Danièle Neukom plus connue sous son nom d’artiste, Elleinad, a vu le jour le 3 janvier 1942 à Genève. Piquée par le virus de la musique dès sa tendre jeunesse, elle vit sa passion régulièrement et avec intensité. Outre la musique, elle s’adonne aussi au théâtre, à la danse, à l’écriture etc. Adolescente, elle récite, chante et danse dans les café-restaurants comme «La Comète», joue de l’accordéon diatonique au début des années 50. Elle s’est distinguée au fil de sa carrière artistique dans des pièces de théâtre, des chorégraphies, des récitals de poésie, des concerts de musique et aussi dans des actions sociales et de développement endogène.
DES MOMENTS FORTS DU PARCOURS ARTIQUE
Elle s’illustre dans «Otohimé princesse des océans» en 1957, «L’Avare de Molière en 1958», ‘’Chœur et théâtre d’Avully : Les portes claquent’’ en 1972, «Je viendrai comme un voleur» en 1973, Revue 1974, «L’Arlésienne de Bizet» en 1975, «Des pommes pour Eve» en 1976, «L‘assemblée des femmes» en 1977, «Une femme de trop» en 1979, «Opérette : Compagnie Denise Orval : Cavalleria Rusticana» en 1978, «La Mascotte» en 1979, «Véronique» en 1980, «La fille du tambour major» en 1982, «Cartel de l’art lyrique : Les Trois Valses» en 1983, « Le voyage dansla lune» en 1983, «Paganini» en 1984, «Chanson gitane» en 1985 «Princesse de cirque» en 1986, «Hommage à Mme Denise Orval».
Bénéficiant de l’expérience vocale d’Elena Dusescu, Elleinad se distingue avec le Chœur mixte d’Avully 1971-1980, Alauda : Requiem pour les vivants 1981, Carmina Burana 1983, les concerts à Venise 1984 De 1984-1990, elle évolue dans l’Ensemble vocal de Genève pour animer un concert par an. Artiste aux multiples facettes, elle fait du batik, du crochet, participe à des ateliers de poterie, s’exerce au dessin, à l’aquarelle et à la peinture à l’huile. Ensuite, elle participe aux expositions collectives: au Crêt Bérard en 1997, à la Chapelle romane de Saint-Maurice-les-Châteauneuf en France en 2004, aux Variations en Vuentron Puidoux en 2007 à Recup’art à Plan-les-Ouates en 2008, aux Variations II en Vuentron Puidoux en 2009 au Plan-lesarts à Plan-les-Ouates 2009.
PRODUCTIONS MUSICALES
De ses expériences croisées avec des musiciens sénégalais, Elleinad sort son album « Cris du cœur » en mai 2005 et participe aux émissions radiophoniques et télévisuelles. Ses clips sont diffusés sur les télévisions. Avec son groupe musical, elle anime des concerts à Diohine avec la participation des femmes du milieu rural. Galvanisée de ces succès, elle lance son deuxième album « Allô la terre » en juin 2007 au Sénégal, suivi de concerts de sensibilisation sur l’immigration clandestine à Pikine Guinaw Rail, de la journée des femmes d’AELMAS à Ouest Foire, à HandiFestival International à Dakar, au gala à Sorano pour le lancement de la fondation Elleinad Allô la terre. En concert, Elleinad a partagé plusieurs scènes en Suisse avec Ma Sané, Alioune MBaye Nder, Assane Ndiaye à Genève. A Dakar, Elleinad Band s’est produit dans des espaces culturels avec des artistes comme Daara J entre autres.
A DAKAR, ON PEUT SE FAIRE LIVRER GRATIS SON PAIN DE RAMADAN
Depuis quelques jours, les Dakarois peuvent composer les numéros de quatre entreprises de livraison et se faire apporter leur pain, sans rien payer d'autre que le prix de la baguette
Les habitants de Dakar peuvent se faire livrer leur pain à domicile pendant le Ramadan sans payer la course, s'épargnant à la fois la queue devant la boulangerie et l'exposition au coronavirus. Le mois sacré musulman est une période où les Sénégalais font grande consommation de baguettes tôt le matin avant le début du jeûne ou le soir après la rupture. Ils se pressent chez le boulanger aux mêmes heures pour avoir leur pain chaud. Un risque sanitaire en temps de Covid-19.
Depuis quelques jours, les Dakarois peuvent composer les numéros de quatre entreprises de livraison et se faire apporter leur pain, sans rien payer d'autre que le prix de la baguette, en général 150 francs (0,22 euros). C'est ainsi que Mohammed François Mané, livreur chez Paps, part en début d'après-midi s'approvisionner chez le boulanger en fonction des commandes reçues et entame ensuite la distribution chez les clients, parmi lesquels Marcelle Fatima Sonko, dans le quartier de Dieuppeul-Derklé. "Avec ce virus, je n'ose même pas aller au marché, à plus forte raison dans une boulangerie. Vous n'avez pas vu la bousculade ?", explique Marcelle Fatima Sonko, inquiète pour elle-même et ses enfants.
"Les personnes nous appellent le matin, passent commande jusqu'à 11H00 et à partir de 14H00,on envoie les tournées", dit Bamba Lô, confondateur de Paps. Depuis quelques années, une clientèle aisée a pris l'habitude de se faire livrer pain et croissants pendant le ramadan, mais "aujourd'hui ce produit-là est accessible à tout le monde" sans frais durant le Ramadan, dit-il."Restez chez vous, vous méritez le meilleur", exhorte sur sa page Facebook, le ministère du Commerce.
Il a lancé cette initiative intitulée JaayMa Mburu ("Vends-moi du pain" en langue locale) avec les organisations professionnelles de boulangerie. Débutée dans la capitale, l'opération a vocation à être étendue à tout le pays, assure-t-il.- 1.024 cas dont 9 mortels - Le Sénégal a franchi vendredi la barre des 1.000 cas de contamination officiels pour atteindre le chiffre de 1.024 et 9 décès.
JaayMa Mburu fait partie des mesures coercitives et des initiatives prises pour limiter la transmission et tenir les gens à distance les uns des autres. Pendant le Ramadan, les boulangers de Dakar et d'une grande partie du Sénégal voient leur chiffre d'affaires augmenter de 10 à 20%, rapporte Amadou Gaye, président de la fédération des boulangers. Il relate "des queues énormes au niveau des boulangeries, sans protection, sans distanciation, (un spectacle) déplorable". JaayMa Mburu prolonge l'effort mené depuis des mois par la profession et les autorités pour "assainir" le secteur où l'hygiène mais aussi les pratiques sociales laissent à désirer, dit-il. La gratuité des livraisons cessera avec le Ramadan, mais la profession constitue sa propre flotte de véhicules pour développer les livraisons, payantes cette fois, dit-il. Pas un souci pour Bamba Lô, le cofondateur de Paps, qui envisage la participation à JaayMa Mburu comme une "contribution" de son entreprise à "l'élan national" de lutte contre la pandémie.
ANNONCE RECORD DE 91 NOUVELLES CONTAMINATIONS, LA BARRE DES 1000 CAS FRANCHIE
Ces 91 nouvelles contaminations proviennent des 901 tests virologiques réalisés par les services compétents, soit un taux d’infection de 10, 09 %, a expliqué la directrice générale de la Santé, Marie Khemesse Ngom Ndiaye.
Dakar, 1er mai (APS) – Le ministère sénégalais de la Santé a annoncé vendredi une contamination record de 91 personnes au Covid-19 en une journée, faisant atteindre au pays 1024 cas de la maladie à coronavirus depuis le 2 mars.
Ces 91 nouvelles contaminations proviennent des 901 tests virologiques réalisés par les services compétents, soit un taux d’infection de 10, 09 %, a expliqué la directrice générale de la Santé, Marie Khemesse Ngom Ndiaye.
Faisant le point quotidien sur la situation épidémiologique du pays, elle a précisé que 88 des nouvelles contaminations étaient issues des cas contacts suivis par les autorités sanitaires tandis que 3 provenaient de la transmission communautaire.
Ces trois individus dont on ignore la source de la contamination résident notamment à Castor (Dakar), Darou Minam (Touba) et Saint-Louis), selon le docteur Ndiaye.
Par ailleurs 22 nouvelles guérisons ont été dénombrées par les autorités sanitaires, portant à 356 le nombre de patients déclarés guéris depuis l’apparition du Covid-19 au Sénégal (le 2 mars).
Deux cas graves sont toujours en observation tandis que l’état de santé des 658 autres malades évoluait favorablement, a indiqué la directrice générale de la Santé.
Le Sénégal a enregistré 9 décès du Covid-19 alors qu’un patient a été évacué à son pays d’origine.
par l'éditorialiste de seneplus, bacary domingo mané
MACKY EN MODE DIGITAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Le chef de l’Etat est parvenu à se faire remarquer au milieu de ce vacarme médiatique dont le covid-19 constitue le centre d’intérêt, grâce à une stratégie de communication de crise digitale bien huilée
Bacary Domingo Mané de SenePlus |
Publication 01/05/2020
La pandémie du covid-19 est-elle en train de nous révéler le talent caché de communiquant digital du président Sall ? L’interrogation ne manque pas de consistance, si l’on en juge par la cadence des tweets inondant la toile - à un rythme presqu’effréné - depuis le début de cette maladie qui donne le tournis à l’humanité toute entière.
Le chef de l’Etat est parvenu à se faire remarquer au milieu de ce vacarme médiatique dont le covid-19 constitue le centre d’intérêt. Grâce à une stratégie de communication de crise digitale bien huilée, il a su jeter un pont sur ce vaste océan du monde, pour échanger à la fois avec les Sénégalais et les citoyens de la planète.
Exit la com politique de Mame Boye !
Il a compris que la communication politique moderne n’est plus descendante, mais place plutôt l’interaction au cœur du rapport entre la personnalité politique et les populations. Exit la logorrhée, refuge parfois d’un verbiage survolant à tire-d’aile la réalité sociale. Internet a fait changer à la politique ses codes. L’interaction est passée du B2B - en transitant par le B2C - au H2H où l’échange vise l’humain à l’humain, car le but ici étant de consumer l’image élitiste qui fait du politique un héros.
Le premier des Sénégalais est à l’heure de l’Inbound marketing, une approche de la communication politique qui donne au récepteur toute la considération requise, à travers un échange constructif capable de susciter l’intérêt du répondant. Le tweet n’est pas un lieu de palabres, le message doit être construit avec juste 140 caractères.
Certes, le tweet permet d’aller à l’essentiel, mais sa principale faiblesse réside dans cette forme d’écriture brève qui ne donne pas la possibilité d’étayer un propos par une argumentation construite.
Depuis le début de la crise de la maladie à coronavirus, le président Sall a tweeté plusieurs fois et à un rythme régulier. On y voit défiler les mots : crise, gestes barrières, prévention, grave, unis, ensemble, dette, solidarité, etc. Tantôt, il sensibilise sur la gravité de la pandémie, tantôt il appelle à l’union sacrée. Le chef de l’Etat se drape parfois du manteau de panafricaniste pour demander, par exemple, l’annulation de la dette des pays africains.
En moyenne trois tweets par jour, histoire de montrer qu’il a le lead de la communication en cette période difficile pour tout dirigeant mesurant à sa juste valeur la détresse humaine sur fond d’angoisse existentielle des populations redoutant à chaque instant de faire l’expérience de la limite. A l’image de tous les dirigeants du monde, le président Sall ne peut dissimuler la peur qui se lit sur sa mine patibulaire traduisant les pulsions d’un cœur qui bat la chamade.
Mais, il a parfaitement compris que garder le témoin de la communication est une belle opportunité pour ne pas subir la crise ! Et la toile offre, non seulement cette possibilité de rester à flot, mais aussi de créer le buzz.
Imposer son leadership au plan continental
Cette présence proactive sur l’échiquier médiatique, par le canal d’une communication digitale qui intègre parfaitement les codes de l’interaction, cache mal une volonté de profiter de cette crise pour polir une e-reputation, un leadership qui ne doit pas faiblir.
C’est d’ailleurs par un tweet du 25 mars dernier qu’il invite les partenaires bilatéraux et multilatéraux à accompagner la résilience du continent africain en annulant la dette. Depuis, l’information a fait le tour du monde, les grands médias ont repris cet appel réfléchi et courageux. C’est encore par le même canal qu’il a usé de diplomatie pour interagir avec le président de Madagascar sur la question de la commande du fameux Covid-Organics, au plaisir de milliers d’africains
Mieux que les autres outils de relation publique, le digital est aujourd’hui, on le sait, un des meilleurs canaux de communication grâce à la spontanéité, l’instantanéité et la réactivité qu’il offre.
Le digital est un puissant instrument de communication politique qui permet un dialogue direct entre dirigeants et populations. Le community manager du Palais l’a tellement compris, que son innovation à diffuser les messages à la nation en live sur les pages du président, n’a pas échappé à la vigilance des spécialistes en communication politique. Le «défilé digital» du 4 avril dernier organisé par ses services, était une parfaite réussite pour un coup d’essai.
LE SÉNÉGAL PRIVÉ DES PRÉCIEUSES DEVISES DE SES ÉMIGRÉS
Les quelque 2 milliards d'euros que la diaspora envoie officiellement chaque année représentent 10% du PIB du pays et un ballon d'oxygène indispensable pour de très nombreuses familles. Mais ces dernières semaines, les envois ont baissé "d'au moins 25%"
Tidiane Konté, père de famille dakarois sans emploi de 56 ans, serre entre ses doigts "le dernier reçu" de l'argent envoyé d'Espagne par son frère.Depuis l'apparition du coronavirus, les transferts des travailleurs émigrés en Europe se sont presque taris, mettant en difficulté de nombreux Sénégalais.
"Mon frère travaille dans des plantations à Saragosse (nord de l'Espagne).La dernière fois qu'il nous a envoyé de l'argent, c'était en février, 422 euros", soit près de cinq fois le salaire minimum au Sénégal, maugrée Tidiane Konté dans sa maison de Keur Massar, dans les faubourgs de la capitale sénégalaise.
Conséquence : "Nous ne mangeons plus de viande", dit-il.
La Banque mondiale estime qu'en raison de la pandémie de Covid-19, les sommes envoyées par les travailleurs migrants dans leur pays d'origine, qui représentent jusqu'à un tiers de l'économie de certains pays pauvres, vont chuter de 20% cette année, s'établissant à 445 milliards de dollars contre 554 milliards en 2019.
Cette baisse, la plus importante de l'histoire récente, est largement liée aux "pertes d'emplois, fermetures d'entreprises et mesures de confinement" dans les pays d'émigration, explique à l'AFP Dilip Ratha, économiste au département Migration et Transferts d'argent de la Banque mondiale.
Elle représente la "perte d'un important filet de sécurité pour beaucoup de familles pauvres et a un impact direct sur les dépenses consacrées à l'alimentation, à la santé et à l'éducation", souligne-t-il.
Le ministère sénégalais de l'Economie est même plus pessimist e: "On anticipe une baisse de l'ordre de 30% pour 2020" des transferts depuis l'étranger, indique un de ses responsables.
- Trois millions d'émigrés -
Le Sénégal, ancienne colonie française d'Afrique de l'Ouest, est jusqu'ici relativement épargné par l'épidémie.Le pays compte moins de 1.000 cas et une dizaine de décès.
Mais les mesures destinées à endiguer la propagation du virus, comme l'instauration d'un couvre-feu, la fermeture des frontières et l'interdiction de circuler entre les régions rendent encore plus difficile le quotidien d'une population vivant en grande partie au jour le jour.
Les autorités estiment à environ 3 millions les Sénégalais partis travailler à l'étranger, notamment en France, en Espagne et en Italie, sur une population de 16 millions d'habitants.
Les quelque 2 milliards d'euros qu'ils envoient officiellement chaque année à leurs proches représentent 10% du PIB du Sénégal et un ballon d'oxygène indispensable pour de très nombreuses familles.
En comptant "les sommes versées par la voie informelle", ces montants peuvent même être doublés, estime un responsable du ministère des Affaires étrangères.
Ces dernières semaines, les envois ont toutefois baissé "d'au moins 25%", a constaté le gérant d'une boutique de Rufisque, autre banlieue de Dakar, où les bénéficiaires peuvent venir retirer leur argent.
"J'ai même fait quatre transferts destinés à des Sénégalais en Europe, que leurs familles ont voulu aider", s'étonne pour sa part une employée de banque.
- Bouillie de mil -
Même constat à l'intérieur du pays."Nous nous débrouillons pour assurer, difficilement, les trois repas" quotidiens, affirme Fatou Seydi, première épouse d'une famille polygame de Kolda, en Haute Casamance (sud).Son mari, qui "travaille dans une ferme en Espagne" a suspendu ses transferts de mensuels de 300 à 450 euros destinés à nourrir les 15 membres de la famille.
Abdoulaye Cissé, jeune journaliste bénévole d'une radio de Kolda, ne peut quant à lui plus compter sur l'aide de son frère, émigré dans le sud de l'Italie.
"Il dit avoir l'argent mais ne peut pas l'envoyer à cause du confinement" dans la péninsule, qui l'empêche de se rendre dans les officines spécialisées dans les transferts internationaux.Les huit membres de sa famille ont donc "remplacé le lait et le pain du petit-déjeuner par de la bouillie de mil", dit-il.
D'autres Sénégalais sont retenus au pays par la fermeture des frontières aériennes.C'est le cas d'Abdoulaye Baldé, 45 ans, qui travaille "depuis une vingtaine d'années" dans un magasin de fruits et légumes de Barcelone et qui devait "reprendre le travail le 24 février".
"Je sais que j'ai perdu mon emploi.J'envoyais plus de 300.000 CFA (450 euros) par mois pour ma mère, mes deux femmes, mes enfants, mon frère et ma soeur.Je n'ai pas de revenus ici", soupire-t-il.
Le gouvernement sénégalais a prévu une enveloppe d'une vingtaine de millions d'euros pour "assister, soutenir et protéger" les travailleurs émigrés.Il a également lancé une vaste distribution de vivres pour soutenir les familles en difficulté aux quatre coins du pays.
LE VOYAGE SANS RETOUR DES EXPATRIÉS SÉNÉGALAIS DÉCÉDÉS DU COVID-19
En France, au moins 45 Sénégalais ont été déclarés morts du Covid-19. Beaucoup attendent d’être enterrés dans leur pays d’origine
En France, le Collectif pour le rapatriement des corps des Sénégalais décédés du Covid-19 se bat pour que Dakar lève l’interdiction du rapatriement des dépouilles des expatriés morts du coronavirus. Des dizaines de familles en France sont concernées et vivent en plein désarroi.
En cette journée du 4 avril 2020, Nicolas Mendy n’a pas la tête à célébrer les 60 ans de l’indépendance du Sénégal. Il vient de perdre son père, Dionsignou, victime du coronavirus, à l’hôpital Cochin de Paris. Sa détresse est immense, mais elle le sera encore plus quand il apprendra quelques jours plus tard qu’il ne pourra pas l’enterrer au Sénégal, son pays natal. Dionsignou était arrivé en France en 1968 pour travailler chez Renault, il y est resté à sa retraite, en 2009.
Les autorités françaises ont pourtant établi un document pour le rapatriement du corps, mais le consulat du Sénégal en France signifie à Nicolas que les morts de Covid-19 ne peuvent pas être rapatriés au pays, conformément à une directive du gouvernement. Un coup de massue pour Nicolas. « Le souhait de mon père était d’être enterré au Sénégal. C’est son vœu. Toute la famille est au Sénégal, je suis son seul enfant en France. Je ne me vois pas enterrer tout seul mon père ici. »
« Un deuxième deuil »
Comme Nicolas, plusieurs dizaines de familles sénégalaises dans le monde sont dans l’expectative face à la décision de leur pays. En France, au moins 45 Sénégalais ont été déclarés morts du Covid-19. Beaucoup attendent d’être enterrés dans leur pays d’origine. Le grand-père d’Awa en fait partie. Cette infirmière de 31 ans est submergée par les émotions liées à son travail actuellement, la perte de son grand-père et maintenant la détresse de sa grand-mère. « Ma grand-mère ne comprend pas pourquoi son mari n’est toujours pas enterré, témoigne Awa avec la voix qui tremble. Elle se réveille au milieu de la nuit, elle a des crises d’angoisse. Elle est fatiguée. La seule chose qu’elle veut, c’est enterrer son mari au Sénégal selon sa volonté. Aujourd’hui, le deuil ne peut même pas encore commencer parce que vous avez encore le corps dans vos bras. C’est horrible, c’est une torture! C’est même un deuxième deuil. »
Face à cette situation, Nicolas Mendy a décidé de porter le combat. Il est l’un des initiateurs du Collectif pour le rapatriement des corps des Sénégalais décédés du Covid-19. Cette association regroupe les membres des familles de personnes décédées du coronavirus en France – mais aussi aux États-Unis, en Italie, ou au Brésil – et bénéficie du soutien d’expatriés pas forcément touchés par la directive du gouvernement sénégalais. Pour Seydina Omar Bâ, le coordonnateur du collectif, c'est d'abord un « combat de principe ». « La personne qui enterre son proche doit pouvoir le faire au Sénégal. On veut que l’État du Sénégal rétablisse cette liberté », exige le sociologue qui informe qu’à « l’heure actuelle, 80Sénégalais sont décédés du Covid-19 » à travers le monde.
« Nous ne demandons pas d’aide financière à notre pays, insiste Nicolas Mendy. On veut juste un laissez-passer pour nos morts. Il n’y a aucun danger, les corps sont mis dans un coffret un aluminium hermétique puis dans un cercueil en bois fermé. Il n’y a pas de risque de transmission. »
L’appel du ministre des Affaires étrangères
Le collectif dénonce ainsi le prétexte sanitaire brandi par l’État sénégalais pour justifier l'embargo. Le docteur Adama Bâ Faye, réanimateur dans une clinique toulousaine, balaie cet argument sur le risque de transmission. « Le gouvernement sénégalais nous avait brandi une directive de l’OMS, mais vérification faite, la dernière directive ne mentionne aucunement une interdiction de rapatriement de corps. Mieux, l’organisation onusienne a même allégé les premières directives car désormais en France, par exemple, la famille peut voir le corps du défunt et se trouver dans la même pièce. Pour les musulmans, les gens peuvent même procéder à la toilette funéraire. Tout cela pour dire qu’il y a aucun risque pour le rapatriement des corps morts du Covid-19. Sinon, en tant que médecin, je n’aurais jamais défendu cette thèse-là. Nous avons envoyé nos arguments médicaux au ministère de la Santé mais il n’y a toujours pas eu de réponse de leur part. ».
Le Sénégal reste donc sur sa position malgré les nombreuses lettres motivées et les demandes de dérogations. « Jusqu’au moment où je vous parle, on a une fin de non-recevoir, se désolé Seydina Omar Bâ. Le 13 avril, le ministre des Affaires étrangères, Amadou Bâ, m’a appelé au téléphone. Mais pendant une demi-heure, il ne m’a donné aucun argument scientifique ou médical capable d’étayer leur décision. Il y a toujours des corps de Sénégalais rapatriés, mais c’est injuste de mettre l’embargo que sur les victimes du coronavirus. »
En attendant, les proches sont entre la résignation et la prière. Awa, petite fille d’Ousmane, tirailleur de la guerre d’Algérie, est en colère, elle. « Ce qui me fait mal, c’est que cette situation de crise pousse au laxisme aussi en France. Comme de déclarer mon grand-père décédé du Covid-19 sans avoir fait un test qui le prouve. Mon grand-père est décédé à la maison. Il était malade et avait une altération de son état général, mais il n’est pas mort du Covid-19. La preuve, ma grand-mère avec qui il partagé son lit a été testée négatif après. Comment peut-on expliquer cela? En attendant, le fait de l’avoir mis dans les victimes du coronavirus le prive d’enterrement au Sénégal. C’est aberrant! »
Les chefs religieux sollicités
L’attente, c’est le quotidien de Nicolas Mendy. Il espère une décision rapide et positive de la part du gouvernement sénégalais. Car ce chef de sécurité incendie ne sait pas s’il pourra continuer à verser les 55 euros journaliers pour garder le corps de son père dans un funérarium. « De toute les façons, le corps ne peut être gardé que pendant trois mois maximum. Il faudra que la situation se décante. »
Sinon ? Nicolas fera certainement comme Samba Diallo et les amis de Mamadou Ndour, décédé du coronavirus à 70 ans et enterré au cimetière de Thiais (Île-de-France) après des jours d’attente pour obtenir un laissez-passer. « Mamadou Ndour était arrivé en France pour un rendez-médical, et finalement, il a été enterré par nous ses amis, loin de ses femmes et de ses enfants, témoigne Samba Diallo. On n’avait pas le choix, on ne sait pas combien de temps cette crise va durer, on s’est donc cotisés pour lui acheter une concession funéraire pour 30ans à 3500euros. »
Aujourd’hui, le collectif continue de mettre la pression sur le gouvernement en faisant intervenir les leaders d’opinion au Sénégal et surtout les chefs religieux. Il espèrent qu’avec le mois de ramadan en cours, les autorités sénégalaises prêteront une oreille plus attentive.
LE PRÉSIDENT DE LA BAD CONTRE-ATTAQUE
Dans deux lettres consultées par « Le Monde Afrique », l’avocat d’Akinwumi Adesina interpelle le Comité d’éthique chargé de vérifier les faits dénoncés par des lanceurs d’alerte
Le Monde Afrique |
Joan Tilouine et Yassin Ciyow |
Publication 01/05/2020
La Banque africaine de développement (BAD) lutte sur plusieurs fronts. Face à la pandémie de Covid-19, elle a créé un fonds d’urgence doté de 10 milliards de dollars et croule sous les requêtes de pays du continent africain qui, pour la première fois en vingt-cinq ans, devrait plonger dans la récession économique. En interne ensuite, la direction de l’institution de financement panafricaine se retrouve contestée par une partie des employés.
Révélée par Le Monde Afrique le 6 avril, l’enquête interne qui vise Akinwumi Adesina, le président nigérian de la BAD dont le siège est à Abidjan, a provoqué une onde de choc et donne lieu à de vifs débats sur la gouvernance de l’établissement. Son patron est accusé de comportements « contraires à l’éthique », « violation du code de conduite » et de favoritisme dans l’octroi de postes stratégiques et de contrats de plusieurs millions de dollars.
« Allégations fallacieuses »
En janvier, « un groupe de membres du personnel, préoccupés » a déposé une plainte et transmis au Bureau de l’intégrité et de la lutte contre la corruption, aux présidents du Comité d’éthique et du Comité d’audit et des finances un document détaillant les griefs reprochés à M. Adesina.
Puis, en avril, ces employés anonymes, mués en lanceurs d’alerte, se disent intimidés. Ils dénoncent des manœuvres de « proches du président » pour « saboter » l’enquête et des « tentatives faites pour découvrir [leurs] identités ». Ils décident alors de s’adresser directement aux gouverneurs de la BAD, représentant les 54 pays membres africains et les 26 pays non régionaux (dont la France).
Au lendemain des révélations faites par Le Monde Afrique, M. Adesina a dénoncé des « allégations fallacieuses » dans un communiqué de presse, prédisant que « bientôt, la vérité éclatera au grand jour ». Et d’ajouter : « Le comité d’éthique du conseil d’administration mène actuellement son action dans le cadre de ses systèmes d’examen interne. (…) Laissons le comité achever son examen et ses travaux sans interférence de quiconque ni de quelque média que ce soit. »
Pourtant, Le Monde Afrique a pu consulter des documents qui contredisent son propos. Ce sont deux lettres datées du 10 février et du 10 mars, signées par Elie Whitney Debevoise, ancien directeur exécutif américain de la Banque mondiale (2007-2010) devenu avocat et lobbyiste établi à Washington. Ces missives du conseil de M. Adesina sont adressées au président du comité d’éthique de la BAD, le Japonais Takuji Yano.
Affaire particulièrement sensible
Ce dernier, qui représente son pays au sein de l’institution financière panafricaine, se retrouve chargé d’orchestrer l’enquête visant M. Adesina et de vérifier les dénonciations des lanceurs d’alerte. Aujourd’hui, il se retrouve sous pression. « Le traitement de la divulgation à ce jour n’a pas été conforme aux règles et procédures de la Banque », lui reproche Me Debevoise dans ces lettres.
L’avocat américain n’hésite pas à critiquer la gestion de cette affaire particulièrement sensible par M. Yano qu’il accuse d’avoir transmis la note des lanceurs d’alerte au conseil d’administration de la BAD, sans avoir au préalable « consulté le département du conseil juridique ».
Dans un style comminatoire teinté de paternalisme, le conseil de M. Adesina donne la marche à suivre au président du comité éthique, estimant que « des mesures correctives doivent être prises immédiatement pour protéger la Banque et les droits du président à une procédure régulière ».
Après un rappel des règlements administratifs et protocolaires de la BAD, Me Debevoise conclut en déplorant que le comité d’éthique présidé par M. Yano ait « violé [le] principe » de confidentialité, « perdu de vue sa mission » et qu’il est, selon lui, « malheureusement trop tard pour refermer le génie dans la bouteille ».
Dans l’ombre des lanceurs d’alerte
Une métaphore qui fait référence aux fuites contenues dans la note des lanceurs d’alerte et sont reprochées à M. Yano. Des informations qui, d’après l’avocat, nuisent à la « réputation » du président Adesina, « en particulier dans les capitales » des Etats membres de la BAD.
Le Japonais Takuji Yano n’est pas le seul à être suspecté, sans preuves pour le moment, d’avoir facilité cette fuite à l’origine de cette contestation interne sans précédent qui cristallise des tensions géopolitiques. L’affaire est d’autant plus cruciale qu’elle a éclaté à quelques mois de la réélection escomptée de M. Adesina – seul candidat à la présidence de l’institution financière multilatérale de développement – dont le premier mandat se termine en août.
Le représentant des Etats-Unis à la BAD, J. Steven Dowd – un homme d’affaires proche du président américain Donald Trump – est publiquement soupçonné d’avoir conseillé dans l’ombre les lanceurs d’alerte pour déstabiliser M. Adesina. L’Américain est depuis la cible d’une contre-attaque orchestrée par des proches du président de la BAD qui diffusent dans certains médias cette version d’un présumé règlement de compte.
Contacté, M. Dowd n’a pas souhaité réagir. « Tout est faux et il n’a jamais collaboré avec ces lanceurs d’alerte dont il ignore l’identité », explique une source proche de M. Dowd. Et de préciser : « La position américaine a été de préconiser le recours à des enquêteurs externes indépendants pour être sûr que ce dossier, pris très au sérieux, soit traité de la meilleure manière. »
Dans l’une de ses lettres, Me Debevoise recommande sans ambages au comité d’éthique de « s’arrêter (…) et de rester concentré sur son mandat limité ». Petit avertissement ou simple conseil ? Il n’a pas donné suite aux sollicitations du Monde Afrique, tout comme la direction de la BAD.
LES PARENTS D’ÉLÈVE APPROUVENT LE RETOUR EN CLASSES
Cette reprise doit se faire avec de ‘’fortes mesures d’accompagnement indispensables pour protéger élèves, étudiants et enseignants de la maladie à coronavirus
Dakar, 30 avr (APS) – Le président de l’Union nationale des parents d’élèves et d’étudiants du Sénégal (UNAPEES), Abdoulaye Fané, a déclaré jeudi être ‘’en phase’’ avec la décision du gouvernement de faire reprendre les cours aux élèves en classe d’examen, à compter du 02 juin.
Cette reprise des enseignements doit toutefois se faire avec de ‘’fortes mesures d’accompagnement’’, lesquelles sont, dit-il, "indispensables pour protéger élèves, étudiants et enseignants de la maladie à coronavirus’’.
‘’Il ne faut pas prendre de risques, parce que rien ne pourra se faire sans la maîtrise de cette pandémie et les parents d’élèves sont en phase avec cette décision de l’Etat qui a fait une projection pour la reprise des cours’’, a-t-il ajouté, dans un entretien téléphonique avec l’APS.
Il affirme néanmoins que l’Etat devra prendre des "mesures fortes’’ par la désinfection des écoles et la mise en place d’un dispositif d’hygiène individuelle et collective.
‘’Le problème fondamental, c’est de sécuriser aussi le transport de l’élève de sa maison à l’école sans risques, et une fois dans la classe, pouvoir également assurer la distanciation sociale’’, a-t-il préconisé.
Selon lui, il y a "tout un dispositif à mettre en place, en amont comme en aval, pour la reprise des cours dans les meilleures conditions pour ne pas exposer les élèves, les étudiants et les enseignants à la contamination du virus’’.Pour la tenue des examens, le président de l’UNAPEES indique que plusieurs scénarii sont envisagés au sein du Comité de veille mis en place par le ministère de l’Education nationale et dans lequel il siège à côté d’autres acteurs du secteur.Au sujet des mesures d’accompagnement, le directeur exécutif de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep), Cheikh Mbow, propose la mise sur pieds d’un fonds dédié à l’accompagnement de la reprise des enseignements et apprentissages. L’objectif consiste à pourvoir les établissements scolaires de kits d’hygiène à la fois individuelle et collective. ‘’C’est un coût qu’il ne faut pas faire supporter par les parents, mais par ce fonds pour l’achat de masques et des kits d’hygiène’’, a-t-il précisé.Mais, il faudra en même temps en profiter pour régler la question de la disponibilité des toilettes dans les écoles, dont il faudra nettoyer les abords en enlevant tout ce qui est marchés et cantines, a-t-il dit.
par Omar Demba SENE
COVID-19 : FAUT-IL RÉAJUSTER LA STRATÉGIE DE RIPOSTE ?
En optant pour la fourniture de l’aide en nature, l’Etat s’est engagé dans une approche à processus d’exécution à la fois long, complexe et délicat
Le Sénégal, à l’instar de la plupart des pays du monde vit de plein fouet les contrecoups de la pandémie du COVID 19. Après la fermeture largement appréciée des frontières, le gouvernement s’emploie tant bien que mal à apporter une réponse efficace à un fléau qui a fini de plomber les paradigmes socio-économiques qui, jusque-là, ont structuré les règles de fonctionnement de nos sociétés.
S’il est vrai que les mesures prises dans le cadre de la riposte sanitaire ont presque fait l’unanimité aux yeux de l’opinion, il est tout aussi vrai que la mise en œuvre des orientations du programme de résilience économique et sociale lancé par le chef de l’Etat est sujette à réflexion. Nombreux sont les sénégalais qui s’interrogent sur le bienfondé des mesures d’accompagnement prises en faveur des couches à faible résilience. L’ambition noble et légitime de l’Etat étant de les aider à s’adapter au mieux aux effets du COVID, pourquoi n’a-t-on pas envisagé des schémas plus efficients que ceux en cour d’exécution?
En effet, en s’alignant sur la stratégie de riposte globale de l’Etat, le ministère en charge du Développement Communautaire, de l’Equité Sociale et Territoriale a pris l’option de cibler tous les ménages vulnérables à l’échelle du territoire national. Ce choix qui, à mon avis, découle d’une analyse biaisée de la situation risque d’être trop onéreux pour un pays pauvre comme le Sénégal. Certes l’histoire ne se répète pas mais les leçons qu’elle nous a enseignées doivent, si nous sommes doués d’intelligence, inspirer nos décisions actuelles et futures. Alors, détrompons-nous et comprenons que ce à quoi nous faisons face, ce n’est ni une bataille de rue, ni un combat de front mais une guerre, une vraie guerre d’usure que nous ne pouvons assurément pas vaincre de sitôt et qui, à coup sûr, va s’inscrire dans la durée. Dès lors, admettons en toute responsabilité l’hypothèse que la maladie va perdurer dans nos villes et villages ! A cet effet, et vu les maigres ressources dont nous disposons, notre pays serait-il en mesure de supporter des dépenses sociales qui, à moyen voire long terme iront crescendo ? Rien n’est moins sûr d’autant plus que le tribut à payer au sortir de cette pandémie sera, à tout point de vue, très lourd et que l’après-covid doit, dores et déjà, être envisagé dans une perspective de redressement économique et social qui, lui aussi, aura un coût sans précédent. Par conséquent, inscrire nos choix dans une posture plus raisonnée et moins émotionnelle empreinte d’humilité est la meilleure alternative qui s’offre à nous.
A ce propos, la priorisation des localités fortement touchées dans le cadre de l’assistance alimentaire en y durcissant les mesures-barrières (mise en quarantaine ou confinement tel que souhaité par des syndicats de la santé) pour une mise en échelle graduelle en fonction de de la situation épidémiologique du moment est une option qui mérite d’être sérieusement adressée.
Par ailleurs, en optant pour la fourniture de l’aide en nature, l’Etat s’est engagé dans une approche à processus d’exécution à la fois long, complexe et délicat. En plus de la procédure même allégée de la passation de marchés (décret n°202-781 du 18 mars 2020), il devra faire exécuter toute une série d’activités liées à la logistique, au transport, à la manutention et à la distribution. Ce qui suppose la mobilisation d’une main d’œuvre abondante source potentielle de contamination mais aussi et surtout d’une énergie collective qui aurait dû servir à d’autres volets de la riposte. Il s’y ajoute que la standardisation des kits alimentaires, loin de tenir compte de la particularité des uns et des autres, remet en cause le droit des ménages à choisir par eux-mêmes, en toute liberté et en toute connaissance de cause, les produits qu’ils considèrent comme prioritaires. L’absence d’harmonisation aidant, cela va s’en dire que le processus sera en toute évidence parasité par des doublons dans la mesure où certains auront déjà bénéficié d’appui similaire de la part de leur municipalité. Aussi, en optant pour l’approche susmentionnée, l’Etat a réduit de fait l’assiette potentielle de ses cibles puisque les frais afférents au transport et à la manutention à l’arrivée auraient pu servir à enrôler des milliers de ménages supplémentaires. Toutes choses qu’on aurait pu éviter si des choix plus judicieux et à plus forts impacts sociaux avaient été opérés. Sous ce rapport le système « cash transfert », utilisé au Sénégal en réponse à la malnutrition et appliqué présentement en Côte d’Ivoire ou même le modèle classique de la billetterie itinérante semble, à mon avis, mieux adapté au contexte. Au moins il nous aurait permis de gagner en temps, en énergie, en efficience et d’éviter cette polémique regrettable qui a fini de parasiter le formidable élan d’unité et de solidarité auquel notre pays a eu droit à l’entame de la pandémie.
Au regard de ce qui précède et notamment de la perspective presque évidente d’un Covid qui perdure, n’y a-t-il pas lieu de poser de manière constructive le débat sur la pertinence de certaines des options prises par nos autorités en ce moment critique de la vie de notre nation ? L’adage ayant bien fait de dire « mieux vaut tard que jamais », le temps est peut-être venu pour notre pays de réajuster sa stratégie de riposte.
UNE FÊTE DU TRAVAIL DÉPOUILLÉE DE TOUT CARACTÈRE FESTIF
Ce 1er mai 2020, les centrales syndicales du Sénégal ont décidé d’y sursoir en même temps que d’autres activités habituellement organisés pour l’occasion : marches, ateliers et autres rencontres.
Dakar, 1er mai (APS) – La célébration ce vendredi de la fête internationale du travail revêt un caractère inédit en étant dépouillée de tout caractère festif en raison de la crise sanitaire née de la propagation du nouveau coronavirus.
Le point d’orgue des festivités et autres manifestations organisées à l’occasion de la fête internationale du travail a toujours été au Sénégal la remise de cahiers de doléances des centrales syndicales du pays au chef de l’Etat.
Un moment traditionnellement mis à profit par le président de la République pour répondre aux demandes et autres revendications portées par les centrales syndicales.
Une occasion pour le chef de l’Etat de faire une sorte de bilan sur ses réalisations en faveur des travailleurs en général. Cette manifestation solennelle est organisée chaque année au Palais de la République.
Ce 1er mai 2020, les centrales syndicales du Sénégal ont décidé d’y sursoir en même temps que d’autres activités habituellement organisés pour l’occasion : marches, ateliers et autres rencontres.
La Confédération nationale des Travailleurs du Sénégal (CNTS) n’organisera ni festivités ni aucune autre manifestation à l’occasion de la Journée internationale du travail, ce vendredi 1er mai, a ainsi annoncé son secrétaire général, Mody Guiro.
La CNTS va s’adapter à la situation entrainée par la pandémie de la maladie à coronavirus en respectant les mesures barrières édictées par les autorités sanitaires.
‘’Nous n’allons pas faire de festivités ni de manifestations, car nous respectons les mesures prises par le gouvernement qui interdit tous les manifestations et rassemblements. Par contre, cela ne veut pas dire que nous n’allons rien faire. Il s’agira juste de s’adapter à la situation’’, a-t-il expliqué dans un entretien avec l’APS.
‘’Nous allons célébrer la fête du Travail mais dans le confinement. On peut le faire via une déclaration commune, mais tout en restant chez nous pour mieux lutter contre le coronavirus’’, a indiqué le leader de la CNTS, centrale syndicale revendiquant 120 000 membres.
D’une manière générale, toutes les organisations syndicales du pays ont adopté cette démarche saluée par le président Macky Sall en évoquant une décision historique des centrales syndicales de ne pas présenter cette année de cahiers de doléances et de sursoir à toutes les festivités.
Le Sénégal vit depuis le 23 mars sous état d’urgence assorti d’un couvre-feu nocturne (de 20 heures à 6 heures) et d’une interdiction des déplacements et transports interurbain. Des mesures prises pour freiner la propagation du Covid-19 dans le pays.
A la date du 30 avril, 933 cas de Covid-19 ont été recensés au Sénégal. 334 parmi ces personnes infectées ont été déclarées guéries alors que 9 décès et une évacuation ont été enregistrés depuis l’apparition de la maladie dans le pays (2 mars).