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19 juin 2025
ME BACRE WALY NDIAYE ÉLU AU COMITÉ DES DROITS DE L’HOMME
L’avocat et juriste sénégalais, actuel Président de la Commission d’enquête de l’Organisation des nations unies (Onu) sur le Kassaï, en République démocratique du Congo (RDC), Bacre Waly Ndiaye a été élu au comité des droits de l’homme de l’ONU
L’avocat et juriste sénégalais, actuel Président de la Commission d’enquête de l’Organisation des nations unies (Onu) sur le Kassaï, en République démocratique du Congo (RDC), Bacre Waly Ndiaye a été élu au comité des droits de l’homme de l’ONU, avec brio, selon une source diplomatique.
Nommé par l’ancien Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, au poste de Représentant spécial adjoint pour la République démocratique du Congo, M. Bacre Waly Ndiaye, du Sénégal vient de gravir un nouvel échelon dans le système onusien. Le Comité des droits de l’Homme est un organe de surveillance du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, responsable du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et ses protocoles facultatifs. Il est composé d’experts indépendants qui supervisent l’application du Pacte international relatif aux droits civils et politiques par les États parties.
Il a pour but de promouvoir l’exercice des droits civils et politiques et de susciter ainsi de nombreux changements dans la législation, les politiques et les pratiques. Ce faisant, il permet d’améliorer la vie des populations dans toutes les régions du monde. Il continue de veiller à ce que tous les droits civils et politiques garantis par le Pacte puissent être exercés pleinement et sans discrimination par tous.
Me Ndiaye était de 1998 à 2006, le Directeur du Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à New York, après avoir été Directeur de la Division des procédures relatives aux droits de l’homme au sein du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à Genève. Il a participé à de nombreuses missions sur le terrain, notamment en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest, et a participé activement aux travaux des cellules de mission intégrées et à la planification des opérations de maintien de la paix de l’ONU. Entre 1992 et 1998, il a été le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires.
En tant qu’avocat professionnel, M. Ndiaye a une longue expérience dans le domaine des droits de l’homme. Dans le cadre de son mandat de Rapporteur spécial, il a participé à des missions en Yougoslavie (1992), notamment pour la Commission internationale d’enquête sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité ; au Rwanda (1993) et en Papouasie-Nouvelle-Guinée (1995). Il a également élaboré des rapports relatifs aux missions au Pérou (1994), en Colombie (1996), en Indonésie, au Timor-Leste et au Burundi (1995), en République démocratique du Congo et au Sri Lanka (1997).
Pour ce qui concerne l’élection en tant que tel
Élus
Pays-Bas 132
France 107
Sénégal 101
Serbie 100
Japon 98
Azerbaidjan 94
USA 89
Costa Rica 88
Selon le quotidien national, Le Soleil, plus de 200 personnes ont été interpellées, hier, lors de la manifestation interdite de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW). Parmi elles, figurent en bonne place des leaders de l’opposition comme le mandataire de YAW
Selon le quotidien national, Le Soleil, plus de 200 personnes ont été interpellées, hier, lors de la manifestation interdite de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW). Parmi elles, figurent en bonne place des leaders de l’opposition comme le mandataire national de YAW, Déthié Fall, ou encore le maire de la Ville de Guédiawaye, Ahmed Aïdara.
Rien que dans la région de Dakar, informe la source, ce sont 124 personnes qui ont été arrêtées, à Ziguinchor, une cinquantaine. Il faut dire que dans la capitale, les arrestations se sont accentuées dans les zones où il y avait beaucoup plus d’affrontements entre policiers et manifestants.
DAKAR, HÔTE DE LA CONFÉRENCE B. CREATIVE WEST AFRICA
Dakar accueille depuis vendredi la Conférence internationale B. creative West Africa, qui se tient ainsi pour la première fois en Afrique.
Dakar, 18 juin (APS) – Dakar accueille depuis vendredi la Conférence internationale B. creative West Africa, qui se tient ainsi pour la première fois en Afrique.
‘’Enracinement et ouverture’’ est le thème de cette rencontre organisée par Kedge Arts School, l’Institut de management des industries créatives, B.creative et l’Institut des métiers du management et de l’innovation (IMMI), filiale de BEM Dakar.
‘’C’est la première fois’’ qu’un tel évènement, qui s’est tenu par deux fois en Asie et autant de fois en Europe, ‘’est organisé en Afrique, a rappelé le responsable de B-créative, Philippe Kern.
Les initiateurs précisent que cette conférence ‘’concerne tous les entrepreneurs et acteurs des secteurs des arts visuels et patrimoine du spectacle vivant, les industries culturelles’’, entre autres.
B.créative est une ‘’initiative du Parlement européen’’ qui date de 2016, a rappelé son responsable, Philippe Kern. ‘’Son objectif est de mettre en réseau les entrepreneurs culturels et créatifs dans le monde entier ‘’, a-t-il précisé.
L’idée consiste, dit-il, à ‘’voir comment en tant qu’entrepreneur culturel et créatif, vous pouvez contribuer au développement économique et social du Sénégal, mais également en Afrique de l’Ouest, en général’’, a-t-il expliqué.
‘’Pendant longtemps, on a eu des biennales à l’extérieur. On avait constaté que nos artistes avaient de la peine à percer sur le marché international, à être dans les grandes manifestations internationales’’, a relevé quant à lui le directeur artistique de la 14ème édition de la Biennale de l’art africain contemporain (2022), El Hadji Malick Ndiaye.
Il a souligné que cette biennale est une opportunité pour les artistes, les entrepreneurs du monde de l’art. ‘’On a des galeries, on a des commissaires d’exposition, des conservateurs, des critiques, des collecteurs, entre autres. Tous ces acteurs sont présents pendant les exposions’’, a-t-il fait valoir.
LA SUPPRESSION DE LA DOT FAIT DÉBAT DANS LA SOCIÉTÉ GABONAISE
La Fédération nationale des syndicats de la culture plaide pour la suppression de la dot au Gabon car celle-ci devient de plus en plus chère. Les familles donnent l’impression que la dot devient une « vente » de la future mariée
La Fédération nationale des syndicats de la culture et des arts a récemment jeté un pavé dans la mare via les réseaux sociaux. Elle plaide pour la suppression de la dot au Gabon car celle-ci devient de plus en plus chère. Les familles demandent trop de présents, donnant l’impression que la dot devient une « vente » de la future mariée. Une proposition loin de faire l'unanimité dans la société gabonaise.
La riposte des Gabonais est massive. Pas question de supprimer la dot qui fait partie des us et coutumes du pays. Martine Moutsinga attend le taxi au rond-point de la démocratie avec sa fille de 13 ans. Elle ne veut même pas entendre parler de l’abolition de la dot : « Quand je regarde ma fille et ce qu’il me donne comme argent pour l’élever, pour l’envoyer à l’école… Son mari doit m’honorer. Il faut que les parents mangent », témoigne-t-elle.
Ouvrier dans le bâtiment, Claude Bounda vient de se marier à la coutume. Il garde un souvenir amer de la dot : « La manière dont j’ai vécu ça, ça a même diminué l’affection que j’ai pour (ma femme). C’est comme si j’achetais ma femme. Moi, j’ai même acheté le groupe électrogène ».
« C’est Africain, nous sommes Africains »
Depuis que le sujet a surgi sur les réseaux sociaux, la question de la dot passionne les Gabonais : « Mon enfant ne peut pas être un cadeau », avance un habitant de Libreville. « Jamais, jamais », réagit un autre. « Nos aïeuls ont commencé par la dot. C’est Africain, nous sommes Africains », « celui ou celle qui a donné cette loi n’a pas été dotée », « on ne peut pas baisser la dot, on doit doter les femmes », estiment d’autres.
Le corps calciné d’un adolescent a été retrouvé vendredi à Colobane vers la Mosquée Massalikoul Djinane, a-t-on appris de la Croix-Rouge sénégalaise qui déclare ignorer si le décès est lié aux échauffourées survenus le même jour à Dakar.
Le corps calciné d’un adolescent a été retrouvé vendredi à Colobane vers la Mosquée Massalikoul Djinane, a-t-on appris de la Croix-Rouge sénégalaise qui déclare ignorer si le décès est lié aux échauffourées survenus le même jour à Dakar.
« Nous avons récupéré le corps sans vie d’un adolescent carbonisé dans un habitat de fortune. On ignore les causes de l’incendie’’, a expliqué Nfally Sadio, le Chef du Service communication et marketing de la Croix-Rouge sénégalaise, dans un entretien téléphonique à l’APS.
Il a précisé que la Croix-Rouge sénégalaise avait mobilisé 50 volontaires du comité départemental de Dakar, deux superviseurs nationaux, deux chauffeurs et deux voitures.
La coalition YAW, dirigée par les opposants Khalifa Sall et Ousmane Sonko, et son allié Wallu Sénégal, avaient prévu de tenir des rassemblements en guise de protestation contre l’invalidation de l’une des listes de candidature, en dépit de leur interdiction par les autorités administratives.
Sadio a déclaré que les volontaires de la Croix-Rouge sénégalaise déployés sur le terrain ont interrogé des témoins qui n’ont pas été en mesure de dire si l’incendie de la hutte où se trouvait la victime est lié aux échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre.
Le corps de la victime a été transporté au commissariat de police des HLM qui a ouvert une enquête pour déterminer les causes réelles du décès de l’adolescent, a-t-il fait savoir. Il a ajouté que les éléments des sapeurs-pompiers l’ont ensuite acheminé à l’hôpital Principal de Dakar.
Au total, 12 victimes ont été enregistrées par l’équipe déployée sur le terrain par la Croix-Rouge sénégalaise, a-t-il dit, citant un corps sans vie brûlé, deux blessés par objet tranchant, huit personnes souffrant de troubles de la respiration et un saignement vaginal.
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CENTRAFRIQUE, LE SOFT POWER RUSSE
En profitant de la perte d’influence de la France dans cette ancienne colonie, la Russie s’impose dans ce pays régulièrement en proie aux conflits. Rencontre avec des Centrafricains qui soutiennent les Russes et les victimes de leurs exactions
Grâce à la société Wagner, une armée secrète de mercenaires au service du Kremlin, elle protège le régime de Faustin-Archange Touadéra en échange de ressources minières.
En profitant de la perte d’influence de la France dans cette ancienne colonie, la Russie sous couvert d’apporter une stabilité, s’impose dans ce pays régulièrement en proie aux conflits. Nos reporters ont rencontré des Centrafricains qui soutiennent les Russes, mais aussi les victimes de leurs exactions qui, elles, témoignent à visage caché.
SONKO LANCE UN ULTIMATUM À MACKY
Le leader de Pastef a lancé ce qu'il a appelé un "ultimatum" au président, le sommant de libérer les personnalités arrêtées au cours d'une journée de heurts qui a fait trois morts selon de nouvelles informations
La capitale Dakar et la Casamance (sud) ont été vendredi le théâtre d'affrontements quand des jeunes ont défié l'interdiction de se rassembler pour protester contre l'invalidation d'une liste nationale de candidats de l'opposition aux législatives du 31 juillet. Les médias et l'opposition ont rapporté un troisième décès, un conducteur de taxi atteint par balle à Ziguinchor, en Casamance, alors qu'il ne prenait pas part aux heurts selon eux.
Trois figures de l'opposition, Déthié Fall, Ahmet Aidara et Mame Diarra Fame, ont été arrêtées. Ousmane Sonko quant à lui, ainsi que le maire de Dakar Barthélémy Dias, autre ardent pourfendeur du président Sall, ont été bloqués chez eux par les forces de sécurité. "Monsieur Macky Sall, nous vous donnons un ultimatum (intimant de) libérer tous les otages politiques qui sont entre vos mains ; au-delà, nous viendrons chercher ces otages politiques, coûte ce que cela devra coûter", a dit M. Sonko dans un message publié sur sa page Facebook dans la nuit de vendredi à samedi.
M. Sonko a accusé M. Sall d'être "un président assassin : après avoir assassiné 14 personnes lors des évènements de février-mars 2021, le voilà qui ajoute trois autres victimes à son répertoire en juin 2022", a-t-il dit, faisant référence aux émeutes qui ont secoué le Sénégal l'an dernier. Il a une nouvelle fois dénoncé "l'obsession" qu'il prête au président de briguer un troisième mandat en 2024.
M. Sall entretient le flou sur ce sujet. M. Sonko, troisième de la présidentielle en 2019, est lui-même candidat à celle de 2024. M. Sonko a de nouveau martelé un discours souverainiste et africaniste et accusé M. Sall d'être à la solde d'intérêts personnels et étrangers. Il a demandé que la France, ancienne puissance coloniale avec laquelle le Sénégal conserve des relations fortes, reste "en dehors de nos affaires".
Les différentes autorités sont restées jusqu'alors silencieuses sur les évènements.
MAMADOU GUÈYE «PABI» ET MOUHAMED SÈNE JOUENT LE MATCH
BASKET La finale de la 47e édition de la Coupe Saint Michel se joue cet après-midi entre l’As Douanes et la Jeanne d’Arc de Dakar, au stadium Marius Ndiaye
La finale de la 47e édition de la Coupe Saint Michel opposera cet après-midi, l’As Douanes à la Jeanne d’Arc de Dakar, au stadium Marius Ndiaye. A la veille de ce duel très attendu par la famille de la balle orange, les deux coaches reviennent sur l’enjeu de cette première finale de la saison.
La finale de la 47e édition de la Coupe Saint Michel se joue cet après-midi entre l’As Douanes et la Jeanne d’Arc de Dakar, au stadium Marius Ndiaye. Et cela, deux ans après la dernière édition pour cause de pandémie du Covid-19. Un duel très attendu entre deux formations qui ont réalisé un joli parcours dans cette compétition.
Respectivement vainqueurs du Dakar université club (Duc) et de l’Us Ouakam, les deux équipes espèrent terminer en beauté en remportant leur premier trophée de la saison. Une opposition entre une équipe expérimentée des «Gabelous» habituée à ce genre de rendez-vous ces dernières années, face à une jeunesse de la «Vieille Dame» séduisante et pleine de ressources. Suffisant pour donner un cachet spécial à ce qui s’annonce comme une revanche de la finale de la Coupe nationale, remportée l’année dernière par les Gabelous. Même si le coach de la Jeanne d’Arc parle, en conférence de presse d’avant match, d’une compétition différente. «On ne peut pas parler de revanche. Il s’agit d’une nouvelle compétition. Ce ne sont quasiment pas les mêmes acteurs», a tenu à préciser Mouhamed Sène, pour qui cette finale aura forcément une saveur particulière.
En plus des liens du club avec la Coupe Saint Michel, le technicien sénégalais a participé à la dernière finale disputée par la «Vieille Dame» il y a 19 ans, alors qu’il était capitaine de l’équipe. «Naturellement, cette finale aura une saveur particulière pour moi. Ce sera ma première finale, après 7 ans passés sur le banc de cette équipe en D1. C’est un challenge de gagner cette coupe. Et cette même envie, les joueurs l’ont. On joue une finale pour la gagner, pas simplement pour la fête», a indiqué le coach de la Ja, très respectueux de l’adversaire. Considéré comme le favori de la finale, du côté de l’As Douanes, l’on s’attend à un match difficile. «On prépare ce match dans un bon état d’esprit. On sait que ce ne sera pas facile. Ce n’était pas évident d’arriver jusqu’à ce niveau avec les joueurs qu’on a perdus en début de saison. Je m’attends à un match plaisant face à une jeune équipe dynamique de la Ja», a confié Mamadou Guèye «Pabi». Auteur d’un excellent match contre les Etudiants du Duc, les Gabelous espèrent réaliser la même performance «pour mieux aborder la suite de la saison».
Feu Abdoulaye Sèye Moreau en parrain
A noter que la 47e édition de la Coupe Saint Michel aura comme parrain feu Abdoulaye Sèye Moreau, décédé en juin 2020 à l’âge de 90 ans. Ancien président de la Fiba Monde et président honoraire de Fiba Afrique, Abdoulaye Sèye Moreau a aussi été président de la Fédération sénégalaise de basket. Une manière, selon le Secrétaire général de la Ligue de Dakar, Cheikh Oumar Foutiyou Diop, de rendre un hommage à cette légende du basket mondial. Au-delà de l’ancien dirigeant, la Ligue de Dakar et le Comité d’organisation de la Coupe Saint Michel ont aussi tenu à rendre un hommage au Directeur technique national, Moustapha Gaye, ancien joueur de la Jeanne d’Arc, en le choisissant comme parrain de la finale. Au chapitre des innovations, il sera désigné, à l’issue de la finale, le 5 majeur. La finale est prévue à 18 heures, après la prestation des majorettes de Saint Michel.
LES SENEGALAIS, PAS DE GRANDS ACHETEURS
La Biennale d’art contemporain de Dakar bat son plein. Durant ces quelques semaines, l’art aura été célébré de moult façons. Il aura été au centre des festivités et de nombreux artistes ont pu vendre leurs œuvres.
Dans un Sénégal où émerge de plus en plus une classe moyenne désireuse de s’entourer de beaux objets, le marché de l’art prend l’ascenseur sans nul doute. Mais ce regain d’intérêt pour l’art ne profite pas toujours aux artistes. La prolifération des intermédiaires, les pesanteurs culturelles, sont encore des freins à l’épanouissement économique des artistes.
La Biennale d’art contemporain de Dakar bat son plein. Durant ces quelques semaines, l’art aura été célébré de moult façons. Il aura été au centre des festivités et de nombreux artistes ont pu vendre leurs œuvres. Dans un Sénégal où émerge de plus en plus une classe moyenne désireuse de s’entourer de beaux objets, le marché de l’art prend l’ascenseur sans nul doute. Et Dakar devient une place de choix où les grandes galeries s’installent. Cécile Fakhoury, Océane Haraty, Selebe Yoon, voilà quelques enseignes qui sont apparues dans la capitale sénégalaise ces dernières années. «Notre clientèle est d’abord basée à l’étranger mais depuis trois ans, la part de nos collectionneurs sénégalais augmente régulièrement. Et ce sont des collectionneurs qui ont entre 30 et 55 ans, avec une culture artistique et la conscience qu’en achetant, ils aident un artiste à développer sa pratique et participent à faire du Sénégal une Patrie de culture», explique Delphine Lopez, qui dirige la galerie Cécile Fakhoury de Dakar. Cette nouvelle catégorie de Sénégalais n’hésite pas à débourser des sommes conséquentes pour s’assurer que de belles choses les entourent. Mohamed Lamine Cissé a souvent eu l’occasion de constater cette tendance. «Ma première exposition à 0H Gallery, c’était avec 10 artistes camerounais et on s’était mis d’accord avec Océane (Océane Harati, propriétaire de OH Galery), qu’on ferait un mélange et inviterait aussi bien des collectionneurs bien assis que des jeunes. On a été très agréablement surpris de voir à quel point les jeunes étaient intéressés. Et on avait décidé d’exposer des petits formats faciles à acheter. Les grands patrons achètent sans problème un tableau à 6 ou 7 millions. Mais quelqu’un de mon âge (les trentenaires) craque sur une photo à 900 mille et on s’est mis d’accord pour faire des moratoires. Il est plus simple de sortir 4 fois 200 mille que de sortir d’un coup 800 mille. En faisant ça, je vais fidéliser des collectionneurs de mon âge qui vont continuer à collectionner avec moi», raconte Mohamed Lamine Cissé. A ses yeux, c’est la société sénégalaise elle-même qui est en train de transformer son regard sur l’art. «Il y a aujourd’hui des gens qui m’appellent pour me dire : «J’ai quelques jours de libre devant moi. Qu’est-ce que tu me conseilles comme expo à faire.» Il y a 4, 5 ans, personne ne me demandait ça. Ce n’était pas dans la façon de faire des Sénégalais», témoigne M. Cissé. Cette tendance est sans doute un effet de la professionnalisation du métier de galeriste, estime Mme Lopez. Ces galeries structurées, avec des programmes d’exposition, ne sont plus seulement des lieux de vente. «La galerie vend au nom de l’artiste mais elle méne en coulisse tout un travail de développement de la carrière de cet artiste, en le mettant en contact avec des commissaires d’expositions, en le faisant dialoguer avec des critiques d’art, en l’aidant à trouver des lieux de résidence pour expérimenter de nouvelles recherches. La galerie n’est pas seulement un lieu de vente mais fait un travail d’accompagnement de l’artiste et tout cela, elle le fait en se finançant sur les ventes de l’artiste», précise Mme Lopez.
Pas de grands acheteurs
Si dans les normes, ce regain d’intérêt pour l’art devrait profiter aux artistes, ce n’est pas toujours le cas. Déjà, la prolifération des intermédiaires fait que beaucoup d’artistes ne profitent pas pleinement des ressources de leur art. «Ils ne vendent pas, sinon peu. Plus grave, le marché national de l’art est étroit et la seule alternative c’est l’international ; or il n’y a pas de politique d’accompagnement de nos créateurs en ce sens», constate l’artiste peintre Moussa Ndiaye. Mais, selon le critique d’art Massamba Mbaye, c’est aussi parfois que beaucoup d’artistes ne sont pas dans des relations «d’argent». Beaucoup de grands maîtres sont morts dans l’indigence et selon ce spécialiste, c’est bien parce que dans leurs rapports avec les autres, ils ne privilégiaient pas le gain. «Ils sont des créatifs, ils n’investissent pas. Même si certains ont eu le temps d’avoir une famille à l’abri, une maison», ajoute-t-il.
Autre frein à l’épanouissement des artistes, les Sénégalais n’ont pas toujours été de grands acheteurs. «Il n’y a pas une culture d’achat d’œuvres d’art mais il faudrait peut-être faire comprendre aux gens que ces œuvres, dix ans après, leur valeur augmente.» Pince-sans-rire, Massamba Mbaye ironise en disant «qu’avant d’acheter une toile, il faut acheter un beau salon, une télévision, etc.». Mais l’art reste inaccessible à une majorité de la population. On est loin des près de 90 millions obtenus par l’œuvre de Pape Ibra Tall sur une toile qu’il avait offerte à Duke Ellington. Pour l’heure, dans les galeries sénégalaises, ils sont encore trop peu les artistes, vieux ou jeunes, qui se vendent bien. Mais parmi les favoris dans la jeune génération, Serigne Ibrahima Dièye, Kassou Seydou, Badu Jaak, Cheikh Ndiaye et le photographe Ibrahima Thiam. Massamba Mbaye ajoute que dans la nouvelle génération d’artistes, certains ont vendu particulièrement bien. Il cite notamment Arebenor Bassène et Mbaye Babacar Diouf (qui viennent d’être primés par la Biennale). Et pour les années à venir, nul doute que les graffeurs exploiteront à fond la filière Nft pour s’inscrire dans ce sillage.
La loi des 1% renait de ses cendres
Du temps du Président Senghor, chaque bâtiment qui sortait de terre intégrait, dans sa conception, des œuvres d’art. La loi 68/07 du 4 janvier 1968 était passée par là. Appelée communément loi des 1%, cette disposition, relative à la décoration des bâtiments publics recevant du public, préconisait que 1% du coût du bâtiment soit consacré à des aménagements artistiques. Abandonnée après l’arrivée de Diouf au pouvoir et la mise en œuvre des ajustements structurels, cette loi avait refait surface au moment de la Présidence Wade, avec le saupoudrage de quelques œuvres d’art sur les différents édifices réalisés pour l’organisation du Sommet de l’Oci. Même si l’espoir fut bref et que rien ne permet de dire qu’il s’agissait bien du 1% du coût des infrastructures. En tout état de cause, l’optimisme peut être de mise avec le travail de l’artiste et architecte, Malick Mbow, au siège de la Cour des comptes. Ce «bâtiment culturel», comme le qualifie son concepteur, étrenne une belle fresque dans son hall, ainsi qu’un magnifique «Arbre à palabres», une œuvre d’art qui s’appuie sur deux piliers du cône inversé du siège de l’institution.
L’ART SANS RECETTE
Au pays de Senghor, protecteur des arts par excellence, l’art ne nourrit plus son homme.
Dakar est la capitale de l’art contemporain africain pour encore quelques jours. Et la ville continue de vivre au rythme des vernissages et performances artistiques. Pourtant, cette effervescence traduit très peu l’état d’un secteur qui souffre du regard que le commun des Sénégalais lui porte. A l’exception de quelques rares élus, très peu d’artistes arrivent à vendre régulièrement leurs œuvres. Au pays de Senghor, protecteur des arts par excellence, l’art ne nourrit plus son homme.
La pièce tient à la fois du bureau et du musée personnel. Partout où le regard se pose, une œuvre d’art est accrochée, une statuette est exposée. Dans l’antre du collectionneur Bara Diokhané, les noms des artistes sénégalais défilent comme une farandole. El Sy, Zulu Mbaye, Makhone Diop, Jacob Yacouba, Ibrahima Kébé, Baye Mballo Kébé et tant d’autres.
Tous les grands noms de la peinture sénégalaise contemporaine sont représentés. Mais le maître des lieux, membre éminent de la famille judiciaire, a un attrait particulier pour un de ces artistes. Bara Diokhané enchaîne les anecdotes sur Mor Faye, ce jeune artiste prématurément arraché à l’affection des siens à l’âge de 37 ans. Parmi les plus doués de son époque, Mor Faye participe, à 19 ans à peine, au Festival mondial des arts nègres, en 1966. A la mort de l’artiste, M. Diokhané découvre que les œuvres de l’artiste risquent de disparaître ou d’être tout bonnement jetées par la famille du peintre à Niayes Thioker. M. Diokhané décide alors d’organiser une exposition à l’ancienne Galerie 39. «Historiquement, je pense que c’est à partir de cette exposition de 1991 qu’on a pu remarquer la naissance de nouvelles galeries à Dakar», constate-t-il. C’est aussi au cours de cette exposition que plusieurs personnalités de premiers plans vont acheter leur première œuvre d’art. S’ouvre alors un nouvel univers pour les artistes peintres de cette époque où l’art était encore cette occupation marginale que seuls choisissent les «ratés» de la vie.
L’exposition à la Galerie 39
Des décennies après, la situation a évolué. Les artistes sont toujours plus talentueux, quelques amateurs se font une joie de collectionner leurs œuvres et de nouvelles galeries voient le jour un peu partout. Mais faut-il pour autant parler d’un marché de l’art au Sénégal ? Les réponses divergent. Commissaire d’exposition et consultant en art, Mohamed Amine Cissé estime que oui. «Si on part du principe qu’un marché c’est un produit donné, avec quelqu’un qui offre ce produit et quelqu’un qui veut l’acheter, alors oui, il y a un marché de l’art. Il y a beaucoup d’artistes contemporains et en face des gens qui achètent. Après, ce n’est pas un marché structuré, c’est un marché qui n’est pas encore mature, qui se développe petit à petit», souligne-t-il.
Pour le critique d’art, Aliou Ndiaye, au contraire, on ne peut pas parler d’un marché de l’art puisque les préalables, un milieu artistique bien organisé, des galeries qui exposent en permanence et qui ont une identité réelle, sont absents. Ce que conforte Dr Babacar Mbaye Diop, professeur assimilé au Département de philosophie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et directeur de l’Institut supérieur des arts et des cultures (Isac). «Un véritable marché de l’art suppose un cadre juridique avec des lois qui encadrent ce marché, l’expertise avec des antiquaires, des courtiers, des consultants, des commissaires d’exposition, commissaires-priseurs, des marchands d’art, des galeristes, des critiques d’art, etc., et la valorisation des œuvres d’art à travers des institutions commerciales, des maisons de vente, des galeries, des musées, des foires d’art, des festivals, des biennales, des revues et magazines d’art, etc. Je ne dis pas que tout cela n’existe pas au Sénégal, mais tous ces métiers qui tournent autour de l’art et du marché de l’art manquent cruellement au Sénégal», dit-il. Il faut dire que le cœur du marché mondial de l’art palpite bien loin de nos cieux.
«C’est hors du continent, et plus précisément en Occident, que se passe le vrai marché de l’art africain», souligne Dr Diop. Et d’après les chiffres, seuls 8% des collectionneurs sont en Afrique. Et le Global Africa art market report 2016, fondé par le marchand d’art Jean-Philippe Aka, estime entre 300 à 400 millions de dollars américains les investissements des collectionneurs dans l’art africain, avec des acheteurs entre l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Maroc. Parmi les plus grands acheteurs sénégalais, le nom du président du directoire du Consortium d’entreprise (Cse), Oumar Sow, revient très souvent. Considéré comme le plus grand collectionneur du pays, il s’est récemment associé à Biby Seck dans la Galerie Quatorzerohuit sur Ponty. Et certains ne doutent pas que de grands maîtres occidentaux figurent dans sa collection. «Aujourd’hui, dans le marché de l’art, c’est forcément être à Paris, New York et Londres. Ces villes sont symboliques parce que c’est là qu’on retrouve les plus grandes maisons de vente d’art contemporain», souligne Aliou Ndiaye. Il y a Drouot, Gaïa et Cornette de Saint-Cyr à Paris, Christie’s et Bonhams à Londres, Sotheby’s aux Usa, Strauss & Co à Johannesburg, etc.
La cotation, un passage obligé
L’Afrique est tout de même riche de ses artistes et évènements culturels d’envergure. La Biennale de l’art africain de Dakar, le Parcourt, les différentes biennales organisées un peu partout en Afrique, à Lubumbashi, Brazzaville, Marrakech etc., contribuent à booster un secteur artistique de plus en plus attractif et perçu désormais comme un marché où les œuvres d’art s’échangent selon des normes bien établies. «Plus on est validé par l’international, plus ça monte», indique Mohamed Cissé. Il donne ainsi l’exemple de Badu Jakk, ce jeune artiste dont la cote ne cesse de monter. «Alioune Diack, Badu Jakk de son nom d’artiste, est représenté ici par OH Gallery et en France, par Anne de Villepois, une grande galerie. Il a fait de très grandes expositions et est dans de très bonnes collections. Mais Aliou va être difficilement collectionnable par un Sénégalais. Ses toiles commencent à 10 mille euros. Il a de grands formats, c’est vrai, mais ça peut aller très vite sur 20 ou 25 millions de francs Cfa. Et pourtant, c’est un jeune de 34 ans. Mais il a été validé en Occident», dit-il. Il faut dire que ces foires et biennales qui s’organisent en Occident sont les principaux lieux de vente pour les artistes africains.
Selon Aliou Ndiaye, 50 à 60% de leurs ventes se font dans les foires d’art contemporain comme la Foire 1-54, qui est une foire d’art contemporain itinérante qui s’organise entre Paris, Londres et les Etats-Unis. Tout aussi bien coté, Soly Cissé qui a fait des expos au Grand Palais à Paris. Il a fait la Divine comédie qui a fait les 5 continents et c’est comme ça que la cote d’un artiste est fixée. Dans quelle collection il se trouve, quelle exposition il a faite, exposition-vente ou biennale. Les œuvres d’un artiste peuvent coûter 1 million le 16 mars, le 17 mars, elles sont collectionnées par le Museum of art de New York (Moma) et se vendre à 10 millions», souligne M. Cissé. «C’est un ensemble de critères. D’abord la nature des œuvres de l’artiste, le discours qui les accompagne. Il y a aussi la renommée de l’artiste, à quel point il est traité dans les médias nationaux et internationaux, les ventes, les galeries où il a signé», ajoute Aliou Ndiaye. Dans cet exercice de cotation, des noms reviennent régulièrement pour le Sénégal : Soly Cissé, Ndary Lô, Ousmane Sow, Awa Seni Camara. Mais à l’échelle africaine, les artistes les mieux cotés sont camerounais, ghanéens ou nigérians.
A l’image du Nigérian El Anatsui dont les œuvres atteignent le million de dollars ou encore Kehinde Willey qui figure dans le top 500 dressé par le rapport Artprice et qui a installé la résidence d’artiste Black Rock à Dakar. Plus près de nous, Mohamed Cissé cite les noms de Soly Cissé, Badu Jakk, Ndary Lô dont les œuvres ont déjà été vendues à 800 000 euros, Barthélemy Toguo, Ouattara Watts, Amadou Sanogo. Plus rares encore sont les femmes artistes à figurer sur ces listes. Dans un article paru sur Ashakan, Khady Gadiaga s’interroge sur la place des femmes dans l’art contemporain, tout en dénonçant «la sous-évaluation des femmes». «Les artistes vivants masculins tiennent ainsi 93% des meilleures enchères à l’échelle mondiale. Bien que les artistes soient plus nombreuses aujourd’hui et que quelques grands marchands tentent de corriger les disparités de prix, la sousévaluation féminine fait de la résistance sur la scène contemporaine. Yayoi Kusama, la plus chère de la gent féminine, est classée 34ème meilleure enchère après 33 records masculins. Par ailleurs, force est de constater que cette meilleure enchère féminine est dix fois moindre que la meilleure enchère au masculin et qu’un gap de près de 47 millions de dollars sépare le record de Koons de celui de Kusama !», constate-t-elle. Quant aux artistes qui n’ont pas encore accès à ce marché international synonyme d’opulence et de succès, ils peuvent toujours faire leurs armes parmi les galeries d’art qui s’investissent localement dans la recherche de nouvelles pépites. Même si là encore, le résultat n’est pas garanti.