EXCLUSIF SENEPLUS - Venues de toutes les contrées, elles brillaient de mille couleurs, ajoutant une touche esthétique à la prestation de serment de Macky Sall - REPORTAGE PHOTOS
Elles étaient là. Ces belles dames majestueusement drapées dans des tenues taillées express pour une prestation de beauté. Venues de toutes les contrées, elles brillaient de toutes les couleurs, apportant ainsi une plus-value esthétique au centre des expositions de Diamniadio, lors de la prestation de serment du président Macky Sall, ce mardi. Dans le viseur de notre photographe Boubacar Badji, la belle prestation des grandes dames à Diamniadio.
Reportage Photos.
VIDEO
LA NÉGRITUDE SELON SENGHOR
L’ancien président de la République évoque à travers une interview au journaliste français Jean Antoine, sa vision de la Négritude, après 16 ans d’errance en France
Dans cette vidéo, l’ancien président de la République du Sénégal, Léopold Sedar Senghor, accorde une interview au journaliste français Jean Antoine pour évoquer sa vision de la Négritude, après 16 ans d’errance en France. Extraits.
"L'OPPOSITION NE PEUT PLUS CONTINUER LA POLITIQUE DE LA CHAISE VIDE"
Babacar Ba du Forum du justiciable commente le discours d'investiture de Macky et appelle toute la classe politique à s'engager pour le dialogue
Babacar Ba est sans ambages : «Si l’opposition ne répond pas à l’appel au dialogue, je me demande si elle aime vraiment ce pays», lance-t-il, joint par «Seneweb». «C’est l’un des passages (l’appel au dialogue, Ndlr) qui m’a vraiment plu dans ce discours. Aujourd’hui, le président de la République a confirmé que l’appel au dialogue qu’il avait lancé, au lendemain de la proclamation officielle, par le Conseil constitutionnel, des résultats, était sincère. Je pense que la balle est dans le camp de l’opposition», déclare le président du Forum du justiciable qui salue «à sa juste valeur le discours républicain» du président Macky Sall.
Il ajoute : «Il faut que l’opposition comprenne qu’elle ne peut plus continuer à faire la politique de la chaise vide. Pour construire ce pays, on a besoin de l’appui de tout le monde.»
PAR GILLES OLAKOUNLÉ YABI
LA RESPONSABILITÉ COLLECTIVE DE FAIRE RECULER LA BÊTISE
Il est temps de reconnaître que les préjugés négatifs basés sur l’appartenance ethnique, les complexes de supériorité ou d’infériorité des uns par rapport aux autres, existent dans tous les pays et qu’ils peuvent favoriser la banalisation des injustices
Un massacre d’hommes, de femmes, de jeunes, de vieux, d’enfants dans deux villages au centre du Mali, dans le cercle de Bankass. 160 morts et une cinquantaine de blessés. Toutes les victimes réputées de la communauté peule. Des tueurs venus à l’aube le matin habillés en tenue de chasseurs traditionnels. Destruction des villages par l’incendie des cases, des vivres, des animaux. C’est l’attaque la plus meurtrière depuis la grave détérioration de la sécurité dans cette partie du Mali. Mais des tragédies de ce type se comptent par dizaines depuis plus d’un an. Les Nations unies estiment à 500 morts le nombre de victimes des violences au centre du Mali en 2018.
Le bilan humain de violences dites intercommunautaires s’accroît aussi rapidement au Burkina Faso voisin depuis la fin de l’année dernière. Un pays qui n’avait jamais connu de violences de grande ampleur impliquant des populations civiles. L’année 2019 y a commencé par un massacre à Yirgou, dans la région du Centre Nord. Loin de la quarantaine de morts annoncée officiellement, ce sont 210 victimes identifiées par leurs noms qui ont été dénombrées par le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), qui a fait un travail précieux d’assistance des familles des victimes. Selon ce collectif, dont la création après la tragédie de Yirgou est salutaire, « l’extermination de la communauté peule a été planifiée, ourdie et orchestrée… ».
Série de violences unilatérales qui visent spécifiquement des populations appartenant à la communauté peule, au centre du Mali comme au nord du Burkina Faso. Dans les deux cas, la justification implicite des attaques ciblées sur des Peuls est leur appartenance ou leur soutien à des groupes armés djihadistes opérant dans les deux pays. Sans conteste, la brutale détérioration de la sécurité au Burkina Faso est directement liée à celle de la région centrale du Mali, passée en partie sous contrôle des djihadistes armés affiliés à Amadou Koufa.
Au Mali comme au Burkina Faso, il n’y a aucun doute sur le détonateur de violences qu’a été la mobilité de groupes armés djihadistes du nord vers le sud de l’espace sahélo-saharien et leur capacité à établir des connexions locales fiables, basées sur des réseaux anciens. En s’installant dans le centre du Mali, zone d’une très grande diversité ethnoculturelle où les communautés se spécialisent aussi dans des activités économiques qui les mettent en rude concurrence pour les terres et d’autres ressources naturelles, les groupes terroristes ont réussi un grand coup: faire imploser la cohabitation interethnique.
En l’absence de la moindre présence protectrice et bienveillante de forces de sécurité maliennes pour des communautés abandonnées largement à leur sort de longue date, on imagine à quel point la frontière peut être ténue entre l’adhésion de villageois isolés à des groupes djihadistes armés et une soumission de fait à la loi de tels groupes dictée par un impératif de survie dans un contexte d’extrême vulnérabilité. Les milices d’auto-défense communautaires, associées ou non aux confréries de chasseurs traditionnels, n’ont pu que prospérer.
Qu’il y ait des dizaines ou des centaines de jeunes hommes peuls présents depuis longtemps dans des groupes à tendance extrémiste et violente au Mali et que d’autres les aient rejoints plus récemment est une certitude. Qu’il y ait des centaines de milliers de Peuls vivant au centre du Mali ou au nord du Burkina Faso, même dans les zones aujourd’hui les plus concernées par l’insécurité, qui n’aient absolument rien à voir avec le djihadisme armé, et qui en soient les principales victimes, est aussi une certitude. Qu’il y ait enfin des opportunistes sans scrupule dans toutes les communautés ethniques qui se saisissent de la situation de non droit et d’impunité généralisée pour poursuivre des desseins économiques et politiques inavouables, notamment accaparer des terres et expulser des rivaux, est aussi une certitude.
Ce sont des évidences qu’il est bon, voire vital, de rappeler aujourd’hui, alors que des massacres de civils peuls sont attribués au Mali à des milices d’auto-défense dogon, au Burkina, à des milices « Koglweogo » de la communauté mossi. Pour compléter un tableau extrêmement inquiétant, des exécutions sommaires de civils non armés, autant dire d’autres massacres, sont attribuées aussi à des forces armées régulières sous le couvert de la lutte contre les groupes terroristes.
De telles accusations ont régulièrement entaché l’image de l’armée malienne. Elles touchent aujourd’hui également les forces armées du Burkina Faso. Le Mouvement burkinabè pour les droits de l’homme et du peuple ainsi que l’organisation internationale Human Rights Watch ont publié récemment des rapports qui semblent confirmer l’exécution par les forces de sécurité burkinabé de plus d’une centaine de civils non armés accusés de soutenir ou d’héberger les islamistes armés. Des victimes quasi exclusivement de la communauté peule.
Les causes structurelles et conjoncturelles de la flambée de violences au centre du Mali sont assez connues : conflits locaux autour du contrôle de ressources rares; absence ou incapacité avérée de l’Etat censé être le garant de la cohabitation pacifique entre les communautés ; prolifération des groupes armés irréguliers ; opportunisme criminel des groupes armés djihadistes; tolérance voire soutien actif de milices armées dites d’auto-défense des communautés par des autorités politiques au niveau local mais aussi national.
Il n’y a pas de solution à court terme à ces problèmes de fond. Ce n’est pas demain que l’Etat malien ou celui du Burkina Faso aura transformé ses forces de défense et de sécurité en forces solidement formées, efficaces et bienveillantes pour les populations civiles quelles que soient leurs affiliations ethniques. Ce n’est pas après-demain qu’on réussira à mettre un terme à la prolifération des armes de guerre dans ces zones. Ce n’est pas pour bientôt la neutralisation complète des groupes terroristes par les forces maliennes et burkinabè épaulées par les soldats et les avions français de l’opération Barkhane.
Alors ce qui peut être fait dans l’immédiat relève de l’engagement politique, de la communication et de la mobilisation collective citoyenne. Il ne doit y avoir au Mali comme au Burkina Faso aucune ambiguïté dans la réaction politique et dans le discours des gouvernants : pas d’impunité pour les assassins, quels qu’ils soient, et tolérance zéro pour l’amalgame entre un groupe donné de criminels et les communautés ethniques auxquels ils appartiennent.
Rien ne doit susciter le doute sur l’engagement des autorités politiques de ces Etats, même au plus fort de leur faiblesse, à mettre un terme au glissement de l’insécurité liée à la présence de groupes terroristes à des violences intercommunautaires généralisées. Pour éviter toute recherche d’une responsabilité collective d’une communauté pour des crimes commis par quelques-uns, il faut investir de manière exceptionnelle et visible dans les enquêtes pour identifier et arrêter les assassins impliqués dans les derniers massacres. Au Mali comme au Burkina Faso.
Enfin, au-delà des actes politiques à poser par les gouvernants, les sociétés civiles malienne, burkinabè et ouest-africaines de manière plus large, doivent aussi jouer un rôle essentiel de prévention par l’éducation et la sensibilisation. Il est temps de reconnaître que les préjugés négatifs basés sur l’appartenance ethnique, les complexes de supériorité ou d’infériorité des uns par rapport aux autres, existent bel et bien dans tous les pays de la région et qu’ils peuvent favoriser la banalisation des injustices qui touchent une communauté. Dès lors qu’on commence à trouver la moindre justification à un traitement différencié basé sur l’appartenance ethnique, on ouvre la porte à la banalisation de l’intolérance ethnique, puis, plus tard, à celle de la violence ethnique.
Nous devons aujourd’hui clamer haut et fort, sans sourciller, sans douter, en y croyant vraiment, que nous sommes tous des Peuls. Tous des Africaines et des Africains attachés à ce que chacune de nos vies soit considérée comme sacrée. Tous des humains égaux en droits et en dignité dont aucun ne peut expliquer rationnellement pourquoi il ou elle est né(e) au Mali au sein d’une famille peule, touareg, bambara, dogon ou au Burkina Faso au sein d’une famille mossi, bisa ou peul. Sans parler de l’ampleur des métissages et des brassages ethnoculturels dans tous les pays sahéliens et ouest-africains. Nous avons la responsabilité de nous battre, chacun à son échelle et avec ses moyens, pour faire reculer la bêtise partout où elle ronge notre humanité et détruit notre avenir.
DE FAISEUR DE PAIX À ENNEMI PUBLIC
La balance s’est inclinée en défaveur d’Abdelaziz Bouteflika - L’homme d’Etat algérien qui, il y a quelques années encore, était salué pour sa contribution à la paix dans son pays et dans le monde
La balance s’est inclinée en défaveur d’Abdelaziz Bouteflika. L’homme d’Etat algérien qui, il y a quelques années encore, était salué pour sa contribution à la paix dans son pays et dans le monde. Ce mardi ce 2 avril, il a finalement rendu sa démission à l’issue d’une rude bataille qui l’opposait à son peuple.
Il s’est battu pour libérer l’Algérie du colonisateur français, il a réconcilié son pays ravagé par la guerre et a joué les fins négociateurs avec un « terroriste »… Mais Abdelaziz Bouteflika n’a pas pu surmonter le mécontentement de son peuple, vent débout contre son régime depuis près de six semaines. La ruse politique que l’on lui connaissait n’a rien pu faire. À 82 ans, diminué par un accident cardio vasculaire survenu en 2013 et pris dans l‘étau d’une guerre de clans dans son entourage, le dirigeant n’a visiblement pas vu arriver la météorite populaire. Pis, il l’a même négligée, à en croire les analystes politiques.
Celui qu’on surnomme Boutef vivait sans doute dans le souvenir de son glorieux passé, lorsqu’il était applaudi de tous pour son long combat politique. Dès 1956, en effet, il rejoint les rangs de l’Armée de libération nationale alors qu’il vient tout juste de terminer ses études secondaires. Il n’a que 19 ans. S’il n’a pas cédé aux sirènes des canons, Bouteflika met toutefois au service de la guerre d’indépendance son talent d’homme politique et d’organisateur habile.
Heures de gloire de la diplomatie algérienne
À l’obtention de l’indépendance en 1962, ces aptitudes le propulse dans les sommets de l’appareil d’Etat. En 1963, à 26 ans, il devient notamment le ministre des Affaires étrangères de son pays et le plus jeune à cette fonction dans le monde. Débuts haletants, parfois moqués, le nouveau chef de la diplomatie algérienne apprend vite le métier, jusqu‘à en écrire ses lettres de noblesse. On se souvient sans doute de sa négociation jugée magistrale avec le preneur d’otages Ilich Ramirez Sanchez, plus connu sous le nom de Carlos. Ce dernier avait kidnappé, en décembre 1975, de nombreux otages, dont onze ministres du Pétrole, lors d’une réunion au siège de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep), à Vienne.
Chantre d’une Algérie progressiste, Abdelaziz Bouteflika est aussi l’incarnation d’un révolutionnaire tiers-mondiste. Adepte d’une diplomatie neutre, mais active, il tient tête aux Etats-Unis au plus fort de la Guerre froide, dénonce le régime de l’apartheid en Afrique du Sud, joue un rôle de premier plan dans la quête d’indépendance des pays en voie de développement.
Mais les années 80 et 90 vont s’avérer une véritable montagne russe pour le sulfureux chef de la diplomatie algérienne, surtout après le décès du président Houari Boumediène le 27 décembre 1978 dont il avait été le fidèle allié. Un temps boudé par son parti, le Front de libération nationale, Bouteflika qu’on considérait pourtant comme le dauphin naturel du président Boumédiène n’accède pour la première fois au pouvoir que le 27 avril 1999. Remis en selle par les militaires de son pays.
Une population agacée
Là encore, le diplomate doit réaliser des prouesses, car l’Algérie sort d’une des périodes les plus sombres de son histoire : la guerre civile née d’une insurrection islamiste qui a fait des dizaines de milliers de morts dès 1991. Dans un pays dévasté par les meurtres et la méfiance entre ses habitants, le dirigeant parvient à rétablir la stabilité en accordant entre autres le pardon aux islamistes frondeurs. Mais aussi à éloigner des frontières algériennes la menace « terroriste » alors que l’insurrection islamiste s’est muée en un mouvement extrémiste à l‘échelle du Sahara.
Des réalisations qui semblent avoir relégué au second plan certaines des clauses de son “contrat” avec le peuple. La population, majoritairement jeune qui n’a pas forcément été témoin des années fastes, commence à s’agacer de la corruption ambiante et du taux élevé de chômage. Une situation aggravée par la chute des cours des prix de l’or noir que l‘économie algérienne, très dépendante des hydrocarbures, subit de plein fouet.
Au-delà des difficultés économiques, enfle surtout la frustration d’une population “humiliée” de l’image que renvoie de l’Algérie ce président mutique et paralysé. Expression de cette frustration, la vague de protestation inédite débutée il y a quasiment six semaines et qui a fini par emporter celui qui disait encore en 1999, lors de son accession au pouvoir : « Je suis l’Algérie toute entière, je suis l’incarnation du peuple algérien ».