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6 août 2025
par Mody Niang
COMMENT L'ÉTAT ENTRETIENT LA CORRUPTION
Alors que dans nombre d’autres pays, on mène une lutte sans merci contre les détournements, la concussion, chez nous, le président les entretient au grand jour, en garantissant l’impunité à leurs auteurs
‘’L’opacité dans la gestion des deniers publics, un dénominateur commun aux socialistes et aux libéraux’’, tel est le titre que j’ai donné au chapitre VI de mon livre ‘’Me Wade et l’alternance : le rêve brisé du Sopi’’ (L’Harmattan, Paris, juin 2005). Voilà bientôt soixante ans, en effet, que nous sommes très mal gouvernés. Ce qui nous vaut notre place peu enviable parmi les pays les plus pauvres et les plus endettés du monde. Une des manifestations de cette mal gouvernance qui nous colle à la peau, la corruption, vit ses plus jours depuis le 1er avril 2000, avec les deux gouvernances jumelles du vieux président-politicien et de son successeur. Ce texte se propose de passer en revue, pour rappel, l’odyssée de ce mal endémique tout au long de cette longue période plus de dix-neuf (19) ans. Dans notre pays, il faut toujours rappeler, et encore, et encore.
Donc, nous rappelons que, au soir du 3 avril 2000, à l’occasion de son premier message à la Nation, le tout nouveau président de la République, celui que j’appellerai plus tard le président-politicien déclarait : « Ma décision de procéder à des audits de l’Etat et de ses démembrements, des sociétés d’Etat et des sociétés nationales dans lesquelles l’Etat détient des intérêts, ainsi que des collectivités locales, a eu un écho favorable dans l’opinion nationale. Je dois au peuple sénégalais de faire la lumière sur la gestion économique en remontant aussi loin dans le temps que le permet la loi, en précisant que ce droit à l’information ne se confond pas avec celui de sanction. » « J’ai indiqué, poursuivait-il, à chaque ministre ce que j’attends concrètement de lui. Je veux que le gouvernement du nouveau régime soit différent de celui de l’ancien régime qui était celui des improvisations et des approximations. Je leur ai dit tout aussi clairement que je veux un gouvernement de ministres vertueux qui mettent en avant et exclusivement l’intérêt de la Nation. Je ne saurais tolérer les pratiques de commissions plus ou moins occultes, de corruption ou de concussion sous quelque forme que ce soit. Je veux que soient bannies de l’espace sénégalais ces pratiques qui, dans ma pensée, appartiennent déjà au passé. » Je n’ai rien inventé : c’est bien le nouveau président de la République qui s’exprimait ainsi.
Trois mois plus tard, revenant d’un long périple dont il avait le secret et qui l’avait conduit successivement en Mauritanie, en Egypte et en France, il déclarait encore, à propos des audits qui avaient démarré : « Les premiers résultats reçus sont si effarants que j’ai demandé que les dossiers soient transmis à la justice. » On connaît la suite : les gestionnaires de deniers publics qui étaient les plus lourdement épinglés, adhérèrent au PDS et devinrent qui ministres, qui députés, qui présidents de conseil d’administration. Je m’en suis longuement indigné dans le chapitre VI de mon livre que j’ai cité dans l’introduction de ce texte.
Nous sachant enclins à vite oublier, l’homme reviendra nous tympaniser, six ans après, avec son ‘’attachement’’ à la transparence dans la gestion des affaires publiques. Mettant à profit son message à la Nation le 3 avril 2010, il nous jetait encore de la poudre aux yeux en ces termes : « Je voudrais, ici, réaffirmer avec force mon attachement à l’observation stricte des règles de transparence et d’éthique dans la gestion des affaires publiques. Chacun doit assumer la pleine responsabilité de ses actes. Les corps de contrôle poursuivront leurs missions et les manquements dûment constatés seront sanctionnés sans faiblesse. Á cet effet, j’ai transmis au Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, le rapport annuel de la Commission de Lutte contre la non Transparence, la Corruption et la Concussion, en lui demandant d’en tirer toutes les conséquences (…) ».
Pendant douze longues années, tout dans ses actes de tous les jours, était aux antipodes de ses engagements à lutter contre la corruption. D’ailleurs, il s’emportait rageusement dès qu’on abordait avec lui les questions de corruption. Il en voulait particulièrement aux membres du ‘’Forum civil’’, connus à l’époque pour la traque sans merci qu’ils menaient contre la mal gouvernance en général et la corruption en particulier. Il les appelait d’ailleurs ‘’politiciens encagoulés’’. Mais, il ne pouvait pas continuer de toujours nier l’évidence, les circonstances (évidentes) l’obligeant parfois à admettre, la mort dans l’âme, l’existence de la corruption au Sénégal. Mais, chaque fois que c’était le cas, il jouait sur les mots et relativisait : « Il y a la corruption au Sénégal, lui arrivait-il de rétorquer, mais le Sénégal n’est pas un pays corrompu. Et celui qui le dira, je l’attaquerai au tribunal. » Au chapitre V de mon livre ‘’Qui est cet homme qui dirige le Sénégal ?’’, j’ai réagi à cette menace en faisant remarquer ce qui suit : « Il attaquera alors beaucoup de monde au tribunal, à commencer par moi-même, puisque je considère le Sénégal comme un pays corrompu, corrompu sur le plan de la gestion des affaires publiques, mais aussi, plus gravement, corrompu sur celui des mœurs, des comportements et des mentalités. »
A la limite, le vieux président-politicien considérait la corruption comme quelque chose de tout à fait normal et naturel. N’est-ce pas lui qui déclarait, à propos de la corruption qui a éclaboussé en un moment des magistrats sénégalais, ce qui suit : « C’est un cas isolé qu’on a tendance à généraliser. Il ne remet pas en cause l’intégrité reconnue de nos magistrats. » C’était lors de la Rentrée solennelle des Cours et Tribunaux le 10 janvier 2007. N’est-ce pas lui, toujours lui, qui donnait cette réponse renversante à une question d’un journaliste sur les actes de corruption : « Ces scandales que l’on dénonce sont une preuve de vitalité démocratique. Ils existent dans tous les pays. Ce sont des accidents de parcours qui finiront par être absorbés dans l’évolution du Sénégal. » On était toujours ce 10 janvier 2007 et les hauts magistrats présents devraient être normalement ahuris, s’ils n’étaient pas du même avis que lui. Des années après, nous nous demandons légitimement si ce n’est pas vraiment le cas.
Le même vieux politicien pur et dur, présidant les travaux de l’Assemblée générale de l’Association nationale des présidents de Conseils ruraux, le 9 janvier 2007 au Méridien Président (cf. le journal parlé de la Tv ‘’nationale’’ de 20 heures de ce jour) leur lançait, à la stupeur générale de toute l’assistance : « Vous vendez des terres sans en avoir la compétence. Si j’avais suivi la loi, certains d’entre vous iraient en prison. » Le mardi 19 mai 2009, il reviendra à la charge pour les rappeler encore à l’ordre de façon plus surprenante encore : « Arrêtez de vendre des terres. Trop de présidents de communautés ont vendu des terres à des étrangers. Je ne vais plus arrêter les dossiers judiciaires. Vous n’avez pas le droit de vendre des terres. »
« Si j’avais suivi la loi . . . », « Je ne vais plus arrêter les dossiers judiciaires . . . ». Que c’est terrible, de la bouche du ‘’Gardien de la Constitution’’ sensé, partant, protéger les lois ! Il est vrai qu’il pouvait tout se permettre, conscient qu’il régnait sur un peuple qui donnait l’impression d’avoir perdu sa capacité d’indignation, s’il en eut jamais d’ailleurs.
Notre vieux politicien ne s’arrêtait pas d’ailleurs en si bon chemin. En tournée ‘’économique’’ dans le Département de Mbour le lundi 17 mars 2009, donc à moins d’une semaine des élections locales du 22 mars de cette année-là où il s’était fortement impliqué, il réunit, en ‘’séance de travail’’, à la préfecture, les frères ennemis libéraux et leurs responsables, pour recoller les morceaux avant la date du scrutin. Ces derniers s’accusant mutuellement de sorcellerie, il trancha net les accusations et contre-accusations en ces termes : « Taisez-vous ! D’ailleurs, n’eût été ma magnanimité, vous devriez vous retrouver tous derrière les barreaux.» Ailleurs qu’au Sénégal, personne n’accorderait plus le moindre crédit à la ‘’volonté affichée’’ par cet homme de lutter contre la corruption et toutes les autres forfaitures qui étaient consubstantielles à sa gouvernance meurtrie. En tout cas les gestionnaires de deniers publics ne s’y trompaient pas : ils savaient parfaitement qu’il faisait du cinéma ; ils avaient donc tout le loisir de se servir à leur convenance des deniers publics, et ils ne s’en privaient pas le moins du monde. Ils savaient surtout que la Justice, comme d’habitude, resterait indifférente à leurs forfaits. Ils étaient également convaincus que l’Inspection générale d’État (IGE) ne les dérangerait pas dans leur festin et que, même si par extraordinaire elle jetait un coup d’œil sur leur gestion, le rapport d’inspection serait mis dans les placards par le vieux président-politicien. Pour coller à l’actualité, il gémirait sous son coude, comme de nombreux autres.
La gouvernance de ce vieux président-politicien était donc une succession de scandales, aussi graves les uns que les autres, et dont le moins grave lui vaudrait la destitution ou la prison dans toute grande démocratie. Luis Lula Da Silva, son successeur Dilma Roussef, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, etc., n’ont pas commis autant de forfaits que lui. Ils en étaient d’ailleurs très loin. On peut citer, parmi ces scandales gravissimes, la rocambolesque rénovation de l’avion de commandement ‘’La Pointe de Sangomar’’, l’Affaire ‘’Sénégal Pêche’’, la nébuleuse gestion des fonds spéciaux avec ses nombreux comptes alimentés en dehors de la Loi de finance, l’Odyssée des 15 millions de dollars de Taïwan carrément détournés, le ‘’Protocole de Reubeuss’’ (une réalité dont personne ne doute plus), le monstrueux montage financier du monument dit de la Renaissance africaine, son insoutenable boulimie foncière à nulle autre pareille, etc. Bizarrement, le Sénégal et les Sénégalais étant ce qu’ils sont, ce politicien pur et dur, qui a entretenu et nourri au grand jour la corruption et nombre d’autres forfaits pendant sa nauséabonde gouvernance, draine encore des foules, sept ans après qu’il a quitté le pouvoir.
Malheureusement, en accordant leurs suffrages à son successeur le 25 mars 2012, les électeurs ont inconsciemment reconduit la même gouvernance, avec les mêmes tares dont, en particulier la corruption qui, comme entre avril 2000 et avril 2012, se porte comme un charme. Le successeur du vieux président-politicien avait fait les mêmes promesses, pris les mêmes engagements. Elu, il les confirme formellement dans ses premières déclarations que nous rappelons, nos compatriotes oubliant très vite. Ainsi, dans son premier message à la Nation le 2 avril 2012. Il affirmait notamment, avec force : « S'agissant de la gouvernance économique, je serai toujours guidé par le souci de transparence et de responsabilité dans la gestion vertueuse des affaires publiques. Je mets à ma charge l'obligation de dresser les comptes de la Nation et d'éclairer l'opinion sur l’état des lieux ». Dans cette perspective, il ajoute : « Je compte restituer aux organes de vérification et de contrôle de l'État la plénitude de leurs attributions. Dans le même sens, l'assainissement de l'environnement des affaires et la lutte contre la corruption et la concussion me tiennent particulièrement à cœur. » Il se fait plus menaçant encore et lance en direction des gestionnaires de deniers publics : « À tous ceux qui assument une part de responsabilité dans la gestion des deniers publics, je tiens à préciser que je ne protégerai personne. Je dis bien personne. » Et il engageait alors fermement le Gouvernement « à ne point déroger à cette règle ».
Arrêtons-nous seulement sur son engagement à « restituer aux organes de vérification et de contrôle de l'État la plénitude de leurs attributions ».Rappelons que, dans cette perspective, il avait fait voter deux lois importantes : la Loi n° 2012-22 du 17 décembre 2012 portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques et celle n° 2012-30 du 28 décembre 2012 portant création de l’Office nationale de lutte contre la fraude et la concussion (OFNAC). A propos de cet Office, il avertissait sans ambages ses camarades républicains lors de l’université d’hivernage tenue à Mbodiène en 2012. « L’OFNAC est pour nous, et la Cour de répression de l’Enrichissement illicite (CRÉI) pour les autres », leur avait-il lancé, non sans répéter qu’« il ne protègerait personne ». On connaît la suite pour la CRÉI. Après Karim Wade, le Procureur spécial voulut passer à la vitesse supérieure, en convoquant les deux suivants de la liste des 25. Contre toute attente, il est relevé en pleine audience. Pourtant, ce n’est un secret pour personne que les 24 autres compagnons du vieux président-politicien sont loin d’être blancs. Même s’ils doivent bénéficier de la présomption d’innocence. Pour ce qui les concerne d’ailleurs, la présomption de culpabilité conviendrait mieux, si elle existait dans le Code pénal sénégalais.
L’OFNAC ne connut pas un meilleur sort. Sa présidente fut braquée dès que, de l’autre côté de la barrière, on se rendit compte qu’elle entendait exercer la plénitude des compétences que lui conférait la loi. Rappelons que la Présidente et les douze membres de l’Office ont été installés le 11 août 2014. Après 18 mois de travail dans des conditions qui n’étaient pas des meilleures, la Présidente a transmis, sur décision de l’Assemblée générale des membres, sept (7) rapports au Procureur de la République de Dakar et un (1) à celui de Louga, ce dernier ayant traité rapidement le dossier qu’il a reçu. A ces huit rapports se sont ajoutés trois (3) autres que la Présidente n’avait pas eu le temps de transmettre, son éviction étant intervenue entre-temps. Mais ils avaient été déjà examinés par l’Assemblée générale, qui avait aussi décidé de leur transmission au Procureur de la République. Les trois rapports en instance furent transmis par sa remplaçante. Parmi ces rapports figure celui, très lourd, concernant les fausses quittances au niveau de certains centres fiscaux de Dakar. Ce sont donc onze (11) rapports relatifs à des infractions à la loi pénale bouclés et transmis, que l’équipe de l’ancienne Présidente avait à son actif.
Quatre autres rapports pour lesquels l’Assemblée générale avait demandé des investigations complémentaires, étaient en cours de traitement. En outre, de nombreuses enquêtes étaient en cours, notamment celles sur les Affaires Petro-Tim et Bigtogo, la spoliation foncière au niveau de la Corniche, la gestion des 40 % du budget de fonctionnement alloués au secteur de l’Education, la caisse d’avance du COUD, etc. Arrêtons-nous sur cette fameuse caisse d’avance, devant laquelle celle de la Mairie de Dakar est une naine. Après la transmission du premier dossier concernant la gestion du Directeur général décriée par une plainte, la Présidente avait établi un ordre de mission pour enquêter sur cette fameuse caisse d’avance qui avait attiré l’attention des premiers missionnaires. Le DG prenait 150 millions de francs CFA tous les dix jours pour l’achat de légumes, soit 450 millions tous les mois.
Avec cette caisse, le DG s’est permis tous les abus. Il a notamment acheté un kg de haricot pour 4500 francs et 300 kg de poivre tous les mois (de quoi ‘’poivrer’’ tout Dakar). La mission avait également débusqué d’énormes autres cas de fraude et de corruption dans la restauration, ainsi que dans la réalisation d’infrastructures. Il fallait arrêter rapidement cette mission qui allait vraiment très loin. Le décret du 25 juillet 2016 est ainsi tombé, à bon escient pour le DG qui allait être bombardé, huit mois après, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, pendant que l’ancien Maire de Dakar croupit encore en prison.
Le dossier de cet homme surprotégé dort sur la table du Procureur de la République, à côté de 17 autres transmis par l’OFNAC, dont 11 par l’ancienne Présidente, en 18 mois. Sur la même table, gisent 198 autres transmis par la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF). Les rapports de l’Inspection générale d’Etat (IGE), dont celui sur l’Affaire Petro-Tim, connaissent le même sort, sous le lourd coude du président-politicien. En particulier, les ‘’rapports publics sur l’Etat de la Gouvernance et de la Reddition des Comptes’’ ne sont plus publiés. Le dernier à l’être, c’est celui de 2015. Le président-politicien se serait farouchement opposé à la publication des suivants et, principalement à celle de 2016. On peut se demander légitimement d’ailleurs, si l’IGE continue à les produire.
Voilà où nous en sommes dans notre pauvre pays, près de soixante ans après son accession à ladite souveraineté internationale. Alors que, que dans nombre d’autres pays, on mène une lutte sans merci contre la corruption, les détournements de deniers publics, la concussion, etc., chez nous, les plus hautes autorités, avec en tête le président de la République, les entretiennent au grand jour, en garantissant l’impunité à leurs auteurs. L’Affaire Petro-Tim et ce gênant rapport de l’IGE en sont une parfaite illustration. Ce rapport de l’IGE en particulier, qui devrait mettre mal à l’aise ses auteurs, comme le Vérificateur général et l’ensemble des inspecteurs généraux d’Etat.
par Oumou Wane
UN PEUPLE, UN BUT… ET LA FOI DANS TOUT ÇA ?
Pour sortir notre pays de la médiocrité sociale et la morosité économique, au-delà de dénoncer l’héritage colonial et de réformer le franc CFA, l’essentiel est peut-être et avant tout de retrouver la foi
C’est avec courage mais sans brio, que nos footballeurs ont fini par l’emporter 1 à 0 face à l'Ouganda en huitièmes de finale de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN). Un peuple, nous y étions ! Un but, il y a en eu ! Mais où était la foi ? Les Lions de la Téranga peuvent remercier Sadio Mané, auteur de l'unique but de la rencontre, fermons les yeux sur le penalty raté, une petite coquetterie de star, ça arrive, vite pardonnée. Vous me direz, l’important c’était de gagner et nous l’avons fait. Il suffirait peut-être de retrouver ce petit supplément d’âme patriotique pour faire des miracles en quart de finale !
Car n’est-ce pas cette même foi, qui a quitté la société sénégalaise, pour ne pas dire le peuple africain ? La foi soulève les montagnes, dit-on. Elle permet au peuple de traverser la mer, de dompter des déserts, d’ériger le chemin de fer, de triompher de profondes inégalités, de conquérir l’espace, que sais-je encore ?
Quand tout se réduit dans une société aux risques de confrontations claniques, aux tensions incessantes, aux querelles sociales et idéologiques, chacun se garde d’afficher sa foi ou son enthousiasme et de faire les efforts pour dépasser ses faiblesses.
J’adhère à la foi dans l’Islam, qui a pour principe majeur la dignité de la personne humaine, le bien commun et la solidarité, mais peut-on être musulman le vendredi et blasphémateur toute la semaine ? Notre foi guide quotidiennement notre action, y compris dans la tempête. Lorsque la société traverse une crise grave, le retour à des valeurs patriotiques nous sauve. C’est quand le peuple du Sénégal n'est plus son peuple, quand il n’a plus la foi en lui et en ses dirigeants que les choses se gâtent.
L’annonce des découvertes de gaz et de pétrole dans notre pays a déclenché un climat de suspicion de corruption dans la signature des contrats pétroliers, de bradage de nos ressources aux firmes multinationales étrangères, de favoritisme.
La justice enquête ! Avons-nous foi en notre justice ou bien doit-on tout bloquer et empêcher l’établissement de la vérité ? Dans le cas présent, il semblerait bien qu’un à un, tous les pourfendeurs du système se soient ravisés dès qu’il fut question de déposer devant le procureur.
Mais, surprise des surprises, comme si un scandale ne suffisait pas, c’est aujourd’hui Aliou Sall en personne, le frère du président, qui se défend une nouvelle fois et fait des révélations tonitruantes sur ses « ennemis » tapis dans l’ombre au palais de la République, qui comploteraient contre lui : « Certains de mes ennemis, des proches du président de la République, paient des opposants pour me nuire. Ils le savent et savent que je sais, mais ce qui est sûr, c’est que leur objectif de m’éteindre ne sera pas atteint, car aujourd’hui, j’ai une renommée internationale. Ces adversaires, je leur ferai face un jour», lance le maire de Guédiawaye.
Il y a bien les méfaits de la corruption qui gangrènent le continent. Ce continent qui manque d’espoir. Mais le progrès y est continu. L’économie de notre pays connaît une croissance dans les barèmes de 6%, parmi les plus robustes de la sous-région. Les gens commencent à sortir de la misère, la classe moyenne grandit, la jeunesse s’empare des nouvelles technologies pour changer la façon dont elle fera des affaires.
En 1973, Alain Peyrefitte publiait « Quand la Chine s'éveillera le monde tremblera ». Elle s'est bien éveillée : 2ème et bientôt 1ère puissance économique mondiale. Aujourd’hui nul besoin d’être visionnaire pour écrire «Quand l'Afrique s'éveillera» tant son potentiel est énorme.
Bien sûr d’autres réflexions sont à mener de front. Le franc CFA est-il responsable du pillage de notre pays et freine-t-il notre développement ?
L’appui de l’État à l'agriculture est-il suffisant, tant elle compte pour notre indépendance économique et vu que c’est elle qui nourrit le pays ?
Mais la question d’actualité, celle qui nous empêche d’avancer, reste celle du pétrole qui pollue ces derniers temps l’atmosphère. Et comme je ne ferai pas mieux que lui, je voudrais, à ce stade renvoyer à l’excellent article de Makane Kane dans SenePlus : « Le devoir de faire face aux conspirateurs de tous bords ».
« On le tait, mais tout le monde le sait. Notre beau pays, le Sénégal est sous l'œil des radars d'agitateurs professionnels, promoteurs de l'anarchie dont seuls les ennemis de la patrie pourront tirer profit. Une atmosphère de conspiration nauséabonde est installée par le quarteron d'envieux non représentatifs de la minorité dans l'opposition.
Ce groupe composé d'habitués des salons sulfureux, frustrés par leurs échecs répétés se radicalisent, n'admettant pas une posture hors des affaires de l'Etat dans le contexte d'une ère nouvelle d'exploitation pétrolière. Conscients de leur incapacité à gagner aujourd'hui ou demain le cœur des sénégalais à travers des élections démocratiques, ils s'acharnent à démotiver les citoyens. …/…Tous les moyens et accointances sordides sont mis en œuvre et de manière honteuse pour que le deuxième mandat du Président Macky Sall et la phase 2 du Plan Sénégal Emergent (PSE) n'aboutissent pas, concrétisant le saut qualitatif attendu des réalisations qui feront le bonheur de nos hommes et femmes, jeunes et vieux ».
Que dire de plus, si ce n’est que pour sortir notre pays de la médiocrité sociale et la morosité économique, au-delà de dénoncer l’héritage colonial et de réformer le franc Cfa, l’essentiel est peut-être et avant tout de retrouver la foi.
La foi en soi, en l’autre, la confiance en nous, en nos dirigeants, en nos footballeurs… En notre justice. Retrouver la ferveur populaire pour en faire une force et pour une fois, descendre dans les rues pour laisser éclater sa joie.
Alors s’il vous plaît et au nom de dieu, très chers footballeurs de nos cœurs, faites-nous rêver, rendez-nous heureux et ramenez le sacré Graal au Sénégal.
MACRON EN "GRAND DÉBAT" AVEC LES "DIASPORAS AFRICAINES" EN FRANCE
Emmanuel Macron, qui reçoit jeudi son homologue ghanéen, tiendra dans l'après-midi un "grand débat" avec quelque 400 personnes issues des "diasporas africaines de France" - Africains résidents en France, binationaux et Français d'origine africaine
Emmanuel Macron, qui reçoit jeudi son homologue ghanéen, tiendra dans l'après-midi un "grand débat" avec quelque 400 personnes issues des "diasporas africaines de France" - Africains résidents en France, binationaux et Français d'origine africaine - engagées dans les relations entre France et Afrique, a indiqué l'Elysée.
Cet "échange interactif", aux côtés du président du Ghana Nana Akufo-Addo, vise à "présenter un tableau plus complet des échanges et des enjeux avec le continent africain, expliquer pourquoi le président de la République consacre autant de temps à la relation avec l'Afrique et où il veut arriver", souligne l'Elysée.
"Nous voulons parler de l'Afrique par un prisme autre que le terrorisme au Sahel ou l'enjeu sécuritaire ou migratoire, en abordant les partenariats économiques, culturels, universitaires ou citoyens.Nous aborderons aussi les deux grandes initiatives de 2020, le sommet Afrique-France en juin à Bordeaux et la saison culturelle africaine de juin à décembre", ajoute la présidence.
Paris estime que si les Africains comprennent bien les nouvelles relations, qui se veulent plus égalitaires, qu'Emmanuel Macron veut instaurer entre la France et l'Afrique, les Français n'ont pas encore perçu ses intentions, faute d'une prise de parole en France.
Par exemple, la politique de restitutions d'oeuvres africaines a eu un énorme retentissement en Afrique, beaucoup moins en France, explique l'Elysée.
Pour faire passer ce message, le président veut s'appuyer sur les diasporas, "le public le plus sensible à cette vision plus ouverte de l'Afrique" et qui peut "aider à accélérer la transformation des relations franco-africaines".
Le public réuni jeudi dans la salle des fêtes de l'Elysée, choisi avec l'aide du "Conseil présidentiel pour l'Afrique", comprendra quelques stars, comme l'ex-footballeur Lilian Thuram, le rappeur Abd al Malik, l'animatrice Hapsatou Sy, le créateur de mode Youssouf Fofana et le meilleur sommelier de France, le franco-congolais Albert Malongo Ngimbi.
Les diasporas africaines "n'ont jamais été valorisées comme telles", note l'Elysée qui espère voir émerger d'autres visages pour les représenter, bien au-delà des clichés du sport ou de la musique.
Seront également présents une cinquantaine d'élus ayant des liens avec l'Afrique ou encore la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, d'origine sénégalaise.
FUTBAL AK JAFE-JAFEY RÉEWI AFRIG YI
Doom-aadama fent na ay xeeti po yu bare. Ba ci tàggat-yaram sax, nga xam ne, ci cosaanam, yar ak wér-gi-yaram ñoo ko taxoon a jóg, nit soppi na ko, def ko liggéey ak po, di ci amal ay joŋante yu mag, àddina sépp di ko teewe.
Paap Abdulaay Seen (www.defuwaxu.com) |
Publication 08/07/2019
Xeeti po yooyu, nag, futbal a ci gën a siiw te yit moo ci gën a law ci àddina si. Baatu futbal, ci làkku àngale la jóge te di tekki tank (fut-) ak bal, maanaam bal bi ñuy dóore tànk. Futbal ci boppam bare nay xeet, waaye bi ci gën a fés mooy bi nga xam ne, fukk ak benni nit ñooy jàkkaarlook seen yeneeni fukk ak benni moroom, ku nekk di jéem a dugal bal bi ci kãwu keneen ki ci diirub 90 simili. Powum futbal mi ngi cosanoo ca réewum Àngalteer. Àngalteer, nag, saa boo ko waxee xel yi dem ci ñoom Bobby Charlton, Gordon Banks, Stanley Matthews, Michael Owen, Bobby Moore, Alan Shearer, Kevin Keegan ak lingeer Elisabeth II, añs. Kon, tubaab yi ñoo sos futbal ba noppi daldi ko tas ci àddina si, ñépp bëgg ko. Afrig tamit kenn demul mu des, ndax doomi Afrig yi amul ku leen gën a xër ci futbal. Waaw.
Boo génnee ci mbedd yi dinga gis xale yiy top ci ginnaaw bal biy dóor ba ñaq tooy xepp, subaak ngoon ñu ne ci. Waxambaane yi ñoom, foo leen fekk ñoo ngiy seetaan futbal walla teg seen àttaaya di ko waxtaane. Mag ñi di waxtaan ak a fàttaliku jamonoy Sàndaark, Jaraaf, Duwaan walla Asfaa, walla sax jamonoy Bokànde ak Séex Sekk, di leen méngale ak goney léegi yi. Nawetaan moom, li mu jaral xaley koñ yi, mëneesu koo natt. Kon daal, futbal bawul kenn ci Afrig li ko dale bëj-gànnaar jàpp bëj-saalum, jóge sowu jëm penku, fépp la feebarub futbal law ; rawatina Senegaal gii, du mag du ndaw, muy góor walla jigéen. Moom kay, politig bi sax da cee rax léegi ndax dayo bi mu am.
Moo tax it, yenn saa yi, nguur gi ci lay jafandiku ngir fàtteloo askan wi jafe-jafe yi mu nekke. Ndege, ku ci sa réew di joŋante, day mel ni da ñuy raxas sam xel, nga fàtte say aajo ak say ay, sa xol ak sa xel yépp nekk ci joŋante bi. Rax-ci-dolli, futbal bi léegi liggéey la : fokat yi ñi ngi ciy am xaalis bu dul jeex, jaaykat yi noonu ba ci bérébi liggéeyukaay yu mag yaa ngi ciy defar seeni mbir. Futbal a ka bare bayre, naam ! Joŋante bu mag biy dajale ñaari at yu ne réewi Afrig yi ab firnde la ci.
Joŋante ren bi nag, ca Misra lay ame. Muy réew moo xam ni, askan wi ci nen la toog. Ndaxte njiit ma fa ne, dib Seneraal ci làrme bi, Al Sissi, jaay doole ak xoqtal nit ñi la fa nekke. Askan wi sonn lool. Ñu bare jàpp ne dafay jëfandikoo joŋante boobu ngir muur metit yi askan wiy jànkonteel jamono jii. Waaye, mel na ni pexeem moomu sooy na, ndax réewum baay Nelson Mandela daan na bërki-démb Misra jéll bu set wecc, ginnaaw bi mu ko dóoree 1-0.
Waaye bu ñu fatte li ponkal ma woon, Mawàdd Wàdd, daan wax : “Dawuma ci ginnaaw bal, ci ginnaaw nit ñiy daw ci ginnaaw bal bi laay daw. Ndax, nit ñoonu ay xale ñoo ci ëpp, te xale yooyu ñooy ñiy jiwi ndamu askan wi ëllëg.” Yaakaru waa ju baax jooju, taxawoon démb di xeexal réewum Senegaal ak doomi Afrig yépp, te jaarale woon ko ci tàggat-yaram, mat naa bàyyi xel. Wànte, mel na ni tey bukki-njuur-sàmba yi ŋànk futbalu Afrig bokkuñu ak moom xalaat.
Waaye, nan jàppale sunu gaynde yi nu fa teewal.
Ba négéni, gàcceeluñu nu. Ndax, dibéer jii weesu rekk lañu daan Ugàndaa 1-0, daldi jàll ci kaar de finaal yi. Waaye, nag, bumu nu tax a réere mbir jafe-jafey askan wi ak mbirum petorol bi ak gaas bi lëmbe réew mi. Wareesul a fàtte yit baykat yi, xale yiy dugg ci looco yi wutali Ërob te naan Bàrsaa walla barsàq, njàng mi, lopptaan yi, yoon wi, añs.
KU AM KUDDU DOO LAKK
Aliyu Sàll tekki na ndombog-tànkam ci boppu CDC, teg loxoom ci Alxuraan, waat ne li ñu koy tuumaal, dara la ci deful. Ci la nee ci nasaraan «…doomu-Aadama dafa am fi ngay tollu, fàww nga setal sa der».
Widéwoo bi nag, daf ci wax ay kàddu yu woroo ak li ko ñépp di tuumaal, moom ak magam, Njiitu-réew mi Maki Sàll.
« Maa ngi téye téere Alxuraan bii, di waat ci sunu Boroom di waat ci Alxuraan, ne lii ñu ma tuumaal, ne dama jot xaalis bu jóge ci Timis Corporation mu jaar ko ci « Socété » bi ñuy wax Agritrans, loolu mësul a am. Du dolaar bu gën a ndaw, waxuma la nag 250 junniy dolaar bu mës a jóge ci Timis Corporation dugg ci nafa Agritrans… »
Waaye, li Aliyu Sàll war a xam mooy ne, kenn mësu koo wax ne Timis Corporation daf ko yónnee xaalis jaare ko ci Agritrans. Dafa di sax, moo ko xamaatoo ndax moo tey li mu def. li mu jublu ci wax ji du dara lu-dul lëndëmal xelu askan wi.
Wax ji dafa leer, Frank Timis ci boppam moo sàkku woon ci BP, bi mu duggee ci mbirum petorol beek gaas bi, ngir mu yónnee xeetu juuti Senegaal, ci nasaraan ñu koy wax « redevances » walla « royalties » ci àngale. Te lii, mënees na ko fekk ci film-gëstu bi BBC amal. Waaye li ci gën a yéeme mooy ne, BP dafa yónnee 250 junniy dolaar yi ci Agritrans bi nga xam ne Aliyu Sàll moo ko moom te mu dénkoon ko kii di nijaayam, Abdulaay Timboo. Kon, du Frank Timis moo yónnee xaalis bi, BP ci boppam moo def lu ni mel. Te li koy firndeel mooy kayit yiy wone yoon wi xaalis bi jaar, jamono ji mbir miy am ak anam yi mu ame te benn sikki-sàkka amu ci. Ku mu neex me4n ngaa xooli kayit yi bawoo ci yaxalukaayu (comptabilité) BP.
Bu ko defee, lii Aliyu Sàll weddi ba di ci waat ci téere bu sell bi, du li ñu ko jiiñ. Timis Corporation ab yombalkat kese la woon ci diggante Aliyu Sàll ak BP mi nga xam ne moom la jaay ay wàllam ci petorol beek gaas bi ko Maki baaxe, yónneewul dërëm bi gën a tuuti kii di Aliw Sàll. Na leer ne kenn waxul loolu !
« Ñu ngiy may tuumaal tamit ne, xéy-na, dama am wàll maanaam li ñuy woowe « actions » ci “sociétés” yi nga xam ne ñu ngi liggéey petorol ci Senegaal. Ma leen di waatal ci Alxuraan ne awma ci benn wàll, awma benn « pourcentage », maanam ay « actions », yoo xam ne « sociétés » yiy liggéey petorol ci Senegaal walla sax ci àdduna si te ñuy liggéey ak Senegaal ».
Man jàpp naa ni danoo bëgg a nelawal. Ndaxte, kenn mësul a wax ne Aliyu Sàll dafa amwàll ci këri-liggéeyukaay walla isin yiy yëngu ci mbirum petorol ak gaas.
Loolu yit dafa leer nàññ. Wax ji mooy, kayitu-déggoo bi ñu xaatim ak saay-saay bii di Frank Timis, dañu ko waroon a far bés ba ñu falee Maki Sàll. Ndaxte, Timis Corporation amul woon xam-xam, mën-mën ak koppar yiy tax mu mën a liggéey ci petorol beek gaas bi. Te itam, moom Frank Timis jaarul woon ci saytukati Petrosen yi war a wóorliku ne képp kuy laal ci mbirum petorol walla gaas, am nga xam-xam bi, mën-mën bi ak koppar yi war. Waaye deful loolu. Bi Frank Timis xamee ni def na lu mu warul a def, loo xam ne mënees na ko fomme dige bi mu sékkoon ak nguur gi, dafa jël kii di Aliyu Sàll, ger ko ba noppi teg ko ci boppu këru liggéeyukaayam boobu di Timis Corporation, di ko fay xaalis bu takku. Li mu ku dugge nag, mooy xam naa, ginnaaw Aliyu Sàll rakku Maki Sàll la, Njiitu-réew mi dina ko làq, aar ko ba kenn du nangu ci moom petorol beek gaas bi, ñu jox ko, moom Aliyu, xaalis bu takkoo-takku. Te loolu Aliyu Sàll weddiwu, li mu def rekk mooy ñaawlu li ñu tudd xaalis bi mu feyeeku.
Kon, kenn waxul ne Aliyu Sàll ak Maki Sàll dañoo am wàll ci isini petorol yi walla yu gaas yi. Li ñu leen di tuumaal mooy ne dañu leen a ger ak ay milyaar ngir salfaañe alalul askan wi. Ndax ñoom ñoo tax ba alalu Senegaal dem ci loxoy ñeneen ba réew mi di ci am lu dul fukk ci téeméer boo jël (10%). Ndax lii jaar na yoon ? Lii rekk a di coow li.
Aliyu Sàll wax na yit ne, bi yoon wootee ne ku am firnde ci tuuma yi ñu teg ci kowam moom ak ñi ci taq ñépp, foogoon nañ ne dinañ wóolu yoonu Senegaal waaye yàq rekk moo tax a jóg ñi koy joxoñ baaraam. Nu koy fàttali ne, “procureur” bi dafa juum, walla sax moo tay li mu def. waaye yoon du doxe noonu. Te sax, fàtte xaju fi. Bi ñuy tuumal Karim Wàdd, dañu ko ne ràpp ci kaso bi door di ubbi lànket, naka noonu Xalifa Sàll. Kon, lu tax ba tey yoon tegul loxo Aliyu Sàll ? Te sax, yoon dafa amul lu muy wër-wërloo, lu ne fàŋŋ kenn du ko jeex. Fii lépp a leer : xam nañ ku xaatim dige bi ñu jox Frank Timis te IGE tere woon ko, xam nañu ñan lañuy jiiñ ne ñàkkul ñu ger leen (Maki Sàll ak Aliyu Sàll), xam nañu tamit jan jawriñ la yoon mën a njort ne taq na ci mbir mi (Aali Nguy Njaay).
Kon nag, na àttekat bi def liggéeyam, maanaam seet ba xam ndax ñett ñoonu teggi nañu yoon am déet.
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LA CÔTE D'IVOIRE ÉLIMINE LE MALI
La Côte d'Ivoire a dû attendre la 76e minute et un but de Wilfried Zaha pour se qualifier pour les quarts de finale de la CAN. Mais que ce fut dur face au Mali (1-0). Les Éléphants, qui ont vu Pépé livrer un match plutôt moyen, seront opposés à l'Algérie
France Football |
Augustin Audouin |
Publication 08/07/2019
Il promettait d'être ouvert et intense. Le duel Mali-Côte d'Ivoire n'a pas déçu. Riches de trios offensifs percutants et créatifs, les deux nations pouvaient toutes deux nourrir des ambitions de qualification. Au terme du combat, ce sont néanmoins les attendus Ivoiriens qui ont obtenu leur ticket pour les quarts de finale. Pourtant, c'est le trident des Aigles du Mali, Diaby-Marega-Djenepo qui s'est globalement montré plus aérien que celui des Éléphants. Ainsi Marega, sublimement lancé par Diaby, se présentait rapidement face à Gbohouo mais préférait la passe au tir (10e). Dans la foulée ce même Diaby, tout en vitesse et percussion, se créait une nouvelle situation mais sa tentative était contrée par Kanon (11e). Face à l'intensité physique et aux inspirations éclairées de Djenepo et Diaby, les couloirs ivoiriens étaient à la peine. Ainsi le Rennais Traoré lançait une nouvelle offensive côté droit et - après un une-deux avec le robuste Marega - voyait sa frappe trop enlevée (19e). Côté Éléphants, Pépé et Zaha n'affichaient pas le même rendement, trop laxistes et esseulés. Surtout l'ailier lillois, parfaitement bloqué par le néo-Lyonnais, et son désormais ancien coéquipier, Koné.
Marega, précieux mais imprécis
Habile dos au but et usant pour la défense, Marega, lui, manquait toutefois de précision dans le dernier geste. Le Portuan s'essayait d'abord sur un coup franc trop centrée (34e), puis manquait sa reprise au premier poteau après un énième débordement de l'intenable Djenepo (42e). Après la pause, le Francilien se trouvait cette fois à la passe et Djenepo se trouait à la conclusion (52e). Le Mali était bien devant aux points mais allait regretter toutes ces opportunités manquées. Un peu avant l'heure de jeu, les transmissions se faisaient moins précises, les courses moins franches... Les hommes d'Ibrahima Kamara en profitaient pour sortir quelque peu la tête de l'eau. Ainsi Kodjia manquait de redresser un corner de Pépé (54e) puis, après une ouverture bien sentie du Lillois, l'attaquant d'Aston Villa perdait son face-à-face devant Diarra (66e). Le vent était en train de tourner. Il fallait un dégagement du portier ivoirien Gbohouo et une déviation de Kodjia pour voir finalement Zaha pousser le ballon sous Diarra et au fond des filets (0-1, 76e). Fatal. Collectivement dominateurs mais terriblement inefficaces, les Aigles du Mali se faisaient punir. La bande à Magassouba, dangereux jusqu'au coup de sifflet final et cette frappe d'Adama Traoré (90e+2), ne reviendra plus et quitte la CAN avec de nombreux regrets dans les chaussettes. Solides, réalistes et un brin chanceux, les Éléphants rejoignent quant à eux l'Algérie en quarts de finale du tournoi.
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ALY NGOUILLE NDIAYE CULTIVE SES RACINES AU DJOLOFF
EXCLUSIF AFRICA 7 - Reportage dans le département de Linguère, précisément à Klim, où le ministre de l'Intérieur par ailleurs natif de la localité, aide les populations dans la culture des terres
Reportage exclusif de la chaine de télévision Africa 7 dans le département de Linguère, précisément à Klim, où le ministre de l'Intérieur, par ailleurs natif de la localité, aide les populations dans la culture des terres et dans l'élevage.
par Babacar WILLANE
MULTIPLE PHOTOS
EL HADJI KASSÉ, L'INSÉRIEUX
L'ancien monsieur com de la présidence, a été viré du Palais pour avoir eu la langue trop pendue dans l'affaire BBC-Aliou Sall. Portrait d'un salonard fêtard, étiqueté maoiste
Le péché était sans doute trop grave pour être absous. La seule issue semblait être la guillotine. La tête d'El Hadji Hamidou Kassé finira par rouler par terre. Lundi 24 juin, le Monsieur communication du Palais est limogé et remplacé par le duo Seydou Guèye-Abdou Latif Coulibaly. Le premier s'occupant désormais de la com de la Présidence, le second devenant le porte-parole du chef de l'État. Un de perdu, deux de retrouvés pour le Président Macky Sall.
Il n'en fallait pas plus pour élargir le foyer de l'incendie pétro-gazier qui commençait à monter au-dessus de la tête d'Aliou Sall, frère du Président. Pour sa défense, en effet, ce dernier affirmait n'avoir jamais reçu de l'argent de Frank Timis par le biais d'Agritrans.
Alors qu'on pensait qu'il s'agissait d'une "glissade" langagière, voilà qu'El Hadji Kassé remet le couvert sur Rfi, en maintenant ses propos, avant d'enfoncer le clou au micro d'Africa numéro 1. Il déclare sur la station panafricaine que si Macky Sall a nommé son frère à la Caisse des dépôts et consignations (Cdc), c'est parce qu'il était "dos au mur".
Depuis lors, le nom d'El Hadji Kassé bouscule celui des frères Sall au classement des patronymes les plus prononcés au Sénégal. El Hadji par-ci, Kassé par-là. L'homme finit par être emporté par la marée noire. Il est la première victime, avant même Aliou Sall, le principal accusé. Le grand théoricien de la com paye ainsi pour sa communication "déconsolidante" dans l'affaire Aliou Sall-Bbc-Bp-Petro-Tim.
Pompier devenu pyromane
Patron de la communication de la présidence depuis novembre 2015, El Hadji Hamidou Kassé est passé en quelques jours de pompier à pyromane du Palais. S'illustrant par des sorties qui ont mis mal à l'aise le régime et la famille Sall en particulier. Lui, l'expert en communication a multiplié les fausses notes.
D'abord, aux aurores de la polémique Petro-Tim, il nie l'existence du rapport de l'IGE sur les supposées carences de la société de Frank Timis. Mais devant la ténacité des faits, il est contraint de reconnaitre l'authenticité du document, mais tente de s'accrocher au fait que le chef de l'Etat, selon lui, n'a jamais reçu le rapport de manière officielle. Sous entendant ainsi que le Président Macky Sall ignorait son existence.
Les adeptes de l'ironie en concluent que Macky Sall est le Président le moins informé du Caire au Cap, l'invitant même à s'inscrire sur Whatsapp pour bénéficier des partages de documents.
Autant d'errements venant d'un homme comme El Hadji Kassé, a de quoi surprendre. En effet, l'homme est tout sauf un novice en matière de communication. Avant Macky Sall, il a été dans l'équipe de l'ancien Président malien Amadou Toumany Touré, notamment à la présidentielle de 2007 au Mali. Un ouvrage est né de cette expérience : La communication en temps de campagne électorale : le style ATT (2010).
Teint clair, taille moyenne, silhouette fine, El Hadji Hamidou Kassé, c'est surtout une expérience avérée dans un domaine qu'il pratique depuis 20 ans. Vers les années 96-97 il fonde le cabinet KG (Kassé et Gadio) Communication, avec l'ancien ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio, revenu des États-Unis. L'ancien directeur (éphémère) du Congad a également dirigé l'agence Afrique communication, travaillant avec des organismes et Ong africains et internationaux.
And Jëf, le fer de lance
Au Palais, ce Maoiste pur jus était dans son milieu naturel. Au confluent de la politique et de la communication, pour ne pas parler de "communication politique". En fait, l'enfant du Fouta est un ancien militant de And Jëf. A l'âge de 15 ans déjà, sous influence de son professeur Iba Guèye, il entre en politique. Même si il n'a jamais été dans les batailles décisives, puisque n'ayant pas été un responsable de premier plan.
Pourtant, le parti sera le véritable fer de lance de sa carrière. Revenu de France, El Hadji Kassé va embrasser le journalisme, un métier qu'il a appris sur le tas au milieu des années 80. Il va faire ses premiers pas à Sud. A l'époque, l'hebdomadaire avait à sa tête un certain Babacar Touré, maoiste, Vieux Savané, frère de Landing Savané, patron de And Jëf. "La haute hiérarchie de Sud était composée essentiellement de maoistes", souffle une source.
C'est à cette même période qu'il va d'ailleurs rompre les amarres avec AJ. Dans un portrait qui lui est consacré dans le numéro 305 du 9 janvier 1998 du journal Le Matin, il confiait avoir quitté le parti de Landing, parce qu'il était sûr que son exclusion ne saurait tarder : "J'étais membre d'un groupe fractionniste qui en réalité était porteur d'un courant en rupture avec les positions officielles du parti. Les camarades qui y étaient avec moi et qui n'ont pas démissionné comme je l'ai fait ont été proprement expulsés (rires)."
El Hadji Kassé, c'est aussi une plume. En atteste son passage à Sud justement. Ses contemporains sont unanimes : sa chronique "Air du temps", rédigé dans un style "aéré et provocateur était plutôt un régal", surtout qu'il a été encadré par des journalistes chevronnés comme Abdoulaye Ndiaga Sylla, Ibrahima Bakhoum ou Ibrahima Fall.
Ces années à Sud constituaient aussi une parenthèse de détente pour ce "salonard fêtard" habitué "des coins les plus huppés de Dakar". Sa bande composée entre autres de Moustapha Sène et Cheikh Tidiane Gadio garde encore le souvenir de ce qu'était le Dakar by night des années 80.
"Parfois, se souvient Moustapha Sène, on terminait à Sud vers 3h du matin. On allait en boite, faire un peu la fête, surtout quand on sortait d'une production difficile d'un journal."
Faut-il déceler dans ce noctambulisme l'explication de son mariage tardif ? Hal pulaar bon teint, comme en témoignent les deux scarifications sur ses tempes, l'homme reste attaché à sa terre natale, Sinthiou Mogo, le village de ses ancêtres à Matam. "C'est sous cette terre que vivent mes morts : mon père, ma grand-mère Rella…", précise-t-il en bon philosophe. Ce n'est pas pour rien d'ailleurs qu'il est membre du mouvement "caada", variation culturelle de la revendication maoist.
Mais, subversif dans l'âme, "le théoricien du jumbax out" s'autorise quelques libertés par rapport à la ligne stricte de son ethnie. Celui qui se définit comme un "métis culturel" se marie en 1998 ou en 1999 avec Thiéka Guèye. Ils eurent trois enfants.
"Éditos de chapelle"
2000 ! Cette date marque un tournant décisif dans la carrière d'El Hadji Kassé. Avec la première alternance politique, réussie par une coalition de l'opposition d'alors, And Jëf entre dans le gouvernement. Mamadou Diop Decroix nommé ministre de la Communication va livrer une bataille âpre pour le contrôle de la direction du journal Le Soleil convoité par ses alliés du Pds. "Marie Angelique Savané aussi a poussé du mieux qu'elle a pu pour convaincre Wade", indique un interlocuteur. Le pape du Sopi céda.
El Hadji Kassé, l'ancien du Parti, sera intronisé en août 2000. Il sera à la tête du quotidien national jusqu'en avril 2005. De son passage, l'on peut retenir pas mal de points positifs. Ancien rédacteur en chef et surtout leader syndical au Soleil à l'époque, Habib Demba Fall lui attribue, par exemple, la diversification du contenu du journal, avec l'aide d'une rédaction composée de jeunes dynamiques.
"À son arrivée, rappelle Fall, il avait dit qu'il fallait en finir avec les éditoriaux de chapelle. Il voulait que Le Soleil joue le rôle d'alerte, non pas en ayant le ton de la presse privée, mais en faisant des reportages de société pour mieux ressortir les souffrances des populations."
Moustapha Sène confirme : il souligne qu'avec Kassé, il y avait une réelle ouverture du Soleil à l'opposition et autres franges de la société. Tous deux lui accordent le mérite d'avoir réconcilié Le Soleil avec son public.
Mais malgré cette volonté d'ouverture affichée, El Hadji Kassé ne tardera pas à être rattrapé par les "éditoriaux de chapelle". L'on se rappelle sa chronique "Rebond", destinée non pas à chanter les louanges du locataire du Palais comme il était de coutume, mais plutôt connu pour les attaques, souvent ad personam, contre les adversaires de Wade.
El Hadji Kassé a une très belle plume. Certes ! Mais il a aussi une "plume féroce". Pr Malick Ndiaye en sait quelque chose, lui qui a été accusé par le disciple d'Alain Badiou d'avoir volé tout l'arsenal conceptuel de Marx Weber. Cette propension à s'attaquer aux adversaires de Wade lui avait d'ailleurs valu une sortie acerbe de Barka Ba dans le journal Kocc, à travers un texte intitulé "El Hadji Kassé ou le naufrage d'un intellectuel".
Pourtant, malgré cette posture, le concerné dit n'avoir jamais été du Parti démocratique sénégalais (Pds). Tout le contraire pour l'Apr, parti dans lequel il revendique le statut de membre fondateur, mais plutôt discret à ses débuts. "Mes activités professionnelles ne me permettaient pas d'être très visible", se justifie-t-il dans une interview.
Ancien du lycée Charles de Gaulle de Saint Louis, ville qu'il aime bien et où il a fait une partie de sa jeunesse, El Hadji Kassé s'est fait très tôt remarquer dans les mouvements de contestation scolaire. La flamme sera maintenue à l'université Cheikh Anta Diop où il a eu à diriger des grèves dans les années 80 en compagnie de Talla Sylla, Khalifa Mbengue, défunt directeur de la CMU, et Abdou Aziz Kébé, entre autres.
"Il était un peu trop turbulent, il avait un côté tête brûlée", rigole Moustapha Sène, journaliste, qui a été d'abord son prof de philo au lycée, puis camarade étudiant à l'université et confrère à Sud et au quotidien Le Soleil.
Dans le but de casser la dynamique contestataire en cours, l'Etat a essayé de décapiter le mouvement par des bourses à l'étranger. C'est ainsi que, entre autres exilés, El Hadji Kassé a été envoyé en France pour poursuivre ses études, même s'il n'y est pas resté longtemps.
Philosophe, cet amoureux de la musique a été conseiller des Frères Guissé dans les années 98. El Hadji Kassé est aussi un amoureux de la littérature et écrivain prolixe. Il a remporté le Grand prix du chef de l'Etat pour les Arts avec son livre Les Mamelles de Thiendella.
"Insérieux"
A l'université, il a été abreuvé à la source de la philosophie et du maoisme par des grands maîtres tels Mamoussé Diagne, Abdoulaye Elimane Kane, Sémou Pathé Guèye et autres Souleymane Bachir Diagne. C'était l'âge d'or de la gauche sénégalaise.
Sa chevelure abondante de l'époque traduisait quelque part cette multitude d'idées révolutionnaires qui se bousculaient dans son jeune crâne aujourd'hui rasée. Symbole sans doute d'une vision de la vie devenue moins romantique.
De cette période, on retiendra de lui un "chambardeur d'idées" qui aimait les débats. Celui que ses camarades étudiants surnommaient "l'insérieux" était d'ailleurs l'un des animateurs d'un club de philosophie à l'Ucad. "Il était percutant, très expressif, à la limite exubérant et même flamboyant", déclare une source. Kassé était surtout teigneux, il se cramponnait à ses idées, ce qui fait que les débats pouvaient parfois dégénérer.
Peint comme un frimeur plutôt généreux, l'homme savait aussi détendre l'ambiance, capter son monde. La pratique philosophique avait aiguisé son humour. Dans une interview dans le journal Le Matin du 9 janvier 1998, lorsqu'on lui demande ce qu'il serait devenu s'il n'était pas philosophe et s'il n'avait pas fait des études, il répond : "Je serais un tisserand dans mon village, polygame avec deux ou trois femmes et une ribambelle de gosses."
Et lorsqu'on lui demande ensuite ce qu'il pense d'une danse en vogue à l'époque, il fait sortir ce côté bon vivant de sa personne : "J'ai vu une portion de ‘wañaaru' à la télévision, et c'était si sublime que les intégristes de tous bords se retrouvent désarmés."
Cette façon d'aborder les choses fait que très souvent, il lui arrive de prendre à la légère des choses sérieuses pour beaucoup. Certaines sources croient savoir même que c'est l'une des raisons pour lesquelles ses adversaires au quotidien Le Soleil ont réussi assez facilement à avoir sa peau. Peut-être aussi que ce côté tête brûlée l'a perdu au Palais.
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ESSAYONS LE PARRAINAGE CITOYEN
EXCLUSIF SENEPLUS - El Hadji Momar Samb est contre les cautions financières qu'il juge pernicieuses et prohibitives dans la participation des citoyens aux échéances électorales
Ababacar Sadikh Sall et youssouf Ba |
Publication 08/07/2019
‘’Il faut arrêter ces cautionnements financiers parce que cela construit une démocratie censitaire et exclut ceux qui n’ont pas les moyens financiers mais qui ont peut être des moyens intellectuels politiques, citoyens pour participer à la construction de notre pays’’, plaide El Hadji Momar Sambe. Le leader du Rassemblement des travailleurs africains-S Pencoo rew (Rta-S), rejette le cautionnement par l’argent et invite les autorités à un parrainage citoyen.
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par Madiambal Diagne
LES PYRAMIDES D'ÉGYPTE, SYMBOLES DE L'ÉCHEC DE L'AFRIQUE
Comment cette Afrique qui a produit ce qu’il y avait de plus évolué dans le monde a pu aujourd’hui être à la traîne ? Les Africains sont assez prompts pour se trouver des excuses, comme l’esclavage ou la colonisation européenne
En Egypte, le visiteur ne peut manquer de s’émerveiller devant les hautes pyramides. Ces grandes bâtisses, vieilles de plus de 4 000 ans et sans aucune ride, constituent une prouesse technique et architecturale. Elles sont hautes, comme un immeuble de plus de 45 étages (Les pyramides de Gizeh près du Caire montent à 146 mètres de hauteur). Construites avec beaucoup d’ingéniosité et des moyens technologiques d’un autre âge, les pyramides ont été considérées comme l’une des sept Merveilles du monde. Elles sont les témoins encore debout d’une grande civilisation, la plus évoluée de l’histoire de l’humanité. Tout le monde s’accorde sur l’idée que le monde moderne – la civilisation contemporaine – prend sa source de l’Egypte ancienne. Cette Egypte a produit le monde comme il est aujourd’hui. Le Pr Cheikh Anta Diop avait fini par convaincre de l’antériorité des civilisations noires. Il a pu établir indubitablement que «l’Egypte ancienne était nègre», non pas seulement par sa situation géographique, mais aussi par ses langues, son organisation politico-sociale et ses brassages ethno-linguistiques.
Les Africains ont donc de bonnes raisons d’être fiers de la civilisation égyptienne qui porte le sceau des différentes dynasties pharaoniques. Mais paradoxalement, les reliques de l’Egypte ancienne devraient aussi constituer notre mauvaise conscience. En effet, comment cette Afrique qui a produit ce qu’il y avait de plus évolué dans le monde a pu aujourd’hui être à la traîne du monde ? Les Africains sont assez prompts pour se trouver des excuses, comme l’esclavage ou la colonisation européenne. Force est de dire que quand la civilisation égyptienne déclinait, il n’avait point encore été question de traite négrière ou de colonisation.
Le sort des morts importe plus que celui des survivants
Il apparaît que paradoxalement l’Egypte a été freinée par la grandeur et l’aura de ses pharaons. Qu’est-ce que la postérité retient de ces illustres pharaons ? Rien d’autre que leurs pyramides qui servaient de temples, qui leur servaient de tombeaux. Chaque pharaon passait sa vie à édifier la plus grande pyramide, la plus majestueuse ou la plus prestigieuse pour y reposer éternellement. Il ne se trouve pas dans l’histoire de l’Egypte ancienne ou dans l’histoire du monde noir un souverain qui a laissé à sa suite une infrastructure communautaire qui fasse encore rêver. Tout était centré et dévolu à la gloire personnelle du souverain. Le postulat semblait être que la vie des Peuples africains s’arrêtait avec la mort de leur souverain. Le souverain se faisait enterrer avec son colossal patrimoine. Les richesses accumulées étaient ainsi perdues pour toujours. Le successeur était appelé à repartir de zéro, à chercher à amasser une nouvelle richesse qui ne lui survivra pas non plus. L’histoire devient ainsi un éternel recommencement. Aucun acquis économique ou d’infrastructure n’aura à profiter aux générations suivantes. Qui peut montrer une route, une école, une université ou même une maison habitable laissée par un souverain africain à son successeur ? Le souverain se faisait enterrer avec ses serviteurs et ses richesses pour, disait-on, lui permettre de poursuivre sa vie de luxe et de lucre dans l’au-delà. Il reste, ironie du sort, que le souverain s’arrangeait toujours pour ne pas se faire enterrer avec ses reines ou ses enfants. Ce sont les autres, le Peuple de serviteurs, qui sont sacrifiés. Le souverain perpétuait sa lignée qui va continuer de régner sur son Peuple. La bonne preuve est qu’on retrouve des temples conçus et dédiés à telle reine ou tel successeur de tel souverain. La dynastie ne s’arrête jamais à la mort du souverain régnant. Le souverain africain vivait uniquement pour ses petits plaisirs. Pourtant, l’histoire enseigne combien avait été rude la vie des Peuples égyptiens pendant que les pharaons ne se privaient de rien.
Ils sont célèbres, les raouts des rois africains. Leur gloire et leur épopée sont chantées au gré des largesses et de la bombance. Au Sénégal par exemple, on nous conte toujours l’histoire emblématique de ce roi du Kajoor qui faisait la fête à longueur de journée entre la bonne «chair et la boisson» qu’on devine «alcoolisée». Il peut arriver de se vanter de ses origines «ceddos», qui sont synonymes de libertinage, de prodigalité, de goût du lucre et de la bombance. Qu’est-ce qu’il y a de progressiste dans une telle façon de vivre ? Toujours au Sénégal, on chante encore la gloire d’un souverain dont le mérite, ô combien grand, est d’avoir «creusé un puits où tout le monde s’abreuvait». Un signe ou un geste de générosité ou de mansuétude ? Comme si le Peuple n’avait pas droit à de l’eau ! Etait-ce suffisant pour faire la prospérité de son Peuple et valoir à ce souverain une gloire qui aura traversé des générations ?
De nombreux milieux intellectuels africains se sont extasiés d’un article publié, récemment, dans un média britannique, qui présentait le roi malien Kankan Moussa comme «l’homme le plus riche de tous les temps». Kankan Moussa avait été si riche que lors de son pèlerinage à la Mecque, il avait transporté des tonnes d’or sur plus de 1 200 chameaux et éléphants, portant chacun plus de 150 kilogrammes d’or. Kankan Moussa a fait le pèlerinage à la Mecque, accompagné d’une cour de plus de 60 mille sujets et quelque 12 mille esclaves. «C’était comme une ville qui traversait le désert.» Kankan Moussa a même fait dégringoler les cours de l’or sur tout son passage en Egypte, en Syrie et à la Mecque. Que reste-t-il de l’épopée de Kankan Moussa ? On ne lui connaît pas une autre réalisation laissée à la postérité que la seule mosquée de Djingareyber à Tombouctou, construite à partir de 1327. Oui, «l’homme le plus riche du monde et de tous les temps» n’a laissé ni école ni route, ni maison ni palais, mais une seule et grande mosquée. Cette richesse de Kankan Moussa a profité à d’autres Peuples.
Nous voulons croire à l’épopée que «le roi Mansa Moussa (roi des rois) est revenu de la Mecque avec plusieurs savants musulmans, dont des descendants directs du prophète Mohamed et un poète et architecte andalou du nom de Abu Es Haq es Saheli, qui est largement reconnu pour avoir conçu la célèbre mosquée Djingareyber. En plus d’encourager les arts et l’architecture, il a également financé la littérature et construit des écoles, des bibliothèques et des mosquées. Tombouctou était rapidement devenue un centre d’éducation et des gens venaient du monde entier pour étudier à la future Université Sankore. Le richissime roi est souvent crédité d’avoir commencé la tradition de l’éducation en Afrique de l’Ouest». Qu’on nous montre les vestiges de tout cela ! On ne trouve pratiquement à Tombouctou que des tombeaux de saints. Dans le cimetière de Tombouctou, la légende voudrait que seraient enterrés exactement 333 saints. Les exemples sont légion en Afrique et sont les plus parlants, les uns les autres.
Jamais un Peuple dans l’histoire de l’humanité n’a disposé d’autant de richesses ! Sous le règne de Mansa Moussa, l’empire du Mali représentait près de la moitié des réserves d’or de l’Ancien Monde, selon le British Museum. A l’époque, encore une fois, il n’était pas question de traite négrière, encore moins de colonisation qui expliquerait ou justifierait les retards actuels. Le roi Magha 1er avait succédé à Kankan Moussa. A sa mort, Mari Djata II arriva au pouvoir «avec ses lubies et ses débauches». L’écrivain Ibn Khaldùn, dans son Livre des exemples, explique que l’un des successeurs de Kankan Moussa, Mari Djata II, mort en 1373, n’avait pas bonne réputation. «Il ruina le royaume, dissipa les richesses, mettant l’empire du Mali au bord de l’effondrement. Il poussa tant ses gaspillages et ses dilapidations qu’il vendit la pépite d’or du Trésor royal hérité de son père.» Une peinture historique montre Kankan Moussa avec la fameuse boule d’or à la main, symbole de sa royauté.
En Afrique, quand on construit, c’est d’abord un lieu de culte. Rien n’est trop beau pour un lieu de culte. On peut être dans un trou perdu pour y dresser une basilique ou une mosquée, la plus somptueuse, alors que les fidèles appelés à s’y recueillir manquent de tout, de nourriture, d’eau courante, d’électricité, d’écoles, de lieux pour se soigner.
Qu’ils sont tristement célèbres nos rois ! Allons au royaume d’Abomey, actuel Bénin ! Depuis 1625, ils étaient douze rois sanguinaires à se succéder et qui avaient fini par ruiner leurs Peuples. Comme s’ils rivalisaient de cruauté. Ils pratiquaient la traite des esclaves, le culte du sang et se préoccupaient uniquement d‘entretenir leur cour avec faste et de faire la guerre. Ils disposaient de la vie et des biens de leurs sujets. Ils héritaient des morts. Ils dépouillaient leurs sujets pour mener leur train de vie.
Continuer de faire comme les ancêtres
Le schéma se perpétue de nos jours. Les richesses africaines profitent plus à d’autres Peuples qu’aux Peuples africains. Nos élites rivalisent du plus beau et plus vaste domaine ou autre propriété en Europe ou en Amérique ou dans les pays du Golfe arabo-persique. Toutes les richesses africaines sont externalisées par nos élites politiques, économiques et sociales. S’il faut investir, il faut le faire à l’étranger, loin des yeux et des oreilles de son Peuple. Les ressources du sol africain sont placées entre les mains d’étrangers et les revenus qui en sont tirés sont domiciliés à l’étranger. Ces ressources pourront permettre de financer les infrastructures, le développement et les circuits économiques des pays étrangers. L‘Afrique semble condamnée à vivre éternellement ainsi. Il arrive souvent qu’un chef d’Etat africain, après plusieurs décennies, ne laisse derrière lui la moindre maison bâtie sur le sol du Peuple dont il a guidé aux destinées. Par contre, ce dirigeant ne manquera pas de posséder des propriétés les plus somptueuses à l’étranger.
Dans nos chaumières, il faut consacrer nos revenus à faire la fête. Mais pour investir, il faut le faire chez les autres. Les élites africaines étalent leurs richesses dans des cérémonies familiales comme le mariage, la fête de la naissance d’un nouveau membre de la famille ou encore pour fêter la mort d’un proche. Les deuils sont l’occasion de dépenser toutes les économies de la famille, jusqu’à s’endetter même. Le défunt aura été dignement fêté pour le repos de son âme éternelle, même si la vie de ses proches survivants sera affectée, pour toujours, par des dettes ou la pauvreté. En Afrique, on ne vit que pour nos morts, c’est peut-être parce que «les morts ne sont pas morts».