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PAR Amadou Thiourou Barry

LES PYROMANES DE SUD

EXCLUSIF SENEPLUS - Rendre hommage à Henriette Niang Kandé et à Vieux Savané, c’est saluer deux voix singulières qui, depuis des années, rappellent que la liberté de penser se nourrit de la liberté de dire

Amadou Thiourou Barry  |   Publication 23/08/2025

Je ne sais plus exactement à quel âge j’ai rencontré Henriette Niang Kandé et Vieux Savané. En vrai, je ne les ai jamais « rencontrés » - sinon par l’intermédiaire de ce papier qui, chaque matin, sentait encore l’encre fraîche de Sud Quotidien.

Je ne sais pas non plus s'ils se rendent compte du tort qu’ils ont causé. Pas à la République, mais à moi, pauvre lycéen naïf qui croyait qu’un journal servait seulement à annoncer les résultats du championnat de foot ou les perturbations d’horaires de la Sotrac, jusqu'à ce jour où, tournant la page, littéralement, je suis tombé sur leurs textes. Ce fut comme découvrir que derrière la porte d’un banal salon, il y avait un cabaret clandestin où l’on servait l’actualité au vitriol, avec des zestes d’ironie finement râpés. Je devins alors, à partir de ce moment, un lecteur discret, caché derrière mes manuels de lycéen, feignant de réviser alors que je savourais leurs écrits comme on savoure un plat interdit.

Henriette, écrivait comme on marche en talons sur un parquet grinçant : chaque pas faisait sursauter quelqu’un. Elle avait ce don de poser une phrase apparemment innocente, puis d’ajouter juste à la fin le mot qui change tout, celui qui arrache le masque du discours officiel. On lisait, on souriait, et soudain on se rendait compte qu’on venait de se faire gifler avec élégance. Le style me rappelait celui d’Eza Boto, découvert quelques années auparavant à travers Ville Cruelle. Elle poursuit aujourd'hui encore avec l’art de la dentelle sur fil barbelé. Elle tricote ses phrases avec la douceur d’un velours, mais il suffit d’y passer la main pour sentir le picotement du fer. Ses papiers sur la condition des femmes, les hypocrisies politiques ou les absurdités administratives sont autant de leçons de style : élégance dans la forme, implacabilité dans le fond. Elle a le chic pour dire « tout va bien » d’un ton qui fait comprendre que rien ne va.

Vieux, lui, n’avait pas besoin d’accessoires. Il lançait ses idées comme des grenades dégoupillées et s’installait confortablement, observant, amusé, les éclats se loger dans les certitudes des uns et les hypocrisies des autres. Chez lui, le ton grave et analytique n’était pas un condiment : c’était la sauce principale. Et plus ça piquait, plus on en redemandait. Les années ont passé et il continue à ne pas s’encombrer de rubans. Il parle franc, mais jamais plat. Sa marque de fabrique, avec ce ton solennel qui rappelle celui de plusieurs auteurs sahéliens (Seydou Badian Kouyaté, Cheikh Hamidou Kane…), est restée mais avec une dose d’ironie nue en plus - le directeur du théâtre Daniel Sorano peut en témoigner - celle qui fait sourire d’abord et grincer des dents ensuite. Ses analyses de nos contradictions nationales, ses radiographies des promesses économiques creuses, ses dissections de la démocratie à géométrie variable sont des pièces d’orfèvrerie où chaque phrase est taillée pour laisser une trace.

Le point commun de ces deux plumes ? Cette capacité rare à transformer la « chronique » en un espace de liberté absolue. Liberté de ton, liberté de style, liberté de dire ce que d’autres taisent. Ils rappellent, chacun à sa manière, que le « journalisme d’opinion » n’est pas un luxe, mais une nécessité démocratique : il bouscule, il interpelle, il oblige à réfléchir ou à se défendre. À force de constance et d’audace, ils ont bâti, ligne après ligne, une véritable école de la contribution engagée. Une école où l’on apprend qu’un texte bien écrit peut faire plus de bruit qu’un discours de meeting, et qu’un trait d’humour bien placé peut en dire plus qu’un rapport officiel.

Et pourquoi ces lignes pour leur rendre hommage ? Parce qu’ils appartiennent à cette « race » rare de « chroniqueurs » qui ne se contentent pas d’informer : ils forment, transforment, et réforment. Parce que, dans un contexte où l’hypocrisie est souvent la loi tacite, ils ont choisi la franchise comme unique règle de conduite. Parce que leurs textes, par leur régularité et leur exigence, sont devenus pour nombre de lecteurs des rendez-vous d’intelligence et de liberté. Parce que leur héritage est de ceux qui se transmettent sans diplôme, sans cérémonie, mais avec la force tranquille des maîtres. Parce qu’à force de manier la plume comme une arme blanche, ils ont fini par enseigner à toute une génération qu’écrire, ce n’est pas seulement décrire : c’est agir aussi. Parce que j’ai grandi dans l’ombre lumineuse de leurs pages. Et parce que tout simplement, à force de les lire, je me suis mis, parfois, à écrire. Non pour prétendre détenir une vérité, mais pour refuser le confort du silence.

Rendre hommage à Henriette Niang Kandé et à Vieux Savané, c’est saluer deux voix singulières qui, depuis des années, rappellent que la liberté de penser se nourrit de la liberté de dire. Et que dans l’arène des idées, il y a encore des plumes qui savent être des armes... et des sourires qui savent être des coups. C’est saluer deux éclaireurs obstinés, qui continuent de montrer qu'on peut se battre sans hurler, frapper sans insulter, sourire tout en mettant dans le mille. C’est reconnaître qu’ils ont su être à la fois des observateurs acérés et des artisans du verbe. Ce sont des pyromanes élégants : leurs phrases sont des allumettes, et l’incendie qu’elles allument est celui de la conscience, celui qui éclaire l’esprit autant qu’il secoue les habitudes.

barry.at15@gmail.com, citoyen inspiré par ces deux plumes qui n'ont de cesse d'éveiller les consciences.

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