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29 juin 2025
ABDOULAYE MAR DIEYE PREND DU GALON
Le Sénégalais Abdoulaye Mar Dièye a été nommé jeudi, par le secrétaire général de l’Onu, Coordonnateur spécial pour le développement au Sahel, poste visant à mieux contrer les crises humanitaires et sécuritaires.
Le Sénégalais Abdoulaye Mar Dièye a été nommé jeudi, par le secrétaire général de l’Onu, Coordonnateur spécial pour le développement au Sahel, poste visant à mieux contrer les crises humanitaires et sécuritaires.
Abdoulaye Mar Dièye, qui sera basé à Dakar, «est un macro-économiste et un expert en développement avec une solide expérience en matière de développement acquise au cours des 35 dernières années», a souligné Antonio Guterres dans un communiqué. Il occupait précédemment les fonctions de conseiller au Programme des Nations unies pour le développement (Pnud).
INVENTEUR D’UN VEHICULE, SAMBOUROU SEYDI HONORE PAR SANOUSSI DIAKITE
Kolda, Sambourou Seydi, qui a mis au point un véhicule, a été honoré par Sanoussi Diakité, président de l’Association sénégalaise pour la promotion de l’invention et de l’innovation.
Sambourou Seydi, qui a mis au point un véhicule, a été honoré par Sanoussi Diakité, président de l’Association sénégalaise pour la promotion de l’invention et de l’innovation.
Un génie est né à Kolda. Le président de l’Association sénégalaise pour la promotion de l’invention et de l’innovation a effectué une visite dans l’entreprise du jeune inventeur Sambourou Seydi de Dabo qui a mis au point un véhicule en novembre dernier. Sur place, M. Diakité a pu constater les conditions de travail de cet acteur de développement, mais aussi découvrir son talent. En réussissant cette prouesse, «il a donné l’exemple d’un jeune qui croit au travail et en lui. Il mérite vraiment d’être soutenu pour développer son entreprise», explique l’ex-directeur général de l’Office national de formation professionnelle (Onfp). Entre génies, on parle le même langage.
Du haut de ce véhicule estampillé «Air Dabo», Sanoussi Diakité s’engage à mener une communication sur cette invention afin que ce jeune inventeur soit beaucoup plus connu. «Je joins ma voix à celle des autres qui m’ont précédé pour porter son nom en ampleur à travers le monde afin d’attirer l’attention nationale et internationale sur Dabo», a-t-il fait savoir. Ce qui, de l’avis du patron des inventeurs du Sénégal, va contribuer à créer des emplois dans la localité et développer l’économie locale.
Et cela, le jeune Sambourou Seydi en est conscient. Cet ancien élève du Centre régional de formation professionnelle (Crfp) de Kolda, placé par l’Ong Ofad Naforé dans cet établissement, dit avoir fait cette invention dans le but d’attirer l’attention des décideurs et des partenaires au développement vers cette commune rurale pour y investir afin de la relever au rang des collectivités territoriales émergentes.
Son ambition est de faire de son entreprise un outil au service de la mécanisation agricole en milieu rural. «Je veux être soutenu pour améliorer la fabrication de semoirs, de houssines, de charrettes, de moulins, entre autres», dit-il. Il veut être en mesure d’exécuter des marchés nationaux à partir de ces trois ateliers qu’il a ouverts dans la commune de Dabo où il est «actuellement en train de former une quarantaine de jeunes qui ne pensent même pas à l’émigration clandestine», a-t-il confié avec fierté.
Il faut rappeler que ce véhicule est fait à partir d’un assemblage de matériels et matériaux issus de la mécanique automobile. Un outil de transport qui fait la fierté des populations de cette contrée rurale. D’ailleurs, le maire de la commune rurale de Dabo promet un appui annuel d’un million à Sambourou dans le sens de renforcer les capacités techniques et technologies de cette entreprise, une première au Fouladou.
«BAAMUM NAFI» DANS LA COURSE
Après Félicité de Alain Gomis en 2017 et Atlantique de Mati Diop en 2019, c’est au tour de Baamum Nafi, le long métrage de Mamadou Dia, de représenter le Sénégal à ce prestigieux rendez-vous du cinéma mondial
Le film «Bamuum Nafi» de Mamadou Dia représentera le Sénégal à la course aux Oscars. Film totalement réalisé avec des financements sénégalais, le long métrage de Mamadou Dia suit les pas de «Félicité» de Alain Gomis et «Atlantique» de Mati Diop.
Le Sénégal sera bien présent dans la course aux Oscars de cette année. Après Félicité de Alain Gomis en 2017 et Atlantique de Mati Diop en 2019, c’est au tour de Baamum Nafi, le long métrage de Mamadou Dia, de représenter le Sénégal à ce prestigieux rendez-vous du cinéma mondial. L’annonce a été faite par le Hollywood Reporter qui indique dans un article que «le Sénégal a choisi le film Nafi’s father pour le représenter à la catégorie Meilleur long métrage international aux Oscars». «C’est un honneur de pouvoir représenter le Sénégal aux Oscars. Comme le disait l’ex directeur de la Cinématographie Hughes Diaz, c’est bon que notre pays puisse se présenter chaque année avec une nouvelle production. C’est donc un grand plaisir de représenter le Sénégal cette année et de suivre les pas de Félicité et Atlantique», s’est réjoui le réalisateur sénégalais au téléphone.
Il faut dire que si Bamuum Nafi est le 3e film sénégalais à concourir aux Oscars, l’on peut dire qu’il s’agit du premier film 100% sénégalais à atteindre ce niveau puisque aussi bien Félicité que Atlantique ont été des coproductions dans lesquelles le Sénégal a eu une participation financière minime. «C’est un film 100% sénégalais puisque mon associé et producteur Maba Ba, à travers notre compagnie Joydidi, nous avons entièrement produit ce film. Nous l’avons fait nous-mêmes, pas parce que nous ne voulions pas de coproducteur, mais nous n’en avons pas eu. Et Joydidi a fait le choix de produire seul parce que c’est un sujet sensible et c’est aussi un film qu’on pensait être prêt à faire par nous-mêmes et nous l’avons fait», explique Mamadou Dia. Autre fierté pour le réalisateur, le fait d’avoir travaillée avec une équipe technique sénégalaise. Pourtant, se réjouit son réalisateur, les acteurs du film sont des amateurs pour la plupart. «C’était toute la population de Matam qui était les acteurs et la plupart n’avaient jamais joué dans un film, à part les deux personnages principaux interprétés par Alassane Sy et Seïkou Lô qui sont des professionnels. C’est un projet qui a été fait avec beaucoup d’amour et très peu d’argent. Donc nous sommes très contents et fiers de ça», indique M. Dia. «Tokara veut épouser sa cousine, la belle Nafi, ce qui met leurs pères en conflit. Le plus jeune frère est un religieux de haut rang, l’autre un candidat à la mairie de la petite ville du nord-est du Sénégal où se déroule le film. Au début, leur lutte fraternelle semble porter uniquement sur le bonheur de leurs enfants, mais peu à peu, ces derniers deviennent les pions d’une dispute amère sur la tradition, le progrès et la vraie nature de l’islam. Leurs liens familiaux peuvent-ils les aider à surmonter ces différences idéologiques ?» Ainsi ce résume ce film qui a remporté deux distinctions au Festival de Locarno.
Le défi d’être short-listé
Pour le moment, Bamuum Nafi est dans la première liste des films sélectionnés. Et les prochaines étapes seront de faire le maximum de communication autour du film. «Avoir les gens autour du film, être sûr que le film est suivi par les membres votants de l’Académie des oscars», informe Mamadou Dia qui entend se tourner vers la direction de la Cinématographie pour bénéficier des expériences acquises avec Félicité et Atlantique. Une façon de relever à coût sûr le premier défi, à savoir être sur la short-liste. Une étape que les films sénégalais n’ont pas encore pu dépasser jusque-là. Même si le film n’a pas de distributeur aux Etats-Unis, Mamadou Dia conserve son optimisme. «Au Etats-Unis, on s’est surtout basé sur la distribution par les festivals. On a fait le Festival d’Atlanta où on a gagné le Prix du jury. On a fait le New directors new film qui se passe au Museum of modern art du Lincoln center à New York. Mais beaucoup des films qui sont sélectionnés n’ont pas de distributeurs aux Usa.»
CETTE PANDÉMIE DONNE À RÉFLÉCHIR SUR LA PATHÉTIQUE FRAGILITÉ DE LA VIE
Du contexte sanitaire à la création littéraire nationale, en passant par l’émigration des jeunes, Ken Bugul, auteure du célèbre roman « Le baobab fou », répond sans détours dans cet entretien
Réinventer un monde réajusté et renforcer nos capacités de survie et de vie dans un environnement plus proche de la nature et de l’humain. Voilà, la recette de Ken Bugul face aux questions aactuelles. Elle pense que l’homme a toujours la capacité à surmonter les épreuves de la vie, à moins qu’il ne l’exploite par fatalité ou défaitisme. Du contexte sanitaire à la création littéraire nationale, en passant par l’émigration des jeunes, l’auteure du célèbre roman « Le baobab fou », âgée aujourd’hui de 73 ans, nous répond sans détours dans cet entretien.
En tant qu’écrivain, comment vivez-vous cette période de la pandémie Covid-19 ?
La pandémie a affecté tout le monde, écrivain ou non, dans son quotidien. Au début, j’étais un peu déstabilisée par rapport à mes activités programmées, planifiées, mais je me suis réorganisée assez rapidement pour une question de survie. Il fallait continuer à occuper la vie. J’avais un manuscrit à corriger, un nouveau livre sur lequel je travaillais et d’autres activités connexes, des retards de lecture d’ouvrages surtout de la nouvelle génération, et une réécoute des musiques urbaines. Cette pandémie m’a donné l’occasion de réfléchir sur la vie en général dans sa fragilité et sa précarité et de me repencher sur la mienne en particulier dans son optimisme linéaire naïf.
Pensez-vous que les Sénégalais s’en tirent mieux, par rapport à d’autres pays ?
Je ne sais pas ce qui se passe dans le monde en dehors des informations diffusées par les médias. Mais d’après ces mêmes médias, le Sénégal s’en sort assez bien depuis le début. Cependant avec la recrudescence connue ces temps-ci, il faut redoubler d’efforts à tous les niveaux. C’est une question de discipline individuelle pour le salut de tous. Il y a des gens qui ne croient pas à la pandémie, d’autres qui négligent les gestes barrières, d’autres qui s’en remettent à Dieu, en oubliant que Dieu Aime la discipline pour soi-même, pour et envers les autres. Les autorités doivent aussi penser aux circuits socio-culturels traditionnels pour informer et sensibiliser sur la pandémie, mais doivent en profiter pour renforcer les structures sanitaires existantes en les équipant surtout dans les régions et en milieu rural. Dans le Saloum où je suis née, nous avons des structures sanitaires qui ne sont que des bâtiments mais ne sont pas équipés en matériel et en personnel adéquats.
Cette situation, sanitaire, sociale et économique vous-a-t-elle inspiré un thème pour un livre ou non ?
Cette situation ne m’a pas encore inspiré un livre, car nous n’en sommes pas encore sortis. Il faut du recul pour mieux appréhender une situation. Des livres sont sortis à ce sujet, mais sur des spécificités liées à la pandémie, mais pas sur la pandémie elle-même, car elle sévit encore et le virus s’amuse à muter. Des conséquences psychologiques, sociales, économiques, cliniques, sont relevées et relatées, mais ne pas encore traités d’une manière exhaustive dans la littérature. Il y aura beaucoup de publications bientôt, que la pandémie perdure ou qu’elle disparaisse, ce que je souhaite et prie pour. Les réflexions auxquelles la pandémie me pousse au quotidien par rapport à ce que j’observe en moi et dans mon environnement, contribueront certainement à l’écriture d’un livre qui l’utilisera comme toile de fond, mais abordera des questionnements essentiels sur la vie, son sens, son essence, sa finalité et l’homme face à des forces incontrôlables et à sa capacité ou son incapacité à les surmonter, comme depuis les origines de l’humanité. Espérons que l’intelligence et l’utilisation de ses potentialités insoupçonnées mais énormes, pourront aider l’être humain à réinventer un monde réajusté, rééquilibré et renforceront ses capacités de survie et de vie dans un environnement plus proche de la nature et de l’humain.
Justement où en-êtes-vous dans la création littéraire ?
Je viens de terminer la correction d’un manuscrit. Actuellement je travaille sur un projet pour une chorégraphie et j’ai ressorti un manuscrit sur lequel je travaillais. J’ai aussi une pièce de théâtre que je dois dépoussiérer et la travailler. Je suis en permanence en train de travailler ou de penser à un projet. Avoir des projets, projette dans le temps, dans l’imaginaire, dans la créativité et amenuise les petits soucis encombrants et non inspirants du quotidien.
Ces derniers mois, l’on a noté des jeunes sénégalais périr dans l’océan à bord d’embarcations de fortune pour rallier l’Europe. Que pensez-vous de ce phénomène ?
Ce phénomène est récurrent et n’est pas prêt de s’arrêter. Il fait le buzz de temps à autre quand il y a beaucoup de morts en peu de temps. Tous les jours, des hommes, des femmes, des enfants sont en train de mourir ou de vivre dans des conditions inhumaines quelque part sur leur parcours vers l’ailleurs. Il ne s’agit plus d’un ciblage de l’Occident pensé comme un eldorado, mais c’est partir et partir n’importe où. Devoir partir, est le nœud de la problématique du phénomène. C’est sur cela que nous devons réfléchir et nous avons tous les éléments. Pourquoi vouloir partir? C’est légitime de vouloir partir. L’homme est fait pour bouger. L’homme doit bouger. Mais devoir partir et partir n’importe où, comme un suicide, il y a un problème.
Nous devons y réfléchir et y trouver les solutions qui existent. Il faut revoir le système pervers qui s’empare de notre société en la hiérarchisant, en la catégorisant, en les classifiant, à travers des valeurs matérialistes égoïstes et cupides imposées comme nouvelles échelles de valeurs. Où est la connaissance? Où est le savoir? Où est la culture? Où est le respect de la différence? Où est la justice? Où est le sens de la famille? Où est la solidarité séculaire? Où sont nos garde-fous socio-culturels traditionnels qui contribuaient à stabiliser, réguler, et à inculquer des valeurs intrinsèques et endogènes?
Le manuscrit que je viens de terminer en parle mais insiste dans le questionnement sur le motif plutôt que sur les faits en situant toutes les responsabilités.
Vous avez vécu en Europe. Pensez-vous que ces jeunes vont réellement trouver le mieux-être en Occident, l’eldorado ?
Ecoutez, je ne crois pas que l’Europe soit systématiquement visée actuellement. Sa proximité est une raison pour la choisir comme destination dans le «n’importe où». L’Europe est à quatorze ou quinze kilomètres du continent Africain. Du sud de l’Espagne, on peut voir les lumières des villes d’Afrique du Nord, la nuit, en temps clair. J’ai fait avec le grand écrivain congolais Henri Lopez, une rencontre avec des étudiants à Tarifa en Espagne et des étudiants marocains y avaient assisté en faisant une traversée de quatorze kilomètres. C’est une question de proximité. Ceux qui partent visent un espace Schengen tout proche qui leur permettra de se diriger vers d’autres pays. Nous ne parlons pas des autres itinéraires à travers la partie orientale du continent, le désert du Sinaï, vers la Turquie, etc. Il y a aussi les itinéraires plus compliqués à travers l’Amérique latine. Les migrants y rencontrent les mêmes souffrances et la mort. Il faut revoir le film de Moussa Sène Absa, Yole. Ceux qui partent ont connaissance et conscience des difficultés sur le parcours avec ces milliers de morts, hommes, femmes, enfants, des problèmes économiques dans beaucoup de pays d’Europe et d’ailleurs. Il y a aussi la montée du nationalisme, de l’extrême droite, des politiques d’immigration dures, les assassinats par des racistes, par la mafia, le mépris dont les migrants sont victimes en permanence. Les candidats à l’émigration sont au courant de tout cela, mais ils veulent quand même partir. C’est ce «devoir partir» qu’il faut analyser, comprendre et chercher et trouver des solutions. Malheureusement d’un côté comme de l’autre, il y a une méprise et un manque de vision. Les uns donnent des milliards pour freiner l’émigration clandestine, d’autres s’en fichent et n’utilisent pas judicieusement ces fonds alloués à cet effet où les utilisent à d’autres fins. Et pour les uns, les immigrés clandestins ou non contribuent d’une part à l’emploi au noir par des sociétés sans scrupules, et pour les autres ils servent de régulateurs socio-économiques et masquent les insuffisances dans la vision d’une prise en charge responsable des problèmes de chômage et de mal être des gens surtout des jeunes gens harcelés par la société, depuis la cellule familiale.
Vous êtes souvent invitée à des rencontres et salons de livres à travers le monde. Quels échos y avez-vous de la littérature sénégalaise ?
Le Sénégal figure en bonne place dans la littérature. Les noms d’auteurs sont connus, mais pas leurs ouvrages surtout pour les auteurs vivant et se faisant éditer au pays. Il y a un problème au niveau de la chaîne du livre par le manque de promotion, par une implication efficiente des autorités en charge du secteur, de l’auteur jusqu’au lecteur. Les auteurs ont des difficultés pour faire éditer leurs ouvrages, les éditeurs ont des difficultés pour éditer un livre qui nécessite des moyens, des correcteurs quand un livre est retenu pour publication, les techniques relatives à la fabrication d’un bel ouvrage, de bonnes imprimeries qui ont du bon matériel, la distribution, les libraires et un public de lecteurs qui fait défaut. Avant les programmes d’ajustement structurel qui ont été meurtriers avec la culture, surtout avec le livre, le secteur était subventionné. Mais bien que notre autorité de tutelle fasse de son mieux, il reste beaucoup à faire pour booster l’édition. Les mesures imposées par les Programmes d’ajustements structurels (Pas) n’ont pas été réactualisées et réajustés depuis quarante ans, à moins que nous soyons encore sous leur joug. Quand un livre n’est pas distribué, il n’est pas accessible.
C’est le problème pour les autres au Sénégal. Il y a des talents, mais la plupart sont brisés. C’est dommage. En dehors des auteurs qui vivent en Occident, concernant le Sénégal, on cite toujours l’ancienne génération. Alors qu’il y a de talents en herbe dont il faut faire la promotion en les soutenant par des lieux de résidence d’écriture et de création, des bourses et des aides à la création, par des rencontres avec d’autres auteurs, en soutenant la chaîne de fabrication et de diffusion du Livre. Les médias aussi y ont un rôle important à jouer. Il faut que le Cesti incorpore dans son curriculum une spécialisation en art et en culture. La Direction du Livre du Sénégal doit avoir plus de moyens pour faire avancer la littérature d’une manière efficiente et efficace. La littérature ce n’est pas dans la quantité, mais il faut de bons livres de qualité, bien édités, bien distribués. Pour aspirer à devenir un bon écrivain, il faut avoir beaucoup lu et continuer à lire. Il faut être cultivé pour écrire. Le reste c’est avoir le sens de la créativité en lâchant son imaginaire. La littérature ce n’est pas des histoires à raconter c’est l’art de les raconter. Il faut que les jeunes auteurs lisent, qu’ils se cultivent et travaillent un peu plus leurs manuscrits pour sortir des ouvrages de haute facture qui contribueront à peupler nos imaginaires et ceux du monde. Les éditeurs aussi doivent être plus exigeants sur les ouvrages qu’ils publient. Rendons grâces, car depuis quelques temps, de jeunes auteurs sont en train de relever les défis. Il fut les encourager et les soutenir. Le développement ne peut se faire sans le savoir, la connaissance et la culture dont la lecture inspirante et non des ouvrages de faits divers dont on se lasse très vite pour s’orienter vers des séries télévisées et autres novelas dont le niveau intellectuel n’est pas relevé et nous plonge dans des imaginaires aliénants.
Il nous faut rattraper le retard. Le Sénégal était connu comme un pays de grands écrivains et auteurs dramaturges, de grands poètes. Parmi eux, C. H. Kane, Malick Fall, Sembène Ousmane, Mariama Bâ, Aminata Sow Fall, Cheikh Ndao, B.B. Diop, C. Anta. Diop, A. Sadji, Ousmane Socé Diop, L. Senghor, Ibrahima Sall, Abdou Anta Kâ, A. Lamine Sall etc. Les nouvelles générations comme Fatou Diome, Khady Hane, Mariama Ndoye, Sokhna Benga, Felwine Sarr, et tant d’autres dont beaucoup de femmes qui essaient de porter haut le flambeau pour un renouveau de la littérature. Il faut des moyens et de la reconnaissance pour sortir la littérature du folklore et de la médiocrité.
A parcourant vos œuvres littéraires, le lecteur en apprend sur notre société, les rapports femmes-hommes, les traditions, etc. Cette société que vous évoquiez dans vos livres, a-t-elle changé de nos jours ?
La société n’a pas changé. C’est le système social qui a muté brutalement. Nous sommes dans la confusion totale. Nous avons besoin de nous ressaisir, de nous repenser, de nous réinventer. Nous sommes tous responsables. Il faut une vision et une approche endogènes dans tous les secteurs avec une ouverture au monde devenu un village planétaire. Il faut refonder notre système éducatif en recensant ses forces et ses faiblesses qui sont nombreuses. Le niveau baisse de plus en plus. Ce qui manque à notre système éducatif c’est la dimension de la culture qui laisse à désirer. Il y a des étudiants à l’université qui sont incapables de tenir un discours cohérent et fluide. C’est le cerveau qui est incohérent dans sa non maîtrise de ses langues maternelles qui se sont abâtardies, et cela affecte la maîtrise des langues étrangères dans lesquelles ils sont éduqués. Quand on ne maîtrise pas sa langue maternelle, il est difficile de maîtriser une autre langue. C’est cette confusion perturbante qui est en partie, la cause de notre acculturation et jette le flou dans notre quête d’identification et d’identité. Nous en perdons tout un héritage intellectuel, spirituel, un sens du discernement, une cosmogonie. Il faut que nous sortions rapidement de cette zone de confusion pour redevenir l’homme intégral auquel nous aspirons avec nostalgie pour certains, en développant toutes nos potentialités et sortir de la traîne de la dépendance mentale.
Au-delà de la littérature, quelles activités vous occupent maintenant à votre âge?
Je n’ai pas d’âge. Chaque matin, je suis un être tout neuf, prêt à vivre. Je peux parler du temps qui passe en blanchissant mes cheveux, en ridant ma peau, mais il n’affecte pas la vie qui se présente à moi à chaque instant. La vie n’a pas d’âge. Elle est l’instant. Aujourd’hui plus que jamais, je me sens naître chaque jour et je prends la vie à bras le corps et m’occupe à remplir chaque instant dans des actes et des actions utiles, qui ont du sens pour moi et pour ceux qui m’entourent dans mon quartier et partout. Je trouve la vie si excitante et je ne voudrais pas qu’une question de nombre d’années m’empêche de vivre chacun de ses instants. Je lis, j’échange avec les gens que je rencontre partout et n’importe où, je saisis tout bruit, tout son, tout vent. Je contemple la vie qui m’émeut. Je suis émue par la vie et par la création. Et j’aime les gens parce qu’eux aussi m’émeuvent, me touchent et me rapprochent de plus en plus de Dieu, donc de moi-même. Je rends grâce à cette Energie qui est la vie.
J’aime visiter les lieux de culte, faire le marché et la cuisine. Je mange essentiellement ce que je prépare moi-même. Dans mon prochain ouvrage, il y a une partie consacrée à la relation entre faire la cuisine et écrire un livre. C’est pareil. C’est de la création.
LE VOYAGE INTELLECTUEL DE FELWINE SARR
Il nous invite, dans "La saveur des derniers mètres", à partager ses voyages à travers le monde, mais aussi au cheminement d'un homme qui veut repenser notre manière d'habiter le monde et redéfinir la relation entre l'Afrique et les autres continents
L'économiste sénégalais Felwine Sarr est l’un des intellectuels importants du continent Africain. Ecrivain et professeur d'économie, il est également musicien. Deux de ses livres ont notamment fait date : Afrotopia (2016) et Habiter le monde (2017). Avec Achille Mbembé, il est le fondateur des Ateliers de la pensée de Dakar. Chaque année, des intellectuels et artistes s'y rencontrent lors d'un festival des idées transdisciplinaire pour “repenser les devenirs africains” à travers des concepts adaptés aux réalités contemporaines.
"La littérature, les arts, la production d’imaginaires et de sens demeurent de formidables boussoles pour l’humanité. Nous sommes dans une crise de l’imaginaire, nous n’arrivons pas à déboucher les horizons. (Felwine Sarr)
L’utopie nous dit qu’on peut féconder le réel, faire en sorte qu’il y ait un surcroit de réel. (...) Le premier travail est d'imaginer qu' "il est possible de..." (...) Il faut reprendre le chantier qui consiste à dire qu’il existe des horizons souhaitables, qu’il faut les penser, les imaginer, et travailler pour les faire advenir. (Felwine Sarr)
Felwine Sarr a été, avec l’historienne de l’art Bénédicte Savoy, chargé de rédiger un rapport sur la restitution des œuvres d’art africaines spoliées lors de la colonisation, remis à Emmanuel Macron en novembre 2018.
Sobriquets, insultes, vidéo-montages... Donald Trump, avait fait de Twitter, dont il a été suspendu vendredi, son canal de communication favori avec son compte @realDonaldTrump
Au pouvoir depuis quelques mois, le milliardaire républicain publie en juillet 2017 un montage vidéo le montrant terrassant un homme, au visage remplacé par le logo de la chaîne CNN. La publication est partagée des centaines de milliers de fois.
A coup de tweets, le président dénoncera tout au long de son mandat les "Fake News!" qu'il accuse de mener une "chasse aux sorcières".
- "Plus gros bouton" que Kim -
Deuxième année de la présidence Trump. Kim Jong Un prévient lors de son discours du Nouvel an 2018 qu'il a un "bouton nucléaire" sur son bureau. Il y exprime néanmoins aussi un intérêt pour le dialogue.
Furieux, Donald Trump se fend alors d'un tweet contre celui qu'il surnomme "Little Rocket Man" ("petit homme-fusée"):
"Le leader nord-coréen Kim Jong Un vient de dire qu'il +a un bouton nucléaire sur son bureau à tous moments.+ Informez-le que moi aussi j'ai un bouton nucléaire, mais il est beaucoup plus gros et plus puissant que le sien, et il fonctionne!".
- "Joe l'endormi" -
Tout au long de sa présidence, Donald Trump a utilisé Twitter pour ridiculiser ses adversaires et développer pour eux les sobriquets des plus moqueurs:
Le futur président, Joe Biden? "Sleepy Joe" (Joe l'Endormi). La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi? "Crazy Nancy" (Nancy la Folle). Adam Schiff, procureur en chef de sa procédure de destitution ? "Shifty Schiff" (Schiff le Fourbe)
Elizabeth Warren, candidate démocrate malheureuse à la présidentielle est affublée du surnom "Pocahontas", en référence à ses origines amérindiennes longtemps revendiquées mais en fait très diluées.
Au contraire, pour parler de lui-même, Donald Trump se qualifie de "génie extrêmement stable".
- Le plus viral -
Un mois avant l'élection présidentielle de novembre 2020: la campagne entre Donald Trump et Joe Biden bat son plein. A 01H00 du matin, le locataire de la Maison Blanche, septuagénaire, annonce avoir contracté le coronavirus.
"Ce soir, la Première dame et moi-même avons été testés positifs au Covid-19", a tweeté le président de la première puissance mondiale. "Nous allons entamer notre quarantaine et le processus de rétablissement immédiatement. Nous nous en sortirons ENSEMBLE!"
Le tweet est "liké" près de deux millions de fois, son record personnel. Donald Trump restera hospitalisé trois jours.
- Le dernier -
Probablement sans le savoir, Donald Trump tire sa révérence sur Twitter le 8 janvier en annonçant faire l'impasse sur la prestation de serment de son successeur, Joe Biden.
"A tous ceux qui ont demandé, je n'assisterai pas à la cérémonie d'investiture le 20 janvier".
Ce message, lourd de symbole restera le dernier de son compte, et ses environ 88 millions d'abonnés au moment de sa suspension.
TWITTER SUSPEND LE COMPTE DE DONALD TRUMP DE FAÇON PERMANENTE
L'étau se resserre sur le président américain, évincé des réseaux sociaux les uns après les autres : Twitter, son principal outil de communication, a suspendu son compte de façon permanente vendredi
L'étau se resserre sur Donald Trump, évincé des réseaux sociaux les uns après les autres: Twitter, son principal outil de communication, a suspendu son compte de façon permanente vendredi, deux jours après les émeutes de ses partisans qui ont envahi le Capitole pendant plusieurs heures.
"Après examen approfondi des tweets récents de @realDonaldTrump et du contexte actuel - notamment comment ils sont interprétés (...) - nous avons suspendu le compte indéfiniment à cause du risque de nouvelles incitations à la violence" de la part du président américain sortant, a expliqué l'entreprise dans un communiqué.
Jeudi, Facebook et d'autres services comme Snapchat ou Twitch ont aussi suspendu le profil du locataire de la Maison Blanche pour une durée indéterminée.
Mais avec plus de 88 millions d'abonnées, Twitter est la plateforme de prédilection de Donald Trump, celle qui lui sert à faire des annonces politiques, fulminer contre les médias ou insulter ses adversaires au quotidien.
"Nous ne serons pas réduits au silence", a protesté l'intéressé via le compte officiel POTUS (Président des Etats-Unis), à l'attention des "75 millions de patriotes" qui ont voté pour lui.
Il a évoqué des représailles contre le réseau qui "interdit la liberté d'expression" et le possible lancement de sa propre plateforme dans un futur proche, à travers une série de messages immédiatement retirés par Twitter.
"Utiliser un autre compte pour éviter la suspension est contre nos règles", a expliqué un porte-parole de la société, qui va aussi prendre des mesures "pour l'imiter l'utilisation" des comptes gouvernementaux comme @POTUS et @WhiteHouse.
Le réseau des gazouillis avait déjà escaladé les mesures de rétorsion mercredi, en supprimant plusieurs messages du chef d'Etat, au lieu de simplement les masquer avec des notes d'avertissement.
- Risques de nouvelles émeutes -
Le républicain n'a pas cessé de contester la validité de l'élection présidentielle, et d'encourager ses fans à intervenir, enfreignant donc les règles des principales plateformes sur le respect des processus démocratiques.
Twitter avait ensuite suspendu son compte pendant douze heures avant de le réactiver jeudi, à la surprise générale, car le président est tenu en bonne partie responsable des émeutes qui ont choqué le pays et à l'étranger.
"Nos règles sur l'intérêt du public existent pour permettre aux gens d'entendre directement ce que les élus et leaders politiques ont à dire", a détaillé l'entreprise californienne vendredi. "Cependant nous avons bien fait comprendre depuis des années que ces comptes n'étaient pas entièrement au-dessus de nos règles, et qu'ils ne peuvent pas utiliser Twitter pour inciter à la violence, entre autres choses."
Avant que son compte ne soit fermé, Donald Trump a enfin reconnu sa défaite dans un message vidéo. Puis il a déclaré qu'il n'assisterait pas, contrairement à la tradition, à la cérémonie d'investiture de son successeur, le démocrate Joe Biden.
Selon Twitter, cette annonce est interprétée par certains de ses supporters comme la preuve de l'illégitimité des résultats électoraux, et fait de l'événement une cible parfaite pour de nouvelles émeutes.
"Des plans pour de futures manifestations armées prolifèrent sur Twitter et ailleurs, y compris pour une deuxième attaque du Capitole le 17 janvier 2021", relève la plateforme.
Un peu plus tôt vendredi, elle avait déjà supprimé de soutiens de Donald Trump qui ont entretenu les théories du complot de la mouvance suprémaciste QAnon.
- Trop tard -
Les critiques se sont multipliées toute la semaine contre les réseaux, jugés trop lents ou trop laxistes.
Un nombre croissant de personnalités et d'organisations ont appelé à bannir le milliardaire des plateformes, de Michelle Obama au syndicat des employés de Google (pour YouTube, où le compte de Donald Trump est toujours actif).
Les décisions de Facebook et de Twitter, longtemps attendues, ont d'ailleurs été accueillies avec plus de colère et de mépris que de soulagement.
"Quand Twitter et d'autres agissent maintenant, c'est comme tous ces hauts responsables du gouvernement qui démissionnent à quelques jours de la fin (du mandat) : c'est trop peu, trop tard", a regretté Angelo Carusone, président de l'ONG Media Matters for America.
"S'ils avaient agi plus tôt, les horribles événements de mercredi auraient pu être évités."
Mais outre les soutiens du président, qui accusent les réseaux sociaux de le censurer sur la base de leurs préjugés, des voix se sont élevées à gauche pour mettre en garde contre de possibles atteintes à la liberté d'expression.
"Nous comprenons le désir de suspendre (le président), mais tout le monde devrait s'inquiéter quand ces entreprises ont le pouvoir de retirer des personnes de leurs plateformes qui sont devenues indispensables à l'expression de milliards d'individus", a commenté Kate Ruane de la puissante association de défense des droits civiques ACLU.
par Oumou Wane
PLAIDOYER POUR UN TOURISME RÉINVENTÉ
La communication touristique ne peut pas se contenter de venter un secteur reconnu pour ses compétences techniques et son efficacité. Elle doit faire rêver, raconter des histoires… À bien des égards, le Sénégal est « sans égal »
Après une année complète faite d'incertitudes, les professionnels du tourisme se préparent à une deuxième saison à vide, de la Petite Côte, à la Grande Côte, en passant par la Casamance, avec Cap Skirring comme symbole des énormes pertes enregistrées par le secteur.
Avec l’arrêt des vols internationaux et les restrictions mondiales sur les voyages, le tourisme sénégalais réalise plus que jamais à quel point il dépend exclusivement du tourisme international, quasi à plus de 90%. Avec la pandémie de Covid-19, le nombre des touristes internationaux a chuté et bien que la crise ait bouleversé les économies de tous les pays, l’effet de ce choc s’est davantage fait sentir dans les pays qui tirent d’importants revenus du tourisme, comme c’est le cas pour le Sénégal. C’est pourquoi il nous faut penser le tourisme autrement, tout en se préparant à l’après Covid et à la reprise du secteur en explorant et en attirant de nouveaux marchés à fort potentiel.
Il est temps donc d’inverser la tendance car relancer le secteur du tourisme est primordial. Aussi, dans le contexte difficile qui perdure, pourquoi ne pas commencer par privilégier le tourisme intérieur et régional, qui permettrait déjà aux structures hôtelières de fonctionner, quitte à afficher des tarifs hors compétition, pour permettre aux Sénégalais de venir découvrir l’intérieur du pays et ses côtes. Voici une belle idée, que chaque sénégalaise et sénégalais puisse s’approprier cette destination aux multiples facettes avec ses plages d’exception, mais aussi une richesse historique et culturelle et une authenticité séduisant le public international depuis toujours.
Imaginons d’un côté des professionnels fiers d’appartenir à la destination Sénégal et de l’autre, des habitants également perçus comme des acteurs du tourisme : « Je suis Sénégalais, j’aime mon pays, je le fais connaître ». Ceci contribuera à créer une communauté qui amplifiera le « bouche à oreille » sur la destination, au fur et à mesure qu’elle grandit.
Mais bien entendu la manne touristique qui constitue la deuxième source de devises étrangères pour l’économie du Sénégal après la pêche, et qui emploie 100 000 personnes à travers le pays, repose sur la fréquentation du pays par le tourisme international.
Et pour faire revenir cette clientèle après la crise sanitaire, les atouts réels du territoire ne manquent pas. Au delà de certains stéréotypes (plages, affaires, folklore), le Sénégal, à 5 heures d’avion du grand marché émetteur européen est un véritable carrefour culturel de l’Afrique. Avec une position géographique privilégiée qui en fait l’un des pays les plus ensoleillés du globe, le Sénégal est sûr et agréable. Il se visite avec le cœur, l'hospitalité y est profondément ancrée, les plages de sable fin y sont dignes des plus grands sites balnéaires du monde, le pays est stable et sa démocratie modèle…
Encore faut-il le faire savoir ! La communication touristique ne peut pas se contenter de venter un secteur reconnu pour ses compétences techniques et son efficacité. Elle doit faire rêver, raconter des histoires…
À bien des égards, le Sénégal est « sans égal », ce n’est pas un simple voyage de plus… C’est plus qu’un simple voyage !
Qui, parmi les sénégalais de la diaspora n’a pas rencontré un voyageur rentré du Sénégal, plein d’étoiles dans les yeux, les papilles encore enchantées et ne tarissant pas d’éloges sur la gentillesse du peuple sénégalais.
Voici ce que chacun d’entre nous devrait commencer par faire. Croire en ses valeurs, reconnaître ses qualités, défendre son pays et le protéger.
Notre président Macky Sall, pourra bien se battre tout seul aux côtés des professionnels du voyage, affirmer que le tourisme sénégalais est sous haute protection et injecter des milliards CFA dans la relance du secteur, cela suffira t-il à faire revenir au Sénégal, les 1,7 million de touristes qu’il a accueilli l’année dernière, et voire à les augmenter ?
La compagnie aérienne Air Sénégal pourra lancer autant de nouvelles liaisons qu’elle voudra et acquérir tous les Airbus A321 du monde en faisant de Dakar une plateforme incontournable dans le transport aérien, il manquera encore l’essentiel.
Et cet indispensable, c’est nous, c’est notre enthousiasme et notre foi. Cette envie et cette invitation à faire goûter nos différences. Alors, en attendant la grande campagne de promotion du tourisme sénégalais par le gouvernement, (que j’appelle de mes vœux) tous à nos réseaux sociaux, via Facebook, Twitter, Instagram, Pinterest, Google, Youtube, etc… Oublions le verre à moitié vide, pensons à sa partie pleine ! Battons-nous pour notre pays avec un cri d’amour et de ralliement de votre choix. Et pourquoi pas celui là : Mon Sénégal à toi ! (#monsenegalatoi) !
par Landing Badji
LA « VILLE », SURVIVANCE DE LA POLITIQUE COLONIALE DES « QUATRE COMMUNES » AU SENEGAL
Les « villes » furent surtout créées pour servir de fer de lance à la politique coloniale dite « d’assimilation ». Dès l’entrée en vigueur du C.G.C.L en 2014, la « ville » était devenue une anomalie démocratique
Madame Soham Wardini, maire de Dakar, a réagi contre le projet de suppression de la « ville » en ses termes :
« Dakar ville plus que centenaire, ancienne capitale de l’A.O. F, ville ouverte à toutes les identités, à toutes les fraternités, et à toutes les solidarités, témoin de notre histoire commune mérite plus de considération ».
Monsieur Abdoulaye Niang, maire de Rufisque, est lui aussi, sans surprise, contre. Ce serait un « déni d’histoire », soutient-il.
Les « villes » de Dakar et de Rufisque – comme avant elles, celles de Saint-Louis ou encore de Gorée - n’ont pas été créées par les sénégalais.
Brefs rappels
C’est pour l’année 1783 que le « Maire de ville » apparaît pour la première fois dans l’état général des dépenses à faire par l’Etat français dans la colonie du Sénégal.
Le 28 juin 1881, le droit colonial enregistrait un nouveau code, « le code de l’indigénat ». En 1887, le gouvernement français l’imposa à l’ensemble de ses colonies. Il distinguait deux catégories de personnes humaines : les citoyens français (de souche métropolitaine) et les sujets français (les noirs, les malgaches, les algériens, les antillais, les mélanésiens, etc.) Seuls les sujets français étaient soumis à ce code, c’est-à-dire à un ensemble de mesures dégradantes : les travaux forcés, l’interdiction de circuler la nuit, les impôts de capitation sur les réserves. D’autres mesures pouvaient y être ajoutées de façon discrétionnaire. Les délits qu’il avait consacrés étaient passibles d’emprisonnement ou de déportation.
Ce code sera appliqué dans la colonie du Sénégal jusqu’en 1946 (année du vote de la loi Lamine Gueye) alors que les Accords de Genève du 23 Avril 1938 avaient interdit toute forme de travail forcé. En Algérie, il restera en vigueur jusqu’à son indépendance en 1962. Le code de l’indigénat avait pour objectif de faire régner le « bon ordre colonial » basé sur l’institutionnalisation d’une inégalité inventée par les colons. C’’est pourquoi « les indigènes de l’île de Saint-Louis et de l’île de Gorée » se voient accorder la citoyenneté française par la loi du 04 Avril 1792. Quelques années après le triomphe de la Révolution de 1789. Après, viendront le tour de Dakar et Rufisque lorsqu’elles prendront une importance économique. Blaise Diagne appelait ces « Quatre Communes », le « Berceau de la France Africaine ». Et pour cause ! Car les « villes » furent surtout créées pour servir de fer de lance à la politique coloniale dite « d’assimilation ». Il était admis que les peuples colonisés étaient inférieurs aux « métropolitains ». Par conséquent, les colonisés devaient progressivement adopter la culture et les valeurs du colonisateur. Le Gouverneur Faidherbe déclarait à ce sujet dans un discours prononcé au cours d’une cérémonie de remise de prix à Saint-Louis le 14 Juillet 1860 : « C’est son intérêt, dont le nôtre n’est que la conséquence, que nous poursuivons, en cherchant à instruire cette population pour nous l’assimiler ». Voilà pourquoi, il s’était opposé pendant longtemps à l’élection des maires.
Parce qu’il préférait que le maire reçoive des instructions à appliquer dans ce sens plus tôt que d’être à l’écoute de ses électeurs. Sous ce rapport, il est utile de rappeler que les maires publiaient les ordres de l’Administrateur, contrôlaient leur exécution, assuraient la police ; ils étaient responsables de la voirie et participaient à la justice comme auxiliaires ; ils recevaient parfois mission de négocier avec les chefs locaux.
La construction du chemin de fer Dakar – Saint-Louis devait permettre à la France de relier ses communes de Saint-Louis (capitale) et de Dakar (port). Mais aussi de conquérir le Cayor. Il sera un élément majeur dans la colonisation française après la Conférence de Berlin (1884-1885).
A la création de l’Afrique Occidentale Française (A.O.F) en 1895, les citoyens des « Quatre Communes » conserveront leur statut de citoyens français tandis que les autres habitants des territoires colonisés seront cantonnés au statut « d’indigènes ». Ainsi encouragés à entretenir un complexe de supériorité. Aujourd’hui encore hélas, certains de nos compatriotes – d’un nombre infime heureusement - n’en sont toujours pas guéris. Cette politique coloniale a fait des victimes parmi des sénégalais devenus célèbres.
Lorsqu’il a été mobilisé, Abdoulaye Wade, alors surveillant à l’Ecole Normale William Ponty, sera désigné pour la « corvée des chiottes » au camp militaire de Rufisque jusqu’à son départ « pour la métropole ». C’est lui-même qui le révélera à feu maître Abdoulaye Thiaw, mon maître de stage. Membre du Comité Exécutif (notamment avec Sékou Touré dont il restera un des intimes jusqu’à la mort de ce dernier au pouvoir en Guinée) de l’Union Générale des Travailleurs d’Afrique Noire (U.GE.T.AN) ; membre éminent du Bureau Confédéral de l’Union Nationale des Travailleurs du Sénégal (U.N.T.S) – ancêtre de l’actuelle C.N.T.S – Thiaw passera sa Licence en Droit escorté par un garde pénitencier parce qu’il purgeait une peine d’emprisonnement suite à la grève générale de Mai 1968. Il deviendra « Premier Maodo » du parti de Mamadou Dia ancien président du Conseil de Gouvernement du Sénégal. Feu le professeur Assane Seck, avait été lui aussi mobilisé. Et, tout élève de l’Ecole Normale William Ponty qu’il était – ce qui lui donnait le droit d’être doté en tenues et souliers – avait été déchaussé au camp militaire de Ouakam jusqu’à son départ « pour la métropole ». Il avait raconté cet épisode de sa vie à son neveu, mon ami feu Seydina Issa Diop Ingénieur des Industries chimiques et qui fût Conseiller technique des ministres André Peytavin et Abdou Diouf devenu président de la République.
Léopold Sédar Senghor – qui se révéla aux sénégalais au cours de sa fameuse conférence publique sur « Assimiler et non être assimilé » à la Chambre de Commerce de Dakar en 1945 – avait été convaincu surtout par des cadres du Fuuta à quitter la S.F.I O de Lamine Gueye et de créer son propre parti politique.
La principale mission de la « ville » avait fait d’elle une force d’attraction telle qu’une part non négligeable des deniers de l’Etat colonial français lui étaient destinés.
C’est ce qui explique en partie les investissements consentis dans les « villes » situées le long du chemin de fer Dakar - Saint-Louis. Ses mirages ont ébloui et continuent d’éblouir plus d’un !
Après l’indépendance en 1960, les régions périphériques notamment ont continué à souffrir de cette option politique.
La supression de la « ville » s’était imposée d’elle-même depuis 2014
La réforme voulue par le président Macky Sall et appelée « Acte III de la décentralisation » avait dissout les communes d’arrondissement de Dakar érigées en Communes. Ce qui était en cohérence avec sa politique de territorialisation des politiques publiques. Mais aussi avec les prescriptions de l’article 15 du nouveau Code Général des Collectivités Locales (C.G.C.L) qui dispose :
« Les collectivités locales sont d’égale dignité. Aucune collectivité locale ne peut établir ou exercer de tutelle sur une autre ».
Or, la « ville de Dakar », par l’importance de son budget, de ses programmes ainsi que de son patrimoine, exerce une tutelle de fait sur ces Communes. C’est une violation de cet article. Elle s’ajoute au fait que le maire de Dakar (tout comme celui de Rufisque) est élu au suffrage universel indirect et non par les Dakarois dont il reste très éloigné ! Concrètement, il ne leur rend pas compte. Ce sont les maires des Communes qui sont proches de leurs administrés. En fait, dès l’entrée en vigueur du C.G.C.L en 2014, la « ville » était devenue une anomalie démocratique.
Mais il est une autre partie de la déclaration du maire de Dakar qui mérite quelques commentaires :
« …Aujourd’hui plus que jamais, c’est le devenir de notre territoire, notre avenir commun qui est en jeu. C’est à nous de décider, pour que d’autres ne décident pas à notre place, de l’évolution que nous voulons donner à Dakar, notre ville ».
Les Dakarois ne sont pas citoyens d’une ville mais d’un pays, le Sénégal. Pas plus qu’ils n’ont un « territoire » qui leur appartienne. Ils n’ont jamais eu et n’auront jamais le droit de décider de leur « avenir » ! La « ville de Dakar » a été créée par décret. Dans notre système démocratique, « la souveraineté nationale appartient au peuple sénégalais qui l’exerce par ses représentants ou par la voie du référendum. » (Article 3 alinéa 1 de la Constitution). En d’autres termes, les députés à l’Assemblée Nationale peuvent voter au nom du peuple sénégalais.
La suppression de la « ville » ne changera ni le statut de citoyens sénégalais de ses habitants, ni leur vie de tous les jours, ni les solidarités nées de nos cultures, de notre foi ; ni de son statut de capitale du Sénégal. Alors ! En quoi une telle réforme manquera-t-elle de « considération » aux Dakarois ?
Au contraire, l’élection souhaitée (et acceptée par le Dialogue National) par les principaux acteurs d’une élection des maires au suffrage universel direct appelle aussi à la concrétisation de ce projet. Sinon, les Dakarois devraient voter pour élire le maire de leur Commune, puis pour élire le maire des Communes !
Un gaspillage de nos maigres ressources financières. Alors surtout que Lévi-Strauss, dans « Race et Histoire », nous avait prévenu :
« L’Humanité est riche de possibilités imprévues dont chacune, quand elle apparaîtra, frappera toujours les hommes de stupeur ; le progrès n’est pas fait à l’image confortable de cette « similitude améliorée » où nous cherchons un paresseux repos, mais il est tout plein d’aventures, de ruptures et de scandales. L’humanité est constamment aux prises avec deux processus contradictoires dont l’un tend à instaurer l’unification, tandis que l’autre vise à maintenir ou à rétablir la diversification. »
Landing Badji est Avocat à la Cour, Consultant international
Explosif ! Le bilan des huit décès rapporté pas plus tard qu’hier largement battu. Treize décès ont été recensés dans le communiqué n°314 du ministère de la Santé et de l’Action sociale, lu ce samedi, 9 janvier, par Dr El Hadji Mamadou Ndiaye, le directeur de la Prévention. Qui rapporte que sur 2555 tests réalisés, un record de 328 cas, sont revenus positifs. Du jamais vu au Sénégal surtout après l’explosion de cas, 296, répertoriée dans le décompte d’hier. Le taux de positivité reste élevé avec 12,84%.
Dans les détails des nouvelles contaminations, il s’agit de 120 cas contacts suivis, zéro cas importé et 208 issus de la transmission communautaire. Ces derniers sont recensés entre Kaolack, 18, Touba, 15, Dakar-Plateau, 13, Maristes et Ouakam, 9, Yoff, 8, Almadies, Mbour et Parcelles Assainies, 6, Médina, Rufisque, Saint-Louis, Thiès et Tivaouane, 5, Fatick, Guédiawaye, Liberté 6, Mermoz et Ouest-Foire, 4, Amitié 2, Gibraltar, Coki, Niarry Tally, Nord-Foire, Pikine et Sacré Cœur, 3, Cité Soprim, Dieuppeul, Diourbel, Fann Résidence, Guinguinéo, Hlm, Hlm Grand-Yoff, Liberté 3, Patte d’Oie, Point E, Sud Foire et Ziguinchor, 2, Amitié 3, Bambey, Cité Apix, Cité Cpi, Cité Keur Gorgui, Derklé, Diakhao, Diamniadio, Grand-Dakar, Hann Bel Air, Hlm Grand-Médine, Joal, Kaffrine, Keur Massar, Kédougou, Khombole, Liberté 1, Liberté 4, Liberté 5, Linguère, Louga, Mamelles, Mbacké, Mbao, Mékhé, Sakal, Sicap Karack, Tamba et Thiadiaye, 1.
Seule lueur d’espoir, 112 patients contrôlés négatifs ont été déclarés guéris. Par contre, 32 cas graves sont pris en charge en réanimation.
A ce jour, 21 000 cas ont été déclarés positifs au Sénégal, dont 18 128 guéris, 459 décédés et donc 2412 patients sous traitement.