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26 août 2025
CONFLIT À GAZA, LE CAP DES 50.000 MORTS FRANCHI
Trente-neuf Palestiniens, dont un responsable politique du Hamas, des femmes et des enfants, ont péri dans des bombardements visant le sud de Gaza dans la nuit de dimanche à lundi.
Dakar, 24 mars (APS) – Au total, 50.021 personnes sont mortes et 113.274 blessées depuis le début de l’offensive israélienne en octobre 2023 dans la Bande de Gaza, gérée par le Hamas, selon des données récentes du ministère de la Santé du mouvement de résistance palestinien.
Trente-neuf palestiniens dont un leader opérant dans l’aile politique du Hamas, des femmes et des enfants ont péri dans la nuit du dimanche dans des bombardements visant le sud de Gaza. Ce qui fait un total de 673 morts depuis la reprise des combats, renseigne les autorités sanitaires de l’enclave.
Ces chiffres exacerbés par l’arrêt des accords de cessez-le-feu entre les deux belligérants par Israël, représentent environ 2,1 % de la population totale de la Bande qui était de 2,3 millions avant l’amorce des hostilités.
Israël qui menace d’une ”destruction” et d’une ”dévastation” complète de Gaza si le Hamas tarde à libérer le reste de ses otages intensifie les incursions terrestres et aériennes pour éliminer les militants du Hamas.
par Birane Diop
UNE ANALYSE APPROFONDIE DES QUATRE ANNÉES DE SANKARA AU POUVOIR
Dans "Enterrer Sankara – Essai sur les économies africaines", Joël Té-Léssia Assoko désacralise le capitaine révolutionnaire en le ramenant à sa condition d’homme, avec ses zones d’ombre, ses failles et ses rétropédalages
Du 14 au 16 mars 2025, s'est tenu à Paris le Salon du livre africain, un événement chaleureux et humain. J’ai assisté à de passionnantes conférences, dont l'une, modérée par le camarade d’esprit Elgas, portait sur la thématique « Partir pour exister ».
Au regard de ma situation, en tant qu’enfant du Sénégal ayant quitté mon pays de naissance et mes premières émotions pour aller en France poursuivre mes études supérieures, et ayant finalement choisi d’y rester pour plusieurs raisons, cette thématique de l’exil me parlait profondément. Cela dit, l’occasion faisant le larron, j’en ai profité pour me procurer le livre Enterrer Sankara – Essai sur les économies africaines, de Joël Té-Léssia Assoko, paru chez Riveneuve. Je l’ai lu en deux nuits : 54 pages la première nuit et 97 pages la nuit suivante.
Je le dis en toute objectivité : ce texte est l’un des plus brillants essais sur l’Afrique et sur certains leaders déifiés, à l’image du capitaine Thomas Isidore Sankara, chef d’État du Burkina Faso de 1983 à 1987, victime d’un coup d’État orchestré par quelques-uns de ses frères d’armes, que j’ai lus ces dix dernières années.
Joël Té-Léssia Assoko, journaliste économique talentueux comptant dix ans d’expérience professionnelle, revient sur l’époque du défunt capitaine révolutionnaire sans langue de bois, en s’appuyant sur une rigueur scientifique et intellectuelle que tout journaliste ou universitaire sérieux devrait avoir dans sa besace lorsqu’il analyse des faits et des événements. Quand on a le sens de l’histoire et surtout un regard dépassionné sur la situation économique des pays africains, on ne peut pas faire autrement. En ce sens, Joël Té-Léssia Assoko est un journaliste qui s’empêche.
Dans ce texte passionnant et lucide, l’auteur désacralise le capitaine révolutionnaire en le ramenant à sa condition d’homme, avec ses zones d’ombre, ses failles et ses rétropédalages. Sankara était un dirigeant cultivé et brillant, mais il demeure un homme avec tout ce que cela implique.
La plume acérée de l’ancien élève du Prytanée militaire de Saint-Louis met en lumière des faits en lien avec le retard économique du Burkina Faso et, par ricochet, de l’Afrique, bien qu’un intellectuel décolonial sénégalais défende la thèse suivante : « L’Afrique n’a personne à rattraper. Elle ne doit plus courir sur les sentiers qu’on lui indique, mais marcher prestement sur le chemin qu’elle se sera choisi. » Je veux parler de Felwine Sarr, auteur du livre Afrotopia (Philippe Rey, 2016, Paris).
Si celui qu’on surnomme le « Che Guevara africain » a modernisé le Burkina Faso sur certains points pendant ses quatre années au pouvoir, il n’en demeure pas moins que, selon Joël, Thomas Sankara avait mis en place des politiques économiques que d’aucuns pourraient qualifier tout simplement d’hérétiques, pour ne pas dire dangereuses, au regard de leur influence actuelle. En un mot, sa vision économique était bidouillée. Son discours sur l’aide publique au développement n’est pas en reste non plus. Joël écrit ceci à la page 22 - « Sous Sankara :
Les investissements dans le capital humain viennent toujours accompagnés d’une négligence complète du complexe jeu des incitations économiques qui ancrent leur réussite sur le long terme.
La finance n’est plus un ensemble d’instruments spécifiques qu’il faut comprendre et maîtriser, comme l’ont fait la Tunisie, le Sénégal et le Bénin dans les exemples évoqués plus haut. Elle émerge en ogre multipède, écrasant perpétuellement des économies dépourvues de la moindre autonomie ou d’une quelconque capacité d’action.
L’aide au développement s’incarne à la fois en allié silencieux, courtisé en catimini, et en ennemi mortel désigné à la haine des peuples. Durant ses années au pouvoir, malgré la dénonciation publique de la domination occidentale, le gouvernement du capitaine acceptait jusqu’à 14 % de son PIB annuel en aide internationale, principalement des États-Unis et de la France... » À la page 23, Joël enfonce le clou :
« Avec le recul, l’énergie dépensée par Thomas Sankara durant ses années au pouvoir à regarder ailleurs, loin des problèmes réels de l’économie, loin des obstacles à la croissance, reste surprenante. Les prises de parole intempestives et les attaques contre l’ennemi, intérieur ou extérieur, l’impérialisme, les mirifiques et mythiques ressources des économies africaines, le “si seulement l’Afrique, etc.” n’ont jamais cessé. Elles ont empêché Thomas Sankara de répondre concrètement aux défis spécifiques auxquels son pays faisait face. Elles ne lui ont pas permis de comprendre les rapports de force économiques intérieurs et étrangers auxquels sa nation et son gouvernement étaient confrontés. »
Il n’y a pas que cela. L’auteur expose brillamment les coupes budgétaires imposées dans l’administration et les licenciements de masse dont étaient victimes ceux qui étaient en total désaccord avec les politiques menées par le gouvernement de Sankara. Face à la pression intenable, les grévistes sont réintégrés, mais à condition de prononcer ces mots : « Je sollicite la grâce du peuple burkinabé pour la sanction révolutionnaire que j'ai dûment méritée pour avoir participé à la grève pro-im-périaliste et putschiste organisée par des éléments manipulés de l'ex-direction apatride, réactionnaire et contre-révolutionnaire du SNEAHV - Syndicat national des enseignants africains de Haute-Volta. Dorénavant, je m'engage à faire du discours d'orientation politique du 2 octobre 1983 mon guide et à être un serviteur dévoué du peuple burkinabé pour le succès du grand combat qu'il a entrepris depuis le 4 août 1983 pour la liberté, la dignité et le progrès social. »
Joël ne pointe pas uniquement sa plume sur Sankara ; il analyse aussi la vision économique qu'Ousmane Sonko défendait dans son livre Pétrole et gaz au Sénégal : chronique d'une spoliation (Fauves éditions, 2017), ainsi que les nombreuses contre-vérités que le dirigeant sénégalais a répandues sur l’exploitation des hydrocarbures.
Mohamed Bazoum, victime d’un coup d’État en juillet 2023 et qui, à l’heure où j’écris ces lignes, est encore détenu par des putschistes, peuple aussi ce brillant texte.
Pour rappel, puisque ce texte s’adresse aux esprits dotés de bon sens : des universitaires, journalistes ont tenté de justifier, d’atténuer ou de relativiser ce qui est arrivé à Bazoum. Nous en sommes là : des universitaires qui cautionnent la rupture constitutionnelle.
D’autres éléments méritent d’être soulignés dans ce texte, notamment ces intellectuels qui se lovent dans les bras des populistes autoritaires élus par la voie les urnes, ainsi que ceux qui ont pris le contrôle de l’appareil d’État par les armes. De Dakar à Niamey, en passant par Bamako, ils se reconnaîtront.
À travers cet essai magistral et brillant, Joël Té-Léssia Assoko nous invite à des débats féconds et sérieux, porteurs de lendemains meilleurs pour les millions d’Africains qui végètent dans la pauvreté. Mais ceci se fera loin des vains bavardages et des agitations stériles sur les internet, qui ne changent aucune vie, si ce n'est en nourrissant une fierté nationaliste dangereuse.
Ce dimanche 23 mars, En vérité sur la RLS avec l'ancienne Premier ministre Aminata Touré.
Par Hamidou ANNE
365 JOURS DE NUANCES DE VIDE
Pour la première fois, depuis le 24 mars 2024, un parti fasciste gouverne le Sénégal ; un parti sans idées dont les responsables n’ont que l’injure, la calomnie, la médisance comme armes, allant à rebours de notre culture politique et de notre tradition
La vitalité de notre démocratie ainsi que la solidité des fondements de l’Etat ont permis de faire face au projet insurrectionnel de Ousmane Sonko et de sa troupe. Les vaincus ont été absous grâce à l’esprit du pardon qui constitue un des socles des sociétés humaines.
Pour la première fois, depuis le 24 mars 2024, un parti fasciste gouverne le Sénégal ; un parti sans idées dont les responsables n’ont que l’injure, la calomnie, la médisance comme armes, allant à rebours de notre culture politique et de notre tradition historique.
Le parti Pastef au pouvoir, c’est le règne de la désacralisation des institutions républicaines que ce parti n’a eu de cesse, dix ans durant, de fragiliser pour instaurer une culture de la brutalité et de la division des Sénégalais. Le parti Pastef est à l’estuaire des cours d’eau de l’intégrisme, du populisme et du fascisme.
365 jours de vide plus tard, le pays n’a pas seulement stagné : il a reculé du fait de l’incompétence technique, l’impréparation politique et l’immaturité sociale. Au sommet de l’Etat, sont parvenus des stagiaires sans arrimage idéologique, sans vécu, sans parcours et sans fait d’armes autre que la calomnie et la promotion de la violence et du désordre.
Il serait tout de même bien curieux que ceux-là qui n’ont jamais assumé la plus infime responsabilité, propulsés par miracle dans les palais, soient des embrayeurs d’un récit d’espérance. Le parti Pastef n’est pas seulement dans le reniement, il est dans la continuation de son œuvre qui a duré une décennie : le non-respect de la parole donnée, la culture de la violence et l’incompétence faits projet.
Les trahisons faites à leurs électeurs concernent notamment les appels à candidatures, la sortie du Conseil supérieur de la Magistrature, le refus de sacrifier à la tradition républicaine de la Déclaration de politique générale dans les délais, la dissolution de confort pour entériner un caprice du chef du… chef.
Le Sénégal vient de clore une année douloureuse pour tout esprit soucieux de la République, de ses us et coutumes, et de notre belle trajectoire historico-politique. Partout le vacarme prend la place du travail acharné pour continuer l’œuvre de transformation entamée en 1960 et accélérée entre 2012 et 2024.
Le Sénégal, qui a incarné en Afrique la tradition des hommes d’Etat soucieux du sens de l’Histoire, se retrouve désormais pris en étau par des dirigeants aux méthodes aussi curieuses qu’étranges. Nous sommes en face de gens qui prennent dans leurs propos comme dans leurs actions, les airs vulgaires d’agités à la solde de leur inanité.
Qui aurait pu croire qu’au pays de Kéba Mbaye, un Premier ministre traiterait publiquement le président du Conseil constitutionnel de «corrompu» ? Qui oserait croire qu’au pays du Général Mansour Seck, un chef du gouvernement accuserait un Général respectable de putschiste ? Au pays de Cheikh Anta Diop, opposant irréductible à Senghor, un chef de parti, parachuté par hasard Premier ministre, a traité ses compatriotes de l’opposition de «tapettes» dans un… live, sur Facebook.
La clochardisation des institutions est une pratique naturelle attachée aux «valeurs» du fascisme. Des directeurs généraux contestent publiquement des nominations du chef de l’Exécutif et usent même du vocable «Dégage» vis-à-vis d’un homme nommé par décret… Un complotiste notoire, islamiste assumé, est élevé à la dignité de ministre pendant que son collègue use du vocable ordurier de «chef de gang» à l’encontre d’un ancien président de la République. Le même ministre vient de dire publiquement que l’Etat du Sénégal cache le meurtre d’un ancien ministre des Finances avec la complicité tacite de l’Etat français…
Les manifestations sont systématiquement interdites pendant qu’opposants politiques, activistes et journalistes sont trainés dans les couloirs de la police ou jetés dans les geôles du régime. Le pouvoir s’arroge le droit, dans une illégalité totale, d’interdire à des citoyens d’exercer leur droit constitutionnel de voyager, de circuler librement, devant le silence des objecteurs de conscience de la Société civile et des pétitionnaires jadis peu avares de leurs leçons de morale et désormais si aphones…
Sur l’économie, le Sénégal traverse une année difficile et rien ne laisse présager une amélioration sans un changement radical de cap. En un an, le bilan du régime est une moins-value de 839 milliards de F Cfa sur les recettes et un déficit qui passe de 840 milliards de F Cfa à 2362 milliards de F Cfa
Au minimum, 3000 emplois publics ont été détruits en une année d’exercice sans qu’aucun investissement structurant ne soit visible. La note du Sénégal a été abaissée à deux reprises en 12 mois ; le Fmi a suspendu sa coopération avec le Sénégal et les marchés désormais nous prêtent à des taux exorbitants. Conformément à ses actions d’hier, Ousmane Sonko a sciemment mis en danger la souveraineté nationale en accusant son administration de maquillage de chiffres sans aucun début de preuve. Le rapport de la Cour des comptes que le régime voulait instrumentaliser pour salir l’Alliance pour la République et les hauts fonctionnaires s’est révélé une farce. Le consensus national recherché autour du rapport avec la complicité de pans de la Société civile, notamment les éternels rentiers de la tension, n’a pu aboutir, car les Sénégalais sont désormais avertis de l’affinité naturelle de Ousmane Sonko avec le faux.
Au plan diplomatique, le Sénégal s’efface progressivement de la scène internationale et africaine. La cheffe de la diplomatie, par ses initiatives et sorties douteuses, a fini de faire consensus contre elle dans le pays. Mais ce n’est nullement la seule raison ; Mme Fall ne fait qu’exécuter -certes péniblement- une politique étrangère dont la vacuité tranche d’avec notre tradition en la matière. Le régime fait la danse du ventre devant les putschistes de l’Aes et s’honore désormais de voir un Premier ministre juger utile à chaque sortie publique de tenir des propos outranciers et outrageants vis-à-vis de la France, pourtant notre alliée historique et première partenaire bilatérale.
Le périmètre de prestige de la diplomatie se rétrécit malgré le talent et la loyauté des fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères. Même le mandat confié au Sénégal pour négocier avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger, qui ont fait sécession de la Cedeao, a été diplomatiquement retiré pour échoir au Ghana dont le Président vient à peine d’être élu.
Le Sénégal ne parvient plus à défendre avec succès les candidatures de ses citoyens dans les organisations internationales. Les échecs deAugustin Senghor, de Faouzou Dème et de Seydina Diagne, respectivement à la Fifa, à l’Omt et à l’Acnoa, prouvent que nous ne sommes plus attractifs et que nous devenons, en seulement un an, un pays banal.
Notre pays était sur une belle trajectoire. En douze ans de mise en œuvre du Plan Sénégal émergent, le Sénégal est sorti du cercle des pays les moins avancés pour rejoindre celui des pays à revenu intermédiaire. Au lieu d’accélérer la cadence de notre économie, le parti Pastef replonge le Sénégal dans les abîmes des politiques d’ajustement structurel, avec des menaces graves sur l’emploi des jeunes, le pouvoir d’achat des ménages et la pérennité des entreprises, notamment les Pme.
Le parti Pastef, qui se voulait champion de la rupture et de la modernité, se révèle chantre de l’incurie politique, de la régression économique et de l’affaissement moral. Mentir dans toutes les langues, ruminer la colère d’un rendez-vous électoral manqué et accuser avec une persistance qui frise la pathologie psychiatrique le Président Macky Sall, ne transformeront pas qualitativement la vie des Sénégalais.
Au lieu du travail acharné qui jamais ne se départit du silence créateur, le parti Pastef en 365 jours n’a abreuvé les Sénégalais que de paroles creuses qui enlacent le vide.
DU SABLE DANS LE «NDOGOU» PRESIDENTIEL
Faute de pièces d’identification valides, des bénéficiaires du cash transfert présidentiel du département de Goudomp n’ont pas pu percevoir l’appui du Plan Diomaye pour la Casamance (Pdc).
Faute de pièces d’identification valides, des bénéficiaires du cash transfert présidentiel du département de Goudomp n’ont pas pu percevoir l’appui du Plan Diomaye pour la Casamance (Pdc). Des citoyens des communes de Kaour et Djibanar, anciennement exilés hors du territoire national, souhaitent des mesures alternatives pour retirer leurs chèques à la banque partenaire du Pdc.
Le «Ndogou» présidentiel destiné aux anciens déplacés du conflit en Casamance devra attendre. Du moins pour certains. Des bénéficiaires des communes de Djibanar et Kaour (département de Goudomp) n’ont pas pu retirer leurs chèques, remis au courant de la semaine passée par le Délégué général à la protection sociale et à la solidarité nationale dans le cadre d’un appui financier du Plan Diomaye pour la Casamance (Pdc) destiné aux déplacés de retour au bercail. La raison : «faute de Carte nationale d’identité (Cni) ou de Cni en cours de validité», informe le maire de la commune de Djibanar, Ibou Diallo Sadio. Il précise : «Impossible, pour l’heure, de donner des chiffres relatifs aux bénéficiaires de la commune qui sont dans cette situation, car la remise des chèques se poursuit.»
Le maire de la commune voisine de Kaour a pu faire le point, à titre provisoire, sur le nombre de personnes incapables de retirer leurs chèques d’un montant de 150 mille francs. Youba Sonko a informé : «Dans les villages de Sinkère Diola et Diabang, 7 personnes sur 42 bénéficiaires n’ont pu retirer leurs chèques. 3 n’ont pas de Cni, 2 ont les anciennes formules de Cni, et 2 autres ont voyagé et leurs ayants droit ne sont pas parvenus à accéder à l’argent de leurs parents.» Selon M. Sonko, «les responsables de la banque sont intransigeants par rapport à l’identification des bénéficiaires». Et puis, «au niveau de la gendarmerie, on nous a refusé la délivrance de procuration pour qu’un porteur quelconque du chèque, choisi par le propriétaire, puisse retirer l’argent». Quelles solutions ? Youba Sonko propose : «Nous avons proposé au sous-préfet de faire un rapport pour que le bénéficiaire sans Cni soit remplacé par une personne de son choix ou alors que l’on permette au chef de village ou à l’imam de présenter sa pièce d’identification.» Vraisemblablement, le nombre de malheureux déplacés appuyés par le Pdc pourrait être très important. C’est dire que l’appui présidentiel de 150 mille francs devra attendre longtemps encore avant de pouvoir agrémenter les repas des ayants droit. Pour quelle durée ?
Il faut rappeler que cet accompagnement présidentiel en faveur des déplacés du conflit en Casamance concerne 666 personnes réparties entre les régions de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda. Il s’agit de personnes qui avaient, pour la plupart, quitté le Sénégal depuis les années 90 pour s’installer en Gambie ou en GuinéeBissau. Et ce n’est qu’en 2021 et 2022 que la plupart ont accepté de revenir au pays, dans le département de Goudomp surtout, suite à la pacification de la zone à la faveur des opérations de ratissage menées par le Général Souleymane Kandé.
L’état civil, un casse-tête
L’accès à l’état civil est l’un des plus gros écueils qui fragilisent l’intégration au Sénégal des déplacés de retour. C’est la conviction du maire de Kaour. Parlant spécifiquement des déplacés de sa commune, Youba Sonko raconte : «Le village de Sinkère diola a été complètement incendié en octobre 1992. Depuis cette date, la majorité de ses habitants sont allés se réfugier en Guinée-Bissau. Ils ne sont revenus que le 27 avril 2021 précisément, c’est-à-dire plus de 30 ans après. Leurs documents d’état civil ont été brûlés dans l’incendie de leurs cases. C’est dire que les parents, comme les enfants nés en Guinée-Bissau, n’ont pas d’acte de naissance. Même en cas d’audience foraine en faveur des élèves, leurs enfants ne peuvent pas obtenir un extrait de naissance parce que leurs parents n’en disposent pas. Actuellement, leurs enfants sont admis dans les écoles sans extrait d’acte de naissance.» Pour trouver une solution à cette situation, M. Sonko propose : «En cas d’audience foraine (et il faut en organiser), les enfants des déplacés revenus au pays doivent bénéficier d’une discrimination positive. Qu’on exige auparavant la disponibilité du document d’état civil d’un des parents. Le témoignage du chef de village devrait suffire pour leur établir un acte de naissance. Autrement, des situations de frustration pourraient se présenter très souvent et compromettre leur intégration harmonieuse dans la communauté d’origine et au sein de la Nation sénégalaise.»
Par Fatou Warkha SAMBE
L’AMOUR NE SE MESURE PAS A UN TEST DE GROSSESSE
Le cas de Fatel, jeune épouse de l’artiste Ngaaka Blindé, a suffi à rallumer la machine à rumeurs, déclenchant un flot de commentaires, d’accusations et de suppositions sur sa fertilité. La vie intime d’une femme est devenue le théâtre d'un débat public
On ne les connaît pas vraiment. On ne vit pas chez eux. On ne sait pas ce qu’ils espèrent, ce qu’ils traversent, ce qu’ils taisent. Et pourtant, dès qu’un couple n’a pas encore d’enfant, les spéculations s’invitent. On questionne, on soupçonne, on juge. On invente des diagnostics. Surtout quand il s’agit de la femme. Toujours la femme.
Le récent cas de Fatel, jeune épouse de l’artiste Ngaaka Blindé, a suffi à rallumer la machine à rumeurs, déclenchant un flot de commentaires, d’accusations et de suppositions sur sa fertilité. Une fois de plus, la vie intime d’une femme est devenue le théâtre d’un débat public brutal. Ce n’est plus une conversation, c’est un jugement collectif. Et ce n’est pas un cas isolé. A travers elle, c’est toute une société qui révèle son obsession de contrôler les corps des femmes, de vérifier si elles sont «bonnes pour enfanter», de scruter leur silence, leur ventre, leur vie.
Ce n’est pas de l’intérêt, c’est une intrusion. Une violence déguisée en curiosité. Ce qu’on appelle «opinion» est souvent un masque pour juger, pour imposer, pour humilier. Et trop souvent, la cible reste la même : la femme. Toujours la femme. C’est elle qu’on interroge, qu’on soupçonne, qu’on blâme. Comme si son utérus appartenait au monde. Comme si aimer, vivre, exister passait nécessairement par la maternité. Au lieu de jeter systématiquement le regard sur la femme uniquement, pourquoi ne pas envisager toutes les réalités possibles ? Dans certains cas, c’est l’homme qui n’a pas ce qu’il faut pour procréer. Mais cette hypothèse est rarement évoquée, tant elle dérange l’ordre établi d’une masculinité supposément toute-puissante. L’infertilité masculine reste un tabou dans le tabou. Et quand elle est reconnue, elle est souvent minimisée ou cachée, pour préserver un honneur masculin fragile.
Dans d’autres cas, c’est la femme qui traverse ce parcours douloureux, entre examens médicaux, traitements hormonaux, et attentes souvent solitaires. Mais faut-il pour autant faire d’elle une coupable ? Pourquoi son corps devrait-il être mis à nu dans les conversations publiques ? Pourquoi les regards pèsent-ils sur elle plus lourdement que sur le couple lui-même ?
C’est l’organisation patriarcale de nos sociétés qui nous fait croire que l’essence de la femme se résume à sa capacité à enfanter. Dès l’adolescence, on projette sur elle des attentes : à peine avons-nous 16 ans qu’on commence à nous demander si on a un prétendant, un futur mari. Une fois mariées, c’est aussitôt : «à quand l’enfant ?». Comme si chaque étape de notre vie n’avait de sens qu’en fonction du regard social et de la reproduction. Cette pression n’est pas anodine : elle enferme, elle étouffe, elle génère des traumatismes. Elle fait peser sur les épaules des femmes une mission sacrée qu’elles n’ont pas choisie. Elle fait du ventre féminin un bien public, une affaire collective, un devoir national. En réalité, on ne parle pas de désir d’enfant, mais de dette à rembourser à la société, à la famille, aux traditions.
Or, notre présence ici-bas ne se justifie pas par le fait de mettre des enfants au monde. Etre une femme ne devrait jamais être une fonction à remplir. C’est un être, une liberté, un chemin propre. Si la maternité est un choix, elle peut être belle et puissante. Mais si elle devient une obligation, alors elle se transforme en chaîne. Et ce n’est pas cela, vivre. Ce n’est pas cela, aimer. Ce n’est pas cela, être libre.
Et puis, il existe aussi des couples qui prennent une décision commune : celle de ne pas avoir d’enfants. Par choix, par conviction, ou parce qu’ils veulent écrire leur histoire autrement. Ce choix, profondément intime et souvent mûrement réfléchi, devrait être respecté. Et pourtant, il est perçu comme une anomalie, un défi à l’ordre établi. Comme si refuser de procréer revenait à renier l’amour, la normalité, la morale.
Dans l’imaginaire collectif, un couple sans enfant est un couple incomplet, suspect, égoïste. On leur reproche de penser à eux-mêmes, comme si le bonheur ne pouvait exister qu’à travers la parentalité. On les soupçonne de se mentir à eux-mêmes, comme si le désir d’enfant était une évidence universelle. Et pire encore, on fait de la femme le symbole d’une rébellion inacceptable : une femme qui ose dire non à la maternité dérange, menace, fait peur. Elle échappe au contrôle, elle refuse de se soumettre.
Mais choisir de ne pas avoir d’enfants n’est ni un rejet de l’amour ni un acte égoïste. C’est une autre manière d’habiter le monde, d’aimer, de construire. C’est un droit fondamental. Et c’est aussi un acte de lucidité, parfois, face à un monde incertain, une société inégalitaire ou une volonté de se préserver. La liberté de ne pas enfanter devrait être aussi précieuse que celle de le faire. Car au fond, la vraie transgression, ce n’est pas de vivre sans enfants : c’est d’exiger qu’on vive tous et toutes selon un seul modèle.
Et puis il y a l’impact silencieux, invisible, mais ravageur : celui sur la santé mentale. Pour beaucoup de femmes et de couples, l’infertilité devient une spirale d’angoisse, de honte, de solitude. On se sent coupable de ne pas réussir là où on attend de vous que ce soit «naturel». L’anxiété devient quotidienne, le stress médicalisé, les espoirs souvent brisés. Certaines sombrent dans la dépression, d’autres s’isolent, fatiguées de devoir justifier ce que leur propre corps refuse ou ce qu’elles ne désirent pas. Et le pire, c’est que cette souffrance est souvent réduite au silence, invisible pour une société qui attend des résultats, pas des émotions.
Et que dire du rôle des médias et des influenceurs ? Trop souvent, ils alimentent cette culture du jugement, cette obsession du ventre féminin. On glorifie la maternité sans jamais parler de celles qui peinent à enfanter ou qui n’en veulent pas. On interroge les célébrités sur leurs projets d’enfants comme si c’était un passage obligé. On fait des publications, des spéculations, des likes sur ce qui devrait relever de la plus stricte intimité. Les médias ont une responsabilité immense : celle de cesser d’instrumentaliser la maternité et de nourrir les injonctions. Il est temps de raconter aussi les autres récits : ceux du doute, du choix, de l’attente ou de l’abstention assumée. Car derrière chaque situation, il y a des vies, des douleurs, des choix, et parfois des nondits qui méritent la dignité et la discrétion.
Il n’y a plus de respect pour la vie privée, surtout quand il s’agit de célébrités. Pourquoi ce besoin compulsif de nous mettre au cœur de leur foyer ? De parler en leur nom, de spéculer sur leurs choix, leurs douleurs, leurs silences ? On oublie trop souvent que la notoriété ne donne pas accès aux entrailles des êtres. Nous n’avons ni le droit ni la légitimité de nourrir des récits sur la vie d’autrui comme s’ils nous appartenaient. Ce besoin d’exister à travers l’intimité des autres en dit long sur nos propres frustrations et sur l’absence d’une culture du respect.
Dans nos sociétés où la parentalité est souvent érigée en accomplissement suprême, l’infertilité demeure un mot qu’on chuchote à voix basse, un drame intime vécu dans l’ombre, parfois même dans la honte. Et trop souvent, ce silence pèse davantage sur les femmes que sur les hommes, comme si le corps féminin était seul responsable du miracle ou de l’échec de la vie.
Dans un couple, l’infertilité est une épreuve. Une de celles qui fait vaciller les certitudes, bouscule l’intimité et questionne le sens même du mot «famille». Mais au-delà du médical, elle révèle aussi à quel point nos rapports au corps, à l’amour, au genre et à la norme sont traversés d’injustices. Car si l’infertilité est statistiquement partagée -à peu près autant masculine que féminine-, la culpabilité, elle, ne l’est pas. Combien de femmes sont regardées avec suspicion, traitées de «femmes incomplètes», voire rejetées par leurs belles-familles ? Combien de fois la souffrance est-elle intériorisée, en silence, pour éviter le stigmate ou préserver un amour déjà fragilisé par les tentatives, les échecs, les examens invasifs, et les attentes sociales insupportables ?
Dans un couple, l’infertilité est une épreuve. Une de celles qui fait vaciller les certitudes, bouscule l’intimité et questionne le sens même du mot «famille». Mais au-delà du médical, elle révèle aussi à quel point nos rapports au corps, à l’amour, au genre et à la norme sont traversés d’injustices. Car si l’infertilité est statistiquement partagée -à peu près autant masculine que féminine-, la culpabilité, elle, ne l’est pas. Combien de femmes sont regardées avec suspicion, traitées de «femmes incomplètes», voire rejetées par leurs belles-familles ? Combien de fois la souffrance estelle intériorisée, en silence, pour éviter le stigmate ou préserver un amour déjà fragilisé par les tentatives, les échecs, les examens invasifs, et les attentes sociales insupportables ?
Et pourtant, il n’y a pas de faute. Il n’y a pas de honte à ne pas pouvoir avoir d’enfant. Il n’y a pas non plus de honte à ne pas en vouloir. Ce qui est honteux, c’est la pression constante, le regard social qui fait de la maternité une injonction, un devoir plus qu’un choix, et qui oublie trop souvent les réalités biologiques, les douleurs psychologiques, et la complexité des parcours. Parler d’infertilité, c’est aussi parler de justice reproductive. De l’accès aux soins, au diagnostic, aux parcours de Pma qui reste hors de portée pour beaucoup. C’est parler de santé mentale, de violence symbolique, de solitudes que personne ne voit. C’est aussi parler de cyberviolence, quand les réseaux deviennent des tribunaux qui jugent, humilient et détruisent. C’est parler de dignité, de liberté, de la possibilité de vivre pleinement son humanité, qu’on soit parent ou non. Il est temps de rappeler que l’amour, le couple, l’accomplissement ne se mesurent pas à un test de grossesse.
Les concessionnaires du nettoiement menacent d’aller en grève
Le collectif des concessionnaires du nettoiement du Sénégal menace d’aller en grève à partir de mercredi prochain. Il informe les ménages et usagers du système de nettoiement du pays que ses prestations de collecte et de mise en décharge des déchets solides urbains risquent d'être interrompues sur l'étendue du territoire national, dès le mercredi 26 mars 2025. Le collectif réclame des arriérés de paiement. Dans un communiqué, les concessionnaires rappellent que les engagements pris par les autorités pour régler, au plus tard le 31 mars 2025, toutes les factures impayées couvrant les prestations des sept (7) derniers mois de l'année 2024 ne sont toujours pas tenus. Il s'y ajoutera bientôt, les trois mois de l'année 2025 en cours. Les concessionnaires disent atteindre leurs limites dans le préfinancement de l'activité, surtout en cette veille de Korité que les employés risquent de passer sans leurs salaires. Ainsi ils sollicitent la compréhension des populations usagers et ceci, malgré tout le lot de nuisances et les risques sanitaires susceptibles d'être engendrés par de telles perturbations.
40 000 dossiers déjà enregistrés par le ministère de l’Industrie
Le programme des 1 000 volontaires de la consommation a suscité un engouement chez les jeunes. Le ministère de l'Industrie et du Commerce renseigne que le programme de recrutement des mille (1000) volontaires de la consommation lancé mardi dernier pour lutter contre la vie chère et favoriser un meilleur contrôle des prix sur l'ensemble du territoire sénégalais a déjà enregistré 40 000 dossiers. Il informe les candidats que le dépôt des dossiers prend fin le lundi 24 mars 2025 à 23h 59mn.
Deux braqueurs (100 millions) arrêtés par la Dic avec 17 millions
En un temps record, la Division des investigations criminelles a réussi samedi à interpeller le gang de malfaiteurs qui avaient emporté 100 millions de francs CFA lors d'un braquage à Ouakam. Les investigations menées par les éléments du groupe de recherches et d'interpellations (GRI) de la Dic ont permis d'arrêter deux des trois agresseurs. Il s’agit du peintre K. Fall et du tapissier C. M. Sidibé. Selon les informations de Seneweb, les hommes du commissaire Sène ont réussi également à récupérer 17 des 100 millions francs CFA volés sur un motocycliste. Les investigations se poursuivent pour faire tomber le cerveau de la bande répondant au nom de Souleymane Bâ. Le gang de Souleymane Bâ avait loué un appartement meublé aux Parcelles-Assainies. Ce coup de filet est consécutif à l’exploitation des images des vidéos de surveillance et des renseignements reçus. La descente effectuée aux Parcelles-Assainies par la Dic dans la matinée du samedi a permis d'interpeller le duo dans un appartement meublé. Interrogés sur procès-verbal, Fall et Sidibé sont passés aux aveux. Souleymane Bâ est activement recherché par la Dic. Pour rappel, un motocycliste qui revenait d'une banque de la place a été attaqué vendredi dernier à Ouakam et dépouillé de son sac contenant la rondelette somme de 100 millions francs CFA.
Les difficultés des Daara
Le Daara Ali Imran a célébré hier la sortie de la 17e promotion des Houfaz du Saint Coran. Le Daara dirigé par Oustaz Alioune Sall a présenté dans une salle du Grand théâtre comble 19 élèves dont 12 garçons et 7 filles qui ont mémorisé le Saint Coran. Il est prévu, au minimum, 4 ans pour faire jaillir la lumière divine à travers les enfants. L’émotion était au rendezvous lorsque les voix des talibés ont fusé dans la salle, démontrant d’une parfaite maîtrise du Saint Coran. Les difficultés des Daara, qui sont introduits récemment dans le système éducatif national, ont été listées par le président de l’association éponyme. Pour Aliou Sow, les daara étaient les parents pauvres alors qu’ils ont toujours contribué à la formation de la crème de la société sénégalaise à travers le Saint Coran. Il invite les nouvelles autorités qui ont compris l’importance de l’éducation religieuse à leur donner les moyens adéquats pour mener les politiques d’éducation religieuse à la mesure de leurs ambitions.
Le voleur des téléphones des malades à l’hôpital Fann arrêté
Les limiers du Point E ont interpellé M. M. Sèye qui avait fait plusieurs victimes dans différents services du centre hospitalier national universitaire de Fann. Âgé de 36 ans, il profitait de l'absence du personnel médical et des accompagnants de malades des salles d’hospitalisation pour aborder les patients. Son modus operandi consistait à s'enquérir de l'état de santé d'un patient, avant de simuler un appel téléphonique pour ensuite déclarer que son crédit est épuisé. C'est ainsi qu'il va emprunter le téléphone du malade pour continuer sa conversation avant de s'éclipser dans la nature avec l'appareil cellulaire. M. M. Sèye a fait plusieurs victimes qui ont porté plainte au commissariat du Point E. L'exploitation des vidéosurveillances a permis aux enquêteurs du commissaire Sow d'identifier le voleur. Sur les images, on voit M. M. Sèye faisant du porte-à-porte à l’heure de la pause, au service de pneumologie. La collaboration du personnel préposé à la sécurité de l’hôpital a permis à la police du Point E d'arrêter le suspect en flagrant délit. Chauffeur domicilié à Nord Foire, il a reconnu sans ambages les faits qui lui sont reprochés, selon des sources de Seneweb proches du parquet. Il a été déféré au parquet.
Deux braqueurs arrêtés avec une Kalachnikov et des munitions…
La commune de Médina Foulbé a fait l'objet d'un double braquage, il y a une semaine. Le lieutenant-colonel Mouhamadou Djiba, commandant de la légion de Tambacounda, a mis en place un plan de riposte contre la criminalité. C'est ainsi que la compagnie de gendarmerie de Bakel a déployé un dispositif assez conséquent sur toute l’étendue de sa circonscription, pour rechercher les malfaiteurs, par des patrouilles 24h/24h. C’est ainsi que le 20 mars 2025, vers 21 h, la brigade territoriale de Goudiry, lors d’une patrouille sur l’axe Goudiry-Dianké-Makha, a procédé à l’arrestation d’un membre de cette bande composée en réalité de cinq individus. Il avait en sa possession un fusil d’assaut de type Kalachnikov avec un chargeur garni et plusieurs munitions de guerre de calibre 7.62 mm en vrac, selon des sources de Seneweb. Plus de 40 cartouches ont été saisies. Un tricycle qui leur servait de moyen de locomotion a également été saisi. Ainsi la brigade de Kéniéba, appuyée par le GARSI, a mis la main sur un autre membre de la bande basée à Sadatou. Les recherches se poursuivent avec l’appui de la Section de recherches de Tambacounda, pour arrêter les autres membres de la bande déjà identifiés. Les deux braqueurs arrêtés sont placés en garde à vue pour les besoins de l'enquête. ….
Un charlatan interpellé à Sadatou
Après l'arrestation des deux braqueurs en possession d’une Kalachnikov et d'une quarantaine de cartouches, la gendarmerie de Bakel poursuit ses investigations pour arrêter toute personne impliquée dans ce réseau de criminels. L'exploitation du téléphone du braqueur C. Diallo en cavale a permis de réunir des indices concordants motivant l'arrestation du charlatan A. Sy. Le fugitif avait effectué 71 appels sur le numéro de téléphone du marabout. Le commandant de la brigade territoriale de Kéniéba a contacté le charlatan domicilié à Sadatou, pour une consultation. Ne se doutant de rien, le «faiseur de miracle» a fixé un rendez-vous à l'émissaire de son faux client. Avec le concours des éléments du Garsi, A. Sy a été arrêté dans sa chambre ainsi que son visiteur en possession d'un fusil de chasse et des munitions de calibre 12 mm. La perquisition de la chambre s'est soldée par la saisie d’une autre arme de chasse, des munitions de 12 mm et un lot de faux médicaments, selon des sources de Seneweb. Le duo sera mis à la disposition de la Section de recherches de Tambacounda pour la poursuite de l'enquête.
Les femmes du FDR annoncent une marche le 02 avril
Alors que les leaders faisaient le tour des familles religieuses, les femmes du Front pour la défense de la Démocratie et de la République (FDR) faisaient face à la presse hier, au siège de l’APR, pour décliner leur plan d’actions contre la proposition d’interprétation de l’amnistie. Sous la houlette de Fatou Thiam, elles annoncent une manifestation le 02 avril prochain devant l'hémicycle pour exprimer leur désapprobation à la proposition de texte introduite par le député Amadou Ba de Pastef. Fatou Thiam et Cie invitent tous les Sénégalais à rejoindre le Front le jour-j. A les en croire, le pouvoir cherche à protéger ses militants. Elles demandent à Diomaye-Sonko s'ils n'ont rien à se rapprocher, d’abroger l'amnistie pour permettre à la justice de situer les responsabilités. Les femmes du FDR promettent de faire face à ce qu’elles considèrent comme une injustice. Par ailleurs, elles ont dénoncé des licenciements abusifs.
Le ministre Alioune Dione boycotte la Tfm
L’émission Jakarlo de la Tfm de vendredi passé a suscité une vive réaction des militants de Pastef. Ces derniers n’ont pas aimé les propos qu’ils trouvent grossiers du chroniqueur Badara Gadiaga à l’endroit de Ousmane Sonko et du député Amadou Ba son co-débatteur. Ils accusent les animateurs de l’émission de complicité et demandent à la Tfm de présenter ses excuses. Le ministre de la Microfinance, Alioune Dione, lui, a décidé de boycotter la Tfm à cause «du mépris et de la complicité permanente des membres de l'émission». Le ministre zappera la télévision jusqu'à ce qu'elle accepte de «s'excuser publiquement des injures à l'endroit du Premier ministre Ousmane Sonko et de l'honorable Amadou Ba».
Le croissant lunaire visible dimanche, Korité lundi
L’association sénégalaise pour la promotion de l’astronomie indique que la conjonction qui correspond au moment précis où la lune se trouve entre le Soleil et la Terre aura lieu le samedi 29 mars 2025 à 10h 58mn UTC, moment qui marque la fin d'un tour de la lune autour de la Terre et le début d'un nouveau tour. A l’en croire, ce jour a la particularité de coïncider avec une éclipse solaire partielle visible au Sénégal avec seulement 3,7% d'obscurité maximale, commençant à 9h 11mn pour se terminer à 10h 7mn. Ainsi le samedi 29 mars, la Lune se couchera à 19h 38mn alors que le soleil se couchera à 19h 22mn. La Lune alors âgée seulement de 8h 40mn avec une surface éclairée de moins de 1%, ne sera pas visible au Sénégal même avec des moyens d'observations pointus, renseigne le communiqué. Par contre, le dimanche 30 mars, la lune se couchera à 20h 39mn, soit 1h 17mn après le Soleil qui se couche à 19h 22mn. Elle sera alors âgée de 1j 8h 24mn et sa surface éclairée sera de 3% avec une altitude de 14°. Le croissant lunaire sera observable à l'œil nu au Sénégal partout où le ciel est bien dégagé. Donc, la Korité sera célébrée lundi.
L’HISTOIRE ET LA SPIRITUALITE CHINOISE A BOUT DE SOUFFLE
C’est un passage obligé pendant une visite en Chine. La Grande Muraille, classée patrimoine mondiale de l’UNESCO depuis 1987, servait d’outil de défense aux différentes dynasties. Actuellement, elle attire les touristes.
Fatou NDIAYE (ENVOYÉE SPÉCIALE À BEIJING) |
Publication 24/03/2025
C’est un passage obligé pendant une visite en Chine. La Grande Muraille, classée patrimoine mondiale de l’UNESCO depuis 1987, servait d’outil de défense aux différentes dynasties. Actuellement, elle attire les touristes. Du fait de sa longueur et de la nature de son architecture, la visite de toute l’infrastructure ne peut être possible qu’avec des télécabines et des télésièges beaucoup plus rapides et plus confortables.
Dans la matinée du mardi 18 mars, la cinquantaine de journalistes composée d’Africains, d’Asiatiques (Arabes), de Latinos Américains et d’Européens de l’Est, étaient au pied de la Grande Muraille, en Chine. Sous un froid glacial, qui impose de lourdes couvertures, les visiteurs sont en immersion dans ce site historique de la Chine. Des élèves et les nombreux visiteurs prennent d’assaut les commerces et les temples tenues par des locaux qui ne parlent que le mandarin et l’anglais, ils s’y essayent mais peinent à construire des phrases correctes. Pour comprendre l’histoire de la Grande Muraille et interagir avec les Chinois qui y travaillent, il faut recourir à la traduction. Comme dans tous les sites touristiques, à la Grande Muraille de Chine, on retrouve toute sorte de commerces, surtout ceux en lien avec la culture chinoise. Il y a également des espaces pour se restaurer et se divertir. A partir de Beijing, la capitale, le voyage se fait en bus et le trajet dure environ une heure. L’entrée de tout produit explosif y est interdite.
Le Grande Muraille de la Chine, connue en chinois sous le nom de «Chángchéng», a été construite, dit-on, entre le 7e siècle avant J.-C. (Jésus Christ) et le 16e siècle. Son objectif initial était de protéger les frontières de l’Empire chinois contre les invasions de tribus nomades venues du Nord, comme les Mongols. D’ailleurs, une partie de la Muraille est une sorte de frontière entre la Chine et la Mongolie. Au fil du temps, il s’est étendu sur une grande distance, devenant l’une des plus grandes constructions réalisées par des humains. La muraille n’est pas une structure continue, mais se compose de différentes sections construites par différentes dynasties. Tout au long de son histoire, elle a servi non seulement de moyen de défense, mais aussi de symbole de la culture chinoise. Au fil des siècles, la muraille a eu un profond impact culturel, ce qui en fait l’une des destinations touristiques les plus visitées. Un million (1 million) de touristes l’ont visité en 2024, selon des chiffres des gestionnaires.
L’attraction de la Grande Muraille de la Chine, ce sont ses interminables escaliers qu’il faut escalader, à couper le souffle. La marche est pénible, parfois risqué. Le disproportionnément dans la construction des escaliers rend l’exercice fastidieux. Les moins résistants s’arrêtent à la seconde ou troisième section. D’autres prennent l’initiative d’aller plus loin, sans tout de même réaliser le tour, car la Grande Muraille s’étend sur 21.196 kilomètres. Elle commence à l’Est, à Shanhaiguan, dans la province du Hebei, et se termine à Jiayuguan, dans la province orientale du Gansu. Sa partie principale se compose de murs, de pistes cavalières, de tours de guet et d’abris, et longe des forteresses et des cols sur son parcours.
La Grande Muraille a une signification symbolique. Compte tenu des souffrances qu’a impliquées sa construction, c’est un point de référence majeur pour la littérature chinoise et on la retrouve dans des œuvres telles que la «Ballade du Soldat», de Tch’en Lin (environ 200 après J.-C.) ou les poèmes de Tu Fu (712-770) et les romans populaires de la période Ming. 10.000 personnes seraient mortes et enterrées sur les côtés de la Grande Muraille. Depuis 1987, la Grande Muraille est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, sous le numéro 438. En 2015, il a été constaté une nette dégradation de l’état général de la Grande Muraille, due principalement aux conditions climatiques et aux activités humaines, et la nécessité d’intervenir rapidement pour assurer sa sauvegarde.
UNE SECTION DEDIEE AUX CANONS DE GUERRE UTILISES PAR LES DIFFERENTES DYNASTIES
On y retrouve une partie spécialement destinée aux canons de guerre utilisés par les différentes dynasties chinoises. Un de ces cannons est appelé «Shenwei Dajiangjun». Il possède une mire arrière et une mire avant permettant de viser avec une portée de plus de 500 mètres. La période de la dynastie Ming fut prospère, marquée par la fabrication et l’utilisation de canons dans l’ancien pays. Un Bureau d’équipement militaire spécial fut créé pour développer et fondre des canons. L’empereur Chengzu, de la dynastie Ming, a un jour ordonné le placement de canons le long de la Grande Muraille, à des fins de défense.
L’autre canon exposé sur place est nommé «Shin’i Daishogun». Sa caractéristique est d’être équipée d’une mire arrière et d’une mire avant pour la visée, avec une portée de plus de 500 mètres. La dynastie Ming a prospéré dans la fabrication et l’utilisation de canons anciens au Japon, et le Bureau d’équipement militaire fut créé pour développer et mouler des canons. C’est l’empereur Ming Chengzu qui ordonna, un jour, l’installation de canons défensifs le long de la Grande Muraille, pour défendre le pays contre les envahisseurs.
Le «Puissant Général» est également un canon utilisé par les Chinois et exposé à la Grande Muraille. Il est doté de guidons et d’une visée arrière et a une portée de plus de 500 mètres. La fabrication et l’utilisation des canons prospérèrent sous la dynastie Ming, sous l’empereur Chengzu, qui disposait d’un Bureau d’artillerie chargé de leur conception et de leur fabrication. L’arme à feu ancienne, également connue sous le nom de «Divin Général», possède un trou de visée et un viseur métallique pour viser, et a une portée de tir d’environ 500 mètres. Sous la dynastie Ming, une époque où la production et l’utilisation des anciens canons chinois prospérèrent, le Bureau Bingjanggungi fut créé pour rechercher et fabriquer spécifiquement des canons.
SYMBOLE DU BOUDDHISME
La Grande Muraille de la Chine témoigne également de ce qu’est le bouddhisme comme croyance philosophique et spirituelle pour les Chinois. On y retrouve ce qui est appelé «Temple du Dieu de la Ville». Il a été construit pendant la période Hongwu de la dynastie Ming (1368-1398 après J.-C.), reconstruit au cours de la 30e année du règne de Qianlong, sous la dynastie Qing (1765 après J.-C.) et reconstruit à nouveau en 1997. C’est actuellement le plus grand temple de Juyongguan. Au centre du hall principal se trouve une statue du «Dieu de la Ville de Juyongguan», avec une statue d’une dame de chaque côté. De chaque côté de lui se trouvaient des ministres civils et militaires, ainsi que quatre juges. Les deux salles latérales sont appelées «Salle de Yama», où se trouvent dix rois Yama. Les murs du hall latéral sont peints avec : «Image du dragon» et «Image des dix-huit niveaux de l’enfer».
En outre, il y a des dieux de la montagne et leurs épouses dans le Temple de la Montagne. Le Temple de la Terre abrite le dieu de la terre et la dame de la terre. La salle latérale est le «Temple Yanliang». On y trouve des fresques des «Vingt-quatre Filiales exemplaires» et deux paysages. À l’intérieur de la porte du temple, on peut admirer une statue du Général Ma, un cheval-dragon blanc, deux porteurs de chariot et un chariot. Le mur est orné des peintures «La Tournée du Dieu de la Cité» et «Le retour au palais». Le taoïsme considère le «Dieu de la Cité» comme un dieu qui élimine le mal et protège la ville et ses habitants. Il peut répondre aux demandes des habitants, apporter la pluie en cas de sécheresse et nettoyer les lieux en cas d’inondation, assurant ainsi de bonnes récoltes et la sécurité de la population. Des visiteurs y font des prières. Elles sont attestées par les bougies allumées au milieu de cour. La sacralité des lieux motive des instructions. Il est demandé aux visiteurs de s’abstenir de tout comportement ou discours susceptible de blesser les sentiments religieux. La visite du temple doit se faire de manière civilisée, sans crachats ni jets de déchets. Le visiteur doit être silencieux, chérir les fleurs, les arbres et les installations du temple, sans les détruire. Fumer ou boire de l’alcool y est interdit. La Grande Muraille de la Chine est qualifiée par certains d’une des «Sept nouvelles merveilles du Monde moderne» à côté du Christ Rédempteur au Brésil, le Colisée en Italie, Chichén Itzá au Mexique, le Taj Mahal en Inde et le Machu Picchu au Pérou.
Par Baba
LE SUMP
La cousine de Tons venait des alentours de Louga. Par la rumeur qu’emporte le vent, elle avait ouï-dire que son cousin de Tons était plus maigre qu’un clou, que le ramadan avait un effet ravageur sur sa personne.
La cousine de Tons venait des alentours de Louga. Par la rumeur qu’emporte le vent, elle avait ouï-dire que son cousin de Tons était plus maigre qu’un clou, que le ramadan avait un effet ravageur sur sa personne. Alors, elle entreprit de voler au secours de son cher et tendre cousin dont elle avait un faible. Quant à Tata, comme on dit du côté de chez nous, elle la touchait avec un long bâton. Elle ne lui a jamais pardonné de lui avoir ravi la perle de ses yeux. Mais diplomatie familiale fait que leur relation ne dépassait guère la porte de « jam waali, mbelke e jam » (bonjour en puular)
La cousine était donc arrivée, un panier sur la tête, qu’elle posa au pied de Tons. Elle défie le nœud du tissu qui enfermait les provisions du pays. Il y avait là du sidéme, du solom, du oule, du bouille, du tool, du made, du théré tiaxar et tous les ingrédients pour la préparation du niriibuna. Tons plongea sa main dans le tissu qui emballait les délices et les saveurs du pays. La main de Tons rencontra une housse qui contenait du sump. Il s’arrêta un instant, ferma les yeux. Son visage se détendit, affichant un sourire qui en disait long. Il rouvrit les yeux, une goutte de larme se posa sur son boubou. C’est toute son enfance qui défilait devant ses yeux. Il ne restait qu’un quart d’heure avant la rupture du jeûne, Tons, les yeux rivés sur le sump, salivait. N’y tenant plus, il tourna le dos et hop ! deux sump dans la bouche. Tata surprise, hurla « Lahilah ilalah», Tons de rétorquer « sama nacc teuri na ; sump ci garabi aldiana yi la book dogul koor ; oubil teré bi »
LES POLITIQUES DE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT EN AFRIQUE DE L’OUEST DOIVENT EVOLUER
Ex-Directeur Exécutive Adjoint pour Open Society Africa et Directeur Exécutif de Open Society Initiative for West Africa (OSIWA), Dr Ibrahima Aidara apporte sa réflexion sur la problématique globale des politiques de financement du développement en Afriqu
Ex-Directeur Exécutive Adjoint pour Open Society Africa et Directeur Exécutif de Open Society Initiative for West Africa (OSIWA), Dr Ibrahima Aidara est un économiste sénégalais qui travaille depuis longtemps sur les questions de financement pour le développement, les politiques publiques, les innovations ainsi que la mise en relation des communautés locales avec les politiques et programmes nationaux et internationaux. Dans cet entretien, il apporte sa réflexion sur la problématique globale des politiques de financement du développement en Afrique de l’Ouest : aide internationale contre financement interne.
Quelle lecture faites-vous de la situation économiste actuelle de l’Afrique ?
L’Afrique de l’Ouest, une région riche en ressources naturelles et en potentiel humain, fait face à des défis de développement complexe : inégalités économiques croissantes, infrastructures insuffisantes, gouvernance fragile et insécurité persistante, notamment dans les pays du Sahel. Afin de surmonter ces obstacles et d’assurer un développement durable, la région s’appuie à la fois sur l’aide internationale et sur des financements internes. Cependant, ces deux formes de financement soulèvent des questions de pérennité, d’efficacité et de souveraineté, ce qui exige une réflexion approfondie sur les meilleures stratégies à adopter.
L’Aide Internationale est un pilier du développement mais n’est-elle pas une dépendance risquée ?
L’aide internationale a historiquement joué un rôle central dans le financement du développement en Afrique de l’Ouest. Cette aide provient de plusieurs sources : les États-Unis, l’Union européenne, les institutions multilatérales comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), ainsi que de pays émergents comme la Chine et le Brésil. Cette aide, qu’elle soit humanitaire, technique ou financière, a permis de financer des projets cruciaux dans les domaines de la santé, de l’éducation, des infrastructures et de la sécurité alimentaire. Par exemple, au Nigéria, le programme PEPFAR (President’s Emergency Plan for AIDS Relief) des États-Unis a injecté des milliards de dollars dans le secteur de la santé, particulièrement dans la lutte contre le VIH/SIDA, ce qui a contribué à la réduction du taux de mortalité liée à cette maladie.
La Chine, à travers le Forum sur la Coopération Sino-Africaine (FOCAC), a financé plusieurs projets d’infrastructures en Afrique de l’Ouest, notamment la construction de routes, de ponts, de chemins de fer, et de ports. Un exemple marquant est le projet ferroviaire Abidjan-Ouagadougou, financé en grande partie par des prêts chinois, qui a amélioré la connectivité et stimulé le commerce intra-régional. Plusieurs autres projets ont été mis en œuvre dans le domaine de l’aide alimentaire, dans des pays comme le Mali et le Burkina Faso, où des sécheresses prolongées ont mis en danger la sécurité alimentaire. L’aide internationale a permis de fournir de l’aide d’urgence à des millions de personnes en situation de crise alimentaire.
Les conditions de cession de cette aide ne s’opposent-elles pas souvent à la mise en œuvre des politiques publiques nationales ?
L’aide internationale pose plusieurs défis majeurs. L’une des principales préoccupations est une dépendance économique et politique accrue, limitant l’autonomie des pays bénéficiaires. De plus, les conditions contraignantes imposées par les donateurs, souvent inadaptées aux réalités locales, peuvent entraver la mise en œuvre de politiques publiques nationales. Dans de nombreux cas, elle affaiblit les politiques publiques nationales, qui sont parfois vidées de leur substance souveraine au profit des intérêts des bailleurs de fonds. Malgré les milliards de dollars investis, l’Afrique de l’Ouest demeure l’une des régions les plus pauvres au monde, ce qui interroge l’efficacité de cette aide et la nécessité d’explorer des alternatives plus viables.
Quelle est selon vous la voie vers une plus grande souveraineté économique ?
Dans un des rapports que j’ai coordonnés à OSIWA en 2016, portant sur « la mobilisation des ressources domestiques, à travers la lutte contre les flux financiers illicites », nous démontrions que l’Afrique de l’Ouest a atteint un stade critique de son développement. Des décisions importantes devraient être prises afin de réduire la dépendance vis-à-vis de l’aide étrangère, accroître les investissements publics dans les initiatives de développement et réduire l’extrême pauvreté. Contrairement au narratif sur l’importance de l’aide internationale à l’Afrique, ce rapport a montré que la fuite des capitaux hors de la région est autrement beaucoup plus importante que l’aide reçue.
Le rapport révélait que les pertes dues aux prix de transfert abusifs sont passées de 11 milliards USD en 2011 à 78 milliards USD en 2018. Cette situation a entraîné une baisse des recettes publiques de trois milliards de dollars en 2011 à 14 milliards USD en 2013. Même si ces chiffres sont parfois contestés, ils sont néanmoins révélateurs. Il est impératif que nos États opèrent un changement de paradigme, afin de mettre fin à une perte de capitaux se chiffrant à plusieurs milliards, voire milliers de milliards, de dollars en flux de capitaux illicites, pour se concentrer sur le financement des priorités de développement de la région.
Finalement, notre rapport suggère que si les mesures requises avaient été prises pour lutter effectivement contre la falsification des prix de transfert, des recettes fiscales supplémentaires qui auraient été collectées entre 2012 et 2014 (s’élevant à un total de 15 milliards de dollars conformément à nos estimations ), auraient suffi pour combler le déficit financier (11,3 milliards de dollars US en 2011) pour mettre en œuvre le Document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP), de la CEDEAO et contribuer ainsi à l’intégration régionale comme moyen de garantir l’éradication de la pauvreté ainsi que le bien-être, la paix et la sécurité de l’ensemble de la population, conformément aux objectifs annoncés du DSRP.
Quel mode de financement interne et durable pour les pays africains ?
Certains pays de la région commencent progressivement à explorer des moyens de financer leur développement de manière interne. Cela inclut l’augmentation des recettes fiscales, la mobilisation des ressources internes, et la promotion de l’investissement privé national. Le financement interne présente l’avantage de renforcer la souveraineté économique et de réduire la dépendance à l’aide extérieure. Par exemple, le Ghana avait entrepris des réformes fiscales ambitieuses pour accroître ses recettes internes, avec, l’introduction de la TVA qui a permis d’élargir la base fiscale et d’améliorer la collecte des impôts. La Côte d’Ivoire a mis en place des politiques pour encourager les investissements privés, tant nationaux qu’internationaux.
Des initiatives comme la Zone de Transformation Agricole ont permis aux entreprises locales et internationales d’investir dans la transformation de produits agricoles, créant des emplois et stimulant l’économie locale. Le financement privé a été essentiel pour soutenir la croissance des infrastructures, comme les ports et les aéroports, réduisant ainsi la dépendance aux financements étrangers. Le Sénégal développe des pôles territoriaux et des agropoles, misant sur les potentialités locales et le financement du secteur privé national. Le financement interne reste toutefois un défi majeur en Afrique de l’Ouest, notamment en raison des faibles taux de collecte fiscale, de la corruption et de l’inefficacité administrative dans de nombreux pays. De plus, l’accès aux marchés financiers mondiaux reste limité pour plusieurs pays de la région, et les emprunts peuvent entraîner un endettement important, comme cela a été observé dans beaucoup de pays : Ghana, Sénégal, Mali, Burkina Faso, où la dette publique a considérablement augmenté au cours des dernières années.
Est-il possible d’établir l’équilibre entre l’aide internationale et le financement Interne ?
La clé du succès réside dans l’équilibre entre l’aide internationale et les financements internes. L’aide internationale reste indispensable pour répondre à des besoins urgents, comme les crises sanitaires et alimentaires, mais elle ne peut être la seule solution pour un développement durable. Parallèlement, les pays doivent continuer à renforcer leurs capacités internes, notamment en améliorant la gouvernance, en augmentant les recettes fiscales et minimiser les fuites de capitaux, et en attirant des investissements privés. Les politiques de financement du développement en Afrique de l’Ouest doivent évoluer vers un modèle plus équilibré et durable. Si l’aide internationale joue encore un rôle clé, elle ne doit pas être une fin en soi. L’accent doit être mis sur le renforcement des capacités internes, l’optimisation des recettes fiscales et la réduction des flux financiers illicites. L’Afrique de l’Ouest possède les ressources et le potentiel humain nécessaires pour assurer son développement. Il est temps d’adopter des stratégies ambitieuses pour renforcer sa souveraineté économique et bâtir une prospérité durable pour ses populations