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19 juin 2025
LA SODAV RÉCLAME L’APPLICATION DE LA RÉMUNÉRATION POUR COPIE PRIVÉE
La présidente du conseil d’administration de la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav), Ngoné Ndour, a réclamé, jeudi, à Dakar, une application effective de la rémunération pour copie privée
Dakar, 23 juin (APS) - La présidente du conseil d’administration de la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav), Ngoné Ndour, a réclamé, jeudi, à Dakar, une application effective de la rémunération pour copie privée, qui, selon elle, assure aux artistes "une source d’autonomie financière".
"Nous profitons de cette assemblée générale annuelle de la Sodav pour faire un plaidoyer envers le président de la République, pour la mise en œuvre effective de la rémunération pour copie privée", a-t-elle dit lors de la présentation du dernier rapport annuel de la Sodav.
Cette forme de rémunération est prise en compte par la loi sénégalaise du 25 janvier 2008 relative au droit d’auteur et aux droits voisins, a rappelé Ngoné Ndour, estimant qu’elle assure aux artistes "une source d’autonomie financière".
"Son application nous soustrait aux récurrentes aides étatiques et nous rend notre dignité. Elle peut également financer le monde de la culture", a souligné la productrice.
Selon elle, tout le travail technique préalable à l’application de ce monde de rémunération a été fait par une commission constituée de représentants des consommateurs, des commerçants, des douanes, des ministères du Commerce et de la Culture, a-t-elle dit.
La rémunération pour copie privée octroie à la Sodav 2,5 % des recettes douanières tirées des importations de CD (disques compacts), de clés USB et de diverses machines, selon Ngoné Ndour.
Les ministères de la Culture et des Finances tardent à publier un décret autorisant les douanes à prélever 2,5 % des importations de ces objets pour les verser à la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins, a-t-elle affirmé.
"Depuis des années, nous réclamons l’application de ce droit. Nous ne comprenons pas ce blocage, nous sommes asphyxiés", s’est inquiétée la présidente du conseil d’administration de la Sodav.
Les artistes et la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins vont continuer à réclamer l’application de ce droit, a-t-elle assuré.
Les artistes réunis au Théâtre national Daniel-Sorano pour la présentation du rapport de la Sodav ont soutenu le plaidoyer de Ngoné Ndour.
Ils souhaitent que le président de la République donne aux ministères concernés l’ordre de garantir ce droit, qui leur assure une "substantielle" source de rémunération.
"La copie privée, c’est mon droit, je l’exige", "Les artistes réclament la copie privée", "La copie privée bafouée depuis dix ans", "Hommes politiques, respectez les droits des artistes", pouvait-on lire sur des pancartes brandies par des artistes lors de la réunion de présentation du rapport.
"La rémunération pour copie privée n’est pas une taxe", a précisé le directeur général de la Sodav, Aly Bathily.
C’est une somme compensatoire pour les auteurs d’œuvres d’art, les artistes interprètes, les producteurs de phonogrammes et de vidéogrammes copiés dans un cadre non commercial et non professionnel, selon M. Bathily.
La Sodav exige l’application de ce droit, car "c’est une simple question de justice sociale", a-t-il argué.
Selon son directeur général, la non-application de la rémunération pour copie privée fait perdre à la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins 2 milliards de francs CFA par an.
En Algérie, au Burkina Faso, au Maroc, et récemment en Côte d’Ivoire, la rémunération pour copie privée a aidé à sauver les arts et la culture des effets néfastes de la pandémie de Covid-19, selon des artistes de ces pays.
LE PROCÈS DU MAIRE AHMED AIDARA RENVOYÉ AU 27 JUIN
Le procès du maire de Guédiawaye, Ahmeth Aïdara, poursuivi pour ’’participation à une manifestation non-autorisée, provocation d’un attroupement et trouble à l’ordre public’’ a été renvoyé au lundi, a-t-on appris de source médiatique.
Dakar, 24 juin (APS) – Le procès du maire de Guédiawaye, Ahmeth Aïdara, poursuivi pour ’’participation à une manifestation non-autorisée, provocation d’un attroupement et trouble à l’ordre public’’ a été renvoyé au lundi, a-t-on appris de source médiatique.
Le maire de cette ville de la banlieue dakaroise avait été arrêté par la police le jour de la manifestation que projetait de tenir le 17 juin les opposants regroupés au sein de la coalition Yewi Askan Wi.
Ces opposants entendaient organiser un tel rassemblement afin de protester contre l’invalidation par le Conseil constitutionnel de la liste nationale de leur coalition pour les élections législatives du 31 juillet prochain.
Au total, trois personnes avait péri ce jour-là dans des violences à Dakar, Bignona et Ziguinchor. Quelque 81 arrestations avaient été enregistrées y compris deux députés de l’opposition dont le procès qui devait avoir lieu mercredi a été renvoyé au 27 juin.
J’AI ENCORE TRÈS FAIM DE TITRE
Le gardien de but du Casa Sports (élite sénégalaise), Alioune Badara Faty, vainqueur de la récente CAN avec l’équipe nationale du Sénégal, a fait part vendredi à l’APS de sa ’’grande joie’’ de jouer, dimanche, la finale de la Coupe nationale
Dakar, 24 juin (APS) – Le gardien de but du Casa Sports (élite sénégalaise), Alioune Badara Faty, vainqueur de la récente CAN avec l’équipe nationale du Sénégal, a fait part vendredi à l’APS de sa ’’grande joie’’ de jouer, dimanche, la finale de la Coupe nationale.
"Je suis très motivé pour cette finale de dimanche et mes coéquipiers et moi-même donnerons tout, soyez-en rassurés", a-t-il ajouté lors d’un entretien avec l’Agence de presse sénégalaise.
Vainqueur de cette coupe nationale la saison dernière, le jeune portier international, champion du Sénégal avec l’équipe fanion du sud du pays, a insisté sur le fait qu’un compétiteur ’’joue pour tout gagner’’.
"La Coupe nationale est très importante pour nos supporters", a rappelé Faty, seul représentant du football local à la dernière CAN. Il a indiqué que le Casa Sports allait mettre tous les atouts de son côté pour soulever le trophée national.
"Nous avons l’ambition de marquer l’histoire du club en réussissant le doublé coupe-championnat", a dit l’international sénégalais.
Le Casa Sports, champion du Sénégal en titre, sera opposé à l’Etoile Lusitana, dimanche en finale de la Coupe nationale.
L’équipe fanion du sud du pays est détentrice du trophée remportée la saison dernière 1-0 aux dépens de Diambars de Saly, après sa victoire 1-0.
LES TRAVAUX D’AMÉNAGEMENT DE LA BOUCLE DU BOUDIER LANCÉS A SÉDHIOU
Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Mansour Faye, a lancé jeudi, les travaux d’aménagement de la boucle du Boudier (Sédhiou, sud), financés à hauteur de 27 milliards de francs par l’État du Sénégal
Sédhiou, 24 juin (APS) - Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Mansour Faye, a lancé jeudi, les travaux d’aménagement de la boucle du Boudier (Sédhiou, sud), financés à hauteur de 27 milliards de francs par l’État du Sénégal et ses partenaires de développement, a constaté l’APS.
Longue de 81 kms, cette route va relier les communes de Sédhiou, Bambali, Djirédji et Marsassoum.
Accompagné par le ministre de la Culture et de la Communication et maire de Sédhiou, Abdoulaye Diop, la présidente du conseil départemental, Dr Annette Seck et des maires du département, le ministre a eu droit à une présentation du programme spécial de désenclavement de la boucle du Boudier par des responsables de l’AGEROUTE et de l’entreprise EIFFAGE.
La construction de cette voie de contournement, une veille doléance des producteurs et des usagers, va participer au désenclavement de la région de Sédhiou.
"La vision du chef de l’État est claire et sa politique de désenclavement amorcée un peu partout vise à corriger les déséquilibres dans les zones lointaines", a lancé Mansour Faye aux populations du Boudier.
Arrivé dans la matinée au village de Goudiabiya qui a abrité la cérémonie de lancement des travaux, le ministre a ajouté que la région de Sédhiou occupe "une place de choix" dans la politique de développement des infrastructures au Sénégal.
Il a notamment évoqué la construction du pont de Marsassoum, l’hôpital Amadou Tidiane Ba, la mosquée. De même, il annoncé la construction prochaine de 2 kms de voiries en pavés au niveau de la ville de Marsassoum.
Par Kadialy Gassama,
QUELLES SOLUTIONS DE SORTIE POUR L’AFRIQUE ?
Crises alimentaire et énergétique mondiales, Les nombreuses difficultés qui régissent de nos jours la marche du monde risquent de devenir de plus en plus inextricables
Les nombreuses difficultés qui régissent de nos jours la marche du monde risquent de devenir de plus en plus inextricables devant la montée en puissance des périls alimentaires dont l’accélération, à cause de la guerre en Ukraine, fait entrevoir à l’horizon le spectre d’émeutes de la faim.
En plus des perspectives déjà sombres de l’économie mondiale résultant de la pandémie du Covid-19, du changement climatique, des crises des dettes souveraines des pays de l’Ocde et ses impacts négatifs sur le niveau général des prix et les productions agricoles, la guerre en Ukraine vient complexifier davantage la situation alimentaire mondiale, plus particulièrement en Afrique et au Sud du Sahara. Si l’on n’y prend pas garde, les pays au Sud du Sahara connaîtront probablement des complications pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle de leurs populations.
En dépit des mesures coercitives et de relance de l’activité économique globale dans les pays de l’Ocde, les éclaircis tardent à se manifester alors qu’au même moment, les productions céréalières mondiales ont considérablement diminué pour atteindre un déficit de l’ordre de 30 milliards de tonnes, engendré par les effets négatifs du changement climatique sur les récoltes.
Les Usa, qui assuraient la moitié des exportations mondiales de mais et de blé, consacreront le peu de récoltes disponibles pour reconstituer ses réserves stratégiques à leur plus bas niveau. La Russie a connu le même phénomène d’une sévère sécheresse, qui a fait qu’elle réservera le peu de quantités disponibles de céréales à la nourriture de sa population, au point que les cours se soient envolés pour être proches des niveaux explosifs de 2008.
La profonde crise économique mondiale post-Covid 19, associée aux effets du changement climatique et de la guerre en Ukraine, conduit l’humanité vers des déséquilibres et perturbations des marchés ; pire, le contexte économique mondial défavorable a tendance à orienter les nations de ce monde vers des replis identitaires et d’auto-survie, provoquant une désorganisation des systèmes et accentuant davantage les instabilités dans le commerce mondial.
Au niveau de l’Omc, certaines pratiques protectionnistes et de concurrence déloyale prennent de plus en plus d’ampleur et nous font penser aux accords de partenariat économique dont l’Ue voulait faire avaler la pilule amère à l’Afrique dans l’objectif de s’octroyer des zones d’influence exclusive afin de se protéger contre la concurrence des nouvelles puissances économiques comme la Chine, l’Inde ou le Brésil. Il s’y ajoute la volonté des pays de l’Ocde de sortir de la tyrannie du pétrole par une croissance des surfaces arables pour la production de biocarburant et de biogaz, ce qui réduit l’offre mondiale de biens alimentaires et favorise l’explosion des cours mondiaux.
Le paradoxe en est que la lutte contre le changement climatique, par la réduction de la consommation des énergies fossiles et du nucléaire pour une énergie alternative propre avec les agrocarburants, bien que salutaire, diminue par ricochet l’exploitation des surfaces arables pour la production de biens alimentaires. De sorte que la volonté de réduire la dépendance au pétrole et au nucléaire au profit des agrocarburants dans les pays de l’Ocde, modifie les enjeux stratégiques dans les relations internationales dans le sens d’un retour vers le vieux continent et, particulièrement, vers le Sahel où existent de vastes plaines propices à la culture intensive des biocarburants. Cette option nouvelle privilégie la satisfaction des besoins énergétiques des pays de l’Ocde par rapport à la satisfaction des besoins primaires dont nous sommes loin d’atteindre l’objectif en Afrique.
L’Afrique ne devrait pas sacrifier ses terres au profit de la culture des biocarburants sous l’autel de l’alimentation des machines des puissances industrielles, tandis que ces dernières conserveront leur espace vital à la culture de biens alimentaires. C’est ainsi que la Suède envisage d’assurer son indépendance énergétique en 2025, de même que l’Allemagne fédérale et la France, au point qu’il aura fallu consacrer tout le territoire de ces trois pays à la culture du colza pour supprimer leurs importations de pétrole. Mais, l’exigence d’assurer la couverture alimentaire des populations de ces trois pays et la nécessité de recourir à l’énergie verte ont conduit les gouvernements à édicter un code d’utilisation et d’affectation des terres afin de préserver les équilibres nécessaires pour les productions vivrières.
L’heure est devenue grave, surtout dans nos pays sahéliens à situation alimentaire précaire et à faible revenu, vers lesquels les multinationales et puissances économiques, en vue de disposer de terres arables dans leur pays pour la production d’une énergie verte, reviennent à grandes enjambées pour recoloniser l’Afrique afin d’assurer leur survie devant le changement climatique.
Les chocs alimentaire et énergétique, qui risquent de s’amplifier, pouvaient être jugulés, sinon atténués, si des mesures résilientes de priorisation de l’économie rurale avaient été très tôt prises à la suite des émeutes de la faim de 2007, en consacrant une part plus importante du budget national au secteur primaire et à la production d’une énergie alternative à l’énergie thermique. Ce souci de résilience aux chocs alimentaires exogènes nous aurait permis de réduire davantage notre dépendance alimentaire et de nous éloigner de la tyrannie du pétrole (énergie solaire et éolienne, microbarrages pour la production d’électricité, maîtrise de l’eau et lutte contre la salinisation des sols). Cependant, les perspectives plus intéressantes de la production de gaz naturel au Sénégal nous permettront, à court terme, de réduire le choc énergétique exogène, sinon d’être en la matière un pays exportateur net.
Les problématiques essentielles du développement véritable dans nos formations sociales relèvent principalement de phénomènes économiques se rapportant à des mesures dont les effets se projettent sur un temps assez long. Si bien que dans nos pays, les problématiques relatives au développement durable sont en effet les plus importantes et constituent les contraintes majeures en ce qu’elles sont à la base de la production de richesses dans les secteurs stratégiques que sont le secteur primaire et le secteur secondaire, qui occupent la plus grande partie du potentiel productif et de l’utilisation du travail.
Il faut convenir qu’entre ces deux chocs, alimentaire et énergétique, celui alimentaire reste le plus dévastateur et le plus pernicieux au vu des crises sociales du travail et des désorganisations dans les systèmes que cela pourrait induire, pouvant provoquer des chutes de taux de croissance, des déficits récurrents, la montée de la demande sociale et l’affaiblissement des capacités d’intervention de la puissance publique.
La Fao vient une nouvelle fois de tirer la sonnette d’alarme sur la nécessité urgente des Etats se trouvant au Sud du Sahara de mettre l’agriculture au service du développement et d’agir vite afin d’augmenter les surfaces arables pour la production de biens alimentaires et relever les faibles croissances des productions agricoles, tout le contraire de servir les intérêts des multinationales en leur octroyant des quantités industrielles de terres arables pour nourrir les machines dans les puissances industrielles au détriment de nos populations, de notre faune et de notre flore. Il reste entendu que l’exploitation intensive des surfaces arables pour la culture du biocarburant appauvrit de façon rapide les sols.
A cet effet, l’agriculture ne doit pas être considérée comme une simple question de sécurité alimentaire, mais comme une question fondamentale qui se trouve au cœur du développement de nos Etats, en ce qu’elle permettra de stimuler la croissance économique globale et d’offrir à la majorité de la population différentes voies possibles pour sortir de la pauvreté. Car la croissance économique qui profite à des minorités et des entreprises privées étrangères qui n’ont comme viatique que la recherche effrénée du profit dans les domaines des infrastructures de prestige, de l’immobilier ou de l’agrobusiness, renforce la pauvreté et creuse les inégalités dans nos Etats, tout en aggravant la destruction de l’environnement.
Moins d’argent public dans le monde rural équivaut à un surplus de problèmes macroéconomiques et sociaux, d’une dette plus accrue, d’une pauvreté plus grande. L’élasticité de la réduction de la pauvreté, au regard des composantes sectorielles de la croissance, montre l’importance du secteur agricole dans ce domaine. Une hausse de 1% de la contribution de l’agriculture au Pib augmente le revenu des pauvres jusqu’à concurrence de 2%, tandis qu’elle est de 1,2% dans l’industrie et de 0,8% pour les services et infrastructures.
Le président Mamadou Dia avait eu raison en ayant très tôt la bonne inspiration de fonder sa pensée économique pour le développement intégral du Sénégal sur la promotion de l’économie rurale. Aujourd’hui, la primauté du développement de l’économie rurale et de l’agriculture est plus que nécessaire afin de contrecarrer, sinon d’amoindrir les chocs externes. C’est dire que les orientations économiques et les plans de développement économique et social, selon la vision du président Dia, étaient prophétiques, eu égard à la grande menace actuelle que nous vivons sur fond d’une double dépendance alimentaire et énergétique.
Il reste évident que si l’offre mondiale de biens alimentaires diminue au fur et à mesure que la demande de consommation augmente, les prix des denrées comme le blé, le maïs, le riz le mil et les autres biens de consommation comme le lait, la viande, vont subir des explosions dans le marché mondial ; ce qui est actuellement le cas. Nous nous souvenons des émeutes de la faim des années 2007 et 2008 au Sénégal et dans certains pays d’Afrique, si des mesures d’urgence de sauvegarde ne sont pas immédiatement prises pour améliorer les productions et constituer des stocks stratégiques de sécurité alimentaire, les mêmes causes vont produire les mêmes effets.
Il semble que la providence va nous gratifier (d’après la météo) cette année d’une bonne pluviométrie, mais attention, cette clémence de la providence n’est que l’arbre qui cache la forêt. Le Sénégal gagnerait à s’orienter vite vers une plus grande maîtrise de l’eau, une vraie bataille d’envergure pour vaincre la salinisation et l’appauvrissement des sols et l’augmentation assez substantielle des surfaces arables, en plus de la modernisation de l’agriculture, du relèvement de la productivité du travail, de la création de chaînes de valeurs et de la réduction du coût du loyer, afin de réaliser la souveraineté alimentaire du pays. De ce point de vue, il est absolument heureux que le Président Macky Sall se soit inscrit depuis longtemps déjà dans la perspective d’accroître sensiblement les ressources vers le secteur primaire stratégique pour l’autosuffisance alimentaire du Sénégal.
Les mesures tarifaires par l’instrumentation des droits de porte et de la fiscalité intérieure seront des mesures certes nécessaires, mais pas suffisantes sur les prix internationaux dont les niveaux sont déterminés à partir du jeu entre l’offre et la demande mondiales de biens alimentaires, les seules variables principales de la modification des prix relatifs.
La lutte contre la faim et la sous-alimentation dans un contexte mondial défavorable qui ira en s’aggravant sous l’effet du changement climatique et de la croissance démographique mondiale, nous impose la constitution d’une coalition nationale pour la révolution agricole dans notre pays, afin de développer efficacement les résiliences contre les chocs exogènes multiformes.
Kadialy Gassama,
Economiste
Rue Faidherbe X Pierre Verger
Rufisque
GALATASARAY VEUT GANA GUEYE
Annoncé sur le départ au Paris Saint-Germain depuis quelques semaines, Idrissa Gueye devrait quitter le club francilien cet été. Et une porte de sortie s’offre au milieu de terrain sénégalais.
Annoncé sur le départ au Paris Saint-Germain depuis quelques semaines, Idrissa Gueye devrait quitter le club francilien cet été. Et une porte de sortie s’offre au milieu de terrain sénégalais.
A en croire certaines informations, le joueur de 32 ans est dans le viseur de Galatasaray. Le club turc l’aurait approché pour lui faire part de son intérêt et l’ancien joueur d’Ever¬ton serait tenté par le challenge.
Sauf que pour le moment, rien n’a encore été décidé, puisque les dirigeants de Galatasaray doivent s’entendre avec leurs homologues de Paris sur le montant du transfert.
Alors qu’ils proposent 5 millions d’euros, le club français ne l’entend pas cette oreille et en veut au moins le double, c’est-à-dire 10 mil¬lions d’euros.
NOUS AVONS UNE JEUNE GENERATION QUI REINVENTE LES PRATIQUES ARTISTIQUES
El Hadji Malick Ndiaye, directeur artistique du Dak’Art 2022 -La 14e édition de la Biennale de l’art africain contemporain (Dak’Art), qui s’est tenue du 19 mai au 21 juin 2022 à Dakar, baisse ses rideaux
La 14e édition de la Biennale de l’art africain contemporain (Dak’Art), qui s’est tenue du 19 mai au 21 juin 2022 à Dakar, baisse ses rideaux. Directeur artistique de l’événement, El Hadji Malick Ndiaye, historien de l’art et conservateur du Musée Théodore Monod d’art africain, porte un regard positif, très prometteur sur l’art africain qui, selon lui, continue de surprendre et d’émerveiller.
De sa création à aujourd’hui, comment la Biennale de Dakar a-t-elle évolué ?
La Biennale de Dakar a été créée en 1990 parce que tout simplement, les acteurs de la société, les artistes en l’occurrence, avaient longtemps demandé qu’après le Festival mondial des Arts nègres de 1966, l’Etat du Sénégal mette en place une rencontre périodique de tous les artistes. Et c’est la raison pour laquelle la Biennale de Dakar a été créée en 1990. Alors, quand elle a été créée, c’était la Biennale des arts et des lettres. A l’époque, le principe c’était que si on devait avoir une biennale qui se concentrait sur les lettres, l’année suivante la Biennale allait se concentrer sur les arts. Donc les arts et les lettres devaient s’alterner. C’est la raison pour laquelle en 1990, on s’est concentrés sur les lettres et en 1992, sur les arts. Mais tout de suite, le comité d’orientation a vu que ce schéma ne pourrait plus continuer parce qu’il fallait attendre 4 ans pour avoir les arts ou les lettres. Il a été décidé en 1994, qu’il n’y aurait pas de biennale et que ce serait une année de réflexion. Et suite à cela, la Biennale s’est concentrée exclusivement sur les arts et a changé de nom pour devenir la Biennale de l’art africain contemporain, qui a commencé à se tenir en 1996. Durant tout ce temps, ce qui caractérise la Biennale, ce sont les idées panafricaines. L’objectif principal, c’est de promouvoir l’art contemporain du continent et de sa diaspora. Parce qu’au début, c’était une biennale qui était ouverte au monde entier et ce n’étaient pas seulement les artistes africains qui étaient sélectionnés mais les artistes luxembourgeois, italiens, français, etc. Donc à partir de 1996, la Biennale se concentre sur les artistes du continent et de sa diaspora pour promouvoir leur art, avec des idées panafricanistes, et c’est ce qui nous a menés jusqu’en 2022. Etant entendu que les deux seules années où la Biennale n’a pas eu lieu, c’était en 1994 et 2020.
Pour cette année, la 14e édition vient de se terminer. Que peut-on retenir du Dak’Art 2022 ?
Cette Biennale de Dakar a suscité l’engouement total pour la simple et unique raison que c’était attendu depuis 4 ans. Pendant 4 ans, les habitués n’ont pas pu venir à Dakar pour voir les œuvres et expositions. Donc la Biennale de Dakar a été une plateforme d’échange, un réseau, parce que les artistes, à cette occasion, viennent ¬rencontrer les collectionneurs, les critiques d’art, les conservateurs, les galeristes et les ¬marchands d’art. Tous ces acteurs-là viennent à l’occasion de la Biennale et c’est ce qui fait évoluer l’espace créatif. Et les artistes confrontent leur travail aux travaux qui sont exposés. Donc nous avons eu une Biennale qui s’est bien passée et qui a suscité l’engouement de la presse nationale et internationale, avec des retours ¬satisfaisants qui montrent que ¬l’organisation a été bien faite. Et la sélection des artistes et la proposition de la carte curatoriale ont été bien reçues de manière globale.
Qu’est-ce qui a motivé le choix des 59 artistes de l’exposition internationale ?
Les critères, c’était avant tout la thématique qui avait été posée : «I Ndaffa/Forger.» Donc les artistes ont travaillé sur la base de ce critère et le jury s’est décidé sur le caractère plastique, l’originalité du travail, la base des matériaux utilisés, la perspective et le parcours de l’artiste, la constance de sa production, mais aussi sur la base de l’élan créateur qui anime son œuvre. Donc les critères peuvent être très variés mais dans tous les cas, le travail de l’artiste a été bien jugé. La diversité également des matériaux parce qu’on ne peut pas faire une sélection avec 80% de multimédia ou 80% d’installation, de peinture. Donc il faut quand même varier et tenir compte de la diversité des artistes qui viennent du continent pour équilibrer le maximum possible parce que l’objectif de la Biennale, c’est d’offrir une fenêtre de visibilité, de l’évolution, de la création à un moment T de l’histoire. Dès lors, il faut prendre tous ces facteurs et les étudier pour essayer de dénicher les artistes du continent qui font des choses extraordinaires. Mais le premier critère, c’est le talent créateur de l’artiste.
Le regard que l’on porte sur l’art africain demeure-t-il un regard exotique ?
Je pense que le regard ¬exotique est derrière nous. Et c’était même le débat des années 90 jusqu’au début des années 2000. Aujourd’hui, les artistes sont présents dans les expositions. Il est difficile de voir une grande exposition internationale dans un grand musée ou dans une grande biennale ou triennale qui n’invite pas des artistes qui viennent du continent ou de sa diaspora parce que tout ¬simplement, ces artistes ont dépassé tous les critères de ¬cloisonnement et sont jugés comme des artistes qui font ¬évoluer l’art contemporain dans les ¬thématiques, les dispositifs, l’expérimentation innovante. Donc le caractère exotique, je ne pense pas que ça soit le débat aujourd’hui. Ce ne sont plus des questions que l’on pose sur la table. Ce sont des artistes ¬africains qui participent à des expositions aux côtés d’artistes ¬américains, australiens, chinois. On a des artistes qui font partis de ¬l’écosystème mondial de l’art contemporain et qui font évoluer le ¬système de l’art contemporain.
Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur l’art africain en général et l’art sénégalais en particulier ?
En tant que directeur artistique qui a conduit la Biennale de l’art africain contemporain, c’est un regard très positif. C’est un regard qui est très prometteur parce que ces artistes-là sont animés d’une puissance, d’une énergie et d’un esprit créatif qui continue de nous surprendre et de nous émerveiller.
Existe-t-il des spécificités propres à l’art dit africain ?
Il n’y a pas de spécificité propre. Ce sont des artistes qui sont comme tous les artistes, qui peuvent toucher à toutes les thématiques, qui sont en dehors de toutes les catégories et qui sont banalisés de plus en plus partout. Maintenant, ces artistes qui habitent le continent sont touchés par des questions spécifiques qu’ils parviennent à traiter de manière très spécifique, parfois avec des matériaux qui sont dans leur environnement, qu’ils parviennent à recréer et à ré-enchanter. Dans tous les cas, ce travail peut être fait également dans son environnement propre par un artiste chinois, australien. Ça c’est la spécificité mais au-delà, les artistes voyagent partout dans le monde et ils empruntent des sujets, des matériaux, des manières et des techniques de dispositif au monde entier.
Comment voyez-vous le futur de la scène artistique sénégalaise ?
Cette scène se porte bien parce que nous avons une jeune génération qui émerge et la Biennale l’a montré d’ailleurs. Cette jeune génération qui émerge est totalement coupée disons de l’ancienne ¬génération, dans le sens où ce ne sont pas les mêmes aspects qui les intéressent. C’est une -génération des réseaux sociaux, Twitter, Facebook, d’internet, se trouvant dans un autre Sénégal très connecté et un Sénégal également complètement désincarné. Nous avons une jeune génération qui ¬réinvente les pratiques artistiques. Dakar reste une plateforme incommensurable, une opportunité également pour tous ces artistes qui veulent s’exprimer, qui veulent développer leur créativité, et pour tous les acteurs et toutes les institutions qui veulent se rencontrer pour faire évoluer la création contemporaine.
RETOUR À LA NORMALITÉ POUR LE HAJJ
Le premier vol vers la Mecque décolle aujourd’hui - Ils sont heureux comme des mômes. Après deux années de pause provoquées par le Covid-19, les pèlerins sénégalais renouent avec le Hajj.
Ils sont heureux comme des mômes. Après deux années de pause provoquées par le Covid-19, les pèlerins sénégalais renouent avec le Hajj. Cette année, ce sont 5 mille 822 personnes qui ont été autorisées par l’Arabie Saoudite à effectuer le voyage à la Mecque. Au lieu de 12 mille 800 comme en 2019. Ce nombre restreint s’explique par la réduction des quotas des différents pays, car il n’est admis sur le sol qu’un million de pèlerins. En tout cas, les heureux élus sont pressés de rejoindre les lieux saints de l’islam. Le premier vol à destination de Médine décolle ce vendredi de l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) de Diass. A quelques heures du vol inaugural du pèlerinage, Alioune Sarr, le ministre du Tourisme et des transports aériens, a rendu visite hier aux différents services pour s’assurer de la bonne conduite de cette édition 2022.
A en croire Alioune Sarr, son «ministère, étant le bras technique du ministère des Affaires étrangères dans l’organisation du pèlerinage», a tenu à mettre à la disposition de la Délégation générale au pèlerinage, tout le dispositif aéroportuaire et de sécurité pour un voyage dans d’excellentes conditions. «Je voudrais féliciter les équipes de l’aéroport pour l’ensemble des diligences qui leur étaient confiées, ils ont tout exécuté dans de très bonnes conditions. Je suis très rassuré de voir qu’à moins de 24h du premier vol, l’ensemble de ce dispositif est opérationnel et que le parcours du passager, de son arrivée à l’aéroport jusqu’à son embarquement, que les diligences ont été mises en place. Je voudrais rappeler aussi à toutes les équipes, leur devoir d’être vigilantes jusqu’à la fin du pèlerinage, jusqu’au retour du dernier passager. Puisque c’est un dispositif opérationnel, on doit l’entretenir», insiste M. Sarr.
Il faut savoir que ce pèlerinage se déroule dans un contexte difficile. En dépit de la baisse continue du Covid-19, les restrictions restent toujours d’actualité dans le royaume. Cette année, le Hajj sera limité aux pèlerins vaccinés âgés de moins de 65 ans. En plus, ceux qui viennent de l’extérieur de l’Arabie Saoudite devront présenter un test Pcr négatif de moins de soixante-douze heures. «Je voudrais lancer également un appel à tous nos compatriotes qui sont habilités à faire ce voyage vers la Mecque cette année, pour qu’ils prennent les dispositions pour que le test Pcr, qui est demandé 72h avant, puisse être fait avant de venir à l’aéroport, parce que c’est ça qui va nous faciliter le travail. Il faut que le protocole sanitaire, qui a été validé par le ministère de la Santé et qui est exigé des autorités saoudiennes, soit respecté également par chaque pèlerin. Nous sommes très heureux de voir que nos équipes médicales ont également pris toutes les dispositions pour que nos compatriotes puissent voyager dans d’excellentes conditions», se réjouit le ministre du Tourisme et des transports aériens.
Après une visite au niveau des différents services impliqués dans le déroulement de ce voyage aux lieux saints de l’islam, le ministre ne cache pas sa satisfaction : «Aujourd’hui, toutes les dispositions sont prises en termes d’accompagnement, d’organisation, de logistique. Nous sommes prêts et le premier vol se passera demain (aujourd’hui). Et naturellement, ce n’est pas le premier pèlerinage que nous organisons mais c’est le premier pèlerinage post-Covid, donc il faut surveiller le protocole sanitaire exigé, mais également tous les services sont là pour accompagner les pèlerins du début à la fin.»
Il faut noter que 11 vols sont prévus en raison de 2 par jour du 25 au 29 juin 2022 et un vol le 30 juin. Les vols seront opérés par un Airbus 330, dans le respect d’un protocole sanitaire anti Covid-19.
CHERIF LO DEBORDE
Attaques contre le cortège du khalife de Ndiassane : Chaude soirée hier dans le village de Thiaoune Kounta, plus connu sous le nom de Thiaoune Mbambara.
C’est inédit ! Le cortège du Khalife général de Ndiassane, Cheikhal Bécaye Kounta, a été attaqué hier à coups de pierres par de jeunes proches du maire de Cherif Lô, qui refusent l’arrêt du lotissement de Thiaoune Kounta demandé par l’autorité de Ndiassane. Il y a eu des blessés et des arrestations.
Chaude soirée hier dans le village de Thiaoune Kounta, plus connu sous le nom de Thiaoune Mbambara. Ce village a été le théâtre d’un fait inédit. Des jeunes proches du maire de Cherif Lô, Ousmane Sarr, ont balancé une pluie de pierres sur le cortège du khalife qui se dirigeait vers la place publique dudit village. La riposte de la délégation du khalife ne s’est pas fait attendre. Il s’en est suivi de violents affrontements qui ont occasionné des blessés, obligeant l’autorité religieuse de Ndiassane à demander l’intervention de la Brigade de gendarmerie de Tivaouane. A l’origine de ces affrontements, le document du ministre de l’Urbanisme autorisant le maire de Cherif Lô à procéder au lotissement de Thiaoune. «Inacceptable», selon le Khalife général de Ndiassane qui, par la voix de son porte-parole, assène : «Si Macky Sall veut conserver ses relations cordiales avec le foyer religieux de Kountiyou, il doit prendre les dispositions idoines pour remettre le maire apériste de la commune, Ousmane Sarr, à sa place.»
Le guide religieux s’offusque du fait que le maire «n’a aucun respect, aucune considération à l’endroit du Khalife général de Ndiassane, qu’il n’a pas associé dans le projet de lotissement de Thiaoune Kounta alors que ces terres appartiennent au fondateur de Ndiassane. Ce dernier a créé ce village en 1902. Il a creusé le premier puits du village en 1909. Ses descendants ont doté le village d’un plan, des routes et de l’électricité». Très en colère, le khalife a interpellé directement le Président Macky Sall, avant que «l’irréparable ne se produise, de bien prêter attention à la fureur de la famille Kounta de Ndiassane contre le maire de ladite commune».
Et de laisser entendre : «Nous n’accepterons jamais que les terres de nos ancêtres fassent l’objet de pillages de la part d’un maire.» Il poursuit : «Nous avons adressé des lettres aux ministres Oumar Guèye, Abdoulaye Seydou Sow et au président de la République pour dénoncer le pillage de Thiaoune par le maire de Cherif Lô. C’est ainsi que le Gouverneur de Thiès avait demandé au sous-préfet de chérif Lô de faire un rapport.» Serigne Abderrahmane Kounta de regretter, «à notre grande surprise, le 22 mai dernier, Abdoulaye Seydou Sow a signé l’autorisation de lotissement du village, qu’il a ensuite remis au maire de Cherif Lô. C’est pourquoi le marabout s’est déplacé personnellement dans ce site pour dire sa ferme décision de s’opposer à ce lotissement. Parce que déjà, il a des projets pour ériger Thiaoune en cité religieuse. L’architecte a déjà fini ses travaux et la pose de la première pierre est prévue après la Tabaski».
Le khalife dit à qui veut l’entendre : «Je ne laisserai personne piller les terres de mes ancêtres», avant de demander l’arrêt de tous les travaux entamés sur le site de Thiaoune. «Depuis que je suis à la tête du khalifat, en 2018, je n’ai jamais donné une autorisation de lotissement. Et Ousmane Sarr n’a aucun droit de procéder au lotissement de ces terres. Et s’il ne s’arrête, nous allons demander une délégation spéciale à Cherif Lô», enchaîne-t-il.
Il faut rappeler qu’en juillet 2021, la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation des sols (Dscos) avait fait une descente musclée à Thiaoune Bambara dans le cadre d’une grande opération de destruction de 15 mille bornes d’un lotissement irrégulier. Une opération saluée par les populations de Chérif Lô qui avaient longtemps dénoncé «le banditisme foncier du maire».
Par Serigne Saliou DIAGNE
UN GRAVE ACTE TERRORISTE
Il y a tout de même un sacré questionnement, malgré le concert de casseroles, que pose l’ambition de vouloir servir un pays et ses populations tout en cherchant à mettre à genoux ses infrastructures vitales
Les arrestations effectuées par les Forces de défense et de sécurité, avant la manifestation interdite de la coalition Yewwi askan wi (Yaw) du 17 juin, ont le mérite d’éclairer, au fur et à mesure que l’enquête se poursuit, d’une entreprise visant à s’attaquer à des infrastructures vitales au Sénégal. Une telle situation, assez inédite dans l’action politique sous nos cieux, ne saurait être négligée pour ce qu’elle représente comme menace à l’ordre public et à la stabilité. Il ne peut être oublié le précédent de 1998 avec des syndicalistes autour de Mademba Sock, qui avaient orchestré un sabotage des installations de la Société nationale d’électricité face à un projet de privatisation. C’est toutefois une première de voir une action aux relents politiques tenter, par la terreur, de mettre à genoux le réseau électrique malgré toutes les sombres conséquences.
Si l’on en vient dans l’action politique à penser à saborder des infrastructures vitales comme des installations de la Senelec, on ne peut s’empêcher de croire que le fond n’est plus loin dans cette logique de détricotage du tissu de stabilité sur lequel repose le Sénégal. L’enquête de la Sûreté urbaine suit son cours avec l’arrestation des principaux membres du commando dénommé la «Force spéciale», mais le coup de filet ayant permis de saisir un arsenal fait de cocktails Molotov, herses, masques à gaz, fumigènes, armes blanches et produits chimiques, en dit long sur les desseins troubles d’une opération heureusement tuée dans l’œuf. Les révélations de personnes arrêtées dans ce commando, avec comme projet de s’attaquer à la centrale d’électricité du Cap-des-Biches ainsi que leur modus operandi après avoir brûlé un poste électrique de la Senelec sur la sortie 10 de l’autoroute à péage, sont assez graves. Elles incitent surtout à de la vigilance sur les infrastructures critiques que compte le Sénégal et dont la mise à l’arrêt aurait de fâcheuses conséquences.
Les infrastructures critiques ou vitales sont tous les édifices qui, par leur fonctionnement, sont essentiels à l’activité humaine. Leur spectre est assez large, mais on peut citer toute activité essentielle à la marche d’un pays, au confort des populations et au maintien des capacités de sécurité. Cela va de l’approvisionnement en énergie à celui en eau, en passant par les télécommunications, les services bancaires, les transports et l’alimentation.
Le Sénégal dispose au stade actuel, d’un plateau d’infrastructures vitales dont la paralysie pourrait être source d’instabilité ou mener au chaos, de surcroît si les dommages venaient d’initiatives terroristes et déstabilisatrices. Que ferait-on si un jour, un blackout énergétique se produisait avec un réseau électrique hors service ? Que dirait-on si les circuits de distribution d’eau de nos centres urbains étaient paralysés ? Les actes de vandalisme commis le mois dernier sur le tracé du Train express régional (Ter), avec le sectionnement d’un câble et les perturbations subséquentes, laissent présager le pire si une attaque visait un tel système de transport.
A l’échelle internationale, la protection des infrastructures vitales est un enjeu majeur sur lequel les Etats ne badinent plus. Aux côtés des menaces physiques, l’essor des technologies a multiplié les risques potentiels, avec une cybercriminalité faisant des infrastructures vitales les cibles privilégiées pour mettre à genoux les Etats. Les attaques contre le réseau texan d’oléoducs opéré par Colonial Pipelines ou celles contre les installations du producteur d’énergie SolarWinds sont des exemples récents d’opérations subversives contre des infrastructures vitales donnant une mesure du phénomène. Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies est monté au créneau en 2017 face à cette nouvelle donne, en invitant les Etats par la résolution 2341, à faire de la protection des infrastructures vitales un enjeu majeur de sécurité nationale.
Le Sénégal, dans son arsenal juridique, a pris en charge, dans la loi modifiant le Code pénal sur les actes terroristes en 2016, la question de la protection des infrastructures vitales. Il aurait été impossible sans une telle réforme, de qualifier les actes subversifs orchestrés par le commando funeste qu’est la «Force spéciale». Dans un monde changeant, on ne peut s’empêcher d’anticiper sur les potentiels facteurs de crise. La marche vers le progrès et le démarrage des activités dans des secteurs nouveaux pour notre pays comme l’exploitation des hydrocarbures poseront des défis certains pour la protection des diverses installations et des réseaux d’acheminement. Ce n’est vraiment pas face à un tel tournant que le Sénégal a besoin de groupes domestiques œuvrant à créer du chaos par des actions terroristes et subversives.
Il peut être vrai que le chaos soit une échelle pour des politiques opportunistes afin de se propulser. Il y a tout de même un sacré questionnement, malgré le concert de casseroles, que pose l’ambition de vouloir servir un pays et ses populations tout en cherchant à mettre à genoux ses infrastructures vitales. Ce ne serait pas une première qu’on brûle tout, quitte à régner sur des cendres. C’est peut-être ça l’amour vache ou fou (pour sa Patrie) !