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28 août 2025
DES ŒUVRES DE CHEIKH ANTA DIOP DANS LE PROGRAMME SCOLAIRE
Ils sont plus d'une trentaine de marcheurs à effectuer le trajet Dakar-Thiaytou, sur une distance de 154 km. Cette 11e édition de la Marche internationale de l'Unité africaine, s'inscrit dans le cadre de la célébration du décés de Cheikh Andta Diop
Ils sont plus d'une trentaine de marcheurs à effectuer le trajet Dakar-Thiaytou, sur une distance de 154 km. Cette 11e édition de la Marche internationale de l'Unité africaine, s'inscrit dans le cadre de la célébration de l'anniversaire du rappel à Dieu de Cheikh Anta Diop.
La Marche internationale de l'Unité africaine s'est déroulée du 1er au 5 février 2025. La localité de Gawane a été la dernière étape de cette marche. Nicolas Boissy, le coordonnateur de la marche, explique : «nous organisons chaque année cette marche internationale. Les marcheurs se sont engagés. Ce dernier pharaon, Cheikh Anta Diop, a beaucoup fait pour l'Afrique ; il a travaillé corps et âme pour redonner à l'Afrique ses valeurs. Nous avons constaté que l'Afrique ne lui a pas rendu la monnaie. Les œuvres de cet homme sont entrain d'être rangés dans les tiroirs. Quand on discute avec nos amis de la sous-région, ce sont eux qui expliquent le Cheikh. C'est la raison pour laquelle nous organisons, chaque mois de février, une marche africaine pour rendre hommage à Cheikh Anta Diop. Cette année, on a un frère béninois, une sœur congolaise. Il y avait une délégation du Burkina Faso en 2024 et une délégation du Mali en 2023».
Les marcheurs ont parcouru 154 km à pieds, divisés en 5 étapes. «Il s'agit d'abord de l’étape Dakar-Bargny, Bargny-Thiès, Thies-Khombole, Khombole-Bambey et Bambey-Thiaytou. Nous prenons notre temps pour expliquer aux gens les objectifs de cette marche», précise M. Boissy. Et il poursuit : «Cette marche nous permet de réclamer l'introduction des œuvres de Cheikh Anta dans le programme scolaire. Il faut que l'Etat pense déjà à ce projet. Nous avons cette année le Grand Théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose de Dakar comme partenaire».
La maison de Cheikh Anta Diop en gestation
Le coordonnateur de la marche déclare, par ailleurs, que lors de la conférence, il y a eu une levée de fonds pour la construction de la maison appelée Keur Cheikh Anta. «Les habitants nous ont offert un terrain que nous envisageons de construire pour accueillir les pèlerins. Ces locaux seront équipés de bureaux, de bibliothèque», indique-t-il.
Le Directeur général du Grand Théâtre, Ansoumana Sané, s'engage à accompagner ses marcheurs. Selon lui, «ils ont un gouvernement panafricain. Le projet d'introduction des œuvres de Cheikh Anta sera transmis aux autorités compétentes», a-t-il conclut. Le «12ème Gaïnde» était aussi de la marche.
LE GRAND BLACK-OUT
Le Compact d'électricité, projet phare de 380 milliards de FCFA, voit son horizon s'obscurcir brutalement avec le gel des financements américains. L'objectif d'un accès universel à l'électricité s'éloigne considérablement
Entré en vigueur le 9 septembre 2021 pour une durée de cinq ans, le Compact d’électricité du Millennium challenge corporation (MCC), important projet visant à sortir les zones rurales du noir, risque une « électrocution » à plus de 380 milliards de FCfa. C’est la conséquence de la décision du nouveau gouvernement américain de geler l’aide financière qui soutenait jusque-là, au Sénégal, ce projet vital pour l’accès universel à l’électricité.
On y était presque… L’accès universel à l’électricité dont l’atteinte projetée initialement en 2025 est déjà compromise, mais même en 2026 voire 2027, plus de 12 millions de Sénégalais répartis sur l’étendue du territoire national risquent de demeurer dans le noir.
La décision du gouvernement américain de geler ses financements notamment au Sénégal entraine ainsi un contrecoup sur le secteur énergétique surtout sur les projets d’électrification engagés dans le cadre du Compact d’électricité du Millennium challenge corporation (MCC).
Pour rappel, le projet Sénégal Power Compact, signé le 10 décembre 2018 et entré en vigueur le 9 septembre 2021 pour une durée de cinq ans, est le deuxième programme dont bénéficie le gouvernement sénégalais de la part du MCC, une agence américaine indépendante d’aide au développement. Le premier Compact, achevé en septembre 2015, avait investi 540 millions de dollars dans le secteur agricole, contribuant à élargir l’accès aux marchés et aux services, en construisant des routes et des réseaux d’irrigation dans la vallée du fleuve Sénégal au nord, et dans la région de la Casamance naturelle au sud.
Constitué d’un don d’investissement de 302,5 milliards environ de la part des États-Unis d’Amérique et d’une contribution supplémentaire de 27,5 milliards (50 millions de dollars) francs CFA environ du gouvernement du Sénégal, le Compact électricité du MCC pour le Sénégal bénéficie d’un montant global d’environ 380 milliards de francs CFA. Rien que pour le volet Transport du projet, le montant total engagé à date est de 295,4 milliards de Fcfa (465 millions de dollars) et le montant total dépensé à date est de 157,5 milliards de Fcfa ($ 248.085.289,74), pour des bénéficiaires estimés à 4,6 millions de personnes vivant à Dakar, Thiès et Diourbel .
Son objectif est de réduire la pauvreté au Sénégal à travers le renforcement du secteur de l’électricité, l’amélioration de la fiabilité, l’élargissement de l’accès à l’électricité, et l’appui au Gouvernement du Sénégal à établir un socle solide et moderne sur lequel le système de l’électricité du pays peut reposer pour se développer. Décomposée en trois composantes, la phase finale du projet a été lancée en juillet 2024.
Un partenariat énergetique
Le partenariat stratégique entre les États-Unis et le Sénégal remonte à 1960, mais l’un des partenariats les plus importants de l’histoire des relations entre les deux pays réside dans leurs efforts communs d’étendre l’accès à l’électricité à des millions de Sénégalais. Avec un investissement de plus de 300 milliards de Francs CFA des ÉtatsUnis et de 27 milliards Francs CFA du Gouvernement du Sénégal, le MCC Sénégal Power Compact marque un tournant important.
Entre le Projet de modernisation et le renforcement du réseau de transport de Senelec (Projet Transport) ; le Projet d'amélioration de l'accès à l'électricité dans les zones péri-urbaines et rurales (Projet Accès) ; et le Projet de cadre propice et de renforcement des capacités des acteurs (Projet Réforme), concourant simultanément à lever les contraintes de coût élevé de l'électricité, de faible accès en dehors de Dakar et de qualité du service, le Sénégal Power Compact, volet énergie du Millenium Challenge Corporation (MCC), devait à terme bénéficier à plus de 12 millions de personnes sur l’étendue du territoire national.
Des réformes et des investissements
67% du budget du projet soit 403 millions de dollars (256 milliards de Fcfa) est destiné au volet Transport qui vise à moderniser le système de transport de l’électricité. Un vrai challenge quand on sait que les déperditions et autres pertes dans la fourniture de l’énergie électrique étaient principalement du fait d’un réseau de transport vétuste, entre autres agressions des câbles électriques et retard d’investissement sur les réseaux qui représentent les « autoroutes de l’électricité ».
Le volet transport qui comprend la construction d’environ 30 km de ligne de transport souterrain de 225 KV, 16 km de câbles sous-marin de 225 KV, deux postes 225 KV à Bel Air et au Cap des Biche, vise à soutenir les efforts de Senelec en cours pour développer un réseau de transport à haute tension fiable dans Dakar et ses environs, représentant environ 60 % de la demande d’électricité du pays et 20 % de sa population. Cela est d’autant plus important que le secteur privé s’intéresse essentiellement aux nouveaux projets de production à faible coût, notamment l’énergie éolienne, l’énergie solaire et le gaz naturel, qui dépendent largement d’un réseau de transport fiable et stable.
Le problème de la capacité de production ne se posant plus grâce à la stratégie du mix, le renforcement des réseaux de transport afin d’absorber les capacités de production additionnelles, ainsi que la densification du réseau dans les zones rurales, sont devenus des priorités pour Senelec.
Dans son volet Accès à l’électricité en zones rurales et périurbaines, l’objectif est d’augmenter l’offre et la demande en électricité de qualité. Outre l’extension du réseau électrique dans des zones sélectionnées des régions du sud et du centre du Sénégal, le « Projet Accès » vise également à accroître les taux d’accès et de consommation d’électricité, à faciliter les possibilités d’activités génératrices de revenus dans ces régions et à améliorer la compréhension de l’efficacité énergétique. 11% du budget soit 63,2 millions de dollars (40 milliards de Fcfa) est destiné à ce volet qui devrait bénéficier à plusieurs ménages des 5 régions que sont Fatick, Kaolack, Kolda, Sédhiou et Tambacounda soit directement 181 000 personnes.
Quant au volet « Réforme » aspect fondamental du projet, il à vise l’amélioration du cadre légal et au renforcement de capacités des acteurs du secteur de l’électricité, bref, à créer un cadre propice à l’amélioration de la viabilité financière et à la bonne gouvernance du secteur pour une fourniture de l’électricité en quantité et en qualité. Il est question de renforcer les lois, politiques et réglementations régissant le secteur de l’électricité au Sénégal, ainsi que les institutions responsables de leur mise en œuvre, en particulier l’opérateur Senelec, le régulateur Commission de Régulation du Secteur de l’Energie (CRSE), et le ministère en charge de l’Energie. Par le biais d’une feuille de route, le gouvernement sénégalais a formulé une vision à long terme pour le secteur de l’électricité, dont les principales caractéristiques comprennent une réorganisation opérationnelle du secteur. Ladite réorganisation permet à Senelec de devenir une société holding publique avec des filiales dédiées à chaque activité. Elle favorise aussi une réorganisation des ventes et du système hors réseau, un environnement plus favorable à la participation du secteur privé en matière de production, de transport, de distribution et de ventes. C’est dans ce cadre qu’un Code de l’électricité a fait l’objet de la loi n°2021-31 du 09 juillet 2021 ainsi que la Commission de régulation du secteur de l’énergie qui, à travers la loi n°2021-32 portant création, organisation et attributions de la Commission de Régulation du Secteur de l’Energie (CRSE), a vu le champ de compétences de l’autorité de régulation étendu à l’aval des hydrocarbures et à l’intermédiaire et aval gaziers.
Le coût de ce volet « Réforme » dont la mise en œuvre est prévue pour une durée de 5 ans est évalué à 46,9 millions Dollars US (30 milliards de Fcfa) et devrait bénéficier sur 20 ans maximum, à 12,6 millions de personnes sur toute l’étendue du pays.
S’il subsiste encore des disparités entre le taux d’accès à l’électricité pour les populations urbanisées (94 %) et rurales (60 %), depuis 2019, le taux national d’accès à l’électricité est évalué à 84 %, plaçant de fait le pays dans le trio de tête des États les mieux électrifiés de la CEDEAO, à la faveur des investissements importants et une stratégie du mix énergétique payante. Le Sénégal progresse vers l’accès universel à l’énergie, sauf que plus de 30 % des communautés rurales restent déconnectées du réseau. On y était presque….
Par Maguèye Touré
HOMMAGE AU PROFESSEUR MOUSSA DAFF
C’est avec émotion et tristesse que nous avons appris le rappel à Dieu, le lundi 3 février 2025, de Moussa Daff, Professeur titulaire des Universités de classe exceptionnelle à la retraite, spécialiste de linguistique et de grammaire.
C’est avec émotion et tristesse que nous avons appris le rappel à Dieu, le lundi 3 février 2025, de Moussa Daff, Professeur titulaire des Universités de classe exceptionnelle à la retraite, spécialiste de linguistique et de grammaire. De cet illustre disparu, nous voudrions retenir l’image d’un homme avenant, accessible, généreux et ouvert d’esprit ainsi que d’un intellectuel et d’un chercheur qui aura beaucoup contribué au rayonnement de la Francophonie. Après avoir été en grande partie à l’initiative de la création du certificat de spécialisation en littératures francophones à la Faculté des Lettres et sciences humaines de l’UCAD et dirigé des thèses en francophonie, le Professeur Daff est aussi connu pour avoir, en sa qualité de chercheur, apporté une contribution éminente à la réflexion sur les problèmes éducatifs en Afrique francophone, sous l’éclairage de la nécessaire cohabitation entre le français et les langues nationales. Ses publications dans le domaine de la didactique des langues ainsi que son travail d’expertise visant l’introduction des langues nationales dans le système éducatif l’ont mobilisé jusqu’à sa disparition.
L’essentiel des Institutions francophones en charge de l’éducation et de la formation ont eu recours au savoir et à l’engagement du Professeur Daff pour l’élaboration de leurs programmes, qu’il s’agisse de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), de la Conférence des Ministres de l’Education de la Francophonie (CONFEMEN), de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) ou de l’Institut de la Francophonie pour l’Education et la Formation (IFEF).
A cet égard, il est utile de rappeler que le Professeur Daff a été le président du comité scientifique des Premiers Etats généraux de l’enseignement du français en Afrique subsaharienne francophone, manifestation unique dans le genre, organisée par l’OIF et qui s’est tenue à Libreville en 2003. Il a par la suite dirigé avec brio les travaux de l’atelier régional de suivi en Afrique de l’Ouest, organisé à Atakpamé au Togo en 2004. Les recommandations principales de ces états généraux étaient axées sur la nécessité d’introduire les langues nationales dans les systèmes éducatifs des pays francophones d’Afrique. Ces recommandations ont connu d’une certaine façon une mise en œuvre, avec le programme francophone Ecole et Langues nationales (ELAN), administré actuellement par l’IFEF.
Le Professeur Daff fut aussi un des membres éminents du Haut Conseil de la Francophonie, instance de conseil et d’orientation qui, sous le magistère du Président Abdou Diouf à la Francophonie, réunissait un panel représentatif de hautes personnalités reconnues dans leurs domaines de compétence. Dans la même dynamique, il s’est beaucoup investi dans le comité scientifique du 15e Sommet de la Francophonie de Dakar en 2014.
Ce formateur émérite et pédagogue averti a été aussi exercé les fonctions de Président de la Conférence des Organisations internationales non gouvernementales francophones (COING), structure qui est la principale interlocutrice de l’Institution francophone en ce qui concerne la société civile.
La contribution multiforme du Professeur Moussa Daff au rayonnement de la Francophonie dans ses dimensions les plus nobles est donc incontestable et digne d’éloge.
Récemment encore, il a eu à s’engager pleinement dans l’animation et la consolidation du Réseau africain des Maisons de la Francophonie (RAMF), à la suite de la création, en 2020, du Réseau international des Maisons de la Francophonie (RIMF).
La Francophonie perd donc, avec la disparition du Professeur Daff, un acteur généreux qui a contribué fortement au renforcement de certains de ses volets les plus importants, notamment ceux relatifs à l’éducation, à la formation, à la jeunesse
Nous présentons à sa famille biologique, à tous ses proches et amis, à la communauté universitaire et au monde francophone, nos plus sincères condoléances. Puisse le Seigneur agréer ses œuvres et que la terre de Podor lui soit légère.
MULTIPLE PHOTOS
LES UNES DE LA PRESSE DE CE JEUDI 6 FEVRIER 2025
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil
Durant trois jours (du 18 et 20), les plus grands spécialistes de la pensée fanonienne se pencheront sur ses contributions à la philosophie, à la psychiatrie et aux luttes politiques, Musée des Civilisations noires
(SenePlus) - Le Musée des Civilisations noires organisera un colloque international majeur dédié à Frantz Fanon les 18 et 20 décembre 2025, selon un communiqué de presse publié le 5 février par son directeur général.
Intitulé "Fanon et l'Afrique", cet événement scientifique vient clôturer le cycle de manifestations internationales commémorant le centenaire de cette figure emblématique de la pensée anticoloniale du XXe siècle.
Organisé en partenariat avec la Fondation Frantz Fanon, ce colloque réunira la communauté universitaire et les milieux militants pour explorer l'héritage intellectuel de Fanon, dont les idées ont profondément marqué les luttes politiques ainsi que plusieurs champs académiques, notamment la philosophie, la psychiatrie et la pensée décoloniale.
Cette rencontre internationale s'annonce comme un moment fort de réflexion sur l'œuvre et la pensée de cet intellectuel majeur du XXe siècle.
LA HAVANE COMPTE RÉPONDRE AVEC DIGNITÉ FACE À L’ABUS
Alors que Washington renforce ses sanctions contre Cuba, La Havane dénonce une « nouvelle et dangereuse agression » visant à intimider les investisseurs étrangers.
C’était l’une des dernières mesures prises par le Président américain Joe Biden avant de passer le pouvoir au Président élu, Donald Trump, le 20 janvier 2025. Il avait décidé de retirer Cuba de la liste noire américaine des États « soutenant » le terrorisme dans un mémorandum publié. Quelques jours après sa prestation de serment, l’administration Trump est revenue sur cette mesure en corsant les sanctions dans le cadre du blocus. Dans une déclaration du ministère cubain des Affaires étrangères, reçue de l’ambassadeur de Cuba au Sénégal, Maydolis Babara Sosa Hilton, La Havane estime que « ces mesures ne sont pas inattendues ».
Le ministre des Affaires étrangères de Cuba, Bruno Rodriguez Parilla, demande à la communauté internationale « d’arrêter, de dénoncer et d’accompagner » Cuba « face à la nouvelle et dangereuse agression ». Il assure que son pays fera face avec dignité. « L’objectif de ces mesures est d’intimider les investisseurs étrangers et de les empêcher de contribuer au développement économique de Cuba et au bien-être des Cubains par la menace expresse d’être poursuivis devant les tribunaux étasuniens », a insisté le diplomate cubain.
Le 31 janvier 2025, le secrétaire d’État Marco Rubio a annoncé qu’il avait informé le Congrès des États-Unis de la révocation de la suspension de la possibilité d’engager des poursuites devant les tribunaux américains en vertu du titre III de la loi Helms-Burton. Il a également approuvé le rétablissement de la liste des entités cubaines restreintes, avec lesquelles il est interdit à des entités ou à des personnes américaines d’effectuer des transactions, sous peine d’amende et de gel de leurs avoirs.
LES 6 POINTS ÉVOQUÉS PAR LE PRÉSIDENT FAYE EN CONSEIL DES MINISTRES
Le chef de l'Ftat a mis en avant six priorités majeures, allant de l’éducation à l’économie sociale et solidaire, en passant par l’implication des daaras dans la propreté urbaine.
Le président de la République a dirigé le traditionnel Conseil des ministres ce mercredi 5 février. L’occasion pour lui d’évoquer 6 besoins essentiels. On vous précise tout.
1-Implication des daaras dans le « Setal sunu rew »
Samedi dernier, le Président Bassirou Diomaye Faye a annoncé la mise en pause du projet « Setal sunu rew » afin d’effectuer une refonte. Ainsi, le Chef de l’Etat a annoncé au cours de ce Conseil des ministres que le gouvernement prévoyait d’instaurer une politique de propreté et de civisme. Pour ce faire, il y aura l’implication des écoles et daaras, mais aussi des services publics comme la SONATEL.
Comme nouveauté, il y aura le lancement d’une nouvelle version de la Journée nationale d’engagement citoyen. Elle coïncidera avec la célébration du 65ème anniversaire de l’indépendance du Sénégal le 4 avril prochain. L’objectif étant de mobiliser toute la société autour d’un engagement collectif en faveur de la propreté et du bien-être commun.
2-Nécessité de renforcer l’instruction civique dans les écoles
Bassirou Diomaye Faye a par ailleurs abordé le dossier de l’éducation. Considérant que celle-ci était un pilier fondamental de la vision Sénégal 2050, le Président a clamé son vœu de renforcer l’instruction civique dans les écoles. Selon lui, cela contribuera à promouvoir des valeurs essentielles comme la discipline la solidarité et l’excellence.
Il n’oublie pas les enseignants dont « le rôle est indispensable à la réussite de notre jeunesse ». D’ailleurs, une cérémonie spéciale leur sera dédiée ce jeudi 6 février.
3-Priorité au numérique et à l’IA
En outre, « le numérique et l’Intelligence artificielle occuperont une place plus importante dans le système éducatif avec pour ambition de mieux préparer nos enfants aux défis de demain », explique Diomaye Faye. De ce fait, il annonce que ces deux outils seront dorénavant plus, et mieux utilisés dans l’éducation et la formation pour les rendre encore plus accessibles aux Sénégalais.
4-Focus et soutien aux au monde littéraire
Dans cet ordre d’idée, il annonce que « des efforts seront faits pour moderniser les bibliothèques et soutenir les écrivains sénégalais et africains ». Il prend notamment pour prétexte la prochaine organisation du Forum national du livre et de la lecture en juin 2025. Selon lui, « ce sera un moment clé pour valoriser la production littéraire et sensibiliser la population à l’importance de la lecture comme levier d’épanouissement et de transmission des savoirs ».
5-Conseil interministériel consacré au développement de l’économie sociale et solidaire
Le Président Bassirou Diomaye Faye a poursuivi en demandant au Premier ministre Ousmane Sonko d’organiser un Conseil interministériel consacré au développement de l’économie sociale et solidaire. L’objectif est de « structurer un cadre qui permette de créer des emplois durables de renforcer la citoyenneté à travers l’éducation populaire et de lutter efficacement contre les inégalités sociales et culturelles ».
6-Amélioration des conditions de vie des populations, notamment rurales
Bassirou Diomaye Faye a enfin insisté sur le besoin d’inclusion et d’équité. Le Président veut donc que le milieu rural soit mis au cœur des préoccupations. C’est pourquoi « Des projets d’hydraulique sont en cours pour faciliter l’accès à l’eau potable dans plusieurs zones du pays ces efforts visent à garantir à tous une ressource essentielle qui conditionne à la fois la santé publique la scolarisation et le développement économique local ».
PAR Djibril Ndiogou Mbaye
SORRY DONALD, ON NE VOUS LAISSERA PAS DÉPORTER LE PEUPLE DE PALESTINE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le monde n’est pas le dernier niveau de la Trump tower. Le souverainisme à outrance n’est pas la panacéee, c’est de l’intégrisme appliquée à la gestion de l’État. Il vous laisse à l’entrée du concert des nations « civilisées »
Le président américain, vient d’annoncer vouloir faire de Gaza « la Côte d’Azur du moyen Orient ». Depuis quelques semaines, le président américain nouvellement élu, son slogan « America first » en fusil d’épaule, son hyperactivité et son arrogance économique en bandoulière, avec une tête grosse comme ça, et avant même sa prestation de serment, a commencé à tirer sur tout ce qui bougeait et même ce qui ne bougeait pas .
Trump-tout-puissant se prend pour le « deus ex machina* » à l’échelle planétaire, capable de gouverner le monde, d’influer sur la destinée de tous les peuples, d’éteindre tous les foyers de conflits, quoi qu’il en coûte.
Gesticulant à tout-va, il veut le Canada comme 51e État, annexer le Groenland et le canal de Panama, agresser économiquement ses partenaires commerciaux les plus importants, avant d’annoncer se concerter avec le roi Abdallah II de Jordanie et le général Al Sissi d’Égypte dans le but de déporter sur leur territoire la population de Gaza. En terme plus simple, il veut déporter la civilisation multi-séculaire palestinienne dans des camps de fortune. Des camps qui rappellent d’autres camps où furent déportés et concentrés les ancêtres de leurs bourreaux actuels et dont nous condamnons l’ignominie encore aujourd’hui. Mais cette fois-ci, il serait inadmissible de laisser l’histoire bégayer. Monsieur Trump ignore que tout n’est pas à vendre et que le monde n’est pas le dernier niveau de la « Trump tower ».
Il est notoire que Trump et ses électeurs n’ont que faire du reste du monde et de leur culture. Aussi, sont-ils imperméables à l’histoire, l’identité culturelle, le lien entre la nation palestinienne et le territoire sur lequel elle vit depuis des siècles, avant même l’existence des États-Unis d’Amérique.
Ils ne comprennent pas que la dignité, la fierté de ce peuple qui préfère rester sur la terre de ses aïeux que les bombes ont presque totalement détruite, est hors du commerce juridique. Gaza ne sera jamais « la Côte d’Azur du moyen Orient », comme vient de le suggérer M. Trump !
Ce peuple meurtri, quotidiennement torturé, qui vient de perdre plus de 45 000 de ses enfants non-combattants, illustres innocents, qui n’ont comme seul tort que d’être nés sur un lopin de terre, objet de la convoitise de son voisin. Son voisin Israël dont le peuple fut autrefois recherché, déporté et massacré dans des camps de concentration comme Auchswitz. Israël qui est aujourd’hui sujet à une amnésie sélective mais qui semble avoir bien assimilé le chant et la danse lugubre de son bourreau.
Décidément, le ridicule ne tue pas celui qui veut rajouter de la détresse à la détresse d’un peuple déjà à genoux. Quelqu’un devrait-il faire un dessin à Trump afin qu’il comprenne qu’il fonce tout droit sur le mur du crime contre l’humanité ?
Ce qu’il vient de déclarer sur la déportation de la population pour faire de Gaza une station balnéaire n’est rien d’autre qu’une apologie d’un crime.
Car au delà d’autres droits inaliénables comme le droit des peuples a l’autodétermination, ou à disposer d’eux-mêmes, le droit international et les conventions dont certains ont été inspirés par le massacre injuste et révoltant des juifs, condamnent sans équivoque ce que préconise Monsieur Trump.
En effet, « la déportation de population ou d’individus est interdite quel qu’en soit le motif par la quatrième Convention de Genève (art. 49 et règle 130 de l’étude sur les règles du DIH coutumier publiée par le CICR en 2005).
• La puissance occupante ne pourra pas procéder à la déportation ou au transfert d’une partie de sa propre population civile dans les territoires occupés par elle.
• Ces pratiques constituent des crimes de guerre (GIV art. 147). Elles participent aussi de crimes tels que la purification ethnique ou le génocide.
• La déportation et le transfert sont également qualifiés de crime de guerre et de crime contre l’humanité par le statut de la Cour pénale internationale, adopté à Rome en juillet 1998 (art. 8.2.a.vii , 8.2.b.viii , et art. 7.1.d). Le transfert par la puissance occupante de sa propre population civile dans le territoire occupé est aussi considéré comme un crime de guerre (art. 8.2.b.viii). Les auteurs de ces crimes peuvent donc être jugés, sous certaines conditions par la Cour pénale internationale.
Il faut dire que même B. Netanyahu, malgré son impertinence légendaire a toujours pris la précaution de ne déplacer les populations palestiniennes qu’à l’intérieur de leur propre territoire, même si c’est à chaque fois pour permettre à Tsahal de procéder à sa basse besogne sur des civils innocents restés sur place.
Donald candidat ne craignait déjà pas la justice des États-Unis. Il a pourtant été définitivement condamné par cette même justice à payer 5 millions de dollars (4,8 millions d’euros) à une autrice qu’il avait agressée sexuellement dans les années 1990.
Donald devenu président ne craint pas la Cour pénale internationale. Il se croit au-dessus de la justice internationale, n’écoute personne, mais personne n’est dupe. C’est un stratège politique qui applique une ruse déjà décodée.
Les politiques sont comme des joueurs de poker, ils usent et abusent de l’art du bluff pour déstabiliser et décontenancer leurs adversaires.
Personne ne le laissera déporter « le petit million et demi » de palestiniens dont il parle. D’ailleurs à ce propos, il n’a pas les bons chiffres car il faut dégrever les dizaines de milliers de morts depuis le 7 octobre, à cette population palestinienne qui diminue progressivement au fil des raids de son « coalisé ».
Si Trump prônait la déportation de la population israélienne, le monde se serait dressé contre lui de la même vigueur.
"L'héritage dont je serai le plus fier sera celui d'avoir été un faiseur de paix et un rassembleur", a promis ce lundi 20 janvier Donald Trump, investi 47e président américain, dans son discours d'investiture.
Si pour l’Ukraine, le président Donald Trump préconise des négociations avec la Russie, même sans le président Zelinski (ce qui est injuste), pour Gaza, il prétend vouloir user de la force en déplaçant les populations.
Mais peut-on vraiment construire une paix juste et durable par la guerre l’oppression ou l’injustice ? La réponse est évidemment non !
C’est la raison pour laquelle, il faut cesser de le prendre par les sentiments en lui faisant miroiter le Nobel de la paix. Cette distinction doit se mériter. Déjà que l’erreur avait été faite en le décernant à Barack Obama par anticipation, sans que le compte y soit à l’arrivée. Il n’est pas question de récidiver en violant une fois de plus, avec un autre président américain, les principes fondateurs, de ce prestigieux prix, si chers à Alfred Nobel.
Trump a le choix entre une reconnaissance américano-américaine et le Nobel avec une entrée mémorable dans la grande Histoire de l’humanité toute entière, en réalisant les conditions de sont succès : réussir « l’exploit » de faire accepter à son poulain sioniste les trames d’une solution à deux États, seule solution acceptable et viable et dans la foulée la reconnaissance de l’Etat de Palestine.
Le président Trump gagnerait à profiter des trois ans et 11 mois qui lui restent pour redorer son blason et celui de son pays et se faire une stature de grand homme d’État à l’international, en plongeant dans les flots de l’Hudson, la flamme de l’injustice qu’il a remplacé avec la belle flamme de l’indépendance et de la liberté, que la miss liberty brandit, à l’embouchure de ce fleuve, depuis 1876 , le centenaire de l’indépendance des USA .
La statue de la Liberté est empreinte de symbolisme. Offerte par la France son nom initial était « La liberté éclairant le monde ». La torche qu'elle tient dans la main droite représente la lumière de la liberté qui, malheureusement n’a jamais éclairé la Palestine. Elle s’est arrêtée juste à sa frontière avec Israel. Quel dommage.
Ces symboles devraient inspirer le locataire de la Maison Blanche en lui rappelant ce qui fait la grandeur de l’Amerique. Une Amérique qui n’est pas reconnue par ses pairs n’est pas une grande Amérique. Seule la reconnaissance consacre la grandeur.
On ne respectera les USA que par son comportement de modèle, de référence. Or une référence doit être juste et ce que le monde entend en ce moment, par la voix de son premier représentant, n’est pas juste.
Personne ne laissera le président Trump déporter les palestiniens.
Il est heureux de constater le refus, même timide de la Jordanie et de l’Égypte et le front que semble enfin constituer le monde arabe, avec cette fois si une intransigeance affichée par l’Arabie Saoudite, le géant de la région. Ce monde arabe si puissant lorsqu’il est uni, qu’il aurait pu imposer un Etat palestinien depuis longtemps.
La France vient également de condamner ce projet funeste de déportation qui prône la négation du peuple et de la souveraineté palestinienne et aussi l’incontournable solution à deux États.
Mais la paix n’arrange pas tout le monde et parfois, même pas ceux qui prétendent travailler exclusivement pour sa réalisation.
« America first » ? Ok ! Car le souverainisme est dans l’air du temps. Mais le souverainisme à outrance n’est pas la panacéee, car c’est de l’intégrisme appliquée à la gestion de l’État.
Le souverainisme avec arrogance et mépris ne paie pas non plus, il vous laisse à l’entrée du concert des nations « civilisées », au ban de la société économique. Si Monsieur Donald Trump, pense tenir entre ses mains le destin du peuple palestinien et d’un monde qui existe depuis cinq milliards d’années sans lui, il se trompe. Aujourd’hui, il ne maîtrise que son propre destin et celui des USA et encore …
La meilleure façon de régler le conflit, d’assurer la sécurité d’Israël, est moins la déportation des Palestiniens que l’émergence d’un État palestinien voisin et frère d’un État légitime d’Israël. C’est bien le moment car le Hamas est fatigué et ses chefs exterminés, Israël est épuisé et ses opérations militaires inefficaces. Tuer n’est pas une solution.
Par Rokhaya DIALLO
LE HANDICAP, A L’HEURE DE L’EVALUATION
La nécessaire mise en cohérence des politiques sociales avec la Vision Sénégal 2050 a amené le Chef de l’Etat à rappeler et à instruire le Gouvernement quant à la place primordiale qu’il convient d’accorder aux personnes vivant avec un handicap
La nécessaire mise en cohérence des politiques sociales avec la Vision Sénégal 2050 a amené le Chef de l’Etat à rappeler et à instruire le Gouvernement quant à la place primordiale qu’il convient d’accorder aux personnes vivant avec un handicap dans toutes les politiques d’équité et d’inclusion sociale, lors du Conseil des ministres du 27 novembre 2024.
Le fait est qu’après avoir ratifié la Convention des Nations-Unies relative aux droits des personnes vivant avec un handicap en 2008, les autorités sénégalaises ont voté la loi d’orientation sociale n° 2010-15 du 06 juillet 2010, relative à la promotion et à la protection des droits des personnes vivant avec un handicap, conformément aux dispositions de ladite Convention.
Cette loi qui précise l’orientation et le cadre juridique des personnes vivant avec un handicap, qui présentent des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables, dont l’interaction avec diverses barrières peut porter atteinte à leur pleine et effective participation à la société sur la base de l’égalité, précise en son article 5 que » sont considérées comme obligations nationales, les politiques publiques de l’Etat, nécessaires à la prévention des handicaps, leur traitement, leur prise en charge, la réadaptation, l’éducation, la formation professionnelle, l’insertion socio-économique et l’intégration sociale des personnes vivant avec un handicap ».
Mais si cette loi comprend neuf dispositions à édicter par décret, l’Etat n’a pris depuis lors que deux décrets relatifs aux commissions départementales et à l’éducation spéciale, alors que la signature des décrets prévus par la loi assure absolument une pleine intégration et une participation effective des personnes vivant avec un handicap comme souligné dans les résultats du rapport d’évaluation de la politique nationale du handicap (2022, DPPPH).
L’article n°3 de la loi d’orientation sociale impute au ministère chargé de l’Action sociale l’obligation de délivrer à toute personne vivant avec un handicap une carte spécifique dénommée « carte d’égalité des chances », sur proposition des commissions techniques mises en place depuis 2012, mais force est de constater qu’en douze années, ledit ministère n’a produit que près de 100.000 cartes, pour une population d’environ un million cinq cent mille personnes handicapées.
C’est pourquoi, il convient d’accorder une attention particulière à la directive du Chef de l’Etat relative à l’évaluation du processus de délivrance de la carte d’égalité des chances et à l’obligation pour le Sénégal d’identifier une stratégie nationale de promotion des personnes handicapées. Si la « carte d’égalité des chances » permet à son titulaire de bénéficier des droits et avantages en matière d’accès aux soins de santé, de réadaptation, d’aide technique, financière, d’éducation, de formation, d’emploi, de transport, ainsi qu’à tout autre avantage susceptible de contribuer à la promotion et à la protection des droits des personnes vivant avec un handicap, le processus de production empêche les personnes vivant avec un handicap de bénéficier de tous leurs droits. Le processus de production semble souffrir de l’approche utilisée ainsi que de l’absence d’une base de données, mais aussi d’un instrument fiable.
Il est impossible de concevoir des politiques publiques et des interventions coconstruites et inclusives en l’absence d’une base de données. Les outils utilisés par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) par rapport au recensement des personnes vivant avec un handicap, dont celui du Washington group, se révèlent peu pertinents, car omettant de fait certaines catégories de personnes vivant avec un handicap, dont les Albinos et les personnes de courte taille, encore que certaines barrières socioculturelles cachent à autrui certains types de handicap.
Il est dès lors essentiel de confier cette étape de recensement et de dénombrement aux Centres de Promotion et de Réinsertion sociale, animés par des travailleurs sociaux, par ailleurs formés et spécialisés dans l’accompagnement et la réinsertion sociale des personnes vivant avec un handicap, conformément aux dispositions de l’article n°9 de la Convention n°159 de l’O.I.T.
Le second obstacle à la mise en place de politiques et d’interventions inclusives relève de l’absence d’un instrument d’identification des personnes vivant avec un handicap et de mesure du handicap. Il convient avant tout d’accepter à la suite des travaux de Verena KECK associés à ceux de l’équipe de recherche composée de Fatima HALANTINE et GUNVOR Berge et de M.Mbodj (2022) que le handicap dépend des contextes culturels et socioculturels dans lesquels il émerge, ce qui autorise à retenir en définitive une approche situationnelle en termes d’instrument de mesure du handicap.
En conséquence, le verbe « être handicapé » devrait être posé de la manière suivante:
– Handicapé dans quelle situation?
– Dans quelle situation suis-je handicapé?
– Dans quelle situation es-tu handicapé?
– Dans quelle situation est-il handicapé?
Mais pour en arriver là, il a fallu passer par différentes manières de percevoir et donc de définir le handicap, dépendamment de notre représentation de l’Homme, notamment dans sa relation avec l’environnement.
Le modèle individuel est essentiellement biomédical car cantonnant tout phénomène observé au niveau du corps uniquement, et la maladie étant bien entendu perçue comme un enchainement causal, que l’on retrouve à l’origine de la Classification Internationale des Maladies et des problèmes de santé connexes (C.I.M.), O.M.S. Genève 1993.
Les limites du modèle individuel dit curatif, relèvent de la diminution des maladies infectieuses du fait de l’antibiothérapie, de l’accroissement des maladies chroniques, de la baisse de la mortalité infantile et du vieillissement de la population, le tout provoquant un accroissement des guérisons avec séquelles, ce qui met en évidence les limites du modèle curatif.
En 1975, les Nations Unies ont adopté la Déclaration des droits de la Personne Handicapée, pour proclamer ensuite 1981, « Année Internationale des Personnes Handicapées », marquant ainsi le début du programme de la « Décennie des Nations Unies pour la personne Handicapée ». C’est suivant cette dynamique que sera élaborée la classification des conséquences des maladies, avec une première classification internationale des Handicaps (C.I.H.) en 1980 en Anglais par l’O.M.S., pour être traduit en Français en 1988.L’objectif vise à fournir une meilleure information sur les conséquences des maladies, sans aucune compréhension de la globalité du phénomène du handicap, ce modèle se présentant comme un modèle causal.
Les recherches effectuées depuis 1987 par le Comité québécois et la Société canadienne sur la CIDIH (CQCIDIH-SCCIDIH) ont mené à l’élaboration d’une proposition expérimentale d’une nouvelle classification (FOUGEYROLLAS et al. 1989, 1991, 1993, 1995, 1996). Cette proposition basée sur une approche positive et interactive, décrit le processus de production des situations de handicap.
Ce nouveau modèle démontre qu’une situation de handicap devrait être considérée comme étant le résultat situationnel d’un processus interactif impliquant deux séries de variables causales:
– d’une part les caractéristiques de la personne c’est-à-dire ses déficiences et ses incapacités découlant de maladies, traumatismes ou autres troubles;
– d’autre part les caractéristiques physiques ou socioculturelles de son environnement créant des obstacles ou facilitant sa participation sociale dans une situation donnée: vie familiale, emploi, éducation, loisir etc.
Le problème du processus de production de la carte d’égalité des chances au Sénégal se trouve dans l’option C.I.H. et C.I.V., qui référent tous les deux à l’approche médicale, laquelle ne figure pas sur la loi d’orientation sociale. Le recours à un médecin spécialisé en qualité d’expert peut être requis exceptionnellement par la commission départementale d’accréditation, mais ne constitue nullement une condition de délivrance de la carte. La M.HA.VIE met l’accent sur la situation de participation sociale et situation de handicap qui correspondent au degré de réalisation des habitudes de vie, résultant de l’interaction entre d’une part, des déficiences, des incapacités et des autres caractéristiques personnelles et d’autre part, de facilitateurs ou des obstacles environnementaux (Mbodj, 2022).Le nombre restreint d’outils sur la mesure des handicaps et des facteurs environnementaux a incité à développer la « mesure des habitudes de vie (MHAVIE) » et la « mesure de la qualité de l’environnement » ainsi que de favoriser leur utilisation avec des personnes vivant des conséquences à long terme des maladies et traumatismes.
L’option pour un processus interactif de production du handicap et son outil qu’est la M.HA.VIE impose la stratégie de réadaptation à base communautaire, précisée par le document d’orientation conjoint sur la RBC du Bureau International du Travail (BIT), de l’UNESCO et de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), avec les objectifs suivants :
– Faire en sorte que les personnes handicapées puissent maximiser leurs aptitudes physiques et mentales, accéder aux services et opportunités offerts à toute la population et devenir des contributeurs actifs à la communauté et à la société dans son ensemble, par la conscientisation ;
– Dynamiser les communautés pour qu’elles promeuvent et protègent les droits humains des personnes handicapées, par le renforcement des capacités des familles et la création et l’organisation de nouvelles structures au sein des communautés ;
– Mobiliser les communautés autour du handicap en termes de prévention et de promotion de la santé.
Il s’agit en définitive, d’une stratégie de développement communautaire visant la réadaptation, l’égalisation des opportunités et l’intégration sociale de toutes les personnes handicapées, qui est mise en œuvre grâce aux efforts conjugués des personnes handicapées elles-mêmes, de leurs familles et de leurs communautés. La participation de la communauté est toujours nécessaire pour promouvoir et respecter les droits de l’homme des personnes handicapées et leur permettre de devenir des membres actifs de la société. La collaboration entre les différents organismes, secteurs et professionnels est essentielle à tous les niveaux pour appuyer cette approche globale de la réadaptation. Les professionnels de la santé collaborent avec les individus et les populations locales à la planification, au fonctionnement et à la surveillance des services. Elle est aujourd’hui envisagée comme une stratégie destinée à assurer aux personnes handicapées l’inclusion, les droits et l’égalité des chances. Sa pratique est passée d’une approche essentiellement médicale de prestation de services, souvent focalisée sur un seul domaine (comme la santé ou l’éducation), à une approche multisectorielle basée sur les droits.
Deux points de stratégie devraient être pris nécessairement en compte lors de la conception d’une nouvelle stratégie de prise en charge des personnes handicapées :
– la famille comme unité d’analyse et d’intervention de manière à rejoindre les dispositions de l’article n°17 de la Constitutions du Sénégal ;
– le respect des dispositions de l’article n°3 du Code Général des Collectivités territoriales, en rendant aux commissions techniques départementales leurs prérogatives en matière de conception et de mise en œuvre de la compétence transférée Action sociale, laquelle devrait être logée au ministère en charge du développement communautaire.
Je voudrais pour conclure, voir par cette adresse du Président de la République, une matérialisation du « jubanti » en matière de droits humains et de justice sociale, puisqu’il sera surtout question enfin, de l’affirmation d’une réelle volonté politique de changement au bénéfice d’une frange importante de la population exclue et marginalisée de tous les dispositifs d’intégration sociale, malgré l’existence d’un cadre juridique.
Et pour terminer, mettre en cohérence la politique nationale du handicap, compétence transférée, avec le nouveau référentiel des politiques publiques en logeant la direction au département en charge du développement communautaire et de la Solidarité nationale.