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17 juin 2025
MACKY SOIGNE LE PERSONNEL DE SANTE
Entre 175 et 250 mille francs de hausse. C’est l’année des étrennes. Après les enseignants, les contrôleurs et inspecteurs du travail, les agents de l’agriculture, le gouvernement vient de sortir une grosse enveloppe pour satisfaire les agents de santé
Après les enseignants, le corps médical a bénéficié de fortes hausses de salaire. Selon les corps, certains vont obtenir des augmentations entre 175 mille et 250 mille F Cfa. C’est une manière de corriger les disparités dans le traitement des agents de l’Etat.
C’est l’année des étrennes… Après les enseignants, les contrôleurs et inspecteurs du travail, les agents de l’agriculture, entre autres, le gouvernement vient de sortir une grosse enveloppe pour satisfaire les agents de santé. Et ils vont bénéficier d’augmentations conséquentes : dès la fin de ce mois jusqu’en 2024, les salaires de ces travailleurs seront haussés de 175 mille à 250 mille F Cfa.
Ce dernier montant concerne évidemment les médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes. Il s’agit de l’octroi d’indemnités de logement, de risque santé, de représentation médicale, d’itinérant,… Autant de mesures qui vont donner le sourire à au moins 8 mille agents, qui étaient en rogne ces derniers temps. Si les négociations ont traîné dans la nuit du jeudi au vendredi, les différentes parties aux négociations sont ressorties sans cacher leurs satisfactions. «Les travailleurs de la santé sont très importants aux yeux de la société. L’Etat reconnaît bien cela. Je remercie les syndicats qui ont bien compris les efforts énormes que nous sommes en train de réaliser, explique Abdoulaye Daouda Diallo. Le Président Macky Sall a tenu à ce que tous les acteurs fassent le nécessaire afin de régler définitivement les problèmes.» Il ajoute pour définir l’échéancier : «Au cours de cette année 2022, beaucoup d’efforts seront faits, ainsi qu’en 2023, pour finir ses engagements en 2024.»
En écho, Mballo Dia Thiam, coordonnateur de And gueusseum, qui était prêt à signer le protocole d’accords dès ce jeudi, enchaîne : «Pour la question des indemnités, honnêtement il y a une augmentation, elle est passée de 15 000 à 30 000 F Cfa. Et nous avons aujourd’hui une indemnité qui a pu évoluer, il s’agit de l’indemnité d’itinérant, qui concerne les chefs de poste dans des stratégies avancées pour faire la prévention. Nous espérons que d’ici peu de temps, les autres problèmes seront examinés…»
Malgré le contexte très tendu avec le procès des sages-femmes de l’Hôpital régional de Louga, qui risquent 1 mois ferme, le ministère de la Santé et de l’action sociale avait déjà signé un protocole d’accords avec l’Alliance des syndicats autonomes de la santé (Asas) And gueusseum. Il se résumait en 17 points, notamment la signature de deux décrets et deux arrêtés organisant le secteur de la santé. Il s’agit de la régularisation de la situation administrative des techniciens supérieurs de santé et des règles d’organisation et de fonctionnement de la Fonction publique locale, la tenue des formations complémentaires des assistants infirmiers pour leur reclassement sur le plan hiérarchique, le versement des aides sociales dans les corps des assistants sociaux est aussi acté. Il en est de même de la révision de la rémunération des agents sans indemnités à la suite de leur reclassement en hiérarchie A1.
Par ailleurs, l’Alliance des syndicats de santé And gueusseum a également obtenu de la tutelle, l’enrôlement de tous les infirmiers et sages-femmes dans la loi de finance rectificative du budget 2022. La convention légifère aussi les processus de reclassement et le reversement des infirmiers brevetés, préventionnistes, assistants dentaires.
Pour le gouvernement, il s’agit d’un «effort budgétaire» supplémentaire après les dernières revalorisations. Lors du dernier Conseil des ministres, le chef de l’Etat réitérait son attachement à l’amélioration du pouvoir d’achat des agents publics, avec l’entrée en vigueur, à partir du 1er mai 2022, des revalorisations salariales exceptionnelles dans la Fonction publique, ce qui constitue un effort budgétaire spécial de 120 milliards F Cfa. C’est une manière de corriger les disparités salariales dans la Fonction publique. Les enseignants devraient ressentir, dès la fin de ce mois, la matérialisation effective des accords récemment signés avec le gouvernement.
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IMAGES D'UN RETOUR AU PAYS NATAL
Trois mois après réception des trésors culrurels rendus par la France, les autorités béninoises ont monté une exposition grandeur nature pour permettre aux Béninois de renouer avec leur histoire. Nous avons recueilli les impressions des visiteurs
Depuis le 19 février 2022, les 26 œuvres d’art volées par les troupes coloniales en 1892 et restituées, fin 2021, au Bénin sont exposées au palais de la Marina (présidence de la République du Bénin) depuis février. L’exposition intitulé «Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui : de la restitution à la révélation» se poursuit jusqu’au 22 mai prochain.
Quelques mois après la restitution de ces trésors culturels, les autorités béninoises n’ont pas tardé à monter cette expo afin de permettre aux citoyens de renouer avec une part importante de leur histoire. C’est ainsi une grande expo grandeur nature vers laquelle affluent de nombreux citoyens béninois et étrangères vivant ou en séjour dans le pays.
Depuis le vernissage, le site de l’exposition ne désempli du monde notamment les soirs de weekend. Béninois et expatriés se bousculant pour prendre leur pass pour la visite. Enfants, jeunes, et personnes du troisième âge, tous affluent vers la présidence pour assouvir leur curiosité. Experts et profanes se côtoient également dans le même dessein.
A côté de ses mythiques œuvres d’art, composés (de trônes des rois Glèlè, Ghézo encore les statues à leurs images, des récades, etc) la principale attraction, les autorités ont profité pour mettre en lumière des œuvres d’art contemporaines. Occasion de mettre un coup de projecteur sur les créateurs actuels du pays dont les œuvres sont peu ou prou mieux connues à l’étranger qu’à l’intérieure du pays.
Sur place, AfricaGlobe Tv a pu recueillir les impressions de quelques visiteurs. Presque tous expriment un sentiment de fierté de pouvoir renouer avec une partie de leur histoire, que ce soit pour la raison patrimoniale, pédagogique ou autres, ils trouvent nécessaire que ces biens culturels soeint revenus au pays.
Pour mémoire, à la demande expresse du président béninois, Paris a accepté de restituer seulement 26 des centaines d'œuvres qui avaient été volées plus d'un siècle plus tôt. Le Bénin est l'un des rares pays à pouvoir entrer en possession de quelques-unes de ses œuvres.
AMADOU BA REMET À MIMI TOURÉ PLUS DE 500 MILLE PARRAINS
Benno dans la région de Dakar vient de taper fort. Pour les parrainages aux élections législatives du 31 juillet prochain, le coordonnateur, Amadou Ba, a remis, ce vendredi 540 632 parrains à Mimi Touré. Ces signatures concernent les 5 départements
Benno dans la région de Dakar vient de taper fort. Pour les parrainages aux élections législatives du 31 juillet prochain, le coordonnateur, Amadou Ba, a remis, ce vendredi 540 632 parrains à Mimi Touré. Ces signatures concernent les 5 départements de région. Naturellement, le département de Dakar a remporté la palme avec plus de 250 mille parrains.
Remettant ces parrains, l’ancien ministre a appelé tous les responsables de Benno de la région de Dakar à maintenir le cap jusqu’au 31 juillet 2022, date du scrutin. ‘’ Il n’y a pas autre chose qui vaille que d’assurer la victoire dans les 5 départements. Il nous reste en tant que responsables de continuer ce travail. Être auprès des militants jusqu’au 31 juillet pour transformer ces parrains en suffrages’’, a-t-il déclaré.
ELIMINATOIRES CAN 2023, LA GAMBIE VA RECEVOIR LE SOUDAN DU SUD A THIÈS
Il a été beaucoup question du Sénégal, ces derniers temps, pour la réception par la Gambie de son prochain adversaire en qualification pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2023). C’est désormais acté.
Il a été beaucoup question du Sénégal, ces derniers temps, pour la réception par la Gambie de son prochain adversaire en qualification pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2023). C’est désormais acté. Selon un communiqué de l’instance du football gambien parvenu à Emedia, une délégation de la Fédération gambienne de football a été reçue hier, jeudi, par son homologue du Sénégal. Ce fut l’occasion pour échanger sur ce rendez-vous sportif et trouver un terrain d’entente. Ainsi, il a été retenu que la Gambie recevra le Soudan à Thiès et non au Stade Abdoulaye Wade de Diamniadio, pour jouer son match contre le Soudan du Sud, le samedi 4 juin 2022, renseigne la même source.
MATAR BA SALUE LES EFFORTS DU CNG DE LUTTE
Le ministre des Sports, Matar Ba, a salué, vendredi, à Diourbel, les efforts du Comité national de gestion de la lutte (CNG) pour développer cette discipline.
Diourbel, 6 mai ( APS) - Le ministre des Sports, Matar Ba, a salué, vendredi, à Diourbel, les efforts du Comité national de gestion de la lutte (CNG) pour développer cette discipline.
’’Je dis toute la satisfaction du ministère des Sports parce que le CNG est en train, contre vents et marées, de faire des pas qualitatifs et d’engager les réformes qu’il faut pour développer la lutte simple au Sénégal et aussi la lutte avec frappe’’, a-t-il dit.
Le ministre des Sports s’exprimait lors de la cérémonie d’ouverture de la 22 édition du championnat national de lutte simple doté du drapeau du chef de l’Etat.
Ce tournoi va se poursuivre jusqu’jusqu’au dimanche.
La première journée est marquée par la cérémonie officielle et la compétition par équipe
Les lutteurs ont fait la visite médicale et la pesée jeudi.
La journée de samedi est consacrée à la compétition individuelle par catégorie de poids jusqu’en demi-finale, suivie de la compétition open 86 kg et plus jusqu’en demi-finale.
Les finales sont prévues, dimanche.
La région de Diourbel a remporté l’édition 2021.
ZIGUICHOR PLEURE ENCORE FRANOIS BOCANDE
Des activités religieuses et sportives vont ponctuer les commémorations des 10 ans de la disparition de Jules François Bertrand Bocandé, légende du football sénégalais, décédé le 7 mai 2012, a appris l’APS de son entourage familial.
Ziguinchor, 6 mai (APS) – Des activités religieuses et sportives vont ponctuer les commémorations des 10 ans de la disparition de Jules François Bertrand Bocandé, légende du football sénégalais, décédé le 7 mai 2012, a appris l’APS de son entourage familial.
Les activités de commémoration seront ouvertes samedi par une messe à la cathédrale Saint Antoine De Padoue de Ziguinchor en présence de nombreux fidèles et amis, selon un programme détaillé de la journée transmis à l’APS.
Dans l’après-midi, un match de football est prévu entre plusieurs joueurs de différents clubs sénégalais, du Casa-Sports notamment et de la sélection nationale.
Prévue au stade Aline Sitoé Diatta de Ziguinchor, cette rencontre se tiendra en présence d’autorités administratives et territoriales de la région, des membres de l’Amicale des anciens internationaux et footballeurs sénégalais entre autres personnalités.
Des hommes de culture, de médias et le comité des supporters de la ’’Allez Casa’’ prennent aussi part à ces commémorations.
Né en novembre 1958 à Ziguinchor, Bocandé est décédé le 7 mai 2012 à Metz en France des suites d’une maladie.
Icône de l’équipe nationale du Sénégal, Bocandé a brillé aussi au sein du Casa-sports, formation avec laquelle il a remporté la coupe du Sénégal en 1979, avant de s’illustrer en Europe notamment en France où il fut meilleur buteur de l’élite avec le FC Metz.
Reconverti entraineur, Bocandé fut sélectionneur de l’équipe nationale du Sénégal. Il fut membre du staff technique de la fameuse génération 2002 qui a disputé une finale de CAN et un quart de final de Coupe du monde.
VERS UNE «INSTALLATION DE FAÇON PRÉCOCE» DE LA SAISON DES PLUIES
Le Sénégal pourrait connaître une installation précoce de la saison des pluies sur une bonne partie du territoire, exceptée la partie Sud-Est où l’installation pourrait être normale à tardive.
Le Sénégal pourrait connaître une installation précoce de la saison des pluies sur une bonne partie du territoire, exceptée la partie Sud-Est où l’installation pourrait être normale à tardive. Il s’y ajoute des risques faibles d’avoir de longues pauses sèches en début de saison et aussi au cours de la saison. C’est ce qui ressort de la «Prévision saisonnière des précipitations et des écoulements des différents bassins fluviaux, au Sénégal», dévoilée par le Cadre National des Services Climatologiques (CNSC) coordonné par l’Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie (ANACIM) hier, vendredi 6 mai 2022, lors d’un atelier en ligne de diffusion et de partage de la prévision saisonnière des précipitations au Sénégal pour l’hivernage 2022.
Sur la base de l'observation et de l’analyse de l’évolution des Températures de Surface de la Mer (TSM), au niveau des différents bassins océaniques, et des résultats des prévisions (TSM et Pluie), présentés lors de l’atelier de diffusion et de partage de la prévision saisonnière des précipitations et des écoulements de bassins pour l'hivernage 2022 au Sénégal, il a été retenu «une installation précoce de la saison des pluies sur une bonne partie du territoire, excepté sur la partie Sud-est où l'installation pourrait être normale à tardive», affirme le Cadre National de Services Climatologiques (CNSC), coordonné par l’Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie (ANACIM), qui organisé cette rencontre en ligne hier, vendredi 6 mai 2022.
Cependant, prévient les prévisionnistes, de faibles risques sont à noter concernant les pauses sèches en début de saison et aussi en cours de saison. «Des risques faibles d’avoir de longues pauses sèches en début de saison et aussi au cours de la saison», lit-on dans le document conjoint de présentation de l’ANACIM (avec Oumar Konté) et la Direction de la Gestion et de la Planification des Ressources en Eau (DGPRE, avec Bakary Faty). Suivant ces prévisions, les mois de mai à juillet auront un cumul pluviométrique normal sur une bonne partie du territoire, sauf au Sud-est où des conditions normales à déficitaires sont attendues. De juin à août elles seront normales à excédentaires sur une bonne partie du pays sauf sur le triangle Kougheul-Velingara-Simenti où des conditions normales à déficitaires sont attendues. Pour la période allant de juillet à septembre, la situation pluviométrique sera «excédentaire sur tout le territoire», renseigne-t-on.
«UN RISQUE ELEVE D’AVOIR DES EVENEMENTS PLUVIOMETRIQUES INTENSES»
Toutefois, ce qu'il faut noter en termes de perspectives pour cette année, surtout cette dernière période juillet-septembre, c’est «un risque élevé d'avoir des événements pluviométriques intenses sur tout le territoire», alertent les prévisionnistes. Le CNSC de préciser que des pluies ont déjà été enregistrées, depuis le 29 avril dernier, sur la partie Sud-est du pays, des pluies faibles qui tournent autour de 02 et 06 mm notamment à Fongolimbi, Kédougou et Salimata. Et selon toujours les prévisions données par le CNSC, une année hydrologique à écoulement excédentaire ou normal, par rapport à la moyenne de la référence 1990- 2021 est attendue dans nos bassins fluviaux, pour cet hivernage 2022.
Par LAURE BROULARD
AU RWANDA, LA DIPLOMATIE MIGRATOIRE DE PAUL KAGAME
A travers l’accord polémique signé avec le Royaume-Uni sur l’envoi de migrants, Kigali espère consolider son image de partenaire stable auprès des décideurs occidentaux
A travers l’accord polémique signé avec le Royaume-Uni sur l’envoi de migrants, Kigali espère consolider son image de partenaire stable auprès des décideurs occidentaux
«Nous ne faisons pas de commerce d’êtres humains. Ça n’est pas possible, ce serait contraire à nos valeurs. » Ainsi s’exprimait Paul Kagame lors du dîner annuel du corps diplomatique, organisé fin avril, à Kigali. Le président rwandais répondait aux nombreuses critiques soulevées par la signature, le 14 avril, d’un protocole d’accord prévoyant la déportation vers le Rwanda de demandeurs d’asile arrivés illégalement au Royaume-Uni.
Londres espère ainsi décourager les migrants d’entreprendre la traversée de la Manche et promet en contrepartie de soutenir l’économie rwandaise, notamment à travers un premier financement de 120 millions de livres sterling (140 millions d’euros). Soit plus de 91 milliards F CFA. On n’en sait toujours très peu sur ce « partenariat », que ce soit sur les critères retenus par les autorités britanniques pour décider de qui sera envoyé à Kigali, sur le nombre de demandeurs d’asile qui pourraient y être amenés de force. Et, surtout, sur les motivations qui ont pu pousser le Rwanda, ce pays grand comme la Bretagne et comptant parmi les plus densément peuplés d’Afrique, à s’engager dans un tel projet. Alors qu’au Royaume-Uni certaines ONG ont déjà annoncé vouloir attaquer le texte en justice, Kigali défend sa décision. Dans une tribune publiée dans les colonnes du Times, le 18 avril, la ministre de l’intérieur britannique, Priti Patel, et le ministre des affaires étrangères rwandais, Vincent Biruta, ont présenté le projet comme « une solution innovante » visant à lutter contre les réseaux de passeurs et le trafic de migrants. « Le Rwanda accueille déjà 130 000 réfugiés de divers pays et, depuis 2019, a donné refuge à des migrants évacués de Libye à la demande du HCR [Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés]. Cela prouve l’engagement du pays dans la protection des personnes vulnérables dans le monde », poursuit le texte.
« DAVANTAGE DE MIGRATIONS ILLEGALES »
Depuis trois ans, le pays a, en effet, accueilli plus de 900 demandeurs d’asile africains évacués de Libye par l’agence onusienne. Dans le cadre de ce mécanisme, appelé Emergency Transit Mechanism (ETM), l’ONU exfiltre des migrants des centres de détention libyens, où ils subissent de mauvais traitements, et les prend en charge dans un centre situé dans le sud du Rwanda, en attendant l’examen de leur demande d’asile par des pays occidentaux. Un exemple parmi d’autres de la politique de « solutions africaines aux problèmes africains » de Paul Kagame. « Mais l’ETM n’a rien à voir avec le partenariat signé entre le Rwanda et le Royaume-Uni », assure Larry Bottinick, représentant du HCR à Londres. « C’est une solution temporaire dont la vocation première n’est pas de faire rester les réfugiés au Rwanda. »
Plus de la moitié des personnes arrivées dans le pays par le biais de ce programme sont reparties pour l’Europe et le Canada, où elles ont été acceptées avec le statut de réfugié. Aucune n’a, jusqu’ici, entrepris les démarches en vue de s’installer au «pays des mille collines», option qui leur est toutefois proposée dans le cadre de l’ETM. Le protocole d’accord signé entre le Royaume-Uni et le Rwanda prévoit, lui, un aller simple vers Kigali, sans possibilité de demande d’asile à Londres. Et pourrait concerner principalement des non-Africains. « Un Iranien ou un Irakien ayant des cousins en Europe va-t-il vraiment envisager son futur à Kigali ?, s’interroge M. Bottinick. Israël a déjà essayé d’envoyer des réfugiés au Rwanda et cela a créé davantage de migrations illégales, puisque beaucoup d’entre eux ont ensuite décidé de repartir vers la Méditerranée, à travers le Soudan du Sud, le Soudan et la Libye, ce qui est un voyage bien plus dangereux que la traversée de la Manche.»
« DEPARTS VOLONTAIRES »
Dès 2014, un accord opaque avec Tel-Aviv avait, en effet, déjà suscité la polémique. Si les termes exacts en sont toujours restés confidentiels, il a été établi qu’Israël proposait à des demandeurs d’asile africains de choisir entre leur placement en détention et un voyage, payé, vers deux pays présentés comme sûrs : l’Ouganda et le Rwanda. Selon le HCR, près de 4 000 Erythréens et Soudanais seraient retournés en Afrique dans le cadre de ce qui était qualifié de « départs volontaires », entre décembre 2013 et juin 2017. A l’époque, l’Initiative internationale pour les droits des réfugiés avait vivement critiqué le processus. « En les envoyant en Ouganda et au Rwanda, les autorités israéliennes promettent à ces demandeurs d’asile qu’ils recevront des papiers leur permettant de rester légalement dans le pays. Mais nous avons constaté qu’ils ne recevaient aucun document à leur arrivée et qu’ils étaient, au contraire, encouragés à quitter ces pays ou à y vivre sans statut légal », expliquait l’ONG dans un rapport publié en 2015. Aujourd’hui, Kigali propose trois solutions aux migrants déboutés par le Royaume-Uni : un retour dans leur pays d’origine, un départ pour un pays tiers ou une régularisation et une installation au Rwanda.
A ceux qui souhaiteront rester, le gouvernement promet un logement décent, l’accès à des aides sociales et à la mutuelle de santé quasi universelle du pays, ainsi que le droit de travailler. Le tout essentiellement financé par le Royaume-Uni. « Kigali doit être conscient du fait que peu de réfugiés viendront au Rwanda et y resteront. Mais le gouvernement a pu voir dans cet accord une opportunité financière, qui plus est sous forme d’aide budgétaire. Dans cette affaire, il y a beaucoup de communication et une certaine dose de cynisme des deux côtés », analyse une source qui suit de près la politique rwandaise.
« FORMIDABLE LEVIER POLITIQUE »
L’accord permet également au Rwanda, régulièrement épinglé pour sa répression de l’opposition et de la liberté d’expression, de consolider son image de pays stable et de se positionner comme un partenaire crédible sur des problématiques internationales. Le pays est en discussion en vue d’un projet similaire avec le Danemark. « Ce genre d’accord est un formidable levier politique pour Paul Kagame dans sa relation future avec le Royaume-Uni et peut-être, demain, avec le Danemark. Il pourra en user pour le soutien de son pays dans différentes instances internationales », explique Benjamin Augé, chercheur à l’Institut français des relations internationales. Kigali a aussi une carte à jouer en matière d’image : lors de la signature de l’accord, le premier ministre britannique, Boris Johnson, a décrit le Rwanda comme « un des pays les plus sûrs au monde, internationalement reconnu pour son accueil et son intégration des migrants ». Un discours radicalement différent de celui tenu par le Royaume-Uni en janvier 2021, lors du passage en revue, par l’ONU, des réalisations en matière de respect des droits humains dans les pays membres. Le représentant britannique s’y était déclaré préoccupé par des restrictions de la liberté de la presse au Rwanda et avait exhorté les autorités à enquêter sur des allégations d’exécutions extrajudiciaires, de décès en détention, de disparitions forcées et de torture.
Malgré les critiques, le Rwanda souhaite donc se présenter comme une terre d’accueil. Le pays a également reçu, ces derniers mois, une poignée de réfugiés afghans fuyant le régime des talibans. Il s’agit de professeurs accueillis à Kigali à la demande de l’Académie des sciences des Etats-Unis et de la totalité des élèves et du personnel d’un internat pour filles. Reste à savoir quand les premiers avions de demandeurs d’asile déboutés du RoyaumeUni atterriront à Kigali. Mardi 3 mai, le porte-parole de M. Johnson a annoncé que le programme pourrait ne pas démarrer avant plusieurs mois, évoquant de probables contestations judiciaires.