SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
19 juin 2025
DMYTRO KULEBA MONTE AU FRONT
En dépit de son agenda surbooké, il a tenu à parler avec Le Quotidien. Dmytro Kuleba, ministre des Affaires étrangères d’Ukraine, est sur le front diplomatique, enchaîne les rendez-vous.
ustin GOMIS et Bocar SAKHO |
Publication 23/06/2022
En dépit de son agenda surbooké, il a tenu à parler avec Le Quotidien. Dmytro Kuleba, ministre des Affaires étrangères d’Ukraine, est sur le front diplomatique, enchaîne les rendez-vous. Dans cet entretien, M. Kuleba revient sur «l’invasion russe», la crise alimentaire mondiale provoquée par le blocus des ports ukrainiens et le rôle que pourrait jouer le Président Macky Sall dans la résolution de ce conflit. C’est une exclusivité Le Quotidien.
M. le ministre, quelle est la situation militaire et humanitaire actuelle dans le pays plus de 100 jours après l’invasion russe ?
La guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine a causé de terribles destructions, chagrins et souffrances à notre Peuple. Comme l’a souligné le Président Volodymyr Zelensky dans son discours devant l’Union africaine (le 20 juin) il y a quelques jours, le monde doit concentrer tous ses efforts pour mettre fin à cette politique coloniale de la Russie, qui n’a pas sa place au XXIe siècle.
Depuis près de quatre mois de guerre, l’agresseur russe n’a atteint aucun de ses principaux objectifs militaires en Ukraine. Nos troupes non seulement ne leur ont pas permis de prendre la majeure partie de l’Ukraine en 72 heures, comme ils l’avaient espéré, mais ont également libéré le Nord de l’Etat de l’agresseur et arrêté l’avancée dans le Sud et l’Est. Des combats acharnés se déroulent sur la ligne de front. La région de Lougansk est particulièrement problématique, où les Russes ont concentré un nombre extrêmement important d’armes lourdes et de personnel. C’est une bataille très féroce, très difficile. Probablement l’une des plus dures de toute cette guerre.
Mais, l’ennemi ne pourra pas gagner. Avec cette agression, la Russie a obtenu le résultat inverse : elle a renforcé sans précédent l’unité du Peuple ukrainien, sa détermination sans compromis à repousser l’agression.
Les Ukrainiens se défendent courageusement et l’ennemi subit des pertes importantes. Bien que nous payions un prix élevé pour notre indépendance et notre liberté. Des dizaines de milliers de civils ont été tués et blessés. Nous ne pouvons même pas établir de données précises sans avoir accès aux territoires temporairement occupés. Ce nombre augmente chaque jour.
La situation humanitaire, en particulier dans les zones occupées, est désastreuse. Les occupants russes commettent de graves crimes de guerre dans ces territoires : fusillades massives de civils, tortures, viols, y compris d’enfants, pillages. Plus d’un million de citoyens ukrainiens ont été expulsés de force par les occupants vers la Russie. Dans les villes assiégées, les gens sont dans des conditions apocalyptiques : pas de nourriture, pas d’eau, pas de soins médicaux et pas d’issue. Tant que les combats se poursuivent, l’accès aux personnes ayant besoin d’une assistance vitale est quasiment impossible. Bien que plus de 33 000 soldats russes aient déjà été tués, l’Armée de l’agresseur dispose toujours d’un avantage non négligeable, notamment en nombre d’artillerie lourde, d’avions et de missiles.
Quel est le niveau de destruction dans votre pays ?
En raison des défaites et pertes subies au front, les troupes russes ont eu recours à des tactiques de bombardement massif, détruisant délibérément des villes et villages paisibles, des infrastructures sociales, des entreprises industrielles et agricoles. Dans les régions de Kyiv, Kharkiv, Donetsk et Louhansk, certaines villes ont été complètement détruites : Bucha, Marioupol, Volno¬vakha, Rubizhne, Popasna, Lyman, Severodonetsk. En outre, la situation difficile dans les communautés occupées de la région de Kherson, certaines communautés de Chernihiv, Sumy, Mykolayiv et Zaporijia ont subi des dommages importants. Les bombardements sont effectués, y compris avec l’utilisation de munitions interdites, en particulier d’armes à sous-munitions sur des installations technologiques dangereuses : usines chimiques, dépôts pétroliers, centrales nucléaires.
Depuis le début de la guerre, près de 3000 missiles russes de différents types ont été tirés sur l’Ukraine. Ces tirs ont endommagé, détruit ou saisi au moins 24 000 km de routes, 6500 km de voies ferrées et 41 ponts ferroviaires, plus de 650 établissements de santé, 1150 établissements d’enseignement, 630 jardins d’enfants, 200 édifices culturels et 120 édifices religieux, 180 entrepôts, 100 bâtiments administratifs, 30 dépôts pétroliers, 20 centres commerciaux. La perte totale de l’économie ukrainienne due à la guerre, selon le ministère de l’Economie, compte tenu des pertes directes et indirectes (baisse du Pib, arrêt des investissements, sortie de main-d’œuvre, coûts supplémentaires de défense et de soutien social, etc.), approche Usd 600 milliards.
Mais nous sommes convaincus de notre victoire et travaillons déjà activement à préparer la restauration et la modernisation de notre Etat. Le Président Volodymyr Zelen¬sky a lancé le plan de relance de l’Ukraine, qui est déjà rempli de projets spécifiques impliquant une aide internationale.
Nous savons que vous avez perdu une partie de vos territoires. Est-il possible que ces territoires perdus reviennent un jour dans le giron ukrainien ?
Nous considérons ces territoires temporairement occupés, pas perdus. La position du Président Zelensky est claire : nous reprendrons définitivement les territoires temporairement occupés. Nous n’avons besoin de rien d’autre, mais nous ne donnerons jamais ce qui nous appartient.
20% du territoire de l’Ukraine, soit 125 000 km2, ont été occupés temporairement. Imaginez que cette zone représente les deux tiers du Sénégal. Au total, plus de 3600 localités étaient sous occupation russe au début de l’invasion à grande échelle. Nous en avons déjà libéré plus d’un millier. Nous ne doutons pas que nous reprendrons tous les territoires ukrainiens occupés par les envahisseurs russes et que l’intégrité territoriale de l’Ukraine sera rétablie à l’intérieur des frontières internationalement reconnues. Nous ne donnerons pas à l’ennemi un seul centimètre de notre terre.
Au début de la guerre, tout le monde croyait que l’Ukraine allait capituler rapidement. Ce n’est pas le cas car les gens sont admiratifs devant votre résistance. A-t-on sous-estimé votre Armée ou surestimé l’Armée russe ?
On peut dire les deux. Au cours de leur histoire, les Ukrainiens ont démontré à maintes reprises qu’ils sont des guerriers courageux et habiles. Et pendant plus de cent jours de refoulement, les occupants russes dans la guerre actuelle ont prouvé que nous avons encore une Armée puissante et un Peuple indomptable. Les Ukrainiens le savaient déjà. Maintenant, tout le monde l’a vu et a commencé à s’en rendre compte. A chaque minute de la lutte héroïque de nos défenseurs, le respect pour l’Ukraine dans le monde grandit. Ceci, à son tour, augmente notre soutien international.
Les Russes subissent d’énormes pertes. La soi-disant «deuxième Armée du monde», comme ils l’ont dit d’eux-mêmes, ne peut pas remplir les tâches qui lui sont confiées. Au cours de ces jours, il est devenu évident que notre Etat et notre société sont bien endurcis par la guerre. Nous savons nous battre, nous savons subvenir aux besoins de notre Armée, nous savons organiser un mouvement de volontaires et nous défendre.
Il est important de noter que pour l’Ukraine, il s’agit d’une guerre populaire. La Nation entière se leva pour combattre. Et dans l’histoire, il n’y a pas eu un seul cas où l’agresseur a gagné la guerre d’agression contre toute la Nation. Par conséquent, il n’y aura qu’un seul résultat : tôt ou tard, Poutine sera vaincu.
L’Armée ukrainienne a montré au monde que la puissance militaire de la Russie a été largement surestimée. La Russie a beaucoup d’armes, plus de ressources que notre économie. Mais même ainsi, elle n’a pas d’alliés dans cette guerre injuste et comprend qu’elle ne pourra vaincre qu’une Ukraine désarmée. C’est pourquoi elle essaie de détourner le monde de l’Ukraine, de bloquer à tout prix le soutien militaire international, qui continue d’arriver à notre adresse. Je suis convaincu qu’ils ne pourront pas le faire.
Est-ce qu’il y a des réfugiés qui sont en train de revenir ?
Au total, 7,5 millions d’Ukrainiens ont été contraints de se rendre temporairement à l’étranger. Huit autres millions de personnes ont été évacuées des combats vers des régions plus sûres d’Ukraine. Au total, ce sont 15,5 millions de personnes. Imaginez que cela soit presque égal à la population du Sénégal. Il s’agit d’une énorme migration de personnes, qui montre quelle guerre barbare et à grande échelle Poutine a déclenchée au cœur de l’Euro¬pe.
Un tiers de ceux qui sont partis à l’étranger, soit environ 2,5 millions, sont déjà rentrés en Ukraine. Et ils reviennent chaque jour. L’Ukraine a besoin de ses citoyens, car ils sont pour nous le trésor le plus précieux. Un si grand nombre de personnes de retour démontre le patriotisme des Ukrai-niens qui veulent être avec leur Patrie même dans une période aussi difficile.
On parle de crimes de guerre. Qu’allez-vous faire pour traîner les soldats russes devant les juridictions ?
Dès le 26 février 2022, le troisième jour de la guerre, l’Ukraine a déposé une plainte auprès de la Cour pénale internationale des Nations unies alléguant que la Russie avait violé la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.
L’Ukraine a également immédiatement déposé une demande de mesures conservatoires appropriées. Le 16 mars 2022, la Cour pénale internationale des Nations unies a ordonné à la Russie de «cesser immédiatement les opérations militaires qu’elle a lancées sur le territoire de l’Ukraine le 24 février 2022» et de «veiller à ce que toute organisation ou personne militaire ou autre sous contrôle russe ne poursuive pas les opérations militaires».
Cependant, la Russie a ignoré cet ordre. En 2016, la Russie a retiré sa signature en vertu du Statut de Rome, un traité international instituant la Cour pénale internationale des Nations unies. Et récemment, le Parlement russe a adopté des lois sur le retrait de la Russie de la juridiction de la Cour européenne des droits de l’Homme. Autrement dit, la Russie détruit délibérément le système juridique international, essayant ainsi d’éviter la responsabilité de ses crimes.
Cependant, elle ne pourra pas se soustraire à sa responsabilité. Plus de 40 pays ont déjà intenté des poursuites contre la Russie pour ses crimes en Ukraine auprès de la Cour pénale internationale des Nations unies. Le procureur de ce Tribunal, Karim Khan, a initié la création d’une équipe d’enquête internationale pour les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les crimes de génocide en Russie.
Cette équipe d’enquête travaille déjà activement, rassemblant soigneusement toutes les preuves. En outre, la Com¬munauté internationale appuie de plus en plus l’initiative visant à créer un Tribunal spécial pour le crime d’agression contre l’Ukraine.
Et ici, je veux attirer l’attention sur le fait qu’il s’agit de traduire en Justice non seulement les soldats russes, mais le régime actuel du Kremlin dans son ensemble : dirigeants politiques et militaires, juges, procureurs, propagandistes -tous les coupables de planification, préparation et déclenchement d’une guerre d’agression.
Tout le monde sait que tout cela devrait finir grâce à la diplomatie. Que faut-il faire pour que tout cela cesse très rapidement ?
La Russie doit vouloir mettre fin à la guerre -nous ne le voyons pas encore. Au contraire, le Kremlin continue d’envoyer des troupes supplémentaires, formées de mercenaires, de réservistes, de population mobilisée de force, espérant qu’il pourra encore atteindre ses objectifs. Jusqu’à ce que les dirigeants russes se rendent compte qu’ils n’ont aucune chance de gagner la guerre, la route vers la paix est fermée. La position consistant à imposer des conditions et des ultimatums russes à l’Ukraine est inacceptable pour nous. Ainsi qu’une option de donner une partie de nos territoires en échange de la paix.
Nous ne sommes pas non plus intéressés par une simple trêve ou par la transformation de la guerre en un conflit gelé. Cela ne fera que donner à l’agresseur le temps de se préparer à la reprise de la guerre. Nous avons besoin d’une paix durable, avec notre pleine souveraineté sur l’ensemble de notre territoire internationalement reconnu, ainsi que des garanties complètes de notre sécurité.
Nous avons toujours considéré le dialogue politico-diplomatique comme le seul outil le plus efficace pour résoudre la guerre. De toute évidence, la Russie, en tant qu’apologiste de la loi de la force, n’est pas prête pour cela.
Est-il possible que les Présidents Poutine et Zelensky se rencontrent pour discuter ?
C’est ce qu’il aurait fallu faire. Parce qu’il est évident que la fin de cette guerre ne dépend que d’une seule personne -Poutine. Cependant, encore une fois, nous ne voyons pas la volonté de la partie russe pour une telle rencontre.
Alors que le Président Zelen¬sky a réaffirmé à plusieurs reprises qu’il était prêt à s’asseoir à la table des négociations afin de mettre fin à l’effusion de sang en cours en Ukraine.
Est-il possible que la Russie et l’Ukraine puissent se faire confiance ?
Tout d’abord, l’Ukraine n’a rien fait contre la Russie qui puisse être objectivement perçu comme un abus de confiance : elle n’a pas attaqué, ne s’est pas ingérée dans les affaires intérieures, n’a pas empiété sur la souveraineté et l’intégrité territoriale, ni violé les accords. Le mensonge russe selon lequel il y avait une menace pour la Russie de la part de l’Ukraine est tout simplement grotesque, et les Russes n’ont jamais fourni la moindre preuve de ces fabrications.
Mais le régime du Kremlin n’a jamais parlé de confiance en l’Ukraine. Il a toujours opéré uni¬quement dans les catégories «empire» et «colonie». Poutine, en particulier, a déclaré à plusieurs reprises que l’Ukraine n’existe pas et que le Peuple ukrainien n’existe pas en tant que tel, et plus récemment, il a publiquement admis qu’il est un impérialiste convaincu dont le but est de s’emparer des territoires d’autres Etats. C’est-à-dire qu’il démontre par tous les moyens qu’il ne reconnaît ni notre pays ni notre Peuple. Quel genre de confiance peut-il y avoir ?
Quant à la confiance de l’Ukraine, la Russie l’a détruite et l’a perdue pour longtemps. Sans expiation de ses crimes sur notre terre, sans compensation pour les dommages causés et un retour sincère de la Russie aux principes universellement reconnus des relations internationales, elle ne restaurera pas la confiance du Peuple ukrainien. Nous sommes une Nation indépendante qui suit son propre chemin, sait se défendre, a un esprit indomptable et des alliés puissants. Mais aujourd’hui la Russie est empêchée de le reconnaître par ses complexes impériaux.
Le Kremlin poursuit sa stratégie de contrecarrer le projet européen et d’acquérir une domination géopolitique en Europe. C’est une politique néo-impérialiste et anti-européenne. Pour la mettre en œuvre, la Russie a eu recours au financement de partis ultra-radicaux en Europe, organisé et soutenu des mouvements séparatistes et eurosceptiques, des crises migratoires et énergétiques, mené des cyberattaques, des sabotages et s’est ingérée dans les élections.
Au lieu de cela, l’Ukraine défend l’Europe et l’ordre européen, la liberté, la paix et le développement économique. Nos valeurs et nos politiques sont diamétralement opposées. Il n’y a rien de commun entre l’Ukrai¬ne et la Russie aujourd’hui.
Etes-vous prêts à renoncer à entrer dans l’Otan pour mettre fin à cette invasion ?
Honnêtement, nous n’aurions jamais autant voulu rejoindre l’Otan s’il n’y avait pas eu le besoin existentiel de nous protéger de la menace constante de la Russie pour l’existence de notre pays. Avec son agression, la Russie fait de son mieux pour dissuader tous ses voisins qui cherchent à se cacher sous l’ombrelle de l’Otan.
Après le rétablissement de l’indépendance en 1991, l’Ukraine a déclaré son statut de non-aligné, l’a inscrit dans la Constitution et a réduit ses Forces armées de près d’un million de soldats à 250 000. Nous avons même volontairement renoncé au troisième arsenal nucléaire mondial en échange de garanties de sécurité des principales nations du monde, qui ont été inscrites dans le Mémorandum de Budapest. L’un des garants en était l’Etat russe. Autrement dit, la Russie, sous les slogans de la paix, du désarmement nucléaire et des assurances d’amitié et de non-agression, a tout simplement obtenu le désarmement de l’Ukraine.
Il est important de comprendre que tout le monde, y compris l’Otan, croyait en l’intégrité et la moralité de la Russie à l’époque. Bien que l’Alliance ait accepté de nouveaux pays, elle a considérablement réduit le nombre de troupes et d’armes en Europe, ainsi que les dépenses de défense. Au même moment, la Russie se réarmait, renforçait son Armée et nous attaquait insidieusement, renonçant à ses obligations au titre du Mémorandum de Budapest. Nous avons donc maintenant besoin d’une aide internationale forte. L’Ukraine doit avoir des garanties de sécurité absolument fiables de la part d’un certain nombre de pays du monde entier qui, si la Russie veut recommencer une guerre contre nous, pourraient protéger l’Ukraine à la fois politiquement et militairement.
L’entrée dans l’Union européenne n’est pas pour le moment ?
Dès 1994, le gouvernement ukrainien a déclaré que l’intégration à l’Ue était l’objectif principal de sa politique étrangère. Dans notre Constitution de 2019, l’adhésion à l’Ue est définie comme le cap stratégique de l’Etat.
Actuellement, 91% de nos concitoyens sont favorables à l’adhésion à l’Ue. Il convient de noter qu’au sein même de l’Ue, la majorité des citoyens soutiennent l’adhésion de l’Ukrai¬ne.
La Commission européenne a récemment rendu un avis positif sur l’octroi à l’Ukraine du statut de candidat à l’adhésion à l’Ue. Nous attendons avec impatience une décision positive lors du Sommet de l’Ue fin juin. C’est la décision la plus nécessaire et la plus opportune qui consolidera à jamais l’Ukraine dans la famille des nations européennes. L’Ukrai¬ne a toujours été, est et sera toujours un Etat européen. Notre identité est européenne et le Peuple ukrainien est l’un des peuples d’Europe centrale. Il est donc plus que naturel que l’Ukraine se dirige vers l’adhésion à l’Union européenne et en deviendra tôt ou tard membre.
Comment qualifiez-vous le soutien de la Com¬munauté internationale ?
Nous sommes reconnaissants à tous nos pays partenaires d’avoir fourni à l’Ukraine toute l’assistance militaire, financière, humanitaire, médicale et autre possible. Sans elle, il nous serait difficile de survivre.
Cependant, malheureusement, de nombreux pays dans le monde n’ont pas encore réalisé que l’agression de la Russie contre l’Ukraine est une guerre d’agression, que la Russie, violant toutes les normes internationales, détruisant tout l’ordre mondial, s’efforce de rétablir l’empire, détruire l’Etat souverain, en faire sa colonie et atteindre la domination géopolitique sur le continent européen.
Ces pays n’osent toujours pas soutenir l’Ukraine, condamner l’agresseur, lui imposer des sanctions ou cesser de faire des affaires avec lui. Malheu-reusement, parmi ces pays figurent de nombreux pays africains, qui prétendent encore que rien ne se passe, professant le principe «problèmes européens -solutions européennes». Mais c’est une position erronée. Déjà, l’agression de la Russie contre l’Ukraine a des conséquences désastreuses pour le monde entier, pour chaque nation, et si elle s’intensifie ou se poursuit, les conséquences seront imprévisibles.
Les pays occidentaux vous ont soutenus en vous livrant des armes. Est-ce suffisant ?
Aujourd’hui, ce n’est toujours pas suffisant. Nous avons désespérément besoin de plus d’armes lourdes pour vaincre l’ennemi. L’Armée russe est dominée par l’effectif, beaucoup plus d’armes, bombardant nos villes et nos villages, y compris depuis l’extérieur de notre territoire.
Par conséquent, nous appelons la Communauté internationale à nous fournir des armes supplémentaires : artillerie à longue portée, roquettes, systèmes antiaériens et antimissiles, véhicules blindés. Cela nous permettra de nous protéger, d’expulser les occupants de notre terre, de sauver l’Europe et le monde de grandes tragédies. Chaque jour, la procrastination de la fourniture de telles armes entraîne la mort de centaines de soldats ukrainiens.
Toute la planète ressent l’impact de cette guerre. En Afrique, le coût du blé a connu une hausse. Est-ce que la situation peut s’améliorer ?
Comme l’a dit le Président Zelensky dans un discours à l’Union africaine il y a quelques jours, cette guerre peut vous sembler lointaine, mais en réalité elle est plus proche que vous ne l’auriez imaginé. Les prix alimentaires, qui augmentent en raison du blocus russe de nos ports, ont en fait ramené cette guerre dans la maison de millions de familles africaines, ainsi que de familles en Asie, en Europe, dans le monde arabe et en Amérique latine.
Cette crise ne s’est pas encore produite le 23 février. Il y a eu des problèmes d’inflation et de hausse des prix à la suite de la pandémie du Covid-19, qui a durement frappé le monde entier, l’Afrique en particulier. Mais il n’y avait rien de proche des déficits que nous voyons maintenant. Cette crise a commencé le 24 février, lorsque la Russie a attaqué l’Ukraine et bloqué nos ports.
Des navires civils explosent sur ses mines. Sa marine tire sur les navires de pêche et marchands, même étrangers. Ses missiles détruisent les greniers de nos villes côtières. Son groupe de débarquement naval est constamment prêt à débarquer sur nos côtes et à s’emparer des villes et des ports. Et après cela, la Russie a l’audace de dire que l’Ukraine a quelque chose à déminer, et les Russes, disent-ils, n’interviennent dans rien et ne sont pas impliqués. Qui peut croire cela ?
Jusqu’au 24 février, date à laquelle la Russie a mené son attaque barbare, il n’y avait aucun problème avec les exportations de produits alimentaires de l’Ukraine. Nous avons cultivé nos produits avec amour sur nos terres et sommes fiers de notre statut de garant fiable de la sécurité alimentaire de nos partenaires étrangers.
Par conséquent, peu importe ce que la Russie dit en essayant de se justifier, la seule véritable raison de l’émergence et de l’aggravation de la crise alimentaire mondiale et de la famine est sa guerre contre l’Ukraine.
La Russie induit intentionnellement la Communauté mondiale en erreur. Le Kremlin tient délibérément en otage le monde africain et arabe, menaçant d’affamer des millions de personnes, de provoquer des émeutes de la faim, une déstabilisation politique et une nouvelle vague migratoire vers l’Europe. Il fait donc chanter le monde, exigeant que nos partenaires cessent de nous soutenir et lèvent les sanctions contre la Russie. Des sanctions qui n’affectent en rien la nourriture.
L’Ukraine sait que le régime du Kremlin est capable d’une telle barbarie : cette année marque le 90e anniversaire de la famine soviétique en Ukraine en 1932-1933, lorsque le régime du Kremlin a affamé plus de 7,5 millions de nos citoyens. Votre auditoire n’a probablement pas entendu parler de ce crime. Je conseille fortement à tous les lecteurs de se renseigner, de rechercher sur Internet des informations sur l’Holodomor. Vous comprendrez que l’utilisation de la nourriture comme arme faisait partie de l’arsenal du Kremlin il y a cent ans.
La situation actuelle peut être changée. L’Ukraine y travaille activement avec la Com¬munauté internationale. Nous souhaitons livrer nos produits aux consommateurs le plus rapidement possible, car pour nous, c’est aussi une partie très importante des recettes budgétaires dont nous avons grandement besoin maintenant.
Afin de reprendre pleinement ses exportations, la Russie doit être contrainte de lever le blocus de nos ports maritimes, où sont aujourd’hui stockées des dizaines de millions de tonnes de blé ukrainien, destinées à être exportées vers les marchés mondiaux, y compris l’Afrique. Nous devons assurer la sécurité de la route commerciale et trouver un moyen d’empêcher la Russie de profiter de la situation pour attaquer nos côtes.
L’Ukraine seule ne peut pas encore le faire. Cela nécessite une forte pression politique et militaire internationale coordonnée sur l’agresseur, y compris de la part des pays qui consomment nos céréales. Nous travaillons intensément avec l’Onu et les pays partenaires pour trouver une solution dans les meilleurs délais.
Les livraisons vont-elles continuer à se faire avec cette situation ?
Oui, bien que dans les conditions actuelles, il s’agisse d’une tâche extrêmement difficile. Nous exportons actuellement nos céréales par le chemin de fer à travers les pays européens. Mais une telle logistique augmente considérablement son coût. Pour maintenir le prix pour le consommateur final, nous avons même commencé à le vendre avec une remise importante. Le plus gros problème est que la capacité logistique de ces routes nous permet d’exporter seulement environ 2 millions de tonnes de céréales par mois, et nous devons exporter un total de 20 millions de tonnes. Alors que par voie maritime nous pourrions exporter 10 millions de tonnes par mois. La levée du blocus russe de nos ports est une tâche urgente à l’échelle mondiale.
Le Président Macky Sall s’est rendu à Moscou. Il avait émis le souhait de se rendre à Kiev, quel rôle peut-il jouer pour régler la crise ?
Nous travaillons actuellement sur sa visite à Kiev. Nous espérons que le président en exercice de l’Union africaine pourra non seulement se familiariser avec la situation en Ukraine dans le contexte de la guerre russe et du blocus russe de nos ports, mais aussi recevoir les informations objectives nécessaires pour renforcer la voix de l’Union africaine, en particulier pour demander à la Russie de mettre fin à l’agression militaire contre l’Ukraine.
Je suis convaincu que le Président Macky Sall peut jouer un rôle important en tant que président en exercice de l’Union africaine. Fin juin, lui et le Président ukrainien, Volodymyr Zelensky, participeront au Sommet du Groupe des Sept. Ce sera une bonne occasion d’unir nos forces pour résoudre les problèmes mondiaux dont le plus urgent est la nécessité de lever le blocus russe des ports ukrainiens et de débloquer les exportations alimentaires ukrainiennes.
Au final, on vous voit tous énergiques et combatifs. Où tirez-vous cette force ?
L’esprit combatif et l’invincibilité ont été plantés à l’origine dans notre code génétique national. Notre histoire millénaire en témoigne avec éloquence. Nous avons toujours défendu et continuerons de défendre notre territoire, notre culture, nos valeurs et notre identité. Ceci est et restera une source inépuisable de notre énergie.
CHEIKH TIDIANE DIÈYE SAISIT NANA AKUFO ADO
Pour contraindre le Sénégal à signer le protocole de la Cedeao sur la limitation des mandats
Avec un avocat nigérian, le coordonnateur du mouvement Avenir Sénégaal Bi Ñu Bëgg, Cheikh Tidiane Dièye, a écrit une lettre au président en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), Nana Akufo Ado. L’objectif est de contraindre le Sénégal, le Togo et la Côte d’Ivoire à signer le protocole sur la limitation à deux des mandats présidentiels.
Après avoir révélé, il y a quelques jours, que le Sénégal s’est abstenu de signer le protocole de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) sur la limitation à deux des mandats présidentiels, Cheikh Tidiane Dièye a consigné une lettre adressée au président en exercice de l’organisation sous régionale.
Dans la note, le coordonnateur du mouvement Avenir Sénégaal BiÑu Bëgg et un avocat nigérian indiquent à Nana Akufo Ado et ses autres collègues chefs d’État la voie pour contourner la réserve du Sénégal, du Togo et de la Côte d’Ivoire et adopter l’amendement sur la limitation des mandats. « Excellences, alors que vous prévoyez de vous réunir pour la ratification lors du prochain Sommet des Chefs d’État prévu le 3 juillet, nous vous appelons, et plus particulièrement les Chefs d’État du Togo, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, à écouter la voix du peuple et à approuver les dispositions pour le bien de toute notre communauté. Si, malgré la bonne volonté des 12 États et l’appel des citoyens de la Cedeao, ces trois États décidaient de maintenir leur position contre cet amendement, nous vous demandons, Monsieur le Président, d’invoquer l’article 20 du règlement intérieur de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement afin d’adopter cette décision à la majorité des 2/3 des États présents et habilités à voter», proposent Cheikh Tidiane Dièye et son avocat avant d’ajouter : «Par cet acte singulier de patriotisme, l’histoire vous jugera et vous donnera raison, vous et vos collègues qui se mettront du bon côté, en tant que promoteurs essentiels de la paix, de la justice, de l’intégration et du développement durable en Afrique de l’Ouest». Ils appellent ainsi les différents Parlements d’Afrique de l’Ouest, citoyens bien intentionnés de la Cedeao, à se lever et à peser sur la conscience des trois Chefs d’État afin que lesdites dispositions de l’amendement à l’Acte additionnel soient entérinées et ratifiées. «Nous rappelons qu’en 2012, une proposition similaire avait été soumise aux États membres de la Cedeao, et malheureusement, le Togo (dont nous connaissons la réalité démocratique et la trajectoire), et la Gambie de Yaya Jammeh avaient torpillé le projet de limitation des mandats pour des raisons égocentriques. La résistance ne peut être qu’une invitation au chaos, à l’anarchie et à un régime non démocratique. Le cas de la Guinée devrait encore être présent à l’esprit de ceux qui s’opposent à ce projet de loi louable. Nous ne pouvons pas continuer à nous complaire dans des processus antidémocratiques alors que nos populations végètent dans les affres de la pauvreté et de la misère. On se moque de nous!», déplorent les signataires de la lettre.
«UNE MESURE COURAGEUSE»
Ils ont indiqué que «des représentants d’organisations issues de la société civile, du secteur privé, des mouvements de jeunes et de femmes, des milieux professionnelles et socioprofessionnelles, religieux, politiques, entre autres, sous les auspices de la Communauté des Citoyens de la Cedeao» félicitent Nana Akufo Ado et ses autres collègues chefs d’État «pour la mesure courageuse que vous avez récemment prise pour mettre fin à l’agitation politique incessante dans la région, principalement provoquée par la tentative de certains dirigeants politiques dans les différents États membres de se perpétuer dans leur fonction par la voie détournée et malsaine de l’amendement de la Constitution».
Pour les signataires de la lettre, «la récente tentative audacieuse d’amender le Protocole de la Cedeao sur la démocratie et la bonne gouvernance et l’insistance sur le fait qu’aucun dirigeant élu ne devrait être autorisé à aller au-delà d’un second mandat est en effet un encouragement pour les peuples d’Afrique de l’Ouest. Pour nous, en tant que peuple, l’introduction d’un nouveau paragraphe dans l’article I, relatif à la limitation du mandat du président dans tous les pays membres de la CEDEAO, et stipulant que : '’ Les États membres doivent adopter des dispositions dans leurs Constitutions respectives pour s’assurer qu’aucun Président de la République n'exerce plus de deux (2) mandats ou ne prolonge son mandat pour quelque raison ou sous quelque forme que ce soit’’ est en effet historique. Nous sommes en outre profondément impressionnés par le fait que douze (12) États membres ont soutenu et promu cette volonté de réformer et de moderniser les instruments communautaires pour les adapter à notre époque et aux besoins et préoccupations des populations».
ONZE ORGANISATIONS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE SÉNÉGALAISE SE PLAIGNENT AUPRÈS DES NATIONS UNIES
Le contentieux Yewwi Askan Wi (Yaw) et Etat du Sénégal concernant le droit de rassemblement pacifique est en train d’être internationalisé par onze organisations de la société civile sénégalaise parmi lesquelles Afrikajom Center de Alioune Tine.
Afrikajom Center, Article 19 Afrique de l’Ouest, Amnesty international Sénégal, Raddho, Y en a marre, Agissons Ensemble, Cosce, Gradec, Imagine Africa; ligue Sénégalaise des droits de l’homme (Lsdh) et Pacte sont les onze organisations de la société civile sénégalaise qui ont signé la lettre de saisine du rapporteur Spécial des nations Unies sur le droit de réunion pacifique et d’association, Clément Nyaletsossi Voule. Elles jugent inadmissible la privation à une certaine opposition en l’occurrence la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw) de son droit de manifester, et déplorent les conséquences fâcheuses que cette interdiction a provoquées.
Le contentieux Yewwi Askan Wi (Yaw) et Etat du Sénégal concernant le droit de rassemblement pacifique est en train d’être internationalisé par onze organisations de la société civile sénégalaise parmi lesquelles Afrikajom Center de Alioune Tine. Celles-ci ont saisi le rapporteur spécial de l’Organisation des Nations Unies (Onu) sur le droit de réunion pacifique et d’association pour lui faire part de la situation dans le pays suite à l’interdiction de rassemblement à Yaw le 17 juin dernier. Elles ont invité Clément Nyaletsossi Voule à agir et surtout à organiser une mission au Sénégal pour prendre connaissance et mettre fin aux graves atteintes au droit de réunion pacifique.
Selon Alioune Tine et Cie, le droit de réunion pacifique est garanti par l’article 20 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et par l’article 21 du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques. En ce qui concerne la liberté d’expression, qui est inséparable de la liberté de réunion pacifique, elle constitue une liberté fondamentale reconnue par les articles 8 et 10 de la Constitution du Sénégal, ont-ils ajouté dans leur lettre dont «L’As» détient une copie. Ils rappellent en effet que la manifestation du 17 juin 2022, organisée par la Coalition Yewwi Askan Wi a été interdite par le Préfet de Dakar. Et que cette interdiction a été entérinée par le juge des référés, ce qui a donné lieu à des manifestations populaires qui ont été violemment réprimées. «Le bilan des violences des forces de sécurité fait état de quatre morts, d’un nombre indéterminé de blessés et de plus de 250 détenus dont deux maires et trois députés détenus arbitrairement en dépit de la protection que leur confère leur immunité parlementaire», déplorent les différentes organisations de la société civile sénégalaise signataires de la lettre de saisine adressée au rapporteur spécial de l’Onu.
LES GRIEFS CONTRE LE PREFET
Depuis sa constitutionnalisation en 2001, soulignent-elles, la force de la dimension constitutionnelle que revêt la liberté de manifestation n’est plus à démontrer. A les en croire, la reconnaissance d'un régime déclaratif de la manifestation relève de l'évidence, ce qui dispense de toute autorisation préalable au libre exercice d’un tel droit. C’est pourquoi, rappellent-ils, l’article 8 de la Constitution du 22 janvier 2001 dispose : « La République du Sénégal garantit à tous les citoyens la Liberté de Manifestation».
Par ailleurs, il a été invoqué dans la lettre adressée à Monsieur Voule l’article 10 de la charte fondamentale qui précise : «Chacun a le droit d’exprimer et de diffuser librement ses opinions par la parole, la plume, l’image, la Marche Pacifique, pourvu que l’exercice de ces droits ne porte atteinte ni à l’honneur et à la considération d’autrui, ni à l’ordre public».
Par conséquent, Alioune Tine et Cie estiment que ce sont donc des droits incontestables fondés sur une obligation de l'État. «Ce n’est ni plus ni moins qu'une question de droits et libertés fondamentaux», renchérissent Alioune Tine et Cie. Ils rappellent en outre que l’article 14 de la loi n°78-02 du 29 janvier 1978 relative aux réunions dispose que l’autorité administrative peut interdire une manifestation publique que si deux conditions cumulatives sont réunies : «D’une part, qu’il existe une menace réelle de troubles à l’ordre public ; d’autre part, que l’autorité ne dispose pas de forces de sécurité nécessaires pour protéger les personnes et les biens.»
C’est pourquoi, Alioune Tine et Cie soutiennent que le Préfet ne peut recourir à ses pouvoirs de police administrative qu'en cas de risques avérés - et non simplement hypothétiques - de troubles à l'ordre public et d’indisponibilité avérée des forces de l’ordre (deux éléments cumulatifs et suffisants, et non alternatifs, exigés par la loi et la jurisprudence constante de la Cour suprême). Cependant, ils font constater que l’arrêté du Préfet de Dakar portant interdiction de la manifestation du 17 juin, en son article 1er, vise uniquement des «menaces de troubles à l’ordre public ».
Or, concluent-ils, la jurisprudence constante de la Cour suprême sanctionne d’illégalité manifeste tout arrêté du Préfet qui interdit un rassemblement pacifique en invoquant ou en se fondant sur la seule condition de «menaces de troubles à l’ordre public».
LA FIÈVRE DE LA CASSEROLADE S’EMPARE DU PAYS
Sur invitation d’Ousmane Sonko, la casserolade est largement suivie sur l’étendue du territoire national !
Une autorité, disait l’autre, parce qu’elle est lointaine, inexplicable et qu’elle se dérobe au dialogue, laisse la place à une autre attitude : la rébellion. Pas celle sanguinaire de supposés «rebelles» du MFDC qui auraient rallié la capitale pour mettre notre charmant pays à feu et à sang, mais une rébellion sonore pour laquelle point besoin d’une lettre d’information auprès de l’autorité administrative, encore moins de son autorisation. Ousmane Sonko, la tête de liste nationale recalée de la coalition Yewwi Askan wi, avait invité les populations de Dakar et du reste du pays, à animer partout des concerts de casseroles et de klaxons à compter de ce mercredi à 20h et pour une durée de 10 mn,. Ce pour exiger la libération des leaders et militants arrêtés lors des manifestations de vendredi dernier à Dakar et à Ziguinchor. Une casserolade largement suivie sur l’étendue du territoire national !
La casserolade, cette forme de protestation née en France du temps de la monarchie de juillet instaurée en 1830, après la révolution dite des «Trois Glorieuses», par le Roi Louis Philippe, consistait, pour les opposants républicains au nouveau régime, à indisposer le gouvernement et ses préfets en s’adonnant à un charivari d’enfer. La même pratique a été adoptée au Québec pendant la grève étudiante du 18 mai 2012 pour contester l’adoption de la loi 78 visant à mettre un frein aux piquets de grève et à plusieurs délits commis dans les manifestations, comme la casse ou l’outrage au travail de la police.
Au Gabon, également, les populations, pour protester en 2021 contre les rigueurs des mesures de restriction relatives à la lutte contre la propagation de la pandémie de Covid-19, avaient entamé une casserolade, depuis leurs balcons, aux heures de couvre-feu. C’est donc à cette forme de lutte originale que le leader de Pastef a convié les populations, à compter d’hier mercredi 22 juin à 20h 00. Des concerts de casseroles d’une durée de 10 mn. Déjà, les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) avaient donné le tempo dès la soirée du lundi 20 juin au campus avant de remettre… le couvercle le lendemain. Ce mercredi donc, un peu partout, c’était la ruée vers les ustensiles de cuisine pour prendre part à cette nouvelle forme de protestation initiée par l’inter-coalition YAWWallu.
A Thiaroye, l’une des communes populaires de la banlieue dakaroise, les rues étaient déjà prises d’assaut par des populations impatientes à une dizaine de minutes du démarrage du concert de casseroles. Certains jeunes, des couvercles de marmites entre les mains, avaient même adopté un accoutrement de « combat » avec des rubans attachés autour de la tête. Les femmes n’étaient pas en reste. Certaines, très éloignées des réalités politiques, voulaient se faire entendre pour protester contre la vie chère. Et tous les ustensiles susceptibles de produire du bruit étaient de la partie.
A 20 h sonnantes, c’est une fièvre de casserolade qui s’est emparée de cette partie de la banlieue. Un concert de casseroles auquel les automobilistes répondaient par un tintamarre de klaxons. Sur l’autoroute à péage, dans le sens Diamniadio-Dakar, seuls quelques automobilistes se sont pliés au concert de klaxons. Par contre, de l’autre côté de la route, sur la nationale, le charivari était indescriptible. Conducteurs de véhicules et de scooters avaient mis à fond les décibels appuyant de manière intempestive sur les avertisseurs. Un peu après le pont de Hann, devant le centre de captage, les populations s’étaient massées le long de la route, pour accompagner les klaxons des véhicules avec un concert de casseroles.
Le même phénomène s’est étendu jusqu’au rond-point Khar Yalla où des jeunes ont organisé une procession de casseroles en direction des locaux du groupe Walfadjri. Sur l’avenue Bourguiba, à Mermoz, dans les Sicap surtout à Liberté 4 et 5 mais aussi dans la zone résidentielle comme les SacréCœur, à la Médina, à Rebeuss, à Ouest et Nord Foire, à Niary Tally surtout, à Yoff, Pikine, Guédiawaye et aux Parcelles Assainies, hommes et femmes, jeunes et vieux étaient dans les rues pour prendre part à ce festival de casseroles. Certains scooters trainaient même des ustensiles de cuisine attachés sur leur garde-boue arrière pour faire davantage de bruit. Autant dire que ces scootéristes trainaient des…casseroles !
Les populations de Touba migrent vers Mbacké
Dans la ville sainte de Touba, pour se conformer à la demande du khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, qui a invité au respect de la sacralité de la cité, les populations ont migré vers la ville voisine de Mbacké. Et dès le périmètre de la ville sainte franchi, à l’entrée de Mbacké, les populations et les véhicules ont fait sauter les décibels avec un charivari infernal. Autant le dire ici et maintenant, les oreilles ont bourdonné à Dakar et dans le reste du pays à l’appel d’Ousmane Sonko. Et devant ce bruit d’enfer, sans doute que le président de la République s’est bouché les oreilles !
MACKY REÇOIT LES JEUNES ET LES DIRIGEANTS DE ZIGUINCHOR AU PALAIS JUSQU’À 5 H DU MATIN
Il offre 80 millions de frs pour le billet retour.. Les ravages de la stigmatisation «rebelle» dans le camp présidentiel
Jean Diatta, Correspondant permanent à Ziguinchor |
Publication 23/06/2022
A Ziguinchor, le manque d’empressement des dirigeants du camp présidentiel pour apporter leur soutien au président Macky Sall suscite des interrogations. Surtout qu’à part Dakar, seule Ziguinchor était retenue pour la marche interdite de vendredi dernier 17 juin. Guy Marius Sagna et Cie ont pu défier cette interdiction jusqu’à pouvoir rallier nombre de Ziguinchorois.
D’habitude prompts à être des caisses de résonance pour Macky Sall, les lieutenants du président de la République gardent un silence inquiétant ces derniers temps. Macky Sall a-t-il perdu le soutien de ses collaborateurs en Casamance ? L’utilisation abusive du mot « rebelle » pour stigmatiser tout ressortissant de la Casamance y compris dans le camp présidentiel et le discours du procureur de la République relativement à l’arrestation d’un « rebelle du Mfdc » en marge du rassemblement de Yewwi Askan Wi (YAW) ont soudé les Ziguinchorois et, au-delà, les Casamançais dans une sainte alliance contre ceux qui les stigmatisent. Conscient du danger, Macky Sall a convié la jeunesse présidentielle et les leaders de Ziguinchor jeudi 16 juin dernier au Palais pour des discussions jusqu’à …5h du matin. Il leur a offert, en guise de prix du transport, la somme de 80 millions de francs !
Profond malaise dans le camp présidentiel
Cette stigmatisation inédite a plongé le camp présidentiel dans un profond malaise à Ziguinchor. La grogne sur fond de révolte des collaborateurs politiques du président Macky Sall est partout perceptible. L’un d’entre eux, évoquant la situation, nous a confié que lui et ses camarades de parti de la région ont très honte aujourd’hui d’être des militants de l’Apr. ‘’Nous croyions avoir suffisamment fait pour le président Macky Sall pour mériter un sort autre que celui qui nous est servi aujourd’hui. Aujourd’hui, nous sommes insultés, persécutés et humiliés par nos propres camarades de parti qui nous traitent de rebelles’’, fulmine-t-il avant d’ajouter : ‘’Comment pouvez-vous comprendre que des ministres de la République ou des procureurs participent à stigmatiser sans le moindre fondement les Casamançais et que cela passe sous silence ? C’est parce qu’ils ont la bénédiction du Chef suprême ! S’ils pensent que nous allons nous joindre à eux pour les aider à persécuter les Casamançais à cause de Ousmane Sonko, ils se trompent. Ousmane Sonko et ses partisans sont nos adversaires politiques mais pas des ennemis, ce sont des frères. Il faut qu’ils comprennent cela’’, vocifère notre interlocuteur.
Une autre chose offusque les responsables de l’Apr de Ziguinchor. Il s’agit des chroniques intempestives d’un journal de la place qui ne cesse d’accuser des pontes de l’Apr de la région, en l’occurrence Benoît Sambou et Aminata Assome Diatta, d’avoir favorisé l’élection de Ousmane Sonko à la mairie de Ziguinchor et le triomphe de son parti dans toute la région de Ziguinchor. Selon ce chroniqueur, si le président du CNDT (Benoît Sambou) s’est présenté aux dernières locales contre Abdoulaye Baldé, c’était pour disperser les forces de la coalition de BBY en faveur du leader du Pastef. Quant à Assome Diatta, il indique que celleci a déserté Bignona pour aller militer à Keur-Massar et ainsi laisser un boulevard libre aux partisans de Sonko. Des accusations qui sont dénuées de tout fondement. En fait, pour le rappel des faits, la candidature de Benoît Sambou à la mairie de Ziguinchor a été voulue par le président Macky Sall en personne qui avait, en son temps, convoqué tous les responsables de BBY de la région (y compris Abdoulaye Baldé) pour leur signifier que son choix s’est porté sur Benoît Sambou.
Concernant Aminata Assome Diatta, tous les Sénégalais avertis savent qu’elle a toujours milité à Keur Massar, elle est descendue sur l’arène à Bignona juste pour renforcer les responsables locaux de l’Apr. Ces deux accusations perçues comme étant un téléguidage venu de l’intérieur de l’Apr pour accuser ces deux hauts responsables de la région d’ethnocentrisme, y ont accentué le malaise qui était déjà très profond. Mais, contre toute attente, aucune voix ne s’est élevée au sein du camp présidentiel pour démentir ces allégations et apporter un soutien quelconque à leurs camarades vilipendés par un organe censé soutenir le pouvoir du président Macky Sall. Et comme si cela ne suffisait pas, les mêmes personnes accusent tout fils de la région qui est du camp opposé au président Macky Sall de « rebelle » oubliant que, même s’ils ont des sensibilités différentes, sur le plan politique, il n’en demeure pas moins que la plupart de ces Casamançais sont d’une même famille.
Pour tous les Casamançais y compris les responsables de l’Apr de la région, toutes ces personnes agissent avec la bénédiction du chef de l’Etat. Cela a créé un sentiment de frustration et de révolte y compris de personnes apolitiques comme Seydi Gassama, lui-même originaire de la région, qui a interpellé directement le président Macky Sall pour lui demander d’arrêter ses ministres et journalistes qui stigmatisent la Casamance. Le journaliste Bacary Domingo Mané aussi n’a pas fait dans la dentelle, dans une chronique qu’il a faite, il parle de presse corrompue. Dans les réseaux sociaux également les dénonciations de Casamançais se font tous les jours, indiquant qu’il ne peut y avoir deux Casamance, celle des bons et celle des rebelles. Ils illustrent leurs thèses par des photos de Casamançais qui ont rendu service à la patrie et d’autres qu’on considère comme des rebelles. Bref, c’est un euphémisme de dire que les responsables de l’Apr de la région de Ziguinchor sont frustrés par la stigmatisation dont ils sont l’objet.
Le silence des responsables présidentiels locaux, une suite logique
Aussi, pour beaucoup d’observateurs, ce silence noté ces derniers temps au niveau des responsables du sud, depuis le début de la confrontation entre YAW et le pouvoir, n’est qu’une suite logique de cette stigmatisation. Et si les invectives et autres stigmatisations contre les fils de la région persistent, certains observateurs n’excluent pas des retournements de situations. Autrement dit, certains responsables de l’Apr vont se joindre au mouvement de contestation porté par des pontes du parti comme Mme Aminata Tall qui commence à étendre ses tentacules à l’intérieur de la formation. Peut-être pour se racheter un peu, le président de l’Apr a reçu, la semaine dernière, jeudi nuit plus précisément, une forte délégation de jeunes de son parti de la région de Ziguinchor au palais présidentiel. Chose qu’il n’avait jamais faite, auparavant, depuis sa prise du pouvoir. D’ailleurs, l’on signale que c’est lui qui a précipité la tenue de cette rencontre. Ce qui en dit long sur sa volonté de désamorcer la crise qui s’est installée au sein de son parti à Ziguinchor. Des sources bien informées indiquent que cette audience a duré jusqu’à 5h du matin et qu’elle a été une occasion pour le locataire du palais de tenir un discours lénifiant pour tenter de convaincre ces jeunes de son amour pour la Casamance. À l’issue de la rencontre, il aurait octroyé une enveloppe de 80 millions de francs CFA à ses hôtes. Les principaux responsables politiques Apr de la région étaient de la partie.
Par Boubacar SADIO
A TOUS LES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES
L’armée doit, en toutes circonstances, avoir une attitude républicaine. Elle doit et a l’obligation de toujours se mettre du bon côté, celui du peuple. Un ordre illégal ne doit pas être exécuté
« L’armée doit, en toutes circonstances, avoir une attitude républicaine. Elle doit et a l’obligation de toujours se mettre du bon côté, celui du peuple. Un ordre illégal ne doit pas être exécuté. » (Macky Sall)
Chers officiers généraux, officiers supérieurs, officiers subalternes ; sous-officiers et hommes du rang de l’armée nationale, la nation toute entière dans son unité, sa pluralité et sa diversité vous est totalement reconnaissante de l’extraordinaire travail que vous accomplissez tant sur le plan national qu’au niveau international dans le cadre de vos opérations extérieures ou vous vous montrez comme de dignes et honorables ambassadeurs de notre pays.
A l’interne et quotidiennement, vous n’avez de cesse de traduire en actes concrets le concept d’Armée-Nation qui occupe une place de choix parmi vos références paradigmatiques. Aujourd’hui, dans la région sud du pays, l’armée nationale a investi, envahi et anéanti presque toutes les bases rebelles qui constituaient les derniers sanctuaires d’un irrédentisme résiduel qui, en réalité, s’était, depuis belle lurette, transformé en une organisation criminelle qui empoisonnait la vie de paisibles citoyens qui ne demandaient qu’à vivre en paix. Vous avez accompli un excellent travail qui entre dans le cadre de votre première mission régalienne de défense du territoire national.
Chers officiers généraux, officiers supérieurs, officiers subalternes, sous-officiers et hommes du rang de la gendarmerie nationale, vous avez toujours et constamment conforté, confirmé et porté au firmament votre réputation non usurpée et avérée d’institution d’élite. Votre double fonctionnalité professionnelle vous a permis de vous illustrer avec efficacité et brio non seulement dans les opérations relevant de la défense nationale mais aussi dans les missions de sécurité publique, notamment la protection des personnes et des biens. Vos performances sont constatées, avérées et appréciées dans les missions onusiennes ou la qualité des services que vous offrez font honneur à tous les membres des forces de défense et de sécurité. Dans le cadre de la sécurité publique vous êtes entrain de mettre le paradigme de la proximité au centre d’une nouvelle vision sécuritaire initiée par le Haut Commandant de la Gendarmerie nationale et Directeur de la justice militaire. Un heureux rapprochement avec les populations, désormais considérés comme des partenaires.
Chers Contrôleurs généraux, commissaires de police, officiers, sous-officiers et agents de police, je vous adresse mes très vives et chaleureuses félicitations pour le très bob travail que vous effectuez quotidiennement et pour les énormes sacrifices de tous ordres consentis dans vos multiples et difficiles missions dont celle d’assurer la protection des personnes, des biens et des institutions, la lutte contre la grande criminalité, la cybercriminalité, le trafic de drogues, le terrorisme etc…Vous incarnez à merveille votre devise’’ Dans l’honneur au service de la loi’’. Vous avez su montrer à vos concitoyens que la Police est un véritable service public, malgré les couacs et certains dérapages qui peuvent légitimer des craintes. Il vous appartient, et c’est valable pour l’ensemble des forces de sécurité d’améliorer la qualité du service et des prestations dont les seuls bénéficiaires doivent être les populations.
Mes très chers frères, je profite de la présente occasion pour avoir une pensée pieuse et saluer la mémoire de tous les militaires et paramilitaires tombés en service commandé et exprimer toute ma compassion et mon soutien aux blessés, quelquefois handicapés à vie, qui méritent la reconnaissance de la nation et qui doivent bénéficier d’un traitement humanitaire honorable. Donner et verser son sang pour la nation est un acte héroïque d’une noblesse sans commune mesure avec les prévarications, les vols et les malversations commises par nos élites dont certains, par la volonté du chef, bénéficient toujours de promotion et avec, comme suprême honneur, d’être reçus au Palais de la république . Ces invalides et blessés de guerre, malheureusement, n’arrivent pas à obtenir une simple audience avec le Président de la République, Chef suprême des armées, alors qu’une crapule qui a insulté et criblé d’insanités la république toute entière vient d’être reçue solennellement par son excellence Macky Sall. Ce genre de discrimination dans le traitement des citoyens est de nature à décourager et à démotiver les éléments de première ligne.
Mes très chers frères, l’Etat dont vous êtes les valeureux serviteurs, a l’obligation et le devoir d’assurer la sécurité en veillant, sur l’ensemble du territoire national, a la défense des institutions et des intérêts nationaux, au respect des lois, au maintien de la paix et de l’ordre public et a la protection des personnes et des biens. C’est tout juste pour vous rappeler vos missions régaliennes dont celles de veiller a ce que la stabilité du pays soit préservée. Vous ne devez permettre à quiconque, fut-il le plus illustre des citoyens, d’installer une situation d’ingouvernabilité ou de chaos à des fins inavouées. Je ne cesse de dire aux Sénégalais que nous avons des forces de défense et sécurité foncièrement républicaines et profondément attachées aux valeurs et principes qui fondent notre nation. Jamais elles n’accepteront de se prêter au jeu de certains politiciens, notamment ceux du pouvoir, qui souhaiteraient insidieusement provoquer des troubles pour, ensuite, s’en, prévaloir et exiger le report des élections aussi bien législatives que présidentielles. Et, aussitôt, seront mises en branle les dispositions de la loi sur l’état d’urgence. A l’époque, j’avis dit que la loi n’était pas votée pour le covid mais qu’elle sera utilisée dans deux ans pour réprimer toutes les velléités de contestations.
Mes très chers frères, nous avons en perspective les élections législatives du 31 juillet ; vous avez suivi comme tous vos compatriotes les différentes péripéties portant sur le parrainage, la parité et la validité de telle ou telle liste. S’il a été facile d’admettre des erreurs de la part des différents mandataires, il faut reconnaitre que des dysfonctionnements et des fautes ont été notés de la part de l’administration, a travers la Direction générale des élections et du Ministère de l’Intérieur et de la part de la justice à travers les décisions inconséquentes du Conseil constitutionnel qui n’a point été a la hauteur des responsabilités qui lui ont été confiées de dire le droit, rien que le droit. En lieu et place de la vérité et du droit, les pseudos sages du Conseil constitutionnel ont servi des arguties juridiques, filandreuses et amphigouriques, semant le trouble et instillant le doute dans l’esprit des Sénégalais.
Mes très chers frères, vous n’êtes pas des bras cassés ; vous avez l’instruction, le niveau académique, l’intelligence, les connaissances, l’expérience, l’expertise, le vécu professionnel et la maitrise des textes nécessaires pour comprendre qu’il y a un jeu très pernicieux, grave et dangereux auquel se livrent certaines personnes. Vous voilà, aujourd’hui, assistant aux prémices d’une situation qui, à terme, exigera votre implication active parce que sollicités et réquisitionnés par l’autorité politique. Vous êtes dans un carcan statutaire qui vous astreint à une discipline rigoureuse qui vous contraint à toujours obéir à la hiérarchie. Seulement, il est dit aussi que vous êtes dotés de bon sens et d’intelligence et que personne ne peut ni ne doit vous obliger à agir en marge de la loi. On ne doit pas, sous peine d’engager sa responsabilité personnelle, obéir à un ordre manifestement illégal ; « L’armée doit, en toutes circonstances, avoir une attitude républicaine. Elle doit et a l’obligation de toujours se mettre du bon côté, celui du peuple. On ne doit pas obéir à un ordre manifestement illégal » ; ce sont des propos de son Excellence Macky Sall. C’est pourquoi, j’ai très bon espoir que vous refuserez de tirer à bout portant, avec intention manifeste de tuer, sur des concitoyens désarmés qui manifesteront pacifiquement contre toute violation de notre constitution. Toute personne qui viole notre constitution est à loger à la même enseigne qu’un délinquant. Vous, militaires et paramilitaires, avez le devoir institutionnel, l’impératif républicain et l’obligation morale de respecter la constitution et de la faire respecter par tout citoyen, faut-il Président de la république ; et, c’est pourquoi le spectre du coup d’Etat n’a jamais été un sujet de préoccupation. Vous êtes et resterez des républicains dans l’âme, dans l’esprit et dans la chair. Toutefois, il faudrait que nos hommes évitent de procéder, de manière récurrente et abusive à des coups d’Etat constitutionnels dans le seul et unique but de se maintenir au pouvoir ; un coup d’Etat peut en provoquer un autre.
Mes très chers frères, n’oubliez jamais et ayez toujours à l’esprit que vous êtes des enfants de ce pays, tous issus du peuple largement composé de gens pauvres et appauvris qui éprouvent toutes les peines du monde à assurer régulièrement la pitance quotidienne. Vous êtes enfants de la vendeuse de cacahuètes, de légumes et poissons assise au détour d’une rue, sur un banc de fortune. Vous êtes enfants du maçon, tous les jours, haut perché sur un échafaudage de fortune, sans protection. Vous êtes enfants de ce charretier, obligé malgré lui de torturer un pauvre cheval toujours haletant, de ce docker qui soulève des charges au-dessus de ses capacités physiques, du menuisier assis, les yeux hagards et le regard lointain, parce que resté des mois sans commande, du retraité désemparé devant une impécuniosité chronique et de l’enseignant endetté, ce brave dispensateur du savoir dont on dit qu’il est un outil indispensable de l’émancipation collective.
Chers frères, comme je l’ai dit, supra, vous êtes astreints à la plus rigoureuse discipline qui vous oblige à obéir aux ordres de vos supérieurs à la seule condition qu’ils ne soient pas manifestement illégaux. Il est bien évident que vous ferez face au peuple les jours, les semaines, les mois et les années à venir et ce, tout simplement, parce que les citoyens manifesteront pour réclamer leurs droits inaliénables mais surtout pour défendre et protéger la constitution que personne ne doit violer sous aucun prétexte. Dès à présent nous vous reconnaissons le devoir et l’obligation de vous acquitter de vos missions régaliennes de maintien de l’ordre dont l’enjeux est de pouvoir conserver l’ordre établi avec des moyens modérés de coercition afin d’éviter l’usage de la violence qu’induit le rétablissement de l’ordre. Les principes du maintien de l’ordre sont au nombre de trois :
-Prévenir les troubles pour ne pas avoir à les réprimer ;
-Assurer l’équilibre entre l’ordre nécessaire et le désordre acceptable
-Intervenir face à des citoyens considérés comme des adversaires d’un moment et non comme des ennemis de toujours
Mes très chers frères, vous pouvez arrêter la progression d’une marche, disperser un rassemblement, procéder à des interpellations, à des arrestations ; mais de grâce, ne faites pas usage de violences gratuites et inutiles, n’injuriez pas, ne piétinez pas des manifestants sans défense dans les véhicules, ne bastonnez pas, ne brutalisez pas, ne matez pas et surtout évitez qu’il y ait mort d’homme au cours de vos interventions. J’ai toujours demandé aux forces de défense et de sécurité de servir la Nation jusqu’au sacrifice suprême, de servir la République avec le plus grand dévouement, de servir l’Etat avec loyauté mais de toujours servir un régime avec discernement et intelligence. La situation que nous vivons résulte d’une volonté manifeste et obsessionnelle de vouloir solliciter un troisième mandat au mépris de notre Constitution en vigueur qui dispose de manière claire, nette et précise que « Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs ».
Mes très chers frères, par le passé, la présence de nervis aux côtés des forces de sécurité m’avait beaucoup scandalisé, j’en ai éprouvé une honte incommensurable. En opérant accompagnées de nervis, les forces de sécurité avaient étalé leurs limites ; elles donnaient la fâcheuse et désagréable impression d’avoir sous-traité leurs missions régaliennes de maintien et de rétablissement de l’ordre avec une horde de malfrats à la solde de politiciens prêts à tout pour conserver le pouvoir. Des politiciens méprisants et arrogants qui se prennent pour l’Etat et qui déclarent, avec vantardise, qu’ils ont la force, la loi et la justice ; pour eux, imbus de leur pouvoir, ils pensent qu’il leur suffit d’un claquement de doigts pour que les forces de l’ordre massacrent les éventuels manifestants. Nos forces de l’ordre ne seraient donc que de simples marionnettes aux mains et a la solde de politiciens sans foi ni loi, sans éthique ni morale.
Mes très chers frères, faites en sorte que personne ne coupe le cordon ombilical qui vous lie au peuple dont vous êtes issus et auprès duquel vous retournerez. Vous n’avez pas prêté un serment d’allégeance à un individu, fut-il le Président de la République ; vous avez, solennellement, prête un serment d’allégeance à la CONSTITUTION de notre pays.
LE POUVOIR AU PEUPLE, LES SERVITUDES AUX DIRIGEANTS.
TERMINUS 2024.
Par Louis CAMARA
AU NOM DE TOUS LES MARTYRS
Il n’est pas question d’évolution vers la monarchie. Et nul n’acceptera que soient vendangés nos droits et nos libertés si chèrement acquis. Levons-nous et tous ensembles comme un seul homme. Refusons de nous laisser mener en bateau
Il n’est pas question d’évolution vers la monarchie
Et nul n’acceptera que soient vendangées
Nos droits et nos libertés si chèrement acquis.
Levons-nous et tous ensembles comme un seul homme
Refusons de nous laisser mener en bateau
Par ceux qui, à tort, se croient au-dessus des lois
Et veulent imposer leurs désirs et leurs volontés
Au mépris des principes qui régissent la nation !
Tout le monde se souvient de ce fameux vingt-trois juin
Où le pays tout entier avait soudain basculé,
S’opposant à ce qu’on voulait lui faire accepter
Et qui ne répondait nullement à ses aspirations.
Le sang avait coulé et des martyrs étaient tombés
Pour que flotte l’étendard de la liberté
Pour que triomphent la justice et la vérité
Pour que vive la démocratie tant aimée.
Avons-nous le droit d’oublier ces glorieux instants
D’une Histoire qui se construit jour après jour
Au fil du temps et des gouvernements ?
Ah ! Souvenons-nous de ceux qui ont versé leur sang
De ceux qui ont sacrifié leur jeunesse et leur vie
De ceux qui ont refusé la forfaiture
Et n’ont pas voulu que l’on bafoue la république,
De ceux qui sans peur et sans hésitation
Sont restés debout en première ligne
Offrant leur poitrine aux escadrons de la mort
Pour que vive et triomphe l’idéal commun.
Rendons hommage à la mémoire de ces héros
Et poursuivons le combat pour la démocratie !
Louis Camara est écrivain et poète, lauréat du prix du président de la République pour les Lettres.
SAMBA DIALLO SUSCITE LA CONVOITISE
Après une brillante campagne en UEFA Youth League avec le Dynamo Kiev, Samba Diallo fait chavirer toute l’Europe. L’ailier gauche sénégalais figure dans le viseur de nombreux clubs européens
Après une brillante campagne en UEFA Youth League avec le Dynamo Kiev, Samba Diallo fait chavirer toute l’Europe. L’ailier gauche sénégalais figure dans le viseur de nombreux clubs européens.
Samba Diallo est un cas à part au Dynamo Kiev. Arrivé seulement il y a un an en provenance de l’Académie Foot Darou Salam de Dakar, le joueur de 19 ans a écrasé tout sur son passage avec les U19 du club ukrainien. En l’espace de quelques mois, il a brillé en Championnat mais surtout en UEFA Youth League, la Ligue des Champions réservée aux joueurs de 19 ans et moins.
En 8 matchs dans cette compétition, il a tremblé les filets à cinq reprises, finissant notamment parmi les meilleurs artificiers. Par ailleurs considéré comme l’un des plus grands espoirs du football sénégalais, même avant qu’il ne débarquait en Europe l’été dernier, l’ailier gauche est fort logiquement surveillé par plusieurs clubs européens, la plupart jouant la Ligue des Champions.
Dans les prochaines semaines, plusieurs formations pourraient transmettre leur proposition au Dynamo Kiev. Si l’intérêt du FC Barcelone n’est pas nouveau, est venu s’ajouter celui d’autres écuries. En effet, selon les informations divulguées par Foot Mercato, Samba Diallo aurait des touches en Ligue 1 française, en Bundesliga, en Serie A mais également en Pro League de Belgique.
Prolongé par le Dynamo Kiev jusqu’en 2027, l’international U20 serait notamment dans le viseur de l’Olympique de Marseille, de l’Olympique Lyonnais et de l’AS Monaco en France. Ce n’est pas tout. Samba Diallo intéresserait également le Bayern Munich, l’AC Milan et Anderlecht. Bien que le Dynamo souhaite le garder, la situation actuelle en Ukraine pourrait en décider autrement. Dossier chaud …
Macky Sall à Tivaouane
L’hôpital de niveau 3 de Tivaouane va bientôt sortir de terre. Le Président Macky Sall a annoncé hier en conseil des ministres qu’il procèdera, le samedi 25 juin 2022, à la pose de la première pierre du nouvel hôpital de niveau 3 de Tivaouane. La cérémonie sera tenue en marge de la visite qu’il effectuera dans la capitale de la Tijania à l’occasion du centenaire de la disparition de Seydi EL Hadji Malick Sy.
Alphabétisation
Restons avec le chef de l’Etat qui tient à la relance des programmes d’alphabétisation dans les langues nationales. A ce propos, il a demandé au ministre de l’Éducation nationale de procéder, avec les acteurs, à l’actualisation de la stratégie de promotion et de développement de l’alphabétisation dans les langues nationales, en lien avec les axes du Plan Sénégal Émergent (PSE).
Seconde phase du programme de lampadaires solaires
La phase II du programme des lampadaires solaires sera bientôt lancée pour renforcer l’éclairage public dans les collectivités territoriales. A cet effet, le chef de l’Etat a demandé hier au ministre du Pétrole et des Énergies d’engager les diligences nécessaires au lancement effectif de la seconde phase du programme de lampadaires solaires. Cette phase concerne 115 000 unités réparties, selon le critère d’équité, sur l’ensemble des communes du Sénégal.
Loi de règlements pour l’année 2021
La Cour des Comptes a bouclé la loi de règlements pour l’année 2021. En conseil des ministres hier, le chef de l’Etat s’est félicité de la présentation du projet de loi de règlements pour l’année 2021. A date, dit-il, l’Etat du Sénégal est à jour sur la reddition des comptes, conformément aux dispositions de la loi organique relative à la loi de finances. D’ailleurs, le conseil des ministres a examiné et adopté ledit Projet de loi de règlements. Par ailleurs, le conseil a également adopté le Projet de décret portant création et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du Service géologique national du Sénégal (SGNS).
Le Recteur de l’Ugb nommé Directeur général de la Cineri
Ousmane Thiaré quitte le Rectorat de l'Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis. Il a été nommé hier par le chef de l’Etat au poste de Directeur général de la Cyber-infrastructure nationale pour l'Enseignement supérieur, la Recherche et l'Innovation (Cineri).Le président de la République a également nommé Baye Moctar Diop, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Sénégal au Royaume de Belgique, cumulativement avec ses fonctions, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Sénégal auprès de Son Altesse Royale le Grand-Duc Henri de Luxembourg, avec résidence à Bruxelles.
Le maire de Sangalkam arrêté puis libéré
Le maire de Sangalkam, Alpha Bocar Khouma dit Pape Sow, responsable de la coalition Yewwi Askan wi, a été convoqué hier par la Direction de la Surveillance et du Contrôle de l'Occupation du Sol (Dscos) pour une affaire foncière. D’après la cellule de communication du maire, il s'agit d’un acharnement sur l’édile de Sangalkam. A l’en croire, dans ce dossier, Pape Sow n'est ni propriétaire, ni bénéficiaire, mais plutôt le signataire du protocole que la loi lui confère. La coalition Yewwi Askan Wi (Yaw) de Sangalkam avertit contre toute tentative de confiscation du pouvoir que la population a confié au maire Alpha Khouma. Les collaborateurs du maire révèlent que depuis près de trois mois, Alpha Bocar Khouma dit Pape Sow subit une pression intense du pouvoir qui veut l'enrôler dans la mouvance présidentielle. Mais face à son refus et son engagement à rester dans Yewwi Askan Wi, l’édile de Sangalkam ne cesse de subir des pressions de la part des autorités. L’arrestation qu’ils jugent arbitraire a poussé les militants de Yaw à descendre dans les rues pour exprimer leur colère et exiger la libération de leur responsable. Ils ont arrêté la manifestation après la libération du maire, un redoutable adversaire du ministre des Collectivités territoriales, Omar Guèye qu'il a détrôné.
Le concert de casseroles bien suivi en banlieue
Le mot d'ordre a été très bien suivi dans la banlieue. Le concert de casseroles initié par la coalition Yewwi Askan wi (Yaw) pour dénoncer l'arrestation de leurs camarades, la restriction des libertés, la cherté de la vie entre autres, a été un franc succès en banlieue. Golf Sud, Sahm Notaire, Pikine, Thiaroye, Keur Massar et même les Parcelles Assainies, partout les populations ont pris des ustensiles de cuisine et des sifflets pour manifester leur mécontentement contre le régime actuel. Les jeunes des Parcelles sont sortis dans la rue pour manifester pacifiquement en passant devant la police établie au niveau de l'Unité 22, sous l'œil vigilant des forces policières qui étaient restées passives.
Rufisque dans la danse
Restons avec cette trouvaille de Yewwi Askan wi pour dire que la Ville de Mame Coumba Lamb n'a pas dérogé à la règle. Les Rufisquois sont sortis dans les rues pour manifester pacifiquement contre le recul démocratique. Dans les quartiers de Keury Kao à Keury Souf, en passant par Guendel, les populations sont sorties en masse pour crier leur ras-le-bol contre le régime, avec des tam-tams et des casseroles en plus du concert de klaxons des motos et des véhicules.
Concert des commerçants du marché Sandaga
Les commerçants du marché Sandaga ne sont pas en reste. Ils ont aussi manifesté à leur manière leur déception à l’endroit du pouvoir actuel par des sifflets. D’habitude, ils quittent avant 20h le marché, mais hier, des commerçants du marché Sandaga ont attendu l’heure fixée pour le concert de casseroles pour exprimer leur colère.
Des aviculteurs protestent contre la hausse du prix de l’aliment
Des acteurs de la filière avicole ont marché mercredi à Thiès, à l’appel de l’Association des aviculteurs du Sénégal (AAVIS), pour protester contre la hausse constante du prix de l’aliment de bétail devenu presque introuvable sur le marché local. Sous la protection d’un important cordon policier, les protestataires sont partis du foirail à moutons des HLM, route de Dakar, pour la gouvernance de la capitale du Rail, en passant par l’avenue Caen, devant l’hôtel de ville, la mairie, la préfecture et le marché central. «L’aliment est cher ! La qualité est mauvaise ! » reprenaient-ils en chœur tout au long de leur trajet. L’aliment pour poules pondeuses qui coûtait entre 12 400 et 12 600 FCFA il y a quelque temps, est désormais à 16 500 francs et est même devenu introuvable, souligne Mamadou Niang, membre de l’AAVIS. L’aliment pour poulet de chair est passé de 14 500 à 21 000 FCFA et il est tout aussi invisible, a-t-il dit à l’Aps. Les aviculteurs relèvent aussi la baisse de la qualité de l’aliment de volaille tout comme celle des poussins qui, disent-ils, enregistrent maintenant un taux de mortalité élevé. Ils appellent l’Etat à venir en aide aux aviculteurs, pour ne pas laisser mourir cette filière dont les acteurs sont estimés à environ 60 000, dont Thiès concentre à peu près la moitié. Pour Papa Ali Diallo, porte-parole de l’AAVIS, «la situation est catastrophique» avec «pratiquement le tiers des aviculteurs [qui] ont abandonné» la filière.
Khalifa Sall met en garde les nervis
Le coordonnateur de la conférence des leaders de Yewwi Askan Wi (Yaw) a dénoncé hier l’agression d’étudiants de l’Ucad par des nervis dans le campus social. Khalifa Sall et Cie alertent les nervis pour leur dire que tout ce qui leur arrivera sera de leur faute. Il prévient qu’ils n’accepteront pas que des gens soient payés pour agresser d’honnêtes citoyens et cela ne peut plus continuer. Khalifa Sall a saisi également l’occasion pour inviter les forces de défense et de sécurité à jouer leur rôle de défense des populations et du pays et d’éviter de prendre partie. A l’en croire, personne n’a le droit de braquer les forces de défense et de sécurité contre le peuple qu’elles sont censées défendre. Les leaders de Yewwi Askan wi seront mardi prochain à Ziguinchor pour apporter leur soutien à Guy Marius Sagna et ses codétenus. Khalifa Sall a annoncé à la sortie de la réunion des leaders qu’ils comptent mener le combat jusqu’au bout.
Gestion des inondations à Thiès
Le maire de Thiès a lancé hier les travaux de curage en cette période de pré-hivernage pour réduire les impacts des inondations. Il s’agit du curage des avaloirs, des canaux et des caniveaux afin de gérer convenablement les inondations, même si Dr Babacar Diop est conscient que cela ne réglera pas tout le problème. L’édile de Thiès annonce aussi l'achat d'une dizaine de motopompes pour soulager les populations vivant dans les zones inondables. Selon lui, tous les services de l'État avaient donné leur accord, lors d'un atelier, pour que les travaux soient faits à temps par l'Onas. Mais la réalité, constate Dr Diop, c’est qu’il y a un réel problème de fonds pour une bonne gestion des inondations, car les mairies ont des problèmes pour prendre en charge les travaux qui permettraient de résoudre le problème des inondations. A l’en croire, ce n'est pas avec un budget de 1,8 milliard Fcfa dont les 700 millions Fcfa sont constitués de dettes qu'on réalisera des travaux. L’édile de Thiès pense qu'il faut nécessairement l'intervention de l'État central.
Le fait divers ne doit pas être laissé à des «mains inexpertes»
Le fait divers est un genre journalistique requérant du sérieux et dont le traitement ne devrait pas être laissé à des mains inexpertes, a dit mercredi le journaliste et chroniqueur judiciaire Daouda Mine. «Le fait divers est quelque chose de sérieux à ne pas laisser aux mains inexpertes», a-t-il dit lors d’une rencontre portant sur «le traitement médiatique des faits divers». Cette rencontre se tient dans le cadre des «cas d’école du Cored» (Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie) dans les médias. D’après l’ «Aps», le Cored explique que l’objectif visé à travers ces rencontres périodiques «est de partir d’exemples concrets où la presse a failli en termes d’éthique et de déontologie pour sensibiliser le monde des médias sur les bonnes pratiques à adopter à l’avenir». Le fait divers, jadis réservé à la presse écrite, est de plus en plus présent dans les supports de diffusion audiovisuels, suivant "un glissement" constaté depuis quelques années, a fait observer Daouda Mine. Les rubriques dans lesquelles ces sujets sont traités relatent souvent des faits tragiques, comme des accidents, des meurtres, des vols ou des scandales, rappelle Daouda Mine, par ailleurs président de la commission de distribution de la carte nationale de presse. Il note que le traitement des faits divers «impose le devoir de s’initier au langage de la justice», afin de mieux maîtriser les concepts employés. Il faisait allusion à l’usage souvent inapproprié de certains mots comme assassinat, vol, enlèvement, meurtre, homicide, escroquerie ou abus de confiance.
LE SÉNÉGAL DANS UN CIRQUE POLITIQUE
Il est de ces histoires qui engendrent souvent d’autres histoires. Et l’on ne peut comprendre la marche d’un pays en ignorant les étapes indélébiles qui, à un moment donné, ont pesé dans son évolution.
Il est de ces histoires qui engendrent souvent d’autres histoires. Et l’on ne peut comprendre la marche d’un pays en ignorant les étapes indélébiles qui, à un moment donné, ont pesé dans son évolution. Le Sénégal vit des moments incertains, il faut bien le reconnaître, avec une tension politique évidente. Mais il faudra bien se garder des formules ou formulation d’usage « sans précédent », « unique », « inédit »… Parce qu’à rouvrir les pages du passé, l’on se rend compte qu’on n’est pas loin de cette actualité chaude. Le 23 juin.
C’était un jeudi noir en 2011. Ce 23 juin est aussi un jeudi tout court. La date et le mois, mais surtout la charge de ce repère, suffisent à ne pas préciser l’année. Mais 2011, ressemble bien à 2021 et 2022. A certains égards. Ce 23 juin 2022 sera célébré, chacun à sa manière. Apparemment, l’ambiance n’est pas à la fête, aussi bien dans la majorité que dans l’opposition. Et pourtant, ces dernières années, l’on a assisté à des célébrations parallèles, sur fond de guerre arithmétique des mobilisations. Il est, en revanche, clair que le 23 juin a, même si la date reste historique, quelque peu perdu de sa superbe.
En effet, les acteurs politiques et de la société civile, au sens général du terme, ont changé de camp, de veste aussi. La classe politique et les activistes se sont renouvelés. La preuve que tout est question de contexte et d’animateurs. Mais on ne peut non plus occulter justement le fait que d’autres événements, autant ou plus important, ont effacé le 23 juin. 10 ans après, mars 2021 est entré dans le calendrier politique comme le 23 juin 2011. Mois symbolique qui a mis le pays- et le régime en place- sens dessus dessous. Si une tentative de révision constitutionnelle avait failli emporté Abdoulaye Wade avant l’heure… de la Présidentielle, la terre a tremblé-Macky Sall aussi- avec cette histoire de viol présumé ayant abouti à l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko.
Ce 23 juin 2011, un jeudi… moins noir que ce mars 2021 qui a occasionné 13 morts, les manifestants devant l’Assemblée nationale contre un projet de loi portant instauration d’un ticket Président/Vice-président ont failli marché sur le palais. Le feu, comme celui qui se propageait sur les toits de la bâtisse de la Place Soweto, est vite éteint. Mais pas la flamme pour le départ du prédécesseur de Macky Sall.
M23 et M2D
Le 23 juin a été poussé par un contexte favorable à la fragilisation du pouvoir politique. Une révolution « loin d’être spontanée », comme en témoignent les acteurs dans un ouvrage collectif intitulé M23, chronique d’une révolution citoyenne paru aux Editions de la brousse en 2014. Pour le comprendre, il faut remonter aux premiers cris de ce bébé. Dans la partie « Naissance et évolution d’un mouvement révolutionnaire citoyen au 3e millénaire », Alla Dieng et Mamadou Mbodj expliquent cette longue gésine avant la naissance du M23.
C’est d’abord des organisations syndicales et de la société civile qui ont porté la Casc (Cadre de concertation et d’action de la société civile) en guise de casque de protection, comme elles le soulignent elles-mêmes. Et c’était déjà le 4 mai 2010, un an avant le 23 juin. Il était question de combattre les lois scélérates, l’impunité, la mal gouvernance, entre autres. Chemin faisant, vient l’adoption, en Conseil des ministres, du projet de loi n° 13-2011 portant ticket Président/Vice-président éligible en un tour par 25% seulement des suffrages exprimés, le 16 juin 2011. Un texte qui conforte le Casc, renforcé par d’autres structures. C’est le compte à rebours pour barrer la route à un projet envoyé en procédure d’urgence. Le Mouvement des forces vives de la Nation (M23) est né à la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho) dirigée à l’époque par Alioune Tine.
Un sur-place démocratique
Une mobilisation continue qui commence à déranger le pouvoir de Wade, qui n’a pris la mesure de la détermination des acteurs qu’après les résolutions de Daniel Brothier, le 22 juin. Les arrestations des membres de Y en a marre et les violences qu’ils ont subies ont lancé les hostilités qui ont poussé Wade à finalement « autoriser à la fois les manifestations ‘’pour’’(celles des militants du parti au pouvoir) et celles ‘’contre’’ contestant le projet de loi ». Les manifestations et contre manifestations de Yewwi askan wi aujourd’hui et de Benno bokk yaakaar aujourd’hui sont révélatrices du sur-place démocratique. Le M2D (Mouvement pour la défense de la démocratie), né aussitôt après l’arrestation de Sonko, a pourtant épousé quelques principes du Mouvement du 23 juin. Mais l’enchaînement des événements en a fait un mort-né.