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12 septembre 2025
ARRIVÉE DE LA DÉPOUILLE DE PAPA BOUBA DIOP MERCREDI À DAKAR
La dépouille de l'ancien Lion est annoncée mercredi prochain, 2 décembre, à Dakar. Les hommages pleuvent depuis l’annonce de son décès hier dimanche, 29 novembre
La dépouille de Pape Bouba Diop est annoncée mercredi prochain, 2 décembre, à Dakar. Les hommages pleuvent depuis l’annonce de son décès hier dimanche, 29 novembre.
Il avait marqué le but victorieux contre la France lors du match d’ouverture de la Coupe du monde de 2002. Puis auteur de deux autres buts lors de cette coupe du monde où le Sénégal ne s’est arrêté qu’en quart de finale, il est le meilleur buteur sénégalais en phase finale de Coupe du monde avec 3 réalisations.
Pape Bouba Diop est décédé des suites d’une longue maladie à l’âge de 42 ans.
LE CORAF VEUT FACILITER L’ACCÈS DES PRODUCTEURS AUX TECHNOLOGIES
Cette première phase de partenariat qui s’inscrit dans le cadre du plan stratégique du CORAF vise les agriculteurs de cinq pays dont le Bénin, le Burkina Faso, le Tchad, le Mali et le Niger.
Dakar, 30 nov (APS) - Le Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF) et la coopération suisse ont scellé un accord de partenariat visant à aider les petits agriculteurs du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest à accéder aux innovations et aux technologies agricoles améliorées, a appris l’APS.
’’Nous voulons faire de la technologie un levier du développement au niveau communautaire. Il ne s’agit plus d’échanger les technologies entre pays mais, de faire en sorte qu’une technologie disponible dans un pays puisse aller immédiatement au niveau des communautés’’, a expliqué le directeur exécutif du CORAF, Abdou Tenkouano.
Cette première phase de partenariat qui s’inscrit dans le cadre du plan stratégique du CORAF vise les agriculteurs de cinq pays dont le Bénin, le Burkina Faso, le Tchad, le Mali et le Niger.
’’Cette signature revêt une importance historique non seulement pour financer un programme mais pour accompagner le plan stratégique du CORAF qui a été mis en place par les pays en réponse à la demande des populations et des commissions économiques régionales’’, a fait observer, M. Tenkouano.
Il a souligné que ’’’l’offre agricole est aujourd’hui très largement en dessous de la demande, les programmes de mise à l’échelle des technologies sont souvent mis en œuvre de manière isolée, parfois antagoniste, et sans aucune synergie les uns avec les autres’’.
Il a indiqué son institution veut travailler en priorité avec les organisations communautaires qui recevront de petits financements certes mais à utiliser de façon efficace, pour un changement réel.
’’Nous pensons que les jeunes et les femmes sont demandeurs de nouvelles technologies, d’emplois. Nous pensons que les mécanismes que nous mettrons en place, les retiendront sur place afin qu’ils ne risquent pas leur vie en essayant de traverser la mer pour un soit disant bonheur qui existe là où, ils sont’’, a estimé Abdou Tenkouano.
par Florian Bobin
LES FORCES DU DÉSORDRE : DE LA RÉPRESSION COLONIALE AUX VIOLENCES POLICIÈRES
La France a une longue histoire de méthodes policières violentes à l’égard des Africains. Celle-ci a structuré les réflexes répressifs des États africains anciennement colonisés par Paris
La police française s’est structurée autour de la défense des intérêts des capitalistes et colonialistes fortunés au sein de son empire. Les conséquences de cette histoire sont à trouver aujourd’hui dans la culture de répression que maintiennent nombre d’États africains.
« Pas de justice, pas de paix ! Justice pour Adama ! ». Depuis le décès d’Adama Traoré, jeune homme noir de 24 ans mort aux mains de la police au commissariat de Beaumont-sur-Oise en juillet 2016, la formule est devenue le mot d’ordre du combat mené par le Comité Justice et Vérité pour Adama. Cet été, des dizaines de milliers de manifestants ont participé aux rassemblements organisés par le collectif devant le Tribunal de Grande instance de Paris le 2 juin ou encore à Beaumont-sur-Oise le 18 juillet [1]. À travers le monde, l’assassinat de l’afro-américain George Floyd, asphyxié par un policier blanc dans les rues de Minneapolis, a intensifié la mobilisation contre les discriminations raciales. Mais nombreuses sont les voix en France, commentateurs et personnalités politiques confondus, qui continuent de botter en touche, estimant que « la France n’est pas les États-Unis » ou que « comparer les deux situations est absurde ».
Pourtant, des études récentes de Human Rights Watch et du Défenseur des droits concluent respectivement que les contrôles effectués par la police française sur les mineurs sont « racistes et abusifs » et que « les jeunes hommes perçus comme noirs ou arabes ont une probabilité vingt fois plus élevée que les autres d’être contrôlés » [2]. De nombreux chercheurs et militants appellent ainsi à ce qu’un regard lucide soit porté sur l’historicité des violences policières infligées aux personnes racisées en France [3] Assa Traoré, sœur d’Adama Traoré et fondatrice du comité Justice et Vérité pour Adama, déclarait à ce propos en mai dernier : « Historiquement, les violences policières sont des continuités de l’esclavage et du colonialisme pour lesquels il n’y a jamais eu de réparations »[4].
La France a en effet une longue histoire de méthodes policières violentes à l’égard des Africains. Non seulement celle-ci a façonné le rapport des autorités policières françaises aux personnes africaines et afro-descendantes, mais elle a aussi structuré les réflexes répressifs des États africains anciennement colonisés par la France.
Structurer la police coloniale
En mars 1667, le roi de France Louis XIV signait un édit visant à réformer l’institution policière, jusqu’alors relativement dispersée. La police, déclare le décret, « consiste à assurer le repos du public et des particuliers, à purger la ville de ce qui peut causer les désordres, à procurer l’abondance » [5]. Chargé de sécuriser les commerces lucratifs et de réprimer les écrits et comportements jugés séditieux, le nouveau lieutenant de police de Paris Gabriel Nicolas de la Reynie pouvait désormais, à tout moment, faire appel à l’armée et procéder à des arrestations sans jugement [6]. L’homme derrière l’édit de 1667 est Jean-Baptiste Colbert, ardent défenseur du mercantilisme, courant économique basé sur la stricte réglementation étatique du commerce ainsi que la maximisation des exportations. Principal ministre d’État sous Louis XIV, en charge de l’industrie et du commerce, Colbert supervisa l’expansion de l’empire colonial français en Amérique du Nord et dans les Caraïbes, fondant en 1664 la Compagnie française des Indes orientales. Il rédigera plus tard la première version du Code noir, décret régissant le statut juridique des captifs asservis africains jusqu’en 1848. Le texte prévoyait notamment les mesures punitives en cas de marronnage : « L’esclave fugitif qui aura été en fuite pendant un mois, à compter du jour que son maître l’aura dénoncé en justice, aura les oreilles coupées et sera marqué d’une fleur de lys sur l’épaule ; s’il récidive un autre mois pareillement du jour de la dénonciation, il aura le jarret coupé, et il sera marqué d’une fleur de lys sur l’autre épaule ; et, la troisième fois, il sera puni de mort » [7].
Soucieuse de préserver les intérêts des capitalistes et colonialistes fortunés au sein de son empire, la monarchie française sous Louis XVI prolongea le contrôle policier des Africains et Afro-descendants. Après deux premiers textes de loi en 1716 et 1738, le ministre de la marine Antoine de Sartine, ancien lieutenant de Paris, institua la Police des Noirs en 1777. Contrairement au Code noir, cet édit de trente-deux articles prescrivit des actions fondées non sur le statut d’esclave mais sur la couleur de la peau : « Surtout dans la capitale, peut-on lire, [les Noirs] y causent les plus grands désordres et lorsqu’ils retournent dans les colonies, ils y portent l’esprit d’indépendance et d’indocilité et y deviennent plus nuisibles qu’utiles ». L’article 3 prévoyait ainsi l’arrestation et la déportation de toute personne noire « qui se serait introduit [e] en France »[8].
Au début du XIXe siècle, le souverain français Napoléon Bonaparte, qui rétablit l’esclavage moins de dix ans après son abolition suite à la révolution haïtienne, étendit davantage le contrôle des Noirs en France. Aussi, il chargea, entre 1807 et 1808, le ministre de la police Joseph Fouché, l’architecte de la police française moderne, de mener un recensement national des « Noirs, mulâtres et autres personnes de couleur »[9]. Utilisant la même dénomination que de Sartine pour la Police des Noirs, cette classification s’inspirait directement des théories raciales de Moreau de Saint-Méry qui plaçaient les colons blancs comme « l’aristocratie de l’épiderme ». Favorable à l’esclavage, par « goût du commerce », Fouché œuvra à la généralisation de méthodes complexes d’espionnage sur les « menaces extérieures », comme à Bordeaux, qui fut l’un des ports français s’étant le plus enrichi de la traite transatlantique [10].
L’invasion d’Alger en 1830 puis l’engouement suscité par la conférence de Berlin en 1884-1885 virent la création d’un statut juridique spécifique aux « sujets » coloniaux. Dès les années 1880, et ce jusqu’au milieu des années 1940, le Code de l’indigénat servit de cadre de contrôle des Africains, permettant la condamnation de tout élément jugé perturbateur pour « manque de respect envers l’administration et ses fonctionnaires » ou « diffusion de bruits alarmants et mensongers ». « La prison, estimait alors le député et résident général de France en Tunisie Étienne Flandin, ce n’est pas une peine pour [les indigènes] mais une récompense, le suprême bonheur pour lui de vivre dans l’oisiveté » [11].
Administrer l’empire
À mesure que les centres urbains se développèrent en Afrique, la circulation des personnes et des idées représenta une menace croissante pour l’administration coloniale. Basées sur celles de la métropole, des forces de police structurées apparurent essentielles pour sauvegarder les intérêts financiers de l’empire [12]. Le projet de construction du chemin de fer Congo-Océan (1921-1934) vit ainsi la capture d’innombrables jeunes hommes par ces nouvelles forces armées. Contraints à travailler sans protection, plusieurs dizaines de milliers d’entre eux périrent [13].
En Afrique-Occidentale française (AOF), le Service de sécurité générale (SSG) fut créé en 1918 dans un contexte de contestations croissantes au sein de l’empire. Plus de cent mille Africains avaient été enrôlés dans l’armée française, souvent de force, pour participer à l’effort de guerre. Malgré les promesses d’amélioration de conditions de vie, la majorité resta soumise à l’arbitraire colonial. Le Service de contrôle et d’assistance en France des indigènes des colonies (CAI), agence de renseignement indépendante pilotée par le ministère des colonies, était à ce titre chargé de surveiller les activités politiques des Africains établis en France [14].
Parmi les premiers fichés figure le militant sénégalais Lamine Senghor. Arrivé à Paris en 1920, l’ancien tirailleur sénégalais devenu facteur fut surveillé de près par le CAI dès 1924 comme « agitateur anticolonial » et « militant communiste et antimilitariste »[15]. Senghor avait en effet rejoint les rangs du Parti communiste français, avant de s’en distancer en raison de l’intégration limitée des militants noirs. C’est ainsi qu’il fonda en 1926 une structure distincte appelant à l’émancipation de l’Afrique, le Comité de défense de la race nègre (CDRN), qu’il représenta l’année suivante au congrès fondateur de la Ligue contre l’impérialisme et l’oppression coloniale à Bruxelles.
Le discours de Senghor, relayé par de nombreux journaux étrangers, alerta les autorités françaises. Il y déclarait notamment : « L’oppression impérialiste que nous appelons colonisation chez nous, et que vous appelez impérialisme ici, c’est la même chose, camarades : tout cela n’est que du capitalisme ; c’est lui qui enfante l’impérialisme chez les peuples métropolitains » [16]. À son retour en France, il fut arrêté pour « propos outrageants à un agent de l’autorité ». Jusqu’à sa mort, à la fin de l’année 1927, le militant sénégalais se résigna à ne plus retourner au Sénégal, craignant d’y être arrêté et incarcéré dès son arrivée.
Le milieu des années 1920 vit également la création, par l’ancien administrateur colonial André-Pierre Godin, du Service d’assistance aux indigènes nord-africains (SAINA), composé notamment d’une force de police appelée Brigade nord-africaine (BNA). S’assurant de la stricte réglementation des Algériens en France, l’agence de surveillance prit l’habitude de contraindre les employeurs à licencier leurs salariés soupçonnés d’anticolonialisme [17]. Bien que supprimée après la Seconde Guerre mondiale, l’unité reprit une seconde vie au milieu des années 1950 à travers la Brigade des agressions et violences (BAV). À mesure que s’intensifia la guerre d’indépendance d’Algérie, les travailleurs nord-africains installés en France étaient systématiquement victimes d’arrestations abusives et de raids nocturnes [18].
Désordres néo-coloniaux
Le début des années 1960 marqua le retour progressif en France de soldats et policiers mobilisés en Algérie [19]. Parmi ceux-ci figurait Maurice Papon, responsable de la déportation de plus de 1500 Juifs sous le régime de Vichy et de la systématisation de la torture de militants du Front de libération nationale (FLN) dans l’Est algérien. Devenu préfet de la police de Paris en 1958, Papon créa le Service de coordination des affaires algériennes (SCAA), qui supervisa l’assassinat de centaines de manifestants pro-FLN, battus et jetés dans la Seine, en octobre 1961 [20].
En besoin de main-d’œuvre pour la reconstruction d’après-guerre, l’État français avait incité de nombreux travailleurs africains à s’installer en France. Ces derniers étaient en général parqués dans des bidonvilles ou des habitations à loyer modéré (HLM) situés aux périphéries des métropoles. Le discours sécuritaire ambiant passa alors de « la sauvegarde de l’empire contre des agitateurs indigènes indisciplinés » à « la protection de la nation contre de dangereux criminels immigrés ». Les méthodes policières répressives, quant à elles, perdurèrent. Au début des années 1970, Pierre Bolotte, ancien officier colonial en Indochine puis en Algérie, fonda la Brigade anti-criminalité (BAC) en région parisienne. Préfet de police de la Guadeloupe quelques années plus tôt, il mena la violente répression de la grève des travailleurs du 27 mai 1967 [21].
En Afrique, la naissance d’États nouvellement indépendants ne marqua pas la fin de l’obsession du contrôle. En 1959, le Service de sécurité extérieure de la Communauté (SSEC) fut créé pour maintenir des liens étroits entre les services de renseignement français et les unités de police locales dans les colonies africaines. Dernier directeur de la sécurité nationale en Haute-Volta (actuel Burkina Faso), son fondateur Pierre Lefuel mit en place, dans la foulée, le Service de coopération technique internationale de police (SCTIP), unité composée principalement d’anciens officiers coloniaux chargés de former les nouvelles polices africaines [22]. Le cas du Cameroun est tragiquement emblématique : à la même période que la guerre contre-insurrectionnelle menée en Algérie, les autorités françaises employèrent des méthodes de répression sanglantes (bombardements aériens, assassinats ciblés, internements de masse, manipulations psychologiques), qui, après l’indépendance formelle du Cameroun en 1960, mutèrent en méthode de gouvernement du nouveau régime pro-français d’Ahmadou Ahidjo [23].
Au Sénégal, Jean Collin, ancien fonctionnaire de l’appareil colonial français, cristallisa les tensions en sa qualité de ministre de l’Intérieur sous la présidence de Léopold Sédar Senghor, son oncle par alliance. Fin stratège, Collin avait la haute main sur le fonctionnement des prisons et supervisait de près les forces de police, dont des unités aux méthodes violentes comme le Groupement mobile d’intervention (GMI) [24]. Sous l’Union progressiste sénégalaise (UPS), parti unique dirigé par le président Senghor, la répression des mouvements d’opposition [25] pilotée par Collin fut marquée par des campagnes d’arrestations massives, comme dans l’affaire And Jëf-Xare Bi de 1974-1975, et des assassinats déguisés de militants, notamment celui d’Omar Blondin Diop en 1973 [26]. Incarnant la continuité de la police coloniale, un sulfureux commissaire français du nom d’André Castorel supervisait les interminables séances de torture des dissidents du régime : plongeant leurs têtes dans des bassines d’eau jusqu’à perdre haleine ; électrocutant leurs parties sensibles (testicules, oreilles, langue) ; déchirant leurs anus avec le goulot de bouteilles [27].
La culture de répression policière demeure centrale dans le rapport qu’entretiennent nombre d’États africains à la dissidence. Les rassemblements publics – appelant à l’amélioration des conditions de vie et s’opposant à l’accroissement des inégalités, l’arbitraire politique et les arrangements néocoloniaux – sont encore souvent dispersés dans la violence. Les réflexes autoritaires déployés dans la gestion de la crise du Covid-19 ont ainsi amplifié la méfiance populaire envers les autorités. Pour autant, un autre mode de gestion est possible, estiment une centaine d’intellectuels africains dans une récente lettre ouverte adressée aux dirigeants du continent africain : « Il s’agit pour l’Afrique de retrouver la liberté intellectuelle et la capacité de créer sans lesquelles aucune souveraineté n’est envisageable. De rompre avec la sous-traitance de nos prérogatives souveraines, […] de penser nos institutions en fonction de nos communes singularités et de ce que nous avons »[28].
Florian Bobin est étudiant en Histoire africaine et animateur de la web-radio Elimu Podcast. Ses recherches portent sur les luttes de libération et la violence d’État dans les années 1960 et 1970 au Sénégal.
[3] Lire Mathieu Rigouste, L’ennemi intérieur : La généalogie coloniale et militaire de l’ordre sécuritaire dans la France contemporaine, Paris, La Découverte, 2009.
[20] Jean-Pierre Peyroulou, « Maurice Papon, administrateur colonial (1945-1958) », In Samia El Mechat (dir.), Les administrations coloniales, XIXe-XXe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2019, p. 69-80.
[21] Voir Mike Horn, Mai 67, ne tirez pas sur les enfants de la République, Art 2 Voir – Step By Step Productions, 2017, 52 min.
[27] Becaye Danfakha, « Le vécu de la torture subie par les militants PAI et d’autres sénégalais », In Comité national préparatoire (CNP) pour la commémoration du 50e anniversaire du Parti africain de l’indépendance (PAI), Réalité du Manifeste du PAI au XXIe siècle, Dakar, Presses Universitaires de Dakar, 2012, p. 187-193.
Le ministre de la Culture et de la Communication Abdoulaye Diop annonce pour 2021 le démarrage effectif des travaux du mémorial Gorée-Almadies dont le concepteur, l’architecte italien Ottavio Di Blasi, sera reçu par le chef de l’Etat Macky Sall, ce lundi à partir de 17 heures.
L’audience que le président Sall va accorder à l’architecte Di Blasi est la preuve que le projet du mémorial Gorée-Almadies arrive à un tournant et est devenu désormais "une réalité", après 23 ans d’attente, a indiqué le ministre. Il a annoncé qu’une dotation de 2, 5 milliards de francs CFA a été allouée au projet dans le budget 2021.
S’exprimant dimanche lors de la plénière de l’Assemblée nationale consacrée au vote du budget de son département pour 2021, M. Diop a rappelé que c’est en 1997 qu’un concours international pour le mémorial Gorée-Almadies avait été lancé avec plus de 800 participants de 68 nationalités différentes, sous l’égide de l’UNESCO, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.
L’architecte italien Ottavio Di Blasi avait remporté le concours, avant la signature en septembre 2019 d’un contrat avec le ministre de la Culture et de la Communication, aux termes duquel il a été officiellement chargé de la conception de ce monument.
Il sera ainsi reçu lundi par le président de la République en perspective du début des travaux prévu en 2021.
Les choses sont désormais bien engagées en attendant le début des travaux en 2021, a laissé entendre le ministre de la Culture et de la Communication, selon lequel cette perspective est prise en compte à travers la nomenclature budgétaire.
Le mémorial Gorée-Almadies est destiné à "faire du Sénégal le grand rendez-vous de la culture du donner et du recevoir", car il répond "à un besoin réel", a dit Abdoulaye Diop.
Le Sénégal "veut se placer au centre de l’histoire, cela va être fondamentalement important", a-t-il lancé aux députés qui ont adopté à la majorité le budget de son département pour 2021.
Le mémorial Gorée-Almadies "sera, par ses missions et ses objectifs, un lieu de souvenir et de recueillement, un centre de communication, d’activités artistiques et esthétiques, d’éveil scientifique et technologique", indique-t-il.
Il "sera aussi un lieu de socialisation avec un sentiment d’appartenance à une communauté noire, forte, soudée, solidaire et ouverte sur le monde", a ajouté le ministre de la Culture et de la Communication.
Dans son dernier livre intitulé "Sénégal, l’histoire en marche", l’ancien ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly avait attiré l’attention sur "une ressemblance confondante" des plans architecturaux du futur monument du mémorial Gorée-Almadies et de "La Tour des Arabes", un des principaux éléments de l’attrait touristique de Dubaï.
La volonté d’édifier un espace du souvenir à Gorée répondait à un vœu exprimé à différentes reprises par les intellectuels et les artistes noirs des différentes diasporas. Dès 1975, le président sénégalais Léopold Sédar Senghor avait émis, dans cette perspective, l’idée d’édifier un monument en hommage à l’Afrique.
Le président Abdou Diouf décide de donner corps à cette idée à partir de 1986, tout en élargissant le périmètre fonctionnel d’origine, afin que l’édifice intègre aussi un complexe culturel dédié aux droits de l’homme et au dialogue entre les peuples.
Après le lancement du concours d’architecture remporté le 14 septembre 1997 par l’Italien Di Blasi, le projet était en veilleuse, avant d’être relancé en 2012 par l’arrivée au pouvoir du président Macky Sall.
IMMENSE ÉMOTION APRÈS LE DÉCÈS DE PAPA BOUBA DIOP
La mort dimanche du premier buteur sénégalais au Mondial 2002 a plongé l’ensemble du pays dans la détresse. Beaucoup espéraient que le géant natif de Rufisque aurait raison de cette maladie qui le tenait éloigné de son pays natal depuis quelques temps
Le décès ce dimanche, en France, de Pape Bouba Diop, premier buteur sénégalais à la Coupe du monde 2020 a plongé ses anciens coéquipiers et l’ensemble du peuple sénégalais dans une grande détresse.
Le monde du football sénégalais le savait malade depuis longtemps, mais espérait que le géant natif de Rufisque aurait raison de cette maladie qui le tenait éloigné de son pays natal depuis quelques temps.
Sa dernière apparition publique pour la plupart de ses compatriotes remontait au match de gala organisé en marge des CAF Awards en 2018 entre la génération 2002 et une sélection africaine comprenant des Légendes africaines, dont le Camerounais Samuel Eto’o et l’Ivoirien Didier Drogba.
Comme à son habitude et malgré sa taille, dans un stade Léopold Sédar Senghor quasiment rempli, il s’est glissé dans la masse, sans crier gare, lui le taiseux en dépit de ses hauts faits d’armes avec la sélection nationale.
Parmi ces faits d’armes, le plus glorieux est sans doute le premier but du Sénégal dans l’histoire de la coupe du monde, qu’il a marqué le 31 mai 2002 au Séoul World Stadium. Un but qui a eu raison des Bleus, champions du monde en titre, et ouvert la voie aux Lions pour un tournoi exceptionnel.
Le natif de Rufisque qui, après le Jaraaf de Dakar, a débuté sa carrière professionnelle en Suisse (Vevey et Grasshopers), avait marqué deux autres buts lors de cette coupe du monde contre l’Uruguay (3-3). Il restera dans la mémoire collective sénégalaise, voire africaine comme celui qui a terrassé la France.
Dimanche, lors de la finale du tournoi de qualification à la CAN U20 pour la zone ouest A, qui a eu lieu sous les yeux de ses anciens coéquipiers, El Hadj Diouf et Abdoulaye Diagne Faye pour ne citer que ces deux, l’annonce de son décès avait laissé plusieurs personnes incrédules, jusqu’à ce que la Commission d’organisation se décide à observer une minute de silence à sa mémoire.
Il y a comme un signe du destin avec l’autre géant du football mondial Diégo Maradona, décédé mercredi dernier.
Son décès a touché ses anciens coéquipiers et ses compatriotes et en premier le président de la République. Macky Sall a parlé de "grande perte pour le Sénégal".
"Je rends hommage à un bon footballeur, respecté de tous par sa courtoisie et son talent, nous rappelant fièrement l’épopée des Lions de 2002. Je présente mes condoléances à sa famille et au monde du football", a dit le président Sall sur son compte Twitter.
Le président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), Augustin Senghor a rendu hommage au défunt par le même canal. "Le football sénégalais, le Sénégal sont en deuil, avec le décès ce jour du Lion Pape Bouba Diop. Grâce à lui et sa Génération 2002, écrit-il, le monde entier a découvert le Sénégal, terre de Teranga et de football. Dieureudieuf Gaindé, Merci. Reposes en paix. A jamais dans nos cœurs ’’.
Le RC Lens, seul club où il a joué en France avant de s’exiler, a tenu à lui rendre hommage sur le même réseau social. Et ses anciens coéquipiers n’ont pas manqué ce moment.
L’ancienne star des Lions El Hadji Ousseynou Diouf, très sollicité dans les médias sénégalais écrit au sujet de son ancien coéquipier : "Un lion ne meurt jamais. Il se repose. Mon frère, tu resteras à jamais dans mon cœur, Boubs, comme je t’ai toujours appelé. Paradis éternel Gaindé’’.
Habib Bèye, ancien international : "Tu es un géant, tu as soulevé nos cœurs en 2002 et tu seras à jamais le premier buteur du Sénégal en Coupe du Monde. Repose en paix mon frère’’.
Alassane Ndour, ancien international : "On est tous touchés par cette triste nouvelle qui vient de nous mettre à terre. Bouba était un joueur fantastique et extraordinaire… On a été choqué par cette nouvelle. Il a été un partenaire, un modèle, un ami, un frère et un patriote. On va le remercier et prier pour lui’’.
Le Ballon d’or africain 2019, Sadio Mané, sur la même lancée, de retenir : "Pape Bouba, c’est avec un cœur meurtri que nous avons appris ta disparition. Sache que tu resteras à jamais dans nos cœurs, même si tu es parti sans nous dire au revoir…".
par Achille Mbembe
MACRON A-T-IL MESURÉ LA PERTE D'INFLUENCE DE LA FRANCE EN AFRIQUE ?
Le président français souhaite que son pays fasse preuve du même virilisme sans qu’à tout bout de champ ne lui soit renvoyé à la figure son passé colonial. Que gagne-t-on à plaquer des querelles franco-turco-russes sur le différend franco-africain ?
Jeune Afrique |
Achille Mbembe |
Publication 30/11/2020
Des intellectuels africains répondent à Emmanuel Macron (1/3). Suite à l’interview accordée par le chef de l’État français à Jeune Afrique, le 20 novembre, plusieurs intellectuels ont souhaité lui répondre. Jeune Afrique a choisi de publier trois de leurs contributions.
Celles et ceux qui ont eu l’opportunité d’échanger avec le président Emmanuel Macron au sujet de la politique française en Afrique auront été frappés par sa pugnacité et sa vivacité d’esprit. Sa longue interview accordée à Jeune Afrique en aura cependant laissé perplexe plus d’un, en particulier celles et ceux qui étaient disposés à lui accorder le bénéfice du doute. Les sceptiques, en revanche, crient victoire. Dès le début, ils ont dénoncé l’effort consistant à faire passer une révision en profondeur des rapports franco-africains ce qui, à leurs yeux, n’était qu’une simple opération marketing.
Comment leur donner entièrement tort ? Flagrante absence d’imagination historique en effet. Aucune parole politique de poids. Pas un seul concept. À parcourir rapidement ces pages, l’on en ressort avec la ferme impression que la France n’aspire qu’à une chose, sur un continent dont elle s’accorde pourtant à reconnaître le rôle vital au cours de ce siècle. Faire de l’argent.
Cynisme et raison d’État
Mieux, faire de l’argent à la manière de la Chine et de son impérialisme froidement prédateur. La Chine, ce nouveau venu que l’on présente volontiers comme un repoussoir de jour, mais que l’on ne peut s’empêcher d’admirer à la nuit tombée, le dragon qui pille gaiement, et qui, sans s’encombrer d’on ne sait quelle mission civilisatrice, oblige les Africains à gager leurs sols, sous-sol et autres biens et à tout vendre, dans l’espoir de s’acquitter de colossales dettes dont le gros des montants aura été détourné par des élites vénales.
Caricature ? À peine. Étonnement? Pas davantage. En maints endroits du monde, le libéralisme se conjugue désormais au nationalisme et à l’autoritarisme. Très peu d’États ou de régimes peuvent aujourd’hui mettre le poids d’une conduite exemplaire dans les remontrances qu’aux autres ils veulent faire. Pourquoi, dans la nouvelle course pour le continent, la France se priverait-elle d’avantages auxquels ses concurrents n’ont guère renoncé ?
Emmanuel Macron souhaite que le France fasse preuve du même virilisme sans qu’à tout bout de champ ne lui soit renvoyé à la figure son passé colonial. Ou que lui soient chaque fois rappelés ses hypothétiques devoirs en matière de défense de la démocratie, des droits humains et des libertés fondamentales. Après tout, si les Africains veulent la démocratie, pourquoi n’en paient-ils pas eux-mêmes le prix ?
Prenons donc acte du fait que, constamment, le rapport des chefs d’État de la Ve République avec l’Afrique aura été avant tout motivé par des intérêts militaro-commerciaux. Dans ce domaine, ni l’âge ni l’écart générationnel ne jouent aucun rôle, sauf peut-être idéologique, comme aujourd’hui. Les sentiments non plus, qu’ils soient d’amour, de haine ou de mépris. Seule compte la raison d’État, c’est-à-dire un ou deux juteux contrats grappillés ici et là.
Vertigineuse perte d’influence
Si, dans ce monde de larcins, calcul froid et cynisme prévalent, qu’est-ce qui distingue donc Emmanuel Macron de ses prédécesseurs ? A-t-il, mieux qu’eux, pris l’exacte mesure de ce qui se joue effectivement, à savoir la vertigineuse perte d’influence de la France en Afrique depuis le milieu des années 1990 ? Que certains s’en désolent tandis que d’autres s’en réjouissent importe peu. Dans un cas comme dans l’autre, l’on a bel et bien atteint la fin d’un cycle historique.
ÊTRE JEUNE EN AFRIQUE, C'EST VIVRE UN CAUCHEMAR ÉVEILLÉ
Être jeune en Afrique, c’est avoir, très tôt, la sensation d’être né dans un paradis qui a parfois des allures de purgatoire, sans avoir la certitude de vivre assez vieux pour se réveiller et en sortir
Jeune Afrique |
Florian Ngimbis |
Publication 30/11/2020
Depuis la publication, en 2017, du très médiatisé rapport « Génération 2030 » de l’Unicef sur l’avenir démographique du continent, rien n’a changé. Les éléments de langage dont il regorgeait sont toujours paresseusement repris par les médias : la jeunesse africaine serait, d’un point de vue démographique, soit un « potentiel », soit une « catastrophe ». Une vision manichéenne dont il faudrait se départir en se penchant sur ce que cette génération éprouve.
Être jeune en Afrique, c’est avoir, très tôt, la sensation d’être né dans un paradis qui a parfois des allures de purgatoire. C’est connaître la précarité, la faim. Pas celle qu’illustrent les clichés de l’enfant noir, les yeux exorbités et le ventre ballonné. Plutôt une faim existentielle : la faim (ou la soif) de réalisations, exacerbée par la conscience d’un potentiel sous-exploité au mieux, inexploité au pire.
« Dès que j’ai le bac, je pars »
Cette faim est également renforcée par l’état de décrépitude des structures de formation, quand la scolarité s’apparente à un parcours du combattant. Si bien que beaucoup se donnent du courage en répétant un mantra : « Dès que j’ai le bac, je pars. » Le signe le plus criant de l’échec des politiques publiques en Afrique est cette fuite des cerveaux, symbolisée par des files interminables devant les ambassades étrangères.
EXCLUSIF SENEPLUS - Papa Bouba Diop incarnait le leadership et une génération des Lions qui a rendu fier au-delà des frontières sénégalaises. La course aux vaccins contre la covid entrée dans sa dernière ligne, quid de l'Afrique ?
Dans ce numéro de Lu Bees Charles Faye attristé par le décès de l'ancien international sénégalais Papa Bouba Diop, salue la mémoire du déunt. Il espère des autorités un hommage à la hauteur de ce qu'a incarné le natif de Rufisque entré à jamais dans l'histoire du foot sénégalais à l'occasion du Mondial 2002.
Lamine Niang revient sur la course aux vaccins contre la covid-19 presqu'à terme et appelle à la diligence de la part des Etats africains afin de ne pas rester en marge.
Lu Bees est un talk hebdomadaire de SenePlus, réalisé et monté par Boubacar Badji.
UN AUTRE TRAITEMENT AURAIT PU ETRE RESERVE AU DEPARTEMENT DE TIVAOUANE
Cheikh Tidjane Diouf, ancien député Rewmi de la 12e législature et ancien président du Conseil de Surveillance de l’Agence nationale des Eco villages (Anev), analyse, dans cet entretien, la situation politique nationale
Cheikh Tidjane Diouf, ancien député Rewmi de la 12e législature et ancien président du Conseil de Surveillance de l’Agence nationale des Eco villages (Anev), analyse, dans cet entretien, la situation politique nationale. Même s’il revendique son alliance avec le président de la République Macky Sall, le président du Mouvement Construire Tivaouane Durablement (Mctd) estime qu’un autre traitement aurait pu être réservé au département de Tivaouane lors du dernier remaniement.
On ne vous entend plus dans l'espace politique local. Est-ce une stratégie ou une volonté d'exprimer un certain mécontentement ?
La sagesse populaire nous enseigne que «quand tout le monde parle, se taire pour certains devient un impératif». Les populations nous attendent davantage dans des actions concrètes, utiles que dans des discours politiciens, creux, stériles et puériles, en déphasage avec leurs préoccupations. Il devrait plutôt s’agir de parler peu et d’agir beaucoup. C’est cela le temps de l'action. C'est dans cette dynamique que je me suis inscrit.
Un nouveau gouvernement d'ouverture a été récemment mis en place. Comment l’appréciez-vous ?
Un remaniement est un évènement ordinaire dans une République. C’est un acte de gestion, de management des ressources humaines. Le Président apprécie la situation politique et en fonction de ses objectifs, il fait usage de ses prérogatives constitutionnelles dans le but d’apporter les changements qu’il estime qualitatifs, pour le développement économique et social du pays. Les ministres dans un gouvernement, sont à l’image de joueurs de football dans une équipe. Il faut de temps à autre changer les hommes, réajuster le dispositif, pour apporter du sang neuf ou du tonus à l'équipe. Les ministres ne sont pas inamovibles et c’est le président de la République qui nomme à des fonctions civiles et militaires.
L'entrée de Rewmi, votre ancien parti, vous- a-t-elle surpris ?
Absolument pas ! En effet le président de la République a appelé au dialogue pour aboutir à un consensus autour du concept «Un Sénégal de tous et pour tous». Des partis ont répondu favorablement, et d'autres non. On va voir ce que cela va donner dans l’avenir.
Certains soupçonnent le Président Macky Sall de vouloir déblayer le terrain pour Idrissa Seck. Etes- vous de cet avis?
Je ne suis pas un génie de l'art divinatoire et je m’abstiens toujours de faire des élucubrations politiciennes, bien que ma formation et mon parcours politiques m'ont procuré un certain nombre d'outils et d’instruments, pour pouvoir faire une analyse objective et concrète d'une situation bien déterminée. La seule et unique certitude que je puis vous confirmer est que le pouvoir reste un attribut du Tout Puissant. C'est Dieu qui confère le (ou une portion de) pouvoir à qui il veut, assorti d’un échéancier précis. Le Sénégal étant une démocratie, la transmission du pouvoir se fait par le biais du suffrage universel.
Pensez-vous que le gouvernement actuel est capable de prendre réellement en charge les préoccupations actuelles des Sénégalais ?
Dans tous les cas, le gouvernement est tenu de s'y atteler et dans les meilleurs délais possibles ; «réew mi, fépp ay metti» (Ndlr, la situation du pays est difficile) ! L'urgence est partout et dans tous les sens.
Le département de Tivaouane ne compte pas de ministre dans ce gouvernement. Quel impact cela peut-il avoir sur l'avenir du département?
Il est vrai que tous les 45 départements que compte le pays ne peuvent pas siéger dans le gouvernement. Toutefois, compte tenu du statut socio économique, religieux, historique et politique du département et de la disponibilité de cadres de haute facture, aux compétences et expertises certifiées dans les domaines les plus pointus, qui sont, et de surcroit, engagés à côté du Président Macky depuis l'opposition, un autre traitement aurait pu lui être réservé. Des ministres, des Directeurs généraux, des hauts fonctionnaires civils comme militaires, au-delà de l’honneur et de la fierté, apportent toujours une plus-value réelle dans un département ou dans une communauté. Des postes de responsabilité, Tivaouane en a plus que besoin.
Selon vous, comment la coalition Bby devrait s'y prendre pour être au top à Tivaouane?
La Coalition Bby Tivaouane est à l'image des autres départements du pays. Elle est minée par des tendances partisanes, par des manœuvres politiciennes et des luttes de positionnement. Elle n'est ni structurée ni organisée. Je ne vois pas comment la rendre dynamique et efficace dans ces conditions.
Quels sont vos rapports avec le Président Macky Sall?
Mes rapports avec le Président sont au beau fixe. Il sait plus que quiconque ce que je lui ai apporté depuis 2012. Le Président Macky Sall connait bien mon parcours, mes performances et mon potentiel politiques. De même, il sait aussi le genre d'homme que je suis. Le Président a beaucoup de considérations et d'estime pour ma personne. Il m’avait fait l'honneur de me nommer Président du Conseil de Surveillance de l’Agence Nationale des Eco-villages (Anev) suite à ma non-reconduction à la dernière minute, à l'Assemblée Nationale. Nous avions trouvé beaucoup de difficultés dans l'Agence. Dès notre prise de fonction, nous nous sommes mis au travail, avec le Conseil de Surveillance et l'équipe cadre de l’Anev, pour la relancer. Mais le Président l’a dissoute en Août 2019. Depuis, nous restons à l'écoute du président de la République, tout en lui renouvelant notre engagement à ses côtés, conformément à la volonté de mon père et guide Abdoul Aziz Sy Al Amine (RTA) qui m'avait demandé de le soutenir. Ce que j'ai fait sans réserve et sans préalable aucun. Nous relevons tout de même que cette longue attente constitue une entrave au développement de nos activités. Le statut et la responsabilité renforcent toujours en politique. Sans responsabilité, pas de perspectives !
Les prochaines élections locales se préparent dans un contexte marqué par une nouvelle configuration politique, suite à la formation du dernier gouvernement. Quel rôle comptez-vous y jouer ?
Sans intérêt et motivation, il n’y a pas d'action. Et c’est l'action qui nourrit l'ambition. Depuis 1985, je fais de la politique. J'étais encore au collège. Je suis l'un des hommes politiques les plus constants en terme de présence et de participation à des élections. Depuis 96, j'ai participé activement à toutes les joutes locales. En 2009, je devais être le maire de Tivaouane, mais à la dernière minute, une bonne partie des conseillers ont fait défection. Ce qui explique que nous avions en tant que député, déposé une proposition de loi portant modification du mode d'élection du maire en Mars 2013. Aussi en 2014, nous devrions remporter les élections devant une très grande coalition dirigée par le ministre Abdou Ndéné avec aussi Demba Diop dit Diop Sy, Mamadou Diagne Sy Mbengue devenu maire, la ministre Seynabou Gaye Touré, des membres de la famille Sy et d'autre gros calibres. Au finish, nous avons perdu par une différence de 800 voix. J'avais battu entièrement campagne avec mes moyens propres sans aucun soutien particulier. J’étais alors dans Rewmi ; et ce statut d’opposant ne m’a pas facilité les choses à Tivaouane. Je signale d’ailleurs qu’en 35 ans de militantisme, je n’ai jamais adhéré à un parti au pouvoir. Depuis, le contexte local a évolué avec l'arrivée de nouvelles têtes. Nous appartenons à une coalition qui a un chef, nous attendons ses directives, même si le dernier mot appartient aux populations. Il faudra auparavant que les uns et les autres soient fixés sur la date exacte des prochaines élections locales.
Quel est l'état d'avancement des grands projets du Président dans la ville sainte?
Les travaux ont connu un coup d'arrêt pour beaucoup d'entre eux. Il y en a qui n'ont pas encore connu un début d'exécution. Le projet d'assainissement se poursuit. On n’a pas encore beaucoup inauguré. Pour dire vrai, tout ne se passe pas comme prévu. Et la Covid19 est venue compliquer davantage les choses. Les Tivaouanois attendent aussi le président de la République sur les questions de l’éducation, des daara, sur la formation, l’insertion et l'emploi des jeunes dans les industries extractives du département mais aussi dans les filières agricoles et artisanales, pour atténuer le phénomène «Barça ou Barsakh». En outre, il faut un second lycée car le lycée Babacar Sy a dépassé largement ses capacités d’accueil. Il faut un centre de formation professionnel à défaut d'un lycée technique, mais aussi un stade moderne pour les sportifs. J'en ai parlé au président de la République au cours d'un de nos entretiens. Le chômage et la pauvreté font des ravages dans le département de Tivaouane en dépit de ses potentialités ! Heureusement, c’est en cela que le projet du khalif général Serigne Babacar Sy pour la finition de la grande mosquée est salutaire. Il est venu à son heure pour embaumer les cœurs et susciter davantage d'espoirs dans la ville sainte et la communauté.
LA GENDARMERIE RACONTE L’HORREUR DANS LES CENTRES DE REDRESSEMENT DE KARA
Dans un communiqué parvenu hier à «L’As», la Maréchaussée affirme que des hommes qui y sont internés faisaient l’objet de séquestration, torture, maltraitance
La Gendarmerie est sortie de sa réserve pour expliquer les raisons qui ont conduit ses hommes à démanteler les centres de redressement de Serigne Modou Kara. Dans un communiqué parvenu hier à «L’As», la Maréchaussée affirme que des hommes qui y sont internés faisaient l’objet de séquestration, torture, maltraitance. Elle a également fait état de traite d’êtres humains et de présence de drogue sur les lieux.
L’affaire aurait pu se limiter à l’arrestation d’un petit voleur de moto, mais elle a fini par prendre des proportions inimaginables qui pourraient inspirer les réalisateurs de cinéma, dans le futur. Voulant élucider le vol d’un simple scooter, la Section de Recherches (SR) de la Gendarmerie a finalement mobilisé ses redoutables hommes pour le démantèlement d’un réseau de vol de scooters, de trafic de chanvre indien, et de traite de personnes. Si l’on se base sur le communiqué des pandores parvenu hier à «L’As», tout a commencé le 26 novembre dernier. «Du 26 au 28 novembre 2020, des éléments de la Section de recherches (SR) ont effectué un transport à Ouakam pour exploiter un renseignement sur le vol d’un scooter.
A cette occasion, les enquêteurs ont découvert trois (03) autres scooters faisant l’objet de recherches et par incidence, un lieu de regroupement de plusieurs individus, en majorité jeunes, âgés de 17 à 42 ans, placés sous haute surveillance et victimes de séquestration, de maltraitances, voire de torture. Ils vivent dans des conditions sanitaires déplorables, dans des endroits présentés comme des daara de redressement, tenus par des disciples de Serigne Modou Kara. Les responsables se font appeler «commandant» et «colonel», renseigne la Gendarmerie dans son communiqué.
Les gendarmes affirment qu’au moment de leur décente sur les lieux, ils ont trouvé non seulement des personnes souffrant visiblement de maladies et de malnutrition sévère. De plus, les stigmates des sévices corporels étaient visibles sur les corps des victimes, dont certains semblaient avoir perdu la raison. Selon les pandores, elles ont expliqué qu’elles ne mangeaient qu’un repas par jour et ne se lavaient qu’une fois par semaine. «En outre, un des mis en cause appelé «Ndaama géant» chez qui il a été retrouvé six (06) paquets de chanvre indien, est allé se réfugier au domicile de Serigne Modou Kara, dont le fils Ahmadou Mbacké l’a heureusement reconduit à l’unité, suite aux mises en garde du commandant de la SR. Les témoignages des victimes font état de plusieurs décès durant ces deux dernières années, dont le dernier remonte à trois jours, sur lesquels des investigations sont en cours. Plusieurs blessés ont été secourus et acheminés d’urgence au service de santé de la gendarmerie et à l’hôpital Principal de Dakar, par les soins des éléments de la Section de recherches et du médecin chef de la Gendarmerie», ont fait savoir les gendarmes.
D’après le communiqué des pandores, «le 26 novembre, d’abord, dix-huit (18) personnes ont été découvertes aux Mamelles, sous la garde de quatre (04) geôliers. Ensuite, le 27 novembre à Guédiawaye, deux cent treize (213), dont sept (7) mineurs, séquestrés dans un immeuble R+1 et entassés dans huit(08) chambres, ont été libérées de ces lieux de détention». «Enfin, un transport effectué le samedi 28 novembre 2020, sur deux (02) autres sites situés à Malika et à la Zone B, a permis de découvrir respectivement vingt-deux (22) et cent (100) pensionnaires, dont une (01) fille âgée de 17 ans. Au total, quarante-trois (43) personnes ont été interpellées, dont six (06) à Ouakam, treize (13) à Guédiawaye, vingt (20) à la Zone B et quatre (04) à Malika».
Pour conclure, la gendarmerie explique que la Section de Recherches a démantelé un réseau de vol de scooters, de trafic de chanvre indien et de traite d’êtres humains. Selon les pandores, l’enquête se poursuit sous la direction du procureur de la République, précisément pour les faits d’association de malfaiteurs, vol en réunion en temps de nuit, trafic de drogue, traite de personnes et complicité. «Les documents audiovisuels sont disponibles et feront l’objet d’une diffusion en temps opportun», souligne la Gendarmerie.
LE CAMP DE KARA DEMENT LA GENDARMERIE
Le démantèlement des centres de redressement de Serigne Modou Kara par la Section de Recherches connaît un rebondissement. Après la sortie de la Gendarmerie pour expliquer les raisons qui ont motivé son acte hier, le camp du guide religieux s’est fendu, quelques heures après, d’un communiqué lui aussi pour battre en brèche les allégations des pandores selon lesquelles ils ont trouvé sur les lieux de la drogue, des personnes qui souffrent de maltraitance et de malnutrition. «Suite au communiqué très nuancé partagé sur les réseaux sociaux et par la Gendarmerie Nationale, le Diwane tient à préciser ce qui suit : la Gendarmerie n’a trouvé de la drogue dans aucun des centres de redressement Darou Salam au niveau de la banlieue cités dans leur communiqué. Nous invitons l’autorité à bien préciser l’endroit dans lequel elle affirme avoir trouvé du chanvre indien pour éviter toute confusion», indique le camps de Serigne Modou Kara. Sur l’un des geôliers où a été retrouvée de la drogue et dont les gendarmes affirment qu’il a trouvé refuge au domicile de Serigne Modou Kara Mbacké, le camp du marabout dément. «Celui auquel ils font allusion est certes un membre du mouvement, mais pas geôlier au niveau des trois principaux centres reconnus de la Kara sécurité. Il serait bien de préciser qu’il n‘était pas dans le domicile du guide Cheikh Ahmadou Kara Mbacké au moment de la descente de la Gendarmerie. C’est seulement après le départ de la Gendarmerie que le guide, informé de la situation, a immédiatement intimé son fils Serigne Ahmad Mbacké l’ordre d’aller chercher ce talibé partout où il se trouverait pour le mettre à la disposition de la justice pour répondre des accusations qui pèsent sur lui», précise le texte. A propos de la maltraitance et de la malnutrition évoquées, les disciples de Kara expliquent qu’ il serait bien de rappeler que les pensionnaires de ces centres (Daara Tarbiyah) y ont été envoyés par leurs propres parents sur la base d’une décharge d’autorisation parentale signée. Ces mêmes parents accompagnés de membres de leurs familles faisaient des visites récurrentes pour s’enquérir de l’état de leurs enfants dans la structure»