La polémique sur l’affaire dite des gazelles oryx est loin de connaître son épilogue. Hier lors du passage du Ministre de l’Environnement et du développement durable à l’Assemblée, dans le cadre du vote du budget 2021, les députés en ont profité pour demander à Abdou Karim Sall d’éclairer la lanterne des Sénégalais.
L’affaire des gazelles Oryx s’est invitée hier aux débats à l’Assemblée nationale. En effet, les Parlementaires estiment que le ministre Abdou Karim doit rendre compte sur la mort de ces espèces protégées, au cours leur transfert vers une réserve privée. Pour le député Mamadou Lamine Diallo, le ministre a tout faux dans sa démarche et dans sa conscience environnementale. «C’est une ressource naturelle qui appartient au peuple. Donc, vous ne pouvez pas les gérer comme vos affaires privées», a laissé entendre le député. Mamadou Lamine Diallo invite par ailleurs la Commission de l’environnement de l’Assemblée nationale et celle de Ranérou à prendre en charge cette situation. Le Président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie, Serigne Cheikh Mbacké Doli dénonce «son insouciance à la gestion de l’environnement». Il estime à cet effet que personne ne peut avoir confiance à Abdou Karim Sall sur sa version de cette affaire. Abondant dans le même sens, la députée Marieme Soda Ndiaye estime que cette affaire mérite une directive pour mieux éclairer les Sénégalais. Les députés ont également soulevé la question de la forêt classée de Mbao et de la décharge de Mbeubeuss.
Pour Cheikh Seck, la situation de la forêt mérite des solutions urgentes. «Il faut qu’on trouve des solutions avant qu’il ne soit trop tard. C’est une bombe à retardement qui risque de porter gros à la population. Il ne se passe pas un jour sans qu’on ne signale des meurtres ou d’autres types d’agression», a soulevé le député. Député maire de Keur Massar, Moustapha Mbengue plaide pour la déclassification d’une partie de la forêt pour rendre fluide la circulation à Keur Massar, mais aussi renforcer la sécurité au niveau de cette zone.
«147 CAS DE FEUX DE BROUSSES DECLARES POUR UNE SUPERFICIE GLOBALE DE 14570 HA»
Face aux députés, le ministre de l’Environnement et du Développement durable a tenté d’apporter des réponses. Sur la question du transfert des Gazelles Oryx, Abdou Karim Sall a rappelé aux députés que ces espèces ne peuvent faire l’objet ni de transaction commerciales, encore moins d’abattage. A l’en croire, l’Etat a pris toutes les dispositions requises afin de veiller au bien être des espèces, dans les principes généraux de la conservation de la faune sauvage. «Tout acteur intéressé par la gestion durable de cette faune en captivité ou en semi captivité, peut en manifester le besoin par les services techniques et obtenir un protocole, après avoir rempli toutes les capacités requises pour leur conservation», a expliqué le ministre de l’Environnement et du Développement durable.
Selon Abdou Karim Sall, l’effectif totale des gazelles Oryx est estimé à plus 585 sujets localisés dans 9 sites différentes dont 3, indique-t-il, sont sous la gestion publique, plus précisément dans Gueumbeul, Katané et Parc Zoologique de Hann,1 sous gestion communautaire et les 5 autres sous la gestions privées. S’agissant des feux de brousse, Abdou Karim SALL révèle que la semaine du 16 au 23 novembre dernier, plus de 57 cas de feux de brousse pour une superficie brûlée globale 5160 ha ont été signalés dans les régions de Matam, Kaffrine Thiès et Kaolack. «A ce jour, nous sommes à 147 cas de feux de brousse pour une superficie globale de 14570 ha, contre 19 pour 899 ha à la même période de l’année dernière», a-t-il précisé.
Et à l’en croire, son département a dressé un tableau hebdomadaire renseignant sur toutes les informations relatives aux feux de brousse enregistrés dans le pays. Mieux, il informe que des mesures d’anticipation ont été prises comme la réhabilitation des camions citerne d’un montant de plus de 59 millions pour pouvoir faire face à ce phénomène de feux de brousse. «C’est pourquoi, nous avons une dotation budgétaire consistante des services des eaux et Forêt», précise le ministre. A noter que le budget du ministère de l’Environnement et du Développement durable a été arrêté à 25.612 milliards contre 25 .375 milliards FCFA.
L’augmentation de la dotation, estime le ministre, permettra l’accroissement des moyens budgétaires, humains et logistiques du département. Il renseigne à cet effet qu’un programme de recrutement de 600 agents eaux et forêts est en cours. Ils auront comme mission d’assurer la gestion durable de l’Environnement et des Ressources naturelles du Sénégal.
DEUX JEUNES DISPARUS DANS UNE ATTAQUE ARMÉE
11 jeunes, en Casamance, sont victimes d’une attaque armée de la part des éléments supposés appartenir au Mouvement des forces démocratique de la Casamance (Mfdc).
11 jeunes, en Casamance, sont victimes d’une attaque armée de la part des éléments supposés appartenir au Mouvement des forces démocratique de la Casamance (Mfdc). Deux d’entre eux sont portés disparus. Des témoins sur place renseignent que l’armée est entrée en faction pour trouver ces jeunes disparus.
D’après plusieurs sources, les tirs de ces éléments armés ont été occasionnés par l’entrée de ces jeunes dans la forêt classée de Blaz, une localité située sur la frontière avec la Guinée Bissau et supposée être un fief du Mfdc.
LES LIBERAUX DEZINGUENT SERIGNE MBAYE THIAM
Qui s’y frotte, s’y pique. On ne s’attaque pas impunément à l’ancien président Abdoulaye Wade. Le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, l’a vérifié à ses dépens
Une insurrection libérale. C’est traitement auquel le ministre de l’Eau et de l’Assainissement Serigne Mbaye Thiam a eu droit hier, à l’Assemblée nationale, de la part des députés du parti démocratique Sénégalais (Pds). En réaction à la sortie de Serigne Mbaye Thiam qui avait imputé la responsabilité du problème d’eau au Sénégal au régime de Me Abdoulaye Wade, les députés cheikh Abdou Mbacké, Mary Sow ndiaye, Woré Sarr et Toussaint Manga ont descendu en flammes le ministre socialiste.
Qui s’y frotte, s’y pique. On ne s’attaque pas impunément à l’ancien président Abdoulaye Wade. Le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, l’a vérifié à ses dépens. Lui qui, face à la presse la semaine dernière, avait accusé l’ancien régime libéral d’être à l’origine des problèmes liés à l’eau que connaît le pays, a subi hier la foudre des députés du Pds.
En effet, les lieutenants du pape du Sopi ont perturbé la prise de parole de Serigne Mbaye Thiam pendant plusieurs minutes en guise de riposte contre sa récente sortie. «Ce que les Sénégalais attendaient de vous, c’est de voir votre capacité de leur donner une eau inodore, incolore et sans saveur, mais pas de s’attaquer à Me Abdoulaye Wade», lance la députée Woré Sarr à l’endroit du ministre socialiste avant de marteler : «Laissez Wade tranquille ! Venant de votre part, toutefois, cela ne nous étonne pas parce que vous avez échoué dans les tous les ministères que vous avez dirigés».
Se montrant aussi virulent dans ses diatribes, le président du groupe parlementaire libéral Cheikh Abdou Mbacké a indiqué que si le Pds est responsable des problèmes d’eau dans le pays, Macky Sall y a joué un rôle considérable. Et d’ajouter ivre de colère : «Héritant du poste de Mansour Faye, vous deviez avoir le courage de dire à Macky Sall que son beau-frère a échoué au lieu de ça, vous vous attaquez à Abdoulaye Wade. Je sais pourquoi vous défendez autant le chef de l’Etat. C’est parce qu’au Parti Socialiste, vous n’avez plus de légitimité». Si le gouvernement veut un baromètre pour constater son échec, souligne Mary Sow Ndiaye, 2012-2020 suffit largement. Selon Toussaint Manga, les Sénégalais attendent du ministre Serigne Mbaye Thiam des réponses à leurs problèmes et non qu’il fasse le procès du Président Abdoulaye Wade.
SERIGNE MBAYE THIAM : «JE MAINTIENS CE QUE J’AI DIT»
Malgré la riposte foudroyante des députés libéraux, ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, campe sur sa position. Maintenant ses propos, il ajoute toutefois qu’il a beaucoup de respect pour Me Abdoulaye Wade et qu’il juge des actions et non une personne. Estce que vous m’avez entendu prononcer de nom ?», interroge Serigne Mbaye Thiam.
LES DEPUTES FLINGUENT SEN’EAU
A l’Assemblée nationale, il est rare de voir des députés de la majorité et de l’opposition s’accorder sur un point. Hier, l’entreprise Sen’EAU a réussi cette prouesse en faisant l’unanimité contre elle
Le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, était hier face aux députés pour défendre le budget de son département. Bien entendu, les parlementaires n’ont pas raté cette occasion en or pour tirer à boulets rouges sur l’entreprise Sen’EAU qui fait souffrir le martyr aux populations.
A l’Assemblée nationale, il est rare de voir des députés de la majorité et de l’opposition s’accorder sur un point. Hier, l’entreprise Sen’EAU a réussi cette prouesse en faisant l’unanimité contre elle. De l’avis de tous les parlementaires qui sont intervenus, la boîte a l’obligation de revoir son service à l’égard de ses clients. Premier à décocher ses flèches sur Sen’EAU, Mamadou Diaw, député de la mouvance présidentielle, se demande comment la filiale de Suez a fait pour se lancer dans la distribution du liquide précieux. «Quoi qu’il en soit, je ne suis pas content. Sen’EAU, c’est une honte», tonne-t-il avant d’exhiber sa facture qui s’élève à plus de 111.000 FCFA alors qu’il habite seul à Dakar. Abondant dans le même sens, sa collègue Mareme Soda Ndiaye déclare qu’aucun Sénégalais n’est satisfait du service de Sen’Eau.
A la cité Soprim, souligne la jeune parlementaire, les populations n’ont l’eau que 5h par jour. Face à cette situation, elle demande l’audit de la facturation qui, selon elle, ne s’explique guère. Une position que partage Madické Diaw qui s’insurge également contre les nombreuses défaillances dans la distribution. Selon Abdou Aziz Diop (député du Pds), «Sen’EAU a augmenté indument 2.500FCFA dans les factures».
SEYDOU DIOUF : «ON A BESOIN DE COHERENCE DANS LA GESTION DES PROJETS»
Relevant une absence de politique d’urbanisme dans le pays, le président de la commission des Finances, Seydou Diouf estime que le gouvernement a besoin de cohérence dans la gestion des projets. «Je ne comprends pas pourquoi le PROGEP est rattaché aux collectivités territoriales alors qu’il gère l’Assainissement. A l’échelle gouvernementale, il y a un besoin de meilleure harmonisation», tranche-t-il. En outre, plusieurs députés ont fortement décrié les pénuries d’eau fréquentes depuis plusieurs années dans Dakar et sa banlieue, notamment dans les quartiers comme Ben Tally, Grand-Dakar, Grand-Yoff et Rufisque. Raison pour laquelle, ils ont interpellé le ministre Serigne Mbaye Thiam sur la date de mise en service de l’usine de traitement d’eau de KMS 3 et l’effectivité du projet d’Usine de dessalement de l’eau de mer aux Mamelles. Ils ont également invité le gouvernement à multiplier les campagnes de branchements sociaux dans les zones périurbaines pour un accès massif des populations démunies à l’eau potable. Considérant que l’accès universel à l’eau potable et à des systèmes d’assainissement adéquats constituent un défi pour majeur notre pays, ils préconisent donc l’accroissement considérable des moyens financiers, matériels et humains du département, notamment en faveur des services techniques tels que l’ONAS, la SONES, l’OFOR.
SERIGNE MBAYE THIAM : «ON AURA UN GLISSEMENT EN 2021 POUR LA MISE EN SERVICE DE KMS3»
Répondant aux différentes interpellations qui lui ont été adressées, le ministre de l’Eau et de l’Assainissement a annoncé sa décision de procéder à un audit de la facturation. Toutefois, il estime que la facturation n’a pas connu de hausse. A propos des réalisations de l’actuel régime dans le secteur hydraulique, il a indiqué qu’entre 2012 et 2020, plus de 500 milliards Fcfa ont été injectés dans sous-secteur de l’hydraulique interurbaine. «Cette hausse constante de la production est liée à l’augmentation de la demande à Dakar», explique-t-il.
Concernant l’opérationnalité de Keur Momar Sarr 3, il affirme : «L’usine de KMS 3 est terminée à plus de 80%. On aura un glissement en 2021 pour la mise en service de KMS3. Ce retard dans l’exécution des travaux s’explique par le fait que durant la période intense de la Covid-19, des ingénieurs sont rentrés chez eux».
Par ailleurs, le ministre s’est félicité du fait que le Sénégal a un bon taux d’accès par rapport à l’eau. «Il est stabilisé aujourd’hui à 98,5% en milieu urbain et périurbain, et à 94,5% en milieu rural. Le Sénégal a atteint la cible Eau des OMD et fait de grands pas, dans le cadre de l’ODD6, qui est de garantir l’accès de tous à l’eau et d’assurer une gestion durable des ressources en eau», affirme le ministre de l’Eau et de l’Assainissement.
Néanmoins, il reconnaît que notre pays est confronté à un problème de sécurisation de l’accès à l’eau compte tenu des vulnérabilités constatées dans ce domaine en milieu urbain et rural.
L’USINE DE LA SONACOS À ZIGUINCHOR DANS L’ATTENTE DE SES PREMIÈRES GRAINES
L’usine de la Société nationale de commercialisation des oléagineux (SONACOS) à Ziguinchor (sud) n’a encore reçu aucune graine d’arachide, huit jours après l’ouverture officielle de la campagne arachidière.
Ziguinchor, 1er déc (APS) - L’usine de la Société nationale de commercialisation des oléagineux (SONACOS) à Ziguinchor (sud) n’a encore reçu aucune graine d’arachide, huit jours après l’ouverture officielle de la campagne arachidière, une situation qui suscite l’inquiétude des acteurs locaux de la filière.
Le Syndicat national des travailleurs des industries des corps gras, Samuel Ndour, en visite de supervision du déroulement des opérations de collecte d’arachide, lundi à Ziguinchor, a dénoncé cette situation qui menace les huileries locales et les 2000 emplois dépendant de la filière arachidière dans cette région.
"Après une semaine de campagne arachidière, Ziguinchor a reçu zéro camion au niveau de l’usine de SONACOS. Cette situation nous inquiète au plus haut point", a souligné le syndicaliste au cours d’un point de presse.
"L’année dernière, nous avions reçu 28.000 tonnes sur un objectif de 150.000 tonnes. La situation risque d’être pire cette année", estime Samuel Ndour qui dénonce la "concurrence déloyale" des opérateurs étrangers.
"Des opérateurs étrangers sont allés jusque dans les villages pour acheter des graines et ramasser l’arachide au bord des champs. L’intervention de ces étrangers empêche l’industrie locale de vivre. C’est cette industrie locale qui paie les imports, crée de l’emploi. Un pays sans industrie ne peut pas se développer", a-t-il souligné.
"Plus de 6000 emplois pérennes sont menacés entre Kaolack, Louga, Diourbel, Dakar et Ziguinchor. Si les autorités ne font rien, ce sera la catastrophe", a renchéri le secrétaire général national des travailleurs des industries des corps gras.
Les syndicalistes des huileries locales n’écartent pas de mettre à exécution un plan de lutte pour "redresser les choses".
"Nous allons aviser les plus hautes autorités et les autres autorités administratives des différentes régions. Si les choses ne bougent pas, nous serons obligés d’être en ordre de bataille avec l’organisation de marches jusqu’au ministère du Commerce", menace Samuel Ndour.
"Il est encore temps de rectifier le tir. Plusieurs tonnes de graine sont entre les mains des étrangers, mais les graines ne sont pas encore sorties du territoire national. Il faut faire quelque chose sinon ce sera la mort programmée de toutes les huileries locales", a-t-il mis en garde.
LÉGÈRE HAUSSE DES NOUVEAUX CAS DE COVID-19
Aucun décès n’a été enregistré durant les dernières 24 heures, a indiqué le Dr Ndiaye, annonçant que 20 patients ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris.
akar, 1er déc (APS) - Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a annoncé mardi 18 nouvelles contaminations au coronavirus (Covid-19) enregistrées au cours des dernières vingt-quatre heures, un chiffre en légère hausse par rapport à lundi.
Les nouvelles infections ont été détectées à la suite de 680 tests pour un taux de positivité de 2,65 %, a précisé le directeur de la prévention Dr El Hadji Mamadou Ndiaye, en présentant le bilan quotidien de la pandémie de Covid-19 au Sénégal.
Elles sont composées de six cas contacts suivis par les services du ministère de la Santé et de l’Action sociale et de 12 cas issus de la transmission communautaire. Les infections dont on ignore la source de la transmission, qui sont au nombre de 12, proviennent notamment de Fatick (4), Touba (2), Dieupeul (1), Liberté 6 (1), Mamelles (1), Ouakam (1), Pété (1), Yarakh (1).
Aucun décès n’a été enregistré durant les dernières 24 heures, a indiqué le Dr Ndiaye, annonçant que 20 patients ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris.
Six cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation.
Le Sénégal a enregistré depuis le 2 mars, date d’apparition de la maladie sur son territoire, 16.107 cas positifs de Covid-19, dont 15.627 guéris et 333 décès. Cent quarante-six patients sont encore sous traitement.
LE JUGE TELIKO ECOPE D’UN BLAME
Selon Me Ciré Clédor Ly, avocat du juge Téliko, le blâme est la sanction la plus légère et c’est une sanction de principe.
Le président de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums), attrait devant le Conseil de discipline du Conseil supérieur de la magistrature écope d’un blâme pour ses propos tenus sur le procès Khalifa Sall. Douze avocats commis d’office et douze magistrats ont plaidé pour le juge Téliko. Son audition a duré 12 tours d’horloge.
Selon Me Ciré Clédor Ly, avocat du juge Téliko, le blâme est la sanction la plus légère et c’est une sanction de principe. L’avocat a relevé en effet que le Conseil de discipline ne pouvait obtenir une sanction pus sévère. « Nous avons la conviction que l’autorité judiciaire a manqué le rendez-vous d’affirmer son indépendance, d’affirmer aussi l’autorité de la justice », s’est indigné toutefois Me Ciré Clédor Ly hier, lundi 30 novembre 2020, à la sortie de l’audience du président Téliko au Conseil de discipline de la magistrature.
Quoique le conseil ait retenu le blâme sur l’échelle des sanctions, lequel constitue la sanction la plus légère de premier degré, Me Ly s’est dit d’avis que c’est le principe même de la sanction qu’il ne fallait pas retenir. «Nous sommes déçus parce nous croyons en la justice, à l’autorité judiciaire, nous croyons à l’indépendance de la justice et la justice avait aujourd’hui la chance d’affirmer son indépendance et son autorité par rapport au pouvoir exécutif».
A son avis, l’autorité des poursuites qui est le ministère de la Justice ne s’attendait qu’à une sanction de principe. « Parce qu’elle savait qu’elle ne pouvait pas obtenir une sanction plus sévère », ajoutera l’avocat.
Se voulant plus mordant, il fulminera : «on est parti sur un propos insignifiant pour mettre le président Téliko sur un trapèze et de ce trapèze, on a cousu de fil blanc les manquements aux devoirs de l’Etat. Et tout le monde a pu suivre que l’autorité cherche à intimider l’ensemble des magistrats, donc ce blâme est significatif… ».
«ON NE PEUT PAS COMPRENDRE QUE, DANS UN ETAT DE DROIT, IL Y AIT CETTE PROLIFERATION DE MILICES»
Ce n’est pas seulement des hommes religieux mais il y a des responsables politiques parfois même certains artistes. Il y a une pratique qui est là, qui est tolérée et qui ne devrait l’êtrre, selon Sadikh Niass, secrétaire général de la Raddho
Je pense que la prolifération des milices au Sénégal est quelque chose qu’il faut déplorer. Nous l’avons effectivement dénoncé. Vous vous rappelez même lors des élections, il y a eu des milices qui accompagnaient les candidats. Il y a eu des grabuges dans ce sens. Donc, la prolifération de milices est quelque chose qu’il faut surveiller avec beaucoup d’attention.
Ce n’est pas seulement des hommes religieux mais il y a des responsables politiques parfois même certains artistes. Il y a une pratique qui est là, qui est tolérée et qui ne devrait l’être. Nous dénonçons cela parce que c’est la prérogative de l’Etat d’assurer la sécurité des biens et des personnes. Même en période électorale, les candidats aux élections devraient être encadrés par les Forces de défense et de sécurité du Sénégal qui devraient prendre en charge leur protection. On ne peut pas comprendre que dans un Etat de droit, il y ait cette prolifération de milices qui sont souvent composées de personnes qui n’ont pas l’expérience de la sécurité, qui ne sont pas formées en matière de protection des droits humains ni de protection.
Les activités d’une milice ne sont pas souvent respectées dans ce cadre-là. On vient d’apprendre également le démantèlement des centres de redressement. C’est encore beaucoup plus déplorable. Dans un Etat de droit, on ne peut pas comprendre qu’il y ait des centres de redressement qui sont inconnus de l’Etat, qui ne sont pas officiellement reconnus par l’Etat et qui opèrent en toute impunité. Il faudrait veiller à ce que cela s’arrête.
Dans un Etat civilisé, il n’est pas normal de voir proliférer des centres de réhabilitation où des personnes adultes sont même parfois torturées. Il faudrait vérifier tout cela. Le fait de les démanteler est une bonne chose mais le fait d’avoir toléré la prolifération des milices et favoriser la création de ces centres de réhabilitation est grave. Cette tolérance de l’Etat, peut-être, c’est les questions que l’Etat juge sensibles quand il s’agit de groupes maraboutiques. On sait toujours la réticence avec laquelle l’Etat intervient dans ce domaine.
Pour les hommes politiques aussi, cela était une pratique de tous les bords, que ce soit ceux de l’opposition ou du pouvoir. Ils ont tendance à recourir à de telles pratiques. Donc, ça peut aussi être une explication. Il faudrait que cela s’arrête et que la protection que ce soit des hommes politiques, des leaders religieux, des guides religieux et de toute autre personne qui en a besoin, puisse être quelque chose qui relève des prérogatives de l’Etat.
Le manque de moyens du côté des Forces de sécurité et de défense qui ne peuvent pas assurer la sécurité comme il le faut peut aussi l’expliquer. Mais dans ce sens, il faudrait les moyens de le faire dans le cadre de l’Etat et non pas d’accepter une prolifération des milices privées avec tous les risques que cela comporte en terme de violation des droits humains, des risques aussi dans le sens de la menace à la sécurité nationale. On le dénonce souvent mais comme il y a une forme de sourde oreille développée dans ce sens, on a l’impression qu’on n’a pas dénoncé. Mais à chaque fois qu’il y a des dérives, nous les dénonçons. Souvent, c’est des forces aussi tapies dans l’ombre et on se rencontre de leur existence que lorsqu’il y a des dérives.
«IL APPARTIENT A L’ETAT DE VEILLER A CE QUE TOUT COMPORTEMENT SOCIAL SOIT CONFORME AUX EXIGENCES DE L’ETAT DE DROIT»
C’est la conviction du président de la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH), Me Assane Dioma Ndiaye sur la question des milices privées
«Il appartient à l’Etat de veiller à ce que tout comportement social soit conforme aux exigences de l’Etat de droit». C’est la conviction du président de la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH), Me Assane Dioma Ndiaye. Selon lui, il appartient aux lois et règlements du Sénégal de déterminer ce qu’est une milice. Interpellé sur le silence de la société civile sur la dénonciation des milices, la robe noire pense qu’on ne peut pas parler des choses dont on n’a pas la preuve. En tout état de cause, Me Assane Dioma Ndiaye pense que si l’Etat s’activait à résoudre cette question, qu’il le fasse sans distinction aucune, par rapport à des cibles sociales déterminées.
«En principe, dans un Etat de droit, c’est l’Etat qui a le monopole de la «force légale» par un certain nombre d’institutions comme la Police, la Gendarmerie et d’autres corps qui participent à l’œuvre de sécurité ou de sécurisation. Sur ce point, il ne peut y avoir d’ambigüité. Maintenant, toute autre entité ou toute autre personne qui serait porteuse de forces au sens d’armes, parce que quand on parle de milice, on fait allusion forcément à des moyens d’intervention, sinon, on ne parle pas de milice, on parle d’organisations dans un sens donné. Mais, si d’aventure, certaines entités ou des groupements devraient être dépositaires ou porteurs d’armes ou d’objets qui peuvent servir à de la coercition, ça ne peut être que sur autorisation de l’Etat. Je pense que le premier point, c’est de définir la milice. Parce que si c’est simplement pour avoir une sorte de protection sans armes avec simplement une organisation, je ne crois pas qu’on puisse parler de milice. Maintenant, si un groupement quelconque ou une entité était porteur d’armes qui ne doivent pas être à la disposition d’un citoyen, là, on pourrait parler de milice et c’est l’Etat qui est interpellé. Il appartient à l’Etat de veiller à ce que tout comportement social soit conforme aux exigences de l’Etat de droit. Les gens ont des services de sécurité peut-être pour des besoins propres ou en tout cas des aspirations qui leur sont propres. Mais, dans tous les cas, si tel est avéré, il appartient à l’Etat de veiller si cela est conforme aux lois et règlements de notre pays. Le cas contraire, l’Etat doit faire en sorte que la légalité républicaine soit rétablie.»
«LA SOCIETE CIVILE NE PEUT PAS PARLER DES CHOSES DONT ELLE N’A PAS LA PREUVE»
«La société civile ne peut pas parler de choses dont elle n’a pas la preuve. On peut voir des jeunes qui sont habillés suivant des tenues propres qui sont dans le rythmique mais, de là à dire sans preuve qu’il s’agit de milice, il y a une frontière à franchir. La société civile n’a pas les moyens de pouvoir établir ce qui pourrait être qualifié ou une caractéristique d’une milice. Une milice privée, c’est vraiment comme on le voit dans certains pays comme la RDC ou des pays qui sont sujets à rébellion où on voit des groupes armées avec des fusils, des armes à feu, des haches, avec d’autres armes tranchantes ; mais je ne crois pas que nous soyons à ce stade. Si le fait d’avoir des personnes à votre disposition qui assurent votre protection mais qui ne sont pas armées, si cela peut être qualifié de milice, je crois qu’il appartient aux lois et règlements de ce pays de définir ces comportements et non pas la société civile.»
«CE N’EST PAS PROPRE AUSSI AUX GUIDES RELIGIEUX… ON DOIT EGALEMENT REGARDER DU COTE DE CERTAINS POLITIQUES»
«Il faut aussi souligner que ce n’est pas propre aussi aux guides religieux. Ce serait un faux procès que simplement d’indexer des groupes religieux. Je pense que si ce qu’on voit peut être qualifié de milice, on doit également regarder du côté de certaines associations politiques, regroupements politiques ou sphères politiques ou même des hommes politiques qui sont souvent encadrés par beaucoup de personnes qui sont à leur disposition et qui prétendent assurer leur sécurité. Donc, il ne faut pas que le débat soit uniquement aujourd’hui focalisé sur certaines personnes religieuses. Si le problème doit être considéré comme tel, il faudra évidemment davantage d’objectivité et qu’on en fasse un débat national, surtout que l’Etat puisse prendre ses responsabilités, sans distinction aucune, par rapport à des cibles sociales déterminées.»
Par Fadel DIA
POURQUOI LA FRANCE NOUS INQUIÈTE
Déjà Jupiter en France, Emmanuel Macron se veut Tarzan au Liban, César au Caucase. Mais la grande œuvre de ce Savonarole moderne, c’est de réformer l’Islam car, dit-il, l’islam est en crise
L’interpellation adressée à Emmanuel Macron par les chefs des deux confréries musulmanes du Sénégal, la prise de position exprimée à Paris par le président sénégalais contre l’ arrogance et l’intolérance de son homologue français (dans des termes évidemment plus retenus), la manifestation populaire tenue sur la Place de la Nation, les prises de positions personnelles véhiculées par la presse ,ne sont que les signes révélateurs du fossé qui se creuse entre la France et notre pays qui passait pour être son fils aîné en Afrique subsaharienne.
La France nous inquiète, celle de Nicolas Sarkozy, de Manuel Vals… de tous ceux qui, plutôt que de s’attaquer au mal par la racine, donnent de mauvaises réponses à de mauvaises questions, usent d’agressions verbales souvent violentes (karcher, apartheid), jouent à coups de néologismes au quizz le plus stigmatisant pour qualifier une des composantes de sa population. « Séparatisme islamique ? » Comment désigner alors les nationalistes corses !« Communautarisme ? » Pourquoi ce qui est un droit à Toronto et à Miami est un crime à Paris ?« Ensauvageonnement ? » N’est-ce pas la forme politiquement correcte pour dire que les immigrés sont des primitifs qui retournent tôt ou tard à la barbarie !
La caricature de Mohamed érigée en dogme républicain ! La France nous inquiète, celle d’Elisabeth Lévy, de Christian Estrosi…de tous ceux pour lesquels le musulman d’aujourd’hui n’est que le fellagha d’hier, « l’ennemi qui va fédérer la nation », selon les mots de Pascal Blanchard. Celle de ceux qui contribuent à l’isoler ou à faire sourire ses voisins en ressassant l’antienne éculée de « l’exception française ».
En exaltant les droits de l’homme les révolutionnaires de 89 se sont mis à l’école des Insurgents américains, qui eux-mêmes ont puisé dans le passé de leur ancienne métropole. La laïcité de la France n’est pas celle de ses voisins, ni même celle établie par la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat et elle, qui est classée au 34e mondial pour la liberté de la presse, ne peut pas défendre la liberté d’expression et, en même temps, réduire la liberté d’informer !
La France nous inquiète parce qu’elle est le seul pays dont le président a érigé les caricatures de Mohamed en dogme républicain, sans doute parce qu’il ignore qu’elles signent d’abord le mépris d’une culture. Au-delà de l’homme incarné et mortel, il y a pour les musulmans une réalité métaphysique qui fait du Prophète une spiritualité vivante, présente parmi eux et en germe dans chacun d’entre eux ! Les caricatures blessent en réalité moins profondément ceux qu’on appelle « djihadistes » que leurs principales victimes : la masse de musulmans attachés au verset selon lequel « celui qui tue un être humain tue toute l’humanité ».
De toute façon quelle logique voudrait que l’on traitât de raciste, d’antisémite et de sexiste celui qui insulte les Noirs, les Juifs et les femmes, et de citoyen qui exerce son droit à l’expression celui qui insulte les musulmans ? La France nous inquiète, celle de Caroline Fourest, de Philippe Val… de tous ceux que Pascal Boniface avait appelé « les intellectuels faussaires », celle de tous ceux qui croient qu’elle est sous le coup de « s’effondrer sur elle-même parce que quelques-uns de ses enfants prient et croient en Dieu» !
Le président de la République participe lui-même « à construire le problème musulman en visant les fidèles et leur foi », et son ministre de l’intérieur, Gérald Moussa Darmanin, qui sans doute est de ceux qui croient qu’il faut choisir entre ses ancêtres, préconise l’arme administrative plutôt qu’un débat devant la justice, applique une politique du soupçon et de surveillance des fonctionnaires… et même des musées, parle d’une guerre de civilisations qui engage « tout l’Occident ». Il faut donc « s’exonérer des lois de la paix », banaliser les mesures restrictives de liberté, remettre en cause les droits d’association et d’asile !
Ce matamorisme débridé, qui a mis en évidence l’amateurisme du pouvoir, se désintègre face au débat sur la « loi de sécurité globale » et à la miraculeuse révélation d’une bavure policière, au point que le président de la République en est réduit à rabibocher le président du Parlement et le Premier ministre et à désavouer son ministre ! La France nous inquiète parce que ce sont désormais les « experts en mensonges » et en attaques ciblées qui occupent les plateaux audiovisuels, où l’on a peu de chance d’écouter des voix qui rappellent celle de Stéphane Hessel, parce que beaucoup sont devenues inaudibles à force d’être montrées du doigt.
Le meurtre d’un enseignant, dont le rôle est de rendre l’être humain meilleur, a choqué les musulmans encore plus que les autres parce que l’assassin se réclame de leur foi, mais il ne doit pas faire l’objet d’une exploitation politique. Ce n’est pas attenter à la mémoire de la victime que de se demander si, en ne dispensant son cours d’éducation civique qu’à ceux de ses élèves « qui le veulent bien »,cet enseignant a bien respecté la mission de l’école républicaine, égalitaire et non discriminatoire et, si dans la foulée il aurait invité ses élèves juifs à s’éclipser s’ils le souhaitent pour ne pas entendre un cours sur les droits des peuples illustré par la situation en Palestine.
Si le ministre de l’éducation nationale, pour ne pas « contredire ses idéologies », a pu falsifier la lettre de Jaurès qu’il a fait lire aux élèves, un simple professeur peut bien avoir la faiblesse de manquer à son devoir de réserve ! De toute façon il n’est pas obligé d’insulter une communauté pour dispenser un cours sur la liberté d’expression et son meilleur outil pédagogique n’est pas une « caricature à la limite pornographique », extraite d’un journal qui avait renvoyé une de ses belles plumes, Sempé, en l’accusant d’avoir « ridiculisé le judaïsme » ?
La France nous inquiète, celle d’Alain Finkielkraut, de Pascal Bruckner, d’Éric Zemmour. Le premier fait un lien entre l’hommage populaire rendu à Johny Halliday et la question identitaire et les deux autres s’acharnent sur les rares françaises d’origine africaine qui prennent le risque de s’investir dans le débat public :l’une Rokhaya Diallo, est accusée d’être à l’origine du massacre du Bataclan, l’autre, Hapsatou Sy, porterait un prénom qui serait une « insulte à la France » ! Jupiter plie face à la rue ! La France nous inquiète, celle d’Emmanuel Macron parce depuis qu’il a affronté Donald Trump dans une partie de bras de fer, le président français ne se retient plus et épuise ses forces en jouant la mouche du coche.
Déjà Jupiter en France, il se veut Tarzan au Liban, César au Caucase et fait une offre de service à l’Union Africaine pour mettre fin au dilemme des présidents en fin de mandat. Mais la grande œuvre de ce Savonarole moderne c’est de réformer l’Islam, non pas seulement labelliser bleu blanc rouge les imams de France, mais changer la religion elle-même car, dit-il, l’islam est en crise. Il se vante d’être un homme politique postcolonial, mais ne peut s’empêcher de sommer les présidents du G5 Sahel de paraitre devant lui et de s’expliquer, ou de tourner en dérision le président burkinabè en le comparant à un frigoriste. Il a ses préférences parmi les chefs d’état africains et cela ne répond à aucune logique : Condé et Ouattara, du fait de leur acharnement à solliciter un 3e mandat, sont à l’origine d’une centaine de morts dans leurs pays respectifs, mais il absout le second et accable le premier. Il pardonne au président algérien, qui détient dans ses geôles le correspondant de plusieurs médias français, et à celui du Rwanda, qui a kidnappé un opposant, et dans les deux cas, c’est sans doute pour ne pas rouvrir des dossiers gênants.
Le lien qui attachait le plus solidement notre pays à la France, sa langue, s’effrite inexorablement et les générations de Sénégalais à venir seront bien moins francophiles et francophones que celles qui les ont précédées. La langue française n’est plus parlée dans nos rues, notre jeunesse qui se jette à corps perdu dans le gouffre de l’immigration clandestine vise l’Espagne ou l’Italie, nos étudiants ne rêvent plus que d’aller étudier dans les universités d’Amérique du Nord ! La France nous inquiète, mais y va-t-il encore une autorité qui soit prête à entendre ce que nous murmurons à ses oreilles ?