POUR DISSIPER L'ÉCRAN DE FUMÉE D'UN ANCIEN VENDEUR DE CIGARETTES
Quand nous apprenons que dans la liste des bénéficiaires du fonds d’aide à la presse, figure Mame Gor Diazaka, notre sang n’a fait qu’un tour. Nous donnons rendez-vous au ministre de la Communication de même qu’à ses ouailles devant les tribunaux
Au nom de votre journal préféré, Le P’tit Railleur Sénégalais, nous avons déposé plainte hier, contre les membres du comité d’attribution de l’aide à la presse pour détournements de fonds publics, contre le ministre de la Culture et de la Communication, pour complicité, contre Mame Gor « Diazaka » pour complicité, enrichissement sans cause, et contre X, visant tout individu qui aurait perçu indûment de l’argent dans cette nébuleuse fumisterie.
L’affaire est simple : Le P’tit Railleur existe depuis sept ans maintenant et n’a jamais hanté les couloirs de la commission d’aide à la presse depuis tout ce temps. Une année, accidentellement, il nous a été remis un colossal chèque de cinq cent mille francs CFA… Nous n’avions rien demandé.
Et puis cette année, parce que depuis une année, il n’est pas paru, nous sommes allés nous renseigner, à toutes fins utiles. Lorsqu’au ministère, il nous a été affirmé qu’il ne figurait pas sur cette fameuse liste dont tout le monde parle mais que personne ne voit, c’était logique dans notre petit cerveau. On ne remplissait pas les critères.
On nous a cependant dit qu’il pouvait y avoir un recours… Pourquoi pas ? Nous avons déposé des dossiers de financement et un appui des fonds publics nous mettrait en meilleure posture. Donc, courrier a été envoyé pour plaider la cause de votre journal préféré.
Mais quand nous apprenons que dans la liste des bénéficiaires du fonds d’aide, figure Mame Gor Diazaka, notre sang n’a fait qu’un tour. Ce n’était plus la même perspective pour nous : le ton ne pouvait plus être le même… C’est ainsi que nous avons déposé une plainte chez le procureur pour détournement de fonds publics et enrichissement sans cause des auteurs, complices et bénéficiaires illégitimes. Mieux, nous avons adressé des courriers aux autorités afin que la lumière soit faite sur cette nébuleuse qui coûte 1,4 milliard de francs CFA au contribuable.
Le président de la République, le président de l’Assemblée nationale et la présidente du CESE ont été saisis.
Nous espérons que les limiers de l’Inspection d’Etat se pencheront sur cette sulfureuse affaire, de même qu’une commission d’enquête parlementaire sera mise sur pied ou alors, une commission spéciale des conseillers du CESE. Bref, nous donnons rendez-vous au ministre de la Communication et de la Culture de même qu’à ses ouailles devant les tribunaux.
Il se dit d’Abdoulaye Diop, ministre de la Culture et de la Communication, qu’il a été dans une autre vie, vendeur de cigarettes. De l’excellence, il ne connait sans doute qu’une marque de tabac… On comprend mieux l’écran de fumée qui entoure la gestion des fonds de l’aide à la presse et sans doute d’autres secteurs de son département. Il sponsorisait, à la belle époque des cigarettes Excellence, les élections de Miss et les coladéras de Chez Iba. Pour vous donner une idée du profil et de la grande idée qu’il se fait de la Culture… Face à l’ancien boucher de Tilène que je suis, je peux vous garantir au moins une chose : ça risque de saigner !
PAR Babacar Ngom
À CE PAYS QUI M'A TOUT DONNÉ
Sur le fond, je ne connais pas les termes du contrat liant Akilee à la Senelec et sur la forme nous n’avions pas consulté tous les membres du CIS avant la motion de soutien. Je voudrais sincèrement présenter mes excuses à tous ceux que cela a dérangé
Le vendredi est pour les jours de la semaine ce qu’est le Ramadan parmi les autres mois de l’année, ai-je appris d’un Saint Homme.
Ce vendredi 22 mai 2020 est le dernier de ce mois béni qui, dans quelques jours, in chaa Allah, nous offrira l’heureuse opportunité d’unir nos cœurs dans la paix de la Korité.
Le mois béni du Ramadan, et spécialement le jour de l’Aïd, est toujours une occasion de nous tourner vers Allah (SWT), Lumière des Cieux et de la Terre, pour implorer Sa Miséricorde et clamer Ses Bienfaits. Il est le Maître de l’Univers et du Temps.
Aussi, réfugié auprès de Lui, je saisis l’occasion pour demander pardon aux membres de ma famille, à mes amis, à mes collaborateurs, à mes interlocuteurs de chaque jour, à mes compagnons de route dans la vie sociale et dans les affaires et à tous mes compatriotes.
La main sur le cœur, je vous dis à toutes et tous « Bal lenn ma akh » !
Le Club des Investisseur Sénégalais a défrayé la chronique ces derniers jours. Permettez-moi quelques mots sur ce sujet.
Pour rappel, le CIS est né du besoin de fédérer un large pan de forces vives de l’entreprenariat sénégalais afin d’impulser une dynamique capable de définir et de porter les idéaux d’une nouvelle approche du patriotisme économique. Son objectif est d’apporter sa contribution au combat national pour l’émergence d’un Sénégal nouveau. Ce besoin et cette démarche sont inscrits dans la légitime aspiration de faire du secteur privé national le socle et le fer de lance de notre politique de développement.
Et voici qu’au moment où il ambitionne de déployer ses ailes dans le ciel des affaires du pays, le CIS est pris dans une tempête.
La cause : une motion de soutien à une jeune entreprise sénégalaise dont les principaux acteurs sont membres du CIS.
Erreur sur le fond comme sur la forme. Sur le fond, je ne connais pas les termes du contrat liant AKILEE à la SENELEC et sur la forme nous n’avions pas consulté tous les membres.
Je voudrais, humblement, sincèrement reconnaitre, ici et maintenant, mon erreur et présenter mes excuses à tous ceux que cela a dérangé, déplu ou agacé. Mea culpa, maxima culpa ! L’erreur est humaine, je reconnais la mienne et saisis l’occasion de ce mois de pardon pour présenter mes excuses et solliciter le pardon de tous.
Ai-je besoin d’expliquer ce qui m’a motivé dans ce soutien ? J’ai juste voulu apporter un appui à des jeunes compatriotes qui sont des cadres dont la compétence est reconnue par tous ceux qui les connaissent et qui ont eu l’occasion de les pratiquer.
Parler de soi n’est pas chose aisée. Ce n’est pas un exercice où j’excelle mais la circonstance et le contexte m’y obligent. Ces jeunes me rappellent à la fois le pari audacieux et le parcours difficile qui ont été les miens : Porter toujours plus haut et plus loin le projet d une vie, dans la douleur, l’abnégation, la foi en des lendemains meilleurs pour notre pays et enfin la conviction inaltérable que l’avenir, avec l’aide de Dieu, est entre nos mains.
Comme tant d’autres membres éminents du CIS ou non, j ai crée des emplois, produit de la valeur ajoutée, développé des filières ouvertes à de nombreux compatriotes, à des familles entières.
Au soir de ma carrière professionnelle et au moment de passer le flambeau à une nouvelle génération, c’est une solide éthique comportementale fondée sur la droiture et le sens permanent de l’effort que j’espère - de tout mon cœur- leur laisser en viatique dans un monde ou les repères ont beaucoup changé et changent nombre d’entre nous.
Je demeure convaincu que tant d’amis, frères et sœurs Sénégalais partagent cette conviction et cette espérance.
Quand sonnera l’heure de la retraite (très prochainement s’il plaît à Dieu), je partirai, plus que jamais, profondément convaincu que c’est un secteur privé, porté et incarné, par d’authentiques patriotes, un secteur privé fort, dynamique et uni, qui sera un des artisans majeurs de l’émergence de ce pays que j’aime tant et qui m’a tout donné.
Encore une fois, en ce mois béni du Ramadan, je demande pardon à tous et pardonne aussi à tous.
texte collectif
MULTIPLE PHOTOS
NE DÉTRUISEZ PAS LES TERRES DU PHARE DES MAMELLES !
EXCLUSIF SENEPLUS - Aucun lotissement ne devrait être accordé sur les rayons de 500m du phare. Un site classé patrimoine mondial n’appartient plus seulement au Sénégal et moins encore à des bénéficiaires privilégiés
Construit en 1864 par les colons français, soit un an avant le port, le phare des Mamelles sert depuis lors de repère aux navigateurs. Tous les soirs, son faisceau blanc apparaît dans le ciel à la tombée de la nuit à raison d'une rotation toutes les cinq secondes, il est visible à une distance de 53 km.
Le phare des Mamelles est un phare situé sur la presqu'île du Cap-Vert, à environ 4 km au sud-est de la pointe des Almadies — l'extrémité occidentale du continent africain — dans la ville de Dakar (Sénégal), sur la plus occidentale et la plus grande des deux collines volcaniques coniques nommées les Mamelles.
Le phare c’est un point de repère pour les marins et les grands bateaux.
Le phare des Mamelles est le premier phare d’atterrissage de cette partie de l’Afrique. Son histoire est donc très liée à celle de toute la zone de l’Afrique de l’Ouest ouverte sur l’océan atlantique.
Servant de repère aux bateaux et aux avions dans toute cette partie de l'océan atlantique, le phare est alors un patrimoine historique à préserver et à défendre pour les générations futures, mais aussi pour la sécurité aérienne et maritime. Un accord gouvernemental a placé le Service des phares et balises du Sénégal sous la responsabilité duPort Autonome de Dakar.
Exposé des motifs ou pourquoi nous devons nous mobiliser pour préserver ce patrimoine
Le site géologique des Mamelles est inscrit à la liste des sites et monuments historiques classés ; il fait ainsi l’objet d’une protection règlementaire particulière et est ainsi « non aedificandi ».
Rare espace vert encore non encore totalement détruit par l’urbanisation sauvage et l’occupation anarchique du littoral de Dakar, il fait cependant l’objet de bien des convoitises de la part de promoteurs immobiliers et autres responsables privilégiés proches des pouvoirs politiques et financiers qui pensent avoir un droit de vie sur tous les biens communs.
C’est ce qui explique toutes les tentatives d’aliénation, d’occupation du littoral et aujourd’hui de cette assiette foncière du phare avec des lotissements et/ou construction présentant une apparence de légalité très douteuse et compromettante délivrée par on ne sait quelle magie sur une zone sismique et qui sert encore de site d’études à toutes les écoles du Sénégal. En réalité, aucune autorisation ; aucune occupation, aucun lotissement ne devraient être accordés sur les rayons de 500m du phare si l’on en croit les spécialistes géologues.
Aujourd'hui, ce patrimoine est menacé par des promoteurs véreux soutenus par des complices sans civisme ni patriotisme à l'intérieur de certains services administratifs. Un site classé Patrimoine mondial, n’appartient plus seulement au Sénégal ; et moins encore à des bénéficiaires privilégiés. Le phare est menacé par différents actes que sont l’exploitation des pierres par un système d’explosifs ; mais aussi par des constructions immobilières et hôtelières juste aux flancs du phare.
La dernière découverte a été ce chantier où un certain monsieur serait détenteur de titre foncier et qui s’est permis de débarquer un arsenal de matériels de construction pour venir creuser les racines du phare déjà menacé par d’autres actes abjects. La preuve par l’image ! Jugez-vous-mêmes !! (photos en illustration de ce texte).
Voilà ce qui se passe en ce moment sous notre Phare, un patrimoine mondial, un site géologique qui a servi de travaux de mémoire à notre chef d’Etat, le président Macky Sall, un lieu d’apprentissage pour nos écoles ; un outil de guide sécuritaire pour les navigations aérienne et maritime ! Aux côtés du Port Autonome de Dakar, qui a la responsabilité de ce site, nous allons défendre le phare et arrêter toutes les tentatives d’accaparement de cette assiette foncière si importante.
Pour arrêter tout ce désastre écologique avec tous les risques sécuritaires qui vont avec ; nous citoyens sénégalais, soucieux de l’intérêt supérieur de la Nation, avons pris l’engagement de nous mobiliser ensemble autour d’un Comité citoyen pour la préservation du Phare et de la colline des Mamelles de Dakar, en nous appuyant sur les expériences de PACTE Nouveau Monde et de la Plateforme pour l’environnement et la Réappropriation du Littoral (PERL) avec les Huit Objectifs déclinés dans la presse par son président, M. Moctar Ba, sans oublier le beau dossier de reportage déjà fait par un journaliste, Pape Alé Niang sur cette question d’occupation anarchique du littoral et de la privatisation de notre corniche. Le Collectif « Touches pas aux terres du Phare des Mamelles » s’engage sans réserve à défendre ce patrimoine de l’Humanité qui appartient en définitive aux générations futures du monde entier. Il met en garde toutes les personnes qui voudraient s’accaparer de ce patrimoine au détriment de toutes et de tous ! Il invite toutes les sénégalaises et tous les sénégalais, les citoyens du monde, à se joindre à ce groupe constitué de personnalités physiques et morales pour préserver cet espace qui est un bien commun.
Les premiers signataires de cet appel
Le Forum social sénégalais, PACTE Nouveau Monde, La Plateforme pour l’environnement et la Réappropriation du Littoral (PERL), La Convergence Africaine contre l’accaparement des terres- Eaux-Semences (section Sénégal), L’Organisation des Jeunesses panafricanistes, Général Mamadou Mansour Seck, Moctar Ba, M. Riad Kawar, Marie Angélique Savané, Anne Marie Senghor Boissy, Alioune Tine, Babacar Diop Buuba, Mamadou Mignane Diouf, Sérigne Cheikh Mbacké, Sene Halimatou Barry, Charles Owens Ndiaye, Papis Thiabou, Gnokhobaye Diouf, Dior Diom, Mamadou Bailo Bah, Marie Mbatio Ndiaye, Famara Diédhiou, Fallou Samb, Pape Abdoulaye Sène, Mohamed Sall Sao, Alymana Bathily, Gana Mbengue, Mambaye Diop, Paulele Cissé, Seyni Ba, Thiané Faye, Abdoulaye Ba, Bira Ndiaye, Ababacar Diéne, Augustin Marone, Justin Diallo.
UNE NOUVELLE INÉDITE DE BOUBACAR BORIS DIOP
COMME UN DÎNER D’ADIEU (3/4)
EXCLUSIF SENEPLUS - D’après ce que Dembo avait cru comprendre, seuls les leaders des grandes puissances et les patrons des multinationales avaient une vision d’ensemble, parfaitement cohérente, des événements mondiaux
Boubacar Boris Diop de SenePlus |
Publication 21/05/2020
Allait-il pour autant se fondre dans le troupeau et se mettre à bêler ce Je suis Charlie inepte et racoleur ? Non, les choses ne pouvaient pas être aussi simples. Il avait du mal à comprendre l’engouement soudain de millions de gens pour la pensée unique au moment même où ils s’imaginaient agir ainsi, parfois sincèrement, au nom de la liberté de conscience et du respect de la diversité des opinions.
Deux mots vinrent à l’esprit de Dembo. Naïveté. Cynisme. Il n’aimait ni l’un ni l’autre. Et Dembo Diatta savait très bien quel épisode de sa modeste carrière littéraire avait fini par le rendre aussi suspicieux et, ricanaient certains dans son dos, quasi paranoïaque.
Cet épisode mérite que l’on s’y arrête.
S’étant mis en tête un jour d’écrire enfin une «pièce totale», il avait décidé de tout faire pour mieux comprendre, concrètement et du dedans pour ainsi dire, les guerres, attentats-suicide et insurrections populaires devenus si banals que plus personne n’y prête, aujourd’hui encore, attention. Il lui importait par-dessus tout de clouer le bec par son futur grand’œuvre à tous ceux qui voyaient en lui, sans jamais oser le dire ouvertement, un écrivain mineur, juste bon à s’attirer les vivats d’un public ignare par de grossiers appels du pied scéniques.
L’expérience faillit le rendre fou.
Il faut aussi dire que, comme à son habitude, Dembo Diatta n’avait pas fait les choses à moitié. Lui qui jusque-là ne s’était intéressé qu’aux pages sportives des journaux, se mit en devoir d’éplucher de gros ouvrages et des documents en ligne sur l’Irak, la Somalie, le Soudan, l’Afghanistan et le Mali. D’un naturel obstiné et méticuleux, il notait tout et ne rechignait à aucun travail de vérification. D’après ce qu’il avait cru comprendre, et c’était là un point essentiel de sa démarche, seuls les fomenteurs de guerres, les marchands d’armes, les leaders des grandes puissances et les patrons des multinationales avaient une vision d’ensemble, parfaitement cohérente, des événements mondiaux. Et ils étaient aussi les seuls à avoir une idée plus ou moins nette de ce que serait dans cinquante ans la terre des hommes. Dembo s’efforça donc de faire comme eux, de se délester de tout romantisme et de ne jamais bondir d’un désastre humanitaire ou d’une guerre civile à une autre. Il y avait forcément un lien entre toutes ces catastrophes, comme entre les soixante-quatre pièces d’un échiquier. Même entre la Côte d’Ivoire et l’Ukraine ? lui lançait-on. « Pourquoi pas ? rétorquait-il aux railleurs, moi je ne peux rien écarter à l’avance.» Soyons franc : parfois, oui, Dembo – qui se disait en outre fasciné par « l’immense silence de la Chine » - poussait le bouchon de la suspicion un peu loin. Du reste, ses amis jugeaient suspecte sa brusque et tardive passion pour la politique internationale et le soupçonnaient de verser dans les théories du complot. À quoi il répondait avec un petit sourire méprisant : « Il y a certes des centaines de milliers de conspirationnistes dont beaucoup sont carrément cinglés mais cela n’empêche pas qu’il y ait de temps à autre des complots et des manipulations bien réels ! » Et il ajoutait : « Vous pouvez me croire, on en a encore en pagaille, de ces fichues manœuvres de déstabilisation occultes, ou alors moi, Dembo Diatta, je ne suis pas le fils de ma mère et de mon père ! »
On s’en doute : Dembo Diatta n’écrivit jamais son chef-d’œuvre théâtral. Seuls avaient survécu à son éprouvante quête de vérité, parmi les fichiers d’un vieux MacBook Pro, un titre prétentieux et sibyllin (« Le temps des Sept misères ») et quelques esquisses de dialogues et d’indications pour une improbable intrigue. Mais sa petite virée au cœur des ténèbres n’avait pas été tout à fait vaine. Elle avait même littéralement fait de lui un autre homme. Elle lui avait appris à se méfier des fausses évidences astucieusement glissées par les medias aux oreilles des citoyens ordinaires. Aucune déclaration des leaders des pays riches ne lui semblait jamais tout à fait anodine. Ce n’est pas à Dembo Diatta que l’on aurait pu faire gober, par exemple, la fable simpliste d’un monde divisé en amis et ennemis des libertés individuelles. Les bombardements de l’Otan contre la Libye l’avaient à la fois mis en colère et amusé. Il n’avait évidemment pas cru un seul instant que si on avait lâché des jeunes Libyens hystériques contre Mouammar Kadhafi, cruellement torturé puis égorgé dans les rues de Syrte, c’était pour l’empêcher de « massacrer son propre peuple. » A force de mentir encore et encore, ces voyous au verbe fleuri finissaient par se faire coincer publiquement comme en Irak mais ça ne changeait jamais rien. Leur pari hautain sur l’amnésie des foules était toujours gagnant.
Vers dix-sept heures, Dembo se rhabilla pour aller retrouver Muriel et Christian Carpentier. Les Carpentier, comédiens aux vagues racines alsaciennes et désormais peu actifs, étaient le couple le plus solide et chouette que Dembo Diatta eût jamais connu.
Chaleureux et sans façons, à l’inverse de Muriel, plus cérébrale et même assez dure, Christian Carpentier suscitait toujours un élan de sympathie, même de ceux qui ne savaient rien de lui. Il suffisait d'avoir croisé sa route une ou deux fois pour l’appeler simplement Chris.
Muriel et lui improvisaient des petits trucs bouffons dans des théâtres de poche en tournant chaque soir autour d’une seule et même idée, du genre « Tu as remarqué, Madame, ils parlent tous du réchauffement climatique, le Pape, la Reine d’Angleterre… » et au bout de deux ou trois pitreries, « Madame » criait à tue-tête : « …et il fait bigrement plus froid partout, Monsieur ! »
Ça n’avait rien de transcendant, Muriel et Chris le savaient et s’en fichaient royalement. Ils étaient de toute façon assez intelligents pour se moquer plus d’eux-mêmes que des autres.
Dembo était content de pouvoir manger un morceau avec eux deux jours avant de filer prendre son vol à Roissy. Hélas, tout avait changé depuis les attentats de la matinée.
Il se sentait déjà mal à l’aise.
« Aurai-je le courage d’être franc avec ces vieux amis ? » se demanda-t-il pour la dixième fois en dévalant sans hâte les escaliers en bois de l’hôtel Galileo. Pour le dire en un mot, Dembo Diatta n’était ni Charlie ni Pas Charlie. C’est cela qu’il aimerait pouvoir avouer aux Carpentier ou même crier sur tous les toits si on lui tendait un micro. Mais en ces heures de surexcitation patriotique, les micros, ce n’était pas pour tout le monde et surtout pas pour un obscur auteur comique africain de passage dans la ville.
Au milieu de la rue Mélusine, Dembo s’engagea dans le parc Emile Perrin. Moins de dix minutes plus tard, il franchissait le seuil du Casa Nostra. Depuis quand venait-il dans ce restaurant italien au nom si provocateur ? C’était flou dans sa mémoire mais ça commençait à faire pas mal de temps. Huit ou neuf ans. Pourtant, il n’avait jamais échangé le moindre mot ni même un vague sourire de politesse avec Maria-Laura, la patronne. C’eût été difficile du reste car, comme lui-même, celle-ci était plutôt taciturne et semblait, au surplus, en proie à une mélancolie chronique depuis le jour où son compagnon, un certain Valerio Guerini, s’était barré avec la caisse et une des serveuses les plus pulpeuses. Le truc classique, quoi. Dembo ne connaissait pas les détails de l’affaire, il avait juste entendu un jour un client complètement ivre demander à Maria-Laura si Valerio ne lui manquait quand même pas un peu, au moins un tout petit peu, hein. Cela avait failli lui coûter très cher car, après avoir longuement hurlé sa rage contre lui, Maria-Laura était ressortie de la cuisine, les yeux injectés de sang, avec un bol d’huile bouillante. Le pauvre inconscient avait réussi à s’enfuir par une fenêtre au milieu de l’hilarité générale et on ne le revit plus jamais dans les parages.
Les Carpentier arrivèrent un peu en retard par la faute, expliquèrent-ils, des nombreux barrages policiers. Ça lui fit finalement du bien de les revoir, ce a` quoi il ne s’attendait pas. Leurs bruyantes salutations apportèrent un peu de vie au restaurant qui en avait bien besoin. Très vite, ils se mirent à parler à Dembo du concept de théâtre de rue sur lequel ils travaillaient d’arrache-pied. Depuis qu’il les connaissait, les Carpentier étaient toujours en train de s’échiner sur quelque expérience théâtrale « nouvelle » voire dangereusement « révolutionnaire ». Cette fois-ci il s’agissait de faire en sorte que de vrais passants prennent peu à peu possession de leur spectacle et en fassent un imprévisible et gigantesque n’importe quoi, danses, rugissements de lions affamés, attaques virulentes de jeunes rappeurs contre le gouvernement et tout le reste. Chris n’excluait pas que la pagaille débouche sur de vraies émeutes. Dembo le voyait très bien invoquer les hasards objectifs de l’art dramatique pour inciter le peuple à saccager les quartiers bourgeois.
Retrouvez la suite de cette fiction inédite de notre éditorialiste, Boubacar Boris Diop, sur SenePlus, vendredi prochain.
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KHONDIO, RÉCEPTACLE DES DÉCHETS TOXIQUES
Ce village près de Mboro, situé à environ 80km de Dakar, abrite le déversoir des déchets acides du pays depuis 1983. Des rejets hautement toxiques dont les ICS contestent pourtant la dangerosité
Dans sa nouvelle enquête, La Maison Des Reporters vous emmène à Khondio, un village près de Mboro, situé à environ 80km de Dakar. Une localité très particulière car elle abrite le déversoir des déchets acides des ICS depuis 1983. Des rejets hautement toxiques dont les ICS contestent la dangerosité pour l'environnement et pour les hommes.
Après la mise en demeure du ministre de l’environnement, les ICS se trouvent dans l’obligation d’apporter la preuve de la toxicité ou non des déchets déversés en mer. Le temps qui leur est imparti est largement dépassé et les résultats des analyses se font toujours attendre. Les habitants de Khondio quant à eux sont formels. Leurs maux sont devenus innombrables avec ces déchets.
En contrepartie les ICS ont construit une case de santé dans le village. Un investissement jugé très peu significatif par les populations qui fustigent le manque d'équipe médicale et de moyens matériels. Le ministère de l'environnement a recommandé le déplacement du lieu de déversement vers un autre village. Une tentative destinée à faire taire la polémique sans pour autant résoudre le problème alors que des alternatives existent pour valoriser la substance.
Souleymane Diassy et Amy Keita se sont rendus sur place pour évaluer l'impact de ces camions d'acide fluo-silicique qui depuis plus de 30 ans déversent leur contenu en mer.
par Bosse Ndoye
LA FRANCE RESTE FIDÈLE À SA STRATÉGIE DU LÂCHER POUR MIEUX TENIR
La stratégie a merveilleusement fonctionné avec le tour de passe-passe de changement du CFA en ECO. L’ancienne métropole est restée cohérente avec elle-même depuis le début de sa longue odyssée coloniale
Dans les rapports de domination qu’elle a entretenus et qu’elle continue d’entretenir avec la majorité de ses anciennes colonies d’Afrique en général, et d’Afrique subsaharienne en particulier, la France a souvent adopté la stratégie dite du lâcher pour mieux tenir. Celle-ci consiste à faire semblant de faire certaines réformes et/ou « concessions» afin de préserver les avantages et privilèges qu’elle tire des relations (néo)coloniales avec les pays de son pré carré africain. C’est aussi une façon de calmer les ardeurs de ceux qui réclament la souveraineté totale de leurs pays en exigeant une révision complète des rapports souvent léonins les liant à l’ancienne puissance coloniale. L’histoire recèle d’exemples pouvant étayer ces propos.
Humiliée, traumatisée et épuisée par la guerre d’Indochine à laquelle mirent fin les Accords de Genève de juillet 1954 - l’année où commença à couver le feu algérien -, l’ancienne métropole, tout en espérant garder son ex-colonie de peuplement devenue département français au fil des années, préféra se séparer, à son corps défendant, du Maroc et de la Tunisie en leur accordant l’indépendance respectivement le 2 mars et le 20 mars 1956. Ainsi choisit-elle de lâcher ces deux pays pour s’accrocher à celui qui était sans doute le plus important à ses yeux afin d’éviter l’embrasement général de la région. D’autant que celui-ci pouvait entraîner la perte totale du Maghreb francophone, et avec lui ses nombreuses ressources naturelles et son bel emplacement stratégique.
Craignant que la lutte armée en Algérie ne fît des émules dans ses colonies de l’Afrique noire par effet de contagion, la France y desserra un peu l’étau de la domination avec l’adoption de la Loi-cadre Defferre en 1956. Celle-ci élargit les pouvoir locaux avec la création de Conseils de gouvernement élus suffrage universel. Mieux valait lâcher un peu de lest en octroyant quelques libertés pour toujours tenir les colonies que de faire face à de multiples soulèvements populaires déstabilisateurs pouvant être engendrés par les désirs d’autonomie qui devenaient de plus en plus grands après la seconde guerre mondiale et aussi avec l’accession à l’indépendance d’autres pays africains.
Le Général de Gaulle abonda dans le sens des réformes que la Loi-Cadre Deferre avec la Communauté franco-africaine. Bien que plus d’autonomie fût accordée aux colonies, les véritables manettes du pouvoir restaient entre les mains de la France, qui fit de son mieux pour préserver son empire, tout en évitant d’aborder la question d’indépendance et menaçait même ceux qui seraient tentés de la réclamer. La Guinée en fit les frais par son Non en 1958, même si le choix lui en avait été donné. Au final, l’Union française de 1946, la Loi-cadre de 1956 et la Communauté franco-africaine de 1958 n’ont été que des formes différentes de la mise en application de la stratégie du lâcher pour mieux tenir permettant à la France de s’adapter aux réalités sociales, économiques et politiques des temps changeants afin de préserver son empire colonial.
Lorsque les indépendances devinrent inévitables au début des années 60, la France consentit à les accorder à la plupart des territoires sous sa domination, non sans les avoir corsetées par différents accords politiques, économiques et de défense… qui jetèrent les bases des relations néocoloniales entre elle et ses futures ex-colonies. Ces mots de Michel Debré, tirés de sa lettre adressée à Léon Mba, futur président du Gabon, constituent une preuve irréfutable de la stratégie de Paris du lâcher pour mieux tenir : « On donne l'indépendance à condition que l'État s'engage une fois indépendant à respecter les accords de coopération signés antérieurement : il y a deux systèmes qui entrent en vigueur en même temps : l’indépendance et les accords de coopération.. L’un ne va pas sans l’autre[1].» Cela était valable pour presque toutes les colonies qui allaient accéder à l’indépendance. Ce qui a fait dire, à juste titre, à François-Xavier Verschave que : « Les pays francophones au sud du Sahara ont été, à leur indépendance, emmaillotés dans un ensemble d’accords de coopération politique, militaire et financières qui les ont placés sous tutelles[2].»
Dans l’Archipel des Comores – Anjouan, Grande Comores, Mohéli, Mayotte –, alors que le référendum d’autodétermination du 22 décembre 1974 a vu massivement triompher le oui en faveur de l’indépendance (94,5%), l’État français décida unilatéralement de prendre en compte les résultats île par île et non pour l’ensemble de l’Archipel. Cette décision était en porte-à-faux avec la position de l’ONU et était surtout en contradiction avec la loi française du 23 novembre 1974, qui énonce dans son article 5 : « que si le classement des résultats se fera île par île, la proclamation en sera globale[3].» C’est ainsi que l’île de Mayotte, où le non l’avait emporté à 63.22%, est restée dans l’escarcelle française à la suite d’une « élection à la Naegelen» qui y avait été organisée plus tard et qui avait conforté la volonté française. C’est dire que la France n’accepte presque jamais de perdre totalement les avantages qu’elle tire de la plupart de ses anciennes colonies africaines. Elle peut consentir à lâcher du lest, mais jamais à lâcher prise.
Cette stratégie multi-décennale, sinon séculaire, du lâcher pour mieux tenir - qui pourrait être l’autre nom du refus viscéral de Paris de décoloniser -, est en droite ligne avec l’adoption par la France du projet de loi entérinant la fin du franc CFA ce 20 mai 2020… Car avec l’ECO, bien que l’appellation CFA change, les comptes d’opérations et les représentants français dans les trois différents Conseils d’administration des 3 Banques Centrales vont disparaître, la France reste grandement présente dans cette monnaie et garde de nombreux avantages puisque c’est elle qui la garantit et qu’ il y aura entre autres toujours le principe de la convertibilité illimitée – qui fait mal aux pays membres de la zone franc -, et celui de la parité fixe avec l’Euro, sans oublier le fait qu’elle « se réserve le droit de revenir dans une instance de décision, en l’occurrence le conseil de politique monétaire[4]». Il importe aussi de mentionner que l’ancienne puissance coloniale a « courcircuité» la CEDEAO en compromettant son vieux projet de monnaie commune et surtout qu’elle refuse de voir le Nigéria menacer son emprise sur ses ex-colonies d’Afrique de l’ouest en devenant leur leader dans une organisation monétaire sous-régionale. La stratégie du lâcher pour mieux tenir a merveilleusement fonctionné avec le tour de passe-passe de changement du CFA en ECO.
La France est prête à tout mettre en œuvre pour défendre ses intérêts sur le continent. Elle doit par conséquent trouver sur sa route une réponse à la hauteur de ses ambitions. Mais celle-ci ne pourra lui être apportée que par un ensemble fort et d’après une stratégie bien définie et bien réfléchie. L’ancienne métropole est restée cohérente avec elle-même depuis le début de sa longue odyssée coloniale. Maintenant, c’est à nous de l’être avec nous-mêmes et avec nos revendications.
[1] Michel Debré, lettre adressée à Léon Mba, datée du 15 juillet 1960… cité par Said Bouamama, Planter du blanc, Chronique du (néo)colonialisme français, p.14
[2] François-Xavier Verschave, La Françafrique : le plus grand scandale de la République, p.86
[3][3] André Oraison, Quelques réflexions critiques sur la conception française du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes à la lumière du différent franco-comorien sur l’île de Mayotte, Cité par Said Bouamama, Ibid p.113
Sénégalais du Sénégal, avez-vous perçu vos 200 000F CFA de Macky Sall ? Cette surprenante décision saluée par certains immigrés posent néanmoins plusieurs interrogations, à l’exception de l’aide aux étudiants
Qui l’eût cru, l’argent du Sénégal vers la France ! Les immigrés de France ont eu la grande surprise de recevoir des mails et courriels provenant des leurs différents consulats notifiant que le président de la République a décidé de transférer des fonds de Dakar vers la France pour nous soutenir contre le coronavirus. Plus de 700 000 000F CFA nous tombent du ciel malgré la fermeture des frontières. Il nous est demandé de remplir un formulaire et de transmettre nos relevés d’identité bancaire, ce qui nous permettra de toucher 300€, environ 200 000F CFA.
Sénégalais du Sénégal, avez-vous perçu vos 200 000F CFA de Macky Sall ? Cette surprenante décision saluée par certains immigrés posent néanmoins plusieurs interrogations, à l’exception de l’aide aux étudiants. En effet, La France réputée pour être un état providence, dispose un système social solidaire qui n’existe nulle part ailleurs. Les soins sont gratuits et le salarié empêché d’exercer son travail durant cette période difficile, - donc en chômage partiel-, perçoit 84% de son salaire net. Le revenu de solidarité active (R.S.A) existe pour ceux qui ont épuisé leurs droits aux allocations chômage.
L’allocation personnalisé au logement (A.P.L.) permet de réduire jusqu’à 90 % les charges fixes de loyer pour les personnes ayant droit aux minima sociaux. Il convient de noter que les sénégalais ont les mêmes droits sociaux que les français. Ce constat ne nous invite pas à considérer que les immigrés vivent confortablement en France, non. Il pose néanmoins la question de notre rapport à l’argent et sa distribution anarchique, alors que notre pays souffre avant et pendant cette pandémie de difficultés majeures, parfois innommables.
Cette décision loufoque et kafkaïen me rend schizophrène. Cette somme d’argent sera renvoyée illico presto à nos familles installées au Sénégal car les Sénégalais de France transfèrent une très grande partie de leurs revenus pour subvenir aux besoins à leurs parents ou/et construire des écoles, des centres de santé, etc. Il ne faut pas oublier le «vol retour», puisque les immigrés paieront des frais liés au transfert d’argent vers le Sénégal.
Faites votre calcul ! RIA, WESTERN UNION … auront leur part du gâteau. Ce qui diminuera naturellement cette aumône. Par conséquent, je refuse de m’inscrire pour percevoir les 200 000f CFA qui, à mon sens, sont plus utiles à mes compatriotes au Sénégal qui souffrent terriblement pendant cette période de pandémie. Ce coup de gueule ne remet nullement en cause nos compatriotes en France qui n’ont rien demandé ; puisque l’argent tombe du ciel, il faut bien le ramasser.
D’aucuns me rétorqueront à juste titre : «Regardez autour de vous. A Dakar, des personnes qui n’ont jamais exercé une activité professionnelle roulent en 4X4 neuves, distribuent des billets de banque et nos dirigeants bénéficient beaucoup avantages qui n’existent pas dans les pays développés». Ils ont raison mais ces réactions s’apparentent-elles à un constat ou une dénonciation ?
Voulons-nous être à la place du khalife pour pérenniser ces gabegies ou sommes-nous prêts ou réinventer un autre modèle. Moi, je préfère que l’argent ne tombe pas du ciel et que nos dirigeants l’utilisent à bon escient afin que les immigrés n’aient plus à combler les failles de l’état. Permettez-moi, je ne dis pas : «MERCI».
par Cheikh Tidiane Dièye
POUR QUE L'ÉCO SOIT RÉELLEMENT NOTRE MONNAIE
Je demande aux dirigeants de la CEDEAO de s’opposer à l’utilisation du nom et des signes de l’éco, qui constituent un symbole la libération des peuples ouest-africains et non un instrument de la servitude de certains États
Ils peuvent bien se donner bonne conscience en affirmant que le Franc CFA, sous sa forme coloniale et post-coloniale, est en train de mourir. Mais qu’ils n’essayent pas de nous faire croire que ce qui va naître sera l’ECO.
L’ECO n’est pas la monnaie de l’UEMOA et ne le sera pas. C’est un projet souverain de la CEDEAO pris au piège des manœuvres d’une France qui, face à des dirigeants africains sans épaisseur, a réussi à faire d’une pierre deux coups: torpiller un projet de la CEDEAO sur lequel elle n’a aucune prise et usurper un symbole monétaire qu’il fait naître ligoté et enchaîné à l’euro pour une durée indéterminée.
Au moment où la crise sans précédent du COVID 19 amène certains grands dirigeants du monde à se donner les moyens de consolider leurs acquis et à d’autres de rompre les équilibres défavorables et les chaînes de la dépendance, il se pourrait bien que rien ne change en Afrique. La faute à des dirigeants incapables de prendre conscience des enjeux de l’heure et de comprendre que les disruptions ne sont plus seulement nécessaires. Elles sont devenues incontournables.
Je demande, une fois encore, aux dirigeants de la CEDEAO de s’opposer à l’utilisation du nom et des signes de l’ECO, qui constituent un symbole de la libération des peuples ouest africains et non un instrument de la servitude de certains États.
J’invite en particulier le Nigeria, le Ghana et les autres pays de la ZMAO à rejeter la réforme de la France. Je milite et œuvre depuis plus de 15 ans pour l’avènement d’une monnaie souveraine et flexible dans la CEDEAO, en appui aux politiques sectorielles commerciale, agricole et industrielle. Je poursuivrai ce combat avec tous les intellectuels, militants, acteurs politiques et de la societe civile ouest africaine pour faire barrage aux desseins de la France et ses représentants.
Je recommande aux États de l’UEMOA de continuer à utiliser le Franc CFA arrimé à l’euro aussi longtemps qu’ils le voudront, tout en œuvrant, comme ce fut le cas ces dernières années, pour des convergences nécessaires à la création de l’ECO.
Ainsi, plus tard, lorsque les conditions seront réunies au niveau de la CEDEAO, et cela arrivera tôt ou tard, l’ECO naîtra en tant que monnaie libre, flexible et souveraine. Elle sera alors notre monnaie.