Un arrêté préfectoral qui tombe à midi et une Coupe d’Afrique des Nations qui capte encore l’attention des Sénégalais. Trop d’obstacles pour le 4èmerassemblement de la plate forme Aar li ñu bokk qui n’a pas drainé des foules.
Une vue lointaine de la Place de la Nation (ex-Obélisque) photographie la manifestation de Aar li ñu bokk, #sunu pétrole. Pour son 4ème rassemblement, la plateforme citoyenne née après les révélations de Bbc semble à bout de souffle. Alors que la Place de la Nation essaimait de monde venu suivre le match de 8ème de finale de la Coupe d’Afrique des Nations (Can), Nigeria-Cameroun (3-2), Cheikh Tidiane Dièye et ses camarades dénonçaient sur la place Vieux Sing Faye, ex Rue 25X Centenaire, la gestion des ressources naturelles devant quelques centaines de Sénégalais. Sur le long de la route bitumée du boulevard Général De Gaulle, les éléments du Groupement mobile d’intervention (Gmi) bloquent quasiment toutes les issues. La fouille d’identité est minutieuse.
Il y a certes manifestation, mais le mouvement est sous haute surveillance alors que le ciel menaçant rappelle que la pluie peut intervenir à tout moment. Telle une manifestation interdite, la police a sorti l’artillerie lourde. Proche de l’état de siège. Boucliers ajustés, armes entre les mains, pick-up faisant la ronde, rien n’était laissé au hasard pour éviter tout débordement comme inscrit dans l’arrêté préfectoral qui a bien fixé la rencontre entre 15h et 18h. Un arrêté qui est d’ailleurs la source de la faible mobilisation, d’après Aliou Sané, coordonnateur du mouvement Y’en a marre. Regard furtif promené dans les Allées du Centenaire noires de policiers, M. Sané voit un «dispositif de répression en lieu et place d’un dispositif d’encadrement». «Normalement, dans un pays démocratique, lorsque d’honnêtes citoyens veulent manifester, ils doivent avoir la lettre de sécurisation 48 heures avant. Nous n’avons reçu cette lettre qu’aujourd’hui à midi pour une manifestation prévue à 15h. La logique du préfet est de saboter notre manifestation», dénonce le successeur de Fadel Barro.
Sonko : «Dans d’autres pays, des millions de gens sortent, mais au Sénégal, les gens restent chez eux»
Au sein de la foule, les maillots du Sénégal gravés «Aliou Sall, sunu 400 000» font florès. Les «gilets orange» aussi. La détermination ne faiblit pas à défaut d’une forte mobilisation. Un «public de qualité», selon les termes de Aliou Sané que Malal Talla alias Fou Malade a tenté de galvaniser. «Aliou Sall, sunu, sunu, sunu pétrole ! Sunu, sunu, sunu pétrole !», entonne le leader de Bat’ Haillons Blindé en chœur avec les manifestants. En chœur avec le public, Ousmane Sonko excelle dans cet exercice depuis le début des rassemblements. Chapeau gris sur la tête, comme à son habitude, le leader de Pastef s’en est très tôt pris aux «millions de Sénégalais» qui partagent le combat de la plateforme, mais absents de la manifestation. «Dans d’autres pays, dans le cadre d’une affaire similaire, des millions de gens sortent. Mais si c’est au Sénégal, les gens restent chez eux. Il est temps de se serrer la ceinture pour se battre», invite M. Sonko pour qui «très peu d’hommes politiques parlent des contrats parce qu’ils sont tous mouillés».
Saisine de la Cour suprême et marche à la Dic
Pour que la lumière soit faite dans cette affaire, la plateforme Aar li ñu bokk compte mobiliser un million de Sénégalais pour donner le rapport de l’Ige à la Dic. «Le rapport est sur internet, mais le pouvoir dit qu’il ne le voit pas. Nous allons l’imprimer et le donner à chaque Sénégalais. Après, on ira à la Dic. Le Président Macky Sall n’a qu’à construire des prisons parce qu’il va emprisonner des millions de Sénégal s’il ne veut pas déclassifier le rapport», avertit Cheikh Tidiane Dièye, le front dégoulinant de sueur. «On ne doit pas nous tromper avec de faux lièvres. Aliou Sall, depuis le début de cette affaire, démissionne chaque jour d’un poste. Il est comme un homme qui a volé un troupeau de moutons. Chaque fois qu’on crie au vol, il lâche un mouton. Même s’il avait démissionné de sa famille, cela ne pourrait absoudre le principal responsable Macky Sall qui a fait parjure, a trahi son serment pour les beaux yeux de son frère», renchérit Sonko.
Pour cela, le coordonnateur de Aar li ñu bokk annonce que la plateforme va saisir la Cour suprême en tant que partie civile pour attaquer le décret de Macky Sall sur l’octroi des contrats à Petro Tim. «Le décret n’a pas de base légale. Si la Cour suprême le casse, tous les contrats liés à ce décret vont disparaître. Ainsi, on va arracher notre pétrole des mains de Frank Timis. Il n’est pas question que cet homme se fasse des milliards sur le dos des Sénégalais. On ne l’acceptera pas», prévient M. Dièye. Pour mener le combat, insiste-t-il, il faudra rester mobilisé. Le prochain rendez-vous est fixé à Guédiawaye samedi prochain.
SALAH BALISE LE CHEMIN DU BALLON D’OR À SADIO MANE
Réunis ensemble à la Can en Egypte après avoir remporté la Ligue européenne des Champions avec Liverpool - Mais cette élimination prématurée du Pharaon semble profiter au Sénégalais
Réunis ensemble à la Can en Egypte après avoir remporté la Ligue européenne des Champions avec Liverpool, Sadio Mané et Mohamed Salah se devaient de livrer une farouche bataille pour le Ballon d’Or africain. Mais cette élimination prématurée du Pharaon semble baliser le chemin au Lion.
Un vrai coup de tonnerre a retenti ce samedi soir dans le ciel cairote avec l’élimination du pays hôte, l’Egypte, dès les 8esde finale de la compétition par l’Afrique du Sud (1-0).
Une grosse déception pour les supporters des Pharaons mais aussi pour leur star Mohamed Salah. Ce dernier qui est en course pour le Ballon d’Or africain avec son coéquipier à Liverpool, Sadio Mané, voit ainsi une grosse occasion lui filer entre les godasses.
Déjà auteur de deux buts, Salah avait l’occasion de revenir sur l’attaquant des Lions (3 buts) et de poursuivre son chemin avec le rêve de s’offrir pour la première fois de sa carrière le trophée continental et de nourrir l’espoir d’un triplé avec le Ballon d’Or africain.
Avec cette élimination prématurée de son équipe, le Pharaon perd gros sur le chemin qui mène au Ballon d’Or africain. Surtout face à son concurrent direct et pote en club.
En effet, déjà auteur de trois buts, Sadio Mané a fait un grand pas avec la qualification du Sénégal en quarts de finale contrairement à Mo Salah qui quitte l’aventure. Et si l’ancien de Génération Foot finit meilleur buteur il serait bien parti pour s’offrir son premier Ballon d’Or africain après la «Coupe aux grandes oreilles». Mais ce qui pourrait déterminer tout cela et lancer l’enfant de Bambali sur la route du sacre, c’est de gagner la Coupe d’Afrique. Là rien ne pourrait s’opposer qu’il soit sacré devant Salah qui a perdu du terrain.
Du coup, l’attaquant des Reds sait ce qu’il lui reste à faire. D’abord sortir le Benin ce mercredi en quarts de finale et attendre l’adversaire des demi-finales avant la der avec la finale.
La presse tire sur Salah
Pendant ce temps, Mo Salah va devoir faire face aux critiques de la presse. Pour le site de la chaîne Sada el-Balad, «Mohamed Salah a été hors contrôle», passant «10 jours de congés en camp d’entraînement sans se rendre compte qu’il était en mission nationale».
Le site souligne que la star de Liverpool a par ailleurs «imposé» le retour de son coéquipier Amr Warda, exclu puis réintégré à l’équipe malgré des accusations de harcèlement sexuel. Cette crise a révélé «la faible personnalité» de Aguirre, selon Sada el-Balad.
Sur les réseaux sociaux, des internautes se sont réjouis de la défaite des Pharaons, qu’ils accusent d’être une «équipe de harceleurs» après leur soutien à Amr Warda. Une petite pique bien méchante à Salah.
L’ARTP MET FIN AUX BONUS
« Sur décision du Régulateur, arrêt ce 08/07 du bonus Orange money
L’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) a décidé de mettre fin aux pratiques anti-concurrentielles des sociétés de téléphonie sur le service de transfert d’argent et de paiement mobile.
« Sur décision du Régulateur, arrêt ce 08/07 du bonus Orange money paiement marchand, factures, Woyofal, Rapido, transfert avec code ou international, retrait, Ofms».Par ce sms en date du 6 juillet2019, Orange finances mobiles Sénégal annonce à ses utilisateurs que l’Artp lui interdit désormais d’offrir du bonus à ses clients pour toute opération de transfert d’argent ou de paiement mobile.
Pour l’Association des utilisateurs de Tic (Asutic), «ces pratiques ont toujours constitué des obstacles significatifs au changement de fournisseur de services et ont contribué à rigidifier un marché qui présentait déjà une fluidité réduite. Par conséquent, cette mesure, conforme à la décision n° 2019- 008 du 29 mai 2019 de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) qui interdit à tous les opérateurs d’offrir des bonus pour leur service mobile money, constitue un avantage certain pour les utilisateurs. En effet, elle devrait permettre une baisse des tarifs des services de transfert d’argent et de paiement mobile».
Cette organisation consumériste sollicite ainsi des utilisateurs un soutien à cette initiative de l’Artp pour une baisse effective des tarifs des services financiers mobiles.
«J’AI REFUSÉ DE PORTER PLAINTE»
L’obstination de son conjoint divorcé à vouloir présenter ce dossier comme une cabale politique dirigée contre sa personne a convaincu Aminata Diack de sortir de son silence pour remettre les pendules à l’heure
Si cela n’avait tenu qu’à elle, on ne parlerait pas d'Aminata Diack dans les médias. Alors que le contentieux matrimonial qui l’oppose à son ancien mari Abdoul Mbaye entretient les causeries dans les chaumières, la dame s’est pendant longtemps emmurée dans le silence. Néanmoins, l’obstination de son conjoint divorcé à vouloir présenter ce dossier comme une cabale politique dirigée contre sa personne et elle comme un instrument politique destiné à l’abattre, l’a convaincue de sortir de son silence pour remettre les pendules à l’heure.
Votre nom a été cité dans une affaire de divorce vous opposant à votre ex-mari, M. Abdoul Mbaye. Jamais depuis l’éclatement de cette affaire, on ne vous a entendu en parler. D’ailleurs, vous ne vous êtes déplacée qu’une seule fois au Tribunal lors de la première audience. Pourquoi avoir choisi de briser le silence aujourd’hui ?
J’ai gardé le silence parce que pour moi, un divorce est une affaire privée, qui n’a donc pas vocation à se retrouver sur la place publique. J’ai surtout voulu préserver mes enfants et mes proches. Mais j’ai entendu et je continue d’entendre des déclarations non conformes à la réalité, je vais donc m’exprimer une fois, pour retracer les fait set espérer sortir de ce feuilleton médiatique de mauvais goût, dont je suis devenue actrice à mon corps défendant.
Vous auriez exprimé votre refus à votre époux alors qu’il vous avait fait part de son désir d’adopter un enfant avec sa seconde épouse. Qu’est-ce qui motivait votre opposition à son projet ?
Quel parent responsable ne se serait pas opposé à ce projet ?Je me suis renseignée et J’ai compris que même la première adoption qu’il avait faite quelques années au paravent avait été formalisée avec des documents corrompus, notamment un certificat de mariage avec une deuxième épouse, certificat qu’il n’aurait pas dû détenir. L’option du régime monogamique, au-delà du choix à vie d’une seule épouse, impliquait qu’il ne pouvait pas adopter sans mon consentement, consentement que je n’avais évidemment pas donné, et qui n’avait d’ailleurs même pas été sollicité.
Je me suis donc opposée à la seconde adoption en cours de procédure, en introduisant simplement une requête en annulation de placement d’un enfant. Je continue de penser qu’aucun parent responsable ne peut laisser à ses enfants le soin de régler derrière lui, pareille situation.
Votre mari a répliqué en demandant le divorce, arguant qu’il ne pouvait vivre sous le même toit qu’une femme qui a «porté plainte» contre lui. Est-il exact que vous aviez porté plainte contre lui ?
C’est inexact, en réalité c’est en réaction à mon opposition à l’adoption, qu’il a saisi la justice aux fins de divorce et non suite à une plainte de ma part. Le choix d’un divorce au Tribunal était donc le sien. J’avoue que moi, je n’aurais pas opté pour cette voie de règlement, compte tenu de ce que j’avais découvert. J’ai subi cette procédure de divorce, sans aucune intention de faire de vagues et je m’y suis tenue. Pourtant, les choses auraient été beaucoup plus simples pour moi si j’avais porté plainte, parce qu’il y avait de quoi faire : la bigamie, et plus grave, la détention et l’utilisation d’un deuxième certificat de mariage, le faux sur les adoptions : 3 délits pour lesquels j’étais en droit de porter plainte et je ne l’ai pas fait, pas par faiblesse, mais parce que je n’ai pas perdu de vue que c’est le père de mes enfants. Je vous fais observer que personne n’en a entendu parler, ce qui traduit bien l’absence de plainte.
Qu’est-ce qui a alors déclenché la procédure pénale ?
Ce sont les documents que lui a joints à sa requête de divorce. En effet, au cours de cette procédure de divorce, il a produit le livret de famille dont le régime sur les biens était modifié en séparation, que lui détenait, et moi un certificat de mariage récent délivré par l’état-civil, sur lequel nous étions toujours en communauté des biens. Les deux documents étant discordants sur le régime des biens, la présidente du Tribunal a estimé devoir saisir le procureur de la République pour enquête. Après enquête, le Procureur a décidé de le poursuivre. Je dois préciser que je n’ai pas bénéficié de régime de faveur, j’ai moi-même été convoquée à la Dic et entendue par le Doyen des juges d’instruction.
S’agissant de ce certificat, votre ex-époux a déclaré que c’est d’un commun accord que vous aviez décidé en 1994, de modifier la«communauté de biens»pour la «séparation de biens», parce qu’il voulait effectuer des investissements à risques et cherchait à protéger votre patrimoine. Est-ce exact ?Pourquoi dénoncer ce certificat aujourd’hui ?
Peu importe le motif servi pour cette demande, elle a été formulée, j’ai signé la requête conjointe qu’il avait préparée : il avait fait le choix d’une communauté au moment de notre mariage, j’étais étudiante, et quand il a, des années plus tard, souhaité le modifier, je n’ai pas vu d’inconvénient à le lui concéder. Je précise toutefois que je n’ai été associée à aucune démarche, je n’ai jamais été entendue ni même convoquée par aucun juge, jusqu’au jour où il a m’a remis un livret où le régime était modifié en séparation des biens.
Je n’ai pas qualité, moi, pour apprécier la conformité d’un tel document, mais le Parquet en conteste la conformité parce que d’après ce que j’ai compris, l’ordonnance qui aurait servi à modifier le régime des biens avait été rendue par un juge qui n’avait pas compétence pour le faire, et en violation des procédures. Je ne dis pas que lui savait cela, mais j’ai quand même été surprise d’apprendre qu’il se serait renseigné sur la faisabilité de ce changement auprès de ce juge rencontré dans les instances du football, sachant qu’il pouvait aller à la source, son père a tout de même rédigé le code de la famille. J’ai également été surprise parce que l’ordonnance qui a servi pour cette modification, il ne l’a jamais produite, il déclare même ne l’avoir jamais détenue. Or lorsque vous faites la demande d’un document, il vous est normalement remis si on accède à votre requête. Il aurait ainsi conservé notre demande conjointe et non l’ordonnance qui en serait issue?
Votre ex-époux vous accuse d’être coupable de complicité de faux en écritures publiques authentiques, usage de faux en écritures authentiques et tentative d’escroquerie, et il vous a servi une citation directe. Qu’en-a-t-il résulté ?
Oui en effet, il a porté plainte contre moi sur ces faits, sa plainte ayant été classée sans suite par le Parquet, il m’a effectivement servi une citation directe qui m’a valu de comparaitre à ses côtés en 1ère instance. Sur cette citation directe, j’ai été relaxée et il n’a pas fait appel de cette décision.
Vous-même, vous avez eu à consentir à un prêt en votre nom et à la banque vous avez présenté un certificat de mariage avec la mention «séparation de biens»…
Toutes les fois que vous faites une transaction immobilière, le notaire vous demande un acte de mariage ; j’ai utilisé en toute bonne foi le livret que nous détenions ; cela ne fait de moi ni complice ni acteur, je n’avais aucun doute sur la régularité des documents, d’autant qu’un autre membre de leur famille avait bénéficié du même changement de régime sur les biens.
Pourquoi cette volonté de M. Abdoul Mbaye de donner une dimension politique à l’affaire qui vous oppose ? Il agit comme si c’est le pouvoir en place qui vous utiliserait comme bras armé...
C’est de bonne guerre, mais cette affaire relève simplement d’une succession d’entorses à une option matrimoniale librement choisie ; sans me prononcer sur l’ordonnance contestée en cours de procédure au Parquet, pour laquelle je ne présume pas de l’issue, je peux citer sans être démentie : la bigamie, l’enregistrement dans un même centre d’état civil d’un mariage monogamique, et la délivrance d’un second certificat de mariage sachant que la 1ère option est irrévocable, l’adoption plénière d’un enfant qui a nécessité, c’est la loi, une dispense signée par le président de la République, Me Abdoulaye Wade en l’occurrence. Donner une dimension politique à cette affaire me semble plutôt une stratégie de diversion et aussi me dénier la capacité et le droit légitime de me défendre.
Le procureur a requis 1 an ferme à l’égard de votre ex-époux, souhaitez-vous voir le père de vos enfants derrière les barreaux ?
N’entretenez pas la confusion, c’est justement pour lever toute ambiguïté que j’ai accepté cet entretien. Je rappelle qu’il a choisi d’aller au Tribunal, et je pouvais, si j’avais été animée de la moindre colère, porter plainte dès cet instant. C’est la présidente du Tribunal qui a saisi le procureur, pas moi, pour un document que lui-même a produit dans sa requête de divorce. Tout le monde a entendu comme moi à l’audience, le procureur lui signifier que c’est parce que j’ai refusé de porter plainte qu’il n’a pas pu le poursuivre sur la bigamie et les autres délits. Je n’ai donc posé aucun acte pour le faire condamner.
«LES JUGES ONT LES MAINS LIÉES SUR LES QUESTIONS POLITIQUES»
Alioune Tine a fait fort, hier, lors de son passage à «Objection» sur Sud Fm.
Adama Aïdara KANTE (Vox Populi) |
Publication 08/07/2019
Interpellé sur le «scandale à 10 milliards de dollars», le président de Africajom Center a indiqué que le frère du chef de l’Etat - qui est incriminé dans l’affaire - devait se mettre à la disposition de la justice depuis l’éclatement du présumé scandale. Il trouve «tardive» la démission d’Aliou Sall de son poste de Directeur de la Caisse des dépôts et consignations (CDC). En outre, M. Tine a déploré le fait que ce dernier n’ait pas encore été entendu par la justice.
A son avis, le maire de Guédiawaye devait être le premier à être auditionné dans le cadre de l’enquête. La conviction de l’ancien chef de file de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO) est faite que les organes de contrôle au Sénégal n’ont aucun pouvoir. «Ils ont fait des investigations et ont produit des rapports. Ce qui ne marche pas, c'est la justice. Notre institution judiciaire a les mains trop liées, surtout sur les questions politiques. Nous avons des juges parmi les plus compétents. Nos juges sont connus partout dans le monde. Mais ils ont les mains liées sur les questions politiques. Il faut laisser les juges faire tranquillement leur travail», a-t-il indiqué.
Sur sa lancée, Alioune Tine d’asséner : «Nous n'avons pas encore une justice capable de régler avec impartialité et indépendance les affaires politiques, surtout quand les mis en cause sont du pouvoir. Le procureur de la République est très puissant, mais il obéit à sa hiérarchie, au ministre de la Justice, qui obéit au président de la République. Le jour où le procureur sera indépendant, à partir de ce moment-là, les choses vont changer». A l’en croire, si les manifestations se poursuivent, un mois après la diffusion du reportage de la BBC faisant état d’un scandale pétrolier au Sénégal, «c'est parce que les réponses attendues n'ont pas été données pour faire jaillir la lumière».
De l’avis du droit-de-l’hommiste, «la communication de la Présidence est fondée sur le déni, le mensonge et les artifices». «Soit on nous dit que le rapport de l'IGE n'a jamais existé, soit le chef de l'Etat ne l'a jamais reçu. C'est ce qui prouve que nous sommes dans le déni. Ça, ce sont les réponses de la Présidence contre un service présidentiel, l'IGE. Quand le ministre Augustin Tine nous dit que les conclusions de ce rapport n'engagent pas le président de la République».
Alioune Tine estime que le maire de Guédiawaye est «l'âme damnée» du régime en place, comme l'était Jacques Foccart pour le général De Gaulle ou Alexandre Benalla pour Emmanuel Macron, actuel Président de la France. «Dans tous les pouvoirs, il y a ce qu'on appelle des âmes damnées. Mais, maintenant, les âmes damnées sont dans la famille présidentielle. Le résultat, c’est dès que le pouvoir change, ils ne peuvent même pas rester au pays. Prenez le cas de Karim, François Compaoré (frère de Blaise Compaoré), le cas d'Aliou Sall qui a quitté. S'il n'y avait pas cette question, il n'aurait pas quitté», a-t-il souligné.
LE FORUM CIVIL DEMANDE TOUTE LA LUMIERE
Le Conseil d’administration du Forum civil s’est réuni du 5 au 7 juillet, à Sally, pour valider son cadre stratégique 2018-2023 soutenu par la vision “Un pays sans corruption avec la bonne gouvernance comme viatique’’.
Le Conseil d’administration du Forum civil demande au gouvernement que lumière soit faite sur la gestion des ressources naturelles ainsi que sur la polémique concernant l’affaire de trafic de drogue. “Le conseil d’administration demande au gouvernement de faire toute la lumière sur l’affaire de trafic de drogue et celle relative à la gestion des ressources naturelles, notamment l’affaire Petro-Tim’’, lit-on dans le communiqué du Conseil d’administration du Forum civil qui sanctionne la réunion tenue à Saly du 5 au 7 juillet. Les membres du conseil réclament également la publication des rapports des corps de contrôle sur la gouvernance tels que l’Ige, la Cour des Comptes, l’Ofnac, l’Armp, etc. Birahime Seck et ses camarades invitent le gouvernement à rendre disponible les projets de texte d’application relatifs à la loi sur le Contenu local et de partager avec les organisations de la société civile la stratégie nationale de la promotion de la citoyenneté. Par ailleurs, le Conseil d’administration du Forum civil salue la décision du président de la République, qui a demandé au ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural de lui faire parvenir un rapport hebdomadaire sur la distribution des intrants et du matériel agricole. Le Forum civil se dit ainsi attentif à la mise à disposition, en quantité, en qualité et à temps des semences et intrants agricoles au monde rural.
Corruption et infractions connexes
Soucieux de la lutte contre la corruption et les infractions connexes, “le conseil donne mandat au Bureau exécutif de prendre toutes mesures idoines pour renforcer la transparence, la redevabilité et la bonne gouvernance’’, renseigne toujours la note. Cette initiative s’inscrit dans la volonté du Forum civil de se conformer à la nouvelle vision de Transparency International, bâtie sur la promotion de l’intégrité politique et la lutte contre le blanchiment d’argent et la corruption. Le conseil d’administration a, en outre, magnifié la dynamique unitaire de l’association et réaffirme la place et le rôle central des sections et des autres structures du Forum civil, dans la mise en œuvre du cadre stratégique. Les membres du conseil ont également encouragé le coordonnateur général à poursuivre la dynamique de consolidation des acquis de l’organisation et lui témoigne son soutien sur les activités qu’il mène au nom de l’organisation dans le sens de l’amélioration de la gouvernance et de l’émergence citoyenne.
«MES VRAIS ENNEMIS SONT DANS L’ENTOURAGE DE MACKY »
Le maire de Guédiawaye, Aliou Sall s’en est violemment pris à certains responsables de l’entourage du président de la République, qu’il accuse d’être derrière le scandale du pétrole et du gaz
En réunion interne hier avec les jeunesses de son parti, le maire de Guédiawaye s’en est violemment pris à certains responsables de l’entourage du président de la République, qu’il accuse d’être derrière le scandale du pétrole et du gaz.
Aliou Sall en veut à mort à certains proches collaborateurs du président de la République Macky Sall. Et l’ancien directeur général de la Caisse des dépôts et consignations ne cache pas son amertume. Hier, devant les jeunesses de son parti qu’il recevait dans le cadre d’une réunion privée, il a laissé entendre que ses vrais ennemis se trouvent dans l’entourage du chef de l’Etat.
Selon le maire de Guédiawaye, certains d’entre eux sont même derrière le scandale sur les contrats pétroliers et gaziers au cœur duquel il est cité. “Il y a certains de mes adversaires qui sont à l’intérieur de notre parti.Certains d’entre eux sont dep roches collaborateurs du président Macky Sall. Il y en a certains qui ont financé l’opposition pour qu’elle entretienne davantage cette affaire. Mes ennemis sont à l’intérieur de l’Apr. Je ne fais pas d’accusation gratuite. Eux-mêmes savent que je sais ’’, déclare-t-il devant ses militants et soutiens.
Le frère du président de la République a d’ailleurs tenu à rendre un vibrant hommage aux populations de Guédiawaye. “Ce que vous avez fait pour moi, personne ne l’a jamais fait. Vous m’avez toujours soutenu. Cette fois-ci, votre solidarité, votre mobilisation et votre détermination ne m’ont pas fait défaut. Il n’y a aucun homme politique qui a ce que j’ai à Guédiawaye’’, a-t-il dit. Non sans insister dans ses dénégations.
“Je défie quiconque de démontrer les accusations portées sur ma personne. L’objectif principal de cette cabale, c’est d’atteindre le président Macky Sall, après sa large victoire sur l’opposition, au sortir de la dernière élection présidentielle du 24 février 2019. Ce complot n’a jamais eu lieu dans ce pays. Ils disent que cette affaire est le scandale du siècle. Mais le scandale, c’est le mensonge grotesque porté par la Bbc manipulée certainement par l’opposition sénégalaise pour porter atteinte au régime en place’’, rumine-t-il. Avant de passer à l’offensive : “Je suis au courant des bêtises qu’ils font à l’intérieur du pays et à l’étranger. Ce combat n’est pas encore à l’ordre du jour. Pour le moment, je me consacre au face-à-face avec l’opposition.’’
Pour Aliou Sall, sa personnalité d’homme politique dépasse aujourd’hui largement le statut de frère du président de la République que lui colle l’opinion. D’ailleurs, il a tenu à rappeler, à cet effet, qu’il n’a jamais bénéficié d’un quelconque soutien ou privilège du président de la République, quand il s’est agi de briguer le suffrage des Sénégalais.
“Je dépasse de loin le statut du frère du président de la République. Le président m’aime bien, il m’a beaucoup soutenu, mais il ne m’a pas donné le titre de maire de Guédiawaye. Il ne m’a pas non plus donné le titre de président de l’Association des maires du Sénégal. Ce sont mes collègues maires qui me l’ont donné. Quand je gagnais la mairie de Guédiawaye, c’était dans des conditions difficiles, je n’étais pas Dg. Quand je conduisais la liste Bby avec la coalition, la victoire du référendum, de l’élection du Hcct et des législatives, je n’étais pas Dg.
C’est grâce à la détermination, à la solidarité, à la mobilisation et au soutien de l’ensemble de la coalition et des populations de Guédiawaye que nous avons pu atteindre nos objectifs’’, a-t-il soutenu sous les vivats de l’auditoire. A ses militants et sympathisants, il a demandé de s’armer davantage de courage et de détermination pour les batailles politiques futures. Cette réunion interne est, en effet, la première d’une série. Puisque le frère du président de la République compte, dès la semaine prochaine, rencontrer, tour à tour, les femmes de Bby, les enseignants et les cadres, les grands responsables de l’Apr, les sages, le mouvement citoyen et toutes les franges de la société, pour les remercier du soutien qu’ils lui ont apporté durant cette épreuve.
Discours clair-obscur sur sa candidature en 2024
Revenant très largement sur les accusations portées contre lui, Aliou Sall de dénoncer une cabale montée de toute pièce pour nuire à la réputation de son frère au pouvoir. Seulement, soutient-il, ceux qui ont voulu l’éliminer ont obtenu le contraire. “Ils m’ont rendu conscient de la responsabilité que je dois assumer. Pendant les sept dernières années, je n’avais qu’un seul objectif : c’est de soutenir le président de la République. Mais je me suis rendu compte que ma personnalité politique dépasse de loin le statut de frère du président de la République. J’ai assumé de nombreuses responsabilités et je n’ai été animé que par une chose, depuis tout le temps : l’amour pour ce pays, l’amour pour la justice et pour le progrès’’. Pour Aliou Sall, ce ne sont pas les tentatives vaines de l’opposition, encore moins celles de gens inconscients, parce que n’ayant aucune valeur, vision ou ambition politique, qui vont le détourner de ses convictions fondamentales qui sont, selon lui, celles d’un patriote, d’un citoyen, d’un homme politique conscient de sa responsabilité d’aujourd’hui, mais ayant l’ambition d’assumer sa responsabilité de citoyen et d’homme politique de demain.
A ce stade de son discours, il a tenu à lever toute équivoque, en disant qu’il ne s’intéresse pas à la succession de son frère à la tête du pays. “Je vais être clair: je n’ai aucune ambition d’être candidat pour l’élection présidentiellede2024.D’ailleurs, les gens qui réduisent la vie politique à des questions d’ambition personnelle ne sont pas de vrais politiques. Moi, la sève à laquelle j’ai été nourri, sur le plan politique, c’est une sève qui dépasse les petits besoins et les petites ambitions des personnes qui se disent politiques, mais qui n’en sont pas uns’’, soutient-il. Avant de conclure : “Cette sève est plus importante que l’itinéraire individuel ou individualiste des uns et des autres. C’est une sève qui nourrit la forêt du patriotisme, du nationalisme, du progrès social et du développement économique. C’est cela qui m’anime et qui constitue mon ambition. Ce n’est pas d’essayer de me projeter dans un futur proche ou lointain. La seule position que je voudrais occuper, c’est d’être toujours du côté du peuple et des plus faibles, et c’est en cela que je gêne. Je gêne, parce que j’ai choisi Guédiawaye. Je gêne, parce que j’ai choisi la banlieue.’’
UNE DIZAINE DE PERSONNES INTERPELLÉES, LE CHEF DU VILLAGE RELÂCHÉ
Des sympathisants du chef indépendantiste Salif Sadio, qui voulaient tenir, hier, une rencontre publique d’information (Rpi) à Kagnobon, dans le département de Bignona, ont été arrêtés par les forces de sécurité et de défense
Le forum que le chef de guerre d’”Atika’’, Salif Sadio, l’une des branches armées du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), voulait tenir à Kagnobon, à une quarantaine de kilomètres de Bignona (dans le Blouf) n’a pas eu lieu, hier. Tout comme celui de Diouloulou prévu il y a deux semaines, l’armée s’est interposée. Par contre, les rencontres organisées à Koundioughor, à la lisière de la frontière avec la Gambie, et à Thionck-Essyl, dans le département de Bignona, avaient bien et bel eu lieu, conformément, selon les proches de Salif Sadio, aux “accords de Rome du 22 février 2014’’ et ceux du “26 octobre 2017’’. Le gouvernement du Sénégal aurait-il violé ces accords ? Dans l’un comme dans l’autre, des personnes proches du chef irrédentiste ont été appréhendées à Kagnobon, hier, par la gendarmerie. Il s’agit d’une dizaine d’individus, selon nos sources. Salif Sadio, ses lieutenants, ses combattants et ses sympathisants voulaient tenir une rencontre publique d’information, malgré l’interdiction des autorités. Selon toujours nos sources, le chef du village a été arrêté puis relâché. Les personnes interpellées ont, elles, été conduites à Ziguinchor pour être entendues.
Mesures de confiance réciproque…
Il faut remonter au 10 mars 2010, lorsque, contre toute attente, César Atoute Badiate, le chef d’état-major du Front sud, a déclaré : “Nous voulons des négociations maintenant.’’ Prenant la balle au rebond, l’ancien Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, avait rétorqué : “On est prêt à négocier en terre sénégalaise avec le Mfdc, à Oussouye, à Ziguinchor ou à Foundiougne. La Casamance fait partie du Sénégal. Les négociations vont se tenir au Sénégal.’’ Mais cette déclaration du Premier ministre sous l’ère Wade avait fait grincer des dents au sein du maquis. Des voix se sont fait entendre pour poser des préalables, parmi lesquelles : le retrait de l’armée sénégalaise le long de la frontière avec la Guinée-Bissau et l’organisation d’assises inter-Mfdc pour désigner leur délégation et parler d’une seule voix aux éventuelles négociations. Une autre condition avait été posée : que les discussions se tiennent dans un pays neutre. Tout comme Salif Sadio, Mamadou N’Krumah Sané avait posé comme conditions la levée de son mandat d’arrêt ainsi que la remise de ses documents saisis.
Le président Macky Sall, après son accession à la magistrature suprême, s’était également inscrit dans une dynamique de paix, en déclarant être prêt à négocier, même si c’est au Groenland. Cette dynamique de recherche négociée de paix explique l’annulation du mandat d’arrêt contre Salif Sadio et son “engagement à imposer un cessez-le-feu total à ses combattants’’. Auparavant, il avait affirmé vouloir respecter l’accord signé le 22 février 2014 à Sant’ Egidio, relatif aux “mesures de confiance réciproque’’. Un texte qui engage les parties prenantes à cette rencontre à “garder un comportement qui puisse favoriser les négociations pour le retour de la paix en Casamance’’.
En outre, ces mesures prévoient “la libre circulation des membres du Mfdc’’, dans le cadre des négociations de paix. Est- ce que ce sont ces mesures que Salif, ses hommes et ses sympathisants brandissent pour avoir le droit de tenir de rencontre comme celle interdite, hier, à Kagnobon ? En tout cas, c’est dans cette même dynamique de résolution pacifique de la crise en Casamance qu’il faut inscrire la rencontre du 20 juillet 2018 de la diaspora casamançaise à Washington Dc. Une rencontre qui entre en droite ligne de celles tenues à Heidelberg en 2017 (Allemagne) et à Barcelone (2018). Toutes, dans le cadre d’une recherche négociée de la paix en Casamance.
« LE DEVELOPPEMENT DURABLE SE PASSE DANS LES TERRITOIRES »
A la veille du Forum politique qui se tiendra aux Etats-Unis, Aïssatou Mbaye évalue, dans cet entretien, la situation du Sénégal et donne les gages pour l’atteinte de ces objectifs.
En septembre 2015, les État membres de l’Onu ont souscrit à l’accord de l’Agenda 2030 pour le développement durable. De nouveaux objectifs de développement durable (Odd) ont été fixés. A la veille du Forum politique qui se tiendra aux Etats-Unis, Aïssatou Mbaye évalue, dans cet entretien, la situation du Sénégal et donne les gages pour l’atteinte de ces objectifs.
Vous allez assister au Forum sur le développement qui se tient à New York. Quel est son utilité ?
Ce forum est important de par son caractère fédérateur, en tant que cadre de gouvernance des Objectifs de développement durable (Odd). C’est une occasion d’échanges de grande envergure. A ce stade de mise en œuvre, toutes les catégories d’acteurs, que ce soit l’Etat ou la société civile ou les organismes internationaux, les citoyens, le secteur privé, etc., y seront représentées et vont partager les leçons apprises, notamment les contraintes et défis rencontrés dans la mise en œuvre de leurs programmes et projets en lien avec l’Agenda 2030. Ce sera un moment où tous les pays du monde auront l’opportunité d’y être représentés. Rappelons que l’Agenda 2030 du développement durable a été ratifié par les pays du Nord et du Sud. Une autre utilité que l’on peut associer à cet événement, est le cadre qu’il offre aux gouvernements de partager les résultats de leurs revues nationales volontaires. Par exemple, le Sénégal va présenter cette année pour la seconde fois consécutive. Cette revue fait l’exposé des avancées de chaque pays par rapport à l’atteinte des Odd. Mais l’autre utilité de cet événement, c’est surtout l’opportunité qu’il offre à la société civile de partager les expériences et expérimentations du développement durable à un plus haut niveau. Même si le développement durable est une démarche qui est plus orientée en termes de mise en œuvre par les Etats, car ce sont eux qui ont volontairement ratifié l’agenda 2030, il ne faut pas perdre de vue le rôle capital que la société civile sénégalaise a joué et continue de jouer pour accompagner les communautés de base et les aider à faire face aux défis de la pauvreté. Donc, en termes de positionnement, les organisations de la société civile vont pouvoir porter leurs voix dans les hautes instances, en partageant leurs diverses positions sur les questions de développement durable. C’est ce que le réseau Enda/Tiers-monde compte faire cette année au nom de toutes les entités qui le composent.
Où en est le Sénégal dans la mise en œuvre du développement durable ?
Le Sénégal est en action. Il y a un alignement qui est fait avec la phase II du Plan Sénégal émergent. Ce qui est louable. Nous avons le Pudc, le Puma ou d’autres programmes de développement de l’Etat. Il y a donc des efforts faits pour opérationnaliser l’Agenda 2030. Un suivi et une analyse de l’avancée dans la réalisation des objectifs de développement durable se fait avec le ministère de l’Economie et des Finances qui a produit, pour la seconde fois, sa revue nationale volontaire sur le développement durable. Ce, même s’il y a des limites liées à la démarche d’un point de vue purement scientifique et en lien avec les orientations fondamentales de l’Agenda 2030. Le Sénégal gagnerait à recentrer ses analyses autour des 5 principes des Odd (principe d’interdépendance et de transversalité, par exemple) en procédant à des mises en relation entre les Odd et en sortant des cloisons sectoriels. Le Sénégal gagnerait, dans la production de ses Rnv, à intégrer les expériences d’apprentissage du développement durable effectuées avec les populations et les collectivités territoriales. C’est-à-dire mettre un accent particulier sur la remontée des données de terrain. Le Sénégal gagnerait à favoriser une inclusion et participation active de toutes les parties prenantes, avec de vrais cadres inclusifs et d’implication des acteurs de la société civile pour de meilleures analyses corrélées et précises. Des analyses qui seront issues de processus Bottom-up, à partir de nos territoires. Il y a une plateforme de suivi que dispose la société civile et à laquelle plusieurs organisations ont adhéré, même si, à ce niveau aussi, il y a des améliorations à faire. L’Etat pourrait s’y appuyer pour disposer de données de terrain. Il y a donc énormément de choses qui se font, mais il reste encore beaucoup à faire. Il est fondamental qu’on aille concrètement vers l’apprentissage du développement durable pour les citoyens (notamment les enfants, les jeunes, les femmes), les élus locaux, les acteurs du niveau central, le secteur privé et même les médias et la société civile aussi. Cela veut dire qu’aujourd’hui, il a été relevé une faible compréhension de l’esprit et de la logique de l’Agenda 2030 et de ses Odd par les acteurs, même ceux des cadres dits intellectuels et la masse, notamment au niveau communautaire. La mise en œuvre de ce développement durable doit donc aller vers du Learning by Doing avec les populations pour une appropriation, très importante pour réussir le pari de transformer notre monde, prôné par l’Agenda 2030 que le Sénégal a ratifié.
Quels sont les Odd sur lesquels le Sénégal devrait faire davantage d’efforts ?
Je me plais à dire que tous les Odd devraient être importants pour notre pays. Il y a eu beaucoup d’acquis et d’avancées dans des domaines majeurs de développement, si on fait un flash-back de 10 ans. Mais n’oublions pas que nous faisons encore partie des pays sous-développés, d’après les rapports internationaux, et qu’il nous reste encore beaucoup de problèmes à régler. Et cela, nous n’avons même pas besoin de ces rapports pour nous en apercevoir. Il suffit juste de descendre dans certaines localités, rurales comme urbaines, pour le constater. Que ce soit en termes d’accès à l’eau, d’un système éducatif de qualité, d’un système de santé qui satisfait ces patients et usagers, d’une gestion durable et efficace des inondations ou des changements climatiques. Il nous reste encore beaucoup à faire, mais nous sommes sur la bonne voie, si l’on admet que le développement est un chemin, un long processus. Donc, les 17 Odd qui touchent à tous les aspects et dimensions de notre vie constituent, avec l’Agenda 2030, une excellente opportunité pour nous, mais à condition que l’on s’approprie de ses principes et philosophie. Nous devons être dans une approche de leur localisation, territorialisation ou domestication. Le développement durable se passe dans les territoires, dans le quotidien de Samba l’éleveur à Médina Yoro Foula, dans le Kolda, ou de Fatou la rizicultrice à Bona, dans le Sédhiou. Pour y arriver, l’Odd 16, qui aborde les aspects de paix, justice et institutions efficaces, peut être considéré comme un pilier qui est fondamental pour réaliser cette transformation souhaitée par l’Agenda 2030. Cet Odd montre l’importance de la gouvernance qui doit être le socle de tout ce qu’on est en train de faire pour la réalisation de l’Agenda. Que ça soit avec les collectivités territoriales, en termes de gouvernance participative, de processus démocratique et d’engagement citoyen, surtout dans notre contexte de territorialisation des politiques publiques, il faut qu’on arrive à recentrer les énergies autour de la gouvernance. En tout cas, le Sénégal peut s’appuyer sur la gouvernance pour arriver à des résultats satisfaisants sur l’ensemble des Odd.
On sait que l’atteinte des Odd demande des moyens. Est-ce que le Sénégal dispose d’assez de ressources pour relever le défi ?
Le Sénégal, à travers le Pse, a mobilisé des moyens pour réaliser sa seconde phase déclinée en programmes et actions prioritaires qu’il a alignés avec les 17 Odd. Ne faisant pas une séparation nette entre les Odd et le Pse, on peut se dire que le Sénégal pourrait relever les défis que pose la question du financement. Quand l’Etat du Sénégal pose des programmes ou des projets, pour l’atteinte des objectifs du Pse, c’est comme si on finançait les Odd. Mais il y a surtout des défis qui se posent en termes de financement des Odd au niveau des collectivités territoriales où on sait tout ce qu’il y a comme problèmes en termes de mobilisation des ressources. Les contraintes budgétaires sont nombreuses : la faible exploitation de l’assiette fiscale, la maîtrise du foncier et ses enjeux, la faible mobilisation des taxes, les retards dans les fonds de dotation et toutes les autres contraintes financières que vivent nos communes. Donc, il est clair que nos collectivités doivent aller vers des financements innovants au niveau local, pour qu’on puisse réussir le pari de la territorialisation des Odd. Mais avec le concours du secteur privé, les partenaires techniques et financiers et même les communautés, il y a des espoirs que les défis du financement soient contournés. Parce que, si les communautés comprennent le bien-fondé, la pertinence et les gains qu’elles peuvent avoir, aujourd’hui et demain pour les générations futures, elles seraient prêtes à donner une partie de leurs ressources pour contribuer à la construction de leur développement durable. Il en est de même pour les collectivités territoriales. Si elles sont bien outillées, accompagnées et coachées, elles seraient davantage efficaces dans l’amélioration durable des conditions de vie des citoyens. Il faut qu’on parvienne à aider les populations à aller vers des consensus de contrats sociaux, des plans locaux de développement pertinents et durables, et c’est là où les acteurs sont attendus. Maintenant, tout est question de communication, de sensibilisation et surtout d’outils qu’on mettra à leurs dispositions pour que les ressources puissent davantage être orientées vers le bien-être des populations. Par rapport à cela, on peut donner l’exemple du budget participatif qui peut être un excellent levier pour aller vers des transformations sociétales durables.
Quel rôle joue Enda/Tiers-monde dans la mise en œuvre de ces Odd ?
Enda/Tiers-monde est en train de faire un travail remarquable avec les collectivités territoriales et les communautés qui sont à la base. Il faut préciser que ce travail n’a pas commencé en 2015 avec les Odd. Dans ses orientations stratégiques et ses piliers fondamentaux, Enda a toujours œuvré pour le développement durable dans les pays du Sud, malgré les défis de différents ordres. Présentement, avec ses 20 entités, principalement 13 au Sénégal travaillent sur cela et 7 autres au Mali, en Tunisie, en Ethiopie, à Madagascar, en République dominicaine, au Vietnam et en Colombie. Les cibles traditionnelles d’Enda sont les communautés qui sont à la base, les collectivités territoriales. Ce sont les paysans, les éleveurs, les commerçants regroupés ou non en organisations communautaires de base, sans oublier les élus locaux avec les aspects de gouvernance. Enda couvre toutes les thématiques que l’on retrouve dans l’Agenda 2030 et ses Odd. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’Union européenne nous a fait confiance et a noué un partenariat avec le réseau sur une durée de 4 ans, pour la mise en œuvre de cet agenda transformateur. Maintenant, le défi sera d’arriver à sortir de l’héritage sectoriel et d’aller vers une orientation systémique à travers des actions qui vont s’appuyer sur le pilier gouvernance, notamment l’Odd 16. En effet, chaque entité d’Enda couvre un Odd précis. Par exemple, Enda Energie qui travaille sur les Odd 2, 7, 8, 12, 15 et 17. Enda Ecopole est concernée par les Odd 1, 4 et 12, ou bien Enda Ecopop, qui s’oriente sur les Odd 11, 16 et 17. L’erreur à ne surtout pas commettre, c’est de rester cloisonné dans son secteur. Du coup, cette approche systémique et non sectorielle que l’on attend fortement de l’Etat est aussi un défi pour Enda. Mais heureusement, de plus en plus, des passerelles sont trouvées entre les entités qui mènent des actions conjointes de développement durable sur le terrain. Donc, l’atteinte des Odd est importante oui, mais le plus important, c’est de comprendre et de s’approprier de leurs principes et de la philosophie du développement durable. Enda est en train de faire un travail assez considérable dans ce sens, pour parvenir à des sociétés durablement transformées.
Avez-vous espoir que le Sénégal, à travers Enda, pourra atteindre ces objectifs ?
Peut-être bien, si l’on décide d’être optimiste. Mais, à mon humble avis, le pari à gagner pour notre pays le Sénégal, dans ce contexte de l’Agenda 2030, c’est d’avoir un état d’esprit de durabilité dans nos actions de développement. Le pari à gagner est de parvenir à prendre conscience que le développement durable doit se faire de concert avec les collectivités territoriales. Tout en négociant avec les communautés et surtout à travers une démarche qui ne laisse personne en rade “Leaving no one Behind’’, en n’oubliant pas qu’en 2030, les jeunes d’aujourd’hui seront des adultes qui vont occuper des postes de responsabilité dans ce pays.
«CONTRE LE BENIN, IL FAUT S’ATTENDRE A TOUT»
La confiance est de mise dans la Tanière, à deux jours du match contre le Bénin, comptant pour les quarts de finale de la Can 2019.
La confiance est de mise dans la Tanière, à deux jours du match contre le Bénin, comptant pour les quarts de finale de la Can 2019. en marge du galop d’entraînement d’hier, le défenseur Pape Abou Cissé est revenu sur l’importance de cette rencontre contre les « écureuils ».
Au lendemain de leur victoire sur l’Ouganda (1-0), synonyme de qualification pour les quarts, les « Lions » ont eu droit à une journée off. La bande à Kalidou Koulibaly ena profité pour se reposer, mais aussi pour découvrir certains endroits du Caire. « Cela nous a fait du bien d’avoir un jour de repos, surtout avec l’enchaînement des matchs. Nous sommes des athlètes et aujourd’hui (Ndl : hier), nous avons fait une petite séance pour nous remettre », a fait savoir Pape Abou Cissé.
Après l’équation ougandaise, les « Lions » retrouvent des « Écureuils » gonflés à bloc, avec comme enjeu une place en demi finale. Pour l’ancien joueur de l’AS Pikine (Sénégal), cette rencontre est à prendre très au sérieux. « Je pense qu’il n’y a plus de petites équipes. Dans cette compétition, il faut s’attendre à tout. On va jouer contre une équipe du Bénin qui est prête physiquement, capable aussi de marquer des buts. Donc nous allons nous préparer sereinement, comme nous l’avions fait pour les précédentes sorties », a-t-il préconisé.
Annoncés favoris à l’image du Sénégal, le Cameroun, le Maroc ou encore le pays hôte Egypte sont déjà éliminés. Une donne qui pourrait refroidir les ardeurs des fans sénégalais. Mais pour le défenseur des « Lions », il faut juste y croire. « Cela confirme qu’il n’y a pas de petites équipes dans cette compétition. Il faut s’attendre à tout, car toutes les équipes sont prêtes. Personnellement, je ne vois pas de surprise. Ce sont des choses qui arrivent dans une compétition», a expliqué le joueur de 23 ans.
Jusque-là non utilisé par Aliou Cissé, Pape Abou Cissé reste tout de même positif. « Je n’ai pas encore eu le temps de jouer. Mais cela importe peu. Le plus important pour moi, c’est que l’équipe continue de gagner ses matchs. Et qu’à la fin, nous puissions rentrer avec le trophée », a ajouté le défenseur de l’Olympiakos (D1 Grèce)..