« Évoquer la race en France c’est s’aventurer sur un champ de mines ». C’est par ces mots que la journaliste Rokhaya Diallo débute son nouveau livre qu’elle publie aujourd’hui aux éditions Textuel.
Titré « La France tu l'aimes ou tu la fermes ? », l’ouvrage rassemble 55 tribunes que la militante antiraciste et féministe a fait paraître dans la presse française et étrangère.
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit Rokhaya Diallo, journaliste et écrivaine très engagée dans la lutte antiraciste ainsi que sur les questions de féminisme.
KFC DE DAKAR EST-IL LE PREMIER EN AFRIQUE ?
Le restaurant ouvert dans la capitale sénégalaise depuis le 04 octobre dernier serait le 1er en Afrique, selon Dakaractu. Est-ce vrai ?
Africa Check |
Mariama Thiam |
Publication 10/10/2019
« Le restaurant KFC a ouvert ses portes à Dakar ce vendredi 04 octobre. Le 1er en Afrique, implanté au Sénégal et qui entre dans l’histoire de la gastronomie et de l’économie du pays ». C’est ce qu’affirme le site sénégalais Dakaractu suite à l’inauguration du premier restaurant dakarois portant la célèbre enseigne américaine de restauration rapide.
KFC au Sénégal
Dans un article publié sur son site Internet en avril 2018, Jeune Afrique expliquait que l’arrivée de KFC (Kentucky Fried Chicken) au Sénégal, est le fruit d’un accord d’exploitation de franchise entre la chaîne américaine et la Sedima, champion sénégalais de l’aviculture.
Cité par Jeune Afrique, la directrice de Sedima, Anta Babacar Ngom expliquait alors qu’il a fallu « satisfaire à beaucoup de normes et de standards. Les équipes KFC ont dû auditer tout notre système, notre organisation, nos investissements, nos installations, etc. ».
KFC dans une vingtaine de pays africains avant le Sénégal
Le premier fast-food KFC en Afrique a ouvert ses portes en 1971 en Afrique du sud. Depuis lors, la chaîne américaine a conquis plusieurs autres pays du continent dont l’Egypte, l’Angola, le Kenya, le Ghana, le Nigeria, au Zimbabwe, entre autres.
Un restaurant KFC a été ouvert en Côte d’Ivoire en 2018.
Selon le site Internet de KFC, il y a plus de 21 000 points de vente de KFC dans plus de 130 pays et territoires à travers le monde.
KFC réussit à s’étendre dans le monde grâce à un système de franchise. C’est-à-dire que la compagnie donne le droit d’exploiter sa marque sous certaines conditions. Sur son site internet l’enseigne précise que : « les avoirs nets du candidat doivent atteindre 1,5 million de dollars US ».
AU BURKINA FASO, LES NOSTALGIQUES DE BLAISE
Cinq ans après la chute de l’ancien autocrate, une majorité de Burkinabés se dit favorable à son retour, alors que le pays est plongé dans une grave crise sécuritaire
Le Monde Afrique |
Sophie Douce |
Publication 10/10/2019
Vestiges d’une autre époque. Au cœur de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, les restes d’un bâtiment blanc trônent sur l’avenue de l’Indépendance, à côté de voitures calcinées et d’herbes folles. « Voilà, c’est tout ce qu’il reste de l’insurrection » résume, amer, Marcel Tankoano, devant l’ancienne Assemblée nationale, brûlée par des manifestants lors de la révolte burkinabée de 2014, et depuis laissée à l’abandon.
« Une marée humaine remplissait les rues ici, c’étaitincroyable. On était persuadé que plus rien ne serait comme avant », se rappelle l’activiste, l’un des premiers, ce 30 octobre 2014, à entrer dans l’hémicycle alors que les députés s’apprêtaient à voter la modification du fameux « article 37 » qui aurait permis à Blaise Compaoré de briguer un cinquième mandat. Et pourtant, cinq ans après la chute de l’ancien dirigeant, exilé en Côte d’Ivoire depuis sa fuite du palais présidentiel, la mise en place d’un gouvernement de transition puis l’élection en 2015 de Roch Marc Christian Kaboré, lui-même considéré comme « l’ex-dauphin de Blaise », « c’est la désillusion totale », estime-t-il.
Menace terroriste, pauvreté endémique, grèves à répétition, scandales de corruption… « C’est pire qu’avant, dénonce M. Tankoano, à la tête du mouvement M21, une organisation de la société civile. On s’est battu pour de meilleures conditions de vie, des jeunes sont morts, tout ça pour ça… Quel gâchis! » Désappointement, nostalgie ou désespoir ? La page de l’ère Compaoré, qui aura « régné » vingt-sept ans, semble encore difficile à tourner au Burkina Faso, plongé dans une grave crise sécuritaire ces quatre dernières années. Comme cet ancien « insurgé », ils seraient désormais 67 % de Burkinabés favorables à un retour de l’ancien chef de l’Etat au pays, d’après un sondage publié en juin par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD).
« C’était lui le baobab ! »
Parmi eux, 22 % voudraient qu’il réponde « devant la justice », mais 78 % souhaiteraient qu’il contribue « à la paix » et à la « réconciliation nationale ». « Blaise Compaoré bénéficie d’un réel regain d’affection chez les déçus du pouvoir actuel qui ne savent pas vers qui d’autres se tourner. C’est le syndrome du moindre mal, observe le politologue Siaka Coulibaly. Et il reste assez populaire au sein d’une partie de la population, qui a grandi avec lui et continue de se reconnaître en lui. » Il faut dire que son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), était bien ancré sur le territoire, distribuant argent et cadeaux pour conquérir les cœurs dans les villages.
Dans une librairie de la capitale, la simple évocation du nom de l’ancien « maître de Ouaga » suffit à échauffer les esprits. « Blaise a fui le pays, il est tranquille dans sa villa à Abidjan pendant que nous vivons un enfer ici, les gens s’entre-tuent ! », affirme Alino Ouedraogo, fervent sankariste de 42 ans, devant les étals de livres. « Bien sûr qu’on le regrette, c’était lui le baobab ! », rétorque Seydou Segda, un « déçu de l’insurrection », en s’asseyant sur un petit banc pour participer au débat. « Notre gouvernement est trop mou et incapable d’arrêter les violences. Compaoré, lui, avait toutes les ficelles du pouvoir et c’était un grand médiateur. Il pourrait négocier avec les groupes armés. Sans lui, nous n’aurons jamais la paix », argumente le commerçant.
Aujourd’hui encore, la « diplomatie Compaoré » nourrit les fantasmes. « Négociateur d’otages », « ami des rebelles », l’ancien président avait noué des contacts avec les islamistes armés de la région. « La menace terroriste est arrivée au Burkina après son départ, alors certains y voient un lien de cause à effet ou une sorte de “main vengeresse”. Il y a cette croyance que, s’il rentre et que nous nous réconcilions, les attaques s’arrêteront », analyse Karim Abdoul Saidou, chercheur au CGD. Les propos de l’actuel chef de l’Etat, accusant régulièrement dans les médias son prédécesseur d’avoir établi « un deal » avec les djihadistes, alimentent les rumeurs.
Un pardon impossible sans justice
Parmi les « nostalgiques de Blaise », Nana Thibaut fut l’un des premiers à réclamer son retour, dès 2016. « Le pionnier ! », se targue le fondateur du Mouvement pour la réconciliation et le retour de Blaise Compaoré. « Au début, on me prenait pour un fou. Maintenant, on vient m’accoster dans la rue en me disant que j’avais raison », se vante-t-il dans son salon, où il collectionne une dizaine de portraits géants de son « idole ». Une manière de lui montrersa« reconnaissance » et… de le « rendre immortel », clame ce dernier. Régulièrement, il parade avec son véhicule customisé, derrière lequel il a collé une photo du « président ».
Pagnes tissés, tee-shirts, casquettes… Les produits dérivés à son effigie font fureur chez les militants du CDP. Chaque rassemblement s’y ponctue de tonitruants hommages et de « standing ovation » pour le « président fondateur ». « Pour lui dire que nous l’aimons et que nous lui restons fidèles !», pouvait-on même entendre s’époumoner Eddie Komboïgo, le chef de file du CDP, lors d’un congrès extraordinaire du parti le 22 septembre.
A un an de la présidentielle, le CDP, qui avait été exclu de la course à la présidence en 2015, espère « revenir en force ». Mais la bataille pour la reconquête du pouvoir, et notamment le choix du candidat pour 2020, divise les rangs. Le 22 septembre, plusieurs cadres « frondeurs » ont été exclus et suspendus pour « actes d’indiscipline ». « En l’absence du père spirituel, ses fils se déchirent pour le leadership », regrette Alpha Yago, un proche de Blaise Compaoré, suspendu pour avoir demandé la démission de M. Komboïgo. « Le CDP devrait faire campagne sur le thème “sécurité, pardon et réconciliation nationale”. Seulement, il sera difficile pour M. Compaoré de rentrer sans passer par la case judiciaire. Les Burkinabés sont prêts à pardonner, mais le pardon sera impossible sans la justice », pointe Abdoul Karim Saïdou.
L’enjeu est de taille pour le « beau Blaise », jusqu’ici protégé par le pouvoir ivoirien, mais désormais sur la sellette à douze mois d’un scrutin présidentiel en Côte d’Ivoire à l’issue très incertaine. Dans une lettre adressée au président Kaboré en avril, il réaffirme « sa disponibilité » pour aider à endiguer l’insécurité grandissante au Burkina. « Il est très inquiet pour son pays et il rêve de rentrer chez lui», glisse un proche, évasif.
Au « pays des hommes intègres », le sujet est brûlant. Assassinat de Thomas Sankara, répression de l’insurrection d’octobre 2014 et autres crimes de sang présumés… Pour certains, le nom de l’ancien président, poursuivi par un mandat d’arrêt international, reste entaché à jamais. « Plutôt mourir dans la dignité que la honte. Il a fait trop de mal ici, il faut l’amener devant la CPI [Cour pénale internationale], s’énerve un jeune Burkinabé, dont certains amis ont été tués en octobre 2014. De toute façon, il est ivoirien maintenant. Place au changement ! »
"LE FCFA EST UNE SERVITUDE POUR L'AFRIQUE"
"Cette monnaie pose un problème politique et de souveraineté", assure l'économiste togolais Kako Nubukpo, avant la réunion traditionnelle des ministres des Finances de la zone franc vendredi à Paris
Une "servitude": voilà comment l'économiste togolais Kako Nubukpo décrit le franc CFA dans un entretien à l'AFP, à l'occasion de la publication d'un livre à charge contre les élites économiques africaines et les institutions financières internationales.
"Le franc CFA pose un problème politique et de souveraineté", assure l'auteur de "L'urgence africaine", publié cet automne aux éditions Odile Jacob, dans un entretien accordé avant la réunion traditionnelle des ministres des Finances de la zone franc vendredi à Paris.
M. Nubukpo, doyen de la faculté des sciences économiques de Lomé, n'hésite pas à qualifier cette rencontre en France et la réunion annuelle du FMI, qui se déroulera dans la foulée à Washington, comme "la route de la servitude" pour les autorités africaines.
"A Paris, on va leur rappeler le catéchisme du monétarisme et de l'ordo-libéralisme. A Washington, on va leur expliquer que leurs budgets doivent être équilibrés", regrette-t-il, convaincu que les pays membres du franc CFA subissent "une austérité monétaire qui s'ajoute à la budgétaire".
A ses yeux, les ministres de la zone franc, formés pour nombre d'entre eux au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale, "sont des dirigeants offshore qui ne rendent pas compte à leur population, mais à leurs employeurs originels".
"Le fait d'être des bons élèves de la doxa financière internationale domine celui de produire des politiques publiques pour le plus grand nombre. Cela a créé progressivement deux mondes", constate M. Nabukpo, dont le discours contre les élites africaines déplaît à ses adversaires.
Selon lui, même si le franc CFA a stabilisé l'inflation dans les 15 pays qui l'ont adopté, il renvoie "à un schéma de la colonie".
"Ce qui enflamme la jeunesse africaine et la diaspora, c'est que les réserves de change soient basées au Trésor français, que les billets CFA soient imprimés en France ou encore que l'acronyme CFA renvoie à la colonisation", s'agace l'économiste.
"Le franc CFA est aussi l'assurance tous risques que le Trésor français accorde aux dictateurs africains en contrepartie de leur mauvaise gouvernance. Sans lui, les Chinois feraient probablement plus attention" à leurs investissements et aux prêts qu'ils accordent, a-t-il ajouté.
"Je pense que Paris est le cocu de cette histoire parce qu'il garantit une monnaie, rémunère des réserves de change et, au final, se fait insulter par toute la jeunesse africaine", a constaté l'économiste, pour qui le président Emmanuel Macron est conscient de cette situation.
Un choix "symbolique"
Pour remédier à cette situation, l'économiste propose une réforme du franc CFA, qui commencerait par un choix "symbolique": le changement de nom.
Il suggère aussi de déplacer les réserves de change du Trésor et de "les mettre à la Banque des règlements internationaux (BRI), comme l'a fait Madagascar" ou à la Banque centrale européenne (BCE), dont la présidence sera assumée à partir de cet automne par la Française Christine Lagarde qui connaît bien la zone franc pour avoir dirigé Bercy (2007-2011), puis le FMI.
Enfin, il souhaite aussi une modification du "régime de change pour passer à une monnaie héritière du CFA plutôt rattachée à un panier de devises et pas au seul euro".
Grâce à cette réforme, "la porte serait ouverte pour que les pays qui ont le même profil économique que ceux de la zone franc, comme le Ghana, la Sierra Leone ou le Libéria puissent entrer dans ce nouvel attelage institutionnel", a-t-il souligné.
M. Nubukpo voit d'ailleurs d'un bon oeil le projet de monnaie unique de l'Afrique de l'Ouest, appelée l'eco, qui sonnerait le glas du franc CFA s'il voyait le jour.
Les quinze membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) - dont le Ghana - se sont mis d'accord fin juin pour l'adoption à l'horizon 2020 de cette devise.
Mais M. Nubukpo se demande si les pays de la zone franc accepteront "un transfert de leadership de Paris à Abuja", la capitale du Nigeria, une économie qui représenterait à "elle seule les trois quarts du PIB de la Cédéao".
MATUIDI EST FAN DE GANA GUEYE
L’international français a confié tout le bien qu’il pense de son homologue sénégalais
Parti du PSG vers la Juventus en 2017, Blaise Matuidi a laissé un vide dans le milieu de terrain du club parisien. Un manque qui semble avoir enfin été comblé cet été avec l’arrivée d’Idrissa Gueye. L’international français confie tout le bien qu’il pense de son homologue sénégalais.
Durant la fin de l’été 2017, le PSG se réjouissait d’avoir réussi à attirer Daniel Alves, Yuri Berchiche, les stars Neymar et Kylian Mbappé, mais perdait dans le même temps Blaise Matuidi, cédé à la Juventus. Le Français, essentiel durant ses six années en Rouge et Bleu, laissait Paris avec un manque criant dans l’entrejeu. Une carence que le club a traînée pendant deux ans.
"J’étais très content pour Paris"
De l’aveu même de Thiago Silva, le PSG n’a pas réussi à remplacer Blaise Matuidi jusqu’au recrutement, fin juillet, d’Idrissa Gueye. Un avis "flatteur" aux oreilles du Turinois. "Ça démontre que j’ai laissé des bons souvenirs à Paris et ça fait plaisir", confie-t-il dans Breaking Foot, à quelques jours d’affronter l’Islande et la Turquie en éliminatoires de l’Euro 2016.
Toujours fan du PSG, Blaise Matuidi suit l’évolution de son ancien club. Et lui aussi est conquis par le Sénégalais. "Idrissa Gueye, c’est un grand joueur. On ne parlait pas beaucoup de lui avant qu’il soit au PSG. Mais à Everton, je l’ai vu faire de très grands matchs. Quand ils l’ont recruté, j’étais très content pour Paris", assure le champion du monde, selon qui Gueye "va leur permettre d’être plus équilibré et de maintenir la pression pendant les grandes matchs".
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BATTLE DE BREAKDANCE AU SÉNÉGAL
Le groupe sénégalais Power Crew a remporté en 2018 le titre de meilleure vidéo lors de la Battle of the Year, évènement annuel avec les meilleurs groupes de breakdance. Reportage à Dakar.
Au sommaire de l'émission BBC Sport Afrique du 7 octobre 2019 :
- Sujet de la semaine : confessions d'un footballeur nigérian hermaphrodite qui est passé du foot féminin au foot masculin
- Entretien : première recordman du monde africaine du marathon, la Kényane Tegla Loroupe dédie désormais sa vie aux réfugiés
- Reportage : le groupe sénégalais Power Crew a remporté en 2018 le titrede meilleure vidéo lors de la Battle of the Year, évènement annuel avec les meilleurs groupes de breakdance. Reportage à Dakar.
- L'inspiration : Leon Manyisa (17 ans) est déjà international A dans l'équipe nationale de football d’Eswatini, l'ex-Swaziland. Il rêve de marcher sur les traces de son idole Cristiano Ronaldo.
Présentation : Babacar Diarra (@BabsDiarra)
Invitée : Mbalia Touré, médecin en charge de l'équipe nationale de football du Sénégal
par Nioxor Tine
LA CLASSE POLITIQUE DOIT SE RECONCILIER AVEC LE PEUPLE
L’éclaircie de Massalikoul Djinane ne pourra être durable, que si on évite d’instrumentaliser le jeu politique pour servir des agendas personnels, des intérêts de clan ou de famille politique
Tout le monde s’accorde à reconnaître, que l’inauguration de la mosquée de Massalikoul Djinane célébrée le 27 septembre dernier, a été pleine de symboles.
Elle a constitué, après les déchirements nés de l’interdiction du port du voile à l’Institution Sainte Jeanne d’Arc et les offenses faites à certains de nos chefs religieux, un fort moment de communion entre toutes les communautés religieuses de notre Nation. Elle a aussi été un bel exemple de financement participatif, qui n’a fait que confirmer l’extraordinaire dynamisme de la communauté mouride, qui fait de plus en plus montre d’une indéniable capacité de mobilisation financière. Enfin, cette gigantesque infrastructure, qui serait la plus grande mosquée de l’Afrique de l’Ouest, n’a pas encore eu, à notre connaissance, d’impact environnemental négatif digne d’être rapporté.
Par ailleurs, l’édification de cette sainte mosquée a aussi été une illustration probante de la redevabilité en matière de gestion d’un projet consensuel, dont les bénéficiaires se sont entièrement approprié. C’est pour cette raison que ce processus peut servir de modèle à nos gouvernants actuels et passés, qui ont tout à gagner à s’inspirer de ce style de management, qui a produit un tel chef-d’œuvre, eux qui restent les champions des projets, comme celui du TER, coûteux, parfois inachevés, ayant souvent des effets ravageurs sur l’environnement.
Au-delà des aspects religieux, cette inauguration était aussi l’occasion pour le vénérable khalife des mourides de porter l’habit de médiateur et d’appeler les présidents Sall et Wade, invités d’honneur à cette cérémonie mémorable, à arrêter leurs querelles stériles et crypto-personnelles. Finalement et contrairement aux apparences, les retrouvailles de Massalikul Djinane suivies de la grâce accordée à l’encombrant otage Khalifa Sall, consacrent la faillite de la classe politique de notre pays et son incapacité à régler elle-même ses différends.
De même qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, il serait prématuré de considérer la poignée de mains de Massalikoul Djinane comme une décrispation du climat politique, telle que souhaitée par le khalife général des mourides et toutes les personnes douées de raison dans notre pays.
Il est tout de même troublant de constater, que le président et son père spirituel se retrouvent, au moment où les citoyens sénégalais souffrent le martyre, du fait de la faillite des politiques publiques et du renchérissement du coût de la vie, suite aux injonctions des officines financières internationales. Ils subissent également, de plein fouet, les conséquences d’une politique prétendument sociale mais réellement "anti-pauvres" avec expropriation des terres, démolitions de commerces et d’habitations sans mesures d’accompagnement dignes de ce nom.
En outre, beaucoup trop de signaux négatifs émanent non seulement de la galaxie présidentielle, mais aussi de larges segments de l’opposition, qui ne font entrevoir aucune perspective d’amener le premier magistrat de la Nation à rompre d’avec sa démarche clivante et autoritaire.
Les péripéties du dialogue national auquel il a appelé, avant même la proclamation officielle des résultats de l’élection présidentielle de février dernier, démontrent, chaque jour un peu plus, une farouche volonté du camp présidentiel de s’agripper au pouvoir. Le refus d’abroger la loi scélérate sur le parrainage et le rejet du bulletin unique montrent une volonté inébranlable de la majorité de continuer à confisquer le suffrage des citoyens sénégalais.
Paradoxalement, mêmes certains points d’accord issus de ce dialogue politique sont préoccupants. Ainsi, la quasi-unanimité des différents partis sur l’élection des maires au suffrage universel, risque de conduire à l’omnipotence de ”monarques locaux” face à des conseils de collectivités locales devenus insignifiants, par la force des choses.
Cette position est révélatrice de la conception élitiste et autocratique, que la plupart de nos hommes politiques se font de l’activité politique, qu’ils souhaitent conduire sans avoir de comptes à rendre à leurs mandants. Ils occultent également la nécessité de démocratiser les organisations politiques et de travailler à les faire reposer sur un socle de valeurs et non sur le clientélisme et la corruption politique. Toujours dans le même ordre d’idées, ils font montre d’un électoralisme effréné et d’une personnalisation excessive de la pratique politique privilégiant le culte des messies sur les contenus programmatiques. Ce sont ces tares qui nous ont valu, jusque-là des alternances sans véritable alternative.
Est-ce pour cela que le dialogue national censé traiter de la question des droits économiques et sociaux des citoyens, de la mise en œuvre des politiques publiques, de la refondation institutionnelle ainsi que de la gestion transparente de nos ressources naturelles peine à démarrer ? Au moment même où de larges segments de la classe politique s’entre-déchirent autour du processus électoral.
Il est donc clair, que l’éclaircie de Massalikoul Djinane ne pourra être durable, que si on évite d’instrumentaliser le jeu politique pour servir des agendas personnels, des intérêts de clan ou de famille politique.
Il s’agit non pas de regarder en arrière et de chercher à remettre en selle ceux qui congédiés par le peuple, refusent de s'amender, ni de chercher à étouffer l’aspiration des nouvelles générations et des forces de progrès à plus de liberté et de justice.
Il s’agit de se réconcilier durablement avec le peuple en proposant des programmes de rupture d’avec les approches autoritaires et néocoloniales.
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FARAM FACCE
Faram Facce - Invité : THIERNO LO - 09 Octobre 2019