hier, dans la foulée de l’audition de Ousmane Sonko par le Doyen des juges sur l’affaire Sweet Beauty, à l’arrestation d’éléments de sa garde rapprochée, qui ont été impliqués le week-end dernier dans des violences dans le village de Tchiky, situé dans la commune de Diass.
Cette arrestation fait suite à des affrontements qui se sont produits entre les éléments de la sécurité de M. Sonko et des militants de l’Alliance pour la République (Apr). Des plaintes ont été introduites par les personnes blessées, le procureur de Mbour s’est prononcé face à la presse, de même que l’avocat des éléments de la sécurité du leader du Pastef, Me Abdoulaye Tall. L’enquête suit son cours et toutes les responsabilités seront situées, mais cet incident nous renvoie à la figure l’incongruité qu’est la façon dont s’organise la sécurité rapprochée.
Tout bon gaillard veut se livrer à l’activité de protection rapprochée sans aucun préalable. Tout politicien veut s’entourer de sa meute de mastodontes qui bandent les muscles pour faire peur, intimider ou casser tout sur leur passage au premier accrochage.
De l’imposture des tenues au zèle dans la gestion des dispositifs de protection, il y a tout à dire de nos milices politiques. On a fini de façon tacite d’accepter l’idée qu’un politicien doit avoir sa suite de gros bras. Sonko a sa horde de «gorilles», Mame Mbaye Niang exhibait fièrement ses «Marrons du feu». Idrissa Seck avait fini, campagne après campagne, de propulser Vieux Sandiery Diop comme un Jack Bauer de nos tropiques. On ne peut tous les blâmer, car Abdoulaye Wade, à la station présidentielle, a pu faire entrer certains de ses «calots bleus» dans les rangs de nos Forces de défense et de sécurité.
Le Parti socialiste avait aussi ses gros bras qui ne se gênaient point à casser des bureaux de vote ou à faire de Abdoulaye Wade, persona non grata dans certains patelins. C’est dire que la violence dans la politique est bien tenace chez nous.
Il serait hypocrite de s’indigner du spectacle violent qu’offrent nos lutteurs, lors des face-à-face annonçant leurs combats, quand ceux qui sont appelés à gérer la cité déchaînent leurs nerfs et emploient ces derniers pour distribuer des coups de poing. Le Cng de lutte doit avoir son mot sur la conversion de lutteurs en activité en gros bras de politiciens, au vu de l’image négative qu’ils peuvent renvoyer de leur sport.
En revenant sur nos politiques, il y a toute une symbolique à se vouloir serviteur des populations et à la recherche de leur suffrage, tout en se barricadant dans une forêt de gros bras. Il est d’autant plus révoltant que les éléments de protection rapprochée de nos politiciens sont souvent détenteurs d’armes illégales et dont ils n’ont souvent qu’une initiation sur le tas pour leur maniement. Quel est l’intérêt de cette violence gratuite que voudrait promouvoir notre classe politique dans une société civilisée et avec un Etat doté de toutes les prérogatives régaliennes ? Les cas de violence ayant débouché sur des pertes insensées en vies humaines lors d’activités politiques sont légion et notre Etat tarde toujours à réguler tout ce qui entoure la prestation de service de sécurité rapprochée.
L’incident entre des éléments de la garde rapprochée du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) et militants de Benno bokk yaakaar lors de l’élection présidentielle de 2019, ayant causé mort d’homme à Tambacounda, aurait dû suffire comme alerte pour désarmer toutes les milices qui entourent nos politiciens, en leur offrant la possibilité de commettre des professionnels reconnus et aguerris pour leur protection.
L’Etat se substitue aux gros bras lors des rendez-vous républicains comme les campagnes électorales, mais certains de nos politiques ont la gâchette facile pour accuser nos Forces de défense et de sécurité de tous les complots. Il ne faut pas oublier qu’un politicien, en l’occurrence Ousmane Sonko, avait refusé, lors de la campagne présidentielle de 2019, de se faire protéger par des éléments des Forces de défense et de sécurité, les soupçonnant d’être à la solde du ministre de l’Intérieur d’alors, Aly Ngouille Ndiaye.
Si nos politiciens sont autant obnubilés par le besoin d’être prescripteurs d’une violence qu’ils voudraient légitime, ça ne surprend pas que tous les foyers religieux se créent aussi leurs milices et polices morales (sans oublier leurs centres de redressement) pour les faire cohabiter avec nos corps régaliens. On serait tenté, à y voir de près, de dire que ce pays est un gros malentendu.
Par Abdoul Aziz DIOP
SÉNÉGAL, UN PAYS SANS IDÉES ?
Cela fait déjà bien longtemps que nos intellectuels ne sont qu’au nombre de trois ou quatre : l'historien Mamadou Diouf, l’écrivain Boris Diop , le philosophe Bachir Diagne… Trois brillants intellectuels certes, dans un pays de plus de 17 millions d’âmes
En faisant, dans les colonnes du quotidien L’As, daté du 13 octobre 2022, le constat de l’« appauvrissement intellectuel », de la « fin des idéologies en politique » et de l’« avènement d’espaces d’invectives », l’auteur de l’article dont nous reprenons le titre en le nuançant par un point d’interrogation, Mamadou Mbakhe Ndiaye, déplore, avec beaucoup d’autres, non cités pour la plupart dans son papier, « l’assèchement intellectuel et idéologique (…) dans l’espace politico-médiatique » sénégalais. Je crains que le long « assèchement politico-médiatique » ne soit considéré comme un « assèchement intellectuel et idéologique » plus facile à faire accepter aux médias qu’aux intellectuels dont on ne parle que très peu dans ce pays depuis très longtemps déjà.
Que s’est-il donc passé ?
Cela fait déjà bien longtemps que nos intellectuels ne sont qu’au nombre de trois ou quatre : Mamadou Diouf, l’historien,Boubacar Boris Diop, l’écrivain - donnez-moi des noms - , Souleymane Bachir Diagne, le philosophe… Trois brillants intellectuels certes dans un pays de plus de 17 millions d’âmes toutes bien nées ! Un nombre faux dont les auteurs sénégalais de plusieurs centaines de livres chaque année peinent pourtant à faire multiplier par 2 ou 3. C’est que les canaux par lesquels les Lettres etles Médias se parlent et s’enrichissent mutuellement sont obstrués. À quoi bon l’entrelacement politico-médiatique quand 3 clients suffisent à la critique de haut vol pour dire du Sénégal ce qu’il est supposé être après n’y être restés que quelques semaines pour ne pas dire quelques jours seulement pendant toute une année ? Puisqu’il en est ainsi depuis de très nombreuses années déjà, bien nombreux sont les intellectuels en politique auxquels les médias ne s’intéressent que lorsqu’ils s’opposent, ressassant juste la vérité toute faite : « Le pouvoir est mauvais comme l’opposition est bonne. » Oppose toi donc radicalement si tu veux qu’on parle de toi ! Si tu veux compter, quoi…
Et dans la brèche ouverte par l’opposition dite radicale s’engouffrent les intermittents de la politique qui, par dose homéopathique, nous apprennent, quand un micro leur est tendu par un journaliste plutôt admiratif, ce que nous sommes devenus à notre insu : des bons à rien !
Cela n’a quand même pas échappé à beaucoup de monde quand l’un des plus grands penseurs de ce premier quart du XXIe siècle, le Sénégalais Souleymane Bachir Diagne, parlant de l’école sénégalaise à l’invitation de l’Académie nationale des sciences ettechniques du Sénégal (Anst), soutient, que « les classes pléthoriques, le mode de recrutement des enseignants constituent un facteur majeur de la baisse du niveau des élèves au Sénégal ». Chroniqueur à La Gazette, nous soutenions peu avant 2011, qu’une école dont les parents d’élèves, qui constituentles élites de laNation, ne parlent que très peu s’invitera tôt ou tard dans le débat pour cause de déliquescence avancée. Nous y sommes ! Mais il y a une explication - pas la seule - du long silence des élites sur l’école publique d’où elles sont toutes sorties. C’est que lesdites élites, prétextant la liberté des parents de choisir entre le public et le privé, ne débattent plus d’une école à deux vitesses, oubliant le public auquel ils doiventtout. L’école sénégalaise n’échappe pas - et par quel miracle échapperait-elle ? - à la sentence universelle : «Tout ce dont on ne parle pas est mort même vivant.»
Mais que peut bien valoir Abdoul Aziz avant Souleymane ? Rien ! Faux ! « L’écart entre [les] promesses des penseurs de métier et la situation des hommes est plus scandaleux qu’il ne fut jamais », avait averti Paul Nizan. Le résultat est le même lorsque, de l’avis de Pierre Bourdieu, « la pensée critique [se réfugie] dans le "petit monde" académique, où elle s’enchante elle-même d’elle-même, sans être à mesure d’inquiéter qui que ce soit en quoi que ce soit ». C’est qu’ « une théorie doit servir… », disait Gilles Deleuze. « Assèchement intellectuel et idéologique », « assèchement politico-médiatique » ou les deux ? Peu importe ! Une chose est sûre : le besoin de penser est aussi vital que celui de manger à sa faim.
Bien penser, c’est vouloir mieux se nourrir. N’est-ce pas ? Rien qu’une provocation de profane ! Pour autant, « il serait temps, ainsi que le suggérait Pierre Bourdieu, que les journalistes apprennent à reconnaître qu’un propos peut être très important intellectuellement ou politiquement, lors même qu’il émane d’un simple citoyen inconnu ou isolé, ou, au contraire, tout à fait insignifiant, lors même qu’il émane d’un homme politique “important” ou d’un porte-parole autorisé d’un “collectif”, ministère (…) ou parti».
LES RIVERAINS DU QUARTIER DE SONKO CRIENT LEUR RAS-LE-BOL
Des dizaines de barrières policières érigées, des véhicules remplis d’éléments de la Gendarmerie, du Groupement d’Intervention Mobile (Gmi) et de la Brigade d'Intervention de la Police (Bip) stationnés devant toutes les voies menant à la cité Keur Gorgui.
C'est dans un contexte particulier que le leader de Pastef, Ousmane Sonko, a comparu hier devant le doyen des juges d’instruction (Dji), Oumar Maham Diallo. En plus d’un important dispositif sécuritaire déployé dans les artères de la capitale, toutes les rues menant à la cité Keur Gorgui , plus particulièrement au domicile de Ousmane Sonko, ont été barricadées par les forces de sécurité, perturbant ainsi les déplacements des populations. Déplorant cette situation, de nombreux riverains ont crié leur ras-le bol et appelé la justice à vider le plus rapidement possible le dossier Sonko-Adji Sarr.
Des dizaines de barrières policières érigées, des véhicules remplis d’éléments de la Gendarmerie, du Groupement d’Intervention Mobile (Gmi) et de la Brigade d'Intervention de la Police (Bip) stationnés devant toutes les voies menant à la cité Keur Gorgui. C’est ce décor qui a prévalu hier dans toutes les rues et ruelles de la cité Keur Gorgui. Armées jusqu’aux dents, les forces de défense et de sécurité, appuyées par des Asp, font des patrouilles dans les principales artères de la capitale. Elles ont reçu l'ordre d'éviter tout attroupement et surtout de ne laisser personne accéder à la maison du leader de Pastef. Une instruction jugée sévère par certains riverains à l’image de Khadim Guèye. Employé à la «Brioche Dorée» située à moins de 100 mètres du domicile du maire de Ziguinchor, le jeune homme dénonce l’excès de zèle des forces de l'ordre. Depuis 7h du matin, il peine à rejoindre son poste. «J'ai fait plus de 6 rotations, je n'arrive toujours pas à accéder à mon lieu de travail. Je me suis même présenté à leur chef, mais il refuse de m’écouter», se désole Khadim qui juge inutile le déploiement de tout ce dispositif pour une simple audition. «Toute cette mobilisation pour une seule personne, c’est inutile ! On dirait qu'ils sont venus cueillir un criminel. Une convocation ne devrait pas ameuter toute la population, jusqu’à empêcher certains de vaquer à leurs occupations, d’autant que cette personne avait carrément demandé à ses partisans de ne pas sortir», fulmine Khadim Guèye
Embouchant la même trompette, Alassane Cissé a exhorté les hommes politiques à avoir raison garder. «Les acteurs politiques nous pompent l’air, ils nous prennent en otages pour leurs propres intérêts. A cause d’une affaire privée, ils ont bloqué tout le pays, beaucoup de nos concitoyens ne sont pas allés travailler. Même les devantures de nos maisons ont été bloquées et nos enfants ont peur de sortir», tonne M .Cissé qui invite la justice à vider une bonne fois ce dossier pour que les Sénégalais dépassent cette affaire qui «a été politisée par les deux camps (pouvoir et opposition). Les priorités devraient être ailleurs. Aujourd’hui, les familles peinent à joindre les deux bouts. Au lieu de se focaliser sur ces questions, nos hommes politiques préfèrent nous servir des sujets futiles», clame-t-il.
Un avis que partage Ndèye Dieng Diop. En compagnie de ses deux fils âgés respectivement de 8 et 10 ans, elle est obligée de rebrousser chemin. D’ailleurs, elle craint que la situation ne dégénère comme lors des évènements de mars 2021. «Je suis là pour déposer mes enfants à l'école, mais avec ce décor, je n'ai pas l'esprit tranquille en les laissant ici. C'est pourquoi je préfère les ramener à la maison jusqu’à ce que la situation revienne à la normale», peste-t-elle en appelant les acteurs politiques à plus de sérénité afin de ne pas semer le chaos dans le pays. «Nous sommes un Etat très respecté dans le monde, particulièrement dans la sous-région, c’est pourquoi, nous devons être vigilants et continuer surtout de prôner la paix. Malheureusement, on a l’impression que certains Sénégalais ne veulent pas de cette paix. On est devenu violents et arrogants», se désole Madame Diop.
«LES EVENEMENTS DE MARS DE 2021 NE DEVRAIENT PLUS SE REPRODUIRE»
A l’image de la cité Keur Gorgui, l’université Cheikh Anta Diop est sous forte surveillance policière. En plus de deux camions remplis d’éléments du GMI, deux véhicules blindés sont garés sur le rond-point de l’avenue Cheikh Anta Diop. A l’entrée de la grande porte, des dizaines d’éléments de sécurité du Centre des Œuvres Universitaires de Dakar (Coud) veillent au grain. Seuls les étudiants et les personnels sont autorisés à accéder à l’intérieur des campus. Une décision que jugent salutaire certains étudiants. Parmi eux, Seydina Dièye, étudiant en Licence 3 à la Faculté des Lettres. Assis juste devant le vendeur du café, il trouve très normal que les autorités déploient cet important dispositif sécuritaire. «Les étudiants ne devraient pas être de la chair à canon pour les hommes politiques. C’est normal que l’Etat prenne les devants, parce que les événements de mars 2021 ne devraient plus se reproduire. Et l’Etat ne l’a pas fait pour ou contre Ousmane Sonko, mais pour sécuriser les Sénégalais afin qu’ils puissent vaquer librement à leurs occupations et renter chez eux sans être inquiétés», affirme Seydina Dièye, étudiant en L3.
LE CAMPUS DE FATICK DÉPOURVU DE TOUT
Dans ce temple du savoir, le simple fait de se désaltérer ou de se laver relève d’un luxe pour beaucoup d’étudiants. Une situation à laquelle il faut remédier au plus vite, selon le directeur du Centre des œuvres universitaires du Sine Saloum
Les étudiants et agents du campus de Fatick de l’Université du Sine Saloum El Hadji Ibrahima Niass (Ussein) vivent et travaillent dans des conditions particulièrement difficiles. Dans ce temple du savoir, le simple fait de se désaltérer ou de se laver relève d’un luxe pour beaucoup d’étudiants. Une situation à laquelle il faut remédier au plus vite, selon le directeur du Centre des œuvres universitaires du Sine Saloum, Dr Ousseynou Diop qui était hier au campus de Fatick.
Quelques jours après son installation, le nouveau directeur du Centre des Œuvres Universitaires de l’Université du Sine Saloum El Hadji Ibrahima Niass (Ussein) a effectué une visite de terrain, au campus de Fatick. «Nous avons senti la nécessité de venir constater ce qui a été relaté au cours de la passation, voire aussi l’état réel des conditions d’existence et de travail de nos étudiants et agents», a souligné Dr Ousseynou Diop après avoir rencontré le personnel et les étudiants. A l’en croire, beaucoup de préoccupations ont été notées. «Nous sommes confrontés à des défis énormes allant dans le sens d’améliorer les conditions d’existence et d’études des étudiants, les conditions de travail des agents aussi. Il s’agit entre autres problèmes du manque de logistiques, d’équipements et d’intrants»
Après le bloc administratif, le directeur du Crous a visité les résidences des étudiants. «Là également, nous avons noté plusieurs manquements comme la connexion d’internet, le déficit d’équipements, surtout en lits et matelas», dit-il. Au niveau des sites d’hébergement, des efforts considérables sont à faire par rapport à la qualité des résidences. «Dans chaque chambre, il y a six étudiants. Or, les chambres sont tellement étroites qu’il est impossible même de prier à deux à l’intérieur de la chambre», dénonce un étudiant qui estime que leur préoccupation majeure constitue l’approvisionnement en eau. «Nous pouvons rester 24h sans eau dans notre résidence. L’eau n’est disponible que de 22h à 3h du matin. Parfois, on ne voit pas d’eau. On achète des bidons de vingt litres à 200 Fcfa», a indiqué le responsable des étudiants de la résidence 3. Une situation à laquelle le directeur du Crous compte apporter des solutions immédiates. «Nous allons, dès demain, entamer des démarches nécessaires pour soulager les étudiants. Il est inconcevable de laisser une résidence contenant une centaine d’étudiants sans eau. Nous allons trouver une solution transitoire. Le Crous avait déjà posé des jalons pour l’installation de bâches à eau qui étaient ravitaillées par des citernes. Avec l’hivernage, la bâche à eau n’était plus utilisable, mais il est possible d’avoir des réservoirs à la place des bâches à eau qui vont permettre un approvisionnement correct en eau aux étudiants», souligne le maire de Sibassor.
Les étudiants ont aussi évoqué leurs difficultés à se déplacer de leurs résidences aux restaurants et autres lieux où ils font cours. Les résidences sont distantes les unes des autres. «Donc, nous devons les accompagner dans le transport en attendant d’avoir notre propre campus. Déjà, des contrats de prestations ont été signés avec des transporteurs. Nous allons réactualiser ces contrats».
Convaincu que ces solutions provisoires ne sauraient amoindrir la situation, le directeur du Crous s’engage à suivre de près le niveau d’exécution des travaux du campus. «La réception de notre campus universitaire résoudra définitivement les maux évoqués par les étudiants». Interpellé sur les inégalités notées dans la masse salariale, Dr Diop a soutenu qu’il va procéder à un audit à la suite duquel des disparités seront corrigées. «L’essentiel pour nous est que les agents effectuant le même travail et ayant le même statut puissent avoir le même traitement. Nous allons faire un audit, dégager le profil du personnel, voir ce qu’il faut adapter par rapport à notre organigramme», indique le directeur du Crous.
Des poursuites contre Condé et 187 ministres et cadres
La junte au pouvoir en Guinée a ordonné jeudi 3 octobre d’engager des poursuites judiciaires contre l’ancien Président Alpha Condé qu’elle a renversé par un coup d’Etat en 2021 et plus de 180 hauts cadres ou ex-ministres, notamment pour des faits présumés de corruption. Les militaires, qui ont pris le pouvoir par la force il y a plus d’un an, ont fait de la lutte contre la corruption réputée endémique en Guinée l’un de leurs grands combats proclamés et de nombreux anciens responsables sont déjà détenus dans ce cadre. Mais dans sa lettre publique adressée jeudi aux procureurs généraux, le ministre de la justice franchit une nouvelle étape parce qu’il vise nommément l’ancien chef de l’Etat (de 2010 à 2021) et un grand nombre de ses cadres lorsqu’il était au pouvoir, rapporte Le Monde. Parmi eux, l’ancien premier ministre Ibrahima Kassory Fofana et une quarantaine d’anciens ministres, comme Mohamed Diané à la défense, Mamady Camara à l’économie ou Mariama Camara au commerce. Un certain nombre de conseillers à la présidence sous le régime Condé sont également cités. Au total, le ministre de la justice Alphonse Charles Wright donne une liste de 188 noms, dont certains sont déjà en prison et d’autres cités plusieurs fois. Leurs comptes sont gelés, indique le document.
Mbour : la brigade de gendarmerie de Saly bunkerisée
La brigade de gendarmerie de Saly a été bunkerisée dès l’arrivée des éléments de sécurité de Ousmane Sonko. Des éléments du Groupement d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (Gign) ont été appelés en renfort ainsi que des éléments du Groupement Mobile d’Intervention (Gmi) de la Police. Les autorités redoutaient une visite d’Ousmane Sonko à ses gardes du corps après la fin de son audition. Les cinq éléments de sécurité du leader de Pastef seront auditionnés par la section de recherches de Mbour logée à la brigade de Saly. Les agents de sécurité de Sonko sont arrêtés dans l’affaire des affrontements à Tchiky lors du Nemeku Tour.
Déthié Fall interdit d’accès chez Sonko
Il était impossible hier aux responsables de l’opposition de rendre visite à Ousmane Sonko avant qu’il n’aille répondre à la convocation du doyen des juges. Les forces de défense et de sécurité avaient des instructions fermes de refuser tout accès chez Ousmane Sonko. Et le président du Parti Républicain pour le Progrès (PRP), Déthié Fall, l’a vérifié à ses dépens. Membre de la conférence des leaders de Yewwi Askan wi (Yaw), M. Fall qui a écourté sa tournée politique en France s’est vu refuser d’aller voir Sonko pour lui témoigner son soutien. Pour Déthié Fall, c’est la preuve que la démocratie sous Macky Sall a beaucoup reculé. «Les luttes que nous menons, c’est pour la consolidation de la démocratie», dit-il avant de prévenir Macky Sall que sa stratégie de choisir ses propres adversaires aux élections est révolue.
Barthelemy Dias bloqué
Restons à la cité Keur Gorgui bunkerisée par les forces de défense et de sécurité pour dire que le maire de Dakar n’avait pas pu voir le leader de Pastef chez lui avant son départ pour le Palais de Justice. Barthélémy Dias a pu franchir certaines barrières de la police, mais il s’est vu opposer un niet par la police. Finalement, il est revenu chez le leader de Pastef après son audition. Pour l’édile de Dakar, les batailles de la vie ne sont jamais gagnées par les plus forts ou par les plus rapides, mais par ceux qui n'abandonnent jamais.
Mairie de Fatick : la Cour suprême ordonne la reprise de l’élection du bureau municipal
Dans un arrêt qu’elle a rendue hier jeudi, la Cour suprême a ordonné jeudi la reprise de l’élection complémentaire des membres du bureau du Conseil municipal de Fatick, selon nos confrères de l’«Aps». En effet, le 27 octobre dernier, la Cour suprême avait publié un premier arrêt pour procéder à l’annulation du bureau municipal de Fatick élu au lendemain des élections territoriales de janvier 2022. Ce bureau ne respectait pas la loi sur la parité, Birame Faye étant le premier adjoint au maire élu, Matar Ba. C’est ainsi que la coalition Yewwi askan wi (YAW, opposition) avait introduit un recours pour dénoncer le manquement au respect de l’alternance des personnes des deux sexes en vertu de la loi instituant la parité dans les institutions totalement ou partiellement électives.
Y en a marre dénonce le terrorisme politique
Restons avec l’arrestation des éléments de sécurité de Ousmane Sonko dont la manière a suscité une vague d’indignations. Le coordonnateur national du mouvement Y en a marre qui dénonce ce terrorisme d’Etat pense qu’une simple convocation aurait suffi. Aliou Sané condamne l’arrestation des éléments de la garde rapprochée de l'opposant Ousmane Sonko par un corps d'élite de la gendarmerie nationale, avec toute la diligence qui sied, et sous une forme frisant la provocation et surtout l'intimidation... là où une simple convocation aurait suffi dans le cadre des événements survenus à Tchiky. Pourtant, rappelle l’activiste, dans le même département, Guy Marius Sagné s'est vu interdire d'entrer dans une localité du territoire (Malicounda) avant de se faire agresser par des nervis sous le regard passif d'éléments de gendarmerie...sans aucune suite judiciaire, malgré la plainte déposée par les victimes avec des preuves matérielles à l'appui. Le monde entier s'est ému des images tragiques de forces de l'ordre tirant sur des citoyens sénégalais lors de manifestations, causant de nombreuses pertes en vies humaines et ces crimes sont restés non élucidés à ce jour, fulmine le Y en a marriste qui n’a pas omis la terreur semée par des nervis du pouvoir lors de la tournée du Président Macky Sall au Fouta sous le regard des forces de l'ordre, sans qu’une action judiciaire ne soit intentée. Au regard de ces faits et tant d’autres, Aliou Sané pense qu’on ne parle même plus de justice à deux vitesses, mais de terrorisme politique pour intimider les opposants, les activistes et tous ceux qui se lèvent contre les pratiques dictatoriales du régime de Macky Sall. Mais c'est peine perdue, prévient-il.
Le procureur de Mbour ne pouvait-il pas les convoquer…
Le Procureur de Mbour avait-il besoin d'envoyer des éléments du GIGN procéder à l'interpellation des membres de la garde rapprochée du leader de Pastef Ousmane Sonko, présumés impliqués dans les incidents de Tchiky, au Tribunal de Dakar ? Ainsi, s’interroge le directeur exécutif de la section sénégalaise d’Amnesty International. Ne pouvait-il pas les convoquer à Mbour pour les interroger?, poursuit-il ses interrogations. Selon Seydi Gamassa, ces arrestations spectaculaires rappellent celle du président de l'ONG "Horizons Sans Frontières, Boubacar Sèye à son retour de voyage en janvier 2021. Manifestement, il pense que ces arrestations spectaculaires visent à créer la psychose au sein des opposants, des activistes et de tous ceux qui critiquent le régime de Macky Sall. Le défenseur des droits humains estime que le travail de la justice et des forces de sécurité doit se faire dans la sérénité et sans théâtralisation.
Le projet réseau gazier du Sénégal présenté lors d’un Crd
Le projet de réseau gazier du Sénégal, attendu pour réduire la forte dépendance du pays au fioul par l’utilisation du gaz, plus propre et moins coûteux, devrait à terme contribuer à l’accès universel à l’électricité. Ce projet a été présenté jeudi, à Dakar, au cours d’un comité région de développement (CRD) d’information et de partage présidé par l’adjoint au gouverneur Assane Guèye, en présence notamment des préfets, sous-préfets et maires des communes du département de Rufisque. Il y avait aussi le secrétaire général du ministère du Pétrole et des Énergies, Cheikh Niane, ainsi que les autres parties prenantes, en l’occurrence les services de l’Etat concernés par ce projet. Selon l’adjoint au gouverneur de Dakar, ce projet est d'une importance capitale, en ce qu’il devrait permettre à terme de réduire la forte dépendance du pays au fioul dans la production d’électricité, en utilisant le gaz, plus propre et moins coûteux. Assane Guèye a signalé que le réseau de gazoducs devant acheminer le gaz aux centrales électriques du Cap-des-biches va traverser plusieurs communes du département de Rufisque. Donc nécessairement il y aura des impactés. Mais il s’agit d’un projet important qui va faciliter l’accès universel à l’électricité, a-t-il ajouté. Avec les découvertes du pétrole et du gaz sur le territoire national, il est permis d’avoir de l’espoir, a déclaré pour sa part le SG du ministère du Pétrole et des Énergies, dont une copie du discours a été transmise à l’APS.
Richard Toll : un accident fait 03 morts et 08 blessés
Un véhicule de type 4x4 a fait un grave accident vers Richard Toll. Cette voiture qui appartient à une entreprise spécialisée dans la distribution d'engrais a fait des tonneaux à Colona. Le bilan est de 03 morts et 08 blessés.
IFRIA se déploie présentement au Sénégal et au Maroc
La Société financière internationale (SFI), la branche de la Banque mondiale en charge du financement du secteur privé dans les pays en développement, devrait investir près de 10 millions $ en fonds propres au profit d'IFRIA, une plateforme de service de conservation de biens à froid, qui se déploie présentement au Maroc et au Sénégal. La transaction, qui est en attente d'approbation, constitue une contribution à un programme d'investissement de 68 millions $ dévoilé par la plateforme The Capital Quest, dont 40 millions $ attendus sous la forme d'ouverture de capital et le reste sous la forme d'endettement. La SFI rejoint, dans ce projet, la firme américaine Pegasus Capital, qui y est présente à travers le Subnational Climate Fund sous sa gestion. Avec la tenue très prochaine de la 27e Conférence sur le changement climatique (COP27), les investisseurs multiplient des annonces sur des engagements favorables à la limitation des effets du changement climatique. Dans son plus récent rapport sur la stabilité financière dans le monde, le Fonds monétaire international (FMI) souligne l’importance de l’implication des investissements privés dans le financement des objectifs climatiques d’ici 2030. Dans les régions émergentes, y compris le continent africain, le besoin de ressources financières se chiffre en milliers de milliards $. Un objectif de ressources auquel il est difficile d’accéder.
Personnes en situation de handicap aux instances décisionnelles
La directrice de l’ONG Sightsavers au Sénégal, Salimata Bocoum, a plaidé, jeudi, pour la participation des personnes vivant avec un handicap aux instances de prises de décisions. Elle travaille beaucoup sur la citoyenneté et la participation à la vie politique des personnes handicapées parce que ce défaut de visibilité et d’implication des personnes handicapées dans les organes décisionnels constituent des obstacles. Mme Bocoum intervenait lors de l’ouverture de l’atelier de partage sur la situation des personnes en situation de handicap au Sénégal initié par l’ONG britannique Sightsavers. Elle a soutenu que la participation de ces personnes est très importante surtout en politique et dans la vie publique, soulignant que c’est un aspect essentiel de bonne gouvernance. Selon elle, cette stratégie a pour objectif de garantir les personnes handicapées dans leur diversité pour qu’elles accèdent à cette participation accrue à travers la vie sociale. Il s’agit, a-t-elle encore plaidé, de faire la promotion des femmes, des filles handicapées pour répondre à l’intégration du genre dans notre programme pour aussi faire face à la discrimination et à l’exclusion dont les femmes et les filles handicapées sont davantage victimes. Moussa Thiaré, le secrétaire général de la Fédération sénégalaise des associations des personnes handicapées (FSAPH), dit attendre une inclusion définitive qui passe par la participation active des handicapés au niveau des instances de prise de décision.
Par Abdoul Aly KANE
LE CAPITAL HUMAIN ET LA RELOCALISATION INDUSTRIELLE EN AFRIQUE
La question qui vient à l’esprit est : pourquoi l’Europe, la France en particulier, ne « délocalise » pas dans le continent africain ses industries technologiques que l’on retrouve en Asie et ailleurs ?
Alors que la pandémie a souligné l’importance de relocaliser les industries stratégiques, la question posée est celle de savoir si l’Europe centrale et celle de l’Est seront les bénéficiaires du retour des usines sur le Vieux continent. Il s’agit du rapatriement des opérations de manufacture et de services d’Asie principalement, sur le sol européen.
Les raisons de ce rapatriement se rapportent aux risques qui pèsent sur la chaîne d’approvisionnement depuis le COVID. En effet, l’augmentation des salaires en Asie et celle des coûts de transport sont autant de facteurs qui poussent les sociétés à ramener leur production de services et leurs manufactures en Europe.
La question qui vient à l’esprit est : pourquoi l’Europe, la France en particulier, ne « délocalise » pas dans le continent africain ses industries technologiques que l’on retrouve en Asie et ailleurs ?
Ce constat sonne comme une sorte de distorsion dans les rapports « Colonisateur/Colonisé » que nos pays respectifs ont entretenus un siècle et demi durant. Au lendemain des indépendances, nos Etats ont entamé des politiques de promotion des PME industrielles et de grosses entreprises à vocation exportatrice.
Du fait d’une gestion hasardeuse des finances publiques et de la détérioration des revenus d’exportation de leurs matières premières, nos pays ont été, pour la plupart, mis sous ajustement structurel.
Cette politique imposée par les partenaires multilatéraux a eu des conséquences économiques et humaines coûteuses pour les pays concernés, le nôtre compris. Le décrochage qualitatif du capital humain date de cette période avec des fermetures d’entreprises publiques, de banques avec les pertes d’emplois consécutives, des réductions drastiques de budgets relatifs à la santé, l’éducation et la formation.
Les budgets des Etats et des entreprises publiques non liquidées ont alors subi des coupes sombres effectuées sur la base d’un tri implacable entre « dépenses productives et dépenses improductives ».
L’ouverture économique sur l’extérieur recommandée par les institutions multilatérales a livré les PME de l’époque à la concurrence asiatique provoquant leur brutale disparition avec comme conséquences la suppression d’effectifs dotés de savoirfaire étendu à de nombreux secteurs de l’industrie manufacturière de l’époque (bonneterie, électricité, agroalimentaire, visserie, boulonnerie, etc.).
Considérées comme « improductives », des dépenses relatives à l’éducation nationale, à l’enseignement supérieur et la santé ont été drastiquement réduites. Les réductions des budgets de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur ont grandement fait baisser la qualité du capital humain de cette période, avec des classes surchargées dans les cycles primaires et secondaires prises en charge par des enseignants de moindre formation, et des effectifs d’étudiants plus que pléthoriques à l’université. Les données n’ont pas fondamentalement changé depuis lors.
Bien que consacrant près de 40 % du budget national à l’éducation, l’Etat du Sénégal peine à couvrir les besoins en universalité de l’école, et en formation des enseignants.
Les salaires sont pourtant le poste principal du budget national du département, et suivent derrière les dépenses en infrastructures scolaires et universitaires sans pour autant changer fondamentalement l’état de l’école sénégalaise.
Plus que jamais, il s’agit de revisiter le système éducatif dans son financement et aussi dans son articulation aux objectifs économiques de croissance et de développement.
Le maître mot d’une formation économiquement performante pour nos pays est la maîtrise de la technologie, qui passe entre autres par la maîtrise des mathématiques par le plus grand nombre. L’exemple de la Corée du Sud est éloquent à cet égard.
La Corée du Sud est aujourd’hui l’une des principales économies mondiales. Privée de ressources naturelles, lesquelles sont concentrées en Corée du nord, et important son énergie, la stratégie de développement de la Corée du sud a été basée sur le développement du capital humain.
La priorité est donnée à l’éducation et au travail. En la matière, les Coréens arrivent en tête, avec les Finlandais, dans l’enquête internationale PISA (Program for International Student Assessment) qui est menée par l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique).
En Europe, la Finlande se distingue des autres pays européens, en particulier dans le domaine scolaire.
L’école finlandaise est considérée comme le meilleur modèle en Europe, voire au monde, avec un souci d’équité entre les apprenants sans pareil quant à l’origine sociale.
Les caractéristiques les plus marquantes sont : l’absence d’écoles privées (il n’y a que des écoles publiques), la gratuité de l’école, la valorisation du métier d’enseignant, l’adaptation des cours aux niveaux des élèves (pas de redoublement) grâce à un système de rattrapage automatique.
S’inspirer des exemples finlandais et sud-coréen !
Au Sénégal, le chef de l’Etat a présidé, il y a quelques jours, le lancement officiel avec pose de la première pierre des Classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) devant servir de « réceptacles appropriés pour ouvrir à nos meilleurs élèves des filières Mathématiques, Physique, Sciences de l’ingénieur, des filières techniques ».
Rappelons qu’en sens inverse, en France, l’ENA, considérée jusque-là comme la voie toute tracée pour accéder aux postes les plus importants de ce pays, vient d’être supprimée et remplacée par l’Institut national du Service public (INSP). Cette réforme française qui peut être considérée comme une sorte de « délitisation » de l’école veut certainement s’inspirer des exemples européens dont celui de la Finlande.
Dans le cas du Sénégal, avec les CPGE, on a le sentiment de construire une pyramide par le haut pour après attaquer la base. Car, ces classes préparatoires, parviendront des élèves déjà sélectionnés dans leur parcours avec comme objectif d’être parmi les tout premiers à accéder aux écoles d’ingénieurs.
A notre sens, la priorité devrait être de reconstruire une école accessible à tous et tendue vers les performances en matière de technologie, ce qui présuppose un enseignement des matières scientifiques au profit de tous, y compris les « moins ou peu doués ». Cela pourrait assurer un accès massif et démocratique aux écoles d’ingénieurs et favoriser les avancées technologiques dans notre pays.
Les besoins en effectifs technologiquement armés sont liés à la nécessaire valorisation de nos ressources naturelles, minières en particulier. Les éléments indispensables sont la mise en œuvre des investissements et l’optimisation de l’exploitation grâce à une main d’œuvre formée.
Les dragons asiatiques et la Chine ont pu émerger grâce aux flux d’investissement orientés vers la manufacture délocalisée d’Amérique et d’Europe vers eux.
En effet, aucune épargne nationale ne peut totalement couvrir les besoins en investissements nécessaires à la transformation industrielle des pays en émergence.
C’est le lieu de déplorer que l’Afrique soit la grande oubliée de la « délocalisation » par le fait de pays qui l’ont colonisée et insérée dans leur espace économique et monétaire à titre de pourvoyeuse de matières premières et de réceptacle des produits finis.
Les motifs avancés du peu d’intérêt accordé au continent sont la faiblesse et le coût de la main d’œuvre ainsi que le « risque pays » élevé en matière d’investissement. De fait, c’est vrai que, pour la qualité des ressources humaines, d’énormes progrès restent à faire en Afrique comparativement aux pays d’Asie qui ont très tôt misé sur le facteur humain.
Au regard de l’évolution économique mondiale, et des progrès scientifiques, techniques et numériques, il est urgent de revoir tous les maillons de la chaîne du système éducatif.
En zone francophone, il faut dire qu’il n’est plus besoin d’un système d’enseignement centré pour une large part sur les « lettres » au détriment des sciences et de la technologie, plus en rapport avec les urgences de développement économique.
La Recherche et le Développement doivent occuper une part plus importante dans les budgets nationaux et ceux des entreprises publiques à haute valeur ajoutée comme celles du secteur numérique.
Les dépenses s’y rapportant peuvent être « syndiquées » au niveau de l’espace sous régional c’est-à-dire prises en charge par les Etats sous régionaux à travers des quotesparts à déterminer, et avec comme maître d’oeuvre une banque de développement.
La floraison actuelle d’écoles supérieures africaines privées, mues par le retour sur capital investi, doit s’accompagner de la création d’écoles techniques sous régionales en parfaite cohérence avec les stratégies de développement respectives.
Au niveau des Etats, la structure des budgets locaux et nationaux devrait être revue.
Le constat est que les ressources budgétaires locales et nationales sont consacrées au « fonctionnement », et que l’investissement est, quant à lui, couvert par des fonds d’équipement insignifiants et des ressources issues du marché financier.
Avec des ressources humaines formées aux technologies de pointe, il devient plus aisé d’exiger de partenaires comme la Chine ou l’Inde davantage de transfert de technologie pour déboucher in fine sur la maîtrise des « know how » manufacturiers.
Sans aucune ressource naturelle, la Corée du sud est devenue l’une des toutes premières puissances économiques mondiales grâce aux investissements étrangers et au développement de son capital humain. Elle exporte principalement des équipements électriques et électroniques, des machines, des chaudières, des véhicules, des tramways, des combustibles minéraux, des huiles, des produits de distillation et même des réacteurs nucléaires !
C’est pour dire en définitive que la souveraineté économique indispensable au développement de l’Afrique passe par la constitution prioritaire d’un capital humain en rapport avec les exigences de qualité requises dans les échanges de biens et de services au niveau du commerce mondial.
Par Amadou Bator DIENG
PAPE FALL, L’ETERNEL DANDY DE RUFISQUE
Décédé mercredi 2 novembre à Dakar, Pape Fall a vécu plus de cinquante ans de musique. Le Témoin lui rend hommage à travers le texte que lui avait consacré en janvier 2019 notre confrère Amadou Bator Dieng
Décédé mercredi 02 novembre à Dakar, Pape Fall a vécu plus de cinquante ans de musique. Le Témoin lui rend hommage à travers le texte que lui avait consacré en janvier 2019 notre confrère Amadou Bator Dieng, Rédacteur en chef chez kirinapost & Correspondant Pan-African-Music.
Sa savoureuse musique berce les mélomanes sénégalais depuis le milieu des années 60 et n’a pris aucune ride. Pape Fall est aujourd’hui une icône de la salsa au Sénégal.
L’histoire de la musique nous enseigne que les légendes sont souvent capricieuses, changeantes et parfois incontrôlables. Alors on appréhende toujours d’en rencontrer une, une fois le rendez-vous obtenu auprès du manager.
Un samedi après-midi dans son quartier Niaye-Tiokher. Niaye Thioker est une enclave située entre le grand marché de Sandaga, en plein centre-ville de Dakar, et la cité administrative du Plateau. Un quartier populeux et grouillant de monde. Il est 17 heures. La cité est hyper agitée comme d’habitude. Pape Fall, un coup de fil pour signaler sa position, et nous voici réunis. « Trouvons un endroit calme où nous pourrions échanger » me lance-t-il d’un ton calme en me serrant la main.
L’homme est courtois et posé. À l’image des dandys, il est d’une finesse et d’une élégance rare. N’est pas salsero qui veut… Nous nous faufilons au milieu des étals et boutiques du célèbre marché Sandaga. De temps à autre, il s’arrête pour échanger avec un fan qui le reconnait. Toujours avec la même politesse. Quelques minutes de marche, quelques tapes amicales ici et là, nous voilà assis dans un café accueillant de l’avenue André Peytavin.
Dès l’entame de notre discussion, l’artiste nous plonge dans le royaume de son enfance — pour parler comme Senghor — afin d’expliquer comment le virus de la chanson l’a piqué.
« Enfant, je me rendais aux champs non loin de Rufisque. Le travail champêtre était dur et, pour se donner du courage, nous chantions et je reprenais les tubes qu’écoutaient mes parents à la radio. C’est de là que tout part. Les Filaos, arbres aux feuillages persistants et pouvant atteindre 35 mètres de hauteur m’aidaient beaucoup, car pour m’exercer, je prenais leurs cimes comme public et je faisais tout pour qu’ils m’entendent » se rappelle en souriant le salsero. C’est la raison pour laquelle, selon lui, il n’a presque jamais connu « les pertes ou extinctions de voix qui touchent beaucoup d’artistes. »
Malheureusement, ses parents ne veulent pas qu’il chante, mais qu’il étudie et devienne fonctionnaire. De ce refus naît dans la maison un jeu de cache-cache entre le chanteur en herbe et son papa. Il se rappelle qu’en 1966, lorsqu’il fut engagé pour la première fois dans le groupe Dakar Rythme — qu’il quitta pour rejoindre L’Africain Jazz. — il faisait tout pour chanter sans trop fatiguer ses cordes vocales… pour ne pas avoir de « cassure de voix ». Sinon, au lendemain des spectacles, comment aurait-il pu l’expliquer à ses parents ?
« Tout cela me sera utile plus tard. Ces moments m’ont beaucoup apporté en terme de technique de voix » raconte-t-il
Comment lui le rufisquois est-il tombé dans l’univers de la Salsa ?
« Mon cousin était disquaire et je trainais dans le magasin en m’abreuvant des Vinyles posés sur les fameux Teppaz (Premier tourne-disque de marque française, NDLR).
Quand un morceau de salsa passait, j’étais attiré par le rythme et surtout par la langue espagnole. Je faisais systématiquement traduire les paroles en français pour mieux les comprendre, tant et si bien qu’au collège (il a fréquenté l’école Pape Gueye Fall), je n’hésitais pas une seconde à choisir l’espagnol comme seconde langue. Ce choix me sera vraiment utile par la suite » explique celui qui chante en espagnol comme en wolof.
Le temps file. Déjà une heure que l’on discute à bâtons rompus. L’artiste regarde de temps à autre sa montre. « Je surveille l’heure de la prière. Rendre grâce au Seigneur est extrêmement important dans ma vie » me souffle-t-il. Pape Fall est resté très pieux et très spirituel.
« C’était une promesse que je m’étais faite : Je serai artiste, mais je ne verserai pas dans l’alcoolisme comme c’était la mode à cette époque. Je ne fume même pas de cigarettes. Ceux sont des principes de vie simples, mais ô combien importants pour moi » nous confie le chanteur convaincu que l’artiste doit garder une dose de lucidité afin de pouvoir éduquer et sensibiliser. « Danser, rigoler, c’est bien et on a en grandement besoin, mais on ne doit pas oublier d’éveiller les consciences » affirme l’auteur dont les chansons tournent autour des questions sociales (famille, solidarité, patriotisme, tolérance, travail).
Depuis ses débuts, l’auteur de « La Mujer » n’a pas dérogé à sa ligne de conduite. Cela explique sans doute en partie sa longévité. Mais revenons à son histoire : alors qu’il est installé au Dounya Orchestra comme chanteur en 1968, sa carrière va prendre un tournant décisif
Le hasard n’existe pas, dit-on. Le frère ainé de Pape Fall est un proche ami du plus grand salsero de l’époque : Laba Sosseh (1943- 2007). L’interprète de « El Manisero » fréquente la maison familiale. Un jour, en 1971, Laba — alors au sommet de son art — revient d’Abidjan avec dans ses bagages cinq musiciens de nationalités différentes. Au cours d’une soirée, il invite le jeune Pape à monter sur scène où il chante « Guantanamera ». Le public est séduit. À la fin du spectacle, Laba veut le payer, mais lui, refuse. « Jouer devant Laba Sosseh et qu’il m’adoube comme bon chanteur était plus gratifiant qu’un cachet. À l’époque, on voulait apprendre, maîtriser notre art. Gagner de l’argent venait après. J’avais à peine 23 ans. »
Le lendemain, Laba Sosseh débarque chez ses parents pour les convaincre de laisser chanter le jeune homme. Ces derniers accèdent à sa requête et lui confient leur progéniture. C’est ainsi qu’il intègre le Vedette Band de Laba Sosseh. Les deux hommes ne se quitteront plus, et même si leurs chemins se séparent momentanément, ils se retrouveront plus tard au Star Band de Dakar de feu Ibra Kassé.
« Laba Sosseh m’a tout appris. J’ai voyagé partout avec lui. C’est mon maître et ma référence en la matière » explique-t-il avec beaucoup d’émotions.
Chez Kassé, Pape Fall partage la scène avec entre autres Mar Seck et un jeune garçon frêle, du nom de Youssou Ndour
« C’était une période formidable. On était 4 ou 5 lead-vocaux à se relayer au micro. Chacun avait 1 ou 2 morceaux et le reste du temps, on était choristes pour les autres. Ce sont des moments qui t’apprennent à être tolérant, à savoir partager et surtout à comprendre qu’une concurrence sauvage entre artistes n’a aucun sens ».
En 1980, Pape Fall quitte le Star Band pour former son propre groupe, le Africa Band, qui devint plus tard Nder de Dakar. Avec ce groupe, il sort sa première cassette Nagou. En 1984, retour au Star Band et nouvelle collaboration avec Ibra Kassé, père de la musique moderne sénégalaise et propriétaire du Miami Night-Club. Il restera au Star Band même après la mort du père fondateur de l’orchestre en 1992.
Entre temps, dans les années 80, Youssou Ndour et son Mbalakh dévastateur sont passés par là, imposant une musique aux accents plus locaux et reléguant au second plan toute cette musique d’origine latine. Le leader du Super Étoile est la tête de pont de cette nouvelle génération, bien aidé par le Super Diamono de Omar Pene entre autres. Il faut attendre 1995 pour voir Pape Fall prendre son destin en main et créer un nouveau groupe à lui : l’African Salsa.
Le stentor sentant la musique latine reprendre des couleurs (Africando cartonne alors dans le monde), il propose un savoureux mélange entre salsa et sonorités sénégalaises. La mayonnaise prend, et le Rufisquois retrouve aussitôt une place importante sur cette nouvelle scène musicale sénégalaise. Dopé par des tubes comme « Coumba Lamba » (en hommage au génie protecteur de Rufisque, sa ville natale) ou « Fonkal sa seuy », ses soirées sont toujours remplies et son calendrier hyper chargé.
Ainsi, avec Africando et L’Orchestra Baobab, Pape Fall a largement joué sa partition pour donner une seconde jeunesse à la Salsa au Sénégal et en Afrique. Aujourd’hui, malgré son statut et ses 71 ans révolus, Pape a toujours faim, d’ailleurs un nouvel album va bientôt sortir et il a sur le feu encore plein d’autres projets. « J’ai déjà écrit les textes pour un prochain album. Je peux dire qu’il est prêt, je discute avec mes collaborateurs et avec mon grand frère Balla Sidibé (un des lead-vocals du groupe Baobab, NDLR) pour choisir le bon moment » informe l’artiste. Cette dernière phrase renseigne à souhait sur l’humilité du bonhomme, sans doute une autre raison de sa longévité.
« On a jamais fin d’apprendre. Balla Sidibé par exemple, c’est mon grand frère. À chaque fois qu’il n’est pas en tournée avec le Baobab, il vient m’accompagner dans mes prestations et ses conseils me sont toujours utiles » explique le Maestro.
L’appel du Muezzin interrompt notre succulente discussion. Il est donc plus que temps de libérer notre prestigieux hôte. Un artiste d’une dimension exceptionnelle et d’une sagesse infinie. Un homme, dont chaque propos sonne comme une leçon de vie. Son nom : Pape Fall !
+ Ce texte a été publié le 9 janvier 2019 sur le site pan—
Par Amadou Bator DIENG
LE FILM DE L'AUDITION DE SONKO
- Du « saafara » dans le bureau du Doyen des juges - Le juge Maham Diallo se bande les mains pour éviter un mauvais sort - La thèse du viol quasiment écartée ? - Sonko escorté jusque chez lui par les gendarmes
L’audition du leader de Pastef, Ousmane Sonko, par le doyen des juges d’instruction près le tribunal de grande instance hors classe de Dakar relativement à l’affaire supposée de «viols multiples et menaces de mort», l’opposant à la sulfureuse masseuse Adji Sarr de Sweet Beauty SPA a tenu, hier, tout le pays en haleine. La capitale, Dakar, était ainsi bunkerisée avec un impressionnant dispositif sécuritaire de gendarmes et de policiers lourdement armés déployé aux quatre coins de la ville et de sa banlieue. Même les sapeurs pompiers étaient placés en alerte pour parer à toute éventualité. Au finish, rien n’a bougé, rien n’a tremblé, il n’y a pas eu le moindre trouble à l’ordre public et Ousmane Sonko, accompagné de ses avocats et de sa garde rapprochée — du moins à l’aller pour ces derniers — s’est retrouvé devant le juge instructeur Abou Maham Diallo pour répondre des accusations qui pèsent sur lui.
Dans les réseaux sociaux et autres sites d’informations, les thèses les plus fantaisistes circulaient. Il y était, en effet, surtout question du refus catégorique qu’aurait opposé le mis en cause Ousmane Sonko de se plier à un test ADN afin de déterminer si le sperme recueilli dans le vagin de l’accusatrice était le sien ou pas. Également les menaces supposées du leader du Pastef de faire payer au magistrat instructeur, Abou Maham Diallo, ces durs moments une fois qu’il serait aux affaires ont affolé la toile. Des informations fausses et démenties avec la dernière énergie par des sources bien au fait du dossier.
Déjà, dans le bureau du magistrat instructeur, l’ambiance était morose. Il y avait du safara (c’est-à-dire des substance mystiques) éparpillé un peu partout dans la salle et le juge Maham Diallo s’était... bandé les mains pour ne pas avoir, selon les mauvaises langues, à échanger des poignées de mains avec qui que ce soit. Nous sommes en Afrique et on ne sait jamais trop à qui faire confiance. Un malheur est si vite arrivé...
Outre Ousmane Sonko et quelques-uns de ses avocats, il y avait également, dans le bureau du doyen des juges d’instructions, le premier substitut du procureur de la République près le tribunal de grande instance hors classe de Dakar.
Selon nos sources, l’audition par juge instructeur s’est déroulée en trois étapes concernant notamment le massage, le viol et le complot. Une audition qui a duré moins de 50 minutes.
Pour ce qui est du massage, le patron des «patriotes» a effectivement répondu aux questions du juge en confirmant s’être bien rendu sur place, c’est-à-dire dans le salon « Sweet Beauty » pour une séance thérapeutique. Chose qu’il n’a du reste jamais niée.
Par rapport au viol, la question a été très rapidement évacuée faute d’éléments probants pouvant attester de la matérialité des faits. Et quand le substitut du procureur de la République a voulu rebondir sur la question, il s’est heurté au refus catégorique de Ousmane Sonko qui lui a fait comprendre clairement qu’il ne répondrait pas aux questions de quelqu’un qui est un élément identifié du complot.
Sur cette question du complot, justement, Ousmane Sonko a pris quasiment une heure pour démontrer ses tenants et aboutissants dans un exposé des plus limpides. D’ailleurs, il va donner une conférence de presse ce vendredi pour expliquer les détails du complot dont il serait victime.
Selon nos interlocuteurs, il ne serait guère surprenant que le juge instructeur délivre à l’issue des auditions des uns et des autres un non-lieu pour disculper totalement Ousmane Sonko des charges de la poursuite.
Il faut noter aussi que c’est en pleine instruction que les avocats de Ousmane Sonko ont appris l’arrestation de la garde rapprochée de leur client. Ils ont alors mis le doyen des juges d’instruction devant ses responsabilités en lui faisant comprendre qu’il est l’auteur de la convocation de Ousmane Sonko, donc garant de sa sécurité et qu’il était impensable que le populaire opposant quitte la salle sans une sécurité adéquate. Pour désamorcer la bombe, le lieutenant-colonel de l’escadron qui assurait la sécurité du palais de justice s’est proposé pour raccompagner le patron des patriotes sous escorte. Ainsi s’est déroulée l’audition du principal opposant du régime de Macky Sall au temple de Thémis ce jeudi 03 novembre 2022.
KREPIN DIATTA ET ISMAIL JAKOBS PASSEURS DECISIFS EN LEAGUE EUROPA
Alors qu’il devait surtout s’imposer pour valider son ticket pour le prochain tour de Ligue Europa, le club princier a fait les choses plus sereinement au Stade Louis II.
En s’imposant contre l’Etoile Rouge hier, jeudi 3 novembre (4-1), l’AS Monaco a assuré sa qualification pour le prochain tour de Ligue Europa. Le club de la Principauté employeur des internationaux sénégalais, Krépin Diatta et Ismaïl Jakobs, n’a presque pas tremblé.
Alors qu’il devait surtout s’imposer pour valider son ticket pour le prochain tour de Ligue Europa, le club princier a fait les choses plus sereinement au Stade Louis II.
Devant une équipe qui espérait encore finir troisième de la poule et ainsi se qualifier en Ligue Europa Conférence, les Monégasques ont laissé peu de chances en s’imposant (4-1). Grâce à un but très rapide de Kevin Volland (5e) et un autre de l’attaquant international allemand, servi pour le coup par Krépin Diatta (27e), les joueurs de Philippe Clément sont repartis aux vestiaires avec un net avantage. Puis en seconde période, un but contre son camp de Milan Rodic (3-0, 50e) a tué le suspense, malgré la réduction du score de Guélor Kanga sur penalty (54e). Et pour mieux finir cette rencontre, les Monégasques se sont assurés de mettre un quatrième but par l’intermédiaire de Kevin Volland qui signe un triplé.
Après Krépin Diatta sur son deuxième but, l’Allemand s’est offert un hat-trick sur un très bon service d’Ismaila Jakobs, entré en jeu dans les cinq dernières minutes. Les Internationaux sénégalais auront donc brillé lors de cette rencontre. Ainsi, l’AS Monaco finit bien deuxième de son groupe derrière Ferencvaros et accède au prochain tour de Ligue Europa.
En terminant à cette place, Krépin Diatta, Ismail Jakobs et leurs partenaires pourraient tomber sur un gros morceau lors du tirage au sort prévu lundi 7 novembre prochain, d’autant plus qu’il y a de grosses équipes qui arrivent de la Ligue des Champions, comme le FC Barcelone et la Juventus.