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4 août 2025
LE PDS VEUT RESERRER SES RANGS
Abdoulaye Wade demande aux responsables et militants de mettre partout des Comités Electoraux suffisamment larges et démocratiques pour éviter des mécontentements dans la perspective des élections locales - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du PDS, signé d'Abdoulaye Wade et reçu ce 13 juillet 2019, appelant ses militants à se mobiliser en prélue aux prochaines échéances électorales.
"En ces heures où Macky Sall, assailli de tout bord, cherche à éviter d’être englouti par la vague de mécontentement populaire, il distribue beaucoup d’argent pour déstabiliser les adversaires notamment le PDS qui est la formation politique la plus populaire. D’où le présent communiqué.
En direction des prochaines élections locales le Secrétaire Général National du PDS Maître Abdoulaye Wade demande aux responsables et militants de mettre partout des Comités Electoraux suffisamment larges et démocratiques pour éviter des mécontentements.
Dans la construction nationale, la Commune est la cellule sociale de base directement gérée par le peuple. Aussi doit-elle être, pour cette raison, gérée démocratiquement.
Le Comité Electoral comprendra 11, 21 ou 31 membres.
Le Parti, incontestablement largement majoritaire dans le pays, a la volonté de gagner le maximum de communes.
Les listes doivent être PDS homogènes, c’est-à-dire, le Parti doit avoir sa propre liste.
Vous pouvez néanmoins nouer des alliances locales avec des partis qui peuvent vous apporter quelque chose et acceptent de rentrer dans nos listes contre un nombre de sièges à négocier.
Je demande aux militantes et aux militants de s’attacher dès à présent à la tâche pour une victoire sans bavure sur toute l ‘étendue du territoire."
par Cheikh Tidiane DiEye
SORTIE DE PISTE DU PROCUREUR
Ce que fait le procureur n’est pas une enquête judiciaire. Son objectif, écouter accusé et accusateurs avant de les renvoyer dos à dos en disant "c’est votre parole contre la sienne"
Je n’attends rien de la procédure ouverte par le Procureur. La raison est simple. Il a fait deux choix qui enlèvent, à mon avis, toute crédibilité à sa démarche. Il a choisi d’être le Procureur du pouvoir et non celui de la République. C’est sa liberté. Mais c’est aussi ma liberté de refuser de croire en son action, jusqu’à ce qu’il me prouve que je me trompe.
Il a fait le choix d’une procédure pénale inhabituelle, aléatoire et complexe, peut-être même différente de celle qui figure dans nos lois et règlements. Dans l’affaire Aliou Sall et consorts, il y a des accusés, même si, c’est ma conviction, on doit leur accorder la présomption d’innocence jusqu’à ce que leur culpabilité soit établie.
Il y a eu des accusations qui datent de bien avant le reportage de la BBC, des enquêtes menées, bouclées et portées à son attention par l’OFNAC depuis belles lurettes, ainsi que des preuves de transfert d’argent entre un compte domicilié à l’étranger et la société Agritrans appartenant à Aliou Sall. Ces opérations ont été révélées au monde entier par le documentaire de la BBC, document à l’appui. A t-il saisi la banque et la Centif pour retracer ce virement de 250.000 dollars afin de retrouver sa provenance, sa raison?
A cela s’ajoute le fameux Rapport de l’Inspection Générale d’État, qu’ils disent ne pas avoir reçu, sept ans après son dépôt, alors que même les vendeurs du coin de la rue l’ont par devers eux.
Toute enquête sérieuse devrait partir de ces éléments. Une enquête se fait sur la base de charges précises . Si on n’a pas assez d’informations pour viser une personne, on peut ouvrir une enquête contre X. Mais considérer que tout le monde est témoin, y compris ceux qui sont accusés et ceux dont les noms ou les actes ont été formellement cités dans des rapports en sa possession, c’est une parodie et justice et un simulacre de procédure pénale.
On n’a pas besoin d’être un expert pour savoir qu’en ouvrant une enquête, le procureur est presque tenu de nous dire ce qu’il cherche et vers qui ou quoi il oriente ses recherches.
Ce que fait le procureur n’est pas une enquête judiciaire. C’est une investigation politique et sociale. Son objectif, écouter accusé et accusateurs avant de les renvoyer dos à dos en disant » c’est votre parole contre la sienne. »
On voit bien où il va. Ça saute aux yeux. Mais ne sait-il pas que les temps où l’on pouvait tout cacher, tout le temps, à tout le monde sont révolus.
par Abdoul Mbaye
AU SUJET DU PROJET « LIBERTY »
On a en effet peut être trop misé sur le projet de 300 MW au gaz, proposé par une société créée après avril 2012, n’ayant jamais réalisé de centrale électrique, et traînant déjà un contentieux aux Etats-Unis
Le texte ci-dessous est tiré du livre "Servir" de l'ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, paru en 2014 chez Didactika.
Le programme de mise en œuvre de la stratégie nouvelle en matière d’électricité accuse peut-être quelques lenteurs à la fin août 2013. Mais la bonne direction est prise, et l’option consistant à privilégier les projets se dénouant le plus rapidement est respectée, tout en essayant de conserver une marge de sécurité significative entre la production et la consommation maximale projetées.
Sous la préoccupation de la priorité à donner aux projets susceptibles d’entrer le plus rapidement en production, la solution qui avait ma préférence n’a pas été retenue. Il s’agit de la proposition « Sénégal 500 » reçue de la société américaine «General Electric» (GE). Elle consistait à mettre en place au Sénégal un « Power Park » de 500 MW d’ici 2018, dont 240 MW rendus disponibles dès 2015.
Cette solution porte mes faveurs pour plusieurs raisons :
Elle est conforme à l’option stratégique forte de laisser la production à des investisseurs privés concluant avec la SENELEC des contrats d’achat d’énergie.
Du haut de son chiffre d’affaires annuel de près de 75 000 milliards FCFA, le maître d’œuvre de l’investissement est une des plus grandes entreprises mondiales. Les risques de non réalisation et de non respect des délais sont donc faibles. En outre GE se fait fort de réaliser le «Power Park» et de trouver les investisseurs qui en seront propriétaires. Le modèle proposé est donc « clés en main ». Son représentant pour le Sénégal, me rend d’ailleurs visite avec le premier des trois opérateurs qui devront être retenus.
Le concept de « Power Park » repose sur la recherche d’un optimum par lequel plusieurs centrales de production d’électricité partage une série d’équipements communs, ce qui permet une économie d’échelle, et donc une baisse du coût du projet de 30 %. La production d’électricité se ferait à partir de gaz naturel liquéfié (GNL) ou compressé, en conformité avec le projet de mix retenu par le Sénégal. C’est de l’énergie propre, et l’avenir des prix du gaz pousse à l’optimisme.
Il est annoncé possible d’obtenir un soutien du fonds mis en place par le Président Barack OBAMA « Power for Africa », lequel n’a pas encore de bénéficiaire francophone. Ce fonds permettra le financement sous forme de don d’une partie des frais d’étude et de mise en œuvre du projet jusqu’à un montant de 35 milliards FCFA. Cela amoindrira d’autant le montant de l’investissement initial, et donc le prix de vente du KWh à la SENELEC.
En même temps que je propose de soumettre au Président OBAMA en visite au Sénégal le projet et la requête de recours au fond «Power for Africa», j’attire l’attention sur certains promoteurs qui pourraient nous faire lâcher la proie pour l’ombre. On a en effet peut être trop misé sur le projet « Liberty » de 300 MW au gaz, proposé par une société créée après avril 2012, n’ayant jamais réalisé de centrale électrique, et traînant déjà un contentieux aux Etats-Unis. De plus les projets charbon de notre plan stratégique accusent des retards qui pourraient s’allonger. Enfin, les pays de la sous-région prétendant à l’émergence ont retenu cette option puisque le Nigeria (10 000 MW), le Ghana (1 000 MW) et la Côte d’Ivoire (1 000 MW) se sont engagés par MOU dans la solution Power Park de GE.
Je garde de ce dossier un sentiment de belle opportunité ratée.
par Chérif Salif Sy
DU FCFA À L'ÉCO, BRÈVE HISTOIRE D'UNE MONNAIE CONTROVERSÉE
Il ne fait pas de doute que tourner la page d’un franc CFA aux accents coloniaux a une portée symbolique forte - Si l’avenir économique de l’éco reste incertain, sa motivation politique est là pour durer
Alternatives-Économique |
Chérif Salif Sy |
Publication 13/07/2019
Créée en 1975, la Cédéao regroupe aujourd’hui quinze pays totalisant 300 millions d’habitants, dont 180 pour le seul Nigeria, poids lourd de la zone. Un projet de monnaie unique autour de ces quinze pays conduirait à la suppression de la domination française par l’intermédiaire du franc CFA. Analyse.
Un projet qui remonte loin
Le projet de création d’une zone monétaire unique de la communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) est un projet politique. Il participe de la vision d’une Afrique unie, dont l’esquisse a très tôt été tracée par les fondateurs de l’organisation de l’Unité Africaine.
C’est en 1983 que les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté vont entreprendre de nombreuses initiatives dans le but de créer une zone monétaire unique en Afrique de l’Ouest. Ils manifestaient ainsi une ferme volonté de solutionner les problèmes de paiement qui minent la Cédéao et qui résultent de la divergence des zones monétaires dans la région (certains partagent le franc CFA d’autres non). Ainsi est prise la décision, le 1er juin 1983, de la création de la monnaie unique de la Cédéao à Conakry, en République de Guinée.
Après des années d’immobilisme, c’est seulement en 1999, à Lomé, au Togo, au vingt deuxième sommet de la Conférence des Chefs d’état et de gouvernement de la Cédéao, qu’une stratégie dite « approche accélérée de l’intégration », est formulée. Cette stratégie vise la construction rapide d’une zone monétaire unique en Afrique de l’Ouest sur une base plus large. Ce « fast track » visait à faire converger d’abord les pays non-CFA vers une monnaie unique, ensuite de fondre le FCFA et cette nouvelle monnaie. Elle a été abandonnée en 2014 parce qu’elle prenait trop de temps.
Le 24 octobre 2017, lors d’un sommet à Niamey, le président nigérien Mahamadou Issoufou suggère la mise en « circulation à partir de 2020 » d’une monnaie unique au sein des pays de la Cédéao « qui sont techniquement prêts », suivant le modèle européen avec l’euro. « L’adhésion » des autres États pourrait se faire « au fur et à mesure », a-t-il dit. Une proposition reprise dans le communiqué final.
Selon Marcel De Souza, président de la Commission de la Cédéao, « la feuille de route n’a pas été mise en œuvre vigoureusement. De 2012 à 2016, aucun de nos pays n’a pu respecter de manière continue les critères » du programme de convergence macroéconomique. « L’harmonisation des politiques monétaires » entre les huit monnaies de la Cédéao, qui devait précéder la monnaie unique n’est pas faite et l’institut monétaire, prélude à une Banque centrale commune, n’a pas vu le jour, a-t-il tenu à clarifier.
Finalement, c’est le sommet des chefs d’Etats du samedi 29 juin 2019, à Abuja, au Nigeria, qui décide de l’adoption définitive du nom de la future monnaie commune à la communauté économique, l’éco, un nom préféré à ceux d’Afri et de Kola qui avaient pourtant la faveur du public, appelé à se prononcer. En revanche, le symbole et l’iconographie qui apparaîtront sur les billets ne font pas encore consensus. L’entrée en vigueur de la monnaie est en théorie prévue pour 2020.
L’éco arrive
Le taux de change de l’éco sera flexible. La monnaie évoluera en fonction d’un panier de devises, ce qui signifie que le taux de change changera au gré des marchés, comme l’euro ou le dollar. Autre point commun avec la monnaie unique européenne, la politique monétaire serait centrée sur la maîtrise de l’inflation. La future banque centrale sera fédérale, ce qui permettra à chaque pays d’y avoir voix au chapitre.
Ces décisions ont sans doute pesé dans la balance, au point d’emporter l’adhésion du Nigéria, sceptique jusque-là. Il reste aux chefs d’Etat de convaincre qu’ils sont capables de prendre le problème de la convergence à bras le corps et d’agir rapidement. Pour beaucoup, le lancement de l’éco, prévu en 2020, apparaît comme trop optimiste.
L’objectif de cette analyse n’est pas de discuter de considérations de techniques monétaires. Cela se fait déjà et sera poursuivi par par les techniciens en charge de ce sujet ainsi que des critiques. Il s’agit, étant donné le rôle et la place du franc CFA utilisé par la moitié des Etats de la Cédéao, de retracer brièvement d’histoire de cette monnaie dont le lancement de l’éco entraînera de facto, la fin.
Petits rappels sur le franc CFA
Née pendant la période coloniale, et toujours placée sous la tutelle du ministère français des Finances, la zone CFA impose l’obligation pour les pays africains, de déposer la moitié de leurs réserves de change auprès du Trésor français, et la présence de responsables français dans les instances de leurs banques centrales. Le franc CFA est arrimé à l’euro selon une parité fixe garantie par la France, ancien colonisateur de la région. Avec la création de l’éco, son abandon est vu comme un pari risqué par nombre d’analystes, mais serait un symbole politique fort.
Le FCFA a cours dans les pays suivant de l’Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo. La Zone franc est une réalité antérieure, à l’expression « Zone franc » qui apparaît pour la première fois en 1939 lorsque les décrets du 28 août, et des 1er et 9 septembre 1939, institue un strict contrôle des changes entre la France et ses colonies d’une part, et le reste du monde d’autre part. Il s’agissait ni plus ni moins de se protéger des déséquilibres structurels en économie de guerre.
Le franc CFA, « franc des Colonies Françaises d’Afrique » naît le 26 décembre 1945. Il devient le « franc de la Communauté Française d’Afrique » en 1958. Après les indépendances, il change encore de nom pour s’appeler « franc de la Communauté Financière d’Afrique » en Afrique de l’Ouest et « franc de la Coopération Financière en Afrique centrale » sur le territoire de la CEMAC.
L’accession des anciennes colonies françaises à l’indépendance est rapidement suivie de la signature d’accords bilatéraux de coopération monétaire entre la France et ses anciennes colonies. Ces dernières demeurent néanmoins libres d’émettre leur propre monnaie selon le texte. C’est la voie que choisissent le Mali de 1962 à 1984 et Madagascar en 1973. En Afrique de l’Ouest, le processus s’accompagne de la création d’une union monétaire, l’Union monétaire des Etats de l’Afrique de l’Ouest (UMOA) et de la signature concomitante des accords de coopération monétaire du 12 mai 1962 entre la France et les Etats de l’UMOA (à cette époque : Côte d’Ivoire, Dahomey (devenu Bénin), Haute-Volta (devenu Burkina Faso), Mauritanie, Niger, Sénégal), dits « accords de Matignon ».
Un ancrage institutionnel
Trois accords de coopération monétaire définissent l’esprit et les principes de la Zone franc dans les années 1970 :
accord de coopération entre la République française et les Républiques membres de l’UMOA du 4 décembre 1973 ;
convention de coopération monétaire entre les Etats membres de la BEAC et la République française du 23 novembre 1972 ;
accord de coopération monétaire entre la République française et la République fédérale islamique des Comores du 23 novembre 1979.
Pour les officiels, France et gouvernements, la révision des accords signés au moment des indépendances procède essentiellement d’un souhait des Etats africains de la Zone franc d’accroître leurs responsabilités dans le domaine économique et financier. Ce souhait se traduisant notamment par :
une réforme de la gouvernance des instituts d’émission ;
une « africanisation » du personnel et la mise en œuvre d’une politique de formation et de promotion des futurs cadres des instituts d’émission ;
le transfert des sièges des deux banques centrales (alors à Paris) en Afrique : à Yaoundé au Cameroun en 1977 pour la BEAC, et à Dakar au Sénégal en 1978 pour la BCEAO.
Le processus de formalisation et de renforcement des unions monétaires sous-régionales qui ont accompagné la signature d’accords de coopération monétaire rénovés avec la France, a contribué à construire l’architecture actuelle de la Zone franc.
En Afrique de l’Ouest, le Traité constitutif de l’UMOA, signé le 14 novembre 1973, renforce l’union monétaire établie en 1962. En Afrique centrale, les Etats de la Zone franc décident de constituer une union monétaire et signent un traité commun à Brazzaville, le 22 novembre 1972. Ce traité constitue l’acte de naissance de la BEAC. Il rassemble alors le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon et le Tchad.
Quatre principes fondamentaux constituent la charpente de la gouvernance du FCFA :
La garantie de convertibilité illimitée accordée par le Trésor français aux deux francs CFA et au franc comorien ;
La parité fixe avec le franc français puis l’euro ;
La libre transférabilité ;
La centralisation des réserves.
La mise en œuvre de ces principes se traduit par l’existence de « comptes d’opérations », sur lesquels les banques centrales africaines déposent une partie de leurs réserves de change (50 % aujourd’hui). Trois comptes d’opérations sont ouverts dans les livres du Trésor français, au nom de chaque banque centrale africaine. La garantie de convertibilité est amenée à jouer lorsque ces comptes deviennent débiteurs.
Plusieurs mesures préventives, prévues dans les conventions de compte d’opérations, doivent permettre d’éviter que ne se produise une telle situation. Les comptes d’opérations sont rémunérés (malgré certaines infirmations), et les avoirs extérieurs conventionnellement déposés sur ces comptes bénéficient d’une garantie de non dépréciation de l’euro par rapport au DTS (Droit de Tirage Spécial, panier de monnaie utilisé par le FMI), afin de garantir leur valeur.
Un projet politique
Il faut à la vérité de dire que les Africains opposés au FCFA et à sa gouvernance ne sont pas restés les bras croisés. Par leurs écrits, leurs ouvrages et les manifestations continuelles, ils ont bien pesé sur toutes ces décisions d’africanisation de l’institution. Pour huit des quinze pays concernés, l’éco remplacerait donc le franc CFA. Quel sera le plan de « divorce » avec la France, pays souvent décrié par le Nigéria ?
Il ne fait pas de doute que tourner la page d’un franc CFA aux accents coloniaux a une portée symbolique forte et serait la concrétisation d’un vieux rêve pour les militants anti-CFA et les panafricanistes. Mais ce choix, soumis aux dirigeants ouest-africains, paraît précipité et aurait des conséquences incertaines, qui pèseront pendant des décennies. Seul l’avenir nous le dira.
Dès le début des années 1960 les chefs d’Etat eux-mêmes ont commencé à sentir un profond malaise avec la gouvernance du FCFA. Ainsi, en 1966, Amani Diori, président du Niger est mandaté par ses collègues pour commanditer une étude sur la monnaie. C’est Samir Amin qui fut choisi pour ce travail. Son mandat était de « proposer une réforme adaptative du FCFA ». De même, Léopold Sédar Senghor dans Jeune Afrique du 7 juillet 1977 disait dans un article intitulé : « la monnaie CFA : une longue histoire entre Maître et Esclave », je le cite, « aujourd’hui on est colonisé et on ment au Peuple en disant qu’on est libre ». Abdou Diouf qui avec les autres chefs d’État de la CEAO, a signé la déclaration pour la création de la monnaie ouest-africaine, se contentera de dire « comme tous ces gens, je suis opposé à la gouvernance de la monnaie par le trésor français» ! Si l’avenir économique de l’éco reste incertain, sa motivation politique est là pour durer.
Chérif Salif Sy est directeur général du Cabinet Chérif Salif SY/International Consulting Services (C2S/ICS) et directeur du Forum du Tiers-monde (FTM)
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POURQUOI IL N'Y AURA PAS DE MONNAIE UNIQUE DE LA CEDEAO EN 2020
Monnaie unique en 2020: utopie ou réalité ? L'économiste et homme politique ivoirien Mamadou Koulibaly, explique comment le CFA est repeint aux couleurs de la future monnaie unique Éco, sans changement de mécanisme
Monnaie unique en 2020 : utopie ou réalité ? Le décryptage tant attendu de Mamadou Koulibaly après le sommet des chefs d’Etat de la Cedeao et la déclaration de Ouattara à l’Elysée. Il explique comment le CFA est repeint aux couleurs de la future monnaie unique eco, sans changement de mécanisme.
"CE N'EST PAS GIRESSE CONTRE CISSÉ"
"Ce n'est pas Alain Giresse contre Aliou Cissé, c'est la Tunisie contre le Sénégal", a assuré samedi le sélectionneur des Lions Aliou Cissé, avant d'affronter, dimanche en demi-finale de la CAN, celui qu'il a remplacé en 2015
"Dans le foot, on se connaît tous, c'est une grande et une petite famille à la fois.Alain connaît très bien le Sénégal, mais nous aussi, on connaît bien la Tunisie", a expliqué le coach aux dreadlocks depuis Le Caire.
L'ancien défenseur du Paris SG a pris ses fonctions après la CAN-2015, conclue par une élimination dès la phase de poules, qui a scellé le sort du technicien français deux ans après son arrivée.
"Si le match se résumait à la connaissance que j'ai des joueurs, ce serait une bonne chose.Mais la réalité est toute autre.La connaissance et les relations sont une chose, c'est le terrain qui est le plus important", a estimé le coach des Aigles de Carthage plus tôt dans la matinée.
"C'est assez spécial de se retrouver de l'autre côté.C'est un esprit personnel, mais qui ne concerne que moi.Ca ne rentre pas en compte dans la préparation des joueurs tunisiens", a-t-il poursuivi.
En Egypte, les deux hommes tiennent leur feuille de route: Cissé a ramené le Sénégal dans le dernier carré pour la première fois depuis 2006, quand Giresse a mis fin à une attente de 15 ans des Tunisiens.
"J'ai pris conscience de ce que ça représente d'aller en demi-finales, il y avait un côté obsessionnel.C'est un soulagement, mais pas une fin en soi", a expliqué l'ancien joueur de Bordeaux.
Le Sénégal, meilleure nation africaine au classement Fifa, part favorite avec sa star Sadio Mané en attaque.Une victoire lui dégagerait la voie vers la finale, contre le Nigeria ou l'Algérie, et le premier titre de son histoire dans la compétition.
"Nous sommes près du but, dans la mesure où nous sommes en demies.En étant arrivé à ce niveau-là, on a de l'espoir.Mais nous savons que le plus dur est à venir", a tempéré Cissé."Nous espérons que cette année sera la bonne.On est à deux pas, c'est à la fois long et court."
"ON VEUT DONNER CE TROPHÉE AU SÉNÉGAL"
Un des meilleurs Lions depuis le début de la CAN avec le Sénégal, Idrissa Gana Guèye parle de sa Coupe d’Afrique et de son ambition pour la victoire finale dans cet entretien exclusif
Un des meilleurs Lions depuis le début de la CAN avec le Sénégal, Idrissa Gana Guèye parle de sa Coupe d’Afrique et de son ambition pour la victoire finale dans cet entretien exclusif avec RFI. Ramener la Coupe à Dakar reste son objectif et même les infos sur son possible transfert au PSG ne semblent pas le détourner de son but ultime…
Idrissa Guèye, en 2006, le Sénégal jouait sa dernière demi-finale de la CAN. Vous vous souvenez de l’endroit où vous étiez ?
Oui je m’en souviens, j’étais à Diambars dans mon centre de formation. On avait regardé le match avec mes coéquipiers. Cela ne s’était pas bien terminé pour le Sénégal (défaite 2-1 face à l’Égypte future vainqueur). On était de vrais supporters et on aurait aimé voir le Sénégal aller en finale, mais malheureusement, on s’est fait éliminer. Tout le monde était triste, mais c’était le sport, même si cela reste des souvenirs douloureux pour nous qui avions 16 ans.
Maintenant, vous voilà à deux matches du titre de champion d’Afrique avec le Sénégal. Qu’est-ce que vous voyez quand vous regardez les adversaires qui restent pour le Sénégal (Tunisie, Nigeria, Algérie) ?
Depuis le début, notre objectif était de venir ici et de gagner le trophée. Après peu importe l’équipe contre laquelle on allait jouer. On n’est pas venu ici pour faire des calculs. On est prêts à affronter tout le monde, et le plus important, c’est de se concentrer sur notre équipe, sur ce qu’on veut faire et jusqu’où on veut aller. Essayer d’améliorer notre jeu, d’apprendre de nos erreurs et ne pas croire qu’on y est déjà. Il reste encore un match avant la finale qu’il faudra bien préparer.
«Giresse nous a beaucoup apporté»
Vous avez fait un beau parcours jusqu’aux demi-finales à part la défaite face à l’Algérie (1-0) au premier tour. Avec le recul, cette défaite a-t-elle fait plus de bien que de mal au Sénégal ?
C’est une bonne leçon qu’on a prise ce jour-là parce que tout le monde nous voyait comme des favoris capables de battre n’importe quelle équipe et ce jour-là, on a vu qu’on n’était pas encore prêts et qu’il fallait se remobiliser, travailler encore plus si on voulait atteindre nos objectifs.
Retrouver les Algériens en finale, c’est quelque chose qui vous plairait d’autant que vous étiez blessé pour cette rencontre du premier tour ?
(Rires) On va déjà parler du prochain match contre la Tunisie, après on verra contre quelle équipe on va jouer si on passe. Après, on pourra parler de l’Algérie si on se retrouve en finale.
Justement comment vous trouvez la Tunisie, votre prochain adversaire ?
La Tunisie a toujours eu une bonne équipe et de bons joueurs, donc, il ne faut pas les sous-estimer. Le plus important pour moi vraiment, c’est mon équipe. Je ne suis pas là pour parler de la Tunisie.
Un mot sur Alain Giresse, l’entraîneur de la Tunisie et qui a été votre sélectionneur au Sénégal. Quels souvenirs vous gardez de lui ?
De très bons souvenirs malgré l’élimination lors de la CAN 2015. C’est un coach qui nous a beaucoup apporté, on est toujours restés en contact malgré tout ce qui s’est passé. Humainement, c’est quelqu’un de bien qui est respectueux envers ses joueurs et qui se bat pour ses joueurs.
Qu’est-ce que la Coupe du monde 2018 a apporté au Sénégal dans la gestion que vous avez eue de cette Coupe d’Afrique des Nations ?
Cela nous a permis de grandir et de savoir qu’on ne gagne pas un match sans l’avoir joué. Tout le monde pensait qu’on allait passer en huitièmes de finale à la Coupe du monde et on s’est éliminé à la dernière minute pour une histoire de cartons jaunes. Maintenant, cela nous pousse à rester concentrés du début à la fin, de prendre les matches l’un après l’autre sans se projeter.
«Le PSG ? Je suis concentré sur ma compétition»
Cela fait un mois et demi que vous êtes ensemble. Cela commence à peser l’absence de la famille, des proches, où vous êtes entièrement dans votre bulle ?
C’est vrai que c’est compliqué d’être entre hommes et de ne pas voir sa famille, mais on est là pour un objectif, tant qu’on est sur notre chemin, on est concentré. On ne se laisse pas distraire, on est déterminé à aller jusqu’au bout. Après on aura le temps de bien se reposer et de bien profiter de notre famille.
Quand on regarde votre parcours de Diambars à Everton en passant par Lille et la sélection, on remarque que vous êtes en progression constante…
J’essaye toujours de faire le maximum pour continuer à progresser, peu importe dans quelle équipe je suis. J’essaye d’apporter ma contribution et mon expérience à l’équipe. C’est vrai qu’avec l’équipe nationale, c’est différent parce que je suis amené à jouer plus haut.
Justement, plus haut en sélection et plus en sentinelle en club, vous êtes à l’aise dans ces deux postes ?
Oui je suis à l’aise, cela reste du football. Je suis là pour aider mon équipe aussi, donc si le coach estime qu’en jouant plus haut, je suis plus utile à l’équipe, je suis prêt à tout faire pour le satisfaire.
Le dossier de votre transfert resurgit avec le PSG qui revient à la charge selon le journal L’Équipe. Qu’est-ce que vous en dites ? Vous y pensez ?
Je n’ai pas lu L’Équipe, mais on m’en a parlé. Là, je suis entièrement concentré sur ma compétition. On aura le temps d’en reparler après si c’est toujours là.
Ça vous intéresse toujours le PSG ?
(Rires) Je ne peux pas en parler là. Encore une fois, je suis concentré sur ma compétition.
Qu’est-ce que cela vous apporterait ce trophée continental pour la suite de votre carrière ?
Je ne peux même pas l’imaginer. Mais je ne pense pas à la suite de ma carrière, je pense à la joie que cela va apporter au pays. C’est un objectif qu’on a depuis longtemps, on veut bien faire et donner ce trophée au pays.
DU 9 AVEC MANÉ
Avec les probables absences de Mbaye Niang et Mbaye Diagne, Aliou Cissé devrait trouver une alternative à la pointe de l’attaque des Lions. Du coup, avec sa polyvalence, Sadio Mané pourrait jouer au dépanneur
Avec les probables absences de Mbaye Niang et Mbaye Diagne demain contre la Tunisie, Aliou Cissé devrait trouver une alternative à la pointe de l’attaque des Lions. Du coup, avec sa polyvalence, Sadio Mané pourrait jouer au dépanneur, comme il le fait si bien à Liverpool à ce poste d’avant-centre.
Les forfaits se multiplient dans le camp des Lions dans cette 32e édition de la Coupe d’Afrique des Nations. Pas une journée ne passe sans que le staff médical n’enregistre un blessé. A la veille de la demi-finale face à la Tunisie, les nouvelles ne sont pas bonnes pour l’attaquant de Rennes, Mbaye Niang, qui boîte vers le forfait.
Titulaire au front de l’attaque depuis le début de la compétition, l’avant-centre des Lions souffre de la cuisse, selon certaines sources proches de la Tanière. D’ailleurs, il n’était pas présent lors de la séance d’hier.
S’il n’a toujours pas ouvert son compteur pour sa première campagne africaine, Mbaye Niang reste un élément important dans le schéma tactique du sélectionneur Aliou Cissé. Ce dernier l’a d’ailleurs souvent rappelé à chaque fois qu’il a été interpellé sur le rendement du Rennais. Une absence qui risque de modifier les plans du sélectionneur. Surtout si on sait qu’au-delà de l’attaquant de Rennes, le sélectionneur national risque de se passer des services de l’autre attaquant, Mbaye Diagne. Le pensionnaire de Galatasaray qui n’a pas eu beaucoup de temps de jeu depuis le début de la compétition serait également souffrant. A l’image de Mbaye Niang, il n’était pas non plus présent lors de la séance d’hier.
Le staff technique et médical devrait prendre une décision à l’issue de la dernière séance de cet après-midi. En attendant, sur le banc, il ne reste que Moussa Konaté pour combler le vide au front de l’attaque. Mais là aussi, Aliou Cissé a des soucis, car l’attaquant d’Amiens n’a jusqu’ici pas montré grand-chose quand on l’a lancé dans le bain.
Du coup, les yeux sont rivés sur Sadio Mané pour occuper le poste d’avant-centre demain face aux Aigles de Carthage. Evoluant souvent sur les côtés, l’attaquant de Liverpool pourrait jouer au dépanneur le temps d’un après-midi, Une position que le Red a souvent occupée en club avec à la clé des buts, mais aussi lors du dernier Mondial en Russie. La balle est dans le camp de «Coach Cissé».
Trio offensif : Krépin-Sadio-Sarr
Au chapitre des bonnes nouvelles, il y a le retour Ismaïla Sarr. Absent contre le Bénin en quart de finale, il a repris l’entraînement avec le groupe depuis hier et semble être dans les dispositions pour occuper sa place de titulaire face à la Tunisie. Crédité d’un bon match, Krépin Diatta pourrait glisser à gauche à la place de Diao Baldé Keïta décevant contre le Bénin. Le jeune de Bruges jouant souvent à ce poste en championnat.
Quid de Alfred Ndiaye ? Il a retrouvé le groupe et semble revenir doucement à son niveau. Même si sa participation pour le match de dimanche reste encore incertaine.
Notons que lors de la séance d’hier, ouverte seulement lors des 15 premières minutes à la presse, il y avait une forte présence de la presse tunisienne. Et cela, sous les yeux du ministre des Sports Matar Ba, venu prendre des nouvelles des joueurs et du staff technique.
Comme à chaque veille de match, il y aura la traditionnelle conférence de presse des deux sélectionneurs. Des retrouvailles avec la presse sénégalaise qui s’annoncent spéciales pour Alain Giresse. Ambiance.
ALIOU SALL VILIPENDÉ CHEZ LUI
Le maire de Guédiawaye a été hier «l’hôte» de Aar li ñu Bokk. Pour sa première manifestation décentralisée, la plateforme a tiré sur l'expatron de la CDC dont l’audition à la Dic, mercredi, n’est qu’une «vaste escroquerie»
Aar li ñu bokk était à Guédiawaye hier, pour réclamer justice dans l’affaire des contrats pétroliers attribués à Frank Timis. Une mobilisation en demie teinte pour ce rassemblement au stade Amadou Barry. Ce département, fief de Aliou Sall, maire de la ville, a été, pour l’occasion, «bunkerisé» par des éléments de la police dès les premières heures de la journée. Et à 16 heures, la Plateforme Aar li ñu bokk était prête à lancer le concert de dénonciations de la gestion des contrats pétroliers de façon générale et de la démarche de la justice dans l’enquête sur les révélations de la Bbc. Sur les lieux, un camion et 4 pick-up remplis d’élément du Groupement mobile d’intervention (Gmi), armés de grenades lacrymogènes pour parer à toute éventualité. Vers la mairie, juste au rond-point qui mène vers les deux voies de Sahm Notaire, des Forces de l’ordre jalonnent la route. Même décor au rond-point du marché Jeudi. Vers 18h, les politiciens se sont arrachés le micro pour indiquer aux organisateurs la fin de la manifestation, du reste autorisée. La foule s’est dispersée sans aucun débordement.
«L’audition de Aliou Sall est une vaste escroquerie»
Place au «procès» contre le frère du président de la République. «Le fait de venir à Guédiawaye est un double plaisir, symbole de ce que nous refusons : le deux poids deux mesures. Que ce soit des proches du président de la République ou ses parents, la lutte pour la bonne gouvernance et une gestion démocratique va continuer à se mener», a dit Guy Marius Sagna. Dans cette foule parsemée, par moments se distinguent des manifestants en «gilets orange». «La dernière fois, c’était des gilets jaunes. Mais c’est ça aussi la lutte, et chacun vient avec sa touche particulière», justifie-t-on. L’audition de Aliou Sall mercredi, puis de son oncle Abdoulaye Thimbo hier, était aussi au menu de ce rassemblement de Aar li ñu bokk. «Une vaste comédie, une vaste escroquerie juridique», selon les manifestants qui estiment que «si le procureur de la République est sincère dans sa démarche, il n’a qu’à prendre en compte les rapports de l’Ofnac et de l’Ige qui sont le résultat d’enquête approfondie».
«Notre pression a abouti à la démission de Alioune Sall de la Cdc»
Cette manifestation a révélé aussi des divergences entre les mouvements citoyens et les politiciens. «Ce n’est pas un rassemblement pour donner une visibilité aux partis politiques. C’est un rassemblement pour s’indigner par rapport à une situation qui est là. Nous nous rassemblons pour que justice soit faite. Dans une démocratie, quand les choses ne sont pas claires, il faut laisser faire les citoyens», a rappelé Malal Tall alias «Fou Malade». Le responsable de mouvement Y’en a marre d’ajouter : «Nous nous mobilisons pour faire pression sur l’Etat. Et cette pression commence à donner ses résultats puisqu’elle a abouti à la démission de Alioune Sall de la Cdc. Il est en train d’être entendu et c’est tout ce que nous demandons.» Voilà une mise au point qui n’a pas plu à la responsable du Pds de Gounass. «Abdoulaye Wade l’avait dit. Ce n’est pas une nouvelle accusation dans ce pays. Il avait parlé et tout le monde disait que c’était pour l’intérêt de son fils. Macky Sall est difficile à raisonner, mais il ne peut pas nous empêcher de manifester. On ne va pas brûler le Sénégal puisque c’est nous qui l’avons bâti, mais nous allons manifester», a souligné Woré Sarr.
Plusieurs leaders de l’opposition absents
Il est vrai que, comme l’a indiqué Moctar Sourang, ce combat n’est pas celui de Aar li ñu bokk, mais de tous les citoyens. Seulement, même les leaders de l’opposition n’ont pas été nombreux hier. Le coordonnateur du Front de résistance nationale (Frn) s’en est rendu compte, même s’il a tenté de le minimiser. «Dans un pays, on a besoin d’avoir des contre-pouvoirs, des partis forts de l’opposition, des syndicats forts parce que, comme disait l’autre, le pouvoir rend fou. Je représente tous ces leaders-là qui ne sont pas là. On est dans un front politique. Donc quand je suis là, tout le monde est là. Et ils sont tous pour ce combat que nous menons depuis 2014», a-t-il dit.
Mamadou Lamine Diallo : «Macky est en train de saboter»
En revanche, Mamadou Lamine Diallo, lui, est bien là. Le leader de Tekki a annoncé que la mobilisation va se poursuivre dans les autres villes du pays comme Rufisque, Pikine, Ziguinchor, Kolda, etc. En effet, cette lutte, estime-t-il, est celle du pays et du Peuple. «La jeunesse est debout et l’a montré aujourd’hui. Macky Sall a mis en rapport Aliou Sall à Frank Timis. Il a donné à Frank le numéro 10 et à Aliou le numéro 7 pour leur dire que ce sont eux nos avant-centres dans l’Equipe nationale. Macky est en train de saboter. Donc, on n’a plus besoin de lui au Sénégal», a conclu le député du groupe Liberté et démocratie.
"LA DÉCOUVERTE DU PÉTROLE ET DU GAZ EST POUR CERTAINS UNE PREUVE DE CULPABILITÉ"
Sonko doit revoir sa stratégie politique et arrêter de l’axer sur la peur. C’est l’avis de Idrissa Diabira qui garde l’espoir qu’à la fin des enquêtes, tous ceux qui réclament la lumière dans l’affaire Aliou Sall-Petrotim vont accepter les conclusions
Ousmane Sonko doit revoir sa stratégie politique et arrêter de l’axer sur la peur. C’est l’avis de Idrissa Diabira qui garde l’espoir qu’à la fin des enquêtes déclenchées par le Parquet, tous ceux qui réclament la lumière dans l’affaire Aliou Sall-Petro Tim vont accepter les conclusions. Le Dg de l’Adepme (Agence de développement et d’encadrement des petites et moyennes entreprises) évoque aussi les performances de son agence et les perspectives de celle-ci.
La plateforme Aar li ñu bokk continue de réclamer la lumière dans l’affaire Aliou Sall-Petro Tim pendant que la Dic et la Section de recherches de la gendarmerie poursuivent leurs enquêtes. Quelle analyse faites-vous de cette situation ?
Il faut laisser à la justice le soin d’éclairer définitivement les citoyens en disant in fine le droit et en rétablissant les faits. Je déplore qu’un reportage loin des standards d’impartialité nous conduise à une affaire de cette ampleur. J’espère qu’à l’issue de ces enquêtes, tous ceux qui réclament la lumière accepteront aussi les conclusions. Je garde l’amer souvenir de mauvais perdants qui, défaits par les urnes en février dernier, sont incapables de reconnaître leur défaite et de s’élever au niveau de maturité du Peuple sénégalais.
A vous entendre, vous remettez en cause l’enquête de la Bbc sur l’affaire…
Tout à fait. Le reportage laisse songeur. Il prétend que le Sénégal a perdu des dizaines de milliards de dollars alors même que le Code pétrolier de 1998 exonérait de toutes taxes durant les phases d’exploration et de développement. L’objectif était d’attirer ceux qui nous permettraient enfin de trouver des hydrocarbures. Car, et il faut le marteler, personne n’en avait alors jamais trouvé en quantité au Sénégal. Or le reportage fait totalement silence de ce point essentiel. Il s’inscrit dans de grossières théories du complot en insinuant que tout était planifié. Certains soutiennent même que Macky Sall savait que notre sous-sol détenait d’énormes réserves depuis son passage à Petrosen en 2000. Impossible de raisonner les «complotistes», mais l’enquête informera au moins les autres, la majorité.
Le chef de l’Etat aurait dit sa détermination de voir la justice aller jusqu’au bout dans cette affaire. Est-ce que vous avez le sentiment que ce dossier va aboutir à un procès ?
Je ne connais pas l’issue de l’enquête, mais nul n’a intérêt ni la possibilité d’enterrer ce dossier. La lumière, j’en suis convaincu, sera faite. La justice s’exprimera, il y va de son honneur et de sa crédibilité, l’une des caractéristiques de la justice sénégalaise. Il y va aussi de l’honneur d’un homme jeté en pâture du fait de sa parenté avec le chef de l’Etat. Ce dossier ne peut pas en rester là.
D’accusé, Aliou Sall a été interrogé à titre de témoin par la Dic.
Cela ne risque-t-il pas de vicier la procédure enclenchée par le Parquet ?
Une certaine opinion le veut coupable et condamné. Mais il bénéficie de la présomption d’innocence comme tout citoyen. Je connais son éthique et sa résilience. Encore une fois la baraka d’avoir contribué à découvrir du gaz et du pétrole s’avérera toujours pour certains comme une preuve de culpabilité. Mais la probité ne saurait être jugée à l’aune des défaites. Le plus affligeant est que nous perdons l’essentiel de vue qui est de préparer ensemble nos Pme et notre économie à la phase d’exploitation à venir. C’est ce bénéfice qu’il faut aller capter.
Lors de l’examen de la Loi de finances rectificative, le député Ousmane Sonko a eu à taxer le ministre des Finances, voire même le gouvernement, d’incompétent et parler de sérieux problèmes de gestion qui risqueraient de mener le pays vers des difficultés.
Partagez-vous son avis ?
Il fait malheureusement partie de ceux qui ont décidé de rester dans le déni. Souvenons-nous de son attitude à l’issue de la Présidentielle ! Je suis toujours surpris de ceux, a fortiori des jeunes hommes politiques, qui font ce pari du déni, du repli et de la peur comme socle de leur projet de société. Nulle part cela prospère, encore moins au Sénégal dont le Peuple, ouvert et mature, a toujours fait le choix de l’espoir. Mais un pays dont le taux de croissance est de 6,6% en moyenne et qui a réussi à avoir plus de 6% de croissance durant 5 années consécutives, un fait inédit depuis plus de 50 ans, est tout sauf dirigé par des incompétents.
Au cours de cette rencontre, le député Sonko a décrit aussi un pays très endetté, où le ministre des Finances va même jusqu’à accorder des remises fiscales à des privés…
La stratégie de la peur ne résiste pas à l’épreuve des faits. L’honnêteté intellectuelle consiste à expliquer que l’endettement est naturel pour tout pays, toute entreprise ou tout foyer qui souhaite se développer. La dette est aussi un investissement. Le défi est de bien s’endetter dans des projets productifs, générateurs de croissance, de richesses et d’emplois. C’est le sens de la politique du gouvernement du Sénégal ; d’où les résultats économiques incontestables. La réalité, c’est que le niveau de la dette est de 51,5% du Pib, loin de la norme communautaire de 70%, et que tous les seuils de sa viabilité sont respectés et que notre risque de surendettement est estampillé faible, soit le moins élevé.
La décision du ministère de l’Intérieur de porter le montant de la caution à 10 millions de francs Cfa pour les listes candidates aux municipales et à 20 millions pour les élections départementales n’emporte pas l’adhésion de tous. Est-ce qu’il ne va pas falloir revoir ces montants à la baisse ?
6 mois avant la date du prochain scrutin, l’Etat doit fixer le montant de la caution. La position sur le montant n’était pas consensuelle, notamment avec le Pds. L’Etat a donc pris ses responsabilités. Le chef de l’Etat a ouvert le processus du dialogue national avec un homme d’Etat unanimement accepté, Famara Sagna. Aucune question n’y est taboue. Et si un consensus intervient, rien, à mon sens, n’empêche de réduire les montants.
Avec cette caution qu’on a demandée pour Les locales, ne pensez-vous pas que le pays est devenu une démocratie censitaire ?
Non, je ne crois pas. Il faut trouver un équilibre entre le fait que les scrutins soient désormais plus ouverts avec les indépendants et la nécessité de la lisibilité pour le choix du citoyen. Un procès similaire a eu lieu contre le parrainage, pourtant une ancienne disposition électorale. Les candidatures se résument de plus en plus à des caprices personnels portés par des écuries dépourvues d’idéologie et même d’idées. Le principe d’un regroupement ou d’un montant minimal attestant d’un minimum de crédit devient un filtre impératif pour éviter que chacun puisse rendre illisibles les temps démocratiques.
Récemment, un classement de l’Onu a désigné l’Adepme comme la première agence d’accompagnement des Pme dans l’espace Cedeao. Qu’est-ce qui est en fait à la base de cette performance ?
En effet, il s’agit d’un benchmarking effectué par le Centre de commerce international (Itc), une agence de l’Onu et de l’Omc. Itc évalue la performance des organisations de promotion des Pme sur 4 domaines et 225 indicateurs. A l’issue de ce benchmarking, notre note de 56,51% nous classe 1er en zone Cedeao, 3ème en Afrique sur 25 et 18ème dans le monde sur 64. C’est une vraie fierté pour un personnel engagé et très professionnel, compte tenu des pays majeurs du classement en Afrique et dans le monde comme l’Afrique du Sud, le Maroc, le Rwanda, Maurice ou la Malaisie.
Cette performance tient d’abord à la volonté du chef de l’Etat d’avoir une agence de référence. Elle tient aussi à notre état d’esprit de nous comparer et de nous auto-évaluer pour constamment progresser. Elle tient enfin, selon quelques-uns des indicateurs du benchmarking, à la pertinence de notre portefeuille de produits, à notre capacité à atteindre nos résultats, à notre bonne interaction avec les parties prenantes et nos partenariats stratégiques ou à notre capacité à mobiliser des ressources financières autres que celles de l’Etat.
Nous sommes en train de développer un modèle d’accompagnement des Pme quasi-unique en Afrique. Il est centré sur la notation et le profilage du risque des Pme. Il répond à la cause structurelle des difficultés des entreprises, l’asymétrie d’information entre elles et les institutions financières, les grandes entreprises et l’Etat. En palliant cette asymétrie, nous construisons la confiance et démultiplions pour les Pme les opportunités, notamment d’accès à du financement massif privé. Ainsi après Ecobank, la Sgbs a mobilisé 170 milliards sur 5 ans pour les Pme et déjà 7 milliards ont été débloqués ces 6 premiers mois de 2019. D’autres institutions financières majeures privées et publiques entendent aussi nous faire confiance.
Récemment, une rencontre sur le contenu local dans l’exploitation des ressources pétrolières et gazières s’est tenue à Diamniadio.
Peut-on savoir ce que l’Adepme a posé comme acte pour accompagner le secteur privé dans ce domaine ?
L’Adepme finalise son plan stratégique 2019-2023. Notre vision est d’offrir un accompagnement adapté aux besoins de chaque Pme pour qu’elle devienne un champion national. Nous voulons être le coach des futurs champions. Nos partenaires nous y accompagnent. Ainsi, la Coopération allemande avec la Giz a accepté de définir avec nous un programme-pilote Champion dans lequel nous allons appuyer les Pme à haut potentiel dans 6 régions et d’autres Pme dans les chaînes de valeurs.
Nous sommes prêts à appuyer les Pme qui s’inscriront dans le contenu local. La loi et ses conditions prévoient qu’un Fonds d’assistance technique soit alimenté par les multinationales, le nôtre qui est à Frais partagés a fait ses preuves, est opérationnel et en cours de certification. Il est alimenté par les Ptf comme la Banque mondiale, la Bad, l’Afd ou la Giz.
Vous décrivez une agence qui est performante. Est-ce qu’on peut avoir une idée globale des réalisations de l’Adepme ?
Nous avons achevé avec succès notre contrat de performance 2016-2018. Mais si je résume la période 2012-2018, je peux dire que nous avons accueilli, sensibilisé ou orienté près de 300 mille personnes. Nous avons encadré 16 mille Pme, mobilisé 20 milliards de francs Cfa pour elles et scoré près de 400 Pme. Enfin, nous avons un taux de financement de Pme encadré de 55%, alors que 70% des projets sont en moyenne rejetés par les banques.
Il y a quelques semaines, la Journée mondiale des Pme a été célébrée. Quel bilan tirez-vous de cet événement ?
Le bilan fut excellent, car la journée du 27 juin, dédiée aux Pme par les Nations unies, traduit l’importance des Pme pour l’atteinte les Objectifs du développement durable en 2030. Au Sénégal, elles représentent 99,8% des entreprises, mais nous ignorions leur poids dans le Pib. L’Ansd l’a annoncé durant cette journée, c’est 36% en 2006. Représenter c’est agir, disait Piaget. Nous devons collectivement ajuster et regrouper nos efforts pour améliorer ce taux, avoir davantage d’impact et faire des Pme le futur moteur de la croissance du Pse.