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26 août 2025
par l'éditorialiste de seneplus, jean-claude djéréké
MARIE KORÉ, UNE GRANDE FIGURE DE LA LUTTE ANTICOLONIALE EN CÔTE D’IVOIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Les trois mots qui résument bien la trajectoire de cette femme sont : courage, autorité et patriotisme. Elle n'avait pas peur de se mettre en avant pour affronter les épreuves qui jalonnent le chemin de la liberté
Jean-Claude Djéréké de SenePlus |
Publication 27/08/2022
“Mes sœurs bhété, baoulé, dioula et de partout, n’ayez pas peur ! Chez nous aussi nous n’avons pas peur de l'eau, nous avons l’habitude de travailler dans l’eau. Ce n’est pas parce qu’on nous envoie un jet d’eau avec du sable que nous devons nous décourager car une personne qui veut aller au secours de son époux, de son frère, de son fils ne doit pas reculer devant si peu de choses.” Ainsi s’exprimait Marie Koré, le 22 décembre 1949. Elle s’adressait aux femmes qui avaient décidé de marcher d’Abidjan à Grand-Bassam où étaient détenus 8 dirigeants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), la section ivoirienne du Rassemblement démocratique africain (RDA). Il s’agit de Bernard Dadié, Mathieu Ekra, Jacob Wiliams, Jean Baptiste Mockey, Albert Paraiso, René Séry Koré, Lama Kamara, Phillipe Vieyra (cf. Henriette Diabaté, ‘La marche des femmes sur Grand-Bassam’, Abidjan, Nouvelles Éditions africaines, 1975 ).
On l’appelle Marie Koré, parce qu’elle épousa en secondes noces René Séry Koré, mais son vrai nom est Zogbo Galo Marie. Elle a vu le jour en 1910 ou en 1912 à Gossa, village situé dans la sous-préfecture de Gboguhé (Daloa). On ignore à quel moment elle débarque à Abidjan. Ce qu’on sait, en revanche, c’est qu’elle va y rencontrer et épouser un Français. Le mariage ne dura pas longtemps parce que le Français n’appréciait pas l’engagement politique de sa femme. Celle-ci militait dans le RDA qui luttait pour la fin de la colonisation. En dehors de la politique, Marie vendait de la banane plantain frite ou “aloco” à Treichville, une commune d’Abidjan. C’est là qu’elle fit la connaissance de René Séry Koré qui vivait déjà avec une autre femme appelée Meunde. Koré venait d’être licencié des P.T.T. par l’administration coloniale pour son appartenance au PDCI-RDA.
En 1947, Marie Galo, devenue Marie Séry Koré, est élue présidente des femmes du PDCI. Deux ans plus tard, elle participe aux manifestations qui ont lieu devant le palais du gouverneur socialiste Laurent Péchoux. Arrivé à Abidjan courant 1948, Péchoux avait pour mission de supprimer le RDA qui, entre autres choses, n’acceptait pas l’injustice dont étaient victimes les agriculteurs ivoiriens (par exemple, le kilo de café était acheté 45 francs CFA au producteur et vendu officiellement en France à 420 francs métropolitains). Pour parvenir à ses fins, Péchoux créa le Parti progressiste dirigé par Étienne Djaument. Le 22 décembre 1949, Marie Koré et d’autres femmes décident de rejoindre à pied Grand-Bassam qui fut la capitale du pays entre 1893 et 1900 et que 40 km séparent d’Abidjan. Pour empêcher les femmes d’atteindre Grand-Bassam, l’administration coloniale interdit aux transporteurs de rouler. “Nous ne sommes pas nées avec des voitures. Nous sommes habituées à marcher. Ça ne nous coûte donc rien de faire le voyage à pied”, répliqua Marie Koré. Certaines manifestantes devaient se retrouver au palais de justice, d’autres à la prison civile. Marie faisait partie du second groupe. Le 24 décembre 1949, très tôt, elle et les femmes de son groupe empruntent la rue principale. Les forces de l’ordre, qui avaient dressé un barrage sur le pont construit sur la lagune Ouladine, lancent des jets d’eau mélangée à de la vase et à des tessons de bouteilles. Mais les femmes ne reculent pas. Marie Koré monte sur le pont avec sa fille Denise sur le dos. Les femmes lui emboîtent le pas mais Marie glisse et tombe avec sa fille. Elle est battue avant d’être conduite au commissariat. Elle sera déférée au parquet avec quelques-unes de ses camarades et incarcérée en même temps que sa fille.
Le 15 décembre 1949, commence le boycott des produits français. Partout, les populations sont vent debout contre le système colonial mais les manifestations sont violemment réprimées par la police coloniale. Plusieurs morts et blessés sont enregistrés à Agboville, Bouaflé, Dimbokro, Gohitafla, Séguéla, etc. Que fera le PDCI pour sortir de l’impasse ? “Pour éviter un atroce massacre comme à Madagascar en 1947, le RDA décida de se désapparenter des groupes communistes et d’amener le pouvoir colonial à composer avec lui et à faire des réformes”, écrit l’historien Jean-Noël Loucou en avril 2016. Pour lui, l’indépendance de la Côte d’Ivoire ne fut pas octroyée mais négociée (https://news.abidjan.net/articles/588788/le-pdci-rda-de-1946-a-2016-70-a...). Peut-on souscrire à la thèse de l’indépendance négociée quand on sait que Houphouët était en position de faiblesse ? Pour négocier, il eût fallu que le PDCI disposât d’une force égale ou supérieure à celle de la France coloniale.
En mars 1950, les dignitaires du PDCI, incarcérés depuis février 1949, bénéficient d’une mise en liberté partielle. Marie Koré meurt, trois ans plus tard. Sa fille n’a que sept ans. A-t-elle succombé aux mauvais traitements subis pendant la lutte pour l'indépendance ou bien a-t-elle été tuée par l’éther qu’un médecin français lui aurait injecté en lieu et place de l’anesthésie avant de l’opérer d’un panaris à l’hôpital annexe de Treichville ? Difficile de dire ce qui s’est vraiment passé dans les derniers moments de sa vie. Ce qui est certain, c’est que la République n’a pas oublié le combat de Marie Koré. Elle lui a témoigné sa reconnaissance en créant un timbre postal à son effigie, en érigeant un monument qui représente trois femmes, en donnant son nom à une école primaire dans la commune d’Adjamé. Plusieurs associations féminines portent son nom. Le pont sur la lagune Ouladine, entre Grand-Bassam et Abidijan, a été baptisé “Pont de la Victoire” en souvenir de la résistance des femmes à l’administration coloniale qui avait injustement embastillé les militants du PDCI-RDA. La Banque centrale des États d’Afrique occidentale (BCEAO) a mis la photo de Marie Koré sur un billet de 1 000 francs CFA.
Les trois mots qui, à mon avis, résument bien la trajectoire de Marie Koré sont : courage, autorité et patriotisme. Marie Koré n’avait pas peur de se mettre devant, non pour se faire remarquer, mais pour affronter les épreuves qui jalonnent le chemin de la liberté (gaz lacrymogènes, jets d’eau, prison, etc.). Ses mots d’ordre étaient toujours suivis parce qu’elle était capable de donner l’exemple et de remonter le moral de ses camarades quand il le fallait. Pour elle, la patrie était beaucoup plus importante que l’ethnie et la religion. Elle refusait que son pays soit dominé et exploité par un autre pays. Elle lança l’appel au rassemblement des femmes parce qu’elle avait compris que les militants du PDCI emprisonnés à Grand-Bassam menaient le bon combat. Cette femme, qui avait horreur de l’injustice et de l’oppression, est incontestablement l’une des grandes figures de la lutte pour l’indépendance en Côte d’Ivoire et il ne fait l’ombre d’aucun doute que son engagement, sa détermination et son courage l’ont fait entrer dans l’Histoire.
LA SEN'EAU ANNONCE DES PERTUBATIONS
A travers un communiqué, la Sen’Eau informe qu'en raison du démarrage des travaux de maintenance de la traversée de 90KV Mékhé de Tobène nécessitant la coupure de l'électricité, le suppresseur de Sen'eau situé à Mékhé sera à l'arrêt pendant les travaux
A travers un communiqué, la Sen’Eau informe que la Société nationale d’électricité (Senelec) va effectuer des opérations de maintenance de la traversée de 90KV Mékhé du poste de Tobène, demain samedi. Ces travaux vont entraîner un arrêt de la fourniture d’électricité de 07h à 16h. « Par conséquent, le suppresseur de Sen’eau situé à Mékhé sera à l’arrêt pendant toute la durée de la production », lit-on dans ledit communiqué.
La production des usines d’eau potable de MS1 et 2 va être réduite de façon considérable, perturbant la déserte dans les zones telles que les localités desservies par le Lac de Guiers dans les régions de Louga et Thiès, Mbour et Joal Fadiouth, Rufisque et environs et Dakar et sa banlieue.
Les localités concernées à Dakar sont Almadies, Yoff et Ngor situées en bord de réseau.
Des camions citernes vont être mis en place pour soulager les populations des quartiers touchés.
La situation va revenir progressivement à la normale à partir du dimanche.
UN MAL À JUGULER
L’enseignant-chercheur-sociologue Abdoulaye Ngom, le psychologue-sociologue Abdoulaye Cissé, l’économiste Meissa Babou Ciss et l’activiste Guy Marius Sagna analysent la situation délicate de la jeunesse a Sénégal
L’enseignant-chercheur-sociologue de l’université Assane Seck de Ziguinchor, Dr Abdoulaye Ngom, le psychologue-sociologue Abdoulaye Cissé, l’économiste Meissa Babou Ciss et l’activiste Guy Marius Sagna analysent la situation délicate à laquelle la jeunesse est confrontée. Ils donnent leurs avis, entre autres, sur l’efficacité des politiques mises en place par l'État pour régler les problèmes des jeunes, l’attitude agressive de ces derniers et leur engagement politique.
‘’Frappés de plein fouet par la persistance du chômage, les difficultés de la vie quotidienne, la pauvreté et l’échec de toute perspective d’amélioration de leur quotidien, nombreux sont les jeunes Sénégalais qui, à l’heure actuelle, éprouvent un sentiment de désespoir, "yaakaar bu tass", comme ils le disent’’, analyse l’enseignant-chercheur-sociologue, Dr Abdoulaye Ngom de l’université Assane Seck de Ziguinchor. Ce "sentiment de désespoir" chez les jeunes s'exprime, le plus souvent, au sein d'un lieu qu’ils nomment avec ironie "banc diaxlé". Le "banc diaxlé", ou ‘’banc du désespoir’’, note M. Ngom, est un lieu de retrouvailles entre jeunes pour passer du temps, boire du thé et discuter de sujets comme la lutte, le football, la politique ou les affres de leur vie.
Ainsi, ‘’le ‘banc du désespoir’ constitue, pour ces jeunes, une sorte d’exutoire qui leur permet de mettre à nu les divers problèmes auxquels ils sont confrontés et auxquels ils tentent de faire face quotidiennement’’, dit-il. La jeunesse, il faut oser le dire, est confrontée au chômage, à la pauvreté et au manque de perspective.
Aux yeux du psychologue-sociologue Abdoulaye Cissé, par ailleurs expert en prévention et lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre, cette situation est à la fois inquiétante et terrifiante, parce que la jeunesse, qu’on le veuille ou pas, est l’avenir de la nation.
Des mécanismes d’insertion des jeunes dévoyés
Pourtant, divers mécanismes d’insertion ont été mis en place par l’État, dans le but de lutter contre le chômage des jeunes. Cependant, note Abdoulaye Cissé, la plupart de ces mécanismes ne profitent pas, malheureusement, à sa cible originelle, à moins qu’elle ne soit politiquement engagée, notamment dans les partis de la mouvance présidentielle. ‘’Voilà ce qui fragilise tous les mécanismes de financement et affaiblit la plupart des initiatives intentées par l'État, dans le cadre de la lutte contre le chômage. Ils sont destinés initialement à toute la jeunesse, mais dans la pratique, ils ne profitent généralement qu’aux jeunes qui sont dans les partis au pouvoir’’.
En tout cas, c'est le sentiment qu’ont la plupart des jeunes qui déposent leurs dossiers auprès des structures chargées de rendre opérationnelles ces initiatives de l’État, si l’on s’en tient notamment à leurs propos. D’après M. Cissé, c’est justement ce que montre un travail de recherche fondamentale en cours sur les politiques d’insertion des jeunes et des femmes au Sénégal. ‘’Cette perception qu’ont les jeunes sur l’accès aux mécanismes de financement de l’État crée effectivement des frustrations et pousse certains d’entre eux à s’engager en politique, dans l’espoir d’avoir la possibilité d’accéder enfin à ces mécanismes’’, dit-il.
S’y ajoute l’inadéquation qu’il y a entre les politiques publiques établies jusque-là et les aspirations essentielles de la population, en termes notamment d’emploi et d’insertion professionnelle, et cela, depuis 1960. Pour Abdoulaye Cissé, ‘’le PSE, en tant que document de référence des politiques publiques, ne déroge pas non plus à la règle, malheureusement. Last but not least, il importe de convenir qu’il n’y a pas encore une véritable politique de jeunesse au Sénégal apte à créer les conditions nécessaires, en vue de favoriser l’entrepreneuriat et l’auto-emploi ou à créer les conditions y afférentes. Il n’y a que des mesures conjoncturelles de mitigation, voire d’atténuation’’.
Énormité des moyens et insuffisance des résultats
Même son de cloche chez l’économiste Meissa Babou. Pour lui, malgré la promesse de nombreux emplois, il n’y a rien. Il ne voit pas quelque chose de solide fait pour les jeunes. ‘’Je ne vois plus le Fonds national de promotion de la jeunesse (FNPJ). Les structures peuvent donner des chiffres chimériques, mais sur le terrain, on ne voit rien. Il est difficile de voir quelqu’un qui a bénéficié de ces financements, à part quelques groupements de femmes’’, dit-il. Il y a aussi les structures de formation que l’État a mis en place pour capaciter les jeunes. L’économiste constate l’énormité des moyens et l’insuffisance des résultats.
‘’Ils ont mis beaucoup d’argent, mais ça n’a pas porté ses fruits. Ce n’est pas la voie économique et sociale capable d’engranger du travail. Ils sont très pressés jusqu’à créer la Der, sans réfléchir sur les stratégies. Le gouvernement, après avoir englouti autant d'argent, n'ose pas faire le bilan’’, regrette-t-il.
De son côté, l’activiste Guy Marius Sagna est catégorique : sans souveraineté, point de développement possible. Sans patriotisme économique, point de résolution du chômage. ‘’Avec le libre-échange, il n’y a pas de sortie de la pauvreté pour le Sénégal et l'Afrique. Si ces préalables ne sont pas réglés, toute initiative entrepreneuriale débouchera vers la faillite, comme c'est le cas des 64 % de PME qui meurent trois ans après leur création au Sénégal, car elles sont nées dans un environnement qui déroule le tapis du Doing Business aux entreprises étrangères qui écrasent nos entreprises sur leur passage’’, prévient-il. ‘’L'entrepreneuriat n'est efficace dans la lutte contre le chômage que si nous tournons résolument le dos à la préférence étrangère, impérialiste, néocoloniale’’, insiste-t-il.
En effet, selon lui, la jeunesse sénégalaise, tout comme celle de l’Afrique, subit les conséquences d'une ‘’politique néocoloniale’’ qui imposerait aux jeunes de choisir entre ‘’la valise ou le voyage et le chômage au Sénégal ; entre la radicalisation terroriste et la pirogue de ‘Barça ou de Barsax’ ; entre être le ‘boy’ d'un des ministres ou directeur d'agence de Macky ou être un agresseur ou un oublié de l'État néocolonial, etc.’’.
Attitudes agressives des jeunes
Un certain nombre d’attitudes agressives des jeunes peut être inextricablement lié à la dure situation qu’ils vivent au jour le jour, selon le Dr Abdoulaye Ngom. Situation caractérisée par l’absence de toute perspective de réussite et d’amélioration de leurs conditions de vie. ‘’Lorsque, pendant plusieurs années, ils peinent à sortir d’une pauvreté ambiante et chronique, lorsque, pour certains, les revenus qu’ils ont ne leur permettent pas de faire face aux nombreux problèmes auxquels ils sont confrontés, certains jeunes peuvent être amenés à avoir des attitudes agressives’’, a dit l’enseignant-chercheur-sociologue.
Abondant dans le même sens, le psychologue-sociologue Abdoulaye Cissé souligne qu’en psychologie, toute accumulation de frustration est susceptible de déboucher sur des actes de violence. Cela dit, ‘’le contexte décrit plus haut ne peut pas ne pas avoir une répercussion sur les actes de violence notés ces temps-ci, d’autant plus qu’ils impliquent très souvent des jeunes en quête d’emploi ou engagés dans des emplois précaires. Cependant, c’est seulement un paramètre parmi une kyrielle de facteurs. La jeunesse, par essence, est contestataire, notamment quand l’avenir se révèle sombre et perpétuellement incertain pour sa frange la plus importante. Le ‘Barça ou Barsax’ n'était pas, en son temps, un simple slogan de désespoir, mais aussi, un cri du cœur qui en disait long sur l’absence de perspective des jeunes dans leur propre pays’’, a-t-il analysé.
Aujourd’hui, selon lui, c’est d’autres moyens qui sont utilisés, même si absolument rien ne peut justifier le recours à la violence. D’après le psychologue-sociologue, l’attitude agressive de la population, et pas seulement de la jeunesse, découle plus de l’intolérance qui est aujourd’hui à son paroxysme dans toutes les sphères, du fait de nombreux autres facteurs pas nécessairement liés à la situation incriminée. Un point de vue partagé par l’économiste Meissa Babou.
Jeunesse manipulée par les politiques ?
‘’Il est clair que certains partis politiques, mais pas tous, fort heureusement, exploitent les jeunes pour atteindre leurs objectifs. Ce constat est un secret de polichinelle, du fait que le monde politique sénégalais est composé d’hommes politiques véreux assoiffés de pouvoir, mus par leurs propres intérêts, qui utilisent certains jeunes dans le cadre de leurs combats politiques’’, a noté le Dr Abdoulaye Ngom.
La jeunesse sénégalaise, en tout cas, à une profonde soif de changement à plusieurs niveaux et tout leader qui incarne l’espoir peut effectivement cristalliser leur attention, d’après Abdoulaye Cissé. Ainsi, à ses yeux, ceux qui, en revanche, veulent coûte que coûte y arriver peuvent - parce qu’ils pensent qu’ils ne disposent plus d’aucune issue - donner l’impression qu’ils sont manipulés, alors que ce n’est véritablement pas le cas. ‘’Ils trouvent leur compte auprès de ces politiciens et jouent finalement la carte du donnant-donnant. Cela dit, la jeunesse peut donner l’impression d’être exploitée par certaines formations politiques, alors que tel n’est absolument pas le cas. Ils s’engagent de part et d’autre, soit par conviction et l’espérance d’un avenir meilleur, soit par opportunisme et calculs purement politiciens’’, a indiqué M. Cissé.
En tout cas, pour Guy Marius Sagna, il existe une autre forme de radicalisation qui serait salutaire. Il s’agit de la radicalisation ‘’anti-impérialiste, antinéocoloniale, la radicalisation de la révolution panafricaine et souveraine’’. C'est à cette révolution anti-impérialiste, populaire et panafricaine que ces camarades et lui invitent dans le cadre du Frapp. Car, pour eux, c’est la seule démarche qui peut, de manière durable, régler les problèmes des Sénégalais et donc de la jeunesse africaine du Sénégal.
‘’J'ai foi en l'avenir, quand je vois de plus en plus de jeunes et de non jeunes répondre à l'appel de la radicalisation révolutionnaire, patriotique, en s'engageant dans les mouvements citoyens anti-impérialistes, en lançant des initiatives dans différents secteurs de la transformation des produits locaux, des services, de l'agriculture, du commerce... qui matérialisent sur le terrain le slogan du Frapp : ‘Doomi réew mooy tabax réew’’, a salué M. Sagna.
UN PAYS EN STAND-BY
En raison des calculs politiciens, le président de la République laisse le pays sans gouvernement et sans Premier ministre depuis le Conseil des ministres du 3 août dernier, au lendemain des législatives du 31 juillet 2022
En raison des calculs politiciens, le président de la République laisse le pays sans gouvernement et sans Premier ministre depuis le Conseil des ministres du 3 août dernier, au lendemain des législatives du 31 juillet 2022. Les ‘’ministres de la transition’’ qui devaient gérer les affaires courantes semblent plus préoccupés par leur propre sort.
Voilà presque un mois que le Sénégal est suspendu à la formation d’un nouveau gouvernement. Annoncé depuis le premier Conseil des ministres après les élections législatives, le remaniement tant attendu tarde encore à voir le jour. Et c’est devenu un secret de Polichinelle : l’Administration est presque à l’arrêt dans beaucoup de départements ministériels. Interpellé, ce cadre dans un ministère de la place confirme : ‘’C'est une réalité bien perceptible. Pratiquement, il n'y a plus d'activités dans les ministères, le mien y compris. Certains ministres ne viennent même plus au bureau. Ils sont aux abonnés absents.’’
Pour s’en convaincre, fait remarquer le fonctionnaire, il suffit de regarder les grandes éditions de la Radiodiffusion télévision sénégalaise (RTS1). ‘’Certains, dit-il, essayent de sauver la face en faisant des sorties intempestives face à certaines urgences, mais la réalité est que personne ne travaille. Presque dans tous les ministères, ce sont les secrétaires généraux qui expédient les affaires courantes. Certains départements ministériels n'ont même plus de cabinet. C’est un vrai parfum de vacance gouvernementale.’’
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le constat sur les ministres introuvables en ces temps incertains est presque unanime. Par exemple, alors que les consommateurs sénégalais sont accablés depuis quelque temps par la vie chère, la ministre du Commerce, Assome Diatta, se fait désirer. En lieu et place, c’est le secrétaire général dudit ministère et quelques directeurs qui montent au créneau pour jouer les premiers rôles. Il en est de même des ministres en chargés de l’industrie et de l’agriculture, malgré les nombreuses difficultés auxquelles font face leurs secteurs respectifs. Ces derniers sont loin d’être les seuls membres du gouvernement concernés par cette vacance de fait.
Naguère prompts à monter au créneau pour éteindre les feux, ils semblent plus préoccupés par leur sort individuel, dans ce contexte où le président de la République est appelé à redistribuer les cartes.
Épée de Damoclès sur la tête de beaucoup de ministres
En fait, bien avant même ce climat marqué par l’annonce d’un remaniement, le pays était presque à l’arrêt, à cause de la campagne électorale. Tous avaient déserté pour aller s’occuper de leur base électorale, d’autant plus que le président de la République s’est par le passé montré intransigeant contre les perdants. Avec la défaite de plusieurs responsables de premier plan, l’épée de Damoclès plane sur la tête de beaucoup de ministres.
D’ailleurs, c’est un des aspects évoqués par un de nos interlocuteurs pour justifier l’absence de certains membres du gouvernement. ‘’Vous savez, signale-t-il, on vient de sortir d’élections qui n’ont pas été de tout repos pour la plupart des ministres. C’est normal que certains aillent un peu se reposer, parce que ça a été un peu compliqué pour eux…’’.
Dans ce contexte, les agents, dans beaucoup de ministères, suivent également le rythme de leurs supérieurs. À l’image des ministres, ils ont eux aussi déserté les bureaux. ‘’Certains peuvent rester une semaine sans venir, d’autres passent une fois par semaine… Il n’y a que le SG et quelques chefs des services les plus essentiels qui sont là pour évacuer les affaires courantes’’, fait remarquer un agent. Et d’ajouter : ‘’Faites un reportage dans n'importe quel ministère, vous vous rendrez compte que la majeure partie des agents ont déserté les lieux.’’
Par ailleurs, si dans certains ministères tout est à l’arrêt, dans d’autres, par contre, les choses fonctionnent peut-être au ralenti, mais elles fonctionnent. C’est ce que semble expliquer cet agent qui invite à plus de nuance. À l’en croire, il y a des ministères où les gens continuent de travailler presque normalement, même si le ministre peut être absent. Il insiste : ‘’Pour moi, c’est une fausse perception de croire que les gens peuvent faire dans le public ce qu’ils veulent, qu’il n’y a pas de contrôle. En tout cas, ce n’est pas le cas de mon ministère où le contrôle est systématique et que les gens sont obligés d’avoir des autorisations pour s’absenter. C’est aussi valable en ce moment, bien que j’avoue que le ministre n’est pas toujours là. Mais cela n’a aucun impact sur le service.’’
Autrement, renchérit-il, cela allait se savoir. ‘’Je pense que pour parler de blocage, il faut surtout regarder les indicateurs. Et je pense que là, tout se déroule assez bien. Les autorisations et autres certificats dont les usagers ont besoin sont délivrés normalement. Sinon, vous les auriez entendus ruer dans les brancards. Maintenant, même en temps normal, il y a des gens peu consciencieux qui ne font pas le job.’’
Factures non payées
En parlant d’indicateurs, ils sont quand même nombreux les acteurs économiques à se plaindre de retards dans le paiement de leurs factures au niveau du ministère des Finances. Si certains indexent des difficultés de trésorerie, la plupart l’imputent surtout à cette situation de non gouvernement et d’absence de Premier ministre qui plane, depuis les Législatives. Et si le chef de l’État va jusqu’au bout de sa logique, cette situation pourrait se poursuivre jusqu’au 14 septembre au moins, date d’installation de la 14e législature.
En effet, comme l’annonçait ‘’EnQuête’’ dans ses précédentes éditions, Macky Sall a la hantise de procéder à un remaniement et de faire éclater sa majorité plus que précaire, qui ne tient qu’à un député.
BANI YAYI ENTAME LA MEDIATION EN GUINEE
Après plusieurs tentatives manquées, l'ancien président du Bénin, désigné par la Cédéao comme médiateur dans la crise guinéenne, a pu échanger avec les acteurs politiques du pays.
Après plusieurs tentatives manquées, l'ancien président du Bénin, désigné par la Cédéao comme médiateur dans la crise guinéenne, a pu échanger avec les acteurs politiques du pays. Une dizaine de personnes représentant les quatre coalitions les plus importantes de la scène politique guinéenne, ont répondu, avec beaucoup de réserve, présentes à l’invitation du médiateur.
Les échanges ont duré près de trois heures entre Thomas Yayi Bony et les porte-paroles de la classe politique guinéenne. Parmi eux, des représentants de l’Alliance nationale pour l’alternance démocratique (ANAD), les soutiens de Cellou Dalein Diallo, du RPG et alliés de l’ancien président Alpha Condé, la branche politique du FNDC, proche de Sidya Touré ainsi que la CORED de l’homme d’affaires Mamadou Sylla.
Les partis politiques lui ont remis des doléances dont les contenus sont restés à la discrétion du médiateur. « Le président Boni Yayi nous a accordé suffisamment de temps pour évoquer avec nous les éléments constitutifs qui peuvent permettre à la Guinée, enfin, de commencer la mise en œuvre d’une transition apaisée et inclusive. », explique Kiridi Bangoura, le porte-parole pour la circonstance des différentes coalitions.
Diabaty Doré, qui est membre de l’ANAD, a d’autres préoccupations. « Nous sommes demandeurs de dialogue, nous voulons vraiment qu’on discute et qu’on respecte la charte de la transition. Vous savez que la charte de la transition a été violée par rapport à des manifestations, nous avons vraiment bien parlé de la conduite de la transition pour que la transition soit une réussite ».
Même si les entretiens se sont déroulés loin des regards de la presse et que le contenu des doléances n’a pas été dévoilé, les observateurs pensent que cette entrevue a permit d'aborder la durée de la transition, son contenu, ainsi que le sort réservé aux nombreux cadres de l’ancien régime en prison et d'autres leaders politiques en exil forcé.
DATES, LIEUX, HEURES, TOUT SAVOIR SUR LES MATCHS DE PREPARATIONS DES LIONS
Dans le cadre de la préparation du Mondial 2022, le Sénégal jouera deux matches amicaux en septembre prochain. Les adversaires étaient déjà connus : la Bolivie et l’Iran. La Fédération sénégalaise de football (FSF) a officialisé ces affiches hier, jeudi.
Dans le cadre de la préparation du Mondial 2022, le Sénégal jouera deux matches amicaux en septembre prochain. Les adversaires étaient déjà connus : la Bolivie et l’Iran. La Fédération sénégalaise de football (FSF) a officialisé ces affiches hier, jeudi. Elle a donné dans la foulée les dates exactes des rencontres, qui se joueront toutes en Autriche.
D’après le quotidien sportif Stades, qui donne l’information dans son édition de ce vendredi, les Lions défieront d’abord les Boliviens. Ce sera le 24 septembre. Trois jours plus tard, le 27 donc, ils iront à l’assaut des Iraniens.
Le Sénégal avait croisé la Bolivie sur le chemin du Mondial 2002. Il s’était imposé 2-1 grâce à Pape Bouba Diop et Mamadou Niang.
Les Lions n’ont croisé l’Iran qu’une seule fois aussi. C’était en 2009 en amical à Téhéran. Ils avaient fait match nul (1-1). Le but sénégalais était signé Papiss Demba Cissé.
Le Sénégal est logé dans le groupe A du Mondial 2022 avec le Qatar, l’Equateur et les Pays-Bas, son premier adversaire dans le tournoi (21 novembre).
UN PROJET DE 42 MILLIARDS QUI VA TOUCHER 14 COMMUNES DANS DAKAR
Le ministre de l’Eau et de l’assainissement a procédé, hier, au lancement des travaux de construction de l’émissaire en mer aux abords de la plage de Malibu. Ce projet entre dans le cadre de l’extension, de la modernisation et de la réhabilitation de la s
Le ministre de l’Eau et de l’assainissement a procédé, hier, au lancement des travaux de construction de l’émissaire en mer aux abords de la plage de Malibu. Ce projet entre dans le cadre de l’extension, de la modernisation et de la réhabilitation de la station d’épuration de Cambérène. Un projet constitué de trois composantes. La première concerne la réhabilitation, l’extension et la modernisation de la station d’épuration de Camberène d’un montant de 20 milliards F de CFA hors taxes qui a permis d’augmenter la capacité de traitement de 19 000 m³/j à 92 000m³/j.
« Cette composante est pratiquement à 95 % d’exécution », a assuré Serigne Mbaye Thiam. Pour la deuxième, il s’agit de la délocalisation de l’émissaire de la station d’épuration de Cambérène. « Cette composante a prévu la mise en place d’une station de pompage de 5 300 m³ et la pose d’une conduite sur la partie terrestre de diamètre 1 400 mm sur 5 km200, la réalisation d’un émissaire de diamètre 2 000 mm sur une longueur de 1 km 200 et la pose de 100 m de tuyau pour la diffusion dans l’océan des eaux usées », renseigne le ministre de l’Eau et de l’assainissement. Alors que la troisième composante est axée sur les études, le contrôle, la gestion de l’aspect environnemental et social avec un coût de 7 milliards de FCFA. Le projet est estimé à 42 milliards de FCFA et va toucher 14 communes, et les travaux seront bouclés au mois de décembre 2022.
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VOTRE AVENIR, CE N'EST PAS L'ANTI-FRANCE
Emmanuel Macron a appelé vendredi à Alger les jeunes Africains à « ne pas se laisser embarquer » par « l’immense manipulation » de « réseaux » téléguidés par des puissances étrangères qui présentent la France comme « l’ennemie » de leurs pays
Le président français, Emmanuel Macron, a appelé vendredi 26 août à Alger les jeunes Algériens et Africains à « ne pas se laisser embarquer » par « l’immense manipulation » de « réseaux » téléguidés « en sous-main » par des puissances étrangères qui présentent la France comme « l’ennemie » de leurs pays.
« Je veux dire simplement la jeunesse africaine : expliquez-moi le problème et ne vous laissez pas embarquer parce que votre avenir, ça n’est pas l’anti-France », a déclaré Emmanuel Macron, interrogé par la presse sur « le désamour de la France » dans certains pays africains, au deuxième jour de sa visite en Algérie.
IL FAUT ENSEIGNER DAVANTAGE L'HISTOIRE DE LA COLONISATION FRANÇAISE
"Beaucoup de Français vont être étonnés de découvrir les massacres de civils perpétrés par l'armée française, les déplacements de populations", a dit l'historien Benjamin Stora ce vendredi en marge de la visite de Macron à Alger
L'historien Benjamin Stora a estimé vendredi que l'apaisement des mémoires entre la France et l'Algérie passait aussi par un travail de "transmission" aux futures générations de l'histoire de la colonisation française.
"Cette histoire ne peut pas être lue, interprétée par sa fin, c'est-à-dire 1962, la guerre, la tragédie, les massacres de tous ordres", a déclaré Benjamin Stora, auteur d'un rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie, à des journalistes durant la visite du président Emmanuel Macron à Alger.
"On doit essayer de la comprendre par ses origines", "avoir une vision plus large de ce qu'a été l'arrivée française en Algérie" en 1830, la "confiscation de terres, les massacres", "les déplacements de population", les "combats et les résistances", a-t-il pointé. "Le problème, c'est la transmission, c'est la connaissance. Il n'y a pas de circulation de cette information", a-t-il constaté, en appelant à enseigner plus largement cette page de l'histoire dans les écoles françaises.
"La fabrication de la mémoire s'opère aussi à partir d'une transmission ou non transmission", a-t-il insisté. "Beaucoup de Français vont être très étonnés de découvrir les grottes enfumées (les massacres de civils par +enfumades+ perpétrés par l'armée française, ndlr), les déplacements de populations. Ils ne savent pas tout cela", a-t-il dit, à propos des 50 premières années particulièrement sanglantes de la colonisation. "Ce n'est pas avec un seul discours, un seul geste, un seul mot et un seul acte qu'on va apaiser l'effervescence extraordinaire qui existe dans les deux sociétés", selon lui: "Il faut du temps, de la pédagogie, de l'inscription de tout cela dans les manuels scolaires".
En scellant leur réconciliation jeudi, M. Macron et son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, ont annoncé la création d'une commission mixte d'historiens "pour regarder ensemble cette période historique" du début de la colonisation (1830) jusqu'à la fin de la guerre d'indépendance (1962). L'idée est d'aborder le sujet "sans tabou, avec une volonté (...) d'accès complet à nos archives", a souligné M. Macron. "L'arrivée des pieds-noirs, de l'armée, les combats, les résistances, tout cela fabrique un récit national, tout cela fabrique aussi des trous de mémoire", a poursuivi l'historien. "C'est une question du présent sur laquelle insistent malheureusement beaucoup d'extrémistes, qui jouent de ces trous de mémoires, de ces silences pour reconstruire des récits fantasmés et fabriquer des identités meurtrières", a-t-il analysé.
MALI/ FRANCE, DAKAR PROPOSE SES BONS OFFICES
Alors que les Nations unies n’ont toujours pas répondu au Mali qui a demandé une réunion du Conseil de sécurité, le Sénégal se place comme médiateur entre le président de la transition Assimi Goïta et le président français Emmanuel Macron.
Alors que les Nations unies n’ont toujours pas répondu au Mali qui a demandé une réunion du Conseil de sécurité, le Sénégal se place comme médiateur entre le président de la transition Assimi Goïta et le président français Emmanuel Macron.
Le 15 août, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop avait accusé la France d’incursions illégales dans son espace aérien et de soutenir des groupes jihadistes.
Face à ces tensions, Dakar assure « suivre la question » qui oppose Bamako et Paris. « On souhaite que tout ce qui se passe, dans notre espace, à côté de nous et particulièrement au Mali, se règle par la négociation, l’entente et dans la plus parfaite cordialité », a expliqué la ministre sénégalaise des Affaires étrangères, Aïssata Tall Sall.
« Le Conseil de sécurité ne s’est pas encore réuni et n’a pas fixé de date de réunion autour de cette question, rappelle la ministre. Mais je suis convaincue que le président Macky Sall va continuer de jouer ce rôle de médiation auprès du colonel Goïta, mais également auprès du président Macron, pour que nous puissions arriver à trouver une solution qui convienne à l’ensemble des parties et que cette affaire ne soit pas exposée au Conseil de sécurité. »
Aïssata Tall Sall assure que le président Macky, « dans la mesure de ses possibilités, fera tout ce qui est nécessaire pour que cette affaire s’arrête là, et n’évolue outre-mesure. »