UN BLOCAGE DES PRIX PAR L'ETAT ET UN CONTRÔLE RIGOUREUX PRÉCONISÉS
Propositions pour faire baisser les prix des denrées de première nécessité

Les Sénégalais font aujourd’hui face à une spéculation sur les prix des denrées alimentaires. Des économistes et consuméristes préconisent la fixation des prix par l’Etat et l’ouverture de «boutiques témoins» au niveau des quartiers pour dissuader les commerçants véreux.
La hausse des prix des denrées de première nécessité inquiète. Des prix qui sont passés du simple au double voire au triple en un temps record. Les filières viande et volaille ne sont pas épargnées. C’est ainsi que le kilo de viande qui coûtait de 2500 francs est passé à 4000 voire 4500 francs. Soit une hausse de près de 50 %. Le poulet qui se vendait entre 2000 et 2500 francs s’échange désormais à 3500 ou 4000 francs. Ne parlons pas renchérissement du prix de l’oignon qui est monté jusqu’à 2500 francs le kilogramme avant de redescendre quelque peu au grand dam des ménagères.
Au niveau des boutiques de détaillants, le prix du litre d’huile se vend entre 1700 et 1800 francs. Pour le lait en poudre et le sucre, les prix des sachets ont augmenté de 25 jusqu’à 300 francs. Pour stopper de telles hausses, le président de l’Ascosen (Association des consommateurs du Sénégal), Momar Ndao, demande à l’Etat de publier un arrêté ministériel portant fixation des prix des denrées de première nécessité. «Le ministre du Commerce doit mettre en place une fixation des prix par arrêté à appliquer pour mettre un frein à la spéculation. A Touba, par exemple, il a fallu une intervention des services de ce ministère pour que le prix de l’oignon soit régulé. Il faut une intervention de l’Etat pour régler cette hausse vertigineuse des prix avec un arrêté», a-t-il préconisé.
Mais une fois que les prix sont fixés, dit-il, il va falloir faire un suivi à travers un contrôle en mettant en place un corps de volontaires de la consommation qui va appuyer les agents de contrôle du ministère du Commerce. Il pense que cette démarche pourrait être efficace pour la régulation du marché.
Pour Momar Ndao, la régulation du marché pour l’approvisionnement en oignon doit également être mieux gérée pour éviter les ruptures. Oui à la fixation des prix des denrées de première nécessité par l’Etat afin de réguler et stabiliser le marché !
C’est aussi la recommandation faite par l’économiste Meïssa Babou. «Il faut un blocage des prix par le ministère. Parce qu’il a le droit, par rapport aux produits et aux importations, de fixer un canevas de prix, une fourchette. Il peut procéder à un blocage des prix jusqu’à ce qu’un évènement majeur puisse amener les autorités à les réajuster. Par exemple, les prix pourraient être réajustés tous les trois mois. Enfin, il faut une responsabilisation de fournisseurs nationaux agrées, reconnus par l’Etat afin qu’ils puissent leur donner les véritables prix même dans les boutiques de détail. Je pense que ce sont des démarches que l’on peut faire pour ramener les prix à leur vrai niveau», propose l’économiste Meïssa Babou comme solutions envisageables pour contrer les spéculations.
Au-delà de la fixation des prix, il recommande aussi l’ouverture de «boutiques témoins» au niveau des quartiers. «On avait mis en place un réseau de distribution, je pense qu’on appelait ça les boutiques bleues. On affichait les prix sur un tableau pour pouvoir contrer les augmentations des denrées dans les boutiques de quartiers. Cette solution peut être ramenée au niveau des supermarchés. Parce que les supermarchés modernes doivent quand même être plus sérieux. C’est une manière de combattre les fournisseurs véreux» conclut l’économiste Meïssa Babou.