SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
4 août 2025
VIDEO
BOURSE DE SÉCURITÉ FAMILIALE, UNE FARCE POLITIQUE ?
Familles pauvres et groupes vulnérables. Voilà à qui devraient profiter les bourses de sécurité familiale, selon le programme Yonu Yokkute du président. Les raisons politiques s’en seraient-elles mêlées ?
Ici, nous sommes à Dakar, aux Parcelles Assainies. A l’entrée déjà de la maison, cette gentille et souriante dame, qui requiert l’anonymat, mais qui nous a généreusement ouvert ses portes, et qui projette de nous ouvrir son cœur, tient un petit commerce. Des savons à base de carottes, de lait et d’avocats, et du thiouraye. La vie est dure. Il faut qu’elle joigne les deux bouts du mois, ou plutôt les deux bouts des trois mois. Elle ne travaille pas. Son mari non plus. Et leurs quatre enfants sont encore à éduquer et à nourrir.
Le regard triste, elle se rappelle des heureuses années avant 2013, où son mari et elle n’avaient aucun souci d’argent : «Nous travaillions tous les deux en Côte d’Ivoire. Les affaires marchaient bien, nous y avions tout investi, et nous mangions à notre faim. Mais la guerre civile de l’époque nous avait contraint à rentrer au bercail.» Malheureusement pour ce couple avec trois très jeunes enfants alors, l’herbe n’était pas plus verte à la maison. Aucun des deux n’a pu trouver de travail depuis, le mari ayant pris de l’âge entre temps. Les seuls instants où ils peuvent souffler un peu, c’est quand ils décrochent de petits boulots, rémunérés à la journée.
Cette famille partage sa maison avec leurs nombreux parents, mariés eux aussi. Elle compte sur les 25 mille FCfa de bourse, que l’État a bien voulu leur verser chaque trois mois, depuis deux ans maintenant, pour survivre. Mais cela faisait cinq mois qu’elle n’avait rien perçu. Les versements avaient du retard. Et quand ils étaient enfin là, il n’y a eu que 25 mille et des dettes à rembourser. Les deux mois supplémentaires semblent être derrière les remboursements.
Famille démunie ou cible de tournée politique?
Dans un coin de la pièce où nous sommes assis à discuter avec la première femme, une autre prépare du café Touba qu’elle ira bientôt vendre dans le quartier. Aïssatou (nom fictif), épouse de l’oncle de la première, n’a rien perdu de notre conversation. Visage pâle, yeux bouffis, elle semble avoir vieilli sous le poids des soucis. Veuve depuis deux ans et mère de trois enfants en bas âge, elle ne se nourrit que lorsqu’elle parvient à trouver buveur aux quelques tasses de son café.
Elle est passée plusieurs fois chez le chef de quartier lui pleurer sa pauvreté. Mais tout ce qu’elle y a gagné, c’est un refus catégorique d’obtention de la bourse car, a-t-elle cru comprendre, «il n’y a qu’une seule personne qui peut en bénéficier dans une même maison.»
A Patte d’Oie, une autre dame reçoit la bourse depuis un an maintenant. Dès que nous avons franchi le seuil de sa maison, nos regards sont accrochés à la belle et grande télé écran plat qui diffuse un match de la Can 2019, sur Canal + Sport 1. Elle décore le vaste couloir que nous traversons en allant vers le salon. Celui-ci est beau, avec ses grands divans couleur grise, et son doux tapis noir. A première vue, n’importe qui serait secoué par des questionnements, quand on sait qu’ici, la bourse tombe nette tous les trois mois. Et que sa maison n’a rien de celle d’un pauvre.
Mais Fatou (nom d’emprunt), veuve depuis plusieurs années avec quatre enfants à charge, bénéficie de la bourse de sécurité familiale depuis qu’une responsable du parti au pouvoir lui a donné un coup de pouce dans la procédure. Elle ne tarit pas d’éloges envers le président. D’ailleurs, à notre arrivée, elle portait un T-shirt de Benno Bokk Yaakar.
Comme Fatou, beaucoup de gens, militants du parti présidentiel, qui ne sont pas réellement dans le besoin, bénéficie de cette « récompense », là où de nombreux Sénégalais, qui tirent le diable par la queue, sont laissés en rade. Ce qui fait dire à beaucoup d’observateurs que ces bourses de sécurité familiale ne sont qu’une farce, une arme pour entretenir une clientèle politique. Vrai ou faux? En tout cas, sur le terrain, cette assertion est vérifiable….
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
LA LANGUE DU FOOTBALL
EXCLUSIF SENEPLUS - C'est une familiarisation avec quelque chose qui emprunte à la religion son étymologie : relier et espérer qu’ici, l’idéal du mérite souvent faussé par les castes, les naissances, puisse naître et s’épanouir - LE RETOUR À COUBANAO
Coubanao présentait une singularité : de toute l’enfilade des villages qui forment les Kalounayes, c’était le seul qui avait, à son entrée, un terrain de football. Dès qu’on dépassait sur la route la plaque qui indiquait le village, se dressait à gauche un terrain de sable blanc, avec quelques parcelles calcaires, que délimitait un grand pourtour végétal. Quatre poutres esquintées servaient de poteaux et une petite cordelette fine, faisait office de barre transversale.
Coubanao possédait certes, plus à l’intérieur du village, d’autres terrains de football, dont un officiel qui accueillait les manifestations sportives. Mais celui à l’entrée avait une histoire à la saveur spéciale ; par son emplacement excentré, loin du cœur de la bourgade, il n’attirait que très peu de monde. Pour ne rien arranger, le terrain sablonneux n’était pas très pratique, et demandait une certaine maîtrise et un surplus de dépense physique. Le terrain était aussi délaissé tout bonnement parce que posséder un ballon de foot était un trésor pas très accessible, par conséquent, seuls quelques enfants avec des ballons de fortune, profitaient de cette étendue.
Les premières cases du village se devinaient derrière les buts, émergeant des portions réduites de terre cultivée et de la petite végétation sauvage. Plates, homogènes, sans une densité particulièrement affolante, les prémices du village étaient silencieuses, on n’y rencontrait que quelques chasseurs des trésors de la forêt. Le terrain dut partager, pendant longtemps, cette vie sans fastes.
Coubanao Ba, quartier qui l’incluait, vivait ce privilège et ce manque, celui que connaissent souvent les habitants de la périphérie : une quiétude, en même temps une relégation, par rapport aux pulsions du cœur du village. En arrivant à Coubanao, j’avais eu la bonne idée d’embarquer dans mes valises un ballon de football, quelques maillots adultes, dans lesquels avec mes sept années je nageais, paraissant vêtu d’un caftan. Seule trois cases entouraient notre demeure, vieux campement d’italiens saisonniers que le village dédia à mon père, lui qui venait d’y être affecté pour ouvrir le premier collège des Kalounayes. Avec la déférence propre au pays Joola pour l’accueil et l’hospitalité, nous nous sentîmes vite à l’aise.
Quand je sortais mon ballon, trois grands garçons des cases à côté accourraient. Nous devînmes vites camarades, unis par la balle. Nous jouions ainsi, des heures et des heures. Ils ne parlaient pas wolof, ni soninké ; je ne parlais pas joola. Après le langage des signes qui m’avait rapproché de mes nouveaux compagnons, nous migrâmes vite vers le français dont ils avaient des notions, sommaires, mais quand même. Je me fis des amis, et au gré des parties sur le terrain, notre bande de jeunes grossissait. De quatre, nous passâmes à dix, et bientôt, nous fûmes assez nombreux pour jouer sur le grand terrain. Agustu, qui se moquait de ma frêle constitution, rigolait en me lançant : « tire beaucoup ». Mes petits mollets ne l’entendaient pas de cette oreille, et nous nous fendions souvent la gueule de nos petites incompréhensions et des quiproquos nombreux qui naissaient de cette semi-barrière linguistique.
Après trois mois pendant lesquels le français – un rayon de 20 mots - nous avait été d’un certain secours, j’appris le joola à la vitesse de l’éclair. Je parlais désormais couramment la langue, m’autorisais même quelques facéties et coquetteries, dans ma façon de traduire mes cours de science naturelle (disait-on) en joola.
L’activité régulière de football avait redonné une vie à Coubanao Ba et à son terrain. Voyant l’effervescence, mon père, féru de cette vie du crépuscule qui se déployait après l’école, nous offrit plusieurs ballons et maillots. De moins jeunes firent du terrain un lieu de football quotidien. Adolescents et adultes. Tous les soirs, deux ou trois équipes de onze s’affrontaient, jusqu’à l’obscurité totale qui était seul arbitre qualifié pour siffler la fin de la partie. Du village voisin, on venait assister à ce spectacle. Avec son transistor, quelques amis du village, quelques barons locaux, mon père adossé à la clôture du campement savourait le spectacle, sur ce terrain que les lumières du crépuscule habillaient des douces nuances du coucher.
Mais très vite un problème se posa. On arrivait tant bien que mal à jouer entre adultes, enfants, et grands. Mais la montée du niveau désormais intense excluait les petits dont j’étais. Comment donc jouer sans le propriétaire du ballon ? On trouva un ingénieux système, arrangement magique : les équipes se formaient à égalité parfaite, et je me greffais selon mon désir à l’une d’entre-elle. On me baptisa ainsi « complément ». C’est connu, les adultes arnaquent toujours les petits. Mais je me plus dans mon rôle de complément.
Sans arbitre, sans règle de hors-jeu, continuellement oublié derrière les défenses, eh ben j’en marquais des buts, mon pote ! Je ne n’étais plus que décoratif. S’ouvraient alors de grands débats philosophiques sur la validité de mes buts. Le complément compte-t-il ? L’appendice fait-il partie du corps ? Alors les adultes se penchaient sur ces questions, en venant parfois à de violentes discussions, voire à quelques bagarres quand l’enjeu montait – comme ces pots de Gloria qu’on offrait au vainqueur – et le verdict ne tarda pas à émerger : le complément compte. Comme j’avais étoffé mon compteur de goleador, les défenses se firent plus strictes, et alors qu’on me laissait jouer jusque-là, on devint plus sérieux. Et bon an mal an, je passai de complément, à minime précoce.
Voyant l’engouement qu’un ballon, un seul, avait donné à toute cette partie calme du village, mon père organisa un tournoi de foot entre les quartiers de Coubanao : Coubanao Ba, Yentine, Niéné, Kaoungack, Tambakunda. Il étoffa les récompenses. On troqua le Gloria contre des coupes et des équipements. Et toute la journée, les talents du village se succédaient dans la ferveur portée par les chœurs de la rumeur et dopée par la présence des femmes qui transcendait les gladiateurs. Pour le tournoi, aux phases sérieuses, l’équipe de Coubanao Ba m’avait exclu, je reprenais mon rôle de complément avec mes larmes et mon chagrin. Le tournoi était devenu sérieux, l’enjeu grand, une tension électrique soulignait les rivalités. Et c’est Niéné qui rafla la mise devant le tableau final des émotions, de la joie du vainqueur à l’amertume du vaincu, en passant par la frustration des éliminés précoces. Au fil des ans, la tradition continua…
Mon assimilation à Coubanao, à sa langue, à son rythme, à son calendrier, à ses fêtes, à la vie de l’école, se fit ainsi comme un bel apprentissage de la rencontre culturelle. Le joola est devenu ma langue, mieux que ma langue maternelle et ethnique. Aujourd’hui encore, j’en garde de bons restes, qui ne demandent qu’à être ravivés par l’expérience. Toutes les langues, toutes, se valent. Aucune ne garantit la supériorité morale ou culturelle, ni le certificat de l’identité ou de l’authenticité. Salman Rushdie écrivait que « l’homme a des pieds, non des racines ». On peut rajouter qu’il a les deux, et qu’ils ne sont pas en conflit. La culture peut définir l’homme en partie, elle ne le fait pas entièrement. C’est dans le grand voyage de l’humanité que se révèle toute l’étendue du génie humain. L’identité, dans le meilleur des cas, est une maison, on a le droit d’y entrer et d’en sortir ; ce banal trafic assure sa vitalité et son éternité. Dès qu’elle se ferme, elle devient une prison, un fleuve sans affluents qui s’assèche dans son lit et contemple ses fossiles à coup de complainte et de nostalgie vaines.
La langue du football est une initiation au jeu, appris-je à Coubanao, une initiation au code d’un honneur sans prétention. Une familiarisation avec quelque chose de plus fort, d’irrationnel, qui emprunte à la religion son registre et son étymologie : relier ; tout relier, les âges, les conditions, l’inégalité des talents ; relier et espérer, qu’ici, l’idéal du mérite souvent faussé par les castes, les naissances, puisse naître et s’épanouir. Il y a de cela dans le foot que c’est, au fond, une belle promesse républicaine.
Preuve que le temps passe, le terrain n’existe plus, on n’y joue plus. Me revient en mémoire, cet euro 96 qui avait vu les exploits de Paul Gascoigne de l’Angleterre. Dans le campement, avec notre poste de télé alimenté par des panneaux solaires, juste à côté du terrain, nous regardions à plus de 300 les matchs, jusqu’à ce que les batteries nous lâchent. Et alors, la frustration générale se muait en une prière collective, de joie, jusqu’au lendemain. Comme une métaphore du cycle de la nature. Le football est un espoir, la vie aussi.
Musa Bility, membre du comité exécutif de la CAF, ancien président de la Fédération libérienne de football, annonce sa décision de saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS) en vue de l'annulation de la nomination de Mme Samoura au sein de l'instance afri
L'ex-fonctionnaire des Nations unies, de nationalité sénégalaise, a été nommée "déléguée générale de la Fifa pour l'Afrique" en juin dernier. Un poste qu'elle va cumuler avec celui de secrétaire générale de la Fifa.
Musa Bility, membre du comité exécutif de la CAF, ancien président de la Fédération libérienne de football, annonce sa décision de saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS) en vue de l'annulation de la nomination de Mme Samoura au sein de l'instance africaine.
Musa Bility dénonce par ailleurs l'"accord de coopération" conclu entre l'instance qui dirige le football continental et la Fifa.
Il a promis de déposer une plainte auprès du TAS pour demander que l'accord soit rendu "nul et non avenu, avec effet immédiat".
Cet accord prévoit que Fatma Samoura travaille mène "un audit général" de la CAF à partir du 1er août prochain, pour une durée de six mois.
Musa Bility dit espérer que le TAS va "donner des ordres", ne serait-ce qu'à titre "provisoire", pour "arrêter la prise de contrôle hostile de la CAF par la Fifa, et surtout la décision d'emmener Fatma Samoura à la tête du secrétariat de la CAF".
La mission de Mme Samoura au sein de l'instance sportive africaine peut être renouvelée avec l'accord préalable des deux parties, selon un communiqué des deux organisations.
Ces décisions ont reçu le soutien "presque unanime" des membres du comité exécutif de la Confédération africaine de football, selon le président de la Fédération nigériane de football, Amaju Pinnick.
Il assure que Mme Samoura va aider la CAF à "renforcer" ses statuts juridiques, à améliorer sa gouvernance et sa fiscalité.
Fatma Samoura travaillait aux Nations unies avant d'être nommée secrétaire générale de la Fifa, le 13 mai 2016, par le président de l'instance mondiale du football, Gianni Infantino.
par Marie Bâ Aidara
HOMMAGE AU CAPITAINE D’INDUSTRIE AMETH AMAR
Son humilité et son intelligence m’ont toujours fascinées - Assurément, le Sénégal a perdu un de ses plus dignes fils qui a servi son pays avec abnégation, rigueur et dignité
C’est avec une grande tristesse que j’ai appris, ce 22 juillet 2019, le décès de Ameth Amar, PDG de NMA Sanders et Président du Syndicat Professionnel des Industries du Sénégal (SPIS).
En réalité, nous nous sommes connus en septembre 2011 alors que je revenais du Sommet des Nations-Unis, n’ayant pas pris l’avion présidentiel. Nous avons passé beaucoup de temps à discuter dans le salon d’Air France en compagnie de Samuel Sarr, ancien ministre.
Récemment, le 19 septembre 2018, nous nous sommes retrouvés dans le cadre professionnel à l’Assemblée Générale Constitutive du SPIS. Je représentais la Société PATISEN et dirigeais la Commission Communication dudit syndicat.
Nous entretenions des relations empreintes d’affection et de cordialité. Son humilité et son intelligence m’ont toujours fascinées.
Notre collaboration professionnelle fut brève mais riche en enseignements.
Nous voici aujourd’hui, orphelins, puisque nous cherchons partout son visage candide que nous avons perdu.
Il restera de lui ce qu’il a donné et semé. Il fut un mécène et un capitaine d’industrie hors pair car incarnant le renouveau industriel au Sénégal.
Assurément, le Sénégal a perdu un de ses plus dignes fils qui a servi son pays avec abnégation, rigueur et dignité.
Nous pleurons de l’avoir perdu, mais nous ne regrettons pas de l’avoir connu.
Mes condoléances les plus sincères vont à sa famille, à ses collaborateurs et aux membres du SPIS.
Que la terre lui soit légère et, Qu’allah dans sa miséricorde infinie, lui réserve une place de choix dans son Paradis « Firdaws ».
Marie Bâ Aidara est Economiste/Ecrivaine, ancienne ministre et Vice-Présidente de Africa-WIC
«CE SERA DIFFICILE POUR AMINATA MBENGUE NDIAYE ET SERIGNE MBAYE THIAM DE RÉCONCILIER LE PS»
L’après-Ousmane Tanor Dieng ne sera pas une mince affaire pour les socialistes. C’est la conviction du professeur Moussa Diaw, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’université Gaston Berger de Saint-Louis
L’après-Ousmane Tanor Dieng ne sera pas une mince affaire pour les socialistes. C’est la conviction du professeur Moussa Diaw, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’université Gaston Berger de Saint-Louis. «Déjà, le parti socialiste traversait une crise interne d’organisation et de reconstruction pour mettre en place des structures.
Préparer son retour au pouvoir, au fait, c’est ça l’objectif politique de tout parti politique. il y a des contestations à l’intérieur du parti. Ce sera très difficile pour Aminata Mbengue Ndiaye et Serigne Mbaye Thiam de réconcilier le parti comme le souhaitait Ousmane Tanor Dieng», indique le politologue, joint par téléphone.
Le professeur Moussa Diaw de s’- expliquer : «parce que Khalifa Sall n’a pas bénéficié de soutien au moment où il avait ces difficultés judiciaires. il n’a pas ressenti cette solidarité de camarades ou de parti, de gens qui se battent pour sa sortie de prison. Si on regarde cette situation-là, ça complique les choses pour reconstruire le parti socialiste. En tout cas, ce sera difficile pour ces deux personnalités-là de reprendre l’appel de Tanor pour mobiliser les autres autour d’un enjeu. il y a eu une telle fracture, et je ne crois pas que ces leaders soient à la hauteur des ressources nécessaires pour appeler à une mobilisation autour d’enjeux».
Selon lui, «ce contexte n’est pas très favorable». Mais, il souligne que «si Khalifa sall sortait de prison, peut-être là, la discussion peut se faire». «En tout cas, il y a une démocratie qui est instaurée au niveau du parti. Qu’on respecte les règles démocratiques. Rassembler tous les leaders est indispensable. et l’appel qui sera lancé serait un rappel mobilisateur. et il faudrait que cet appel-là soit entendu. On n’a pas senti au niveau des autres leaders une solidarité de parti. Ça n’a pas eu lieu», souligne le professeur Moussa Diaw.
Avant de renchérir : «et maintenant, est-ce que ces leaders-là sont dans des dispositions pour se retrouver, se faire pardonner et penser à l’avenir du parti pour sauver le parti ? Parce que le parti va avoir d’énormes difficultés. Parce que si jamais ce parti-là s’arrime davantage dans ce compartiment qui est la majorité présidentielle, à mon avis, il ne peut pas y avoir toute une dynamique pour reconquérir le pouvoir».
LES «LIONNES» CONNAITRONT LEURS ADVERSAIRES LE 29 JUILLET
En prélude à l’Afrobasket féminin qui se tiendra à Dakar du 9 au 18 août à Dakar aréna, l’équipe nationale féminine connaîtra ses adversaires de poule le 29 juillet lors du tirage au sort.
12 équipes vont participer à cette compétition : le Sénégal, le Nigéria, l’Angola, le Mali, la Tunisie, le Cap-Vert, le Kenya, l’Egypte, la Rd Congo, la Côte d’ivoire, le Cameroun, le Mozambique. Ces équipes vont être réparties en deux poules de 6 avec comme tête de série le Nigeria et le Sénégal.
Ainsi, les 4 meilleures de chaque poule se qualifieront pour le deuxième tour avec les matches à élimination directe. la finale se jouera le dimanche 18 août, ainsi que la petite finale, c'est-à-dire le match de classement ou 3e place. il faut rappeler que les protégées de Cheikh Sarr qui sont au nombre de 16 ont poursuivi leur préparation en chine du 13 au 22 juillet. Cette deuxième phase a duré 10 jours en terre chinoise a été marquée par des matches amicaux qui ont permis à l’entraîneur de peaufiner sa stratégie.
Pour la reconquête du titre continental, l’entraîneur des «lionnes» devra se séparer de 4 autres joueuses après les 8 premières recalées. 11 fois championnes d’Afrique depuis 1974, les «lionnes» n’ont plus soulevé le trophée continental depuis 2015 au Cameroun. Les sénégalaises ont raté la première place du podium en 2017 en concédant une défaite 46-65 face aux nigérianes en finale au mali.
Dans sa chronique de la semaine Pape Alé Niang dénonce la politisation de la Can-2019, l'arrestation de Guy Marius Sagna et parle de l'instauration d'un État policier. Le chroniqueur s'interroge sur la fragilisation de nos institutions. Bonne écoute.
LES AVOCATS DE MARCEL MENDY EXIGENT LA COMPARUTION DE HISSENE HABRE
Marcel Mendy a perdu la bataille de la procédure, dans le cadre de son procès pour diffamation l’opposant à Hissène Habré.
Marcel Mendy a perdu la bataille de la procédure, dans le cadre de son procès pour diffamation l’opposant à Hissène Habré. Car, hier, le tribunal correctionnel de Dakar a rejeté les exceptions de nullité soulevées lors de l’audience du 9 juillet dernier. Par conséquent, les juges ont ordonné la poursuite des débats. Mais ils ont renvoyé les plaidoiries au 27 août prochain, à la demande de la défense.
Seulement, les avocats du journaliste ne se sont pas limités à demander le renvoi. Ils exigent la comparution de l’ex-président tchadien incarcéré à la prison du Cap Manuel, suite à sa condamnation à la perpétuité par les Chambres africaines extraordinaires (Cae). Me Assane Dioma Ndiaye a demandé que Hissène Habré comparaisse à leurs frais. Cependant, d’après Marcel Mendy, “tout est envisageable’’, car, dit-il, “toutes les personnes susceptibles d’éclairer la lanterne du tribunal seront citées comme témoins’’.
A ce propos, ses conseils entendent citer Me Boucounta Diallo, le juge Demba Kandji, Ruth Broody de Human Right Watch. Car, justifie Marcel Mendy, “il y va de la liberté d’expression et du droit du public à l’information. Ce n’est même pas un essai que j’ai écrit, mais un livre d’histoire sur ce que j’ai vécu en tant qu’acteur et témoin depuis le début’’. L’ex-homme fort de N’Djaména accuse le journaliste de l’avoir diffamé à travers son livre intitulé “Affaire Habré : Entre ombres, silences et non-dits’’. Il juge que certains passages constituent de la diffamation et des injures publiques.
Pour la réparation, le plaignant réclame la somme de 200 millions de francs Cfa à Marcel Mendy et Lamine Guèye de la maison d’édition Sarl Les Mamelles d’Afrique. Les avocats du prévenu voulaient l’annulation de la procédure, au motif que M. Mendy est protégé par l’immunité dont bénéficient les membres des Cae. Il s’y ajoute, selon leur argumentaire, que Hissène Habré est déchu de ses droits civils, du fait de sa condamnation. Mais le président Amath Sy et ses assesseurs jugent les exceptions mal fondées.
GUY, L’INCARCÉRATION À TOUT PRIX
Chercherait-on à faire taire le remuant activiste, que l’on ne s’y prendrait pas autrement ? Ses avocats répondent par l’affirmative ; et les ‘‘abus’’ dans les procès pour terrorisme ne militent pas en faveur de la poursuite
Chercherait-on à faire taire le remuant activiste de Frapp-France dégage et de la plateforme Aar Li Nu Bokk, Guy Marius Sagna, que l’on ne s’y prendrait pas autrement ? Ses avocats Mes Moussa Sarr et Amadou Sow répondent par l’affirmative ; et les ‘‘abus’’ dans les procès pour terrorisme ne militent pas en faveur de la poursuite.
Vendredi 19 juillet 2019. Alors que le Sénégal et les Sénégalais n’avaient d’yeux que pour Sénégal-Algérie comptant pour la finale de la Can, une autre page du destin carcéral mouvementé de l’activiste Guy Marius Sagna se jouait à la cave du tribunal de Dakar. Il était mis sous mandat de dépôt pour ‘‘fausse alerte au terrorisme’’... après avoir été interpellé trois jours plus tôt par la gendarmerie de Colobane. ‘‘En moyenne, Guy Marius Sagna est convoqué deux fois par mois dans les locaux d’une police ou d’une gendarmerie. En moyenne, il passe 48 heures de détention par mois, depuis près de six mois. Maintenant, si on en arrive à cet extrême de lui imputer des faits qu’il n’a pas commis, on est dans une situation extrêmement regrettable’’, déplore son avocat Me Amadou Sow au téléphone d’’’EnQuête’’.
En attendant le face-à-face, encore indéterminé, avec un juge d’instruction, l’activiste du Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (Frapp/ France dégage) et de la plateforme Aar Li Nu Bokk risque de faire les frais de son engagement pour la cause citoyenne. Le grief contre M. Sagna a été flou, au début de l’affaire, le 16 juillet 2019, entre ses commentaires sur les défaillances du système de santé publique, après la mort de Tanor Dieng la veille, ou le communiqué de Frapp/France dégage accusant la France de ‘‘préparer un attentat terroriste’’ au Sénégal. C’est ce délit qui a été retenu, visé par l’article 429 bis de la loi 2016-29 du 8 novembre 2016 : ‘‘Celui qui, par un moyen ou procédé quelconque, communique ou divulgue une information qu’il sait fausse dans le but de faire croire à l’existence ou à l’imminence d’un attentat ou d’une explosion, d’une dégradation, détérioration ou menace, est puni d’un emprisonnement d’un an à cinq ans et d’une amende de 500 000 F à 2 000 000 de F’’.
L’argument défensif de son autre avocat, Me Moussa Sarr, consiste à démontrer l’inanité de l’accusation : ‘‘Le contenu de ce post n’est pas constitutif d’une quelconque infraction. Ça ne constitue pas une fausse alerte au terrorisme. Le post n’est rien d’autre qu’une analyse d’une situation, celle de la présence des forces françaises en Afrique de l’Ouest. Le mouvement (Ndlr : Frapp/France dégage) donne son opinion. Analyser une situation, ce n’est pas donner une information’’, affirme la robe noire. Mieux, il défend que ces propos n’auraient jamais dû quitter l’espace du débat des idées pour arriver éventuellement au prétoire. ‘‘Cette analyse relève de la liberté d’expression. On ne peut pas empêcher à des Sénégalais, des citoyens, des panafricanistes d’apprécier la présence militaire, culturelle, économique de la France. Qu’on soit d’accord ou pas. De là à judiciariser ce débat d’idées, ce n’est pas conforme. Si les gens ne sont pas d’accord avec cette analyse, qu’ils produisent un contre-argumentaire pour discuter sur le plan intellectuel, a fortiori donner une connotation pénale. Je la conteste énergiquement, vigoureusement’’.
Ces abus de la loi sur le terrorisme
Me Amadou Sow n’en mène pas large, quant à la démarche qui vaut à son client d’être privé de liberté. ‘‘Il fallait mettre Guy Marius Sagna à l’ombre. Tous les moyens étaient bons. C’est le dernier moyen qu’ils ont eu’’. Les précédents sur les affaires de terrorisme donnent à réfléchir. En 2016, pour lutter plus efficacement contre le terrorisme au Sénégal, certaines infractions ont été modifiées et de nouvelles ont été créées. La loi n°2016-29 du 8 novembre 2016 venait de naitre. Et comme dans toute législation antiterroriste, elle fait jaser, concernant notamment la garde à vue qui, en matière de terrorisme, peut être prolongée jusqu’à 12 jours, en dehors de tout contrôle juridictionnel. Une porte ouverte aux abus dont les exemples foisonnent avec des détentions préventives de plusieurs années. Le Canadien Saïd Ali Mouhamed et son co-prévenu sénégalais Mouhamed Gassama ont été écroués pour terrorisme et blanchiment de capitaux. Ils ont été blanchis par la justice sénégalaise, le 30 juillet 2015... après quatre années en prison. Après avoir tenu l’opinion en haleine pendant près de trois ans, l’issue de l’affaire Alioune Ndao laisse également perplexe sur l’état des libertés civiles. Accusé, en compagnie de 28 autres individus, des crimes d’association de malfaiteurs en relation avec des réseaux terroristes, acte de terrorisme, financement du terrorisme, apologie du terrorisme et blanchiment de capitaux, la poursuite s’est pourtant effondrée, au moment du verdict. Seize personnes, dont imam Ndao, sont acquittées.
L’imam Boubacar Dianko est le cas le plus illustratif, pour le record de longévité. Accusé de connivence avec le Mujao (Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest), le maître coranique a été incarcéré six longues années pour un procès qui aura duré moins de deux semaines (27 mars-10 avril 2019). Il sera acquitté par la Chambre criminelle spéciale. Dans le verdict rendu, les juges ont estimé ‘‘qu’il y a des doutes sérieux quant à son affiliation avec le Mujao’’. Comme tous les accusés et acquittés de terrorisme, il a suffi aux magistrats moins de temps que la détention pour arriver à la conclusion que ces individus sont trop chargés par les procès-verbaux (Pv) d’enquêtes préliminaires. L’étudiant Ousseynou Diop et l’élève Saër Kébé font également partie du lot. Incarcérés pendant quatre ans pour apologie (en plus d’acte de terrorisme pour le second), ils ont été blanchis de ces accusations, à l’issue de leur procès. Tous les deux se sont retrouvés avec une condamnation de 3 mois assortis du sursis pour menace, après 4 ans de détention pour le premier et 38 mois pour le second.
Me Sarr : “Il n’y a pas d’infraction.’’
Le cas de Guy Marius Sagna n’est pas comparable, pour autant. La fausse alerte est un délit en principe et devrait être jugée en correctionnelle et non en criminelle. Mais la défense de Guy exclut l’idée même qu’elle passe en juridiction de jugement. ‘‘On va batailler pour obtenir un non-lieu, car il n’y a pas d’infraction’’, défend Me Sarr. L’autre robe noire chargée de sa défense trouve également que les procédés utilisés démontrent d’une envie de mettre son client à l’ombre. ‘‘Dans un premier temps, ils l’ont détenu dans les locaux de la gendarmerie sur des post qu’il aurait faits. On se rend compte que ses post ne constituent pas des infractions à la loi pénale et qu’après on essaie de redresser la barre, en trouvant une autre infraction sur la base de faits qui n’existent pas encore et qui ne sont pas prouvés par la gendarmerie’’. Comme le ‘‘Patriot Act’’ aux Usa, le prolongement de l’Etat d’urgence en France après les attentats terroristes de 2017 ou la récente loi sur la divulgation de l’information sécuritaire au Burkina Faso, le Sénégal est à se poser la question de savoir si les libertés publiques seront délaissées à l’autel de la guerre contre le terrorisme. ‘‘Le Sénégal ne doit pas sacrifier les droits humains au nom de la lutte contre le terrorisme. La prévention du terrorisme dont il a été question tout au long du Forum paix et sécurité de Dakar va et doit aller de pair avec la protection et le respect des droits humains’’, avançait François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International, au lendemain de l’adoption de la loi 2016-29. ‘‘Les libertés sont le socle d’une démocratie. Qui parle de démocratie parle de liberté d’expression, d’échanges entre citoyens et donc de contradictions. Les actes qu’a posés Guy Marius sont entachés de liberté d’expression et de contradiction entre habitants d’un même Etat’’, conclut le conseil de Sagna, Me Sow.
Seydi Gassama : ‘‘Il faut l’emprisonner à tout prix.’’
Devenu la figure de proue d’une contestation civile sénégalaise, GMS tente de vitaminer un mouvement citoyen sur les rotules. Le natif d’Etomé (Ziguinchor) semble avoir signé un contrat à séjour irrégulier au violon. Après en avoir fait voir de toutes les couleurs au régime précédent, en tant que coordonnateur du M23 à Tamba, il récidive avec le ‘‘Macky’’. En mai 2018 (et bien avant), il séjournait derrière les barreaux, après un mouvement de soutien apporté pour la énième fois aux animateurs polyvalents qui exigeaient la concrétisation d’une formation devant leur permettre d’intégrer l’Education nationale. Avant cela, il a été interpellé moult fois : lors de la manifestation contre l’autoroute à péage, pour avoir brûlé la bâche de la ‘‘profanation’’ de la place de l’Europe à Gorée, lors du vote contre la loi sur le parrainage, pris dans le panier à salade de la police pour avoir tenu une manif interdite de son front anti-Ape, malmené lors du vote sur le parrainage électoral, rudoyé par les forces de l’ordre lors de l’expulsion de Kémi Séba. Plus récemment, les contestations préélectorales et les rassemblements d’Aar Li Nu Bokk pour la transparence dans les contrats gaziers lui ont donné l’occasion de savonner la planche aux autorités. Toutes choses qui font dire à son avocat, Me Amadou Sow, qu’‘‘il n’y a jamais eu de chefs d’accusation solides qui tiennent à l’endroit de Guy Marius Sagna. S’il y en avait, on ne parlerait pas de cette fausse alerte’’.
Dans le cas présent, l’accusation pourrait être affaiblie par le fait que Guy n’est pas le président de l’association responsable des propos incriminés et n’était pas présent à la conférence. ‘‘Il n’est pas président de Frapp/France dégage, il n’était pas présent à la conférence de presse où les propos à lui imputés ont été tenus. Mais il faut l’emprisonner à tout prix. Il est le leader de la contestation née du reportage de la Bbc sur le pétrole et le gaz sénégalais’’, a twitté hier le directeur exécutif d’Amnesty Sénégal, Seydi Gassama. ‘‘Le mouvement a analysé cette situation et a donné son opinion. Et Guy n’était même pas sur le présidium et n’a pas pris la parole. Le considérer comme une ‘information fausse’ relève d’une erreur d’appréciation manifeste. La qualification juridique qui est donnée n’est pas appropriée, elle n’est pas conforme du tout. Il n’y aucune infraction, aucune fausse alerte. On n’est pas dans le domaine de l’information, mais du débat d’idées’’, renchérit Me Moussa Sarr.
"TROP DE CHEFS D'ÉTATS AFRICAINS SE CROIENT IRREMPLAÇABLES"
Le milliardaire iconoclaste soudanais, Mo Ibrahim, ne cache pas son antipathie vis-à-vis des dirigeants qui s’éternisent à la tête de leurs pays
« Trop de chefs d’État africains se croient irremplaçables et veulent rester éternellement au pouvoir, au mépris des lois et des institutions ». Cette phrase forte est du milliardaire anglo-britannique, Mohamed « Mo » Ibrahim, lors d’une interview accordée au magazine panafricain Jeune Afrique, dans sa parution de cette semaine. D’une froideur indicible, l’homme d’affaire critique avec véhémence certains dirigeants et systèmes politiques de plusieurs États africains, y compris le Soudan, son pays d’origine. À propos, il se satisfait du renversement de l’ancien président Omar el-Béchir dont le « régime islamiste était corrompu de toutes parts ». Pour lui, « cela a été merveilleux », dit-il, « en Algérie comme au Soudan, des gens se sont levés pour dire qu’ils en avaient assez. Je n’ai pas été surpris, parce que cela était devenu inévitable, mais j’ai été impressionné par la maturité politique des manifestants ».
Il ajoute que si les nouvelles autorités de Khartoum se montrent incapables de « juger » Béchir, « il faudra l’envoyer devant la Cour pénale internationale (Cpi) ». S’agissant de la République démocratique du Congo (Rdc), « Mo » considère que l’élection du 30 décembre 2018 « est une honte », estimant que « le vrai vainqueur, Martin Fayulu, a été écarté ». Dans le même ordre d’idées, l’anglo-soudanais prétend que « Joseph Kabila a choisi son président en la personne de Félix Tshisekedi et il continue de contrôler bon nombre de leviers du pouvoir, notamment le sénat ». Au Bénin, Patrice Talon en prend pour son grade car « il s’est transformé en dictateur », observe avec déception l’homme d’affaires.
Les bons grains
Néanmoins, tout n’est pas sombre en Afrique, à en croire Mo Ibrahim. Il salue au passage la gouvernance menée en Côte d’Ivoire par Alassane Ouattara qui « a vraiment fait du bon travail ». À ses yeux, le Rwanda de Paul Kagame fait partie des pays « qui affichent les meilleures performances économiques ». La particularité de ces deux pays est qu’ils ont connu une longue période de crise. Allusion faite ici à la guerre civile en Côte d’Ivoire et le génocide rwandais de 1994. Mais dans l’ensemble, le tableau n’est pas très reluisant en Afrique. Ce d’autant plus que « beaucoup de présidents tentent de faire de bonnes choses, mais choisissent les mauvais moyens pour parvenir à leurs fins », relève celui qui a bâti sa fortune dans les télécommunications. Il regrette par ailleurs « que de très vieilles personnes président encore aux destinées de ce continent ». Raison sans doute pour laquelle en douze ans, seulement cinq anciens chefs d’État se sont vus décerner « le prix Ibrahim pour la bonne gouvernance ».
Né en Nubie, au Soudan, en 1946, Mohamed Ibrahim mène sa s’est établi à Londres depuis 1974, d’où sa nationalité britannique. Avec une fortune estimée à 1,1 milliard de dollars (près de 980 millions d’euros), selon le magazine britannique Forbes, Mo est un ingénieur en électronique, pionnier du réseau de la téléphonie mobile en Europe et en Afrique, à travers sa société Celtel International. En 2006, il crée la Fondation Mo Ibrahim pour soutenir la bonne gouvernance et le leadership de qualité sur le continent africain. Ce richissime homme d’affaires à une vision immatérialiste et éphémère de la vie. D’où son proverbe fétiche : « les linceuls n’ont pas de poche. Tu nais nu, tu mourras nu. Une chose est sûre : je n’emmènerai pas ma Mastercard dans la tombe ! ».